Championnats d'Europe 1927

 

Pour son jubilé, le Wiener EV, le club viennois aux sept mille membres, prend le parti d'organiser en une dizaine de jours le championnat d'Europe de patinage de figures messieurs, le championnat du monde de patinage par couple et le championnat d'Europe de hockey sur glace. Ces évènement ne laisse qu'un cinquième de la superbe piste artificielle en plein air aux patineurs publics, sans qu'ils râlent pour autant. Emmanuel Hajek, le président du WEV, s'acquitte de cette triple organisation avec compétence et courtoisie. Le public viennois, que l'on disait porté vers le patinage de figures, s'enthousiasme pour le hockey sur glace et augure d'un bel avenir pour ce sport en Autriche.

 

Le seul regret est l'absence de certaines nations. Alfred de Rauch et Robert George ayant été rappelés à Paris par leurs affaires, Philippe Payot et Léon Quaglia ayant été retenus à Chamonix pour des motifs divers, la France préfère ne pas envoyer d'équipe plutôt que d'aligner une formation de second ordre. Même politique chez les tenants du titre suisses, ce qui est sévèrement commenté dans La Suisse sportive : "Cette décision est profondément regrettable et elle produira dans tous les pays le plus mauvais effet. Il est désirable, en effet, que la contrée qui détient un titre aille le remettre en jeu. Lorsqu'elle ne le fait pas, on a toujours l'impression qu'elle a peur de se faire battre. Dieu sait pourtant que ce sentiment est inconnu des Suisses. La race exclut la crainte. Regrettons cette abstention forcée et espérons qu'une autre fois, il sera possible de prendre d'autres dispositions. Les joueurs des Grisons doivent s'attendre à devoir se déplacer toutes les années et ils devraient se préparer très longuement à l'avance."

 

24 janvier
Autriche - Hongrie 6-0 (4-0,2-0)
  Lederer (H. Brück), Lederer (Sell), Sell, Lederer, Lederer (H. Brück), Lederer (Göbl)
Allemagne - Tchécoslovaquie 2-1 (2-0,0-1)
  Orbanowski, Römer (Orbanowski) / Malecek

25 janvier
Allemagne - Pologne 2-1 (1-1,1-0)
  Jaenecke 2 / Adamowski
Belgique - Tchécoslovaquie 2-0 (2-0,0-0)
  Kreitz 2

26 janvier
Belgique - Hongrie 6-0 (2-0,4-0)
  Bureau, Kreitz, Van Reysschoot, Kreitz (Franck), Kreitz, Meyer
Autriche - Pologne 3-1 (2-0,1-1)
  Sell (H. Brück), W. Brück, H. Brück / Tupalski

27 janvier
Allemagne - Hongrie 5-0 (3-0,2-0)
  Janecke 3, Orbanowsky, Orbanowsky (Sachs)
Tchécoslovaquie - Pologne 1-1 (1-0,0-1)
  Malecek / Tupalski
Autriche - Belgique 1-0 (0-0,1-0)
  Lederer (H. Brück, Sell)

28 janvier
Tchécoslovaquie - Hongrie 5-0 (2-0,3-0)
  Malecek (Sroubek), Malecek, Sroubek, Malecek, Sroubek (Malecek)
Belgique - Pologne 2-2 (1-1,1-1)
  Kreitz, Van Reyschoot / Tupalski, Zebrowski
Autriche - Allemagne 2-1 (1-1,1-0)
  Spevak, Lederer (H. Brück) / Jaenecke

29 janvier
Belgique - Allemagne 3-0 (2-0,1-0)
  Mayer, Van Reyschoot, Kreitz (Van Reyschoot, Mayer)
Pologne - Hongrie 6-1 (3-0,3-1)
  Adamovski 4, Tupalsky 2 / Revay
Autriche - Tchécoslovaquie 1-0 (0-0,1-0)
  H. Brück

Classement (5 matches)

                   Pts   V  N  D   BP-BC Diff
1 Autriche          10   5  0  0   13-2  +11
2 Belgique           7   3  1  1   13-3  +10
3 Allemagne          6   3  0  2   10-7  +3
4 Pologne            4   1  2  2   11-9  +2
5 Tchécoslovaquie    3   1  1  3    7-6  +1
6 Hongrie            0   0  0  5    1-28 -27

L'Autriche devient championne d'Europe. Si son meilleur attaquant Herbert Bruck abuse des dribbles et joue de manière trop égoïste, elle a la meilleure condition physique et fatigue son adversaire par sa tactique défensive. Elle est bien dotée avec son gardien Hermann Weiss et ses arrières Walter Brück, remarquable travailleur, et Peregrin Spevak, célèbre pour ses lancers lointains et qui finit par faire mouche de 40 mètres contre l'Allemagne. Ses performances déclenchent une vraie frénésie. Dans des tribunes prévues en théorie pour quatre mille personnes, on se presse tellement que les derniers rangs ne doivent plus rien voir. Au-dessus du mur d'enceinte, des spectateurs non payants essaient même de suivre la rencontre au moyen de périscopes ! À partir du quatrième jour, la police doit interdire l'accès aux alentours, car la foule continue d'affluer, et arrête des revendeurs de places au marché noir.

L'inattendue équipe de Belgique est la révélation du tournoi avec un excellent patinage et des combinaisons offensives dignes d'éloges. Ces belles prestations conduisent même la Ligue belge à "passer l'éponge sur les fautes laissées en suspens", en l'occurrence une rébellion ouverte de certains joueurs contre son comité. L'indéniable talent des jeunes Anversois pardonne donc leurs écarts de conduite de la saison précédente. Le capitaine Willy Kreitz - le meilleur technicien du tournoi - fait figure de leader, mais Pierre van Reysschoot, qui a "acquis le style canadien", n'est pas en reste. La Belgique se fait battre à l'usure par l'Autriche et accuse le coup le lendemain en jouant mollement et sans conviction contre la Pologne.

Pour l'Allemagne, on découvre un joueur de 18 ans nommé Gustav Jaenecke, qui marque le premier but à 40 mètres de distance contre la Pologne. Sa puissance de tir dépasse celle de l'Autrichien Ulrich Lederer, qui fait office de référence à Vienne. Il forme un duo très rapide avec Orbanowski.

La vitesse et la jeunesse, voilà les qualités que n'a plus la Tchécoslovaquie, prise en grippe par le public viennois. Si sa défaite initiale contre l'Allemagne peut être imputable à une entrée en matière difficile de leur gardien Peka, ils n'ont plus cette excuse ensuite. Seul joueur à avoir de jeunes jambes, Josef Malecek est très surveillé par des adversaires qui ont compris d'où venait le danger. Même Malecek n'est pas en réussite : il rate deux fois le cadre à un mètre de distance contre la Belgique, et tire encore à côté à trois minutes de la fin face à la Pologne. De déception en déception, les Tchécoslovaques terminent cinquièmes.

Même la Pologne leur passe devant. Emmené par son meilleur joueur Aleksander Tupalski, elle pratique un jeu en combinaisons, mais manque encore un peu de vitesse de patinage par rapport aux meilleurs. Elle obtient toutefois le nul contre la Belgique grâce à une égalisation inespérée, en infériorité numérique, de Kazimierz Zebrowski. Son tir du milieu de glace prend par surprise le bon gardien Hector Chotteau.

La Hongrie, membre provisoire admis définitivement dans la LIHG par son quatorzième congrès le jour d'ouverture du championnat, pratique un jeu déjà plus au point que celui des meilleures équipes il y a quelques années, preuve des progrès globaux du hockey européen. Il lui manque cependant encore la science du shoot, sauf Revay qui sauve l'honneur sur un tir lointain.

 

Trophée du fair-play (attribué pour la première fois) : Belgique.

 

 

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