Jeux Olympiques de Grenoble 1968
Après quelques décennies de relations tendues avec le CIO d'Avery Brundage, qui le juge trop proche du professionnalisme, le hockey sur glace retrouve à Grenoble son rôle majeur dans les Jeux Olympiques d'hiver. 12000 spectateurs se pressent dans le Stade de Glace pour assister aux rencontres, dont beaucoup sont diffusées en direct sur l'unique chaîne de la télévision française. C'est tout un pays qui découvre un nouveau sport, et les patinoires poussent comme des champignons dans les années suivantes aux quatre coins de la France.
Matches de qualification (4 février 1968)
Les trois derniers du Mondial A et les trois premiers du Mondial B en 1967 (la Yougoslavie remplace la Pologne qui a décidé de ne pas envoyer d'équipe aux JO après les mauvais résultats au tournoi du cinquantenaire) jouent un match crucial d'entrée pour savoir si elles disputeront le tournoi olympique principal.
Allemagne de l'est - Norvège 3-1 (2-1,1-0,0-0) Allemagne de l'ouest - Roumanie 7-0 (1-0,3-0,3-0) Finlande - Yougoslavie 11-2 (3-0,6-0,2-2)
Sans surprise, les trois nations qui étaient dernièrement dans le groupe A se qualifient. Les autres joueront l'équivalent d'un Mondial B.
Groupe A
6 février Tchécoslovaquie - États-Unis 5-1 (1-1,2-0,2-0) URSS - Finlande 8-0 (3-0,2-0,3-0) Canada - Allemagne de l'ouest 6-1 (0-0,4-1,2-0) 7 février Suède - États-Unis 4-3 (0-0,4-2,0-1) URSS - Allemagne de l'est 9-0 (4-0,2-0,3-0) 8 février Allemagne de l'ouest - Tchécoslovaquie 1-5 (0-1,0-2,1-2) Finlande - Canada 5-2 (2-1,1-0,2-1) 9 février Suède - Allemagne de l'ouest 5-4 (4-3,0-0,1-1) Canada - Allemagne de l'est 11-0 (4-0,4-0,3-0) URSS - États-Unis 10-2 (6-0,4-2,0-0) 10 février Tchécoslovaquie - Finlande 4-3 (0-1,3-0,1-2) Suède - Allemagne de l'est 5-2 (1-0,2-1,2-1) 11 février Canada - États-Unis 3-2 (1-2,0-0,2-0) URSS - Allemagne de l'ouest 9-1 (4-1,4-0,1-0) 12 février Tchécoslovaquie - Allemagne de l'est 10-3 (5-2,1-0,4-1) Suède - Finlande 5-1 (1-0,2-1,2-0) États-Unis - Allemagne de l'ouest 8-1 (2-1,4-0,2-0) 13 février URSS - Suède 3-2 (1-1,0-0,2-1) Canada - Tchécoslovaquie 3-2 (0-0,3-0,0-2) 14 février Finlande - Allemagne de l'est 3-2 (2-1,1-0,0-1) 15 février États-Unis - Allemagne de l'est 6-4 (3-1,1-1,2-2) Canada - Suède 3-0 (2-0,0-0,1-0) Tchécoslovaquie - URSS 5-4 (3-1,1-1,1-2) 16 février Finlande - Allemagne de l'ouest 4-1 (2-1,1-0,1-0) 17 février Allemagne de l'ouest - Allemagne de l'est 4-2 (1-0,2-1,1-1) États-Unis - Finlande 1-1 (1-1,0-0,0-0) Suède - Tchécoslovaquie 2-2 (1-1,1-0,0-1) URSS - Canada 5-0 (1-0,1-0,3-0)
Classement (7 matches)
Pts V N D BP-BC Diff 1 URSS 12 6 0 1 48-10 +38 2 Tchécoslovaquie 11 5 1 1 33-17 +16 3 Canada 10 5 0 2 28-15 +13 4 Suède 9 4 1 2 23-18 +5 5 Finlande 7 3 1 3 17-23 -6 6 États-Unis 5 2 1 4 23-28 -5 7 RFA 2 1 0 6 13-39 -26 8 RDA 0 0 0 7 13-48 -35
Le Canada abandonne ses espoirs de titre dès son deuxième match, où il se fait surprendre par la surprenante Finlande, appliqué dans le repli défensif comme dans la relance, et comptant sur Urpo Ylönen impeccable dans les cages. Les étonnants Finlandais de l'entraîneur tchèque Gustav Bubnik confirment ensuite leurs progrès quand des buts de Ketola et Oksanen remontent le score de 1-4 à 3-4 face à une équipe de Tchécoslovaquie qui ne préserve la victoire que grâce à son expérience qui lui permet de conserve le palet en utilisant sa supériorité technique. La Suède n'est pas elle non plus en mesure de rivaliser, comme le prouve sa victoire chanceuse face aux Allemands de l'ouest, battus seulement à l'avant-dernière minute sur un tir dévié par le patin d'un malheureux défenseur.
Par conséquent, le tournoi se résume à un duel entre les deux plus sérieux prétendants au titre : l'URSS et la Tchécoslovaquie. Restant sur cinq années et 39 matches sans défaite, les Soviétiques se sont affirmés comme les maîtres du hockey mondial, mais leurs adversaires tiennent à leur rappeler que ce sont eux qui leur ont appris les bases de ce sport. L'entraîneur tchèque Jaroslav Pitner connaît le point faible de l'adversaire russe, son gardien Viktor Konovalenko, vulnérable quand il n'est plus dans son rythme. Il remarque en outre que sept joueurs russes ne portent pas de protection en plastique au bout des lames métalliques de leurs patins. Il demande donc à décaler le match jusqu'à ce que ces patins soient mis en conformité. La rencontre commence avec une demi-heure de retard, trente minutes fatales à la concentration et aux nerfs de Konovalenko, gardien secret qui se prépare intérieurement et qui fait de longues marches solitaires après un mauvais match. Transcendés, les Tchécoslovaques font ainsi tomber les invincibles par cinq buts à quatre.
Mais l'énergie dépensée ce jour-là leur fait défaut par ailleurs. Déjà battus par des Canadiens ayant retrouvé fair-play et envie, ils concèdent le dernier jour contre la Suède un nul synonyme d'adieu à la médaille d'or. Ils peuvent encore espérer un faux-pas russe contre le Canada, où les Soviétiques décident initialement de titulariser Viktor Zinger dans les cages. Mais Konovalenko demande à jouer. Suivant la démocratie participative qui existait paradoxalement dans le système rigide de Tarasov et Chernyshev, les deux entraîneurs demandent alors leur avis aux principaux joueurs, qui s'accordent pour dire qu'il faut faire confiance à Konovalenko, qui ne fait jamais deux contre-performances de suite. Le gardien de Gorki est aligné et blanchit les Canadiens. De toute façon, un tel monde sépare ceux-ci de l'URSS en ce qui concerne la vitesse de jeu et la créativité qu'il n'y a plus guère de suspense. Malgré un authentique exploit, la Tchécoslovaquie doit donc se contenter d'une frustrante médaille d'argent.
Meilleurs marqueurs (7 matches)
B A Pts Pén 1 Anatoli Firsov URS 11 4 15 4' 2 Viktor Polupanov URS 7 6 13 10' 3 Vyacheslav Starshinov URS 6 6 12 2' 4 Vladimir Vikulov URS 2 10 12 2' 5 Jozef Golonka TCH 4 6 10 8' 6 Jan Hrbatý TCH 2 7 9 2' 7 Francis Huck CAN 4 5 9 10' 8 Marshall Johnston CAN 2 6 8 4' 9 Jack Morrison USA 2 6 8 10' 10 Václav Nedomanský TCH 5 2 7 4'
Meilleur gardien : Ken Broderick (Canada).
Meilleur défenseur : Josef Horešovský (Tchécoslovaquie).
Meilleur attaquant : Anatoli Firsov (URSS).
Équipe-type : Ken Broderick (CAN) ; Lennart Svedberg (SUE) - Ján Suchý (TCH) ; Anatoli Firsov (URSS) - Frank Huck (CAN) - František Ševcík (TCH).
Groupe B
7 février Yougoslavie - Japon 5-1 (2-0,0-0,3-1) Roumanie - Autriche 3-2 (2-1,1-1,0-0) 8 février Norvège - France 4-1 (1-1,2-0,1-0) 9 février France - Roumanie 3-7 (0-2,0-2,3-3) Yougoslavie - Autriche 6-0 (2-0,2-0,2-0) 10 février Japon - Norvège 4-0 (2-0,2-0,0-0) 11 février France - Autriche 2-5 (0-1,2-3,0-1) 12 février Japon - Roumanie 5-4 (3-0,1-3,1-1) Norvège - Autriche 5-4 (3-1,2-1,0-2) 13 février France - Yougoslavie 1-10 (0-6,0-1,1-3) 14 février Norvège - Roumanie 4-3 (2-2,1-1,1-0) 15 février Japon - Autriche 11-1 (1-0,6-0,4-1) 16 février Yougoslavie - Roumanie 9-5 (5-3,1-1,3-1) 17 février France - Japon 2-6 (0-0,0-4,2-2) Yougoslavie - Norvège 3-2 (1-1,0-0,2-1)
Classement (5 matches)
Pts V N D BP-BC Diff 1 Yougoslavie 10 5 0 0 33-9 +24 2 Japon 8 4 0 1 27-12 +15 3 Norvège 6 3 0 2 15-15 0 4 Roumanie 4 2 0 3 22-23 -1 5 Autriche 2 1 0 4 12-27 -15 6 France 0 2 0 5 9-32 -23
Après une défaite 0-11 contre la Suisse, même pas qualifiée, en match amical à trois mois des JO, le secrétariat à la jeunesse et aux sports avait exigé que l'équipe de France soit composée de joueurs de moins de vingt-quatre ans afin de préparer une formation plus compétitive pour les JO de 1972. Philippe Lacarrière fait exception en étant retenu dans l'effectif, mais d'autres joueurs confirmés comme Alain Bozon (Chamonix) et Jean-Claude Eymard (Villard-de-Lans) sont absents de la sélection. La France se classe dernière de "ses" Jeux Olympiques, une compétition qu'elle retrouve - en qualité de pays organisateur - après trente-deux d'absence.
Meilleurs marqueurs
B A Pts 1 Albin Felc YOU 5 6 11 2 Viktor Tišler YOU 8 2 10 3 Ivo Jan YOU 6 2 8 4 Takao Hikigi JAP 5 3 8 5 Gyula Szabó ROU 4 4 8
Les JO précédents (Innsbruck 1964)
Les JO suivants (Sapporo 1972)