Novembre 2002 : anecdotes

 

Jiri Hudler, on se l'arrache

Jiri Hudler est bien la star naissante du hockey tchèque. Il n'y a que les managers de la NHL, si obnubilés par le gabarit qu'ils ne l'ont pris qu'au deuxième tour de la draft (et un talent de plus dans l'armada de Detroit), qui ne l'ont pas encore compris. C'est ainsi qu'après l'avoir invité à sa première sélection avec les seniors, le sélectionneur national tchèque Slavomir Lener n'a plus voulu le lâcher, et a refusé de le rendre à l'équipe des moins de 20 ans pour leur propre tournoi, comme il l'avait promis. Jiri Hudler a donc joué la Coupe Karjala avec les grands, et l'entraîneur des juniors Jaroslav Holik (le père de Bobby Holik, le joueur surpayé des New York Rangers), s'est fâché tout rouge. Il a menacé de ne pas sélectionner Hudler pour les prochains championnats du monde juniors, et a même déclaré qu'il démissionnerait si on ne lui rendait pas sur le champ le jeune prodige. Mais finalement, Holik a gesticulé dans le vide. Il restera bien en poste, et il sélectionnera évidemment un Jiri Hudler enrichi par son expérience en seniors pour les prochains Mondiaux juniors. Cette polémique inutile engagé avec l'entraîneur des seniors n'aura donc eu pour effet qu'entamer un peu plus la crédibilité de Jaroslav Holik, réputé pour se laisser parfois emporter sans réfléchir.

Manute Bol ou le n'importe quoi marketing

À Indianapolis, on ne sait plus quoi inventer pour attirer un public friand avant tout de basket et de sport automobile. Alors les Indianapolis Ice, club de hockey sur glace évoluant dans une obscure ligue mineure (la Central Hockey League) a eu l'idée d'un coup marketing plus ou moins fumeux : ajouter sur le banc des joueurs Manute Bol, ancien joueur de NBA célèbre pour sa taille qui représentait alors un record absolu (2m30) et qui lui permettait d'être un excellent contreur. L'opération fut une réussite puisqu'Indianapolis attira 5859 spectateurs, sa meilleure affluence. Mais on ne sait pas ce qu'ils ont pensé de ce gag.

En effet, Manute Bol, qui avoue n'avoir jamais mis les pieds dans une patinoire, n'est évidemment pas monté sur la glace. Il l'explique lui-même : "Je n'ai jamais enfilé les patins. Mais pour récolter des fonds, je veux bien me laisser photographier par les supporters et les journalistes dans un équipement de hockey. C'était mon unique tâche du jour". Si le basketteur a accepté cette prostitution médiatique pour une franchise de hockey, c'est en effet qu'il a obtenu en échange des affiches publicitaires dans la patinoire pour le compte de son organisation caritative qui s'occupe des enfants du Soudan, son pays natal. Et après tout, ce simple essayage d'équipement est toujours moins douloureux que la précédente opération qu'il avait menée pour recueillir des fonds, et qui consistait en un match de boxe contre un ancien footballeur américain.

Houston ou le marketing interdit

Dans la recherche de nouvelles idées marketing, les Houston Aeros, franchise d'AHL, se sont vus interdire par leur ligue d'utiliser comme slogan pour un match "Guaranteed Fight Night" (soirée garantie avec bagarres). Les dirigeants sont évidemment déçus, car ce genre de campagne publicitaire aurait fait fureur au Texas... Cette décision s'inscrit dans une légère tendance d'assainissement de la NHL, où le nombre des "mises aux poings" est descendu à son plus bas niveau depuis 1975/76 (ce qui fait tout de même une pénalité majeure pour bagarre par rencontre en moyenne), et où Bryan Trottier, l'entraîneur des New York Rangers, a été suspendu deux matches pour avoir envoyé deux de ses goons sur la glace pour provoquer une échauffourée dans les dernières secondes d'une rencontre déjà perdue. Mais on vous rassure, pour le commissionner Gary Bettman, il n'est absolument pas question d'interdire les bagarres, qui "font partie du spectacle" vendu à prix d'or au public de la NHL.

Feldkirch, petits licenciements entre amis

Des entraîneurs menacés de perdre leur poste dès que leur équipe enchaîne deux ou trois mauvais résultats, c'est monnaie courante, notamment en Suisse. Mais à quelques kilomètres de la frontière helvétique, on a trouvé encore plus fort : confortable leader du championnat autrichien avec 13 victoires et 1 défaite aux tirs au but en 14 matches, au-delà de toutes ses espérances, le promu Feldkirch a quand même trouvé le moyen de licencier son entraîneur Konrad Dorn, au risque de casser la belle mécanique alors que tout va bien !

Les relations étaient devenues trop tendues entre Dorn et le président Walter Gau, tellement proche des joueurs qu'ils se permettaient de lui soumettre leurs griefs contre les décisions du coach, ce que Dorn supportait mal. La position d'entraîneur, en porte-à-faux entre une équipe comprenant des vétérans influents et un patron qui cherche à tout contrôler, est vraiment délicate à Feldkirch, où on a comme l'exige la tradition locale choisi la solution interne. L'ancien joueur qui passe derrière le banc est cette fois Fritz Ganster, qui faisait encore partie de l'effectif à 42 ans, et qui a vu sa reconversion accélérée par le lobbying en sa faveur de ses coéquipiers, comme le capitaine Michael Lampert et le défenseur austro-canadien Dominic Lavoie.

C'est la fête à Daniel Naud

Les clubs de hockey sur glace aiment bien Internet quand cela sert leur communication, voire leur marchandising, mais ils apprécient beaucoup moins les forums et les risques de l'expression libre. C'est ainsi que le forum du site officiel d'Augsbourg a été fermé après que s'y sont répandues des rumeurs au sujet d'une fête très alcoolisée qui se serait tenue dans les vestiaires après le licenciement de Daniel Naud. Les bruits sur cette petite fiesta sont en effet remontés aux oreilles des sponsors, qui ont demandé des explications au club, dont l'unique réaction a été la fermeture du forum. Il n'y a en effet pas eu de démenti, et il semble bien que la fête ait eu lieu, même si elle était prévue de longue date, avant l'annonce du départ de Naud.

Daniel Naud, ancien joueur de Rouen, avait été la victime d'une série de défaites, et particulièrement d'un 4-6 contre Nuremberg alors qu'Augsbourg menait 3-0 après cinq minutes de jeu. Il sait comment ça se passe puisqu'il avait lui-même remplacé Bob Manno dans des circonstances similaires à l'automne 2000, l'année où Arnaud Briand jouait à Augsbourg. Le club a l'habitude d'alterner entre entraîneurs plutôt amicaux (Greg Prior, Gunnar Leidborg, Daniel Naud) et plutôt dictatoriaux (Ricki Alexander, Bob Manno). C'est donc un dur à cuire qui va remplacer le "gentil" Naud, en l'occurrence Rich Chernomaz, l'homme qui a amené Cologne au titre de champion en avril dernier alors qu'il n'y effectuait qu'un intérim de quelques mois avant de faire place nette pour Hans Zach.

 

 

Les phrases du mois

"Où est Zaugg ? J'aurais quelques petites questions à lui poser..." Pendant une conférence de presse peu fréquentée à la Deutschland Cup, Hans Zach cherchait ainsi Klaus Zaugg, le fameux journaliste du tabloïd zurichois Blick qu'il considère toujours comme le principal responsable de son licenciement du ZSC il y a cinq ans.

"Il ne vaut mieux pas que l'on envoie la cassette vidéo du match à Pierre, cela n'aiderait pas le processus de guérison." Klaus Merk, co-entraîneur de circonstance des Eisbären Berlin, après un match médiocre contre Ingolstadt (remporté quand même 3-1), à propos de Pierre Pagé, l'entraîneur du club hospitalisé à cause d'une nouvelle otite (il en avait eu une l'an passé).

 

 

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