Avril 2006 : anecdotes

 

Éternelle série du siècle

Trente-quatre ans après, la série du siècle continue d'être un sujet d'étude passionnant pour tout le Canada, un moment d'histoire analysé et disséqué ad vitam eternam. Nombre de livres sont sortis sur le sujet, les matches sont tous sortis en DVD, mais il restait encore quelque chose qui n'avait pas été fait : un film. Les Américains avaient leur Miracle, la télévision publique canadienne anglophone CBC a produit et diffusé un téléfilm en deux fois deux heures. Mais ici, il n'est pas question de dramaturgie hollywoodienne. Pour ce qui a été désigné comme le quatrième évènement le plus important de l'histoire du pays, seule comptait l'exactitude historique. Le but n'était pas de présenter la victoire des bons contre les méchants, mais de retracer le déroulement du succès canadien sans angélisme, y compris les pages les pus sombres comme le cinglage de Bobby Clarke sur Kharlamov. Et même celui qui a le moins beau rôle, Vic Hadfield (il a monté la révolte des joueurs qui n'avaient pas de temps de glace et a quitté l'effectif canadien - qui était sans doute trop large - avant le départ à Moscou), a signé l'accord pour que le film soit diffusé, ne voulant pas faire obstacle à cette nouvelle contribution à la légende de 1972.

Le souci du détail a été jusqu'à re-fabriquer l'équipement d'époque aujourd'hui introuvable, à l'identique. Les acteurs, plus ou moins ressemblants avec leurs personnages d'origine, devaient se mettre dans leur peau et en adopter les tics. Et ils devaient bien sûr savoir jouer au hockey, puisqu'il fallait rejouer les séquences de match, diffusées pour plus d'authenticité avec le commentaire - anglophone - originel de Foster Hewitt. Les vêtements et les coiffures de tout l'environnement ont été bien sûr recréées à la manière des années 70.

Toutes les anecdotes des vestiaires ont bien sûr été abordées : le questionnaire de Starshinov, la paranoïa de Frank Mahovlich, les dissensions entre Clarke et Henderson, etc. Il faut dire qu'avec un sujet qui a été aussi disséqué par tant de passionnés, la moindre erreur ou approximation est immédiatement pointée du doigt. Trois inexactitudes majeures ont ainsi été repérées : la présence d'un personnage féminin créé de toutes pièces à un poste-clé de l'organisation canadienne, le fait que le Team Canada soit sifflé avant le match 4 de Vancouver alors qu'il n'a été hué qu'après la défaite, et le palet envoyé par Kharlamov en direction des hockeyeurs canadiens qui se moquaient de l'entraînement soviétique, un détail qu'aucun des joueurs ne paraît se rappeler.

Cette nouvelle création autour de la série du siècle entraîne à nouveau une vague de confrontations de souvenirs, puisque chaque Canadien au-dessus d'un certain âge sait exactement comment il a vécu la série. Mais le temps passe et les nouvelles générations comprennent moins ce contexte. On entend de plus en plus commentaires qui s'agacent de ce ressassement jusqu'à plus soif de ce mois de septembre 1972. Et ils osent la critique : en ferait-on trop ?

Projets de patinoires méditerranéennes

Gelani Tovbulatov, président de la Coupe Spartak et jamais à court de grands projets, a récemment effectué une visite au Portugal où il a rencontré Eusebio, la star de la Coupe du monde de football 1966. Il l'a invité à son tournoi, pendant lequel il a régulièrement pris l'habitude d'organiser des galas. Cette année, l'exhibition n'aura pas lieu sur la glace mais sur la pelouse, et opposera des vedettes du hockey aux... politiciens du parti présidentiel "Russie Unie".

Mais Tovbulatov est aussi allé au Portugal pour parler affaires. Il a signé un protocole d'accord pour que des investisseurs portugais construisent un grand complexe sportif à Krasnodar, dans la perspective de la candidature de Sotchi aux JO d'hiver 2014. En échange, il construira une patinoire au Portugal, qui sera de dimension raisonnable sous les conseils des Portugais (mille places environ). Et Tovbulatov annonce avoir dans les cartons d'autres projets en Turquie, Israël et Égypte. Ce sont tous des projets de patinoires privées à but commercial, mais peut-être aideront-ils le hockey à conquérir la Méditerranée.

La quasi-unanimité

La création tant attendue d'une fédération indépendante pour le hockey sur glace (FFHG) a été un moment de rassemblement de toutes les sensibilités au service de l'intérêt commun. C'est ainsi que les textes fondateurs, préalablement envoyés à tous les clubs pour consultation, pouvaient être ratifiés par tous afin de donner un signal fort de l'unité du hockey et de sa capacité à travailler par delà les conflits d'intérêts ou les querelles de personnes. Par tous ? Non, un irréductible Breton résiste encore et toujours à l'envahisseur fédéral.

Lors du vote, comme lors du congrès de Toulon où le monde du hockey avait exprimé son intention d'autonomie vis-à-vis de la FFSG, la création de la fédération a été adoptée à l'unanimité. Aucune voix contre ne s'est pas manifestée, mais lors du recensement des abstentions, la main de Briec Bounoure s'est levée. Il lui fut alors aussitôt rappelé qu'il n'avait pas le droit de vote, puisqu'il figurait parmi les observateurs du bord de salle, et non parmi le parterre des votants, un seul par club. Or, le pouvoir de vote pour Brest avait été donné à sa femme, Annick Bounoure, qui, elle, a voté oui. La mise en scène savamment préparée par Briec Bounoure s'est poursuivi lors de la standing ovation finale, moment de communion collective pendant lequel il a été le seul à rester assis. Une manière de signifier à tout le monde que, avant d'entreprendre tout projet collectif, il faudrait d'abord compter avec son opposition.

La main à la pâte

En plus des bénévoles qui n'ont pas ménagé leur peine pendant les championnats du monde, d'autres petites mains ont été réquisitionnées pour aider l'organisation. C'est ainsi que certains spectateurs ont eu la surprise de voir Denis Perez vendre des hot-dog ou Antoine Richer avec un grand sac poubelle en train de nettoyer les tribunes de leurs détritus. Qu'on se le dise, le staff amiénois bosse dur !

 

 

Les citations du mois

 

"Hewitt n'était pas capable de dire Cournoyer à l'antenne, mais il n'avait aucun problème pour dire Courvosier au bar quand il demandait du cognac" Yvan Cournoyer, à propos du commentateur de la série du siècle lors d'une réunion de projection avant la diffusion de film, cité par le Edmonton Sun.

"Je n'avais jamais vécu ça ! J'étais assis dans le vestiaire après le match et j'avais des bourdonnements dans les oreilles comme après un concert de rock." Klaus Kathan (attaquant de Düsseldorf) dans Eishockey News au sujet de l'ambiance lors du deuxième match de la finale de DEL, qui restera le dernier de l'histoire dans la mythique patinoire de la Brehmstraße.

"Combien de chances est-il possible de donner ?! Qui s'est enivré à Vienne aux derniers championnats du monde ? Qui ? Mais ça, on n'en parle pas dans la presse, tout est la faute des entraîneurs ! Les sélectionneurs successifs ont donné sa chance à Kovalchuk. Oui, c'est un bon joueur, qui marque beaucoup en NHL. Mais dès qu'il arrive aux championnats du monde, la première chose qu'il fait, c'est étudier un plan de la ville pour trouver les restaurants. Avec moi, vous l'avez compris, ce n'est pas possible qu'il travaille. Qu'il attende l'arrivée de nouveaux et jeunes entraîneurs. Mais, de mon point de vue, il n'y a en ce moment que trois personnes qui peuvent avoir des résultats avec la sélection : Belousov, Vorobiev, Bilyaletdinov. Mais ce sont des entraîneurs endurcis à l'ancienne qui ne partagent les incompréhensibles visions démocratiques auxquelles obéissent seulement les joueurs russes de NHL" Le sélectionneur russe Vladimir Krikunov se lâche encore - la fois de trop ? - dans les colonnes de Sport Express.

 

 

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