Janvier 2006 : anecdotes

 

Racisme combattu dans le hockey italien

Alors que les autorités du football italien paraissent avoir une échelle des sanctions très particulières (enfin un match de suspension pour le capitale de la Lazio, Paolo Di Canio, à son troisième salut fasciste en match), leurs homologues du hockey ont réagi sans ambages à un incident survenu dans le championnat italien. Daniele Veggiato, un joueur d'Alleghe jusqu'ici sans histoires, a écopé d'une pénalité de match lors d'une rencontre à Cortina pour des insultes racistes répétées à l'encontre de Luca Zandonella (métis de mère mauricienne). Au vu du rapport de l'arbitre, la FISG l'a suspendu cinq matches, et elle a surtout a exclu à vie de l'équipe nationale ce joueur de 27 ans qui comptait 37 sélections. Devinez à quel sport le directeur du hockey Franz Sinn a fait référence à un autre sport en commentant la sanction ? "Il ne mérite pas de porter le maillot des Azzurri. Nous avons déjà vécu une escalade de ce genre dans le football et nous ne pouvons pas l'accepter." Veggiato a fait profil bas et a présenté ses excuses à Zandonella et à sa mère.

Deux nouvelles patinoires en Afrique

En l'espace de quelques semaines, ce sont deux nouvelles patinoires qui se sont ouvertes sur le continent africain, alors qu'il n'en restait plus qu'en Afrique du sud. Faut-il voir les prémices du développement du hockey ? Les faits incitent plutôt au réalisme et à la prudence.

Première inauguration, celle d'une patinoire de 1393 mē à l'hôtel Panari de Nairobi, la capitale du Kenya. Elle a coûté cinquante millions de shillings (600 000 euros) et a été construite pour promouvoir le tourisme. Les prix d'entrée de la séance publique (près de dix euros) risquent d'être très dissuasifs pour la grande majorité de la population locale. Ce n'est pas la première fois que des patinoires s'ouvrent dans des hôtels en Afrique subsaharienne, et aucune par le passé n'avait eu un véritable usage hors de sa vocation touristique. Le directeur de la patinoire évoque toutefois la création d'une fédération africaine de patinage et fait savoir que des écoles se sont montrées intéressées pour monter des équipes de hockey.

L'autre nouveauté, c'est la création d'une patinoire au Maroc, plus précisément au sein d'un grand centre de commerces et de loisirs, le Mega Moll, situé à Rabat. Le fait que ce projet voie le jour dans la capitale, donc près du personnel des ambassades, et non dans la ville la plus peuplée (Casablanca), n'est pas forcément bon signe pour le développement du hockey au sein de la population locale. Ceci dit, c'est plus crédible qu'au Kenya, ne serait-ce qu'à cause du niveau de vie bien supérieur du pays. Ici, l'équipe de hockey a déjà été créée, sous le nom de Rabat Capitals, et elle part pour un tournoi au Québec. Mais le facteur limitant est surtout la taille de la glace. La patinoire est en effet une 40 x 20, et on sait bien que cette surface est peu adaptée pour jouer à un niveau compétitif et par exemple pour accueillir des équipes étrangères.

La dernière cuite présidentielle

A-t-il voulu appliquer les bons conseils de son sélectionneur Krikunov ? En tout cas, le président de la fédération russe Aleksandr Steblin, qui avait réussi à conserver son pouvoir depuis près d'une décennie alors qu'il était très critiqué, s'est grillé par son comportement lors de la finale de la Coupe d'Europe des Champions. Pendant que le Dynamo Moscou remportait le titre européen, les officiels en coulisses étaient dans l'embarras. Steblin, étrangement absent de la conférence de presse d'avant-match, a fait une entrée remarquée dans le salon VIP après la finale. Ouvrant la porte avec fracas, il s'est présenté dans un état éthylique avancé, a frappé au visage le journaliste Vsevolod Kukushkin, a jeté des oranges en direction de l'organisateur du tournoi Piotr Makarenko et s'est ensuite répandu en insultes à l'encontre du président de l'IIHF René Fasel. Bref, il a signé son "arrêt de mort" en tant que dirigeant sportif (l'expression est peut-être mal choisie quand on connaît le destin de son prédécesseur assassiné Valentin Sytch).

Cela profitera-t-il au directeur du comité russe des sports Vyacheslav Fetisov, en conflit ouvert avec Steblin ? Pas forcément. Car les deux politiciens engagés au nouveau conseil de surveillance de la PHL - la ligue des clubs professionnels - pour servir de contre-feu aux projets de ligue eurasienne pirate de Fetisov ont saisi l'occasion. Dès le lendemain de l'incident, Mikhaïl Margelov et Pavel Krasheninnikov se sont engouffrés dans la brèche et ont présenté leurs excuses publiques au nom du hockey russe, demandant au passage la démission de Steblin. Il y aura ainsi deux places à prendre puisqu'il cumulait jusqu'ici les postes de président de la fédération et de la ligue... Officiellement malade depuis l'incident, Steblin n'a donc pas réagi. Il a quand même usé de son pouvoir pour faire abolir le comité exécutif de la FHR où sa démission aurait dû être demandée. Il n'a guère de chance de conserver son poste puisque tous ses anciens amis pensent désormais qu'il est plus que temps d'avoir un nouveau président, mais le problème a été reporté après les JO de Turin pour ne pas perturber la préparation olympique.

Fleury comme Cantona

Le petit centre canadien Theoren Fleury, champion olympique en 2002, a refait parler de lui. Après avoir dû suivre le programme de désintoxication de la NHL, il avait retrouvé un emploi cette saison chez les Belfast Giants dans la ligue britannique et dominait le championnat avec une moyenne de deux points - et six minutes de pénalité - par match. Alors qu'il était sur le banc de la prison lors d'un match à Coventry, et qu'il était bien sûr insulté par les supporters locaux derrière lui, il a tenté de s'en prendre à eux et a alors été expulsé par l'arbitre. Qu'un joueur puisse menacer des spectateurs et leur adresser des insultes obscènes est inapproprié dans un sport qui prétend s'adresser à un public familial, c'est en substance l'argument développé par les dirigeants de Coventry. Mais à Belfast, on insiste surtout sur le comportement des supporters de Coventry, ou au moins une partie d'entre eux, qui sont une honte pour la ligue. Il est vrai que ceux-ci ne sont pas réputés pour leur finesse, et que certains avaient envisagé de venir au match avec de la poudre de talc pour la lancer à Fleury (allusion "subtile" à ses problèmes de drogue). On y a échappé. L'affaire est déjà assez navrante comme ça.

Une statue pour Hlinka

Le 26 janvier, pour ce qui aurait dû être son 56e anniversaire s'il n'était pas décédé sur la route en août 2004, une statue de cinq mètres d'Ivan Hlinka a été inaugurée devant la patinoire de Litvinov, son club d'origine. Elle le représente alors qu'il était un jeune joueur et a été financée à la fois par des mécènes locaux et par la région de Karlovy Vary, où avait eu lieu l'accident. Pendant ce temps, le club de Litvínov, hors course pour les play-offs, a laissé partir quelques cadres et en profite pour donner leur chance aux jeunes. La politique du club retourne ainsi à sa tradition formatrice, pour peut-être qu'un jour la ville voit naître les nouveaux successeurs de Hlinka.

Le hockey commenté par la Juve

Comment intéresser le public italien profane au hockey sur glace à l'occasion des Jeux Olympiques de Turin ? La RAI a choisi l'angle d'attaque du... football, communément partagé par tout le pays. Elle a engagé comme intervenants des vedettes du ballon rond. Fabio Capello, l'entraîneur de la Juventus de Turin, fera part de ses éclairages sur le hockey, un sport pour lequel il dit avoir de la sympathie mais aucune compétence particulière, si ce n'est d'avoir vu des matches à l'occasion. L'autre expert a pour sa part joué au hockey dans sa jeunesse, puisqu'il s'agit de l'ancien Ballon d'Or Pavel Nedved, spécialement appointé pour se joindre aux commentaires des matches de la République Tchèque...

 

 

Les citations du mois

 

"Je voulais depuis longtemps connaître le secret du hockey russe. Je pense que je l'ai découvert. J'ai été terriblement impressionné par l'aptitude au travail des joueurs russes et par leur énorme désir de s'améliorer. De plus, je ne m'attendais pas à ce qu'on accorde une attention aussi considérable à la formation des jeunes. Peut-être que sur ce plan la Russie dépasse même mon pays natal, le Canada. Le seul problème des Russes est qu'ils se considèrent tous attaquants dans l'âme, et que personne ne veut penser à la défense." Dave King, entraîneur du Metallurg Magnitogorsk, pendant la Coupe Spengler.

"Trois petits verres de vodka cul sec après chaque match. C'est obligatoire. Ça fonctionne pour moi. Après trois petits shots, si je sens que j'en veux plus, alors j'en reprends." L'entraîneur de la Russie et du Dynamo Moscou, Vladimir Krikunov, révèle dans Soviet Sport son remède contre le stress. Le vrai secret du hockey russe ?

"J'ai dit à mes amis aux États-Unis que c'était comme gagner la Coupe Stanley d'être toujours entraîneur de Krefeld à la trente-neuvième journée." Teal Fowler dans Eishockey News. L'exploit devait déjà lui paraître suffisant, car il a annoncé la semaine suivante qu'il souhaitait quitter son poste à l'issue de la saison.

"Je m'étais dit qu'en Europe, le jeu était forcément plus propre. C'était peut-être vrai il y a vingt ans. J'ai sans doute trop regardé les vidéos des années 70 étant gamin. Ça accroche et ça retient plus qu'en NHL. [...] Tous avaient de bonnes mains et un talent inné. Dans une équipe de NHL il y a toujours un ou deux Russes techniques. Là, il y en avait vingt ! Pour moi ça a été une révélation, et je me suis entraîné pour améliorer ma maîtrise de la crosse. J'ai beaucoup appris de Kovalev et Kovalchuk. Même Saleï m'a montré des trucs. [...] Je suis d'abord arrivé à Moscou et j'ai été stupéfié en allant dans les rues. C'est une ville dingue, comme New York. Le lendemain, en allant à Kazan, c'était le jour et la nuit. On aurait dit qu'il ne s'y passait rien. Mais ce n'est pas important, j'étais là pour jouer au hockey. Nous avions deux entraînements quotidiens, ça laissait peu de temps pour la promenade." Vincent Lecavalier revient dans Sport Express sur son expérience avec Ak Bars Kazan.

 

 

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