Février 2018 : anecdotes

 

Sacré français

Entouré par les États-Unis et le Canada, le Québec a fait de la protection de la langue française un combat quotidien, d'ailleurs à un degré plus élevé que la France elle-même. Quelle ne fut pas la surprise des Québécois d'entendre parler d'une note de Hockey Canada informant Sébastien Goulet, l'un des speakers de la patinoire olympique Gangneung arena, de ne plus prononcer à la française le nom de certains de ses joueurs. René Bourque (qui est de l'Alberta), Derek Roy (qui est d'Ottawa), Marc-André Gragnani devraient se contenter d'une prononciation à l'anglaise, si l'on se fie aux recommandations de la fédération canadienne de hockey qui disait se référer au souhait des joueurs (Gragnani a démenti et son nom est de toute façon italien).

Vous imaginez que cette demande, qui a rapidement fait surface dans les médias, a suscité un tollé général dans la Belle Province, du citoyen lambda jusqu'aux plus hautes instances du Québec. Philippe Couillard, Premier Ministre du Québec, a jugé cela "déplorable". Pascal Bérubé, membre du Parti Québécois, a lui aussi réagi avec virulence : "C'est insultant, c'est un manque de respect. D'autant plus que le français est l'une des langues officielles des Jeux olympiques."

Hockey Canada a ensuite publié un communiqué pour rectifier le tir, rappelant "son respect pour tous les joueurs, leurs antécédents et leur culture, et fera de son mieux pour s'assurer que les noms des joueurs soient prononcés selon les désirs du joueur."

Trouver chaussure à son pied

Dans les restaurants coréens typiques, il est de coutume de s'asseoir par terre pour manger, et on se déchausse donc à l'entrée. Lorsque l'équipe de Suisse de hockey sur glace est allée dîner dans sa tenue officielle pendant les Jeux olympiques de PyeongChang, les joueurs portaient des chaussures paraissant toutes identiques. La sortie du restaurant fut donc plus longue et compliquée que prévu, le temps que chacun retrouve sa paire...

Un casque censuré

Les Jeux olympiques sont un moment unique dans la carrière d'un joueur. Pour certains gardiens de hockey, le choix du casque permet d'ailleurs de marquer le coup. Matt Dalton, portier canadien naturalisé sud-coréen, avait trouvé le parfait moyen pour se mettre le public local dans la poche. Il avait présenté un masque où était dessiné Yi Sun-sin, un amiral coréen du XVIe siècle. Le symbole était bien vu. Yi fut un fin stratège, porté au rang de héros national lorsqu'il dressa victorieusement tout un pays face aux envahisseurs japonais.

Malheureusement pour Dalton, le Comité International Olympique a refusé le port de ce casque, y voyant une connotation politique. C'est pourquoi le gardien de 31 ans a dû se contenter d'un casque plus sobre, aux couleurs de la Corée du Sud. Des rumeurs ont également circulé autour des Américaines Nicole Hensley et Alex Rigsby, dont les motifs représentaient pour chacune la statue de la Liberté, mais celles-ci n'ont finalement pas été inquiétées.

Quand l'argent ne compte plus

On connaît la rivalité extrême qui anime les sélections féminines des États-Unis et du Canada, rivalité qui a connu un nouvel épisode avec la victoire en finale olympique, vingt après le dernier succès à Nagano, des Américaines.

Une rivalité tellement inscrite dans les gènes que chaque défaite en devient une douleur insupportable. C'est ce qu'ont ressenti les Canadiennes et l'une des défenseures Jocelyne Larocque. Mais cette dernière a eu une attitude controversée en refusant de garder autour du cou la médaille d'argent. Un comportement qui lui a voulu de nombreuses critiques à travers les réseaux sociaux. D'ailleurs un officiel de la fédération internationale est venu lui rappeler que, durant le cérémonial, porter sa médaille était obligatoire. Larocque s'est cependant excusée rapidement pour ce geste.

2 sœurs, 2 nations

Il y a de nombreuses histoires aux Jeux olympiques, plus improbables les unes que les autres. À l'image des sœurs Brandt, Hannah et Marissa, qui ont joué à PyeongChang, respectivement pour les États-Unis et la Corée. Marissa (25 ans) est l'aînée, elle est née à Séoul. Elle a été adoptée en 1993 par un couple d'Américains, Greg et Robin Brandt, qui n'avaient pas réussi à avoir d'enfants après 13 ans de mariage. Et puis miracle. Alors que Marissa avait rejoint ses parents adoptifs dans l'état du hockey par excellence, le Minnesota, Robin a appris qu'elle était enceinte. Sept mois après une rencontre, celle de Marissa, qui changea leur vie, naissait leur enfant naturel, Hannah. Deux enfants la même année !

Dans l'état aux 10 000 patinoires, les deux sœurs se sont forcément mises au hockey, et avec succès. Hannah est entrée dans les plans de la sélection américaine mais, chose totalement surprenante, Marissa a été sollicitée par le staff coréen, en vue des Jeux olympiques de PyeongChang. Ne cherchez pas Marissa Brandt dans l'effectif coréen puisqu'elle a décidé d'utiliser son nom de naissance, Park Yoon-jung, pour concourir. Elles ont donc défilé chacune pour une nation différente lors de la cérémonie d'ouverture.

Greg et Robin, parents fiers de cette réussite, ont soutenu à chaque match leurs filles dans les gradins durant la quinzaine olympique. Et chacune d'elles, à un degré différent, a réussi à marquer l'histoire aux Jeux olympiques. Hannah en devenant médaillée d'or avec les États-Unis, vingt ans après le dernier sacre des USA aux JO de Nagano. Marissa, membre d'une Corée unifiée et reçue à l'issue du tournoi par des représentants de l'administration sud-coréenne, elle a été nommée ambassadrice honoraire pour la recherche de la famille biologique par les enfants adoptés.

 

Les vidéos du mois

Pendant une interview, Stefan Loibl (Straubing) a évité de justesse une surfaceuse qui a renversé les deux membres de l'équipe technique de la télévision derrière lui. Le conducteur de la surfaceuse s'est exprimé sur cet incident incroyable : "C'est totalement de ma faute. J'ai tout fait comme d'habitude. Cette fois il y avait deux interviews sur la glace, c'était nouveau. Quand j'ai passé le premier joueur interviewé, j'ai pensé que j'avais le champ libre. J'ai regardé s'il restait des palets et je me suis concentré là-dessus. Après m'être assuré que les deux personnes renversées allaient bien, j'ai vite préparé la glace. Je ne voulais pas en plus être responsable d'un retard par mon erreur."

Alors que les yeux du monde étaient rivés sur les Jeux olympiques de PyeongChang, une tuerie de masse aux États-Unis a malheureusement encore fait la Une des journaux. Mercredi 14 février, 17 personnes, dont une majorité de lycéens, ont trouvé la mort au lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland, en Floride. Cette nouvelle tragédie a suscité de nombreuses réactions, entre tristesse et colère, de part des étudiants, mais également en NHL.

Une cérémonie, ô combien émouvante, s'est tenue avant le match entre les Panthers de Floride et les Capitals de Washington. Un clip a été diffusé, les noms des victimes ont ensuite été projetés sur la glace. Et puis il y a eu la prise de parole de Roberto Luongo. Résident depuis douze ans à Parkland, le gardien des Panthers s'est emparé du micro, une séquence absolument poignante. Le Québécois de 38 ans a rendu hommage aux victimes et salué le courage des élèves et des professeurs. Mais il a aussi témoigné du ras-le-bol général que suscite cette énième tuerie : "Il est temps pour nous, en tant que communauté, de prendre les dispositions qui s'imposent. C'en est assez. Assez, c'est assez. Nous devons réagir." Luongo et le capitaine des Panthers Derek MacKenzie ont des enfants scolarisés à proximité du lieu du drame, ils étaient avec leur équipe à Vancouver lorsque la tuerie a éclaté.

 

 

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