Hommage à Clémenceau

 

Ce printemps 2001 voit un des lieux mythiques du hockey français tirer sa révérence, la patinoire Clémenceau, la maison des Brûleurs de Loups de Grenoble depuis leur création, a vécu ses derniers slap shots et mises en échec il y a quelques jours. Son aventure sportive avait commencé lors des Jeux Olympiques d’hiver de 1968, mais c’était en acclamant Peggy Fleming et les autres stars du patinage artistique, puisque que c’est dans la salle voisine du Palais des sports qu’eut lieu le tournoi de hockey. Malgré cela c’est très vite avec le hockey que la patinoire connut ses plus belles heures. Les Jeux de 68 ont pour ainsi dire lancé le hockey en France qui jusque là était resté terré dans son berceau haut savoyard du coté du Mont-Blanc, les clubs de Grenoble, de Villard, Briançon ou Gap prirent le relais après ses Jeux qui avaient enthousiasmé tant de jeunes Dauphinois. Pete Laliberté, père fondateur des Brûleurs, fut la première vedette d’une longue lignée. Dans un hockey encore très alpin, Grenoble eut très vite un des publics les plus fidèles du championnat et les occasions ne manquèrent pas pour vivre de grandes soirées à Clémenceau... Les derbys contre Villard notamment apportaient toujours leur lot d’émotions et de grands moments ; il y eut ensuite les périodes dorées des titres de champion du début des années 80 ou de la grande équipe de 90-93, de très grandes soirées de playoffs, de fête ou d’amertume.

Mais, même pour un petit match de juniors ou un amical de pré-saison, le déplacement à Clémenceau a toujours eu une saveur particulière pour tous les amoureux du hockey. Aucune fioriture dans cette vielle salle, pour seules décorations de vieux logos de la NHL en bois, venus d'on ne sait où, contre le mur du bar, un tableau de marque préhistorique aux ampoules oranges, des sièges en bois pliants qui cassèrent des générations de postérieurs grenoblois, les joueurs sur leur banc tout là-bas isolés du public par la glace avec pour seuls voisins les journalistes perchés dans leur cage. Vétuste sans doute, inadaptée peut-être, mais tellement chaleureuse... Trop quelquefois quand le brouillard se levait certains soirs trop torrides ou que le système électrique pour la énième fois ne voulaient plus rien refroidir ni éclairer...

A la pause, tout le monde sortait fumer une clope dehors sur l’avenue à moins qu’on ne tente sa chance dans le labyrinthe des couloirs à la recherche des toilettes où, si on était chanceux, on pouvait croiser un joueur, un coach ou un vieil ami... Le bar était aussi une option, pas une buvette, non le bar, un vrai bar comme dans n’importe quelle rue de France, avec son zinc, ses tables et son juke box... sauf que celui-là, il était plein de vielles photos de hockeyeurs et qu’à la place de la terrasse il y avait la glace... Il y a encore quelques années, le son de l’orgue nous ramenait vite au spectacle du match quand le Zamboni avait refait la glace, enfin quand il n’était pas tombé encore en panne...

Et puis bien sûr il y avait ce public : connaisseur, frondeur, fidèle, amoureux du beau jeu, enthousiaste, coloré, rieur, un vrai public amoureux de son club et de sa salle. Aujourd’hui les dés son jetés, nous aurons un beau petit bijou flambant neuf, à nous d’en faire un nouveau Clémenceau mais surtout n’oublions pas notre glace adorée et tous les moments merveilleux qu’elle nous a donnés !

Olivier Rival

 

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