A la découverte du haut niveau

 

Résultats et comptes-rendus des matches / Bilan des organisateurs tchèques / Bilan des vainqueurs russes

 

Les Bleuets auront beaucoup appris de ce premier championnat du monde juniors avec l'élite mondiale même si le dénouement n'a pas été à la hauteur de leurs espérances. Retour sur la performance individuelle et collective des jeunes Français avec leur entraîneur Dave Henderson.

La relégation des tricolores s'est jouée à la loterie d'une séance de tirs au but, mais ils avaient jusque là bien répondu aux attentes de Dave Henderson : "Dans les quatre premiers matches, on a joué à quatre lignes pour préserver tous les joueurs et essayer d'amener tous les joueurs à un haut niveau, ce qui leur permettait d'accumuler de l'expérience avant les deux derniers matches de barrage contre un adversaire supposé moins fort que les autres. Malgré l'élimination aux tirs au but, on a pu mesurer les progrès accomplis depuis deux ans : à l'époque nous avions perdu 9-4 au Belarus."

Cette expérience aura avant tout été bénéfique pour tous ceux de la génération 83, qui représentaient la moitié de l'équipe et devraient ainsi être plus performants l'an prochain. La France sera candidate à la remontée au sein de sa poule de six, puisque le les Bleuets auront à affronter des adversaires proches de leur niveau et motivés à l'idée de battre une équipe de France qui a gagné un petit peu d'aura.

Le Mondial juniors a permis d'étalonner l'écart qui sépare les Bleuets du plus haut niveau, et tout le monde a conscience que la voie du progrès passe par des matches amicaux de plus grande qualité contre des équipes étrangères. Même si les championnats du monde peuvent sembler l'occasion idéale de se faire remarquer et de nouer des contacts, il n'est néanmoins pas facile d'organiser des rencontres amicales contre les meilleurs, comme l'explique Dave Henderson : "Nos joueurs sont retenus dans leurs clubs, les occasions sont rares. La seule possibilité serait de les rencontre pendant les stages de l'équipe de France, mais ceux-ci sont assez réduits. Et ces équipes de haut niveau ont des championnats relevés dans lesquels il y a encore moins de trous dans le calendrier."

Les Bleuets un par un

S'il est un secteur qui n'a rien de se reprocher, c'est sans doute celui des gardiens : "J'en suis satisfait, juge Henderson. On pensait que ce serait notre maillon faible, et finalement ils s'en sont très bien sortis, surtout Landry Macrez". Le gardien amiénois, qui ne voit l'élite que de très loin derrière Mindjimba et Caillou, avait commencé le Mondial comme second gardien derrière Jérôme Plumejeau, doublure de Christophe Burnet (le gardien qui a fait monter les Bleuets dans l'élite l'an passé) à Angers. Mais il a remplacé le portier angevin à mi-match contre le Canada, et ses bonnes prestations en matches de préparation comme dans les premières rencontres du tournoi lui ont valu de conserver sa place de titulaire. Si l'on sait qu'il est plus facile pour un dernier rempart de briller dans une équipe dominée, il faut quand même noter qu'il s'est très bien acquitté de sa tâche et a fait bonne impression sur tous les observateurs, devenant une des révélation de la compétition dans le camp tricolore.

Quant à la défense, "elle a fait le boulot demandé, selon Henderson. Elle était tout de même beaucoup moins expérimentée que celle de l'année précédente, et la différence de niveau était très difficile à gérer pour elle". On a pu y remarquer Timo Bayon, ce joueur formé en France et parti à l'EPS Espoo durant ses années juniors, mais qui était inconnue en France contrairement à Bastian. Le staff français avait eu des échos de lui par ses connaissances en Finlande et lui avait fait faire un essai en août, qui s'était avéré concluant. Il a été le seul marqueur de l'équipe de France lors des matches de poule, sur un but chanceux (mais mérité au vu de sa performance et de celle de ses coéquipiers dans ce match) face à la Russie. "C'est un des joueurs qui a évolué au-delà de nos attentes, tout comme Wilfried Molmy et Sébastien Rousselin." Le petit Rémois, qui s'est bien acquitté d'un capitanat difficile à porter dans ces circonstances, ainsi que le défenseur angevin, qui ne perdait pas une occasion de remotiver ses coéquipiers, ont toutefois souvent paru trop lents et ont été parfois pris de vitesse par des contre-attaques. "De toute manière, estime Henderson, tous les joueurs français étaient moins rapides que leurs adversaires. Tout était en dessous, il faut s'en rendre compte. Notre niveau général d'exécution était tout simplement plus bas." Rompu à l'élite, Geoffroy Bessard du Parc a cependant paru un peu en retrait. Il a pourtant beaucoup donné, et aussi parfois reçu, devenant la cible malheureuse de quelques coups de crosse adverses. Aux côtés de Julien Thiery (1m90), Ghislain Folcke (1m68) formait un troisième duo défensif assez inhabituel à voir, et a su compenser son manque de gabarit par ses efforts constants. Mathieu Jestin s'est retrouvé septième défenseur du fait de l'absence de Frédéric Bastian. Blessé à la mâchoire lors d'un match de préparation à Hradec Králové, le junior du Jokerit Helsinki n'est revenu qu'au cours du troisième match, où il a disputé une bonne partie du deuxième tiers contre la Finlande, mais il n'a pas paru prêt mentalement, comme l'explique Dave Henderson : "Il n'était pas performant au bon moment, il n'avait pas absorbé le choc mentalement. On n'est pas là pour faire jouer tout le monde donc il n'a finalement pas retrouvé sa place. Il avait montré auparavant qu'il avait le niveau des autres, ce n'est donc que partie remise pour l'an prochain".

Kevorkian, Brodin et Maillot ont été les fers de lance de l'attaque selon Dave Henderson, qui cite ensuite Albert, Petit et Gueguen. Aram Kevorkian, impérial de sang-froid dans la séance de penaltys décisive, a sans doute été le Français le plus remarqué par sa performance globale, même s'il a commis un peu plus de petites erreurs (palets perdus, fermetures de zone ratées...) que ses compagnons de la première ligne, de loin la plus dangereuse. Mickaël Brodin a été au four et au moulin : on l'a vu s'acquitter avec brio de ses tâches défensives, et c'est lui qui s'est créé l'essentiel des occasions tricolores, s'appuyant parfois sur son coéquipier Thomas Guéguen, dont la performance a sans doute été tirée vers le haut par cette bonne alchimie. Yannick Maillot a été le point d'ancrage d'une deuxième ligne où il était entouré de son coéquipier amiénois Mickaël Bardet ainsi que de Mathieu Bécuwe. Le seul joueur évoluant en division 1 au milieu des armadas de juniors élite, et qui a ainsi un très bon temps de jeu en seniors avec Dunkerque, a paru bien discret, même s'il a commencé à être moins timoré dans le barrage de maintien. Sur la troisième ligne, Elie Marcos a eu du mal à suivre ses ailiers Simon Petit et surtout Pierre-Yves Albert, qui ont su se distinguer individuellement en attaque dans certaines rencontres. Enfin, le dernier bloc, composé généralement de Francis Ballet, Romain Masson, Gaël Guilhem, a eu aussi sa part de temps de jeu, même si elle est restée inférieure à celle des autres. Ballet a été le plus saignant des trois et a pris ainsi plus de responsabilités dans le dernier match.

Retour sur Terre

Bien loin des projecteurs tchèques, il s'agit maintenant pour la plupart de revenir au train-train du championnat junior élite et d'attendre quelques miettes de glace avec les seniors. Le retour sur Terre a été particulièrement brutal pour les Amiénois, qui comptaient sept sélectionnés, plus le coach Henderson. Eux qui n'avaient pas perdu un seul match (et restaient même sur quatre blanchissages consécutifs) ont connu un cinglant revers face à Nantes/Angers, qui n'avait pas remporté jusqu'alors la moindre rencontre. Il faut dire que huit de leurs joueurs n'avaient pas fait le déplacement. "Certains étaient blessés, et d'autres avaient des obligations avec l'équipe élite", explique Dave Henderson. Il ajoute que le titre est loin d'être dans les poches picardes. Sans préjuger de ce qui se passera dans le sud, les différences lui paraissent minimes entre Amiens et son principal rival Rouen, alors que Reims, Anglet et les Volants, qui se disputent les deux dernières places qualificatives, sont également de bons adversaires.

Marc Branchu

 

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