Présentation de la division 1 française

 

Résultats du championnat de France 2002/03 de division 1

 

Du fait de la réforme structurelle des championnats, la nouvelle division 1 correspond de fait à un haut de tableau de l'ancienne division 2, enrichi de trois clubs qui évoluent une classe au-dessus : Epinal et Strasbourg, qui ont refusé le Super 16, et le Mont-Blanc, dont le dossier a été refusé parce qu'il présentait trop d'incertitudes. Ces trois-là sont donc les favoris naturels du championnat, accompagnés par quelques clubs ambitieux comme Nice et Chamonix. La division 1 est particulièrement présente dans les régions les plus denses en clubs de hockey, à savoir l'Ile-de-France (absente du Super 16 mais qui compte maintenant six clubs dans son antichambre) dans la poule nord et les Alpes dans la poule sud.

 

Poule nord

Certes, Epinal a perdu de nombreux piliers (Chassard, Haapasaari, Drzik, Vorel), mais le vétéran Roman Trebaticky est resté, tout comme le petit prince Tomas Mysicka, qui s'était un peu laissé bercer par les chants du public, et qui s'est probablement engagé à plus de sérieux. Ils seront rejoints en première ligne par Vaclav Lukes, qui possède une capacité d'accélération impressionnante. Epinal disposera ainsi d'une première ligne 100% tchèque, y compris en défense avec Vladimir Domin et le nouveau Jaroslav Farar. Comme la deuxième paire défensive (Vladislav Vlcek et Rodoslav Regenda) vient elle aussi de l'école praguoise, il n'y a pas trop de soucis à se faire sur les lignes arrières même remaniées. Et ce n'est pas fini puisqu'en attaque Ondrej Ibl a rejoint les habitués que sont Dehaëne, Ribanelli, Maurice, Papelier et Géhin. Ce recrutement de haut niveau a surpris pour une équipe qui veut attendre d'avoir fini de rembourser sa dette et qui n'est pas candidat à la montée pour l'instant. Epinal, qui dispose d'un bon réservoir, avait-il besoin d'autant de Tchèques dans un championnat aussi peu relevé ? En tout cas, c'est la seule équipe à avoir quatre lignes dont trois de haut niveau, et comme elle a également engagé l'ex-espoir Rémi Caillou, désireux de rebondir dans les buts vosgiens, elle est le légitime favori, au moins pour la poule nord.

Le frein au développement du hockey à Strasbourg est toujours le même : l'ouverture tardive du Wacken. Celui-ci n'ouvrira que le 14 octobre, et comme d'habitude les Alsaciens sont contraints à une préparation itinérante pour chercher de la glace, accueillis à Tabor en République Tchèque en pré-saison et sur la base canadienne d'Hügelsheim en Allemagne pendant les premières semaines de la saison. Ils devront également disputer leurs premiers matches à l'extérieur, mais cela ne sera pas un handicap dans cette formule de championnat et cela ne les empêchera pas de jouer le titre en fin de saison. Ceci dit, avec les départs du buteur Desrosiers ainsi que de Saarinen, McLennan, Bazany et Vincent (plus l'arrêt de Walter), la qualité de l'effectif semble en légère baisse - mais la concurrence aussi. Les recrues étrangères seront le défenseur Josh Allison, coéquipier de Meunier et Treille à l'université Mass-Lowell, le Slovaque Himler, de Nitra, et le Finlandais Jouni Saarinen (qui remplace son homonyme Jesse), du TuTo Turku. Fidèle à son statut de ville étudiante, Strasbourg accueille des jeunes comme l'attaquant gapençais Fabrice Aye, le junior rémois Damien Brau-Arnauty et l'espoir Pierre-Hervé Coulombeix, qui arrive d'Anglet en compagnie d'Intsaby. Celui-ci sera la doublure de Sami Aikää, le gardien finlandais qui sera toujours le point fort de l'Etoile Noire, prétendant sérieux au podium mais peut-être pas taillé pour la victoire finale.

Les travaux de rénovation du système de refroidissement de la patinoire de Cergy, qui ont commencé en juin, ne se termineront pas fin octobre comme il était prévu, mais plutôt mi-décembre. Du coup, les Jokers sont en quête d'une glace, denrée de plus en plus rare en Ile-de-France avec la fermeture de la patinoire de Yerres, les travaux de celle de Boulogne-Billancourt et l'incendie de celle du Vésinet. Cergy a pu louer des heures de glace à Mantes-la-Jolie et jouera ses matches à Colombes (les féminines seront à Argenteuil et le mineur à Deuil-la-Barre), mais une bonne partie de la préparation s'est faite sur rollers, ce qui n'est vraiment pas idéal. Si l'Evryen Harond Litim fait son retour en Ile-de-France après un an à Chambéry, les Jokers ont quand même été privés de maillons essentiels comme Lionel Barin et Patrik Krisak. Ils auront néanmoins un atout : l'expérience de la division 1, même s'il avait terminé dernier et relégué. Le barrage Asnières-Gap a montré que l'habitude du rythme de haut niveau a de l'importance, et cela pourrait permettre de laisser quand même derrière soi les équipes de l'ex-D2.

Parmi celles-ci, Neuilly-sur-Marne pourrait se retrouver la mieux placée du fait des déboires d'Asnières et du Vésinet. Les Bisons peuvent en effet toujours compter sur leurs points forts : le duo de buteurs slovaques Svitana-Vastusko, l'expérience de Veret en défense, et la hargne de toute l'équipe, à commencer par celle du gardien et capitaine Jérôme Pourtanel. Mais surtout, ils ont bien complété l'équipe, avec Lionel Barin pour appuyer les deux Slovaques, Bergès et Desrochers pour entourer Kecka en deuxième ligne, plus Anthony Becaglia, qui avait participé il y a deux ans à la montée historique des juniors français dans l'élite. Ils se retrouvent ainsi avec trois lignes d'attaque bien complémentaires, mais c'est au niveau de la défense - et de l'indiscipline - que les problèmes pourraient se faire sentir.

La mairie d'Asnières ayant décidé de ne pas augmenter sa subvention, beaucoup de joueurs craignaient que l'organisation du club ne soit plus à la hauteur de ce nouveau défi, et on redoutait un exil massif vers Courbevoie et Le Vésinet, voire une dissolution de l'équipe première. Il n'en a rien été, même si Julien Thomas (bon attaquant, mais trop pris par le roller-hockey) a été engagé par La Roche et si Birriens et Legou sont partis à Chambéry et Neuilly. Le pire a été évité, Asnières aura assez de joueurs pour composer un nouvel effectif, et le solde avec Le Vésinet est nul, au moins quantitativement, grâce aux arrivées des frères Karim et Mourad Chaiblaine ainsi que de Patrice Kermer. On ne retrouvera néanmoins pas l'ancien épouvantail de la D2 avec ses cinq Canadiens (naturalisés compris), notamment Dubé et Corbeil qui ont fait mal à plus d'une défense. Il n'y a plus qu'un seul étranger, le buteur Peter Zambori. Néanmoins, Asnières a trouvé l'homme qu'il faut pour prendre un nouveau départ sur le bon pied : Jan Tlacil, ancien international tchèque et entraîneur la saison passée de Ceské Budejovice en Extraliga, est un technicien reconnu, qui de plus parle français car il a déjà joué et entraîné à Besançon et Epinal. Il aura peut-être du mal à qualifier déjà cette équipe pour la poule finale mais il pourra œuvrer pour la consolidation du hockey asniérois, même s'il n'occupera pas la fonction supplémentaire de directeur sportif, la faute à budget limité.

Après l'incendie de sa patinoire, dû à un feu de friteuse dans la buvette, Le Vésinet rejoint la trop longue liste des clubs franciliens SDF et est hébergé (comme Cergy provoisoirement) à Colombes, centre national du patinage artistique mais pas forcément adapté au hockey. Il n'y a ainsi pas de plexiglas autour de la glace, mais d'autres équipes ont déjà appris à faire sans dans cette D1, à commencer par Neuilly-sur-Marne. Les Vésigondins ont perdu l'attaquant Jean-Marie Chevalier parti à Cergy, mais ils ont conservé l'ancien Rouennais Eric Pinard, annoncé trop prématurément à Asnières, comme entraîneur-joueur. Il sera avec le buteur Marc Beaurivage le leader d'une équipe qui a cherché à renforcer son efficacité offensive avec un trio asniérois composé de Guillaume Pons, Olivier Nordin et Siegfried Marion, et qui continue son petit bonhomme de chemin dans la nouvelle aventure de la D1.

A Amnéville, le budget de 180 000 euros incline également à la modestie. La jeune star Maksim Tikhonov étant partie à Brest, il ne reste plus que les anciens, Vadim Karpov, Youri Essipov, Vladimir Kuznetsov et Gilles Hamri. Derniers qualifiés en D1, les Mosellans savent que leurs cadres ne sont pas éternels et qu'il faudra bien remplacer un jour les trentenaires et les quarantenaires. La mission prioritaire du manager Patrick Partouche a donc été de faire baisser la moyenne d'âge, ce qu'il a fait en recrutant huit nouveaux. Il n'y a pas parmi eux d'étrangers de la qualité de Tikhonov, type de joueurs dont le passage ne peut être qu'éphémère, mais plutôt des jeunes qui n'ont pas réussi à faire leur trou ailleurs, comme Thomas Etienne (Epinal). Quant au gardien canadien Eric Savard, qui a retrouvé un poste à Chambéry en D2, sa succession se jouera entre Jan Vokurka et Ivan Bock. Cette formation ne part pas a priori avec d'autres ambitions que le maintien, mais elle a les moyens de bien faire.

A Courbevoie, le défenseur imposant (1,90 m, 103 kg) mais mobile Marek Novotny (Kometa Brno) rejoint son compatriote buteur Lukas Schramek. Le troisième étranger sera le meneur d'hommes canadien Michel Tremblay. Pour le reste, l'équipe est globalement un peu tendre, et elle aura bien besoin de l'expérience d'Arnaud Decorte, un défenseur solide et bon à la relance qui a passé cinq ans à Cergy, ainsi que de Laurent Bougro, un centre qui encourage sans cesse ses coéquipiers auxquels il apporte sa précieuse connaissance du haut niveau. Dans les buts, on misera sur deux anciens internationaux juniors, Tony Tarkowski (de retour de prêt) et Nicolas Fourcade, qui travaillera aussi auprès des enfants. Ils viennent tous deux d'Asnières, tout comme Fabien Prost, qui rejouera avec son club d'origine quand il aura terminé sa rééducation.

 

Poule sud

Séparément, Saint-Gervais et Megève auraient déjà été parmi les meilleures équipes de la division. Il est donc logique qu'avec l'effet "2 en 1", le Mont-Blanc soit le favori de la poule sud et le principal concurrent d'Epinal pour le titre. Même s'il a perdu pas mal de joueurs au passage (et pas des moindres avec Vannienwenhove, Beaule, Trabichet et Drif), il se retrouve évidemment avec un effectif très large - même si l'attaquant slovaque Zdenko Sarnovski a été viré. Il n'y a néanmoins pas de la place pour tous, et il est dommage que cette fusion prive le hockey français de la présence d'une partie de la richesse du vivier savoyard. A l'image de ce qui s'était produit lors de la première tentative de fusion en 1986, l'équipe Mont-Blanc est un peu, mais pas beaucoup, plus forte que chacun des deux clubs pris séparément. C'est néanmoins suffisant pour viser ouvertement la montée dans un Super 16 qu'elle n'a pas pu intégrer car son projet sportif et économique n'a pas du tout convaincu la commission de gestion et le directoire du hockey.

Autre équipe qui peut viser haut, Nice. Le groupe qui avait surpris l'an passé a été considérablement renforcé avec des joueurs d'élite comme Lionel Orsolini, Benjamin Galmiche, Sylvain Girard, Thomas Ouillade ou Sébastien Bergès. Il a également été étoffé quantitativement avec l'arrivée de juniors villardiens à qui on a promis du temps de glace en équipe première. Si l'amalgame se fait entre tous ces joueurs d'expérience, Nice n'a aucune raison de craindre qui que ce soit dans cette division et pourrait même jouer le titre.

Chamonix poursuit son retour au plus haut niveau et réintègre petit à petit les anciens de l'élite après s'être assuré de la motivation de ceux-ci. Cette saison, ce sont ainsi Stéphane Balmat, Alain Beaule et Yannick Charlet qui reviennent au club. L'attaquant limougeaud Svenk et le défenseur nantais Hrehorcak, qui remplace l'Américain Cianflone finalement pas conservé, seront les deux renforts étrangers. L'attaque a toujours beaucoup de métier autour de l'entraîneur-joueur Pierre Pousse toujours vert à trente-six ans. La défense dispose de l'expérience de Balmat, Hrehorcak et Lorenzelli, même si elle est peut-être juste quantitativement comme l'a laissé craindre la blessure au genou du jeune Matthieu Prétat en pré-saison. Les juniors devront donc s'affirmer à l'image du prometteur Jonathan Pastore.

La poule sud semble plus compétitive que celle du nord (pour une fois) et, comme les trois équipes ci-dessus semblent intouchables, cela ne laisse plus qu'une place en poule finale. Dans la bataille, c'est Limoges qui paraît avoir une petite longueur d'avance sur ses adversaires. Bien que les Taureaux de Feu commencent la saison dans une atmosphère tendue par une polémique sur la conformité de l'élection des dirigeants avec les statuts du club, leur effectif, même privé du buteur Petr Svenk (parti à Chamonix), semble capable de décrocher l'ultime ticket. Les quatre autres Tchèques sont en effet restés, et le défenseur Josef Antos (passé par Reims en 1997/98) les a rejoints.

Annecy se retrouve en D1 plus tôt que prévu puisqu'il a encore à rembourser sa vieille dette jusqu'en 2003/04. Il a donc pris son temps avant de confirmer sa participation, mais l'a ensuite fait avec beaucoup d'assurance. Les arrivées (Wilson de Vanoise en défense, Brisepierre de Lyon, Loizeau de Chamonix, Laprun et Hottegindre de Megève en attaque) paraissent à peu près compenser les départs (S. Giet à Brest, Y. Crettenand à Toulouse, Saniez à Chambéry, l'étudiant tchèque Horak, plus Chaponneau et Parent qui arrêtent le hockey). On devrait donc retrouver une équipe semblable à celle de l'an dernier. Reste à savoir si ce sera celle, euphorique, du début de saison, ou celle, plus toussotante, de la fin de saison.

A l'image d'Annecy, Morzine est une équipe très stable et très sage qui continuera de s'appuyer sur les joueurs du cru, parfois capables de grandes choses comme lors du fameux duel au sommet de la D2 face à Dijon, perdu seulement à la différence de buts. Mais c'était il y a trois saisons déjà, que le temps passe vite... Morzine a vu d'autres formations lui passer devant, mais elle a suffisamment bien tenu son rang pour faire partie des qualifiés pour la nouvelle D1. Elle y aura des ambitions mesurées, mais elle ne tiendra aucun match pour perdu.

Outre le gardien Christophe Levêque parti en Espagne à Puigcerdá et Lionel Hussong parti à Valence, la Vanoise a surtout perdu le très physique Rob Wilson, unique grand gabarit de sa défense. Elle a cependant pris sa revanche sur Annecy en attirant Beaurepaire (Saint-Gervais), qui était dans un premier temps annoncé chez les Chevaliers du Lac. Vanoise devrait d'ailleurs jouer le rôle de trouble-fête pour la plupart de ses rivaux, mais risque de manquer de régularité pour prétendre à la poule finale. L'attaquant Zdenko Sarnovski (Mont-Blanc) sera tout de même un renfort précieux.

A Valence, humilité et envie sont les maîtres mots de l'entraîneur Eric Sarliève. Il est vrai que les Drômois ne pourront récupérer leur glace que fin octobre, et que les cinq premiers matches à l'extérieur sans entraînements sont de toute façon rédhibitoires pour une qualification déjà improbable. En plus, Vernikov et les frères Rohacík ont fait leurs valises, alors que David Sarliève et Jordan Reynaud arrêtent leur carrière. L'expérience de la D1 de Stefan Pettersson (Dijon), Raphaël Vincent (Strasbourg) et Karol Jurcík (dernièrement à La Roche, mais ancien fameux Tourangeau) seront donc indispensables pour prendre pied dans ce nouveau monde. Pour le reste, Valence a attiré beaucoup de jeunes, juniors pour la plupart, avec le Briançonnais Kevin Enselme et les Grenoblois Maxime Augris, Dan Alvares et Quentin Roy.

Marc Branchu

 

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