Autriche 2002/03 : présentation

 

Résultats du championnat autrichien

 

Episode 1 : initialement, la remontée de l'ex-champion d'Europe Feldkirch aurait dû permettre au championnat autrichien de revenir à dix clubs. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu. Début mai, Kapfenberg, qui ne pouvait plus suivre le rythme de l'élite, se retire le premier, bientôt suivi par Zell am See, déjà en déficit et qui s'estime incapable d'aligner une équipe compétitive sans creuser encore sa dette. Pourtant, la fédération ne panique pas. Son président Dieter Kalt se déclare même satisfait de la situation, expliquant que la première division pourrait ainsi être plus serrée et plus compétitive avec huit clubs, et que la deuxième division deviendrait dans le même temps plus intéressante.

Episode 2 : fin juin, malgré les difficultés du groupe Kirch et les rumeurs comme quoi le contrat de diffusion serait revendu à la télévision publique ÖRF qui pourrait mettre en place un magazine hebdomadaire, la chaîne payante Premiere confirme qu'elle continuera à retransmettre un match de championnat par semaine, même si ce sera avec des moyens plus limités. En revanche, le championnat perd son sponsor UNIQA, dont le partenariat assurait des revenus de 36 000 euros par club. Graz, qui a perdu avec Kapfenberg les lucratifs derbys de Styrie, menace de se retirer, et Lustenau, qui voit les recettes prévues diminuer et qui voit ses adversaires en bas de tableau disparaître l'un après l'autre, notifie alors son retrait d'un championnat dont l'équilibre a été rompu. On risque alors de se retrouver à six, soit presque un retour à la case départ. Tous les efforts entrepris depuis deux ans (en urgence puisque deux des quatre clubs de l'ex-élite étaient en faillite) pour récréer un championnat crédible se sont-ils donc effondrés en deux mois ? Comme les Italiens se trouvent dans une situation similaire, on parle alors de revenir en arrière et de recréer une Alpenliga qui avait pourtant été abandonnée en son temps car jugée trop peu attractive. L'axe tyrolien Bolzano-Innsbruck tente de lancer ce projet, mais il soulève peu d'enthousiasme. La participation à l'Alpenliga puis à la Ligue Internationale ayant contribué à l'époque à réduire le nombre de clubs jusqu'au point de non-retour, chacun craint des conséquences semblables.

Episode 3 : Dans les jours qui suivent, Graz annonce finalement sa participation au championnat que sa subvention régionale soit sextuplée, passant à plus de 100 000 euros. Une formule à sept clubs est alors communiquée car Lustenau campe sur ses positions. La semaine suivante, le club du Voralberg finit par céder et revenir dans la partie, tout en gardant un regard pragmatique et méfiant sur la volonté de chacun d'éviter un championnat à deux vitesses et de garantir la survie de tous. Pour cette fois, les apparences sont sauves avec un championnat à huit clubs, mais il reste beaucoup d'efforts à effectuer pour pérenniser un championnat qui a déjà été menacé de mort pour sa deuxième année d'existence et qui repose sur un équilibre très fragile. En deux ans, les deux héritiers des liquidés de l'ex-élite, Vienne et Feldkirch, sont remontés, mais dans le même temps, pas moins de quatre clubs ont jeté l'éponge. Et ils sont plus nombreux à vouloir descendre qu'à vouloir prendre le wagon de l'élite. Tant que des mesures ne seront pas prises pour calmer l'inflation salariale et rendre le championnat plus accessible à tous, le problème risque de se reposer chaque été.

Preuve que le nouveau championnat autrichien, maintenant appelé simplement Bundesliga depuis qu'elle n'a plus de sponsor général, n'est pas encore stabilisé, la distinction entre les deux survivants de l'ancienne élite à quatre et les autres existera pour la troisième année : Villach et Klagenfurt auront droit à trois étrangers, leurs adversaires à quatre.

 

 

Les clubs de Bundesliga

Irréprochable entraîneur de Villach et de l'équipe d'Autriche, Ron Kennedy, qui a gagné l'estime de tous après cinq ans dans le pays, est parti à Bolzano. Comme la sélection nationale, le champion en titre Villach se trouve donc contraint de prendre un nouveau départ, mais a résolument misé sur la continuité en nommant comme successeur de Kennedy son assistant en équipe nationale, Greg Holst. Celui-ci n'a certes jamais entraîné en Bundesliga, mais son expérience avec l'équipe d'Autriche junior plaide en sa faveur pour ce qui est de l'intégration des jeunes. Justement, le VSV possède une bonne école de hockey (Kapitz, Wiedmaier et Rac en sont les plus récents exemples) et a de plus recruté l'attaquant Michael Mana (20 ans, Kapfenberg) et Stefan Herzog (18 ans, Zell am See). Comme ces deux joueurs venaient d'équipes qui s'étaient retirées du championnat, Villach en a profité puisqu'il n'a pas eu à payer les 22000 euros de transfert à titre d'indemnité de formation. Le VSV a d'ailleurs fait son marché à Zell am See où il a aussi récupéré Marco Pewal, Roland Kowalczyk, et surtout le redoutable chasseur de buts Ryan Foster, seul joueur à avoir marqué en moyenne plus d'un but par match l'an dernier !

Mais la principale réussite de Villach est d'avoir conservé la quasi-totalité de l'effectif qui a remporté le titre. Le défenseur Mike Stewart a reçu des offres de DEL ou de Suisse, le jeune Roland Kaspitz étaient sur les tablettes de Linz, mais tous ont re-signé au VSV. Seuls l'international Pusnik en attaque et le défenseur Mario Berger sont partis. Certes, le gardien Gert Prohaska est souvent peu apprécié car il est plus friable dans les lancers que dans les duels avec les attaquants, mais il a remporté bon gré mal gré les deux derniers championnats avec Klagenfurt puis Villach. Certes, la défense s'appuie énormément sur les vieillissants et parfois indisciplinés Mike Stewart, Tom Searle et Herbert Hohenberger, mais ils sont solides et ont eux aussi déjà montré leur valeur. De plus, l'excellent Kent Salfi peut éventuellement donner un coup de main en défense. Cette formation n'a donc pas réellement de vrai point faible, et son attaque est meilleure que jamais avec Rod Hinks, les internationaux Wolfgang et Kromp, et bien sûr le transfert de l'année Foster. L'équipe sera donc au moins aussi forte que l'an passé où elle a obtenu la victoire finale. Cela signifie-t-il qu'elle devrait conserver son titre ? Pas forcément, car elle n'avait fait la différence qu'en play-offs, où l'expérience de Ron Kennedy était un très fort atout. C'est là que son successeur Greg Holst sera jugé.

 

Linz est maintenant au moins co-favori. Après avoir dominé la saison passée, les Black Wings étaient peut-être encore un peu tendres pour les matches au couteau des play-offs, mais ils seront beaucoup plus affûtés pour le titre. Linz a maintenant toutes les cartes en main pour devenir pour la première fois champion. Comme Villach, il a conservé la majorité de ses troupes et a engagé un buteur, en l'occurrence Ray Podloski de Lustenau. Mais l'annonce la plus attendue était celle du quatrième étranger. On a très longtemps évoqué une grande star russe de NHL, comme le mercenaire Sergueï Krivokrasov ou les vétérans Valeri Kamensky et German Titov. Ensuite, on a parlé de cadres de l'Elitserien ou encore de l'international letton Aleksandr Kercs. Finalement, il ne s'agit "que" de Ralph Intranuovo. Mais attention, celui qui était l'un des tout meilleurs juniors canadiens au début des années 90, même s'il n'a pas pu jouer plus de vingt-deux matches en NHL à cause de sa taille (1m73), vaut certainement mieux que les deux dernières saisons qu'il a passées dans le club financièrement irresponsable et sportivement décevant d'Essen, qui a été chassé de la DEL après avoir fait faillite.

Aux côtés de Lukas et Nasheim, le rapide Intranuovo pourrait faire un malheur, mais il n'est pas le seul. La grande force de Linz est en effet d'avoir trois lignes offensives très fortes, plus des juniors, et plus l'apport offensif non négligeable de sa défense. La meilleure attaque du championnat, plus le meilleur gardien, le tchèque Pavel Nestak, Linz a donc tout pour plaire. Sa seule faille, celle qui lui a sans doute coûté la victoire en finale contre Villach l'an passé, concerne sa capacité de réagir à un jeu physique, surtout que ses lignes arrières ont vu partir Stefan Bergkvist. Pour que le scénario ne se reproduise plus, on a recruté Mario Berger, défenseur pas exceptionnel, mais pion non négligeable du système agressif de Villach qui avait tant fait souffrir Linz lors de la finale. Avec l'international junior Thoams Pfeffer et surtout le Tchèque Jan Krulis, on a engagé des joueurs capables de résister physiquement. Pour en finir à jamais avec cet unique point faible, on est même allé jusqu'à rappeler de sa retraite Michael Shea, un Montréalais naturalisé qui avait arrêté sa carrière pour entraîner Graz mais qui en a été licencié. A 41 ans, on a estimé qu'il pouvait encore apporter une dimension athlétique qu'il n'a pas perdue pendant sa retraite.

Signalons au passage que le jeune prodige de Linz, Oliver Setzinger, qui passe ses années juniors en Finlande - maintenant imité par certains de ses coéquipiers dans les sélections de jeunes - mais qui pourrait au besoin renforcer l'effectif comme il l'avait fait lors des denriers play-offs, a quitté Ilves Tampere, où il y avait trop d'étrangers, pour les Pelicans de Lahti.

 

Le troisième larron sera encore une fois Klagenfurt, qui n'a certainement pas abdiqué et compte bien se faire une place en finale. Comme ses concurrents, le KAC a conservé tous ses principaux joueurs, y compris son meilleur marqueur Gerald Ressmann, qui, malgré les offres de Linz et Innsbruck, a finalement resigné pour quatre ans. Le seul départ de poids est celui du défenseur Jan Mertzig, qui n'a pas fait un très bon championnat dernièrement, mais qui était un modèle pour les jeunes du club. On ne peut pas en dire autant d'Anthony Iob, un choix de recrutement vraiment douteux de l'équipe dirigeante. Suspendu un an par l'IIHF pour son coup de poids sur Aeschlimann lors des championnats du monde 2001, l'Italo-Canadien a fait encore parler de lui l'an passé. On le soupçonne d'avoir prémédité et volontairement favorisé la non-qualification de son équipe de Vipiteno pour les demi-finales du championnat italien, afin de terminer la saison plus tôt et d'empocher un lucratif contrat pour jouer les play-offs de la WCHL (ligue nord-américaine qui a été absorbée à l'intersaison par l'ECHL). Sûr, Iob va marquer des buts, histoire de faire encore valoir ses statistiques, mais comme joueur honnête et dévoué, on repassera.

Est-ce vraiment le joueur dont a besoin Klagenfurt, le club qui se vante justement de permettre aux jeunes d'apprendre au contact de joueurs plus expérimentés ? Depuis qu'il est à la tête du KAC, l'entraîneur Lars Bergström a en effet abattu un énorme boulot et a réussi le parfait mélange entre les jeunes et les anciens. Il a donné sa chance à une nouvelle génération de joueurs locaux, ce qui était le but affiché lors de la reconstruction du championnat autrichien. Ce pari de la formation a été réussi dans la plupart des clubs, et particulièrement à Klagenfurt, qui a toujours été un club formateur, et n'est pas resté au sommet du hockey autrichien par hasard (tout comme Villach, alors que toutes les autres équipes de l'ex-élite, qui cherchaient le succès éphémère à coups de millions, avaient fini par disparaître). Cette année, le combatif international Mario Schaden aura pour mission d'encadrer de nouveaux jeunes sur la troisième ligne. Le gardien Christian Suttnig revient certes de blessure - une chance pour sa doublure Hannes Enzenhofer ? - mais il a l'habitude de monter en puissance durant la saison et d'être à son meilleur pendant les play-offs. La jeune génération emmenée par Thomas Koch peut donc faire des siennes, si le retour d'Igor Ivanov en défense fait vite oublier le départ de Mertzig, et si Iob ne trouble pas trop l'harmonie de l'équipe. Mais dans les premiers matches amicaux, l'équipe a paru "iobisée" et son jeu trop physique et parfois dangereux a conduit Vienne à mettre fin à la rencontre dès la fin du premier tiers-temps et a provoqué l'annulation par ses adversaires des deux matches retour contre Linz et Vienne. On espère que Klagenfurt montrera en championnat un tout autre visage.

 

Linz avait rejoint le VSV et le KAC dans le groupe des favoris l'an passé, ce devrait être maintenant au tour d'Innsbruck d'accéder à ce cercle fermé. Les Tyroliens sont les grands outsiders du championnat grâce à un gros recrutement. L'entraîneur suédois Lars-Erik Lundström, qui avait récupéré une équipe toute faite la saison dernière, a pu se mêler du recrutement et a engagé trois de ses compatriotes : Niklas Rahm, l'arrière de Västra Frölunda, et deux joueurs qui évoluaient en Superleague britannique à Ayr, le défenseur vétéran Johan Silfwerplatz et le jeune attaquant Johan Molin, qui a voulu en s'expatriant relancer sa carrière qui, après quatre années en Elitserien suédoise, s'était un peu enlisée à Nacka deux divisions plus bas. Les buteurs qui faisaient défaut à Innsbruck ont normalement été trouvés avec Andreas Pusnik, le meilleur marqueur de Villach, et Jeff Turner, le meilleur marqueur de Graz. Enfin, Marc Brabant (Klagenfurt) est à vingt-quatre l'un des défenseurs les plus prometteurs du championnat, et un dernier gros coup a été réalisé avec la venue de Martin Hohenberger, qui revient en Autriche après une année à Oberhausen en DEL.

Innsbruck était jusqu'ici très dépendant de son gardien Klaus Dalpiaz, dont l'état de forme suivait exactement celui de son équipe. Désormais, le gardien de bientôt 31 ans ne devrait plus à avoir à gagner des matches à lui tout seul. Peter Kasper, défenseur international expérimenté mais plus très fougueux aura avec Brabant, Rahm et Silfwerplatz des coéquipiers a priori supérieurs à Hala, Jendek et Strauss. C'est encore plus vrai en attaque, où Pusnik, Turner et Hohenberger devraient être bien meilleurs que Kühn, Arkiomaa et Brand. Innsbruck a maintenant la possibilité d'aligner trois bonnes lignes d'attaque, et a un effectif potentiellement finaliste... si la cohésion se fait entre les nombreuses recrues. La ville co-organisatrice du Mondial 2005 veut ainsi redevenir un pôle du hockey autrichien et profiter de la chute du football dans la capitale tyrolienne pour attirer le public en nombre.

 

Lorsque Feldkirch avait remporté l'EHL, cela avait fait l'effet d'une bombe dans le hockey européen. Comment cette petite équipe autrichienne a-t-elle pu gagner une compétition à laquelle participait tous les grands d'Europe ? Le voile se lève aujourd'hui sur une partie de la réponse, la moins glorieuse, celle qui concerne des malversations financières. Des poursuites ont été engagées contre l'ex-président Günter Amann, qui a dissimulé pas moins de 2,3 millions d'euros aux impôts entre 1994 et 2000, ainsi que contre Reinhard Pittmann, son successeur pendant quelques mois de septembre 1999 et janvier 2000, et qui a alors contribué à la caisse noire à hauteur de 92000 euros, et contre le directeur sportif Josef Lenhart. Tandis que l'enquête se poursuit, le club du Voralberg revient ans l'élite, deux ans après sa faillite qui avait révélé l'ampleur des dégâts de la gestion de Günter Amann. Il ne s'appelle plus VEU Feldkirch, dénomination aujourd'hui réservée au traitement de "l'affaire", mais EC Feldkirch. Autre nom, autres mœurs ? On verra dans la durée si le club est reparti sur des bases complètement assainies.

Le rappel de nombreux anciens joueurs, histoire de répandre à nouveau la fièvre du hockey dans la région, prouve que les ponts ne sont pas complètement coupés avec le passé. L'héritage sportif sans celui du scandale, c'est ce que symbolise Konrad Dorn, ancien assistant des célèbres Ralph Krueger et Bengt-Åke Gustafsson, entraîneurs de la "grande époque" du club. Il a à sa disposition un bel effectif même si l'objectif officiel n'est que la sixième place. Le recrutement ne traduit pas cette modestie, notamment avec l'engagement des deux vétérans austro-canadiens de DEL, Dominic Lavoie et Simon Wheeldon, proches de la retraite mais qui ont décidé de rempiler pour relever le défi de Feldkirch. Ajoutez-y Gerhard Puschnik, l'international slovène Tomaz Vnuk, Roland et Raimund Divis (le défenseur et l'attaquant sont les frères du meilleur gardien autrichien, Reinhard Divis, qui tente aujourd'hui, à l'image de Huet, de se faire une place en NHL à Saint-Louis), le défenseur d'Innsbruck Wolfgang Strauss et le gardien canadien Mark McArthur, et vous comprendrez que Feldkirch a de quoi viser le haut de tableau. Il a déjà réussi à avoir quatre lignes en attaque comme en défense, même si l'effectif n'est pas si équilibré qualitativement que ceux des meilleurs.

 

Le Wiener EV, un des plus ancien clubs d'Europe, avait été avec le VEU Feldkirch l'une des dernières victimes de l'ancienne élite à quatre. Vienne a passé un an sans hockey de haut niveau, avant que ce vide ne soit comblé par la création l'an passé des Vienna Capitals. Ils ont fait une bonne première saison, mais la confirmation sera difficile, car leur effectif a baissé de qualité, contrairement à ceux de ses concurrents. La fin de carrière de Hidi Mühr était prévue, mais pas celle du défenseur américain Kevin Wortman, qui l'a annoncée début août pour des raisons familiales. Vienne a alors tenté de rappeler Pat Neaton, qui avait quitté le club pour aller à Coire mais qui s'est retrouvé libre lorsque le club suisse croulant sous les dettes a été bouté hors de LNB. Mais lui aussi a finalement décidé de raccrocher les patins après une proposition d'emploi aux Etats-Unis. Les dirigeants viennois n'ont pas mis longtemps à réagir en engageant Jonathan Coleman, qui arrive de Sibérie (Amur Khabarovsk). Il a été le n°48 de la draft 1993, mais il n'a jamais joué en NHL. Dragan Kesa y a disputé 139 parties, lui, et sera le principal renfort offensif avec Sean Berens. Alexander Tomanek (Kapfenberg), ancien joueur du Vienne EV, revient dans l'attaque viennoise.

L'entraîneur Kurt Harand mise avant tout sur une défense de fer pour tirer le maximum de son équipe. Jonathan Coleman et Jiri Hala (Innsbruck) n'ont peut-être pas un apport offensif comparable à leurs prédécesseurs Wortman et Neaton, mais on leur demandera au moins une présence physique de tous les instants à l'arrière. Ce sera la clé de la réussite viennoise, avec la discipline des joueurs - car les provocations de la troupe viennoise commencent à être surveillées par les arbitres - et l'efficacité offensive. C'est dans la conclusion des actions que le bât blesse, car Youri Tsurenkov paraît parfois un peu seul pour marquer des buts. Le déclic en attaque viendra-t-il des recrues Kesa et Berens ou bien des jeunes qui doivent apprendre aux côtés des internationaux Patrick Pilloni et Christoph König ? Les possibilités sont limitées car Vienne a un banc bien plus court que ses opposants. Le seul domaine où les Capitals ont de la réserve, c'est, là aussi contrairement à leurs adversaires, le poste de gardien. Comme le spectaculaire Christian Cseh manque de constance, on a en effet engagé Walter Bartholomäus (Zell am See) pour le mettre en concurrence.

 

Malgré son engagement de dernière minute, Graz n'a pas un si mauvais effectif, d'autant que beaucoup de joueurs ne peuvent que s'améliorer par rapport à la dernière saison ratée. Le retrait de Kapfenberg a conduit quatre joueurs à faire le voyage chez le dernier club de Styrie restant : le bon défenseur Ivan Osko, le second gardien Markus Schilcher, l'attaquant Arno Maier et surtout le vétéran Werner Kerth, qui apportera son expérience très précieuse s'il est enfin épargné par les blessures. Mais les principales recrues seront le défenseur de Nyköping, Carl-Johan Johansson, et surtout Marcel Rodman, un des attaquants slovènes qui a failli piéger l'Autriche aux derniers championnats du monde. Celui-ci sera évidemment un buteur très précieux, car on a engagé principalement des travailleurs - comme Gerhard Göttfried de Zell am See ou Gilbert Kühn d'Innsbruck - qui devront aussi se muer en buteurs.

Peter Znenahlik n'aura pas de mal à faire des entraînements plus intenses que Mike Shea, mais il devra aussi s'assurer d'éviter les tensions avec ses joueurs et de faire en sorte que des joueurs comme le vieux défenseur Engelbert Linder ou l'attaquant Stefan Hofer commettent moins de fautes. Avec une bonne discipline de jeu, Graz peut inquiéter les meilleurs, et l'a prouvé dans ses premiers matches amicaux, avant qu'un 0-7 à Vienne, pourtant battu 5-3 à l'aller, ne fasse redescendre tout le monde sur terre. Il est donc clair que Graz, à qui il manque surtout un centre de métier, aura du mal à tenir la distance sur la longueur du championnat.

Plus encore que Graz, Lustenau a beaucoup souffert de ses hésitations estivales. Huit des dix meilleurs marqueurs du club sont partis, et il ne reste plus que Jouko Myrrä et Christoph Gesson. On regrette amèrement le départ du prometteur attaquant Andreas Judex à Linz et celui de Michael Lampert à Feldkirch. Même si le vétéran de la défense avait de plus en plus du mal à suivre le jeu de plus en plus rapide du championnat, on eût aimé qu'il n'aille pas renforcer les voisins et rivaux de Feldkirch, qui risquent de refaire de l'ombre à Lustenau. Pour sa troisième saison, l'entraîneur Jorma Siitarinen aura donc beaucoup de travail pour reconstruire une équipe avec quatre bons renforts étrangers et de jeunes joueurs locaux.

Aux côtés de Myrrä, on a trouvé avec le buteur Martin Vozdeky (Martin, Slovaquie) et le centre Cory Cyrenne (Louisiana, ECHL) de quoi créer une forte première ligne pour succéder à l'attaque finlandaise sur laquelle les derniers succès du club se sont construits. Mais il faudra que les jeunes du cru franchissent un palier car on ne peut pas tourner avec seulement deux lignes contre des formations bien mieux fournies. En défense, la situation est encore plus nette car tout repose sur Tommi Hämäläinen, coéquipier des Rozenthal l'an passé à Björklöven, et surtout sur Robin Doyle, dont le retour était attendu avec impatience. Mais Lustenau joue décidément de malchance, car Doyle s'est blessé dès le premier match amical contre Coire et ne rentrera qu'en novembre. D'ici là - et même après - les deux gardiens Jürgen Penker et Bernhard Bock auront beaucoup à faire.

 

 

Un petit mot de la Nationalliga

Battu en finale par Feldkirch l'an passé, Salzbourg sera encore le favori de la Nationalliga. En cas de titre au printemps, il pourrait envisager la montée qui serait l'aboutissement du plan prévu sur trois ans, mais il ne veut pas encore donner de certitudes, déclarant se sentir bien dans une deuxième division qui a maintenant des clubs des quatre coins du pays et qui réunit de bonnes affluences aussi bien dans les villes (Salzbourg) que dans les villages de montagne (Dornbirn). Puisqu'à quelque chose malheur est bon, on pensait en effet au moins que les retraits de l'élite de Kapfenberg et Zell am See allaient permettre de rendre la Nationalliga plus attractive.

Ce n'est pas vraiment le cas. En septembre, Kitzbühel a annoncé son forfait pour la saison, justifiant son choix par la mise en place d'un double aller-retour trop épuisant, par la fuite en deux ans de dix joueurs locaux, qu'il n'a pas les moyens ni la volonté de remplacer par des recrues extérieures, et par l'absence de patinoire couverte dans la station de ski, ce qui l'oblige à louer du temps de glace à Zell am See. La Nationalliga se retrouve ainsi avec huit clubs au lieu de neuf et un calendrier bouleversé au dernier moment avec deux exempts par journée. Comme quoi il reste encore beaucoup d'efforts à faire pour reconstruire tout le hockey autrichien depuis la base.

En attendant, la Nationalliga se construira autour de deux grandes rivalités locales qui promettent de beaux derbys : entre Salzbourg et Zell am See d'une part, entre Kapfenberg et Zeltweg d'autre part. Kapfenberg aura sans doute la meilleure attaque du championnat, puisque le buteur Jason Melong (ex-Caen) est resté au club, mais l'autre rétrogradé volontaire Zell, avec les cadres restants comme le défenseur Wolfgang Trup et l'attaquant Walter Pusnik, beaucoup de juniors, et trois étrangers à définir.

Le trio de clubs du Voralberg sera toujours présent, avec Bregenzerwald et son entraîneur Kjell Linqvist, Montafon et ses trois internationaux kazakhs (mais sans le jeune gardien suisse Daniel Zeber, qui préfère retourner chez lui à Herisau, ce qui lui évitera de faire le déplacement à chaque entraînement depuis sa maison en Suisse), et enfin Dornbirn, qui a recruté presque par hasard la probable star de la Nationalliga : l'international slovène Nik Zupancic. Il était en vacances en Autriche, où sa petite amie joue au tennis en club, quand il a rencontré d'anciens coéquipiers de Feldkirch - avec qui il était devenu champion d'Europe - qui l'ont mis en contact avec Dornbirn. Enfin, la discrète équipe de Wattens devrait fermer la marche.

Marc Branchu

 

 

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