Gap espère un renouveau

 

Après ses cinq années à Nice, qui se sont malheureusement conclues en queue de poisson par la faute d'une mauvaise gestion financière, le jeune entraîneur Laurent Perroton s'est cherché un nouveau défi, et l'opportunité de diriger un club de Super 16 constitue pour lui un challenge qu'il a d'autant moins hésité à relever que sa compagne est gapençaise. Mais si pour lui cette progression s'inscrit dans une logique, pour Gap cela marque une rupture dans les traditions locales. Ces derniers temps, le club était accoutumé à avoir des entraîneurs originaires de la ville, qui connaissaient bien, voire trop bien, les joueurs, et qui pouvaient donc difficilement innover, rompre avec les habitudes et instaurer de nouvelles exigences.

L'arrivée d'un regard extérieur ne peut donc qu'être utile pour réveiller une structure ankylosée. La première condition posée par le nouvel entraîneur a été de peaufiner la préparation, qui commençait souvent sur le tard les étés précédents. Avec leurs faibles moyens, avec des joueurs qui travaillent et qui s'entraînent seulement quatre fois une heure et quart par semaine, les Gapençais doivent faire le meilleur usage possible de la période de pré-saison pour pouvoir rivaliser. Les joueurs français ont donc repris l'entraînement dès le 4 août, en commençant par quinze jours de préparation physique hors glace.

Laurent Perroton privilégie deux grands axes de travail sur lesquels il ne dérogera pas : "Tout d'abord, les systèmes de jeu, très rigides. Avec l'équipe qu'on a, on est forcé d'avoir une grande discipline tactique. Ensuite, l'état d'esprit, auquel j'attache une grande importance. Ici, j'ai des joueurs qui s'entendent bien. Ce sont des guerriers, des jeunes qui ont faim."

Une défense plus solide

En effet, il n'est pas possible à Gap d'effectuer un recrutement aussi conséquent que celui de son voisin briançonnais. Les renforts sont donc arrivés avec parcimonie, mais priorité a été donnée à la défense, où l'on pouvait recenser trois étrangers au lieu d'un. Marek Lorenc aurait en effet dû être rejoint par Jozef Drzik, qui n'a pas été conservé à Dijon où il avait été mis à l'essai, et Jan Lukac. Tous deux étaient des piliers de la défense d'un club de bas de tableau de Super 16, respectivement Besançon et Dunkerque, et ce sont donc des valeurs sûres. Malheureusement, Drzik a finalement accepté une offre plus importante d'Épinal, et le club doit donc se démener pour lui trouver un remplaçant.

Ludovic Garreau, qui a terminé sur la deuxième ligne à Nice, et David Vachet, qui a obtenu un peu de temps de jeu en fin de saison dernière à Briançon, apporteront quant à eux leur jeunesse à une défense qui a nettement gagnée en solidité, sachant qu'elle peut toujours compter sur le très bon Radek Lukeš dans les cages.

Revers de la médaille, l'attaque paraît affaiblie. Simo et Konstandinidis ne sont en effet remplacés que par le seul Miroslav Lukeš, le frère du gardien. Ce Tchèque de vingt-trois ans est le prototype du gratteur de palets, accrocheur et volontaire devant la cage, agressif sur le rebond. Les autres recrues sont aussi de jeunes joueurs. Le plus attendu est sans doute Pierre Carabalona (Villard), qui amènera sa vitesse. Gabriel Périllat, qui a côtoyé le néo-Grenoblois Timo Bayon en juniors en Finlande, montrera sur les glaces françaises ce qu'il y a appris, Jody Obninsky, le fils du président Georges Obninsky, revient de Lyon, et enfin Gaby Da Costa, de la génération 1984, arrive d'Anglet.

Notons aussi qu'Anthony Perez reste finalement chez les Rapaces après avoir été attendu à Briançon, et que la principale surprise en attaque pourrait bien être, non pas une recrue extérieure, mais plutôt Stéphane Ravoire. Celui-ci a en effet connu une dernière saison en demi-teinte car il travaillait soixante-cinq heures par semaine dans son bar, mais il a changé d'orientation professionnelle et pourrait du coup se retrouver au niveau des leaders offensifs Lallemand et Moussier.

Un effectif élargi

Le principal changement, néanmoins, n'est pas d'ordre qualitatif, mais quantitatif. Gap jouait jusqu'ici avec trois lignes, il dispose désormais de plus de quatre blocs complets, neuf défenseurs et treize attaquants, et pourra donc mettre en place une saine concurrence pour pousser les joueurs à leur meilleur.

De plus, il y a de quoi travailler à moyen terme avec un effectif junior composé de pas moins de trente et un joueurs, dont quelques jeunes talents briançonnais qui n'ont guère de chances de voir la glace en Super 16 et qui bénéficient d'un accord d'association pour jouer en juniors à Gap. Cette équipe vise même le carré final junior, que Gap n'a plus atteint depuis 1995. Sous l'impulsion de Lionel Charrier, c'est tout le hockey mineur qui a retrouvé du dynamisme.

Une ville où le hockey ne demande qu'à renaître

Laurent Perroton l'a ressenti dès son arrivée, il arrive dans une ville qui ne demande qu'à vibrer à nouveau pour son équipe de hockey : "On n'a pas les mêmes budgets que les autres, mais le club a un riche passé. Avec le nouvel entraîneur, les jeunes qui arrivent, cela suscite de l'intérêt, les gens attendent le renouveau. S'ils voient une équipe accrocheuse qui gagne de temps en temps, ils vont ramener du monde sur le chemin de la patinoire. Gap baigne dans une atmosphère, une culture de hockey. On en entend parler dans la rue, à la boulangerie."

Est-il possible de satisfaire de telles attentes ? "Même si l'objectif de base reste le maintien, on peut essayer de terminer, pourquoi pas, à la quatrième place de la poule est. Derrière Grenoble et Mulhouse intouchables, je pense que Briançon terminera troisième au vu du gros recrutement effectué, Villard et Dijon sont bien sûr aussi devant nous sur le papier, mais ce sont des équipes que l'on peut battre. Ici, tout est réuni pour avoir une grande équipe de hockey. Le seul point négatif, ce sont les finances. Mais cela passe aussi par des résultats. Si l'on arrive à remporter des premières victoires avec cette jeune équipe, on pourra convaincre un peu plus collectivités et sponsors. Notre objectif, c'est de grappiller quelques places année après année, tout en restant toujours raisonnables."

Sa dernière place lors de la première édition du Super 16 n'ayant tenu qu'à un fil, Gap sait bien qu'il suffit parfois de pas grand-chose pour lancer une dynamique de succès.

Marc Branchu

 

 

Départs : Combe (entraîneur), Roussin-Bouchard (arrêt), Konstandinis (Espagne), Simo (Cholet ?), Amouriq (Avignon), Frison, Chauvin, Bernard.

Arrivées : Perroton (entraîneur, Nice), Obninsky (Lyon), Carabalona (Villard-de-Lans), M. Lukeš (Tábor, TCH), Périllat (Hunters Porvoo, FIN), Garreau (Nice), Lukac (Dunkerque), Vachet (Briançon), G. Da Costa (Anglet).

Effectif

Gardiens : Radek Lukeš (TCH), Christophe Jaussaud.

Défenseurs : Jan Lukac (SVK), Marek Lorenc (TCH), Jean-François Cal, Alexandre Cornaire, Ludovic Garreau, David Vachet, Yann Meyssirel, Sylvain Roy, Ondrej Mertl (TCH)*.

Attaquants : Franck Lallemand, Romain Moussier, Patrick Turcotte (CAN), Stéphane Ravoire, Miroslav Lukeš (TCH), Anthony Perez, Pierre Carabalona, Nicolas Ravoire, Jody Obninsky, Sébastien Vidal, Gabriel Périllat, Gaby Da Costa, Sébsatien Bertrand.

Entraîneur : Laurent Perroton.

* Mertl, qui avait été prévu dans le recrutement mais qui s'est blessé après son arrivée, a une place réservée dans l'effectif au cas où il pourrait rejouer

 

 

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