Allemagne 2003/04 : bilan

 

Les clubs de DEL

 

Premier : Francfort. Au moment où les Allemands célèbrent le cinquantième anniversaire du miracle de Berne (la victoire de leur équipe de football sur la grande Hongrie à la Coupe du monde 1954), la DEL a connu son miracle de Francfort ("Wunder von Frankfurt"). Sportivement relégués il y a un an, repêchés uniquement par le dépôt de bilan de Schwenningen, les Lions étaient au bord d'être lâchés par leur public, qui a pourtant fait preuve de trésors de patience pendant ces dernières années. Il en avait marre de voir son équipe aller de mal en pis chaque année avec des moyens mais aucun esprit d'équipe. Le nombre d'abonnés chuta de moitié (1300 au lieu de 2500)... Sept mois plus tard, Francfort devint champion devant 9000 personnes entassées dans la patinoire, plutôt que le chiffre officiel de 7000. Une vraie résurrection qui fait suite à une totale refonte de l'effectif, une de plus, mais aussi à une remise en question plus profonde. Dans un club qui jouait il y a quelques années sans aucun joueur allemand, on a enfin compris la tendance de la DEL et on a fait appel à des hockeyeurs locaux, qui ont enfin pris des rôles non négligeables. Parmi eux, on peut citer Michael Bresagk qui lui aussi est revenu de l'enfer au printemps dernier, et pour des raisons bien plus tragiques. Le premier Allemand à avoir joué dans le championnat français (Brest 1995/96) a en effet eu la douleur de perdre sa femme, décédée l'an passé d'un cancer. Après six mois de deuil où il s'est occupé de sa fille, il a senti qu'il lui fallait rebondir pour retrouver goût à la vie. Il a rechaussé les patins à la fin de l'automne et a été sacré champion quelques mois plus tard.

Si Francfort a été au bout, c'est que les recrues n'ont pour une fois recelé aucun vice caché. L'ex-gardien de Schwenningen, Ian Gordon, a évolué à un niveau où personne ne l'attendait, surtout en play-offs. Le défenseur offensif Peter Ratchuk, 21 buts, a amené les observateurs nord-américains à reconsidérer son cas, en admettant qu'il avait été mal utilisé chez les Florida Panthers. Surtout, le duo Lebeau-Bélanger a explosé à un niveau encore supérieur à leur précédente union à La Chaux-de-Fonds, le premier devançant le second au classement général des marqueurs de DEL. Comme Christoph Brandner l'an dernier à Krefeld, Patrick Lebeau a réussi à remporter le titre avec un outsider quelques semaines après avoir été élu joueur de l'année par Eishockey News, donnant encore plus de relief à cette distinction.

Mais en playoffs, Francfort ne s'est pas appuyé que sur ces quelques individualités, il a pu compter sur chacune de ses lignes car tous les joueurs ont répondu présent. Le gros travailleur Jason Young s'est plus que jamais affirmé comme un homme de playoffs avec vingt points en quinze parties. Mike Harder, deux buts seulement en saison régulière, en a lui aussi inscrit cinq en playoffs, pour la plupart décisifs. Le défenseur Paul Stanton clôt sa carrière à trente-huit ans avec un palmarès bien rempli, deux coupes Stanley avec Pittsburgh et désormais quatre victoires en DEL. Pour gérer tout ce beau monde, l'entraîneur Rich Chernomaz, attentif à tous les détails, a trouvé la solution à tous les problèmes. Il remporte son deuxième titre en trois ans.

 

Deuxième : Eisbären de Berlin. En début de saison, les ours blancs étaient en plein doute, avec deux des leurs emprisonnés pour viol en Suède pendant vingt jours avant d'être finalement disculpés. Leurs absences venant s'ajouter à celles de leaders comme Persson, Roberts ou Felski blessés, les Berlinois devaient jouer sans plusieurs de leurs cadres, mais les résultats n'en pâtirent pas. C'est là qu'on put voir la richesses insoupçonnée de leur réservoir, puisque Pierre Pagé incorpora de nombreux jeunes Allemands (Busch, Baxmann, Rankel, Hördler, Draxinger) qui prirent vite leurs marques. On a rarement vu autant de débutants franchir le cap en DEL, et cela contribue à la réputation de formateur de Pagé, qui compense le déficit par rapport à Mannheim et Cologne jusqu'ici plus attractifs pour les meilleurs joueurs allemands.

Malheureusement, en cette année du cinquantième anniversaire du club (ex-Dynamo), qui sera fêté par une cérémonie en août prochain, aucun titre n'est venu s'ajouter à ceux "facilement gagnés" de l'ex-RDA et de son championnat élite à deux équipes. Les Eisbären n'ont toujours pas soulevé de trophée depuis la réunification de l'Allemagne. Ils ont été piteusement éliminés en quart de finale de coupe contre Kassel, et ils ont de nouveau échoué en playoffs. Après avoir dominé la saison régulière, les Berlinois arrivaient en finale sans avoir concédé une seule manche, et ils y battaient Francfort d'entrée. Mais, confiants, trop confiants, à l'image d'un Ricard Persson commettant des erreurs inhabituelles, ils se faisaient ensuite surprendre par un adversaire plus volontaire et plus appliqué. Ils n'étaient plus vraiment de bons élèves studieux, et certains joueurs étaient ouvertement agacés par l'autorité de Pagé et lassés par les séances vidéo et ses longues analyses détaillées. De plus, la rotation des gardiens n'a plus fonctionné en playoffs. Oliver Jonas (aligné à domicile) a encaissé quelques buts évitables et Rich Parent (aligné à l'extérieur) s'est plaint d'avoir perdu le rythme.

 

Troisième : Hambourg. Continuité dans beaucoup de domaines pour la deuxième saison de Hambourg : des résultats en progrès, un public toujours joyeux et nombreux (plus de onze mille personnes)... et, assez bizarrement, encore un bilan financier déficitaire à l'issue de la saison. Ce qui a changé, c'est le style de l'équipe, qui a aujourd'hui un visage bien plus défensif. Même si aucun des Freezers n'est cité parmi les meilleurs arrières de la ligue, ils forment un ensemble très complet, avec des éléments discrets et sûrs (Heiko Smazal, Patrick Köppchen), un prototype du joueur rugueux (Darren Van Impe) et des défenseurs offensifs comme Dan Lambert et Shane Peacock. Il faut ajouter que le meilleur joueur de l'équipe est un attaquant défensif, le rapide et complet Andy Schneider. Pourtant, ne voulant pas se faire piéger comme Cologne, Dave King a choisi de défier Francfort sur son point fort, l'attaque, lors de la demi-finale. Mais dans ce duel plus offensif, le talent était mieux réparti chez les Lions. Brad Purdie, même si on peut difficilement le qualifier de décevant puisqu'il est le meilleur marqueur hambourgeois, ne domine plus la ligue comme il le faisait à Krefeld. Et les Freezers, qui ont eu un défenseur (Peacock) comme meilleur compteur en playoffs, ont été éliminés au cinquième match malgré l'avantage de la glace.

La satisfaction de la saison est l'avènement de Martin Walter. Né à Ostrava, en Tchécoslovaquie, avant que ses parents ne déménagent en Haute-Bavière quand il avait huit ans, il est le premier international allemand passé par la DNL, championnat national élite des moins de dix-huit ans mis en place depuis quatre ans. Alors qu'il n'avait été aligné qu'une fois l'an passé par Simpson qui l'avait laissé tout le match sur le banc (il était prêté la majeure partie du temps à Fribourg qu'il avait aidé à faire monter), il a été titulaire indiscutable toute la saison. Il en a remercié le nouvel entraîneur Dave King qui sait selon lui faire confiance aux jeunes et accepter qu'ils puissent commettre des erreurs. Ceci dit, Walter n'a pas dû en commettre tant que ça, des erreurs, avec sa fiche de +17 en saison régulière. 

 

Quatrième : Ingolstadt. Dès sa deuxième saison dans l'élite, l'ERCI a frappé fort. Non seulement il s'est qualifié pour les play-offs, mais même les quarts de finale en sept manches instaurés depuis l'an dernier ne l'ont pas empêché de créer la surprise et d'éliminer Nuremberg pour accéder aux demi-finales. Ces performances doivent beaucoup à Jimmy Waite. Le natif de Sherbrooke a succédé à Rousson et Chabot en tant que meilleur gardien de DEL. Décidément, l'école québécoise des gardiens s'impose sur toutes les glaces.

En début de saison, rien ne laissait présager un dénouement aussi heureux. Les six matches à l'extérieur d'affilée en attendant l'ouverture de la Saturn Arena (qui aura permis de franchir le cap attendu en faisant progresser la moyenne de spectateurs de près de mille personnes) ont plombé Ingolstadt au classement. Et après seulement neuf journées, l'entraîneur Ron Kennedy a été à deux doigts de se faire virer. Il a tout de même conservé son poste, et a même renforcé ses pouvoirs : il a renvoyé l'entraîneur des gardiens Fabian Dahlem, il a prié l'assistant-coach Tom Pokel de lui donner de l'air en allant suivre les matches en tribune, et, cerise sur le gâteau, l'encombrant directeur sportif Jim Boni est parti à Vienne. Avec une défense solidifiée par l'arrivée d'Yves Racine après sa mise à l'écart par Mannheim, l'ERCI est devenu presque invincible à domicile pendant la seconde moitié de la saison régulière. Malheureusement, l'attaquant-vedette Cameron Mann, qui avait manqué les premières rencontres pour se faire opérer de la hanche et s'était bien rattrapé par la suite, a calé en fin de championnat, en particulier en playoffs où il n'a marqué aucun point. Le leader attendu Craig Ferguson a lui aussi été aux abonnés absents dans cette phase décisive. Le contingent des Eisbären de Berlin s'est donc logiquement révélé bien plus fort en demi-finale.

 

Cinquième : Nuremberg. Même si elle était plus dictée par l'état des finances que par une volonté d'audace, la nouvelle politique de Nuremberg a porté ses fruits. L'équipe la plus jeune de DEL a fait mieux que ses devancières plus coûteuses en terminant deuxième de la saison régulière. L'entraîneur Greg Poss a suivi les progrès de nombreux jeunes Allemands. C'est essentiellement son travail auprès d'eux, déjà remarqué dans son précédent club Iserlohn, qui lui a valu d'être nommé futur sélectionneur national de l'Allemagne. Le porte-étendard de cette génération montante est le solide défenseur Felix Petermann, élu meilleur espoir de DEL. Et pourtant, l'arrière originaire de Füssen arrivait seulement d'Oberliga, la troisième division. Le dernier à avoir aussi bien réussi le grand saut de deux niveaux, c'était un certain Thomas Greilinger. Celui-ci s'était malheureusement fait ensuite une réputation de gamin indolent. Sous la férule de Poss, il a parfait sa condition physique et a terminé meilleur marqueur de son club. Même son ancien détracteur public, Hans Zach, a salué la transformation qui s'était opérée et a rappelé Greilinger en équipe nationale. L'autre pari gagné de Nuremberg, c'est que les Slovaques ont prouvé qu'ils avaient leur place dans une DEL toujours très canadienne. La vitesse de Robert Tomik et la technique de Marian Cisar ont été complémentaires du slap de Stéphane Julien ou des boîtes de Guy Lehoux.

Par contre, les playoffs n'ont toujours pas souri à Nuremberg, éliminé pour la quatrième fois consécutive en quart de finale. L'inexpérience y est forcément devenue un handicap. Pour mettre fin à la série noire, Nuremberg avait pourtant choisi de modifier son mode de gestion. Le manager Otto Sykora avait décidé d'attendre la fin de saison pour renouveler les contrats de ses hommes, afin de ne pas traîner comme des boulets des joueurs qui se seraient révélés sous leur plus mauvais jour à la lumière de la dernière ligne droite. Mais la motivation supplémentaire qu'était supposée constituer la quête d'un nouveau contrat n'a rien changé au bilan. Le seul résultat de cette politique, c'est que certains joueurs n'ont pas attendu pour signer ailleurs, et que Nuremberg s'est en fin de compte empressé de prolonger en catimini certains de ses jeunes Allemands avant terme, en dépit de la stratégie annoncée.

 

Sixième : Cologne. La Coupe d'Allemagne gagnée en février dans une Kölnarena en fête était le premier titre remporté à Cologne par Hans Zach. Celui dont la biographie Der Alpenvulkan venait de sortir en librairie pouvait alors rêver à un triomphe complet dans les mois suivants, fort d'un contrat prolongé de deux ans et d'un pouvoir accru par sa victoire sur ses ennemis en interne (le directeur général Holger Rathke, en qui il avait d'emblée voué une grande méfiance, était parti pour devenir le future patinoire de Krefeld). Il allait au contraire vivre un bide sur toute la ligne. Avant de rater pour la première fois les quarts de finale depuis qu'il a ramené l'Allemagne dans l'élite mondiale, Zach avait déjà échoué en DEL. En club ou en sélection, l'impression a été la même. Les formations entraînées par le Bavarois n'ont jamais convaincu et n'ont pas réussi à faire la différence sur leur gnac, moins perceptible que prévu dans les moments décisifs.

Toute la saison du KEC a été moyenne, et il n'est jamais parvenu à enchaîner les bonnes performances, se contentant de réussites isolées comme en coupe. Ce n'est donc pas une si grande surprise qu'il ait été pris à son propre piège du jeu prudent en quart de finale. Face à la moins bonne défense des équipes qualifiées, qui jouait soudainement plus repliée, il n'a pas su faire le jeu et n'a pas marqué pendant trois matches consécutifs, tournant de la série. Pire que tout pour Zach, ses choix ont été directement mis en cause. C'est en effet Dwayne Norris, une figure du club dont il s'était séparé à l'intersaison dans l'intention de mettre à sa place Brandner (qui fila en NHL et ne vint jamais), qui s'illustra dans le camp d'en face. Pendant que ses ex-compagnons de la première ligne des Haie, le populaire Alex Hicks et le marqueur Dave McLlwain, étaient diminués par des blessures, Norris inscrivit neuf buts en playoffs pour Francfort, donc trois contre son ancienne équipe, qui se mordait les doigts d'avoir laissé partir ce gagneur.

 

Septième : Mannheim. Les deux clubs de référence de la dernière décennie ont tous les deux été absents des demi-finales. Mais l'accident de parcours est moins grave pour Cologne que pour Mannheim, qui a définitivement perdu son leadership national et a laissé beaucoup de crédibilité dans cette saison complètement ratée. Le licenciement sans explication fin octobre du capitaine Stefan Ustorf et du spécialiste des mises en échec Yves Racine a choqué le monde du hockey allemand. De plus, il n'a en rien mis un terme au conflit latent entre l'entraîneur Bill Stewart et certains joueurs comme Mike Kennedy. La direction s'était longtemps rangée derrière son entraîneur, mais lorsqu'elle lui fit savoir qu'elle ne prolongerait pas son contrat au-delà de cet été, il avança son départ et fit tout de suite ses valises. Gâchis sur toute la ligne.

Helmut de Raaf, l'entraîneur des juniors, lui a succédé et a mis en place un système moins coincé tactiquement et plus audacieux offensivement. Mais le changement de cap est ardu et n'a pas payé en playoffs malgré deux blanchissages de Marc Seliger à Hambourg. Car l'ex-gardien De Raaf a paradoxalement cafouillé dans sa gestion des portiers lors de ce quart de finale. Une fois parce qu'il a titularisé le Canadien à la forme déclinante Richard Shulmistra, l'autre fois parce qu'il a mis comme doublure Danny aus den Birken pour l'inclure dans le quota des juniors requis sur la feuille de match et aligner par ailleurs tous les joueurs de champ d'expérience. Le novice de dix-neuf ans a été contraint de rentrer sur blessure de Seliger pendant une double infériorité numérique et se remémore douloureusement (un but en cinq secondes, quatre palets dans les filets en dix tirs) ce quasi-baptême en DEL, où il n'avait auparavant joué qu'une demi-heure.

Les uniques rayons de soleil ont été la saison fantastique du défenseur offensif américain Andy Roach - jusqu'à son nouveau statut d'héroïque tireur de penalty aux championnats du monde qui lui vaudra un contrat NHL - et la percée d'un attaquant de vingt ans, Christoph Ullmann, extrêmement utile et dont le potentiel insoupçonné lui a déjà valu ses galons d'international. Venu de Cologne en même temps qu'Ullmann, Robert Hock s'est libéré de ses frustrations en retrouvant sa réussite chez les Adler. Il n'y a décidément qu'avec Zach - en club ou en sélection où il se refuse toujours à le prendre - qu'il fait un blocage. Il a de nouveau montré qu'il est un des seuls Allemands à pouvoir finir meilleur marqueur de son club en DEL. Mais le fait qu'il y soit parvenu (seuls Greilinger et Kreutzer, au potentiel supérieur, en ont fait autant) indique aussi que les étrangers de Mannheim, à l'exception du métronome René Corbet, ont pour la plupart déçu. Il n'y a pas qu'eux, d'ailleurs. Certes, l'affreusement inefficace Klaus Kathan a mis un terme à plus d'un an d'abstinence pour retrouver le chemin des filets en DEL. Mais pour un attaquant international de vingt-sept ans qui figure dans le top 30 des salaires de la ligue, ce maigre but est comme qui dirait insuffisant.

 

Huitième : Düsseldorf. Daniel Kreutzer a réussi une saison exceptionnelle avec le club de sa ville natale. Mais quand on voit qu'il précède deux arrières au classement des marqueurs, on s'interroge. Non pas qu'il faille enlever du mérite au défenseur offensif Jeff Tory, et encore moins à Mike Pellegrims. L'inoxydable Belge, après un début de championnat si calamiteux qu'on lui a retiré le A de son maillot après sept journées, a ensuite encore épaté tout le monde (il faut croire que Düsseldorf conserve, puisque Christian Brittig, vingt points en saison régulière et meilleur marqueur de son équipe en playoffs, a prouvé qu'il avait le niveau pour revenir en DEL à trente-huit ans, tant pis pour les médisants qui en avaient fait un cas supposé exemplaire de la baisse de niveau résultant de la diminution du quota d'étrangers). Mais où sont passés les leaders offensifs prévus ? La courbe de forme de Düsseldorf avait pris l'habitude de suivre celle de ses Norvégiens, et la piètre saison du duo Magnussen-Vikingstad explique donc le bilan moyen du DEG.

Certes, les Eisbären de Berlin étaient probablement trop forts en quarts de finale. Mais pour les éviter, encore eût-il fallu ne pas commencer le championnat par cinq défaites, ce qui aurait permis de faire mieux que s'accrocher au strapontin de la huitième place. Certains choix initiaux ont coûté cher, comme celui de l'entraîneur Michael Komma d'aller chercher deux joueurs à Innsbruck, en Autriche. L'attaquant suédois Johan Molin n'a jamais convaincu, alors que l'Autrichien Herbert Hohenberger est carrément rentré dans son pays tête basse à mi-saison.

 

Neuvième : Augsbourg. L'entraîneur Benoît Laporte a reconnu une erreur cette saison, c'est l'engagement comme ultime joker de Marc Savard. Oh, il n'a rien contre l'ex-Grenoblois et Briançonnais, disponible après avoir été viré à mi-championnat par Cologne pour excès de gourmandise offensive, ce qui ne pardonne pas quand on est défenseur chez Zach. C'est seulement qu'il s'est rendu compte a posteriori que cette ultime licence étrangère aurait dû être conservée pour le poste toujours délicat des gardiens. En effet, Steffen Karg ne pouvait constituer une alternative suffisante au Suédois Magnus Eriksson, dont il a fallu subir les sautes de forme et le déclin après la trêve. Cette faiblesse dans les cages a coûté à Augsbourg une qualification en play-offs, qui aurait pourtant été méritée pour couronner une superbe saison. Quand les Souabes ont commencé à abandonner des points dans leur patinoire presque inviolable, leurs difficultés à se motiver autant en déplacement ont en effet resurgir.

Accabler le seul gardien serait trop facile car il n'a pas eu le monopole de l'inconstance. La plupart des attaquants ont fléchi, et en particulier la star Bob Wren. Pour avoir le droit d'apprécier ses feintes étourdissantes, il a fallu subir son comportement bizarroïde. Transparent à l'extérieur, ce lunatique notoire qui a consommé quatre voitures en une saison a finalement fini par signer à Vienne en prétendant n'en rien savoir. On ne sait pas s'il faudra regretter ce cas particulier très doué mais pas vraiment professionnel. À Augsbourg, on préfère incontestablement des valeurs sûres comme Duanne Moeser. Le fidèle quarantenaire a trouvé le moyen de boucler une saison en trente-cinq points, sa meilleure depuis huit ans ! Le jeune Daniel Rau peut rêver de connaître une telle carrière. Aux côtés de John Miner en professeur ès défense, l'espoir de Kaufbeuren a effectué une remarquable première saison en DEL.

 

Dixième : Krefeld. Le champion en titre a laissé carte blanche à Butch Goring pour reformer l'équipe à son souhait, jusqu'à lui accorder deux jokers de haut standing fin novembre, Aleksandr Selivanov, spectaculaire par sa technique et ses buts, et Stefan Ustorf, capitaine en disgrâce à Mannheim. Mais les deux hommes n'ont pas suffi à redresser une situation déjà compromise, et quelques semaines plus tard, "Butch" était finalement démis de ses fonctions. Les dépenses supplémentaires s'avéraient inutiles et l'errance se poursuivait. Une partie des joueurs ne voulut jamais accorder de crédit à l'ex-entraîneur des juniors Haralds Vasiljevs, et c'est finalement vers Bill Stewart, à peine viré par Mannheim, que se tourna Krefeld dans un nouveau coup de tonnerre. Le décevant Ustorf, qui a connu une année noire à oublier au plus vite, retrouva donc son ex-entraîneur par un clin d'œil du destin. Mais les transferts-surprises sont l'unique raison qui ont permis à Krefeld de faire la une des manchettes cette saison.

Stewart n'avait plus rien à sauver sinon le maintien, ce qui fut fait. À la meilleure saison de l'histoire du KEV a succédé une des pires. Le seul qui n'ait rien à se reprocher est le gardien Robert Müller, parfois abandonné par sa défense. Le centre Marc Beaucage a dû lui aussi avoir l'impression de tout faire tout seul. Il pointe en effet en tête de tous les classements de son équipe : points marqués, fiche +/-, mises au jeu et... pénalités concédées.

 

Onzième : Kassel. Axel Kammerer, le disciple de Hans Zach, n'a pas réussi à marcher sur les traces de son maître. Kassel ne semble avoir conservé que les vestiges de sa période dorée. L'exemple de Thomas Daffner et Andreas Loth montre qu'une page est bel et bien tournée. Ces deux joueurs allemands s'étaient si bien révélés à l'époque de Zach qu'ils l'accompagnaient jusqu'en équipe nationale, mais aujourd'hui leur combativité ne suffit plus à masquer leurs déficits techniques. Kammerer n'a tenu que six mois sur son contrat de deux ans et a été remplacé en janvier par Mike McParland. Après vingt-deux années en Suisse, l'entraîneur canadien se fixe un nouveau challenge. Il n'a pas amélioré la faible moyenne de points par match de Kassel, mais les dirigeants ont été suffisamment satisfaits pour prolonger son contrat pour la saison prochaine. Ce qu'ils lui demandaient avant tout, c'est en effet d'insuffler à cette équipe un hockey moderne, fondé sur un rythme de jeu élevé.

Les Huskies ont pu atteindre la finale de coupe avec un peu de réussite mais ils ne pouvaient tout simplement pas prétendre à mieux en championnat. Ils n'ont été à aucun moment en mesure d'accrocher les playoffs, et leur effectif n'était pas taillé pour cela. L'ailier autrichien Mattias Trattnig, débordant d'énergie et vite adopté par les supporters, a terminé meilleur marqueur de l'équipe avec 31 points. Ted Drury a inscrit le plus de buts, 14. Dans aucune autre équipe, ces faibles totaux n'auraient suffi à prendre la tête du classement interne. Kassel n'avait pas de leader offensif, Wahlberg et Serikow n'ayant pas pu rééditer leur exceptionnelle saison précédente, et le capitaine Tobias Abstreiter était plus occuper à aplanir les conflits entre l'entraîneur et les joueurs. La défense, privée de Nick Naumenko reparti au Canada à la fin de l'automne, a très souvent failli à sa tâche. Onzième, le club est maintenant à sa place, et c'est ça le plus inquiétant.

 

Douzième : Iserlohn. Bardé d'honneurs dans la Superleague britannique, l'entraîneur canadien Dave Whistle n'a tenu que neuf matches en DEL. Pire, ce ne sont pas les mauvais résultats qui ont justifié son licenciement, mais c'est sa compétence qui a été mise en cause. Il a été qualifié de grave erreur de casting. S'est ajouté à cela le départ de l'attaquant venu de Londres, Ian McIntyre. Il a invoqué des problèmes familiaux pour expliquer son retour au Canada... mais trois semaines plus tard, il réapparaissait en train de jouer dans le championnat semi-pro québécois. Or, on sait que ces défections anticipées sont très handicapantes en DEL où les étrangers ne peuvent être remplacés. Les ennuis d'Iserlohn avec Whistle et McIntyre ont sérieusement écorné en Allemagne la réputation de la Superleague - qui n'existe plus de toute manière.

Pour se sortir de ce guêpier, Iserlohn a fait confiance à Doug Mason, une valeur sûre et parfaitement connue en Allemagne. Il est parvenu à maintenir en DEL cette équipe de sans-grade. Iserlohn a donc pu digérer le départ de Greg Poss et continuer à faire du bon travail avec son petit budget. Celui-ci ne l'empêche pas d'ailleurs de faire preuve de culot. Les réflexes épatants du jeune gardien Dimitrij Kotschnew, "Allemand de la Volga" rapatrié du Kazakhstan, lui ont permis de gagner une place de n°1 pour la saison prochaine. Avoir des gardiens allemands titulaires, il y a ceux qui en parlent (Zach) et ceux qui le font...

 

Treizième : Hanovre. C'est une sortie de dynastie qui s'achève. Jochen Haselbacher, petit ponte local de la démocratie-chrétienne (CDU) de Basse-Saxe, a finalement dû se résoudre à céder les commandes du club qu'il dirigeait d'une main ferme avec son fils. Il a vendu l'entreprise familiale du Wedemark, qu'il avait amenée jusqu'en DEL, aux dirigeants de la Preussag Arena, la salle multi-fonctions de Hanovre, qui ont gagné leur bras de fer, eux qui avaient conditionné l'usage de leur salle à cette prise de contrôle. Le combat des chefs arrive à son terme, et les Scorpions existent encore, après avoir bien failli descendre. Même la volonté du capitaine Len Soccio, le ciment de l'équipe, a semblé par moments déclinante au milieu de ce chaos. Il faut dire que la gestion Haselbacher était, c'est un euphémisme, controversée. Exemple de procédures douteuses, les contrats débutent au 15 août mais les joueurs commencent leur préparation le 1er août sans être assurés. Par ailleurs, quand Rikard Franzén se blesse à l'épaule en décembre, le club ne déclare même pas l'accident de travail. Il ne touchera pas d'indemnités, et encore moins son salaire car les Scorpions engagent une procédure de licenciement pour faute grave parce que le Suédois était alors rentré dans son pays et était injoignable, ne remplissant donc pas ses devoirs envers la presse. Un simple prétexte pour se débarrasser d'un joueur blessé sans plus rien lui devoir...

L'entraîneur suédois Olle Öst n'a évidemment pas tenu toute la saison, chose impossible à Hanovre, et son successeur et compatriote Gunnar Leidborg, qui a l'art de se retrouver toujours embarqué dans des clubs à la direction erratique et à la gestion floue, n'a cette fois-ci pas réussi de miracles. Il a connu lui aussi les séries de défaites, et a évité sans panache la descente au cours d'un barrage de relégation tendu avec Fribourg-en-Brisgau, qui a reproché aux Scorpions d'avoir blessé ses meilleurs joueurs. Une raison de croire que l'avenir sera plus glorieux maintenant que les coulisses sont moins tourmentées ? Et bien, Hanovre, le dernier irréductible avec Francfort à mépriser les joueurs allemands, a fini lui aussi par révéler un débutant en DEL. Björn Bombis a eu un apport non négligeable et n'a pris aucune minute de pénalité, ce qui est à noter dans une formation qui a souvent pâti de son indiscipline.

 

Quatorzième : Fribourg-en-Brisgau. Le maintien en DEL était déjà compromis avant même que la saison n'ait commencé. La controverse autour de Mares et Vasicek - considérés comme Allemands en division inférieure car ils sont arrivés vers seize ans à Fribourg mais comme étrangers par la DEL car ils ont la nationalité tchèque - n'a fait que renforcer la confusion qui a régné dans les premières semaines. Certains joueurs ont été ainsi écartés puis rappelés suivant l'évolution du contexte, pour être finalement soit définitivement out (Smith) soit intégrés pour de bon, comme le vétéran slovaque Petr Korinek ou, plus tardivement car il s'agissait de la dernière licence attribuable, la figure du club Bedrich Scerban, fragile car âgé. Korinek a d'ailleurs été utile pour jouer en défense à l'occasion, car les lignes arrières étaient le gros point faible de l'équipe. Elles étaient faites pour la deuxième Bundesliga, à l'exception de l'international biélorusse Sergueï Stas, qui est plus un défenseur offensif qu'un solide garde-chiourme. Les recrutements en catastrophe, sans prendre de recul, ont continué au cours du championnat, avec le Germano-Canadien Adam Spylo. Celui dont un Greg Poss éberlué dira (car il a ensuite joué la fin de saison avec Nuremberg) qu'il est "comme les trois frères Hanson du film Slapshot à lui tout seul" a tendance à charger tout ce qui bouge. Non content de viser ses adversaires, il a aussi passé ses nerfs sur son entraîneur Horst Valasek, et a évidemment été viré aussi sec.

Les attaquants ont comparativement moins posé problème même s'ils n'ont pas tous convaincu. Recruté avant que la montée ne soit connue, Juraj Faith n'avait ainsi pas le profil d'un travailleur de troisième ligne de DEL, au contraire de l'autre ex-Mulhousien Olivier Coqueux, plus combatif même s'il a connu des sautes de forme dans un championnat qui compte deux fois plus de matches que le Super 16. Mais la surprise de la saison, c'est le carton réussi par la révélation Dany Bousquet, trente buts en saison régulière, soit le meilleur total de la ligue. Certes, l'accumulation des défaites a été usante, y compris pour Thomas Dolak, qui a fini par prendre la charge de directeur sportif pour céder à Valasek celle d'entraîneur. Mais il y a eu de bons souvenirs à conserver, comme l'incroyable 10-5 contre Berlin pendant les fêtes de Noël avec quatre buts et trois assists de Bousquet. Le club est financièrement sain et il est respecté pour avoir accepté sans discuter et sans se plaindre aussi bien sa montée que sa descente. Les supporters ont été huit cents de plus en moyenne que l'an dernier et la promotion-surprise a créé un certain engouement pour le hockey. En fin de saison, l'équipe s'est mise au niveau de la DEL, du moins à domicile, au point qu'une victoire en barrages contre Hanovre devenait sérieusement envisageable. Il n'en a rien été, mais Fribourg-en-Brisgau a pris goût à cette expérience et a l'intention de revenir... en s'étant cette fois préparé à une montée pour ne pas avoir à la gérer avec autant de précipitation.

 

 

Les clubs de 2e Bundesliga

 

Premier : Wolfsburg. Le club de la ville du nord de l'Allemagne, construite presque uniquement autour des usines Volkswagen, bénéficie du soutien financier d'une des filiales de la firme automobile, Škoda, sponsor dont la présence dans le hockey sur glace est bien connue. Forts de cette assurance, les dirigeants ont cette fois réussi en tout point leur recrutement, et ont constitué une équipe équilibrée et complète à quatre lignes. L'objectif avoué, la montée en DEL, est donc atteint. Maintenant, tout reste à faire. Premièrement, bâtir une patinoire digne de l'élite. Deuxièmement, la remplir, car la moyenne de spectateurs, même si elle a péniblement passé le cap des 1000, était déjà la plus faible de la deuxième Bundesliga.

 

Deuxième : Landshut. Même s'ils ont dû évoluer pendant vingt rencontres sans leur entraîneur Bernie Engelbrech, suspendu pour jet de bouteille sur un juge de ligne, les Bavarois ont encore réussi une saison remarquable. Félicité pour sa gestion exemplaire, le club qui avait autrefois dû quitter la DEL exsangue en vendant son équipe à Anschuitz et à Munich continue de rebâtir une équipe en faisant avant tout confiance à ses jeunes, à l'image du petit Alexander Feistl, 18 ans, 1m67 et plein de culot pour ses débuts en équipe première. Il progresse d'année en année à tout point de vue et a atteint cette fois la finale, à l'issue de playoffs joués devant 4700 spectateurs de moyenne, avant de s'incliner devant plus fort que soi. Cela n'est plus une surprise, mais la récompense d'un travail de fond.

 

Troisième : Bad Nauheim. L'entraîneur Peter Obresa eut beau conclure que ses joueurs avaient tout donné mais que cela n'avait pas suffi, ce n'est pas le genre de phrase qui allait amadouer l'omnipotent président Hans-Bernd Koal, qui avait décrété qu'il voulait la DEL ou rien. La glorieuse incertitude du sport, celle qui conduisit à une élimination aux tirs au but à la dernière manche des demi-finales contre Landshut, très peu pour lui. Après avoir entretenu l'espoir, il a brutalement décidé que l'aventure était finie. Privé de son mécène, Bad Nauheim repartira en Regionalliga, et tant pis pour les deux mille supporters de moyenne. Encore un exemple de plus de la vacuité des clubs dont les structures de pouvoir et de financement sont centrées autour d'une seule personne.

 

Quatrième : Bietigheim-Bissingen. Devant l'inconstance de son équipe, l'entraîneur Daniel Naud a répété qu'il cherchait surtout à l'amener en forme au moment des playoffs. Mais en terminant seulement sixième de la saison régulière, le tableau final est forcément plus difficile. Et le SCBB s'en est rendu compte en étant éliminé au cinquième match en demi-finale chez l'autre favori pour la montée Wolfsburg. Une défaite qui s'est jouée à un rien, un mauvais but encaissé en prolongation par le gardien Scott Fankhouser, qui avait pourtant fini par s'imposer pour de bon comme titulaire face à l'international croate Sinisa Martinovic. Encore une fois, Bietigheim-Bissingen s'est surtout appuyé sur une très forte première ligne. Craig Teeple et Andrej Kovalev ont survolé le classement des marqueurs, et le troisième homme Darren Ritchie s'est, comme l'an passé, blessé au plus mauvais moment, en demi-finale.

 

Cinquième : Straubing. Bien qu'abritant le siège de l'hebdomadaire spécialisé Eishockey News, Straubing ne s'est jamais fait un grand nom dans le hockey sur glace. Ce club vient pourtant de réaliser la meilleure saison de son histoire. L'équipe entraînée par Kevin Gaudet, qui forme de nombreux jeunes au plus haut niveau, a ainsi enregistré la plus forte hausse dans un contexte général de montée des affluences. Près de deux mille cinq cents spectateurs ont ainsi assisté à une saison régulière terminée à une belle troisième place. Mais le gardien Mika Pietilä, dont on attendait mieux vu ses références, a été montré du doigt, et son remplaçant Christian Rohde, récupéré à Hanovre pour la fin de saison, n'a pas fait mieux. Du coup, les playoffs ont tourné court, avec une élimination en trois manches sèches par Bietigheim-Bissingen.

 

Sixième : Duisburg. Dieter Hegen a réussi sa deuxième saison comme entraîneur. Il a mené son équipe à une qualification en play-offs grâce à système défensif solide, symbolisé par le très sûr capitaine Torsten Kienass. Cerise sur le gâteau, l'arrivée d'un autre joueur d'expérience, Thomas Brandl. Le triple champion d'Allemagne avait pris sa retraite à Krefeld mi-novembre, lassé des blessures à répétition. Mais il s'est engagé quelques jours plus tard pour jouer pour "Didi", son ex-coéquipier à Cologne et en sélection. Malheureusement, même à un niveau inférieur, les blessures ne l'ont pas lâché. L'EVD a profité de la saison pour assainir ses finances en misant sur trois gardiens allemands, un fixe, Christian Baader, et deux pigistes, Dmitrij Kotschnew et Markus Janka, prêtés par Iserlohn et Krefeld avec une "Förderlizenz", contrat espoir qui permet à un jeune joueur de pouvoir jouer alternativement en DEL et dans son antichambre pour avoir plus de temps de jeu. Duisburg a usé mais aussi abusé de ce principe en se faisant céder juste avant les playoffs quatre titulaires indiscutables de DEL (Jonas Lanier et Adrian Grygiel de Krefeld, Roland Verwey et Christian Hommel d'Iserlohn). Cette façon de détourner le système a choqué tous ses adversaires, qui n'ont pas caché leur satisfaction de voir la morale sauve lorsque les responsables de cette escroquerie ont été éliminés d'entrée par Landshut.

 

Septième : Regensburg. Il est des noms qui valent à eux tout seuls des entrées dans le monde du hockey sur glace. Avoir comme entraîneur le "joueur allemand du siècle" Erich Kühnhackl est ainsi une garantie que les jeunes joueurs allemands pourront se développer en toute confiance, et cela assure une bonne profondeur d'effectif. Avoir comme manager l'ex-international tchèque Jirí Lala permet de bénéficier de ses bonnes relations dans le monde du hockey. Il y a deux ans, il a ainsi contacté un de ses ex-coéquipiers à Ayr en Écosse, Mark Woolf, qui était alors un peu oublié dans une ligue mineure américaine de second rang, la WCHL, dont il avait été élu meilleur joueur. Le seul qui aurait pu lui contester ce titre était le meilleur marqueur de cette ligue, son propre coéquipier Jason Spoltore, qui l'a justement accompagné en Allemagne. Le buteur canadien et le distributeur américain qui excelle dans les mises au jeu font depuis le bonheur de Regensburg. Ajoutez-y le meilleur défenseur du championnat, Martin Ancicka, le capitaine tchèque formé à Kladno, et cela donne une palette d'étrangers qui n'a pas besoin d'être retouchée. Il y a eu une seule recrue dans ce domaine, le gardien Mark Cavallin, vite adopté. Avec une équipe très stable, l'EVR a atteint les playoffs pour sa troisième saison à ce niveau, devant un public de plus en plus nombreux qui a même dépassé la barre des 3000.

 

Huitième : Schwenningen. Le hockey n'est pas mort dans la ville de Forêt-Noire, même s'il a quitté l'élite après vingt-deux ans. Pour s'en convaincre, ils étaient mille au premier entraînement. Les dirigeants espéraient deux mille spectateurs de moyenne, ils ont été trois mille, presque autant qu'en DEL, avec beaucoup de gamins qui ont remplacé un public vieillissant. Il n'y a donc pas uniquement la nostalgie, symbolisée par les deux titularisations en fin de saison du gardien de 45 ans Matthias Hoppe, légende locale dont le maillot fait partie de ceux qui trônent sous le toit de la patinoire. Il y a aussi l'avenir, assuré par les débuts comme entraîneur du fidèle Mike Bullard, passionné de hockey qui a transmis sa hargne à son équipe.

 

Neuvième : Weiden. Ces dernières années, les promus faisaient des irruptions fulgurantes en deuxième Bundesliga. Mais cette saison a marqué une rupture. La hiérarchie de la division a été parfaitement respectée et les favoris se sont retrouvés devant. Quant au promu Weiden, il a connu une adaptation difficile à ce niveau, avec seulement deux victoires (une en prolongation et une aux tirs au but) lors de ses vingt premières sorties. Mais les supporters sont restés fidèles et l'équipe n'a jamais baissé les bras. Même lanterne rouge, elle savait que les compteurs étaient remis à zéro en poule de maintien. Et elle a profité de ce règlement comme personne. Avec six victoires en huit matches, Weiden a assuré son maintien à ce niveau, avec de faibles moyens mais avec beaucoup de cœur.

 

Dixième : Crimmitschau. Si les influences naturelles en Saxe viennent plutôt des voisins tchèques, l'ETC a dérogé en confiant à un entraîneur canadien, Manfred Wolf, la tâche de le ramener dans une spirale positive. Mais "Mannix" a été licencié avec un bilan catastrophique de cinq victoires pour quatorze défaites. Son successeur Jiri Ehrensperger, le Tchèque qui avait fait monter Regensburg en deuxième Bundesliga, a nettement redressé la barre, même si le retard était trop grand pour espérer atteindre les playoffs. Du coup, après deux années d'érosion, Crimmitschau peut compter à nouveau sur une hausse des affluences. En attirant 6200 personnes contre Schwenningen, avec la complicité des supporters visiteurs venus par un train spécial, le club a même établi un nouveau record pour la division.

 

Onzième : Kaufbeuren. Pour sa deuxième saison à ce niveau, l'ESVK avait décidé de chercher des gros poissons. Pour le meilleur joueur et meilleur marqueur de l'ECHL, Buddy Smith, cela a relativement fonctionné, puisqu'il a au moins été le meilleur marqueur de son équipe devant le vieux Ervin Masek. Par contre, Mikael Gerdén, second gardien à Färjestad, a été une grande déception et a été finalement licencié. L'explication de cet échec est peut-être qu'il a dû passer d'une équipe très au point tactiquement à une défense souvent à la rue, où les départs vers la DEL des joueurs formés au club Alexander Sulzer et Daniel Rau n'ont pu être compensés. Cela a donné de pitoyables désastres comme ce 1-14 à Bietigheim ou ces huit buts encaissés en dix minutes à domicile contre Weiden, autant d'évènements qui ont précipité la chute de Sergueï Svetlov, après cinq ans comme entraîneur. Son successeur Fabian Dalhem a ramené un peu de discipline, et le maintien a vite été assuré en poule de relégation. Ouf.

 

Douzième : Bad Tölz. Avant-dernier de la saison régulière, l'ECT termine à la même place finale, mais sans avoir été inquiété en poule de maintien. Promis à la descente, il peut donc être satisfait de sa saison. Hormis les six étrangers réglementaires, tous canadiens, tous les joueurs ont en effet été formés au club. Qui plus est, il a vu la construction d'une nouvelle patinoire porteuse d'espoir, même si son ouverture a été retardée d'un mois. Pendant ce laps de temps, l'équipe a même fait mine de ne plus vouloir quitter son vieux hangar, en y signant quatre victoires d'affilée après n'y avoir plus gagné depuis deux mois. Le président Franz Demmel peut partir avec la satisfaction du devoir accompli, il a mis le club sur de bons rails et lui a donné des bases solides.

 

Treizième : Heilbronn. Triste fin de carrière pour Mike Rosati. Le gardien italo-canadien, arrivé avec des sponsors du partenaire Mannheim qui l'avait gentiment poussé dehors, s'est embarqué dans une belle galère pour sa dernière saison. Un vrai désastre sportif et financier pour l'ex-favori. Le club présidé par Claus Böhm s'est permis de recruter comme joker Tim Regan, laissé libre par la faillite de Riessersee, sans avoir les moyens de le payer, et lorsqu'il s'en est rendu compte, il a demandé à rompre son contrat et fui cette folle Allemagne en direction du Danemark. Les salaires de janvier ont finalement été réglés avec des semaines de retard, mais Bob Burns, l'entraîneur à grande gueule recruté à la place de Jamie Bartman après sept défaites, est reparti le lendemain du jour de paie au Canada. L'entraîneur des juniors Gerd Wittmann est alors devenu malgré lui commandant d'un navire déjà en déroute. Après avoir raté les play-offs, c'est seulement avec quatre étrangers, à cause de la grave maladie de l'ex-international biélorusse Viktor Karachun, que le HEC aborda la poule de relégation. Il y perdit ses huit matches, et les joueurs depuis longtemps désabusés poursuivirent en justice le club qui n'avait toujours pas versé les salaires de février. À ce moment, la descente était déjà consommée. Direction l'Oberliga, moins de deux ans après l'ouverture de la nouvelle patinoire supposée annonciatrice de grandes ambitions. Un immense gâchis.

 

Forfait : Riessersee. Bien que leur gestion ait été dénoncée depuis longtemps par la presse et les supporters (qui organisèrent même un cortège funèbre dans les rues de Garmisch-Partenkirchen en l'honneur du club défunt, humour noir malheureusement prémonitoire), le duo de dirigeants Ludwig Nominikat et Jochen Kress persista dans un déni pathétique. Le second en rajoutait même à force de grandes phrases creuses, expliquant qu'il n'organisait plus des matches de hockey mais des shows, ou mieux encore, qu'il organiserait bientôt une Coupe d'Europe à Garmisch, à laquelle Riessersee se qualifierait par le biais de la coupe. La promesse d'un investisseur canadien ne servit que de poudre aux yeux, les comptes présentés à la commission de contrôle pour obtenir le droit d'engagement avaient été truqués. Quelques semaines avant de disparaître, le SCR avait encore engagé comme si de rien n'était Christoph Sandner pour une rémunération mensuelle brute de vingt-deux mille euros, alors qu'il n'avait toujours versé qu'un mois de salaire aux autres joueurs. Dès décembre, la licence du SCR fut retirée, et la saison s'arrêtait alors que l'équipe était dans le groupe de tête du championnat et qualifiée pour une demi-finale de coupe contre Kassel, où elle dut déclarer forfait. Un immense gâchis (bis). Le journaliste Ralph Bader, qui avait eu l'occasion de dénoncer les mille et une affabulations du duo Kress-Nominikat dans la presse et à la radio, se mit alors à construire une opération de sauvetage, qui aboutissait in extremis, après une première décision judiciaire contraire, à un plan de redressement et à une participation à l'Oberliga l'an prochain.

Marc Branchu

 

 

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