Bilan de la division 1 française
Résultats du championnat de France 2003/04 de division 1
Citation
"Il est navrant de voir nos campagnards doués d'un esprit aussi obtus et égoïste."
Louis Magnus, en 1908, à propos des propriétaires qui faisaient monter les prix ou refusaient de vendre leurs terrains, nécessaires à l'extension de la nouvelle patinoire de Chamonix
C'est une légende que l'on pourra raconter longtemps dans les chaumières de Haute-Savoie... Il était une fois deux géants, deux cousins irrémédiablement opposés, l'un chamois et l'autre... siamois, qui passaient leur temps à se tirer dans les pattes et à essayer de faire tomber l'autre. Un jour, un troisième cousin bien plus discret, qui avait préféré prendre du recul par rapport aux dîners de famille, où il était dédaigné et devait se contenter des restes, profita de leurs querelles pour les terrasser tous les deux et se préparer un sympathique gueuleton. Déjà au sol, les deux géants irrécupérables continuèrent à se chamailler pour savoir qui aurait droit à la plus grosse part d'un gâteau qui avait déjà été mangé depuis longtemps par les autres convives. L'unique défaut de cette "belle histoire" est que la réussite de Morzine a presque été éclipsée par "l'affaire Mont-Blanc".
Revenons à l'origine, c'est-à-dire à la réunion improbable entre Saint-Gervais et Megève, des clubs de deux villes antagonistes, qui se sont même affrontées sur le terrain judiciaire (contentieux sur les revenus des remontées mécaniques du domaine skiable). Cela dans une région attachée plus que toute autre à l'esprit de clocher, à un degré qui frise parfois le ridicule. Ceci dit, il ne faut pas oublier non plus que c'est cet esprit de clocher - quand il s'exprime uniquement dans une saine rivalité ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas - qui a grandement contribué à la passion qui a entouré le hockey sur glace haut-savoyard. On en a encore vu des traces cette saison dans des derbys qui ont enflammé tout le département.
Michel Ambal, ancien DTN de la fédération française de vol libre "parachuté" à la tête de la section hockey sur glace du CS Megève alors que lui-même avouait ne pas connaître grand-chose à ce sport, a été le principal instigateur de ce second projet d'association "Mont-Blanc". Celle-ci peut offrir une vitrine à son club par ailleurs en perte de vitesse, dont les effectifs s'érodent sans cesse (son équipe poussins a déclaré forfait cette saison). Mais depuis qu'ils se sont "entendus", non sans mal, Saint-Gervais et Megève ne cessent de lorgner du côté de Chamonix et de sa confortable subvention municipale. Ils tentent à tout prix de rallier à leur cause le club trente fois champion de France qui n'est pas du tout intéressé par cette cohabitation impossible. Son président Michel Bibollet en particulier s'oppose farouchement à ce que Chamonix cède à ces pressions.
Du coup, l'antagonisme entre les deux Michel n'a cessé de croître, un antagonisme évidemment assaisonné à la sauce Clochemerle qui fait le charme de "la Hiaute". C'est dans le cadre du tournoi du Mont-Blanc, co-organisé par six clubs du département, que les invectives prennent la tournure la plus tragi-comique. Exemple de ces gamineries, les gens de Chamonix ont été tenus à l'écart lors de la cérémonie de remise des prix du tournoi, à laquelle chacun des clubs est censé participer d'habitude.
C'est dans ce contexte qu'il faut replacer la non-conformité de l'association Mont-Blanc. Si l'entorse au règlement avait échappé à la fédération, en Haute-Savoie par contre, tout le monde était au courant ! Tout le "milieu" savait que l'association entre Saint-Gervais et Megève était illégale et que l'affaire pouvait éclater à tout moment. On se regardait donc en chiens de faïence, comme toujours, mais on ne disait rien publiquement, et le "secret" de la vallée n'était pas communiqué aux "étrangers"...
Jusqu'au jour où le Mont-Blanc décide d'aligner comme "joker médical", à la place d'un jeune attaquant blessé au ski, un défenseur international qui débarque le jour même du derby contre Chamonix sans trop savoir où il met les pieds. Car c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase et inonde la vallée d'une polémique qui n'est pas prête de s'éteindre... Les dirigeants chamoniards, outrés par le procédé, répliquent en révélant les vices de forme de l'association, ce qui menace rétroactivement de remettre en cause tous les résultats de Mont-Blanc, et donc l'intégralité du championnat. La FFSG tente de sauver ce qui peut encore l'être sans mettre de l'huile sur le feu en suspendant avec effet immédiat la participation des joueurs incriminés. Les hockeyeurs prêtés par Grenoble, frustrés et dépités, suivent donc depuis les tribunes le dernier match de Mont-Blanc, qui perd contre l'invaincu Morzine et rate l'accession aux barrages de promotion. La colère locale se manifeste encore dans des chicaneries dignes de celles évoquées plus haut, puisque le président (morzinois) de la Ligue des Alpes, Michel Margerit, se voit refuser l'accès à la patinoire pour ce match... sous prétexte que son fils joue chez "l'ennemi juré" Chamonix ! L'esprit de clocher est réactivé pour longtemps encore.
Premier : Morzine. Qualifié de justesse à l'issue de la première phase pendant laquelle il avait été un temps privé de sa patinoire dont le toit risquait de lui tomber sur la tête, le HCM n'avait plus rien à perdre en phase finale. La division 1 a alors succombé aux combinaisons d'un duo suédois très complémentaire, entre les chevauchées de Thomas Lindgren et la régularité et la sobriété de Joakim Stenvall. Le jeune gardien scandinave Johan Bäckö a été lui aussi très solide. Malgré des niveaux plus disparates que ses rivaux entre ses différentes lignes, l'équipe de Stéphane Gros - reconverti comme coach à la suite d'une blessure - a compensé par une force collective irréprochable et une bonne condition physique. Elle a vécu la deuxième partie de saison dans une véritable euphorie, tout le monde prenant un plaisir non feint à s'entraîner et à jouer. Le club se redécouvrait des supporters qui remplissaient les tribunes et faisaient même la leçon aux voisins, par exemple en assurant seuls l'ambiance à l'extérieur dans une patinoire de Chamonix toujours aussi mortifiante.
Deuxième : Strasbourg. L'Étoile Noire a perdu en cours de saison deux des recrues canadiennes. Le défenseur Alexandre Vigneault, déjà absent plusieurs semaines après une blessure à l'épaule, est d'abord contraint de rentrer car l'université de Moncton se refuse à valider ses études commerciales en France à l'ICES. L'attaquant Simon Laliberté envoie ensuite un certificat médical qui fait état d'une commotion cérébrale subie dans une partie avec des amis au Canada, ce qui justifie qu'il ne puisse pas rentrer en France après la trêve. Une excuse qui se révèle mensongère quelques jours plus tard lorsqu'on apprend qu'il a repris le hockey dans le championnat semi-pro québécois. Dindon de la farce, le CSG Strasbourg a donc perdu le centre de sa première ligne, celle qui avait fait exploser les compteurs en première phase. Les deux ailiers, le puissant Peter Himler et le rapide et teigneux Daniel Sevcik, se sont retrouvés orphelins, d'autant que la guigne a frappé le premier remplaçant placé à leurs côtés, Éric Medeiros, de nouveau blessé. Les raisons non médicales ne permettant pas d'engager de jokers, un seul a pu finalement rejoindre Strasbourg, le défenseur slovaque Pavol Mihalik, pour succéder à Lacaes dont la saison s'était prématurément terminée. Il a donc été frustrant de s'incliner en barrages de promotion face à Dunkerque qui avait pu exploiter plus largement cette règle.
Troisième : Mont-Blanc. Vous me pardonnerez d'employer cette dénomination usuelle qui n'a pas d'existence légale. En effet, le nom "Mont-Blanc" n'est pas officiel, et a donc disparu du site officiel de la FFSG au profit de la mention "Saint-Gervais/Megève", là aussi en plein de milieu de la saison... mais quelques semaines avant "l'affaire". Au sein de cette association, Saint-Gervais est en effet le club support, celui que l'équipe de D1 représente en réalité, et Megève le club associé. Or, celui-ci a contribué à l'effectif de l'association non seulement par ses propres forces, mais aussi par des joueurs qu'il s'est fait prêter par Grenoble (Marc Billiéras, Arnaud Goetz et Bastien Sangiorgio), ce qui est expressément interdit par le règlement, destiné à éviter que les associations servent à créer un club artificiellement renforcé. Il a fallu la réclamation de Chamonix pour se rendre compte du problème, avec les conséquences que l'on sait. Ce fut le point d'orgue d'une politique assez chaotique. En janvier, après avoir viré le défenseur slovaque à peine revenu de blessure Igor Griger, le club a communiqué sur son équipe 100% française... avant de s'empresser d'engager des jokers étrangers dès que la possibilité s'en est présentée. Pas très cohérent.
Quatrième : Chamonix. À force de se focaliser sur leur rivalité avec Mont-Blanc, qui était censé être le duel au sommet de la D1, les Chamoniards en ont oublié qu'il y avait d'autres équipes, et particulièrement Morzine, qui a pris un certain plaisir à se rappeler au bon souvenir de Pierre Pousse et de ses hommes. Du coup, l'ambition affichée de "monter sportivement" attendra encore un peu, alors que le dernier titre du club date maintenant d'un quart de siècle. Les Chamois ont pourtant sans doute l'effectif globalement le plus talentueux, mais ses joueurs doués techniquement sont soit absents dans les matches importants (Svenk) soit trop peu efficaces devant le but (Margerit). C'est le problème d'une équipe qui compte beaucoup d'éléments capables de distiller de bonnes passes, mais peu de buteurs capables de mettre le palet au fond, dans la mesure où Pousse et Beaule, tout désignés pour ce rôle, ne sont plus tout jeunes.
Cinquième : Caen. Il y a deux façons de considérer l'équipe de Caen. On peut s'extasier devant ses quatorze joueurs formés au club, dont le cadet Damien Fleury auteur de débuts remarqués en seconde phase avec cinq buts en onze rencontres, et devant sa moyenne d'âge de vingt-deux ans. Et puis on peut regarder la moyenne pondérée... par le temps de glace respectif des jeunes et des anciens, évidemment en faveur des seconds. Dès lors, on comprend qu'il y ait assez peu de vitesse dans le jeu des Drakkars, la touche de technique slovaque de Tomaš Kaspar n'étant malheureusement que trop rare compte tenu de sa fragilité. Caen pratique un hockey costaud et dur à l'image de son entraîneur-joueur Rodolphe Garnier, qui accumule les fautes d'antijeu (trente-huit prisons de deux minutes, record de la division) et déteint parfois sur son équipe, en plus de la pénaliser.
Sixième : Neuilly-sur-Marne. Pas faciles à jouer sur leur petite patinoire, les Nocéens ont naturellement développé un jeu simple, plutôt pauvre en combinaisons. Mais ils sont trop brouillons dans leurs transitions en zone neutre pour vraiment prétendre au statut d'équipe de contre, et ils prennent trop peu de tirs en supériorité numérique où ils sont relativement inefficaces. Leurs qualités se trouvent ailleurs, dans leur implication physique et leur état d'esprit volontaire. Leur entraîneur Jérôme Pourtanel a défini sa formation comme une équipe de "caractériels", la trouvant à son image et excitante à gérer même si ce n'est pas toujours simple. Mais la hargne peut être parfois mauvaise conseillère. Bien que ce ne soit pas aussi flagrant de visu qu'il y a quelques années, les statistiques, paraît-il, ne mentent pas. Or, Neuilly-sur-Marne, avec le rude Kurilovsky ou la pile électrique Litim pour remplacer des partants comme Pasquereau, se retrouve de nouveau l'équipe la plus sanctionnée du championnat.
Septième : Limoges. Le HCL a eu cette saison le malheur de perdre son président Raymond Paredes, victime d'un cancer. Dans les semaines qui ont suivi sa maladie et son décès, le club était virtuellement sans direction, car c'est lui qui le tenait à bout de bras et s'occupait de tout. Les décisions se sont alors prises au coup par coup, sans cap précis, avant que son fils Jonathan Paredes ne prenne les commandes pour assurer la transition en fin de saison et amener jusqu'à l'escale un club rudement secoué. Il n'a pas été facile pour l'équipe de gérer ce contexte qui l'a beaucoup marquée émotionnellement. Après un début de saison tonitruant, la qualification n'a été acquise que de justesse et il n'a pas été aisé de résister sur tous les plans avec un effectif aussi réduit. De plus, si Miroslav Kecka a été le renfort attendu par sa technique, il a en revanche eu du mal à assumer son rôle nouveau et parallèle d'entraîneur de l'équipe senior, lui qui ne s'occupait que de petites catégories à Clermont-Ferrand.
Huitième : Amnéville. Jouer à deux lignes est extrêmement usant, mais le MAHC en a tellement l'habitude qu'il a développé sa condition physique en conséquence. Il n'empêche que le sort de l'équipe, évidemment contrainte à un jeu de contre-attaques, repose toujours sur de rares épaules. Par exemple celles du buteur biélorusse Aleksandr Churabaïev, dont la mise à l'écart par Épinal en novembre a été une bénédiction pour le voisin lorrain. Très sollicités aussi, les gardiens, l'expérimenté Ivan Bock et le jeune Cédric Dietrich. Celui-ci est vraiment la grande attraction du hockey mosellan. Il est d'ailleurs le produit des deux clubs du département, puisqu'il a débuté à Metz avant de poursuivre sa formation à Amnéville. C'est à quinze ans, confronté au départ de ses parents en Afrique, qu'il a fait le choix du hockey sur glace en intégrant la section sport-études de Rouen. On lui y avait déjà promis la place de Macrez, mais la prolongation de la catégorie junior rebaptisée espoir avait changé les plans en sa défaveur. Il avait alors failli atterrir à Nice avant que l'équipe azuréenne ne soit renvoyée en D3, et a finalement choisi de revenir aider son club. Ce ne sera que pour une saison, car il est toujours aussi convoité, mais il est sans doute intéressant pour sa progression d'avoir pu engranger de l'expérience en jouant en D1.
Neuvième : Avignon. Progresser lentement mais sûrement, c'est ce que fait chaque année l'OHCA, dont la cohérence et la stabilité inspirent peu à peu confiance aussi bien aux collectivités locales qu'au public qui commence à se former, avec cinq cents spectateurs de moyenne. La politique du club s'inscrit sur du long terme, et la qualification en poule finale n'était pas une urgence. Elle a pourtant failli survenir, il s'en est fallu d'un poil... de règlement. Tout remonte au premier match du championnat contre Garges-lès-Gonesse, qui aligne un joueur dont la licence fait défaut, Damien Ilszyczyn. La question n'est pas de savoir si ce cadet surclassé, qui a été aligné aux côtés du duo Sikl-Skokan et a enregistré une mention d'assistance, a influé ou non sur le résultat du match (4-4). Le règlement étant ce qu'il est, Garges a eu match perdu par forfait un peu plus tard, et Avignon a donc empoché deux points au lieu d'un. Mais, justement, le règlement est-il ce qu'il est ? Il aura fallu plusieurs semaines pour que quelqu'un ait l'idée de l'ouvrir et de mettre le doigt dessus... pour découvrir que l'adversaire du club fautif n'est pas censé être avantagé et récupérer des points. Contre-ordre et soudaine modification des classements sur le site internet de la FFSG, de même que pour deux matches espoirs également dans le même cas. On aborde la dernière ligne droite pour la qualification quand Avignon se voit donc retirer un point qui lui avait été comptabilisé jusqu'ici sur toutes les publications de la fédération. Et c'est justement ce point qui manque en fin de compte aux Castors pour rattraper le quatrième Limoges, qu'ils avaient battu deux fois. Un point dont on ne se serait pas senti frustré si on ne l'avait pas cru acquis pendant si longtemps. Cette histoire illustre malheureusement une fois de plus le flou ridicule qui entoure des règlements que personne ne connaît vraiment à la FFSG, car ils n'ont pas été suffisamment débattus pour chacun en ait appréhendé les nuances. Les Avignonnais se sont consolés en remportant la poule de maintien.
Dixième : Lyon. Avec ses invitations à découper dans le journal local ou offertes dans les fast-foods, Lyon continue à garnir de manière remarquable la patinoire Charlemagne qui évite ainsi de paraître surdimensionnée. L'ambiance résultante, très appréciée des hockeyeurs des Lions qui se réjouissent de jouer devant une galerie non négligeable, met la pression aussi bien sur les joueurs visiteurs que sur les arbitres, pas habitués à de tels publics en D1. Revers de la médaille, ces billets distribués au petit bonheur attirent aussi des gens au comportement déplacé qui n'ont rien à faire dans une patinoire, et qui seraient sûrement capables de citer moins de joueurs de l'équipe que... le professeur Bernard Moyen. Le chirurgien orthopédiste lyonnais, reconnu en médecine du sport et spécialiste du genou, a opéré celui de Pohanka quelques semaines après ceux de Berthet et Corbeil. Un peu trop pour viser la poule finale dès cette année.
Onzième : Garges-lès-Gonesse. Quant à choisir un buteur, autant écouter l'avis de celui qui sera chargé en premier chef de l'alimenter en palets. Jaroslav Sikl ne s'était pas trompé en attirant l'attention de ses dirigeants sur Aleš Skokan, la bonne trouvaille côtoyée en stage d'avant-saison. La production offensive n'a donc posé aucun souci, surtout avec en soutien les montées dynamiques du défenseur offensif Petr Jaros, toujours capable du meilleur comme du pire. Par contre, la défense a très souvent pris l'eau. Pour rééquilibrer l'équipe, on a assez vite remplacé le décevant attaquant canadien Jason Hinton par un compatriote défenseur, Benoît Gagnon, mais il avait tout aussi peu le niveau. Néanmoins, les individualités tchèques ont suffisamment fait la différence pour accrocher une médaille de bronze certes symbolique dans la poule de maintien, mais qui restera d'autant un bon souvenir qu'elle a été remise par le nouvel ami du club, le joueur de NHL Aleš Kotalik, lors d'un tournoi de gala organisé en fin de saison.
Douzième : Le Vésinet. Dans l'anonymat de Colombes, bien nommé lieu de paix et de tranquillité, les Anges ont passé une saison calme, moins notable que la précédente et presque trop moyenne pour être honnête. D'ailleurs, leur auréole a été ternie par une affaire moyenne dans les zones moyennes du classement d'une poule de maintien au niveau justement bien moyen. C'était la onzième journée, celle qui a été placée en semaine à la grande colère des clubs de D1 qui se demandent quelle mouche a piqué la fédération pour imposer de telles dates à des joueurs qui travaillent. Le Vésinet affronte Cergy dans la patinoire refaite de Boulogne-Billancourt, mais ce lieu d'accueil original pour l'occasion révèle un vice caché. À dix minutes de la fin, alors que les visiteurs mènent 4-0, la porte d'une balustrade se casse. Il n'est pas prudent de continuer dans ces conditions, et on aurait pu en rester là sans que personne n'aurait trouvé à y redire, mais le match est donné à rejouer... dès la semaine suivante. Indignation à Cergy, où l'on ne se voit pas imposer aux joueurs une seconde obligation de se libérer au beau milieu de la semaine. La fédération reste intransigeante, et l'on soupçonne alors un favoritisme envers les angelots du président Marc Bigand par rapport aux vilains renégats val-d'oisiens qui soutiennent l'AAHF et n'ont pas le droit d'entrée au Jardin d'Eden fédéral. Soyons optimistes cela comme un dernier soubresaut de l'ancien système de copinages et de suspicions. Les deux points de la victoire par forfait ont permis au Vésinet de gagner deux places au classement, devant Courbevoie et Cergy.
Treizième : Courbevoie. Le COC utilise depuis plusieurs saisons un même agent de confiance pour son recrutement étranger, mais cela fait deux saisons que celui-ci est raté, avec comme conséquence un début de saison loupé et des espoirs de qualification vite déçus. Le lourd gabarit de Björn Albin, le lent Suédois passé par Brest, est licencié après être arrivé plusieurs fois à l'entraînement en état d'ébriété avancé, de même que son collège défenseur Jani Keskinen. Quant à la troisième recrue nordique, l'autre Finlandais Jani Kivakka, il repart au même moment, pas passionné par le niveau de la D1 et ayant la nostalgie de son pays. Ce n'est qu'alors que Courbevoie recrute les deux Tchèques Zdenko Sarnovsky et Rastislav Blahut qui donneront satisfaction. Le COC aligne trois bonnes lignes, ce qui devrait être un minimum en D1 pour la crédibilité de ce championnat mais ne l'est malheureusement pas partout. Toutefois, il lui a manqué un vrai buteur décisif pour conclure.
Quatorzième : Cergy. Les Jokers ont créé l'évènement en alignant pour la première fois une hockeyeuse féminine dans un championnat national. Ce n'était pas une opération marketing ponctuelle, mais la conséquence d'une décision prise en amont, l'intégration de certaines féminines aux entraînements de l'équipe masculine. En manque d'adversité dans un championnat de France où elles n'ont pas de rivales à leur niveau, les joueuses de Cergy avaient ainsi un nouveau challenge pour progresser. La suite logique était la première apparition en match. Cela pourrait pu arriver à Deborah Israelewicz, mais elle s'est cassée la cheville en décembre et était plâtrée quand a commencé la poule de maintien. C'est donc à sa collègue Christine Duchamp que sont revenus les honneurs de la "première". Elle a ainsi pu être un porte-voix pour adoucir l'image que le grand public se fait du hockey sur glace, que ce soit sur les ondes de RMC ou dans l'émission de Laurent Ruquier à l'antenne de France 2. Mais Cergy, ce n'est pas uniquement le hockey féminin, même si c'est lui qui a fait la renommée du club. Avec ses dix buts cette saison en division 1, le tout jeune Mickaël Mahaut a prouvé que la formation est aussi intéressante chez les garçons. Cependant, l'équipe espoir élite, au sein de laquelle il s'est également mis largement en évidence, n'existera plus. Le club a décidé de la remplacer par une équipe de D3. De quoi rendre dubitatif a posteriori sur l'extension de la catégorie d'âge junior/espoir, qui n'a visiblement pas l'intérêt escompté si certains préfèrent engager une réserve.
Quinzième : Valence. Lorsque les moyens, aussi bien financiers que matériels, viennent à manquer, lorsque le capitaine puis l'entraîneur jettent l'éponge après quelques semaines de championnat, que peut-on encore espérer ? Surtout quand des joueurs qui ne sont déjà pas des foudres de guerre se retrouvent ainsi abandonnés avec leur désespérante inefficacité. Quarante-six buts inscrits en vingt-huit matches, tel est le désastreux bilan de cette saison. Une indigence offensive qui s'est exprimée plus qu'à tout autre moment en jeu de puissance. Valence est à la fois l'équipe qui a passé le plus de temps en supériorité... et celle qui a marqué le moins de buts dans cette configuration. Tout en donnant l'impression constante d'une totale impuissance en attaque, les Lynx n'ont pourtant jamais lâché le morceau. Ils ont continué à jouer malgré leur détresse offensive et ne se sont pas résignés. Après dix-sept défaites consécutives, ils ont ainsi marqué lors de leurs six dernières sorties les quatre points suffisant à leur maintien, dont leur unique victoire, face à Asnières à l'avant-dernière journée. Une récompense pour leur persévérance
Seizième : Asnières. Déjà controversé lors de son passage à Cergy il y a quelques années, l'entraîneur canadien Alan Jacob n'a pas convaincu non plus les joueurs d'Asnières. Tentant d'imposer son système de jeu opaque sans l'adapter à ses interlocuteurs, il a réussi le tour de force de pousser deux joueurs à jeter l'éponge, David Machon et Jean-Marie Chevalier, qui sont ensuite revenus jouer après le licenciement de Jacob fin février. L'éternel buteur Peter Zambori a alors pris lui-même la direction de l'équipe dont il est le leader naturel et lui a fait partager ses intentions offensives. Cela a suffi pour réveiller des Castors qui évoluaient jusqu'ici en dessous de leur potentiel. Ils n'ont pas su se mettre à l'abri, mais ils ont finalement obtenu leur maintien en dominant une décevante équipe de Toulouse lors du barrage de promotion/relégation.
Marc Branchu