Elitserien : bilan de la saison 2004/05

 

Résultats du championnat suédois

 

Avant même que la saison ne commence, tout le monde partageait plus ou moins la même analyse sur les effets secondaires du lock-out en NHL sur l'Elitserien suédoise. Ce serait positif à court terme, mais attention au retour de bâton sur le long terme. Comme prévu, la vitrine a été belle, et elle a eu droit à une exposition inédite avec des matches retransmis à la télévision canadienne. Les affluences étaient déjà à la hausse depuis cinq ans, et la tendance n'a fait que s'accroître... mais reste à savoir si le contrecoup ne risque pas plus grand que le bénéfice l'an prochain car le public ne verra plus les stars auquel il a eu le temps de s'habituer. Il ne suffit pas d'identifier par avance les conséquences néfastes pour les éviter. Les clubs ont tous eu recours à une main d'œuvre NHL de plus en plus importante, et aucun entraîneur n'a pu empêcher les jeunes joueurs d'être les victimes de l'affaire. L'élection du meilleur espoir a illustré le problème, puisqu'Oscar Steen a été élu... alors qu'il n'a joué que huit matches de saison régulière !

Il est aussi intéressant de savoir ce que les joueurs arrivés ou revenus d'Amérique du nord ont pensé de leur passage en Suède. De prime abord, ils ont été plutôt impressionnés, car ils ont trouvé que la qualité technique moyenne des joueurs supérieure à ce qui se rencontrait en NHL. Par contre, ils ont tous fini par déplorer que des obstructions et des petites fautes systématiques en zone neutre nuisent à la fluidité du jeu. C'est sur ce domaine que la Suède doit travailler, en donnant des consignes aux arbitres pour que les talents puissent s'exprimer.

 

Premier : Frölunda. Alors que tous ses concurrents se sont lancés dans une surenchère d'acquisitions en cours de saison, le club de Göteborg est resté bien paisible et n'a pris qu'un seul joker, Daniel Alfredsson, comme cela avait été déjà prévu dès le début de la saison. S'il n'était pas venu plus tôt, c'est juste parce qu'il fait partie du comité de direction du syndicat des joueurs de NHL, forcément très occupé (à perdre sa partie de poker menteur) pendant le lock-out, et aussi parce qu'un retour en Suède de moins de six mois le faisait échapper à l'impôt sur la fortune. Plus fort encore : pendant que les autres clubs se plaignaient de chercher en vain un super-renfort défensif, Frölunda se permettait carrément d'en snober un de grande qualité, l'international canadien Wade Redden. Celui-ci avait déjà commandé son billet d'avion pour rejoindre Alfredsson, son ami des Ottawa Senators, et ne s'attendait pas à ce que le club décline sa proposition en expliquant avoir assez de défenseurs, avec ses deux internationaux suédois (Ronnie Sundin et Christian Bäckman) et ses quatre Finlandais. Pendant l'été, Frölunda avait aussi refusé la candidature de Huselius, s'estimant bien pourvu en attaque. A posteriori, cela leur a évité bien des ennuis...

Personne n'arrivait à la cheville de Frölunda, très complet partout. En début de saison la ligne Niklas Andersson - Jonas Johnson - Tomi Kallio était dominatrice. Après l'arrivée d'Alfredsson, c'est un trio entièrement NHL qui a pris le relais, avec Samuel Påhlsson et Per-Johan Axelsson, deux joueurs physiques aux grosses responsabilités défensives qui ont su adopter un registre plus offensif à l'occasion des play-offs. La troisième ligne avait pour centre Martin Plüss, le "petit Suisse" qui a illustré son talent dans un championnat de haut niveau avec ses vingt-trois buts en saison régulière. Quant au quatrième bloc Kahnberg-Lundqvist-Tolsa, s'il a subi un sort similaire aux autres espoirs en voyant son temps de jeu se réduire à la portion congrue, il a pu rappeler tout son talent lors de la finale. Et l'on n'a pas encore parlé du phénomène Henrik Lundqvist dans les cages... Ni même du jeu de puissance écœurant pour les adversaires... Vraiment rien n'aurait pu empêcher Frölunda d'être champion cette saison.

 

Deuxième : Färjestad. En début de saison, personne n'aurait cité Frölunda comme ayant l'effectif le plus dense. Ce qualificatif semblait alors mieux convenir à Färjestad. Et il devait sûrement y avoir un fond de vrai pour qu'un joueur aussi doué que Hannes Hyvönen n'arrive même pas à y défendre sa place de titulaire. Il a fini repartir en Finlande où il a été un des meilleurs joueurs de la saison de SM-liiga. Le problème, c'est que cet effectif n'avait pas le même enthousiasme offensif que la jeune équipe de Göteborg. À part l'exception Pelle Prestberg, encore une fois meilleur marqueur du club mais très léger défensivement, c'est une formation plus travailleuse, moins audacieuse tactiquement. Le retour à une certaine "tradition" suédoise, que son coach Bengt-Åke Gustafsson incarne si bien qu'il a été promu sélectionneur national. Il a alors été remplacé avec effet immédiat par Bo "Kulon" Lennartsson, lui-même ancien entraîneur du club. C'est dans les vieilles marmites...

Le FBK avait donc les qualités requises pour réussir en play-offs, d'autant que son choix de jokers (Sheldon Souray et l'inamovible Zdeno Chara en défense, plus le revenant suisse Martin Gerber dans les cages) avait encore renforcé son secteur défensif. Mais à trop insister sur le jeu physique, on dépasse parfois des bornes. Le recordman des pénalités du championnat Emil Kåberg (213 minutes) le sait, lui qui est un spécialiste pour flirter avec l'illicite. Mais en play-offs, les gestes douteux les plus flagrants sont venus d'un international. Peter Nordström a choqué tout le pays avec son cross-check qui a peut-être mis un terme à la carrière en Elitserien de Peter Forsberg, et il a récidivé avec un coup de crosse mal placé sur Sami Salo en finale. C'est ce genre de hockey qui gagne, me direz-vous ? Pas toujours, la preuve, puisque l'Elitserien a eu droit à un beau champion cette saison.

 

Troisième : Djurgården. Le club de Stockholm connaît un inexorable déclin. Alors que le hockey retrouve toute sa popularité en province, la capitale n'a pas le sentiment de vivre ce regain d'intérêt. Pour raviver la flamme, on a rappelé Mariusz Czerkawski, qui a revêtu le n°91, en clin d'œil à l'année où il avait fait ses débuts au Globen. Mais le charme était rompu, et on n'a jamais eu le sentiment de retrouver ce jeune inconnu qui avait explosé autrefois. Les malheurs du meilleur joueur polonais, qui a fini par se blesser à l'épaule en play-offs, ne sont rien à côté de ceux de son homologue norvégien Espen Knutsen. Après une pré-saison prometteuse (neuf buts), il s'est à nouveau ressenti de ses douleurs au cou, souvenirs de la NHL, et il a finalement été contraint de mettre un terme un peu prématuré à sa carrière.

Le lock-out pouvait pourtant paraître une occasion à saisir pour le DIF. Nils Ekman, Marcus Nilson, Daniel Tjärnqvist sont effectivement des joueurs solides. Le défenseur offensif canadien Dan Boyle aussi, jusqu'à sa mauvaise passe qui a offert le palet de but à Magnus Kahnberg au troisième match de la demi-finale dans un Globen dépité. Mais ils étaient un peu les arbres qui cachaient une forêt de plus en plus maigre. Alors, Djurgården a tout misé sur un gardien de haut niveau, vu comme sa seule chance d'accéder au titre, Bjurling étant jugé trop tendre. Après Marty Turco, très bon mais reparti pour raisons personnelles, est venu José Théodore. Mais le miracle n'a pas eu lieu en play-offs, pas face à Frölunda et Lundqvist. Et l'unique club de hockey européen coté en bourse a été obligé d'émettre des actions pour retrouver des fonds, ce qui ne l'a pas dispensé de demander aux joueurs restants de baisser leurs salaires de près d'un quart.

 

Quatrième : Södertälje. Avant la saison, l'entraîneur Timo Lahtinen n'hésitait pas à annoncer que l'espoir de 18 ans Nicklas Bergfors, le meilleur Suédois de la génération 1987, serait la grande révélation de l'Elitserien. Résultat, Bergfors a si peu joué, pour ce qui devait la grande année de ses débuts, qu'il fera ses valises pour le junior majeur canadien l'an prochain, où au moins il pourra jouer. Quant à Lahtinen, il s'est fait virer en décembre après cinq défaites d'affilée qui avaient fait tomber le club à la onzième place. Son adjoint Anders Eldebrink a alors pris sa place, et le meilleur défenseur suédois des années 80 a fait des débuts remarqués comme entraîneur. Il a récupéré à sa nomination le plus mauvais jeu de puissance du championnat, et il en a fait un des meilleurs en abordant les play-offs. C'est qu'il y avait du potentiel dans ce domaine avec des défenseurs offensifs comme Dick Tärnström et même Petri Liimatainen, qui n'a pas encore dit son dernier mot à 35 ans.

Il faut quand même dire à sa décharge que Lahtinen n'avait pas été aidé par le plus gros raté des transferts de l'intersaison, un mauvais choix dû au manager Mats Hallin qui l'a viré. Il s'agit des jumeaux Ferraro, des "stars de ligue mineure" qui avaient une réputation de gros travailleurs et bons pointeurs en AHL. Les Américains devaient donner du poids à l'attaque, mais ils ont été si médiocres qu'on ne savait plus quoi faire d'eux, avant de se résoudre à les virer. Cela laissait deux places disponibles pour des non-Européens, et les joueurs de NHL Kyle Calder et Scott Thornton ont mieux complété l'effectif. Le leader offensif est quand même resté l'étonnant Joakim Eriksson, l'ancien obscur joueur de troisième ligne de Djurgården qui s'impose comme le meilleur marqueur de son équipe depuis deux ans qu'il est revenu dans son club d'origine. Le SSK nouvelle formule, qualifié in extremis à la dernière journée, a ensuite accédé aux demi-finales. Son gardien slovaque Rastislav Stana a su profiter des doutes de Linköping.

 

Cinquième : Linköping. Jusqu'en février, tout se passait pourtant idéalement au LHC. Le gardien Fredrik Norrena restait le meilleur du championnat derrière Lundqvist, sans souffrir le moins du monde de la présence de concurrents venus de NHL. Et surtout, la première ligne composée de Mike Knuble, Brendan Morrison et Kristian Huselius connaissait une saison royale en s'imposant comme la meilleure de l'Elitserien.

Et puis, lors du regroupement de l'équipe nationale de Suède, il y eut cette virée nocturne en discothèque, et cette fille qui se réveilla au matin dans une chambre d'hôtel au milieu de trois joueurs scandinaves de NHL qui lui étaient complètement inconnus... Qu'ils aient commis un crime ou non (la justice abandonnera toute poursuite, car il n'y a aucune preuve que la jeune femme ait été droguée autrement que par l'alcool qu'elle avait déjà absorbé de son plein gré) était secondaire pour la fédération suédoise comme pour le président du LHC, Christer Mård. Celui-ci a mis un terme sans attendre au contrat de ses deux joueurs concernés, Huselius et le défenseur Henrik Tallinder, parce que leur comportement irréfléchi était indigne de sportifs professionnels. "Morale" de l'histoire : en l'absence de leur compagnon de ligne, ni Knuble ni Morrison ne purent marquer le moindre but en quart de finale, et Linköping fut éliminé sans gloire.

 

Sixième : Timrå. Exactement comme avant son départ chez les Detroit Red Wings, Henrik Zetterberg est redevenu l'incontestable maître à jouer de Timrå. Non seulement il a terminé meilleur marqueur de l'Elitserien (grâce il est vrai aux problèmes de Huselius qui survolait le classement avant ses ennuis), mais il a aussi accompli ses devoirs défensifs durant son temps de glace conséquent. L'autre joueur-clé, c'était le gardien finlandais Miikka Kiprusoff. Les dirigeants l'ont compris, et après lui avoir fait signer initialement un "contrat d'artiste" de trois mois qui permettait d'être exempté de taxes, ils ont longtemps ramé afin de trouver l'argent pour le garder pendant la saison entière.

Avec de telles têtes d'affiche, Timrå avait les moyens de figurer en haut de tableau sans que cela ne constitue plus une surprise. Mais pour couronner cette belle saison, il fallait confirmer en quart de finale. Or, l'entraîneur Kent Johansson y a vu son équipe s'incliner face à Djurgården, le club où joue son frère Mikael. Au premier match au Globen, Kiprusoff était malade, et c'est son compatriote Kimmo Kapanen, qui a manqué presque toute la saison en raison d'un blessure, qui l'a brillamment remplacé pour un beau succès à l'extérieur. Ensuite, le titulaire a repris son poste, mais il a largement perdu son duel à distance face à Théodore. Deux des joueurs qui avaient excellé en septembre à la coupe du monde, Miikka Kiprusoff et Fredrik Modin, ont ainsi été moins convaincants en mars quand il s'est agi de qualifier Timrå pour ce qui aurait pu être une troisième demi-finale consécutive, pour un club qui n'en avait jamais connu une seule auparavant.

 

Septième : MoDo. Si tout le monde s'accordait à dire que le championnat serait très serré, c'est quand même MoDo qui était désigné comme léger favori dans les sondages d'avant-saison, par les supporters comme par les entraîneurs. Sur le papier, l'énumération des grands noms lui avait valu le surnom de "Real MoDo", en allusion au Real Madrid qui a acheté toutes les stars planétaires du football. Effectivement, comme le club espagnol, l'équipe du nord de la Suède n'a rien gagné. Le collectif n'a jamais pris. Certains joueurs venus ou revenus d'Amérique du nord ont déçu par leur attitude. Bryan Muir, l'ami de Forsberg, a si mal endossé le costume du défenseur offensif utile en supériorité numérique qu'il a été transféré en Finlande à Espoo en cours de saison. Mattias Timander a quant à lui failli aux tâches purement défensives qui lui étaient demandées (fiche de -13 là où Tobias Enström, à peine vingt ans, a +12). Les Sedin ont aussi été critiqués au début même s'ils se sont améliorés au fil de la saison. Markus Näslund, qui avait accédé tardivement au statut de star mondiale chez les Vancouver Canucks, est finalement arrivé en janvier mais n'a jamais réussi à retrouver ses sensations sur grande glace. Le gardien Tommy Salo a pris sa retraite à l'issue de la saison en raison de hanches douloureuses et d'une motivation déclinante. Mattias Weinhandl s'est mis à enfiler les buts comme des perles quand il a été mis avec Forsberg, mais il a séché tout seul en play-offs.

Et puis, il y a celui que tout Örnsköldsvik attendait, Peter Forsberg. Sans attendre le lock-out, l'enfant du pays avait décidé de revenir chez lui "à perte", puisque la rémunération versée par MoDo, de l'ordre de mille euros par match, ne pouvait pas compenser les 800 000 € d'impôt - soit 1,5% de son patrimoine - qu'il devait verser. Il souhaitait pouvoir enfin exprimer son talent, mais la malchance ne l'a toujours pas épargné. Blessé à son poignet en janvier, il a dû être opéré et est revenu au courage pour les play-offs, où il a alors été victime de la chasse de Färjestad et Nordström. L'Elitserien ayant prouvé qu'elle ne protégeait pas mieux ses grands joueurs que la NHL, elle peut dire adieu à Forsberg, qui s'en repart déçu.

Tout ce foin n'aura pas servi à grand-chose à MoDo. Il a attiré plus de spectateurs... à l'extérieur. Il n'y a ni assez de place dans la Kempehallen ni un bassin de population suffisant pour avoir le même effet à domicile. Ce n'est pas si grave, puisque, selon la thèse officielle, les stars de NHL ne coûtaient pas un rond. C'était peut-être vrai quand on a fait revenir les joueurs formés au club (comme Forsberg, les Sedin, voire Näslund), mais ça ne l'était probablement plus pour recruter des jokers nord-américains, comme Dan Hinote et Adrian Aucoin, ou même européens, comme Frantisek Kaberle qui avait déjà porté les couleurs du club pendant quatre saisons. Sinon, comment expliquer que MoDo ait encore clos l'exercice en déficit ? Il a perdu les trois quarts de son capital en trois ans, et n'a sûrement pas les moyens d'imiter les folies dépensières du Real...

 

Huitième : Luleå. Lock-out ou pas, Luleå n'a pas vu la différence. Il n'a pas manqué les play-offs depuis 1988, et cette année n'a pas dérogé à la règle. Il s'y est qualifié à l'avant-dernière journée : merci entre autres aux quatre buts en quatre matches de l'international autrichien Thomas Koch, qui a acquis une place de titulaire pas évidente à l'orée de la saison. Merci aussi aux deux jokers de dernière minute, Branko Radivojevic (arrivé de Vsetin) et Steve Staios, qui était donc le troisième Nord-Américain dans l'effectif. On n'en autorise que deux en Elitserien ? C'est vrai, mais les dirigeants ont découvert avec joie que Manny Fernandez avait un passeport français, ce qui libérait une place de non-communautaire...

L'équipe la moins glamour du championnat suédois a encore renforcé sa réputation en ayant comme meilleur joueur un certain Per Ledin, un ailier qui passait parfaitement inaperçu les saisons précédentes. Car les grévistes de NHL, Tomas Holmström et surtout le défenseur Niclas Wallin, n'ont pas vraiment été enthousiasmants. Et si le retour de l'enfant prodigue Mikael Renberg était très attendu, il n'a fait qu'enchaîner les blessures. En quart de finale, Luleå a donc complètement explosé contre Frölunda, qui a battu les nordistes huit fois huit cette saison. Il n'y avait rien à faire, surtout au poste de gardien. Luleå n'a pas pu se remettre du départ de Daniel Henriksson à Färjestad. Sa doublure Gusten Törnqvist n'a pas pu se muer en titulaire dans un championnat aussi difficile que cette année, et ceux qui lui ont succédé, Kristian Antila et Emmanuel Fernandez, n'ont convaincu ni l'un ni l'autre.

 

Neuvième : Mora. Avant le début du championnat, le promu a emmené son équipe à l'église prier pour son maintien. Il a su jouer de son image de petit poucet que tout le monde destinait à la lanterne rouge pour tromper son monde. Car avec le lockout, la hiérarchie habituelle ne tenait plus. Un duo canadien et une colonie slovaque se sont relayés pour porter Mora. Il y a d'abord eu Shawn Horcoff, un centre qui a normalement un rôle de travailleur (comme quand il a été champion du monde en 2003 et 2004 avec le Canada) mais qui s'est éclaté dans une équipe tellement contente de se trouver là que la défense passait souvent au second plan. Son compatriote Daniel Cleary, qui avait été un de ces adolescents à qui on colle trop tôt l'étiquette de prochaine star de la NHL, a suivi le mouvement.

Le recrutement pendant l'été de Rastislav Pavlikovsky a permis de récupérer par copinage Marcel Hossa, puis son frère Marian (venu dire bonjour pendant trois mois car il trouvait la saison régulière de l'Extraliga slovaque ennuyeuse), et enfin Ladislav Nagy. Mais le dernier arrivé a eu plus de mal, car c'était le moment où l'intensité de jeu avait augmenté et où Mora avait peine à suivre. Le fait de se trouver dans la première moitié du classement est-il monté à la tête des dirigeants qui ont oublié qu'ils étaient dans une petite ville de quinze mille habitants au milieu de nulle part ? La surenchère d'acquisitions n'a pas empêché l'équipe de s'essouffler quand elle est redescendue de son nuage automnal. L'an prochain, il n'y aura plus de super-talent slovaque, il faudra marcher à l'ordinaire.

 

Dixième : HV 71 Jönköping. L'entraîneur Pär Mårts se disait calme et confiant. Il estimait que son équipe aurait les moyens de défendre sa couronne sans céder à la mode du lock-out. Il expliquait en effet que, hormis les stars mondiales comme Forsberg et Zetterberg, les renforts de NHL ne seraient pas meilleurs que les joueurs d'Elitserien. Il a eu raison... surtout en ce qui concerne ceux que HV 71 s'est résolu à recruter pour sauver une saison mal entamée. L'exemple caricatural a été Bryan McCabe. Le défenseur que les supporters des Toronto Maple Leafs avaient été scandalisés de ne pas voir sélectionné avec le Canada a réussi "l'exploit" de marquer un point en dix rencontres et surtout de cumuler une fiche catastrophique de -12 (trois buts marqués pour quinze encaissés quand il était sur la glace). Quand on lui a dit qu'il suivrait un match en tribunes, ce qui ne lui était jamais arrivé en une dizaine de saisons de NHL, il a pris le premier avion, et il est encore en train de récriminer contre le jeu européen. Le gardien Brian Boucher, qui n'a presque pas joué, est reparti peu après, mais avant la clôture des transferts, HV 71 a cherché des recrues de la dernière chance avec Manny Malhotra et Jonathan Cheechoo, qui ont fait illusion un temps avant de se fondre dans la tendance générale.

En effet, aucun des champions en titre n'a pu rééditer les mêmes performances. Le pire a été le centre finlandais Kalle Sahlstedt, meilleur marqueur du championnat l'an dernier et invisible depuis. Le gardien Stefan Liv, le héros aux quatre blanchissages en finale 2005, s'est encore montré trop irrégulier. Il est vrai qu'il n'a pas été aidé par sa défense, à la rue hormis le duo de vétérans Gustafsson-Olausson. Il n'y a même pas eu un espoir pour sortir du lot. Mårts avait prédit que le junior Martin Thörnberg allait éclater cette saison, mais il a eu un temps de glace si faible qu'il a finalement été prêté à Oskarshamn. Bilan de cette année noire, c'est la première fois depuis que les play-offs se jouent à huit que le tenant du titre n'y participe pas. En plus, HV 71 a concédé une défaite humiliante pour le hockey suédois contre Omsk en Coupe des Champions (0-9).

 

Onzième : Brynäs Gävle. Pendant dix rencontres, l'équipe de Gävle a peut-être eu dans ses rangs le meilleur défenseur du championnat. Malheureusement, il ne s'agissait que d'un pigiste. Kimmo Timonen, qui avait déjà fait une apparition expéditive à Lugano, avait fait savoir par avance qu'il ne faisait que passer le temps en attendant de rejoindre le Kalpa Kuopio, le club qu'il possède avec son collègue international finlandais Sami Kapanen. Le reste du temps, Brynäs a surtout eu la pire défense de l'Elitserien. Et faire jouer plus que de raison le presque quarantenaire Tommy Sjödin (il n'y a pas une loi qui interdit l'exploitation abusive des personnes âgées ?) n'y a rien changé.

Les meneurs offensifs présumés (Lind, Dackell, Viitakoski, Molin) commencent eux aussi à se faire vieux, et seul Mikael Lind a su créer pas mal de jeu. Brynäs, qui annonçait pourtant viser les play-offs, a été trop limité pour éviter la poule de relégation et peut déjà s'estimer heureux de son maintien.

 

Douzième : Malmö. Vu ses problèmes financiers récurrents, le MIF sentait venir le coup fourré de loin avec cette histoire de lock-out, car il n'avait plus de quoi faire des dépenses inconsidérées, pour s'y être déjà adonné par le passé. Il s'est donc vite retrouvé en queue de classement, sans même trouver Mora derrière lui comme il l'avait au moins espéré. Il fallait bien faire du donner l'impression qu'on pouvait y changer quelque chose, alors l'entraîneur Björn Kinding s'est fait virer. Les joueurs se sont sentis plutôt soulagés car cela leur épargnait une remise en question, mais ils ont peut-être changé d'avis au premier entraînement quand son successeur Dan Hober (60 ans) leur a concocté une séance intensive qui leur a fait cracher leurs poumons.

Mais en match, on n'a pas vu la différence. La défense était considérée comme le point faible en début de saison, mais les attaquants ont été si peu inspirés que ce sont deux arrières, David Petrasek et Peter Andersson, qui ont été les deux meilleurs marqueurs. Au lieu de gaspiller ses maigres moyens financiers dans des joueurs qu'il n'avait pas les moyens de garder plus que quelques semaines (comme Janne Niinimaa ou Richard Park), Malmö aurait mieux fait de programmer très tôt un plan pour se sortir des Kvalserien. Car il s'y est retrouvé avec deux joueurs canadiens - Brett McLean et Shawn McEachern - qui ne savaient pas ce que c'était de lutter pour le maintien et qui n'avaient pas absolument l'implication nécessaire alors que le destin du club était en jeu. Maintenant, la Scanie, la région la plus peuplée de Suède, n'a même plus de représentant en Elitserien, mais il faut bien dire que le hockey n'y passionne toujours pas les foules.

 

Un mot sur l'Allsvenskan

La première fois, Leksand n'avait passé qu'un an au purgatoire. Pour sa seconde descente, il a dû patienter deux saisons avant de remonter. Le gardien canadien Mike Bales avait déçu la saison passée, et c'est pourquoi l'ancien international Johan Hedberg a redonné confiance à son club formateur quand il a annoncé son retour pour deux ans. Les supporters se sont alors remis à y croire, et l'exemple de Hedberg a été imité, puisque Mikael Karlberg est revenu en cours de saison de Fribourg-Gottéron pour aider Leksand. Il y a aussi eu d'autres renforts qui n'avaient pas d'attache avec le club : deux joueurs des Canadiens de Montréal, Michael Ryder et Francis Bouillon, et puis l'international norvégien Trond Magnussen, qui a pu se changer l'esprit après ses problèmes de Düsseldorf. Ce sont ces cinq-là qui ont ramené le club en élite.

Par contre, c'est encore raté pour Skellefteå, plus que jamais favori pour la montée, mais qui a encore échoué, malgré le renfort de Mike Dunham dans les cages. Car pour accéder à l'Elitserien, boire ou conduire, il faut choisir ! Or le centre canadien Chad Hinz a été contrôlé par la police avec plus d'un gramme d'alcool par litre de sang. Une affaire qui n'aurait pas pu tomber plus mal, juste avant la quatrième journée des Kvalserien, alors que Skellefteå était très bien parti. Admettons qu'il se soit simplement excusé piteusement en attendant la sentence, dans un pays où le taux d'alcoolémie autorisé est presque à zéro. Mais il n'en est pas resté là. Dix jours plus tard, il s'est fait arrêter à l'aéroport d'Arlanda, alors qu'il essayait de quitter le pays pour échapper au procès. Skellefteå a alors dû rompre son contrat et finir la saison sans lui, alors qu'il ne restait que deux petites rencontres. Du coup, le favori a donné l'impression d'avoir la gueule de bois dans le match décisif contre Brynäs, perdu 1-6 à domicile. Maintenant, sur le site internet officiel du club, on peut lire sur la bannière d'en-tête le slogan "Don't drink and drive", qui ouvre un lien vers une association de lutte contre l'alcool au volant...

Enfin, notons que l'AIK, un an après avoir été rétrogradé par l'équivalent suédois de la commission de contrôle de gestion, a réussi à remonter en Allsvenskan. Une tâche qui n'était pas si simple, car l'anti-chambre du hockey suédois a été réduite à seize équipes, ce qui y rendait les poules de promotion/relégation extrêmement disputées. Il y a en effet eu sept relégués au total ! Nybro, une équipe pourtant expérimentée, a ainsi bien failli passer à la trappe... et c'est Ola Nilsson - celui qui avait failli être le gardien de Dijon cette saison dernier avant d'être renvoyé en Suède en raison d'une blessure à l'aine - qui l'a sauvée en faisant chuter l'ambitieux promu de l'an dernier Skövde.

Marc Branchu

 

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