Villard à la recherche d'un nouveau souffle

 

Depuis sa remontée au plus haut niveau du hockey français, Villard-de-Lans a de loin connu sa saison la plus difficile en 2004-05. Jusqu'à présent le parcours des Ours avait tout du conte de fée : d'abord une montée mûrement réfléchie en 2002, venant logiquement concrétiser deux titres consécutifs de champion de France de Division 1 où Villard n'avait plus rien à prouver. Puis ce fut la qualification pour la poule Magnus et la victoire en Coupe de France en 2003. Une participation aux play-offs l'année suivante et une sixième place nationale venait couronner la saison 2003-04. La trajectoire villardienne était ascendante et rectiligne et les progrès perceptibles d'année en année. La saison dernière a donc été un véritable coup d'arrêt pour les Ours avec une non participation aux play-offs et une élimination prématurée en Coupe de France. Une fin de saison difficile où les Ours ont même entrevu le spectre de la poule de relégation. La nécessité de rebondir est donc impérative pour Villard-de-Lans cette saison.

Les causes de l'échec villardien en 2004/05 sont certes multiples et ne sont pas imputables à un seul homme. La première d'entre elles fut certainement l'avalanche de blessures. Jamais une telle poisse n'avait été vue à ce niveau. Des cadres comme Pierre Bourgey, Franck Billieras ou Christophe Negro ont manqué un nombre significatif de rencontres, avec même une saison quasi blanche pour le capitaine des Ours. Les renforts étrangers n'ont pas été épargnés : l'une des trois recrues initiales, Gérald Tallaire, se blessait pendant la préparation et contrariait les plans de Dennis Murphy qui se rabattait en dernière minute sur Sami Siltavirta, un défenseur estampillé "Mestis" qui ne fut pas vraiment le leader défensif espéré. Jarret Reid, un autre renfort, a passé plus de temps à l'infirmerie que sur la glace d'André-Ravix, laissant à Jamie Herrington la lourde charge de mener l'offensive aux côtés du fidèle Rich Metro.

Murphy s'en va, une page se tourne

Dennis Murphy a donc été moins heureux que par le passé avec ses recrues étrangères et la composition de l'effectif devenait certains soirs un véritable casse-tête. Pas facile dans ces conditions de mettre en place une certaine continuité dans le jeu villardien.

Mais au-delà des problèmes conjoncturels, le courant semble-t-il passait de moins en moins entre l'entraîneur américain et le club. Beaucoup lui reprochaient en interne de ne pas faire assez confiance aux jeunes formés à Villard, d'avoir oublié au fil des ans la véritable vocation villardienne, celle d'être un club formateur. Il est vrai que de moins en moins de jeunes Villardiens intégraient durablement l'équipe première, et les cadres français de l'équipe une, présents depuis de nombreuses années et pour la plupart entraîneurs des équipes du jeunes, avaient du mal à accepter cette situation. Les annonces de départ à la retraite en fin de saison de Negro, Guidoux, Girard, Bourgey et Roh, même si elles étaient motivées par des raisons parfois personnelles, étaient révélatrices d'une certaine lassitude et semblaient le signe d'une fin de cycle pour le club villardien. Et alors que Dennis Murphy s'apprêtait à reconstruire son équipe, le club prenait la décision de se séparer de son entraîneur emblématique après huit ans de bons et loyaux services. Muprhy avait apporté la stabilité à Villard, avait permis au club d'écrire certaines des plus belles pages de l'histoire de ce club, son carnet d'adresses avait fait venir en France les Doucet et autres Corbin et Jodoin. Mais cette saison 2004-05 fut de son propre aveu, sa plus difficile à Villard. Sans doute la saison de trop et la séparation finale semble donc logique...

Barin : l'homme du renouveau

Imaginer un autre entraîneur derrière le banc de Villard n'était pas chose aisée. Pourtant le suspense ne dura pas très longtemps. Stéphane Barin venait tout juste d'annoncer son départ du Mont-Blanc pour raisons personnelles. Comme il voulait se rapprocher de Grenoble où il habite, les deux parties ne mirent pas très longtemps à se mettre d'accord et la venue de Barin à Villard devenait presque une évidence. La mission de l'ex-international était claire : impulser un nouvel élan tout en restant fidèle aux valeurs du club. Sa saison en tout point réussie à Mont-Blanc lui donnait une légitimité et un aura auxquels ne furent pas insensibles les joueurs. Aux premier rang desquels les retraités déclarés qui furent tous invités à reconsidérer leur position. Et le premier pari du nouvel entraîneur était en partie réussi. Séduits par le discours de Stéphane Barin, le capitaine Christophe Negro et son assistant Jean-Marc Girard acceptaient de rempiler pour une année supplémentaire. Même si Martin Roh, arrivé en fin de carrière, Pierre Bourgey et Mathieu Guidoux, pour des raisons professionnelles, confirmaient leur arrêt, Barin avait réussi à conserver deux cadres sur lesquels il pouvait s'appuyer pour construire son effectif.

Sans réelle surprise, Barin prônait la stabilité et tenait avant tout à conserver les joueurs français qui souhaitaient rester. Ainsi la doublette de gardiens, Nogaretto et Favarin, les fidèles Lepers, F. Billieras, Cruz et Goncalves mais aussi des joueurs arrivés plus récemment comme Roland Fougère et Luc Tardif Jr s'engageaient une année de plus avec Villard. La nouveauté réside dans cette quatrième ligne formée par des jeunes du club que Stéphane Barin a promis de mettre en place afin de répondre aux attentes des déçus de Murphy mais aussi pour donner un signe fort envers la formation sur laquelle il compte s'appuyer. Une chance donc pour des jeunes du club comme les frères Guillot-Diat, Jérémy Borie ou David Pereira de voir plus de temps de glace cette année.

Quant à la "filière" grenobloise, elle continue de fonctionner et ce n'est sans doute pas avec Stéphane Barin qu'elle va s'arrêter. Certes De Murcia et Bazin s'en vont mais Laurent Deschaume, à la recherche d'un calendrier d'entraînement moins contraignant qu'à Grenoble, apportera toute son expérience au groupe villardien dans lequel il pourra sans doute mieux s'exprimer. Et comme Barin pense aussi à l'avenir, il a accueilli avec satisfaction l'arrivée de Mathieu Leblond et Yann Diaferia, deux jeunes espoirs, vice-champions de France cadet avec les Brûleurs de Loups, venus chercher un peu plus de temps de glace sur le plateau du Vercors.

À l'exception du toujours fidèle et apprécié Rich Metro, les renforts étrangers 2004-05 n'ont pas fait long feu comme pour conjurer le sort et passer l'éponge sur une saison à vite oublier. Exit donc Reid, Herrington et Tallaire. Et comme Barin, au vu de son passage au Mont-Blanc, n'est pas un adepte du recrutement étranger à outrance, il ne fallait pas s'attendre à une arrivée massive d'étrangers "à la mode tourangelle". À Villard, la qualité est préférée à la quantité. Ainsi le Canadien Sean Connolly, solide défenseur offensif d'ECHL, apportera certainement un plus par rapport à Siltavirta. Quant à l'entraîneur, il se positionnera en défense et compensera ainsi le départ de Martin Roh en tant que cadre expérimenté dans la défense villardienne. Mais trouvant celle-ci un peu juste quantitativement, Barin faisait finalement appel en dernière minute à l'attaquant slovaque Peter Bohunicky, invité à mettre son physique à la disposition de la défense villardienne.

Maurice Rozenthal : une star à Villard

Si cette dernière donne des gages de solidité, c'est à n'en pas douter l'attaque qui sera sous le feu des projecteurs cette saison. À cela une raison principale : la présence de l'international Maurice Rozenthal. Dans des circonstances "normales", jamais les Ours n'auraient pu espérer un seul instant attirer dans leur antre un joueur de ce calibre. Mais la situation dramatique du club mulhousien, exclu de la Ligue Magnus, a donné un petit coup de pouce. Jamais le vieil adage, "le malheur des uns fait le bonheur des autres", n'aura été aussi vrai. En panne de club comme la plupart de ses coéquipiers, Maurice Rozenthal ne tenait pas à quitter la France pour des raisons personnelles. Et s'il a été approché par d'autres clubs, le challenge proposé par Villard a eu sa préférence. Pour le plus grand bonheur de Stéphane Barin qui compte ainsi sur un leader offensif de premier ordre à la tête de son attaque. Et qui du coup a renoncé à engager un renfort étranger supplémentaire devant. Car il faut aussi faire de la place aux jeunes...

Avec des leaders d'expérience comme Barin, Rozenthal et Deschaume, les Ours ont tous les éléments en main pour oublier une saison noire et trouver le nouveau souffle nécessaire pour faire remonter le club vers les sommets. Avec un effectif dans l'ensemble homogène, quelques individualités capables de faire la différence et des jeunes prometteurs, les Ours pourraient devenir des outsiders très intéressants, à défaut d'être des favoris. Une place en quart de finale serait un objectif raisonnable. Une nouvelle page s'ouvre donc dans la riche histoire du hockey villardien...

Christophe Laparra

 

Départs : Guidoux (arrêt), Bourgey (arrêt), Herrington (Vipiteno, ITA), Siltavirta (Kapfenberg, AUT), Reid (Timmendorf, ALL), Roh (arrêt / La Chaux-de-Fonds, SUI, entraîneur mineur), Murphy (entraîneur), De Murcia (arrêt), Bazin (Valence).

Arrivées : Barin (entraîneur), Connolly (Augusta, ECHL), Deschaume (Grenoble), M. Rozenthal (Mulhouse), Bohunicky (Tours).

 

Effectif :

Gardiens : Nicolas Nogaretto (24 ans), Pascal Favarin (29 ans).

Défenseurs : Sean Connolly (CAN, 25 ans), Peter Bohunicky (SVK, 26 ans), Stéphane Barin (34 ans), Christopher Lepers (30 ans), Jean-Marc Girard (31 ans), Roland Fougère (26 ans), Stéphane Guillot-Diat (23 ans), Jérémy Borie (22 ans).

Attaquants : Franck Billieras (29 ans), Laurent Deschaume (33 ans), Maurice Rozenthal (30 ans), Rich Metro (USA, 30 ans), Alexandre Goncalves (25 ans), Luc Tardif jr (21 ans), James Cruz (26 ans), Christophe Negro (29 ans), Damien Châlons (22 ans), David Pereira (22 ans), Cédric Guillot-Diat (21 ans), Mathieu Leblond (18 ans).

Entraîneur : Stéphane Barin (34 ans).

 

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