Présentation de la D2 française 2005/06

 

Troisième en priorité des divisions nationales, la D2 l'est aussi dans l'action de la Commission Nationale d'Aide et de Contrôle de Gestion. La situation s'est améliorée en Magnus et en D1, au prix d'une politique de fermeté, mais elle est globalement préoccupante en division 2 où pas mal de clubs traînent encore comme un boulet des plans de redressement étalés sur plusieurs années. La D2 a ainsi vu un club recalé à l'intersaison, Toulon. Il faut dire que le procès intenté au moment "opportun" (deux jours avant la date limite d'examen) par le gérant de la patinoire de La Garde, Jean-Pierre Poletto, par ailleurs initiateur du club loisir concurrent dénommé "sobrement" NHL, a saboté les derniers espoirs de validation du dossier du HCAT par la CNACG. Condamné à payer 2000 euros par mois pendant un an et demi pour rembourser le coût des heures de glace dues, le club a de surcroît été menacé de ne pas pouvoir continuer ses activités par Poletto, qui fixait un ultimatum pour obtenir la démission des dirigeants actuels et même de l'entraîneur-joueur Richard Brodeur. Les gamins du HCAT ont été obligés d'aller s'entraîner à Aubagne avant qu'un contrat d'utilisation de la patinoire puisse enfin être signé le 30 septembre, pour une durée de trois ans qui permet enfin d'envisager l'avenir plus sereinement.

En attendant, le hockey toulonnais avait dit adieu à la D2, et une place était à prendre. Rennes, deuxième de division 3, paraissait tout désigné pour la récupérer car il avait tout de l'équipe qui monte. En réalité, le club de la dixième ville de France, ignoré des collectivités locales, n'a même pas de quoi réunir le budget minimal nécessaire pour accéder à la division 2 ! C'est donc le troisième de D3, Belfort, qui y a été repêché.

Chaque année, la formule cette division 2 était l'objet de nombreuses critiques. Comme on conserve les résultats de la première phase entre équipes qualifiées, certaines abordaient la phase finale avec un handicap insurmontable, parce qu'elles avaient raté les mauvais matches, qu'elles ne pouvaient pas connaître à l'avance. Le désir général était que le titre puisse se jouer vraiment sur la fin de saison, et ce sera le cas avec l'instauration de véritables play-offs (ce qui évitera peut-être que l'on galvaude ce mot en l'utilisant comme synonyme de poule haute) sous forme de demi-finales et finale en aller-retour. L'intérêt du championnat s'en trouvera augmenté, et l'incertitude aussi.

 

Poule ouest

L'incertitude, c'est justement ce dont Tours ne veut pas entendre parler. Le club s'est engagé en division 2 avec une seule ambition, la quitter au plus vite. Là où le champion en titre Mulhouse s'est entêté contre les instances dans une stratégie de non-retour, le vice-champion a su faire profil bas face au déficit important qui lui était reproché. Les dirigeants ont vite compris qu'il valait mieux passer la main, et si la pilule de la relégation forcée a été amère à avaler, le club est toujours vivant. Les sponsors sont restés avec l'ambition de maintenir le même budget pour que l'ASGT puisse rembourser la plus grande partie de sa dette dès cette saison, tout en laissant à Bob Millette (maintenu en place au motif qu'il n'est pas redevable du déficit car c'était la faute des dirigeants s'ils cédaient à ses demandes répétées de rallonge) une enveloppe suffisante pour dominer la D2. Il a ainsi pu blinder sa défense, seul secteur où il a conservé deux joueurs, Marcel Simak et Radek Stepan. En annonçant rapidement l'engagement de trois défenseurs supplémentaires, il a mis d'entrée une ligne arrière surdimensionnée - dans tous les sens du terme - par rapport au calibre d'une division 2 dont il a avoué "diplomatiquement" se foutre royalement. Heureusement, Jan Prusa, un Tchèque qui a fait office de goon dans les bagarres montées à l'avance de la LNAH (l'ex-"semi-pro" québécois), n'a finalement pas été gardé. On lui a préféré l'international irlandais Garrett MacNeill, certes très massif, mais pas connoté de manière aussi douteuse. Les arbitres se contenteront bien de surveiller le rugueux Stepan. Si l'attaque est entièrement modifiée, on y retrouve beaucoup d'anciens Diables Noirs (comme Sabol en défense du reste). Revoir des noms comme Stastny, Gamelin ou Saint-Denis devrait certainement plaire au public tourangeau. Le débat qui ne manquera pas de se poser concerne l'intégration des "juniors" du club (dont certains n'en sont plus à force d'attendre : Adet et le gardien Papillon ont déjà 22 ans). Avec un gardien, cinq défenseurs et huit attaquants étrangers, Bob Millette a assez de joueurs pour tenir une saison de D2 sans avoir besoin des jeunes Français. La place laissée à ceux-ci dépendra donc essentiellement de sa volonté.

Avant la rétrogradation financière de Tours, La Roche-sur-Yon apparaissait comme le favori de la division 2. Le recrutement avait été effectué pour monter en D1 et ne s'en cachait pas. Le duo offensif Ocelka-Kaspar a été rejoint par trois autres Slovaques, les défenseurs Rastislav Blahut et Erik Marinov qui arrivent de D1, plus l'attaquant Jozef Hopjak qui figurait parmi les meilleurs marqueurs de D2. Le gardien Paul Charret fait aussi son retour. Techniquement, le Hogly est sans doute un ton au-dessus dans cette division, et il lui faudra se méfier du défi physique que tenteront d'imposer Tours et consorts. Pour un club habitué aux débuts de saison poussifs, c'est cette fois pendant les vrais play-offs qu'il ne faudra pas se rater.

Arrivées de prestige à Toulouse-Blagnac cet été. Julien Mauget et Olivier Escuder sont revenus de Strasbourg en compagnie d'un collègue, l'attaquant canadien Éric Medeiros qui était un des meilleurs attaquants de D1. L'ancien défenseur international Benoît Pourtanel débute en outre une carrière d'entraîneur-joueur dans ce club formateur. Cela devrait inciter à viser très haut, mais l'échec de la saison passée et la difficulté de la poule incitent à la plus extrême prudence. C'est pourquoi on ne parle plus que de qualification en deuxième phase, en attendant de voir si, au-delà des noms, les Toulousains sont capables de développer un jeu plus convaincant.

Autre club qui renaît doucement à l'ambition après des années difficiles, Bordeaux. Un junior canadien, Kévin Thelmosse, a pour mission de remplacer Spasic, parti à Anglet, dans les cages. Le défenseur offensif Jan Majercak (ex-Cholet) et l'attaquant toulonnais Chrystian Ferland, un des meilleurs marqueurs de la division, renforcent aussi les Boxers. Ils devraient une fois de plus participer à la lutte pour la qualification jusqu'à la dernière journée ou presque, en espérant qu'elle se jouera sur la glace cette année.

Plutôt qu'un simple buteur canadien, Le Havre s'est doté cette année d'un entraîneur-joueur. Jean-Benoît Deschamps, spécialistes des mises en échec licites ou non à Anglet, va imprimer à son équipe son style emprunt de rudesse et développer l'aspect physique du jeu des jeunes Rouennais qui lui seront confiés. Deux d'entre eux sont partis à l'intersaison tenter leur chance dans les meilleurs championnats juniors du monde, Antonin Manavian en junior majeur québécois et Quentin Pépy en J20 Superelit suédoise, mais d'autres arrivent pour s'aguerrir.

Même s'il est toujours bien placé sportivement, Nantes ne peut pas être compté parmi les ambitieux. Après avoir préféré le remboursement de la dette à la solution de facilité de la liquidation, le NAHG vit en ascète. Il a été obligé de remplacer ses deux gardiens partis cet été, Paul Charret et Florian Hardy. Un temps annoncé, Christophe Lévêque (Morzine II) n'est finalement pas venu pour raisons familiales. Le nom du gardien a été attendu jusqu'à la fin août, et c'est le jeune Québécois Martin Léonard. Aux autres postes, le bilan du recrutement a été positif. À l'arrière arrivent Benjamin Tijou, lassé de cirer le banc angevin, et l'étudiant canadien Jonathan Lussier. Il faut ajouter le Saint-Pierrais Xavier Levasseur, ex-junior de Cholet qui a déjà été entraîné par Dany Fortin dans le Pôle espoirs, et la révélation rennaise de la D3 Anthony Cavalon. Le seul départ d'un joueur de champ est celui de Reynald Bataillie. Ceci dit, Gaëtan Méziere, muté professionnellement à Niort, reste dans l'effectif uniquement comme joker.

Plus que jamais, le cas de Cholet a longtemps occupé la commission de contrôle de gestion. Pour que son engagement soit validé en D2, le club devra présenter un solde positif de 29000 euros cette saison afin de continuer à épurer le passif issu du redressement judiciaire de 2000. La masse salariale a donc été ramenée de 100000 à 80000 euros, ce qui s'est traduit par le départ de plusieurs joueurs majeurs comme Guillaume Drozdz, parti pour de bon à Angers cette fois, Fabien Tanguy, qui rentre dans le nord comme entraîneur de Béthune, et les renforts étrangers Jan Majercak et Daniel Mrizo. Seul l'essentiel gardien Josef Janca est conservé. L'objectif est donc uniquement le maintien.

Le fossé entre la D3, où Meudon était habitué à gagner facilement, et la D2, où les erreurs se paient cash, a fait redescendre le MHC de son petit nuage. Mais il s'y attendait, et le groupe structuré et soudé depuis plusieurs années ne s'est pas désolidarisé pour autant. Il espère maintenant résorber ses carences offensives pour figurer honorablement, même s'il apparaît comme le petit poucet de l'infernale poule ouest. Les changements ont comme d'habitude été très limités. Lebauzec a déménagé à Brest, Heintz a été muté Inde depuis janvier, et Pierdet arrête un an pour ses études. Dans l'autre sens, un joueur formé à Meudon revient, l'ex-Annecien Robin Grotus, et Yann Thiébauld arrive de Paray, club entré en résistance pour qu'on ne le condamne pas en le privant de patinoire.

 

Poule est

Le projet de camp d'été pour joueurs suédois de NHL ne s'est pas encore concrétisé, en raison du chaos de ces derniers mois en Amérique du nord, mais les contacts en Scandinavie trouvent maintenant une traduction concrète à Nice, avec l'arrivée de cinq Suédois, pour la plupart formés à Linköping et évoluant dans de petits clubs voisins de la région (l'Östergotland). Il est un peu tôt pour hurler à l'armada, sachant qu'il s'agit de joueurs qui tentent l'aventure à l'étranger sans grandes références. L'ailier Mikael Thoren et le centre Petter Krantz forment une deuxième ligne avec l'ex-Vésigondin Aurélien Frasier, mais ils laissent en fait un premier trio intégralement français avec Pascal Margerit et les frères Laplace. C'est surtout dans le compartiment défensif que le recrutement en impose. Non seulement Christian Carlsson remplace son compatriote Åkerlund dans les cages, mais il a devant lui deux arrières sobres, le lourd Marcus Lindholm et le jeune Hannes Jonsson, qui remonte la côte méditerranéenne depuis Barcelone. Comme la défense compte toujours sur Banas, Dubaj et Perez, elle apparaît très solide pour la D2. Après une première phase où Peter Almasy, qui reprend en main les seniors après l'arrêt de Sutor, pourra mettre son groupe au point, les ambitieux clubs de l'ouest trouveront donc à qui parler.

La composition des poules a fait au moins un heureux, Reims, qui devrait normalement se qualifier et avoir l'occasion de revenir un peu au premier plan. Le RCH a porté ses efforts sur la communication et s'est doté d'un surnom à la signification transparente, les Phénix. Pour renaître de ses cendres, le hockey rémois a misé sur les jeunes attaquants dans son recrutement, avec l'anonyme junior slovaque Marek Hanes, venu de Detva, et le petit gabarit Benoît Le Pezron, formé à Compiègne et passé par le sports-études d'Amiens. À vingt-deux ans, le Tourangeau Gaël Cler, qui a déjà joué dans toutes les divisions du championnat de France de la Magnus à la D3, est la recrue qui amènera le plus d'expérience, en attendant un joker. Autour de quelques cadres comme Vincent Bouché, l'équipe encadrée par le duo Victor Nunes / Vladimir Kovin a une marge de progression qui doit la conduire à terme en D1.

Chambéry a fini la dernière saison sur les rotules et en effectif réduit après avoir beaucoup peiné pour se qualifier avec un match-couperet chaque semaine. Les Éléphants espèrent donc souffler cette année avec une opposition a priori plus facile. Pour que les difficultés offensives de l'an dernier ne soient que passagères, on compte sur les juniors venus de Chamonix (Cyril Abboudi) et du Mont-Blanc (Cyril Pavarini) mais aussi sur de bonnes surprises internes comme Sylvain Oliva, enfin récompensé de son énorme activité par sa révélation tardive la saison passée après trois ans sans but.

L'ACBB doit saisir sa chance cette année. Cette première phase à sa portée donne l'occasion ou jamais à l'équipe entraînée par Éric Lamoureux de prouver qu'elle vaut mieux que l'anonymat du bas de tableau. Elle n'a pas d'individualité marquante qui ressort du lot, mais elle a un collectif très homogène qui a un potentiel certain et qui doit se mettre en situation de challenge envers cette possible qualification pour prouver ses capacités.

Une partie des jeunes sur le seuil de l'équipe première des Gothiques, comme David Hennebert ou Benjamin Dieude-Fauvel, sont partis pour trouver plus de temps de jeu en Magnus. La défense d'Amiens 2, qu'ils renforçaient à l'occasion, pourrait en pâtir, car Mathieu Jestin reste seul comme homme "d'expérience". L'attaque voit par contre débarquer une génération d'anciens cadets emmenée par le Rémois Julien Maréchal et l'Angloy Cyril Boube. Elle s'ajoute aux piliers de la réserve que sont Christopher Teixeira et Geoffrey Paillet (le frère de l'international Benoît Paillet, qui ne jouera cette année qu'à Poitiers en D3). Une équipe toujours imprévisible, qui peut alterner le bon et le mauvais.

Il n'y a pas si longtemps considéré par certains comme un archétype de club désespérément dénué d'ambition, l'ASM Belfort est en train de changer de statut. Équipe-surprise en division 3, où elle s'était engagée tardivement, elle est également inconnue de tous en D2. Son effectif dispose néanmoins de deux points de repères célèbres dans l'est, son gardien Frantisek Neckar, ancien de Mulhouse et de Dijon, et son entraîneur-joueur Sergueï Gorbouchine, ex-défenseur du Sokol Kiev, de Reims et de Morzine qui chausse toujours les patins à 48 ans ! Avec un effectif léger quantitativement en D3, il fallait absolument que Belfort rameute des recrues, notamment dans les clubs voisins. C'est ainsi que sont revenus des joueurs formés au club qui étaient partis à Mulhouse via le "BCM" (association Belfort/Colmar/Mulhouse qui avait joué le championnat junior suisse) comme Romain Pierrel et Cyril Prongué. Avec des hommes d'expérience comme Yvan Jurzynek et Franck Herbrecht, il ne manquait que quelques cadres étrangers. Ce seront Lukas Frank (Avignon) et surtout Jan Zakovsky, ancien vice-champion tchèque junior avec Ceské Budejovice qui compte quelques sélections en équipe nationale des moins de vingt ans. Après un début de saison précipité le temps de rassembler l'effectif à la va-vite et d'obtenir toutes les licences, les repêchés de dernière minute (fin juillet) pourront ainsi être compétitifs.

Les Français Volants de Paris sont en deuil après le décès fin juillet de l'homme qui avait participé à leur fondation en 1933, Jacques Lacarrière, un des deux seuls Français - avec Louis Magnus - à avoir été élu au Hall of Fame de l'IIHF. Pour perpétuer son héritage, il convient de faire une figure digne dans cette division 2, avec un effectif peu modifié. Le peu productif attaquant américain de Nice, Tim MacLean, n'est pas une recrue majeure. Par contre, l'arrivée de Benjamin Jubien fera beaucoup de bien à une équipe parisienne qui a consommé énormément de gardiens et qui se cherchait un titulaire. Les autres joueurs peuvent avoir confiance en ce dernier rempart. À eux de prouver qu'ils valent mieux que ce qu'ils ont montré parfois la saison passée.

Il y a un peu plus de trois ans, le hockey sur glace était en danger à Champigny-sur-Marne. Parce qu'ils avaient osé réclamer plus d'heures de glace pour accompagner la croissance du nombre de licenciés, les dirigeants de la section hockey avaient été tous évincés en bloc de la direction du Club des Sports de Glace par le patinage artistique, une institution locale puisque le CSGC abritait un Pôle France et avait M. et Mme Gailhaguet comme licenciés. Reconnus dans leurs droits après une dissidence et une protestation auprès de la mairie, les hockeyeurs ont poursuivi leurs activités, et aujourd'hui ce sont eux qui font parler de Champigny. Autour des figures des années de Viry en élite que sont le coach Jean-Pierre Benon et le "petit teigneux" Laurent Athuil, toujours en forme à 36 ans, les Élans se sont hissés jusqu'au titre de champions de division 3 en imposant un défi physique à leurs adversaires. Cela ne devrait pas suffire aux "poètes de la D3" - surnom donné par un Béthunois - pour surprendre les rivaux plus aguerris de D2. Champigny se présente en modeste promu avec un effectif 100% français qui a connu peu de renforts. Le défenseur Stéphane Berthaud revient simplement de Viry, en attendant peut-être que Cédric Gassiot, qui a commencé sa reconversion comme directeur de la patinoire locale, rechausse les patins pour faire profiter l'équipe de son expérience.

Marc Branchu

 

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