Ukraine 2005/06 : bilan

 

Comme d'habitude, le hockey ukrainien a joué son avenir sur un seul match. Comme à la roulette... euh, non, on ne peut pas dire russe, sinon, cela va encore créer des problèmes !

Que cela soit au mondial élite à Riga ou aux deux Mondiaux de D1 juniors, les hockeyeurs ukrainiens se sont à chaque fois sauvés de la relégation sur un match décisif en battant l'équipe qu'il fallait battre. Mais il n'est pas certain que l'Ukraine pourra indéfiniment sauver sa tête une fois sur l'échafaud. Et là, peut-être que les choses vont peut-être enfin changé, avec l'intérêt manifesté pour le hockey par le président Viktor Iouchtchenko en personne.

L'habitude du quitte ou double

À Riga, comme chaque année, les Ukrainiens sont arrivés avec comme seule ambition de sauver leur tête. Comme chaque année également, la préparation a été plus que juste. Quatre matches contre des clubs russes démobilisés à la mi-avril : victoires 7-1 et 4-1 contre le Dynamo de Moscou les 15 et 16 avril, succès 2-1 et nul 1-1 les 19 et 20 avril face au réjouissant Lada Togliatti. Puis deux rencontres au Bélarus contre l'équipe nationale : victoire 5-3 le 24 avril et nul 3-3 deux jours plus tard. Et enfin, une défaite 4-2 devant la Slovaquie juste avant le tournoi letton.

Durant le première phase de ce championnat du monde de Riga, les Ukrainiens ont limité la casse contre les deux équipes "inaccessibles" avec des courtes défaites 4-2 devant la Suède et 2-1 face à la Suisse, avant de sauver leur saison en envoyant l'Italie en poule de relégation, 4-2. Et voilà le travail, une seule victoire et le maintien est assuré. La poule haute sera une inutile suite d'humiliations pour l'Ukraine avec trois lourdes défaites, 6-0 contre la Russie, 9-1 face au Bélarus et 8-0 contre la Slovaquie. Mais l'essentiel était ailleurs : la survie en élite mondiale.

Les sélections juniors ukrainiennes ont suivie le même chemin : la victoire unique pour le maintien ! En moins de 20 ans, les jeunes Ukrainiens, qui jouent majoritairement en exil aux États-Unis, ont fini cinquièmes du groupe, juste derrière la France (match nul 1-1), mais surtout juste devant le Japon, battu 6-4 en renvoyé en division II ! Idem en moins de 18 ans. Les Ukrainiens n'ont gagné qu'un seul match, celui qu'il fallait, 5-2 contre la Corée du Sud, qu'ils ont donc également renvoyée en division II. L'Ukraine junior, ennemie du développement du hockey en Asie !

La vie c'est simple comme un coup de fil !

Mais au-delà de ces sauvetages in extremis, l'essentiel est peut-être ailleurs pour le hockey ukrainien avec quelques éclaircies dans ce ciel toujours couvert. Le symbole des faiblesses mais également des possibilités et des espoirs du hockey ukrainien se trouve dans le match Ukraine-Russie disputé à Riga. Tout juste sortis la veille du guêpier italien dans le match de la mort, les Ukrainiens se sont retrouvés face au grand frère dans la première rencontre de la poule de qualification pour les quarts de finale. Durant ce match, les joueurs au trident ont montré leurs qualités et leurs défauts d'une manière criante. D'un côté, ils ont prouvés leurs qualités de combattants et d'ardents défenseurs de la patrie, en défendant comme des lions, et en n'étant menés que 1-0 à la fin du deuxième tiers. De l'autre, ils ont montré leurs limites en s'effondrant dans l'ultime période pour s'incliner au final 6-0. Sauf que ces craquements dans le dernier tiers ont peut-être une explication psychologique. Les joueurs ont été totalement perturbés par un coup de téléphone important reçu dans les vestiaires à la fin du deuxième tiers...

L'explication est à Kiev. Dans le palais présidentiel, Viktor Iouchtchenko est ravi. L'équipe nationale a déjà sauvé sa tête de la relégation et entend bien démontrer à la Russie qu'elle prête à mourir pour la patrie en danger devant les armées sur patins du Kremlin ("Non, l'Ukraine, n'est pas encore morte" est la phrase qui débute l'hymne national...). Le président prend donc son téléphone pour encourager "ses petits" avant qu'ils ne partent jouer contre la Russie. Mais visiblement, personne dans l'entourage présidentiel n'a le portable du manager de l'équipe, Vassili Fadeïev. La présidence téléphone donc au Radisson Daugava, l'hôtel de Riga où loge l'équipe nationale. Manque de chance, Vassili Fadeïev vient de partir à la patinoire... Le temps que la réception trouve le numéro, que patati et patata, le match contre la Russie est bien entamé lorsque Vassili Fadeiev décroche son téléphone pour dire "Allô ? Qui ça ? Le président ?!" Du coup, comme l'explique le manager, c'est la panique dans le vestiaire : c'est la première fois depuis la création de la Fédération Ukrainienne de Hockey qu'un chef de l'état passe un coup de fil aux joueurs de l'équipe nationale. Jusqu'à présent, c'était l'indifférence la plus absolue ! Du coup, les joueurs en sont tout émus. Ils se sont dit qu'ils fallaient être à la hauteur... et ils en ont pris cinq dans la valise lors du dernier tiers !

Il faut préciser que cela fait tellement de temps que le hockey ukrainien attend un geste, une aide, un intérêt de la part de l'état. Comme le dit Vassili Fadeiev, "Dieu fasse que cet intérêt de Viktor Andrievitch (le prénom et le patronyme du président) ne soit pas limité à un coup de fil".

La mainmise russe

Avant le championnat du monde, à la télévision ukrainienne, lors de l'ultime conférence de presse à Kiev, un journaliste demande aux joueurs ce qu'ils pensent de l'avenir du hockey ukrainien. L'attaquant vedette de l'équipe (et du Dynamo de Moscou) Vadim Chakhraïtchouk répond qu'il... répondra à cette question lorsqu'il verra enfin du concret arriver, lorsque par exemple il y aura une vraie patinoire digne de ce nom à Kiev (il n'a qu'à venir à Paris...). Ce match contre la Russie est également symbolique du "pillage" en joueurs que subit l'Ukraine. À un moment du match, Andreï Mikhnov arrête un tir de son frère, Alexeï. Deux frangins sur la glace, cela arrive souvent. Sauf que les deux sont Ukrainiens, mais que seul le premier joue pour son pays, l'autre a été naturalisé russe... Et la liste des grands joueurs russes qui sont ukrainiens est impressionnante. Oleg Tverdovski et Iouri Litvinov (natifs de Donestk) ; Nikolaï Jerdev, Egor Chastine, Anton Babtchouk (formés au Sokol Kiev) ; Vitali Vichnevski, Denis Chvydki, Sergueï Petrenko et Anton Bout (originaires de Kharkov)...

Ci-dessus : trois Ukrainiens sous les couleurs russes

Et l'on ne parle pas des joueurs ukrainiens évoluant en championnat russe qui, pour ne pas être considérés comme étrangers et donc se faire piquer la place par un Canadien, prennent un passeport russe en plus, alors que la double nationalité est interdite dans la constitution ukrainienne. C'est le cas, par exemple, de Sergueï Klimentiev, champion de Russie avec Ak Bars Kazan et élu joueur ukrainien de l'année devant Litvinenko du Sokil et le gardien Simchuk. Or, le nouveau président de la fédération russe Vladislav Tretiak a pour projet de rétablir la règle selon laquelle ces joueurs devront abandonner officiellement leur ancienne équipe nationale pour pouvoir jouer en tant que Russes...

Voilà donc pourquoi, le hockey ukrainien espère que le coup de téléphone présidentiel ne restera pas sans suite. Car il y a urgence. Il faut sauver le soldat "hockeyenko" !

 

Un hockey ukrainien encore et toujours symbolisé par le Solki Kyiv. Le faucon survole le hockey national. Il faut dire qu'il est bien seul dans le ciel...

L'équipe entraînée par le sélectionneur national Olexandre Seukand a été sacrée une fois de plus championne d'Ukraine et a été le digne représentant du pays au trident au niveau international.

En Coupe Continentale, le Sokil a été sorti au deuxième tour à Minsk. Les Kiéviens ont été battus 2-1 par le Iounost Minsk et 3-1 par leurs homologues kazakhstanais, qui comme eux représentent tout seul leur pays, le Torpedo-Kazzinc Oust-Kamenogorsk (Öskemen). Le Sokil a cependant réussi à écarter 4-0 les Espagnols de Jaca (qui ont souvent fait jouer des renforts venus du Sokil...).

Pour la deuxième année consécutive, le Sokil de Kyiv a passé l'essentiel de sa saison en championnat ouvert du Bélarus. Après une belle quatrième place lors de la saison régulière, les Ukrainiens - qui ont peu de réserves et ont souffert de la durée de la saison encore rallongée de onze journées - se sont fait sortir sèchement, trois manches à zéro, en quart de finale par le cinquième, le Khimvolokno de Mahilau (Moguilev en russe). Mais les trois matches n'ont été perdus que d'un petit but, 3-4 et 1-2 à Kyiv et 3-4 à Mahilau. Lors des deux matches à Kyiv, c'est le même homme, le défenseur Andreï Antonov, qui a marqué le but vainqueur !

Heureusement pour les faucons, au pays, ce sont toujours eux les maîtres (fauconniers...). Entrant directement en finale du championnat d'Ukraine, une fois que les gueux se sont écharpés entre eux, les princes de Kyiv ont affronté l'autre volatile du hockey ukrainien, le Berkout (Aigle royal) de Kyiv.

Peut-être trop sûr d'eux, les faucons se font voler dans les plumes par l'aigle royal. Le 4 avril, devant 700 spectateurs massés dans la petite patinoire, loin du centre ville, de l'Avangard, le Berkout bat à la surprise générale le Sokil, 4-1. Le tournant du match, se déroule à la 34e minute avec un but en infériorité numérique d'Olexandre Zinevitch, un ancien faucon devenu aigle. Le gardien du Berkout, Vadim Seliviorstov, 25 ans, est le héros du match avec 49 tirs subis !

Deux jours plus tard, au même endroit, mais devant 200 spectateurs de plus, les choses redeviennent normales avec un 4-0 en faveur du Sokil. Le Sokil qui termine la plaisanterie, toujours à l'Avangard, et toujours devant 900 spectateurs, en triomphant du Berkout 5-1. Le Sokil, qui joue en rouge ce jour-là, remporte ainsi son dixième titre de champion d'Ukraine, le quatrième consécutif.

Mais l'essentiel n'est peut-être pas là, mais plutôt dans l'intérêt des Kiéviens pour le hockey. On l'a vu, les finales ont attiré près d'un millier de spectateurs, dans une patinoire ni agréable, ni centrale, ni fonctionnelle, et ce malgré le manque d'intérêt, tellement le Sokil était favori.

Et lorsque le Sokil a joué ses matches du championnat du Bélarus au Palais des Sports de Kyiv, là où évolue la grande équipe populaire de basket de la capitale ukrainienne, les gradins étaient très bien garnis. Le Sokil a joué neuf rencontres au Palais des Sports, rénové l'an passé pour accueillir le concours de l'Eurovision de la chanson.

Deux matches en septembre pour se roder face aux Lettons, qui n'ont pas été de très grands succès populaires, 1500 spectateurs le 8 septembre contre Riga et cent de plus deux jours plus tard pour une victoire 4-2 face à Liepaja. Mais ce sont surtout les six matches de décembre et janvier qui ont été un "triomphe" ! Entre 1 800 spectateurs pour accueillir Brest, le 28 décembre (victoire 3-1) et jusqu'à 3 200 spectateurs, toujours face à Brest, le 24 janvier, pour une défaite cette fois-ci 2-3. Mais il y a eu également 2 800 personnes le 27 janvier pour voir le Khimik-SKA Navapolatsk ou encore 2 850 supporters pour le match du 6 décembre face au Dynamo de Minsk. Comme quoi, il y a un public potentiel à Kyiv pour le hockey et pas uniquement pour le BK Kyiv en basket ou le Dynamo Kyiv en foot.

 

Deuxième : Berkut Kyiv. C'est donc le Berkut qui a été l'autre grande équipe de la saison ukrainienne. L'ancien club réserve du Sokil, que plus rien ne relie à lui sinon leurs noms d'oiseaux, s'est réveillé d'un long sommeil après avoir arrêté toute activité en 2002 après son troisième titre consécutif de champion d'Ukraine en battant le Sokil en finale. L'an passé, le club était reparti en deuxième division avec de nouveaux dirigeants. Cette année est la bonne, celle de la renaissance. Une renaissance où un ancien du championnat de France est mêlé ! Si, si ! Ramil Iouldachev, l'ancien international ukrainien, passé par Amiens, a pris l'équipe en main, en devenant entraîneur des Aigles en janvier 2006, à la place de Dimitri Pidourski, qui est passé adjoint.

Durant la saison régulière, le Berkout a été intraitable, remportant ses vingt matches. C'est un joueur de 41 ans, Oleg Sinkov, qui a été le meilleur marqueur du championnat. Son centre est l'ancien capitaine de l'équipe nationale, Konstantin Butsenko. L'autre ailier de la première ligne, Evgueni Mlintchenko, 33 ans, jouait dans le championnat polonais l'an passé. C'est d'ailleurs sur ces nombreux joueurs ukrainiens expatriés pour quelques kopeks que s'est appuyé le Berkout pour constituer son équipe. Sergiy Rublivsky a pu revenir au pays après une saison au deuxième niveau britannique, et l'ex-Tourangeau Taras Bega a été retrouvé au quatrième niveau suédois...

Le Berkut s'est doté d'une structure semi-professionnelle et compte prochainement monter à son tour sa propre école de hockey. On peut donc espérer avoir deux clubs concurrents de haut niveau à Kyiv, comme cela a été le cas pendant quelques années cas jusqu'en 2002.

 

Troisièmes : Dnieprovskie Volki. Les Volki (loups) de Dnipropetrovsk reculent d'une place dans la hiérarchie ukrainienne, suite au retour triomphant du Berkout. Le principal club de province a terminé deuxième de la saison régulière (à laquelle, rappelons-le, ne participe pas le Sokil) avec une fiche de 13 victoires et 7 défaites. Quatre défaites contre le Berkout, deux face à l'ATEK (6-7 et forfait) et une contre le HK Kyiv (2-3).

En demi-finale, les Loups du Dnipro (le grand fleuve qui traverse l'Ukraine, appelé Dniepr en russe) sont tombés contre le Berkout. Les Loups sont écrasés dans les serres des Aigles dès le match aller, 4-0, avec trois buts en supériorité numérique. Le match retour dans la patinoire Meteor est plus serré (3-5), mais cela ne change rien. Il faut dire que les vice-champions de l'an passé étaient privés pour ces deux rencontres capitales de deux juniors, Dmytro Isaïenko et Denys Zavgorodko, retenus par le stage de l'équipe nationale des moins de 18 ans. Le Berkout n'a pas ce problème avec ses retraités internationaux !

 

Quatrième : HK Kyiv. Encore une émanation du Sokil. Ce club est né en 2000, suite à la volonté de jeunes issus du Sokil d'avoir du temps de glace. Troisièmes de la saison régulière, les joueurs qui évoluent avec le maillot de l'équipe nationale, ont remporté 12 matches pour 8 défaites.

D'une manière prémonitoire, le HKK a été battu trois fois durant la saison régulière par son tombeur Dnipropetrovsk, 1-5, 3-5, 2-4. En revanche, le HKK a réussi une fois à brûler le loup du Dnipro, 3-2 à Kyiv, le 2 décembre 2005.

En quart de finale, les Volki se sont facilement défaits du HK Kyiv. Il faut dire que ce dernier s'est déplacé avec un effectif si limité au match aller qu'il a inscrit sur la feuille de match ses deux entraîneurs Stepanichtchev et Demin pour sauver les apparences. Les jeunes Kiéviens ont été écrasés 9-3 dans l'est de l'Ukraine. Chez eux, devant 60 spectateurs, ils ont subi le même sort malgré l'ouverture du score en infériorité de Voïtsekovsky (2-5), dans un match joué en présence d'Olexandre Seukand, l'entraîneur de l'équipe nationale et du Sokil.

 

Cinquième : ATEK Kyiv. Le quatrième mousquetaire du hockey kiévien reste à sa place, la dernière. Les Rouges et Noirs, qui jouent dans leur propre patinoire, ont comptabilisés onze victoires et neuf défaites durant la première phase, dont un rugueux 0-13 contre le Berkout. Ils ont quand même réussi deux exploits, battre une fois Dnipropetrovsk 7-6 et une fois le HKK 3-2. Certes, ils ont perdu les autres rencontres.

L'ATEK a alors dû passer par un match de barrage avant d'affronter le revenant Berkout en quart de finale. Et cela a été difficile face, à un autre revenant du hockey ukrainien : Donetsk, le champion de D2. Pourtant les deux matches se sont déroulés à Kyiv, dans la patinoire de l'ATEK. Le 18 mars, les 80 spectateurs ont assistés à un beau chassé-croisé. L'ATEK étant sauvé par son attaquant Alexandre Issaïev qui a inscrit quatre des cinq buts de la victoire 5-4. Issaiev a ouvert la marque en infériorité numérique à la 7e, égalisé à 3-3 à la 36e, donné l'avantage 4-3 à la 41e, et même offert deux buts d'avance aux Kiéviens trois minutes plus tard, avant que Kouznetsov, ne ramène Donetsk à un but à deux minutes de la fin. Le lendemain, devant dix spectateurs de plus que la veille, Issaiev a une fois de plus sauvé la patrie de l'ATEK en inscrivant les deux buts de la victoire 2-1, permettant aux Rouges et Noirs de se qualifier.

Le quart de finale est une formalité pour le Berkout qui s'envole 12-5, avec un 7-0 dans le premier tiers. 1-0 à la 38e seconde, 3-0 à une minute et cinquante-quatre secondes ! Et un changement de gardien dans la cage de l'ATEK (Priatel remplaçant Golougtchouk), et 6-0 à 03'54" ! Le match n'ira jamais au bout. Une bagarre générale (c'est un derby !) éclate à la 52e minute. Les joueurs de l'ATEK quittent la glace pour ne plus revenir. Le Berkout se qualifie pour les demi-finales par forfait.

 

Sixième et septième : les deux clubs juniors du Sokil, le Sokil 89 et le Sokil 90, qui ne participent pas aux play-offs. Heureusement d'ailleurs, car ils se sont pris des claques monumentales en saison régulière. Les "89", ont encaissés quatre déculottés face au Berkout : 0-12, 1-16, 3-24 et 0-28 ! les "90", n'ont guère fait mieux : 1-13 et 0-14 face au HKK, 1-18 contre l'ATEK, 0-12 et 0-23 face à Dnipropetrovsk, ou 0-22, 0-15, 0-23 et 1-23 contre le Berkout !

 

Division 2. C'est l'éternel retour du hockey à Donetsk, la grande ville industrielle de l'est de l'Ukraine, fief du perdant de la révolution orange, Viktor Ianoukovitch. C'est grâce au saucisson que le hockey renaît dans le Donbass, la région la plus industrielle d'Ukraine. C'est en effet le sponsor Kolbiko qui a permit un retour du hockey dans la ville de Serhyï Bubka et du Shakhtar, double champion d'Ukraine en football. Le "kol" de Kolbiko signifie Kolbasy, soit les saucissons ! C'est une usine de charcuterie qui a relancé le club local de hockey, qui s'est appelé Kooperator jusqu'en 1990, puis Nord en 1993, et Donbass de 2001 à... 2002.

Pour se retrouver (presque) au sommet, les "charcutiers" de Donetsk sont d'abord sortis vainqueurs de leur poule de D2, devançant deux autres clubs de l'est de l'Ukraine, le Météor Dnipropetrovsk, sorte de réserve des Loups du Dnipro, et le Dnipro (décidément...) de Kherson, une ville sur l'embouchure du fleuve, au bord de la Mer Noire. Ensuite, le Kolbiko a battu en finale de D2, le vainqueur de l'autre poule, Kharkiv, une autre place forte traditionnelle du hockey ukrainien, dans l'est, qui tente également de revenir au sommet. Dans ce derby entre les grandes villes russophones, Donetsk a battu Kharkiv 2-1.

Kharkiv avait devancé dans sa poule le Patriot de Vinnitsa, dans le centre du pays, une percée du hockey dans les terres ukrainophones, et les Soumskie Vorony, les corbeaux de Soumy, une ville au nord-est de l'Ukraine, à la frontière russe, qui a la particularité d'être la terre de naissance du président Viktor Iouchtchenko.

 

L'année dernière avait vu l'arrivée en élite d'un club de province, avec les Loups de Dnipropetrovsk, cette année salue le retour de Donetsk. En deuxième division, Kharkiv est toujours là, et apparaissent Vinnitsa, Kherson et Soumy. Ce sont de bonnes nouvelles. La mauvaise, c'est la disparition des Gladiators de Lviv, le club de D2 de la capitale de la Galicie, la grande région ukrainophone d'Ukraine occidentale. Dommage, car c'est une vieille place forte du hockey, puisque dans les années trente, Lviv disputait le championnat de Pologne. La Galicie était auparavant en Lituanie, en Pologne, en Autriche, puis de nouveau en Pologne entre les deux guerres.

Un maintien en élite mondiale, un Sokil Kyiv qui a rempli le Palais des Sports, un coup de fil présidentiel, une extension géographique sur le territoire national, une couverture médiatique plus importante, soyons optimistes et voyons les évolutions positives du hockey ukrainien, plutôt que des éternels problèmes, toujours présents je vous rassure, d'image (le hockey est un "sport de Russes", noyauté par les Ukrainiens russophones) et de moyens...

Pour le résumé de l'an prochain, espérons d'autres bonnes nouvelles...

Bruno Cadène

 

 

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