Autriche 2008/09 : présentation

 

Consolidation. C'est le mot d'ordre pour la Erste Bank Eishockey Liga (EBEL) cette saison. Après avoir connu beaucoup de changements ces dernières années, elle repart avec les dix mêmes équipes : sept autrichiennes, deux slovènes et une hongroise. Les candidats étrangers à l'intégration ne manquent cependant pas, et on évoque toujours une possible expansion vers la Croatie (Zagreb) et l'Italie (Bolzano et Pontebba).

Le système de points si controversé a également été maintenu. Il s'agit d'un compromis entre la limitation des étrangers souhaitée par la fédération et le couvercle sur les salaires des stars autrichiennes voulu par les clubs. Il subsiste donc malgré sa complexité et son opacité qui ont abouti au scandale de la dernière finale, où Ljubljana a perdu un match "administrativement" pour avoir mal compté ses points.

Comme dans certains jeux-concours, les responsables d'équipes devront donc toujours composer l'effectif couché sur la feuille de match selon les points que "valent" les différents joueurs, en fonction de leur âge, de leur nationalité, et de l'évaluation qu'en font les dirigeants des autres clubs. La fédération a fait réduire le total de points autorisés de 65 à 60, mais en retour, les clubs ont obtenu que les étrangers de moins de 22 ans ne valent plus 4 mais 2 points. Comme ils peuvent en aligner jusqu'à trois, ils sont avides de jeunes talents venus d'au-delà de leurs frontières...

Le championnat ne se tiendra plus qu'en une seule phase, ce qui conduit à un triple aller-retour et à une saison régulière de 56 matches. La saison a ainsi commencé à la mi-septembre alors que l'Autriche était toujours la dernière à démarrer. Certains critiquent ce rallongement car le public ne suit pas. Il n'a pas l'air de vouloir payer plus pour voir plus. Il attend les play-offs, où, soit dit en passant, les tirs au but ont été supprimés.

 

Vainqueur des deux précédentes éditions, Salzbourg, est favori obligé eu égard à son budget mais n'a jamais eu la partie facile. Il est cependant le principal instigateur et profiteur des nouvelles règles, car il se fait fort de développer de jeunes hockeyeurs de tous horizons grâce à son "IIDM" (International Ice hockey Development Model) pour jeunes de 16 à 20 ans. Un modèle de développement théorisé et mis en pratique par Anders Melinder, un Suédois de 59 ans. Malheureusement, Melinder vient de quitter le club pour cause de mésentente chronique avec Pierre Pagé, toujours aussi peu commode humainement. L'entraîneur canadien n'est pas beaucoup aimé, ni des médias, ni des supporters, ni de ses propres hommes, à l'instar de Dieter Kalt qui a rendu son tablier de capitaine. Les relations impossibles entre Pierre Pagé et ses joueurs avaient déjà valu son éviction à Berlin.

La situation berlinoise est comparable sur un autre plan. Ici aussi, Pagé dispose d'une équipe-réserve entretenue par le club pour servir de marchepied aux jeunes. La différence est qu'à Salzbourg la réserve a aussi des étrangers (Rémi Royer y est encore parqué), et que, à la différence de la limitation des licences en DEL, les clubs autrichiens peuvent se permettre d'engager des joueurs pour des essais d'une ou deux semaines. Beaucoup de jeunes Nord-Américains de moins de 22 ans ne font donc que passer. Certains sont destinés à l'équipe première, d'autres à la réserve, d'autres nulle part. On a par exemple vu passer en août Itan Chavira, grande star du roller-hockey grâce aux vidéos de ses exploits techniques qui circulent sur internet. Il n'a commencé la glace qu'il y a trois ans et la transition aux exigences défensives n'est pas si simple. Après son bref essai autrichien et un autre guère plus long en ECHL (malgré un penalty qui a mis tout le public debout au dernier match de pré-saison), l'homme aux mains d'or jouera pro cette saison... au roller-hockey à Rethel dans les Ardennes françaises !

Les "U22" restés à Salzbourg sont finalement le défenseur junior letton Oskars Cibulis et les Canadiens Ryan McDonough et Colton Yellow Horn, venus directement de junior majeur.

"Ces joueurs veulent accéder à la NHL à travers notre programme", n'hésite pas à déclarer Pagé. C'est la phrase qu'il a répétée à propos du nouveau gardien Jordan Parisé, le fils de Jean-Paul et grand frère de l'international américain Zach Parisé, quitte à déclencher les sarcasmes car ce gardien a régressé à sa dernière saison d'AHL. Tout le monde ne le croit pas. Après le départ de Reinhard Divis, avec qui les discussions se sont vite rompues cet été même si le gardien vétéran a tenu son rang en play-offs, ce poste de gardien paraît un peu grand pour Parisé. 54 matches plus les play-offs, c'est un peu trop dense quand il n'y a pas de vraie doublure. Le club insiste auprès de Bobby Goepfert, qui a fait une bonne pré-saison, mais celui-ci préfère rester en AHL. Très curieusement, celui-ci serait donc persuadé qu'il aurait plus de chance d'accéder en NHL en étant sur place qu'en étant au fin fond de l'Autriche, championnat où il n'existe aucun précédent de départ direct en NHL. Gens de peu de foi...

En tout cas, la réorientation stratégique de Salzbourg ne se contente pas uniquement de paroles. Les Red Bulls ont effectivement arrêté de recruter des grands noms et des beaux CV, ce qui avait peu réussi. Ils s'appuient maintenant sur du métier canadien en défense et toujours sur les internationaux autrichiens en attaque : Kalt, Koch, Trattnig et consorts. Le petit problème est que ces "consorts" sont blessés ! Daniel Welser n'a commencé sa saison qu'en novembre après des problèmes de hanche, et quand il est revenu, c'est Marco Pewal, alors en grande forme, qui a été victime d'une rupture du ligament interne du genou. Quand à l'espoir offensif Philipp Pinter, il s'est "fait les croisés" en octobre. Ce sont donc d'autres jeunes qui en profitent pour avoir du temps de jeu et illustrer le nouveau "modèle" de Salzbourg.

 

La belle attaque de Klagenfurt, qui avait abordé les play-offs en pleine confiance, avait été bâillonnée sans ménagement par Ljubljana. La déception fut rude mais le KAC ne veut plus se rater cette année. L'échéance est capitale car il s'agit du centenaire du club (même si sa section hockey ne date que de 1923). L'objectif est donc tout tracé : le 29e titre !

Pas si facile. La concurrence est plus forte que jamais, et Manny Viveiros est encore un jeune coach nerveux. Il est dans la deuxième année de son contrat de cinq ans, et le club a introduit une clause de sortie à la fin de cette deuxième saison. Il joue donc très gros. Le départ du joueur du cru Christian Ban pour cause de mésentente avec Viveiros pourra être reproché à ce dernier. Les supporters se sont aussi attachés pendant trois ans au centre canadien Chad Hinz et ne voient pas son départ d'un bon œil.

L'identité du remplaçant peut les consoler : Jeff Shantz, 642 matches de NHL. À ses côtés, la recrue qui fait saliver, Christoph Brandner, ancien joueur de l'année en DEL puis premier Autrichien buteur en NHL... avant que son dos ne le fasse trop souffrir. Les risques de blessure de Shantz et de Brandner, qui sont la raison pour laquelle les clubs allemands devenaient frileux à leur égard, sont la seule interrogation d'une attaque bien pourvue, que Viveiros fait jouer à quatre lignes grâce à un banc élargi. Les jeunes locaux sont en effet en concurrence avec Raphael Herburger, formé à Dornbirn et meilleur marqueur autrichien de la deuxième division (Nationalliga) à 19 ans, et avec les frères Geier, formés à Zeltweg et passés par la Suède en junior. Dans Klagenfurt la chauvine (fief du leader populiste Jörg Haider qui vient de faire son ultime "dérapage", fatal celui-là, en décédant à grande vitesse dans sa Volkswagen en rentrant d'un bar gay de la ville avec une alcoolémie très élevée), certains des nouveaux talents sont donc "immigrés" d'autres régions actuellement sans club dans l'élite...

La défense retourne à sa vocation première avec le départ à Salzbourg du très offensif Jeremy Rebek et l'arrivée de Sean Brown, connu en DEL pour sa rudesse physique.

Les interrogations concernaient surtout le gardien Hannes Enzenhofer, qui progresse mais n'est pas encore considéré parmi les meilleurs gardiens autrichiens. Sa doublure, le prometteur René Swette, fait déjà mieux que lui quand il est titularisé. Même figurant en tête du classement, le KAC a donc profité de la blessure d'Enzenhofer pour recruter sans attendre un "remplaçant" prestigieux, Travis Scott (ex-Magnitogorsk et Cologne). L'effectif de Klagenfurt n'a plus de point faible, et toute la pression est sur Viveiros, qui a un casse-tête supplémentaire car l'effectif pèse un peu trop de points depuis l'arrivée de Scott...

 

Cela fait quelques années qu'Innsbruck figure parmi les favoris sur le papier et qu'il n'arrive jamais à concrétiser sur la glace. La faute à une ambiance pourrie dans le vestiaire, si pourrie que l'odeur filtre à l'extérieur. Depuis des mois, les supporters glosent sur le cas de Gerhard Unterluggauer, le défenseur vétéran supposé faire la pluie et le beau temps, tenu pour responsable des non-reconductions (Mallette) ou des départs volontaires (Paré) des joueurs étrangers. La liste des joueurs performants ailleurs mais pas à Innsbruck s'allonge d'année en année. Exemple, l'ex-Strasbourgeois Sami Ryhänen, recalé aux tests médicaux il y a un an dans le Tyrol avant d'avoir joué un match, et qui cartonne aujourd'hui en Ligue des Champions avec Espoo...

Le HCI nourrissait encore des espoirs avec un effectif largement modifié et le recrutement de bons joueurs comme le duo canadien Steve Guolla - Rem Murray qui a fait deux bonnes saisons au HIFK Helsinki. Mais la crise est très vite réapparue. La blessure du fragile gardien Seamus Kotyk (ex-Ljubljana) s'est conjuguée à celles de plusieurs joueurs de champ et a mis en lumière la maigreur d'un effectif obligé de jouer à deux lignes et demie pendant quelques semaines. Neuf défaites se sont alors enchaînées, et les joueurs ont alors retrouvé leur solidarité pour signer tous ensemble (Unterluggauer inclus)... Une pétition pour demander que le dirigeant et sponsor Walter Seep ne s'immisce plus ni dans le vestiaire ni dans le bus des joueurs !

Le bouc émissaire Seep l'a pris officiellement avec humour ("le bus était une épreuve, je n'avais pas le droit d'y fumer"), mais le président Günther Hanschitz était très énervé de ce grand déballage. Il était cependant mal placé pour critiquer, car dans le même temps, il échangeait de croustillantes lettres ouvertes avec le président de la fédération tyrolienne Peter Schramm, qui reprochait au HCI son incapacité à amener des jeunes jusqu'en équipe senior (malgré l'existence de deux glaces depuis l'organisation des championnats du monde) en pointant du doigt l'absence du moindre joueur d'Innsbruck dans le groupe élargi de l'équipe nationale junior.

Il ne reste plus qu'un joker pour sortir Innsbruck de la crise. Chad Hinz (ex-Klagenfurt) a déçu avec 1 point et 4 assists en 10 rencontres et son essai s'est achevé... Dernière chance avec Vince Bellissimo, qualifié de meilleur qualité/prix de DEL l'an passé avec Ingolstadt, mais dont le patinage s'est avéré insuffisant pour s'imposer dans la SM-liiga finlandaise cette saison.

 

"Faire plus jouer les jeunes" : selon Hans Schmid, le président de Vienne, c'est une des consignes qu'il a données à son entraîneur Kevin Gaudet cette saison. Le club est extrêmement critiqué pour son manque de formation, et les jeunes fuient la capitale. C'est pour casser cette image que les Capitals ont fait revenir deux produits du hockey viennois : Rafael Rotter, un petit gabarit qui a passé trois bonnes saisons en junior majeur, et le centre défensif Raimund Divis, qui avait passé toute sa carrière loin de capitale.

Au-delà des mots et des symboles, Gaudet, par ailleurs apprécié pour son travail et son sens de la communication, continue cependant de donner l'essentiel du temps de glace à ses deux premières lignes. Vienne a la moyenne d'âge la plus élevée de la ligue, surtout après l'arrivée des derniers jokers... Pat Lebeau et Juha Riihijärvi.

Ces deux joueurs ont été les meilleurs marqueurs dans de grands championnats (DEL pour Lebeau, SM-liiga et Elitserien pour Riihijärvi) et sont toujours un régal à voir jouer. Le retour le plus surprenant est celui de Lebeau. Sa tentative de retourner en NHL à 37 ans avait échoué l'été dernier aux tests médicaux, et il n'avait pas joué de la saison en raison de problèmes d'adducteurs. Il a voulu revenir en Allemagne par Duisburg cet été, mais il a voulu composer lui-même les lignes et a critiqué le niveau de ses coéquipiers (les faits ne lui ont pas donné tort par la suite). Il a été rejeté du vestiaire et viré dès le mois d'août. Lebeau a cependant toujours une incroyable facilité sur la glace et domine maintenant le championnat autrichien comme il le faisait en Allemagne il y a quelques saisons.

Ces grands anciens tiendront-ils jusqu'à la fin de la saison ? La question se pose aussi dans une défense bâtie autour des vétérans Darcy Werenka et Viktors Ignatjevs, qui connaissent bien le hockey mais sont un peu lents. Et si jamais tous ces vieux sont en forme, le problème sera d'un autre ordre, parce qu'il faudra se dépatouiller avec le système de points et les nombreux étrangers.

 

Larry Huras débarque pour une nouvelle aventure en Autriche. Il s'est d'abord renseigné sur Villach, notamment auprès d'un entraîneur rival du temps où il était à Rouen, un certain André Peloffy, qui était passé par ici il y a près de trente ans après le titre de Tours. Il s'est aussi assuré que le lycée voisin permettrait à son fils Ryan de valider son bac en anglais, car il tenait surtout à être auprès de sa famille après avoir vécu seul six mois en Norvège la saison dernière. Mais celui qu'il a le plus consulté, c'est son prédécesseur au poste d'entraîneur, Greg Holst.

Il n'est jamais facile de succéder à une légende. Holst était en effet une idole à Villach, comme joueur puis comme entraîneur, où il passe pour un excellent motivateur, qui respecte ses joueurs et jouit de leur respect. Mais il a souhaité tourner la page après six années en expliquant que du vent frais ferait du bien à l'équipe. Ce vent qui se lève, c'est donc Larry Huras, qui peut faire bénéficier son nouveau club de sa plus grande expertise tactique. Il peut en effet apporter autre chose que la stratégie uniquement défensive de Holst : plus d'agressivité, plus de rythme... L'important pour le VSV, c'est surtout que Huras continue le travail auprès des jeunes. Il prête une grande attention aux matches des juniors (parmi lesquels son fils joue) et leur accorde une grande place en équipe première. Huras a donc vite été adopté à son tour.

Si Villach a besoin des jeunes, c'est qu'après le départ de Bousquet et Gauthier, ses étrangers ne semblent pas les meilleurs. Le VSV est passé très près du gros coup cet été en annonçant sur son site internet le recrutement des frères Abbott, qui avaient étincelé dans le championnat norvégien sous les yeux de Huras. Mais le manager Mion s'est un peu précipité, car les deux frangins ont finalement signé à Rögle en Elitserien... On comprend que cette perspective les ait fait changer d'avis. Cependant, il existe un jeune joueur local, Thomas Raffl, qui a préféré rester dans son club formateur plutôt que de tenter un essai à Luleå. Ce n'est sans doute que partie remise, car la proposition du club suédois tient encore pour l'an prochain.

Raffl porte le flambeau de toute une génération de juniors qui est la meilleure du pays. La formation des jeunes compense ainsi le manque de moyens du VSV, qui dispose du plus faible budget parmi les clubs autrichiens du championnat. En plus, la crise financière mondiale étant passée par là, la place de sponsor principal est toujours vacante alors que nous sommes en décembre. Les candidats s'étant désistés, la municipalité s'est cependant déclarée prête à verser les 300 000 euros correspondants.

 

Re-fondation à Linz. Le président Wilfried Wetzl a quitté son poste pour raisons personnelles, et son vice-président Peter Freunschlag lui succède dans un style plus calme. Il aura comme bras droit le tout jeune retraité devenu manager, Christian Perthaler. L'entraîneur Jim Boni a prolongé pour deux ans cet été, mais, contacté par son ancien club Ingolstadt en pleine crise, il vient de demander à ses dirigeants d'être libéré l'an prochain.

Le changement le plus important pour l'avenir du club, c'est cependant plutôt la patinoire d'entraînement qui vient de se construire. On en parle depuis des années et cela devient réalité : Linz dispose enfin de deux glaces pour donner du temps de jeu à ses jeunes.

En attendant, les espoirs sont importés, à l'instar du défenseur international junior Alexander Pallestrang, formé dans l'ouest du pays. Il illustre la volonté de rajeunissement de la défense, qui a totalement bouleversé l'équipe. François Groleau (Briançon) et Jean-François David (Rouen) se sont recasés en France, et les vétérans Ignatjevs (38 ans) et Tiley (37 ans) ont également été écartés. Linz veut des joueurs plus jeunes et dynamiques, comme l'Américain du JYP Jyväskylä, Lars Helminen, en comptant sur le retour de l'international Robert Lukas pour amener son expérience. Mais un doute s'est fait jour : n'y est-on pas allé un peu fort ? N'a-t-on pas perdu en métier ce qu'on a gagné en vitesse ? Le poids lourd américain Ray DiLauro a ainsi été recruté juste avant le début de saison, et le vétéran Petri Liimatainen un peu plus tard. Le rajeunissement a bon dos.

Si Linz a corrigé le tir, c'est que les premières semaines ont été difficiles. Le meilleur gardien du dernier championnat, Alex Westlund, n'a pas retranscrit ses performances slovènes dans son nouveau club. Il a besoin d'une défense stable et sûre devant lui, et il a d'abord fallu solidifier les lignes arrières pour qu'il retrouve le niveau attendu.

Le club compte énormément sur lui : pour optimiser le comptage des points de son effectif, il a échangé un duo de gardiens autrichiens contre un étranger et un junior à 1 point. Jürgen Penker ne figurait donc plus dans les plans après une bonne saison qu'il la vu intégré à l'équipe nationale. Il ne doit cependant pas le regretter aujourd'hui car il tente une expérience intéressante en Scandinavie.

 

Après une entrée remarquée dans le championnat autrichien, l'Acroni Jesenice s'était fait prendre tous ses meilleurs joueurs et n'avait pas pu confirmer, se faisant voler la vedette par ses compatriotes de Ljubljana. Mais aujourd'hui, tous ceux qui étaient partis l'été dernier reviennent ! Revoilà les frères Rodman, revoilà le deuxième meilleur joueur (après Kopitar) de l'équipe nationale slovène Tomaz Razingar, et revoilà Jean-Philippe Paré qui met toujours autant de cœur sur la glace.

C'est sur leur retour que reposent tous les espoirs de Jesenice. Les internationaux slovènes étant pondérés assez fort (et ils sont nombreux), il n'y a pas vraiment la place de recruter beaucoup d'étrangers. Peut-être pas les moyens non plus, après le retrait de l'ex-skieur Jure Kosir du groupe de sponsors. L'Acroni aborde donc la saison avec deux renforts, Paré et le buteur suédois Conny Strömberg.

On revient à un effectif très semblable à celui de la saison 2006/07... avec le même point faible dans les cages. Robert Kristan est en effet reparti en Suède, pour essayer de faire remonter Mora. Les deux autres gardiens de l'équipe nationale, Andrej Hocevar et Gaber Glavic, n'ont pas encore la même constance sur une saison complète.

Il existe en revanche une différence par rapport à l'époque insouciante des premiers pas en Autriche, c'est que le nouvel entraîneur, Doug Bradley, ne connaît pas la culture locale. Son discours défensif doit être recadré par rapport la grande tradition de hockey technique et offensif qui existe à Jesenice depuis toujours.

 

L'arrivée des clubs étrangers a eu le mérite du point de vue de Graz de ne plus le laisser seul vilain petit canard en fin de classement. Mais en a-t-il pour autant profité pour construire sur le long terme ? Pas pour l'instant. Les entraîneurs ont continué à voltiger au rythme de plus d'un par an, et le club est toujours la risée du pays par sa gestion à la petite semaine. L'arrivée de Bill Gilligan représente un peu la dernière chance : il avait quitté l'Autriche il y a 20 ans, après avoir emmené Klagenfurt à quatre titres de suite.

Autre arrivée "constructive", celle de Zdenek Vanek (le père de la star autrichienne de NHL Thomas Vanek) comme directeur général du hockey mineur. Il doit relancer un secteur totalement sinistré tout en parlant avec son fils d'éventuels joueurs rencontrés en Amérique du nord qui seraient tentés par l'aventure autrichienne.

Pour l'instant, Graz ne forme plus personne et n'a pas les moyens de s'offrir les vedettes autrichiennes, ayant échoué à attirer les Divis, Kalt ou Ulrich cet été. Il a tout de même fait très plaisir à ses supporters en recrutant un Styrien (originaire de Zeltweg et non de Graz) qui a passé trois années juniors en Suède et a tout de suite plu dans l'équipe senior.

Ce n'est malheureusement pas le cas de tout le monde. Le capitaine norvégien Tommy Jakobsen commet trop d'erreurs, Greg Day a mis quelques semaines à retrouver son meilleur niveau, et le club s'est débarrassé de la star slovène Ivo Jan au prétexte de ses problèmes de dos. Le nouveau gardien Dov Grumet-Morris, dominant en ECHL, peine aussi à convaincre. La reconstruction prendra du temps.

 

Le miracle peut-il se reproduire pour l'Olimpija Ljubljana ? La qualification-surprise des Slovènes en finale devait tout à deux ingrédients, une défense en béton mis en place par l'entraîneur Mike Posma et les exploits réalisés par Alex Westlund dans les cages.

Le problème, c'est que les performances de Westlund lui ont valu d'être recruté par Linz. L'Olimpija avait trouvé un remplaçant théoriquement du même niveau, Mike Morrison : un gardien d'AHL plus jeune, ayant joué 29 fois en NHL, et par conséquent mieux coté en Amérique du nord, où seul son mental est jugé friable. Mais en pratique, Morrison n'a jamais pu faire oublier son prédécesseur, et a finalement été licencié au profit d'un Finlandais, Markus Korhonen.

Quant à Posma, qui avait sauvé Ljubljana en arrivant en cours de saison, il a été évincé encore plus rapidement. Le début de championnat catastrophique lui a coûté sa place dès le 6 octobre. C'est son compatriote canadien Randy Edmonds qui a été engagé, bien qu'il n'ait plus entraîné d'équipe senior depuis Augsbourg en 2005.

Ce qui s'est produit durant quelques semaines au printemps dernier, c'est une équipe où chaque joueur sans exception a travaillé défensivement pour que les résultats se transforment d'un coup de baguette magique en play-offs. Mais sur la longueur d'une saison, cet effort est difficile à reproduire. En soi, la défense de l'Olimpija n'a rien d'exceptionnelle, et un tel retour à la réalité était inévitable.

Le talent pur, c'est plutôt en attaque qu'il se trouve, puisque le caractériel génie Todd Elik (42 ans) se voit maintenant adjoindre le buteur Frank Banham et le travailleur Brendan Yarema pour former l'un des trios les plus redoutables du championnat. La légende du hockey slovène Tomaz Vnuk, capitaine à 37 ans et encore meilleur marqueur l'an passé, a prolongé de 2 ans. Il bénéficie des jambes du rapide ailier Ralph Intranuovo et d'un Jurij Golicic que Jesenice n'avait plus les moyes de garder après avoir fait revenir ses meilleurs joueurs. Tant que ces grands anciens ont toujours l'envie, on peut compter sur eux pour porter leur équipe en play-offs. Encore faut-il s'y qualifier...

 

L'Alba Volán Székesfehérvár a eu beaucoup plus de mal que ses homologues slovènes à se mettre au niveau du championnat autrichien. Il faut dire que les joueurs magyars de haut niveau sont en nombre limité, et que trois d'entre eux (Szélig, Ladanyi et Vas) sont expatriés à Briançon où ils se sentent bien. Le choix est donc relativement restreint. Le retour de Milan du gardien Levente Szuper, plus expérimenté au haut niveau que son compatriote partant Budai, a déjà résolu le problème du gardien. Pour le reste, au-delà du relanceur Tokaji et du duo offensif Ocskay-Palkovics (ce dernier ayant été très courtisé), les autres hockeyeurs hongrois sont encore un peu tendres. Mais le but du club est d'utiliser ce championnat autrichien pour les faire progresser. Le but ultime reste le niveau de l'équipe nationale, qui accèdera cette année pour la première fois à l'élite mondiale.

Pour cela, les Hongrois font confiance à Ted Sator, convoité par Bolzano mais qui a prolongé pour deux ans. Quand il était sélectionneur de la Slovénie, Sator dirigeait un rival direct des hommes de Pat Cortina. Aujourd'hui, il travaille en complément de ce dernier, en s'occupant du développement de la plupart des joueurs hongrois tout au long de la saison. L'entraîneur américain met en place un système défensif qui est le principal élément qui peut rendre Alba Volán compétitif. Ce n'était pas le cas l'an dernier, mais en commençant la saison par quatre victoires, les Hongrois montrent qu'ils se prennent au jeu.

Le problème, c'est de trouver de bons renforts étrangers avec un budget limité. Il fallait avant tout un buteur, et c'est le centre canadien Nathan Martz, meilleur marqueur des champions de Norvège. C'est ensuite que ça se gâte. On a essayé la piste finlandaise, mais les bons attaquants défensifs de SM-liiga (Johannes Alanen et Juhamatti Yli-Junnila) n'ont pas réussi à se transformer en leaders offensifs et le test s'est achevé après un mois.

La filière canadienne n'a pas eu que des bons côtés. Lors d'un match contre Salzbourg, l'attaquant Derek Couture a chargé Rebek sans palet à deux mètres de la bande, et le défenseur Ryan Bonni a tendu la jambe et retourné le genou de son vis-à-vis Siklenka, blessé pour six semaines. Le manager Gabor Ocskay et l'entraîneur Ted Sator étaient hors d'eux envers le comportement inqualifiable de leurs propres joueurs. Les sanctions ont été exemplaires : 12 matches de suspension pour Couture, 16 pour Bonni. Des punitions qui font très mal dans la ligue autrichienne car un joueur suspendu est automatiquement déduit du total de points de l'équipe, et ne peut donc pas être remplacé. Couture, qui avait été pris à l'essai, a été renvoyé, et Bonni n'est resté qu'au prix d'une baisse de salaire de 30%. Le bon début de saison d'Alba Volan n'est plus qu'un souvenir...

Marc Branchu

 

 

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