Bilan de la division 1 française 2009/10

 

Résultats du championnat de France 2009/10 de division 1

 

La division 1 se porte bien, merci pour elle ! On peut même s'avancer en disant qu'elle ne s'est jamais aussi bien portée ! Antichambre de l'élite, elle n'est pas gangrénée par des clubs aux ambitions démesurées qui ne rêvent que de vite quitter cette division. Non, au contraire, tous les clubs sont bien ici. Le jeu y est agréable, le spectacle garanti, l'homogénéité est de plus en plus la norme, les buts y sont en augmentation (une cinquantaine de plus que les deux dernières saisons), et si la victoire est le but de tous, il n'y a pas ici de mutinerie ou de procès d'intention à l'encontre des vaincus.

Il y fait donc bon vivre et du coup, sans aucune contestation, Caen fait un très beau champion. Avec ses joueurs locaux, ses recrues issues d'un réseau interne (et parfois d'anciens joueurs, ce qui prouve bien que l'on garde de bons souvenirs), les Drakkars ont fait évoluer un collectif qui a su renvoyer l'équipe normande à l'échelon supérieur deux ans après l'avoir quitté. Derrière, même si Brest et Mulhouse furent assez rarement inquiétés au classement, ce fut une belle foire d'empoigne, avec scores serrés, renversements de situations et dénouement à la dernière seconde... Bien sûr il y a deux sacrifiés sur l'autel de la relégation mais Annecy comme Amnéville ne faisait pas tache dans cette division. Relégués avec seize points ? Du jamais vu...

La saison regorgea de moments intenses de la première à la dernière journée : la chute de l'ogre brestois dès la première journée à Bordeaux, le calvaire des Niçois en Bretagne, le prolifique Deuil/Garges-Reims (9-10 à la fusillade), le score totalement hallucinant d'Avignon-Nice (14-10 !), la défaite caennaise contre Brest juste avant les séries ou encore le sauvetage in extremis de Courbevoie dans la dernière journée... Une belle année, un bon cru pour la D1 et ce n'est pas un hasard si bon nombre de clubs de Magnus s'intéressent aux joueurs de cette division.

 

Premier : Caen. Les Normands, décidés à ne pas se laisser doubler une seconde fois en finale de division 1, ont choisi comme ligne de conduite : le maintien. Non, pas le maintien sportif, mais le maintien en place de la majorité du groupe de l'année précédente. à défaut de faire beaucoup parler d'elle, la troupe menée par David Dostal accumulait les victoires sans heurts. Car si elle connut trois défaites, ce fut à des moments suffisamment éloignés les uns des autres pour ne pas générer de phénomènes "de crise" propre au monde sportif moderne dès lors qu'une équipe enchaîne une défaite d'affilée !

Ce n'est pas le genre de la maison, et le navire fut mené à bon port, celui de la première place de la saison régulière, sans coup férir. Néanmoins, une petite inquiétude vint troubler la tranquillité caennaise lorsque les Normands reçurent une légère correction (8-4) par leur voisin, et premier concurrent désigné, breton et ce, lors de l'avant-dernière journée de championnat. De quoi donner des sueurs froides à l'entame des play-offs.

Mais contrairement à la saison passée, Caen est plus sûr de sa force, déjà parce que dans les buts, tout est clair, Clément Fouquerel sera l'homme chargé d'amener l'équipe à l'échelon supérieur. Il faut dire que le premier tour rassura. Cergy ne fit guère trembler l'édifice de Caen la mer. Le prochain adversaire, Reims, ne semblait pas en mesure de faire mieux (double victoire des Drakkars 4-8 et 5-2 en saison régulière). Mais là, le choc ! En déplacement à la patinoire Bocquaine, les Caennais n'arrivent pas à trouver la faille devant un Kubis d'excellence (3-0). Les Normands ont donc dû remporter les deux rencontres suivantes pour atteindre la finale. Non sans mal face à des Phénix ayant poussé la notion de "jeu viril" jusqu'aux extrémités du raisonnable.

Finalement, la dernière manche attendue eut bien lieu. Caen s'en sortit deux fois brillamment, notamment lors du match retour où Alexis Gomane, l'homme qui ne marque pas en play-offs, inscrit le but vainqueur, et le titre, et la montée, à huit secondes du terme ! Tout était alors beau pour Caen, la fête sur la glace était belle et l'on se préparait déjà à la prochaine saison... sans David Dostal, "non-reconduit" quelques jours plus tard ! Une décision qui bouleversait la quiétude habituelle du HC Caen, les supporters et certains partenaires trouvant beaucoup à redire sur les motifs du renvoi. Il est vrai qu'expliquer qu'un entraîneur ne s'est pas intéressé au mineur alors que ça n'était pas dans son contrat et avancer le fait qu'il a été en retard deux fois (sic) à un entrainement ne peut qu'ouvrir les portes de la discorde... même quand on vient d'être sacrés !

 

Deuxième : Brest. à l'entame du championnat, tout le monde voyait Brest comme une armada de mercenaires disproportionnée pour la division et basée sur la seule fortune d'un mégalomane fan de poulet. Et tout le monde pensait que ça suffirait pour faire de Brest le super champion sans embûche. Première journée de championnat, bienvenue en D1, le pays où le papier ne suffit pas pour faire la glace, bam, défaite dans la bouillante Mériadeck. Sur le coup, les fameux "tout le monde" eurent tendance à se cacher un peu, craignant de s'être plantés mais espérant que cette défaite n'était due qu'à une erreur. Et tout le monde revint sur le pont lorsque les Bretons commencèrent à distribuer les roustes : 10-1 à Valence, 16-2 contre Nice, tout le monde remet sur le tapis la surdomination des Albatros.

Comme il n'y a rarement qu'une tempête dans le Finistère, la seconde arriva au moment où on s'y attendait le moins. Les Brestois venaient une nouvelle fois de passer plus de dix buts dans un match, lorsqu'ils furent surpris, chez eux qui plus est, par de vaillants Castors. Tout le monde est surpris et cherche un "responsable"... Et ce dernier sera trouvé sur le banc, en la personne du calme Sergueï Toukmatchev, le coach des Albatros. Les versions varient de ci de là, mais dans le fond, l'homme n'aspirerait plus à s'occuper de joueurs adultes et préféreraient pouponner les jeunes pousses locales. Quelle que soit la version finalement retenue, le fusible saute. Dans la foulée arrive André Peloffy, qui avait déjà coaché les Albatros jusqu'au titre suprême en 1996.

Mais en attendant le sauveur, c'est l'homme multi-casquettes du club, Sébastien Oprandi, qui assure la transition. Elle sera manquée avec une défaite à Garges et une leçon reçue à Caen. Heureusement, l'homme providentiel arrivera à canaliser ses troupes, transformant une somme d'individualités en une équipe capable de s'unir autour d'un projet commun. Dès lors, les échecs furent rares, et Brest se permit même en fin de saison de corriger le leader caennais et de tout faire pour aider Mathieu Brunelle à devenir meilleur pointeur du championnat (66 pts dont 24 sur les cinq dernières rencontres).

Les play-offs brestois furent à l'image de ce qu'était devenue l'équipe : limpide. Avignon ? Balayé ! Mulhouse ? Explosé ! Caen ? Ha ben non, pas Caen, la dernière marche fut trop haute pour les Bretons qui ne connaîtront pas deux titres nationaux consécutifs. Par contre, pour la saison prochaine, Brest annonce vouloir se franciser et recruter des joueurs de grande classe... Et devinez quoi ? Tout le monde voit Brest comme une armada de mercenaires disproportionnée, etc, etc.

 

Troisième : Mulhouse. Lui aussi promu, lui aussi sur le podium final du championnat. Si le recrutement avait été malin, la patte du technicien Christer Eriksson a fait le reste. Les Mulhousiens ont produit un championnat régulier, bien calé à la troisième place, malgré quelques revers évitables, notamment contre Courbevoie et Valence à domicile. La deuxième défense du championnat (70 buts encaissés) a pu s'appuyer sur un bon duo de gardiens, Marc-André Martel et le jeune Mickaël Gasnier en pleine ascension, pour lesquels l'alternance a été de mise jusqu'au bout de la saison régulière.

à l'avant, le coach suédois a pu s'appuyer sur trois lignes homogènes qui permettaient à certains de briller individuellement (comme Kévin Gadoury avec sa vision du jeu et ses accélérations) mais aussi aux jeunes d'obtenir du temps de jeu sur la quatrième ligne. Eriksson a ainsi pu lancer dans le bain un certain nombre de jeunes joueurs du cru qui avaient pu, en début de saison, faire leurs preuves avec l'équipe réserve en D3...

Les hasards du calendrier ont offert aux Scorpions le même adversaire que pour la dernière journée de championnat, à savoir Bordeaux. Soucieux d'effacer l'affront de la semaine précédente, les Alsaciens arrachent le nul en Gironde grâce à des blocs resserrés, notamment en défense. Dès lors, le plus gros était fait puisque les Boxers vont exploser au match retour. L'objectif initial était dépassé puisque les Mulhousiens pouvaient s'offrir une demi-finale face à Brest. Et si les Bretons furent la seule équipe à ne pas s'incliner en saison régulière face à Mulhouse, ils ne seront pas plus inquiétés en play-offs, s'offrant deux victoires larges permettant au portier historique Marc-André Martel, présent depuis la renaissance du club en division 3, de jouer ses dernières minutes à l'Illberg.

La troisième marche des Scorpions est amplement méritée et indiscutable sur l'ensemble de la saison, mais il ne faut pas oublier qu'elle est la conjonction de plusieurs facteurs favorables, comme la création d'un groupe homogène et de qualité, le tout pour un coût maîtrisé. Maintenant, le public local doit-il s'habituer à une telle régularité saison après saison ? Rien n'est moins sûr car les dirigeants ne veulent surtout pas voir ressurgir les fantômes et les erreurs du passé.

 

Quatrième : Reims. L'équipe champenoise était programmée pour progresser mais peu de monde la voyait aussi bien placée ! Le compartiment défensif restera le point le plus ambivalent de la saison. Cent-vingt-six buts encaissés, c'est beaucoup, c'est quatorze de plus que le dernier du championnat. Pourtant, le gardien Filip Kubis, qui a davantage convaincu son entraîneur que son prédécesseur Neumann, a su sortir quelques prestations de très gros calibre et a ainsi apporté des points précieux à son équipe.

Pour le reste, la défense, sans être très offensive de nature, a vu défiler beaucoup de buts... En contrepartie, les relances vers l'avant précises permettaient aux attaquants d'être rapidement en mesure d'inquiéter l'équipe adverse. Le jeune Kévin Dusseau a encore franchi un palier, lui offrant un test en Suède, prometteur pour l'avenir. Filip Prochazka a apporté son quota de points pendant que le joker Juhani Kaisjoki s'affirmait comme un modèle de défenseur défensif et que Damien Morel inscrivait un but, son seul point lors des deux dernières saisons.

C'est à l'avant que la différence s'est faite. Le départ des frères Sax a été avantageusement compensé avec les quatre joueurs étrangers qui trustent (presque) les premières places du classement des pointeurs de l'équipe. Si Sébastien Savoie termine premier à ce petit jeu, c'est surtout Eddy Martin-Whalen qui s'est distingué. Véritable leader sur et hors de la glace, il a su tirer son équipe vers le haut sur une ligne qui comptait aussi sur l'universitaire américain Chris Cahill. Malheureusement pour les Phénix, ce dernier n'a pas pu terminer la saison, devant retourner à Yale pour ses études. Derrière, Jan Rehor a encadré avec succès les plus performants espoirs locaux, Valère Vrielynck et les frères Sabatier.

En mode play-offs, les Phénix se sont révélés de redoutables compétiteurs, éliminant les Vipers et poussant les Caennais dans un troisième match au cours d'un affrontement physique. En fin de saison, le club crie au déficit dans la presse et est débouté dans un premier temps par la mairie qui lui reproche de s'être mis tout seul dans cette situation en enrôlant pas moins de sept étrangers ! Heureusement, la situation s'est arrangée, permettant ainsi aux Rémois d'envisager l'avenir sereinement.

 

Cinquième : Montpellier. Les années se succèdent et les Vipers semblent hériter à chaque fois du même calendrier avec une succession de rencontres contre les favoris en guise d'entame. Mais cette année, pas question de course-poursuite effrénée avec un gros retard au classement puisque les Héraultais ont su grappiller des points presque inattendus, notamment en venant à bout des Drakkars de Caen à Végapolis.

Mais une année sans rebondissements ne saurait exister à Montpellier. Il y eut tout d'abord la blessure à l'œil de Lars Owerfors, dès la quatrième journée, ce qui empêchera le meneur de jeu suédois de revenir sur la glace pour la suite de la saison. Ensuite, il y eut quelques blessures, comme un peu partout, par exemple avec Erik Piatak, mal retombé sur son épaule à l'entraînement, sauf que celui-ci ne reviendra jamais à son réel niveau et sera même écarté du groupe début février.

Néanmoins, ce n'est pas cela qui empêchera Montpellier de terminer dans la bonne partie du tableau. Fabrice Agnel, s'il n'a pas été le meilleur gardien de la ligue, a été pour la première fois en position de titulaire indiscutable même s'il n'était pas toujours aidé par une défense composée seulement de six éléments et donc sujette au redoublement d'efforts en cas de blessures ou de pénalités. L'étroitesse du groupe forgé par Lionel Bilbao n'a pas empêché les Vipers d'atteindre les play-offs. Ils auraient même pu avoir l'avantage de la glace lors de leur confrontation face à Reims s'il n'avait pas perdu leur dernier match de la saison face à une équipe de Nice pourtant décimée et démobilisée...

Du coup, il leur a fallu entamer les phases finales par un match à domicile face aux Phénix. Une confrontation une nouvelle fois amère pour les Vipers, encore éliminés dès le premier tour, comme les deux années précédentes face à Neuilly puis Avignon. Le match aller fut marqué par une grosse prestation de Kubis qui envoyait les Montpelliérains en Champagne avec trois buts à remonter. S'ils se battront bien, et remporteront la mise avec deux buts d'avance, les hommes du président Fornaguera devront une nouvelle fois rentrer à la maison après deux manches de play-offs.

Pourtant le bilan vu par le président Fornaguera est positif : la création de la SAOS a apporté "un ballon d'oxygène" au club, le groupe a montré une envie et une détermination largement supérieures à celui de l'année précédente. Et parmi les joueurs qui ont permis aux Vipers de se positionner en haut de tableau, on retrouve le meneur de jeu Matus Hanes qui, s'il a connu une fin de saison plus délicate, a toujours su orienter le jeu tout en apportant son quota de buts. Autre confirmation, celle du potentiel de Romain Masson. Le deuxième pointeur français de la division a apporté tout son mordant et sa vitesse pour se faire une place sur les premiers blocs. En défense, si le mot d'ordre n'était pas l'offensive à outrance, un joueur a tout de même constitué un apport dans les deux sens du jeu : Joshua Boileau a ainsi confirmé tout le bien que l'on pensait de lui après ses deux saisons nocéennes. Reste à savoir combien des joueurs cadres de cette saison seront encore là l'année prochaine vu le taux de renouvellement habituel de la maison Vipers.

 

Sixième : Bordeaux. L'équipe girondine fut la principale "victime" du mode d'attribution des points, pour le moins discutable, qui règne dans les championnats français séniors. Les Boxers ont en effet connu le même nombre de défaites (dans le temps règlementaire comme en prolongation) que les Rémois ou les Montpelliérains. Seulement, ils ont gagné quinze matchs en soixante minutes, contre dix pour Reims et douze pour Montpellier. Et pourtant, les trois équipes terminent à égalité de points, et aux confrontations directes, ce sont les Bordelais qui se retrouvent en sixième position.

Ce problème, connu à l'avance et donc accepté, ne fut pas le seul à ternir le bon bilan des Boxers. Ils furent en effet contraints de vivre deux autres soucis, un connu depuis longtemps et un autre nouveau. L'inédit, ce sont les blessures, qui n'ont jamais laissé tranquille l'effectif de l'entraîneur Stéphan Tartari (qui trouvera le moyen de se blesser lui aussi !) et ont décimé le secteur offensif. Tous les joueurs de l'avant se sont retrouvés à un moment ou à un autre à l'infirmerie. Les rares occasions où le groupe a pu se présenter au complet furent finalement les plus belles prestations qu'ont livrées les Boxers (contre Deuil/Garges ou contre Mulhouse par exemple).

L'autre problème est lui récurrent, mais laisse un goût vraiment amer : la patinoire de Mériadeck ! Ce qui est avant tout la première salle de spectacle de l'agglomération bordelaise ne laisse que peu de temps aux équipes sportives. Outre la période du mois de novembre, plus grave encore est celle de la fin de saison. Au moment où chaque entraînement devient capital, les Boxers ont accumulé les séances de hors-glace pour compenser. Sur la période allant de début mars à mi-avril, les Boxers ne bénéficiaient en moyenne que de 1h45 de glace par semaine, ce qui est totalement rédhibitoire au moment d'aborder les phases finales. C'est ainsi que les Bordelais s'inclinent pour la troisième fois en trois ans au premier tour, à l'instar de leurs voisins héraultais, le tout sans avoir jamais remporté un match.

Néanmoins, le bilan bordelais reste largement positif, sur le plan collectif comme sur le plan individuel avec l'énorme saison de Dave Grenier, 52 points inscrits (un record pour un défenseur depuis le début des années 90), élu pour la troisième fois de sa carrière (autre record) dans l'équipe-type de la division, ou la belle dernière saison de Xabi Lassalle, qui termine prématurément sa carrière - pour cause de reconversion professionnelle - avec la première place des pointeurs français.

 

Septième : Avignon. La saison de la Cité des Papes ne peut se dissocier du drame qu'a connu l'équipe en début de saison lorsque Jean-François Pointet, manager et âme de l'équipe, disparu dans des conditions tragiques en plein match de Coupe de France. Depuis, le club des Castors ne semblait plus le même mais les joueurs, comme le club, ont pu se ressouder et atteindre de nouveau le stade des séries finales.

Si l'entame fut laborieuse, les Castors ont enchaîné en novembre une série de trois victoires consécutives, dont une de prestige à Brest avec un quadruplé de l'inévitable Carl Lauzon. Ce même Lauzon, star incontesté de l'équipe, a lui-même connu un second souffle qui l'a porté de nouveau vers le haut du classement des pointeurs lorsque le club a embauché Maxime Couturier, le deuxième marqueur de la ligue junior AAA québécoise, pour le seconder. Ce dernier a multiplié les caviars à l'adresse du premier, confirmant les espoirs placés en lui lors de son arrivée en France, avortée à Bordeaux après une blessure aux adducteurs.

C'est le reste de l'attaque, en fait, qui a eu du mal à suivre puisque derrière les deux petits gabarits québécois, ce sont trois défenseurs (Sébastien Bernier, David Hennebert et Janis Brakss) que l'on retrouve au classement des meilleurs pointeurs du club. Les exemples les plus frappants sont ceux de Donatas Kameliauskas, souvent mal utilisé, et qui termine la saison avec 13 "petits" points, alors qu'il continue d'être titulaire avec l'équipe nationale de Lituanie, et Michaël Marouillat, auteur avec 8 points de sa plus petite saison comptable...

Le club avait pourtant tenté le coup de l'électrochoc en nous apprenant, fin janvier, d'un communiqué laconique, le licenciement de Denis Charpentier, présent au club depuis 1993 et artisan de la bonne santé actuelle des Castors. Du coup, Patrick Pommier, vétéran de l'équipe et joueur respecté, a pris les commandes de l'équipe. Confronté à l'ogre brestois dès les quarts de finale, Pommier tente son va-tout en constituant une "Hero-Line" 100% étrangère, mais en vain, Avignon ne connaissant pas la même réussite à ce stade que la saison précédente.

 

Huitième : Cergy-Pontoise. Le club francilien étant désormais assuré d'être le futur locataire du Centre Fédéral, il ne lui restait plus qu'à trouver une assise sportive pour prétendre utiliser cet outil à bon escient. L'arrivée d'Alan Jacob à la tête de l'équipe ne modifiait guère le visage des Jokers qui ont continué à s'appuyer sur leur leader offensif Sébastien Gauthier. Finalement, le seul gros changement devant fut le départ d'édouard Outin, remplacé, avec brio, par le Canado-Portugais Nelson Vargas-Dias. La complémentarité des deux hommes a permis à Cergy d'assurer un bon début de saison avant qu'il ne soit rejoint par l'autre Québécois de la bande, Dave Lapierre. Le trio a été complété en défense par Milan Sejna et le très (parfois trop) offensif André Niec. à eux cinq, ils représentent pas moins des deux tiers des points de l'équipe.

Le manque de profondeur de banc a donc été le premier ennemi des Jokers. Non pas que les Viennot, Hostein et autre Fontaine soient devenus tout d'un coup inefficaces, mais l'équilibre des lignes ayant été bouleversé, il leur a fallu apprendre à jouer dans un autre rôle, et ainsi, des trois hommes, seul Frédéric Hostein a réussi à maintenir une comptabilité conforme à celle du précédent exercice. Et comme ce n'est pas le vieillissant Vladimir Konopka ou le retour au jeu en janvier d'Antoine Dubois qui ont pu compenser ce manque quantitatif de points, les Jokers ont dû remettre trop souvent les clefs du match à leur première ligne.

L'autre joueur à avoir évolué un cran en dessous de sa prestation précédente, c'est le gardien Sylvain Michaud. S'il reste un portier de qualité, suffisamment en tout cas pour s'attirer les faveurs de la CHL, son jeu était devenu trop connu des attaquants adverses qui n'hésitaient plus à sortir au devant du roi des gardiens avancés (mais pas au point de le charger volontairement cette année).

Néanmoins, le groupe étant de qualité, il a su s'arracher pour enlever la dernière place qualificative pour les play-offs. Un strapontin qui l'obligeait à rencontrer le grand favori caennais. Le match aller fut sans appel avec une victoire 1-6 des Normands. La saison dernière, au stade des demi-finales, les Jokers avaient obtenu un match nul (6-6) face au même adversaire avant de plier au retour. Cette année, le sort était scellé dès ce match aller et ce n'est pas l'opportuniste début de match à Caen (deux buts de Gauthier, dont le second, un grand classique, en infériorité) qui allait renverser la tendance. Au final, sans réitérer la saison précédente, les joueurs de Cergy restent dans la bonne partie du tableau, celle qui est nécessaire pour construire une équipe capable d'être la digne représentante de la future enceinte glacière de l'île-de-France.

 

Neuvième : Nice. La saison fut agitée de bout en bout pour les Aigles de la Côte d'Azur. Il y eut tout d'abord le départ prématuré des deux meilleurs pointeurs du début de saison, Lukas Novak et Pavol Hruby, un mois à peine après le début du championnat. Ensuite, il y eut les dissensions au sein du vestiaire qui ont abouti au renvoi de Vladimir Hubka en décembre puis à celui d'Augustin Gillardin en toute fin de saison. Et lors de l'avant dernier match, il y eut le geste malheureux de Lubomir Zeleny qui bouscula un juge de ligne, prenant pour le coup cinq matchs de suspension, hypothéquant ses chances de rester en France une saison supplémentaire.

Entre-temps, il y eut la sordide histoire de Nice vs. Brest ! Et le versus concerne bien des points... Normalement, cela aurait dû se jouer sur la glace un 16 janvier, mais ce fut là le départ d'un rocambolesque débat stérile. Les Brestois, au vu des difficultés rencontrées par le trafic aérien, choisissent d'emprunter la route pour un périple de vingt heures. Mais le match n'aura jamais lieu, un trou dans la glace empêchant le bon déroulement du match ! Match reporté ? Dans un premier temps oui, mais à condition que les Brestois soient remboursés de leur fastidieux déplacement. Les Bretons présentent alors une facture (exorbitante ?) de plus de 11000 € ! Les caisses niçoises n'étant pas suffisamment pleines, les Azuréens jettent l'éponge et préfère perdre le match par forfait... Comme, en plus, le club fut pointé du doigt par ses supporters pour son manque de communication et de dialogue, la coupe fut bien remplie du côté de Jean-Bouin.

Heureusement, la saison niçoise ne peut se résumer uniquement à ces faits divers. L'équipe a proposé de belles joutes, du beau jeu et de belles révélations. Pour ce dernier cas, on ne peut passer sous silence la prestation régulière offerte toute la saison par le feu-follet Aurélien Maçon. Pur produit de la maison, il est passé cette saison du statut de jeune espoir à celui de cadre, le type même de joueur autour duquel on peut bâtir une équipe, ce qui semble être la volonté du club pour la saison prochaine.

 

Dixième : Valence. Le club de la Drôme n'y était pas habitué et ça s'est presque vu. Les Lynx étaient réputés pour la stabilité - voire pour l'immobilisme - de leur effectif. Mais cette année, il a fallu se résoudre à quelques mouvements, et cela ne s'est pas fait sans maladresse.

Cédrick Rochon avait été engagé pour dynamiser l'attaque et pour être le buteur attitré de l'équipe et cela fut une réussite d'entrée. Mais le club s'était également entiché d'Alexandre Quessy, un portier canadien lui aussi nanti de solides références en junior A, mais au niveau peut-être un peu juste pour la division 1. Cette décision était d'autant plus surprenante que Valence comptait déjà dans ses rangs deux gardiens de qualité avec Jérémy Valentin et Lucas Fournier. Le résultat était prévisible et Quessy fut débarqué mi-novembre. Ce qui n'était pas prévu par contre, c'est le départ (combiné ?) du buteur Rochon quelques jours plus tard...

Du coup, l'équipe, qui s'appuyait surtout sur deux lignes, fut un peu plus réduite encore. Et ce sont Éric Medeiros et Bastien Sangiorgio, décidément très à l'aise quand il porte le maillot des Lynx, qui se sont portés les garants de l'offensive, bien soutenus en cela par les habituels Antoine Pélisse et Thomas Gaulier.

La défense, elle, fut tout à fait conforme aux attentes : combative, rageuse sur les palets comme sur l'homme. Les Samson Samson, Milan Dirnbach, Vincent Lacaes ou Marko Filip ont fait jouer le métier.

L'autre recrutement surprise du côté des Lynx fut le retour aux affaires du coach Éric Sarliève, parti quelques années plus tôt en pleine saison. Ce coup-ci, ce fut retour à l'envoyeur, puisqu'à cinq journées du terme, voyant les play-offs s'éloigner et le spectre de la relégation se profiler, l'entraîneur était limogé au profit d'Éric Medeiros qui assumerait désormais la double casquette d'entraîneur/joueur. Une solution que le Québéco-Portugais souhaiterait ne pas voir s'éterniser une saison supplémentaire.

 

Onzième : Deuil/Garges. En voilà une équipe qui a surpris son monde en début de saison. à l'issue des deux premières journées, les Franciliens pointaient en tête du championnat, Bryce Luker, le gardien, n'avait toujours pas encaissé le moindre but pendant que Mike Baslyk enfilait les perles devant. Le rêve n'allait pas s'éterniser longtemps mais les hommes d'Éric Lamoureux continuaient à rester dans le haut du tableau grâce à de belles performances comme leurs victoires contre Mulhouse ou contre Brest... Cela n'était pas sans rappeler le début de saison d'il y a deux ans, à l'époque où les Skokan, Jaros, Havel et autres Tomasek faisaient parler la poudre !

Mais comme sa devancière, l'équipe connaissait une période trouble dont elle ne se remettait pas. De fin décembre à fin janvier, les Chiefs enchaînaient quatre défaites et pouvaient faire une croix sur la première partie du classement mais espéraient toujours accrocher les play-offs. La suite se révélait pire. La victoire contre Amnéville ne fut que le dernier souffle de vie d'une équipe agonisante. Dès lors, c'est une série, tout juste interrompue parce que la saison s'est achevée là, de huit défaites qui sanctionnait les Chiefs.

Pourtant l'équipe avait du talent dans les pattes, finalement comme sa devancière avec laquelle bon nombre de points communs peuvent être établis. Bryce Luker était un dernier rempart de choix qui a longtemps su stopper l'hémorragie avant de connaître à son tour une fin délicate. La défense était bien articulée, sévère, offensive grâce notamment à une excellente dernière saison du remarquable Petr Jaros. Ce fut aussi le cas de David Sallander, très constant et vite courtisé par d'autres clubs de la division.

En attaque, Gustav Elfving et Mike Baslyk eurent le rendement offensif attendu tandis que les mauvais gestes et le comportement douteux ne rendirent pas hommage au talent de Sean Roche, buteur patenté quand il restait dans son sujet. Individuellement, les talents ne manquaient donc pas, mais le liant qui transforme une somme d'individualités en une équipe a semblé faire défaut chez l'équipe du président Bremer, dont le fils a fait ses débuts en équipe première en fin de saison et qui marque peut-être le renouveau d'une génération de joueurs locaux pour le futur.

 

Douzième : Courbevoie. C'est la deuxième saison où Rishi Ovide-Étienne est le maître d'œuvre de l'équipe courbevoisienne. Alors qu'il visait le podium l'an passé, il s'était retrouvé bouté hors des places qualificatives pour les play-offs. Que pouvait-il arriver de pire ? La relégation ? Oui, et c'est ce qui a failli se produire. Du coup, l'homme en a tiré les leçons et ne s'occupera plus que du mineur du COC.

Pourtant, à l'issue de recrutement, tout le monde voyait Courbevoie dans un fauteuil pour les phases finales. Les trois nouveaux Québécois avaient des références solides, le club avait su conserver son leader Daniel Sevcik et s'était séparé de joueurs en fin de cycle (Timko, Sarnorvski ou Mistrik). Mais la mayonnaise n'a pas pris, pas du tout, elle a même tourné au vinaigre ! Si la saison avait commencé avec des bons points pris (victoire à Mulhouse, prolongation arrachée à Caen, victoire sur Annecy), l'hiver fut redoutable avec onze défaites en douze journées ! Voilà qui positionnait fort mal Courbevoie au moment même où Annecy reprenait du poil de la bête.

Il faut dire que les motifs d'inquiétude et d'explication étaient nombreux du côté de la patinoire Thierry-Monier. Il y eut tout d'abord la volte-face du meilleur défenseur du club, l'offensif Maxime Pomerleau, qui décida à la fin de l'année de privilégier ses études au hockey et qui laissa un grand vide sur la glace. Ensuite, il y eut les blessures, suffisamment nombreuses pour que le coach rappelle les frères Motte, partis évoluer avec la réserve en D3 (depuis cette saison pour Alexandre, depuis deux ans pour Antoine). Et puis, pour finir, il y avait la rotation dans les cages qui permettait, certes, d'assurer un temps de jeu à deux bons gardiens français, tout en handicapant l'équipe qui ne parvenait pas à se trouver un leader dans les buts.

Ce fut fait en fin de saison lorsque Julien Figved prit le dessus sur Fourcade et permit à l'équipe de relever la tête. Seulement, avant la journée de rattrapage, Courbevoie comptait deux points de retard sur Annecy et trois sur Amnéville. Certes, les Franciliens avaient un match de plus à jouer mais ses deux concurrents directs se rencontraient lors de la dernière joute. L'équation était simple : pour s'en sortir il fallait vaincre Avignon puis Deuil/Garges et espérer qu'Annecy l'emporte face à Amnéville. Le miracle se produisit, le COC remporta facilement ses deux matchs et sauva sa peau lorsqu'Annecy supplanta les Mosellans.

 

Treizième : Annecy. La saison précédente fut difficile à digérer, même pour une équipe qui visait les play-offs et qui finalement flirta avec le tout bas du tableau. Tout le monde pensait avoir tiré les leçons de cet échec et se mit à espérer en une renaissance cette saison. Cependant, il n'en fut rien, bien au contraire. Les Chevaliers du Lac ne faisaient plus peur à grand monde. Encore une fois, les recrues de Magnus à l'instar de Cédric Boldron ne pouvaient justifier leur réputation d'anciens joueurs d'élite. L'entame du championnat donna le la avec douze défaites consécutives.

La première victoire obtenue fut importante puisqu'acquise face à un autre mal classé, Amnéville, et fut le déclencheur du dernier espoir savoyard. Dès lors, la remontée fut spectaculaire, les Anneciens gagnant de précieux points, notamment face à leurs concurrents directs. Au final, les Chevaliers sortaient la tête de l'eau et de la zone de relégation. Las, le sort s'acharna, Courbevoie reprit le dessus et les Chevaliers conclurent de triste manière leur saison.

Beaucoup cherchèrent les raisons de cet échec impressionnant, les explications d'un tel naufrage. Un homme apporta la réponse. Dans un communiqué poignant et saignant d'honnêteté, le président Richard Golaz présentait sa démission et les différentes raisons de cette saison. Et autant dire que tout le monde en prit pour son grade, mais au premier rang, il s'est accusé lui-même d'avoir été "le général en chef de cette association" et le "responsable de ces résultats pitoyables".

Mais il ne faut pas croire que toutes les erreurs reposent sur le président. Ce n'était pas lui qui était sur la glace à errer comme des fantômes, ce n'était pas lui non plus qui entraînait l'équipe à coup de noms d'oiseaux dans les vestiaires. Comment oublier les prestations incroyablement manquées par des joueurs pourtant reconnus, comment oublier ce geste incroyable d'un Jean-François Bonnard menaçant, la crosse levée, un de ses plus jeunes joueurs au prétexte qu'il n'était pas parfaitement aligné sur une mise en jeu ? Ce Bonnard-là n'était pas le Bonnard espéré, celui qui apporterait son immense expérience à un groupe jeune et foncièrement amateur... Les raisons ne manquent pas, vous le voyez, mais le constat est amer : le navire des Chevaliers a bel et bien sombré au fond du lac, et peu sont ceux qui ont pu s'accrocher à un radeau de sauvetage.

 

Quatorzième : Amnéville. On sentait depuis quelques saisons qu'Amnéville avait du mal à passer le cap d'une division 1 "nouvelle génération". Cette saison, plus d'entraîneur/joueur, mais encore une défense réduite à quatre unités et tout juste une ligne capable de scorer. Deux joueurs à plus de 50 points, les renforts offensifs étrangers Johan Chang et Miroslav Fiser, un à 25, leur compagnon de trio Antoine Thomas... et après il faut descendre à 9 points pour trouver le quatrième avant offensif. Avec un banc aussi court, il était évident qu'Amnéville allait avoir du mal à sauver sa peau.

Pourtant la situation n'était pas désespérée ! La défense tenait le coup, pour sa part. Elle a même fini avec le sixième plus petit total de buts encaissés dans la division. Mais l'attaque ne pouvait pas supporter de ne s'appuyer que sur deux ou trois hommes. C'est ainsi que les Galaxians ont souvent perdu sur un score étriqué, car au moment de donner le dernier coup d'accélérateur pour tenter l'égalisation, les meneurs étaient à bout de souffle. Une situation vue dès le premier match lors d'une courte défaite (1-2) face à Caen... et répétée trop souvent, jusqu'au match de la dernière chance.

Il leur fallait gagner contre Annecy pour se maintenir. Il leur fallait chercher une quatrième victoire à l'extérieur. Mais non, le terrible scénario se reproduisait.. Menés 2-0 après deux tiers-temps, les Mosellans revinrent dès le début de la dernière période de la saison, mais furent alors incapables de profiter de deux situations de supériorité numérique.

C'est sans doute un peu facile, mais on peut se prendre à croire que le destin des Galaxians était déjà écrit. Patinoire usagée aux lumières d'un autre âge ; jeu de maillots ayant servi à plusieurs générations de joueurs, tout cela pouvait peut-être donner des indices quant à l'incapacité d'une équipe qui n'a pas pu prendre en marche le train de la modernisation que semble avoir choisi la division 1.

Alex Mondin

 

 

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