Russie 2010/11 : présentation

 

 

Division Bobrov

 

Qui aura la meilleure comparaison ? Les New York Rangers du début du siècle ? L'équipe du millénaire à Kazan en 2005 ? Les Galactiques du Real Madrid ? Comme tous ces modèles ou contre-modèles, SKA Saint-Pétersbourg a dépensé sans compter pour s'offrir des vedettes. Il attire donc à la fois les regards et les sourires en coin, car tout le monde se réjouit d'avance de son éventuel échec.

Pourquoi se lancer dans une telle aventure qui attirera les jalousies si elle réussit et les quolibets dans le cas contraire ? Pourquoi venir s'ajouter à cette liste de précédents peu engageante ? Tout simplement parce que les transferts du SKA n'ont pas été dictés par une recherche d'équilibre dans la construction d'une équipe. Ils visaient un seul et unique but, happer le plus possible de joueurs de NHL. Ce n'est pas Aleksandr Medvedev le président de club qui a agi, c'est Aleksandr Medvedev le président de la KHL, avec la volonté de créer un flux de joueurs en faveur de sa ligue.

L'objectif était donc clair : approcher tous les joueurs russes de NHL en fin de contrat (et ils étaient nombreux !), sans considération de poste ou de style de jeu. Trois défenseurs étaient ainsi agents libres, et si Gonchar et Volchenkov inclinent vers le jeu nord-américain, le double champion du monde Denis Grebeshkov constitue un renfort très utile.

La chasse la plus simple a été celle du gardien. Depuis les derniers play-offs, les franchises NHL ont conclu qu'il était superflu d'investir beaucoup d'argent dans ce poste. Les San José Sharks ont fini par embaucher Antti Niemi, le tenant de la Coupe Stanley, pour à peine deux millions de dollars sur un an, et ne regrettent donc pas d'avoir laissé partir Evgeni Nabokov, qui exigeait trois à quatre millions l'an sur une durée plus longue. L'international russe formé au Kazakhstan était prêt à ce retour dans son pays de choix, tout comme sa femme américaine qui veut que leurs enfants puissent apprendre le russe.

La position familiale était en revanche un obstacle pour Ilya Kovalchuk, à qui son épouse et sa mère recommandaient de rester outre-Atlantique. Même si le SKA a cherché à se constituer en recours, la star des agents libres de l'intersaison a privilégié, au bout d'une négociation très compliquée, un contrat de quinze ans et de cent millions de dollars avec les New Jersey Devils. Même Aleksandr Frolov a préféré un "petit" contrat d'un an (3 millions) en NHL à un retour au pays.

C'est donc le "troisième choix" en attaque, Maksim Afinogenov, qui a signé un long contrat de cinq ans. La vitesse de patinage et d'exécution d'Afinogenov en fait un élément redoutable sur grande glace, mais comment l'utiliser ? Il doit a priori accompagner Tony Mårtensson et Matthias Weinhandl pour créer une ligne offensive étincelante. La perspective est alléchante : cela fait deux ans que les équipes de KHL essaient de recruter les deux Suédois en même temps, tant ils valent beaucoup plus ensemble que séparés. Le SKA y arrive enfin, et le duo reconstitué est capable de merveilles... mais un joueur gourmand de palets comme Afinogenov peut-il se contenter de jouer les chaperons pour ce couple enfin reconstitué ?

Quant à la ligne Yashin-Cajanek-Sushinsky, dominante l'an passé, elle n'a été confirmée que tardivement : Aleksei Yashin a reçu une proposition de contrat à la baisse et a longtemps rechigné à l'accepter. On ne sait pas encore si tous ces grands joueurs sauront former une équipe. Ivano Zanatta a beau déclarer qu'il ne voit "ni star ni prima donna" dans son effectif, cet avis n'est pas partagé et beaucoup se demandent comment l'Italo-Canadien, qui s'occupait des juniors l'an passé, pourra gérer autant d'égos.

Difficulté supplémentaire : Sergei Zubov, défenseur le mieux payé et pilier du jeu de puissance, est blessé à la cuisse et est absent cinq à six semaines. Sa première passe fait cruellement défaut au SKA, qui a abandonné le 1-1-3 de Barry Smith pour un système plus offensif. Les Péterbourgeois sont de toute façon condamnés à faire le jeu à chaque match avec leur énorme pancarte de favori.

 

La fusion entre le MVD, le finaliste du championnat à petit budget, et le Dynamo Moscou, l'équipe de stars qui a échoué lamentablement, a donc donné le OHK Dynamo Moscou. Mais qui a absorbé l'autre ?

Sur le banc, c'est clair : il s'agit bien des entraîneurs et des joueurs du MVD. Un seul joueur est resté parmi les Dynamistes, le rugueux attaquant finlandais Leo Komarov. Lui qui était le besogneux au milieu des stars trouve une équipe à son image, sous les ordres du "sale caractère" Oleg Znarok, au passé de bagarreur sur la glace.

L'enrobage, par contre, est bien celui du Dynamo, avec son logo - un grand "D" - et ses couleurs de toujours, le bleu et le blanc. Le club a beau avoir communiqué sur les dix supporters du MVD qui ont pris un abonnement au Dynamo, ils restent des cas isolés. Il n'y a plus aucun lien avec la ville de Balashikha. Le club a pris ses quartiers dans la base de Novogorsk, à la fois l'atout et le handicap du Dynamo depuis toujours : certes il dispose d'un patrimoine de vastes installations sportives dédiées, mais c'est aussi le seul club à ne pas s'entraîner sur la patinoire où il joue ses matches, Loujniki et sa glace de qualité médiocre.

Encore faut-il que les supporters du Dynamo soient convaincus qu'il s'agit bien toujours de leur club. Le capitaine du MVD et ex-Dynamiste Aleksei Kudashov s'en est vite persuadé : "Je suis comme chez moi. En fait, 90% des employés du club travaillaient ici avant mon départ."

Pour faire adhérer tous ceux qui aiment le Dynamo, il fallait montrer patte blanche. Ou plutôt, patte bleue et blanche. Le meilleur joueur russe en activité, Aleksandr Ovechkin, a été nommé conseiller du président Mikhaïl Tyurkin, s'est montré à la présentation officielle, et a donné de l'argent à l'école de hockey qui l'a formé. Le joueur légendaire de l'histoire du club, Aleksandr Maltsev, a été rappelé pour entrer au conseil d'administration. Et enfin, le portrait d'Arkadi Chernyshev, l'entraîneur fondateur (voir histoire du hockey soviétique), a été ajouté sur les maillots. Un soudain intérêt historique pour les grands anciens qui témoigne surtout d'une claire opération de communication.

Pour s'assurer du soutien populaire, en plus de ces gages de filiation dynamiste, le club a aussi proposé des abonnements dans le kop au tarif imbattable de 25 euros pour la saison entière (!), hors play-offs cependant. Il faut dire que ceux-ci ont tourné court l'an dernier...

Le meilleur moyen de se réconcilier avec tous ceux qui vouent un attachement au club, c'est encore de gagner. Or, l'équipe de Znarok n'est plus sous-estimée par personne et a maintenant une double pression : celle d'être finaliste sortante, et celle de s'appeler Dynamo.

Difficulté supplémentaire : l'infirmerie bien remplie. Les Moscovites ont ainsi définitivement perdu deux renforts étrangers au bout de quelques semaines : leur attaquant Juraj Kolnik et leur leader de la défense Filip Novak, qui sont à remplacer.

 

Le Spartak Moscou est depuis plusieurs années une des meilleures équipes de contre-attaque de la ligue russe, en utilisant à merveille sa vitesse face aux adversaires les moins mobiles. Milos Riha, l'impulsif entraîneur slovaque qui ne ménage pas les arbitres, devaitit maintenir le système et les hommes. Même Stefan Ruzicka, qu'il n'hésitait pas à qualifier ouvertement de "paresseux", est resté en place.

Le jeune international slovaque Juraj Mikus a été utilisé en pré-saison pour attiser la concurrence avec ses compatriotes, mais il est resté sur le carreau : à l'aile, il serait inférieur aux ailiers Ruzicka et Branko Radivojevic, et il ne serait "pas à sa place" au centre selon Riha, même si c'est son poste théorique. Mikus s'est d'ailleurs recasé au Dinamo Riga... comme centre de la troisième ligne.

Il faut dire que les nouvelles recrues doivent se faire accepter. Prenez Aleksandr Suglobov, un joueur formé au club mais venu du CSKA honni. C'est un peu comme s'il devait subir une décontamination de ce passé militaire avant d'être accepté par les supporters. La rivalité ne se calme pas : le CSKA-Spartak en ouverture de la saison a dégénéré en tribunes lorsque des hooligans locaux ont voulu répondre par les poings aux slogans obscènes des visiteurs...

En fait, le recrutement du Spartak est souvent résumé à un seul homme : Dominik Hasek, le héros de Nagano sorti de sa retraite il y a un an et devenu champion tchèque. Simple coup médiatique ? En tout cas, Hasek se paye. Les abonnements sont inchangés pour les fans, mais la place en tribune centrale est passée à 15 euros, un tarif plus "occidental".

Reste à savoir si le gardien tchèque les vaut encore, à 45 ans. Son corps lui permet-il encore d'enchaîner les titularisations dans un calendrier aussi astreignant que celui de la KHL ? Il y aura d'autant moins de répit que son club est en plus invité à la Coupe Spengler, où il portera son maillot champion en 1962, rouge vif avec Spartak en diagonale. Bien évidemment, le public suisse se déplacera pour voir Hasek comme cadeau de Noël. Quand sera-t-il ménagé ? En pré-saison, il a joué un match sur deux, sans que son remplaçant Konobry ne paraisse très stable. Dès le début du championnat, le vétéran joue donc sans interruption, et ses performances très moyennes font débat. La saison de trop ? Méfiance avec Hasek, que l'on a enterré tant de fois et qui revient sans cesse.

 

Le grand rival, lui aussi, se pose des questions au sujet de son gardien. L'arrivée de Steve Valiquette au CSKA Moscou était censée régler ce point faible habituel. Ce gardien canadien de 1m98 a déjà passé une saison en Russie, à Yaroslavl en 2005/06, et depuis lors il était la doublure de Henrik Lundqvist chez les New York Rangers, une position qui l'a fait souvent cirer le banc et rarement jouer. Valiquette s'est fait sortir du jeu dès son premier match officiel, dans un derby aussi médiatique que houleux en tribune, et cela le met tout de suite sous pression.

Il est quand même clair que le CSKA a relevé le niveau de ses renforts étrangers, qui paraissent pour une fois de vrais cadres potentiels. Il n'a pas hésité à en aligner six, quitte à payer la taxe exigée par la KHL pour pouvoir utiliser ce quota augmenté (cinq imports l'an passé). En plus de l'ex-international américain Yan Stastny, petit gabarit confiné dernièrement en AHL, le club militaire a en effet recruté quatre Tchèques, dont deux champions du monde : le défenseur de première ligne Petr Caslava et la "star" Jan Marek qui sort d'une saison décevante à Magnitogorsk.

Les deux autres sont l'arrière physique au bon slap Karel Pilar et le petit mais agile Tomas Netik, une des figures du Sparta Prague. Malgré leurs accointances avec le hockey nord-américain, le président Fetisov et l'entraîneur Nemchinov ont gagé que l'adaptation des Tchèques serait plus aisée.

Les supporters du CSKA se réjouissent surtout du retour de Nikolaï Pronin après six ans d'absence. Il avait été le plus jeune capitaine de l'histoire russe en étant désigné à 17 ans. Il revient plus mûr mais toujours combatif... Le "pitbull" devra cependant lutter d'abord en rééducation, car il a subi une opération du tendon d'Achille en août. C'est Aleksei Badyukov, arrivé du champion Kazan, qui assurera l'intérim du capitanat.

Il est quand même historiquement plus légitime que le "club de l'Armée rouge" s'appuie sur des Russes. Le centre formé à Voskresensk, Vyacheslav Kozlov, qui avait connu une saison sous les ordres de Tikhonov avant de partir pour 18 saisons en NHL, a été engagé fin septembre pour amener sa grande expérience (il a 38 ans) à une équipe en mal de meneurs.

 

Après avoir éliminé Saint-Pétersbourg lors des derniers play-offs, le Dinamo Riga est plus populaire que jamais et est devenu une référence dans son propre pays. On ne lui reproche plus guère d'être financé à 90% par une compagnie gazière dont le siège à Moscou (Itera), mais cela reste un souci pour le club qui aimerait diversifier son budget, y compris en cherchant des financements publics.

Il est vrai que le Dinamo est avant tout la vitrine de l'équipe nationale de Lettonie. Une fois de plus, il n'aligne que des défenseurs baltes, et teste donc le niveau du pays dans ce secteur sensible. Les deux seuls arrières internationaux qui n'évoluaient pas déjà en KHL, Arvids Rekis (Wolfsburg, Allemagne) et Janis Andersons (Trinec, République Tchèque), ont ainsi été rapatriés.

Mais il reste un écueil à ce regroupement national : la surenchère des clubs russes. Cette année, c'est le gardien Edgars Masalskis qui s'est vu proposer un salaire doublé par le promu en KHL, Khanty-Mansiysk. Or, on sait bien que les Lettons considèrent n'avoir qu'un seul portier valable dans le pays. Faute de Masalskis, ils ont donc engagé... deux gardiens étrangers, le petit Suédois Mikael Tellqvist et le grand Américain Chris Holt.

En attaque, si la ligne Ankipans-Sprukts-Karsums reste intacte, les autres lignes ont beaucoup évolué. Tomas Surovy tentera de faire oublier un autre international slovaque, Marcel Hossa. Le Canadien Mark Hartigan, lui, n'a pas été oublié. Les supporters avaient regretté son départ décidé par la direction, et il revient après un an au CSKA. Il pourra faire découvrir Riga à un compatriote, Brock Trotter, septième marqueur des derniers play-offs d'AHL mais apparu seulement deux fois sous le maillot des Canadiens de Montréal. Le petit ailier devrait pouvoir s'insérer dans le jeu letton avec son énergie physique et sa capacité à garder le palet.

Mais la plus grande surprise, dans le contexte letton, est l'invitation faite à deux Russes de rejoindre le camp d'été. L'un d'eux, Vitali Karamnov, formé au Dynamo de Moscou, a été gardé comme centre de la quatrième ligne.

Manière de prouver à certains Russes voulant alimenter les tensions politiques que les Lettons ne leur vouent aucune inimitié particulière. La fervente ambiance de l'Arena Riga est d'ailleurs considérée par les joueurs visiteurs comme la plus sympathique de KHL.

 

 

Division Tarasov

 

Le meilleur marqueur des derniers Jeux Olympiques : voilà une recrue de prestige pour le Lokomotiv Yaroslavl s'il en est. Pavol Demitra n'avait que deux équipes qui l'intéressaient encore en NHL, celles où évoluent ses ailiers de toujours Marian Hossa et Marian Gaborik, c'est-à-dire respectivement les Chicago Blackhawks et les New York Rangers. Les premiers n'ont aucun moyen de recruter car ils ont explosé le plafond salarial, et les négociations avec les seconds se sont bloquées. Tout s'est passé beaucoup plus facilement entre Demitra et le Lokomotiv, mais c'est un autre joueur qui en a fait les frais.

Zbynek Irgl avait initialement signé une prolongation de trois ans, mais le contrat du Tchèque n'avait pas été enregistré auprès de la KHL, car celle-ci avait introduit entre-temps une nouvelle règle de séparation salariale (70% en saison régulière et 30% en play-offs). Quand l'opportunité Demitra s'est présentée, Irgl a été abandonné sans l'ombre d'un remord.

Après avoir d'abord été testé au centre (le poste qu'il occupe en équipe nationale), le Slovaque a finalement remplacé directement Irgl, sur l'aile du volumineux centre Josef Vasicek. Le technicien Aleksandr Korolyuk est le troisième homme de ce trio de choc. La défense enregistre également une recrue d'importance avec le champion du monde 2010 Karel Rachunek, qui a déjà passé trois ans à Yaroslavl dont le dernier titre en 2003.

Pour revenir au sommet, le club a confié son destin à Kai Suikkanen, l'entraîneur venu de nulle part qui a fait du TPS Turku un étonnant champion de Finlande et qui aura un parcours décidément atypique s'il réussit ce nouveau défi.

 

Le pauvre Zbynek Irgl espérait se refaire une santé en signant à l'Atlant Mytishchi, mais le début de saison n'a pas souri. Sa femme a été blessée, heureusement sans trop de gravité, dans un accident de la route qui a détruit sa BMW X5, et il a débarqué dans une équipe en plein doute. Est-ce vraiment étonnant quand la composition a été complètement remaniée ?

La défense a été complétée tardivement : Dmitri Bykov n'a signé que fin août après de longues négociations, et Andrei Zubarev, qui devait l'accompagner en première ligne, a dédaigné l'Atlant pour signer avec... Atlanta - à une lettre près - en NHL. L'attaque n'a conservé que quelques joueurs dont la star Sergei Mozyakin. Les jeunes joueurs ont été renvoyés pour recruter des combattants expérimentés comme Dmitri Upper ou le centre Ivan Nepryaev, à même d'apporter plus de stabilité.

Sauf que cette stabilité, l'Atlant n'a même pas laissé le temps de l'installer. La saison était à peine commencée que les lignes changeaient déjà à chaque match, donnant une impression de tâtonnement et de panique. Après seulement deux journées, Vadim Epanchintsev a été rappelé en catastrophe de la lointaine Nijnekamsk, tout content de revenir près de Moscou où sa famille est installée. La recrue slovaque Milan Bartovic devait constituer un trio d'imports avec deux Américains : en pratique, Jeff Hamilton a été viré avant même que la saison ne commence, et Chris Bourque au bout d'un mois pour faire place au Canadien de NHL Kyle Wellwood, un attaquant technique.

Après un mois de capharnaüm, l'Atlant a démis Nikolaï Borshchevsky de ses fonctions d'entraîneur en chef sans même avoir de solution de rechange. "Heureusement" que Milos Riha s'est fait virer du Spartak au même moment : le Tchèque que l'on avait laissé partir il y a quatre ans alors que le club s'appelait encore Khimik, a ainsi été engagé, avec Borshchevsky comme adjoint. Il a une équipe dont le talent offensif est concentrée dans une seule ligne Mozyakin-Epanchintsev-Bulis... sauf que le pauvre Jan Bulis s'est fait une double fracture de la mâchoire en prenant dans la tronche un slap du canonnier de la ligne bleue Vadim Khomitsky. Un mois d'arrêt et beaucoup de tracas pour Riha.

 

Après avoir été dirigé par l'ex-président de la fédération Vladimir Naumov, un mélange des genres qui aura fait plus de mal que de bien à l'équipe nationale du Bélarus, le Dynamo Minsk doit trouver sa voie. Une mission initialement confiée au nouveau manager Sergei Katkov. Ce Russe était le responsable de la section culturelle et sportive des usines automobiles VAZ de Togliatti, puis à partir de 1992 du club de hockey local, le Lada, qui avait alors connu sa période faste (deux titres de champion de Russie et un de champion d'Europe) avec jusqu'à quatre joueurs biélorusses dans ses rangs.

Dernièrement à la retraite, Katkov a travaillé au recrutement au printemps... avant de quitter son poste en juin. Les dirigeants autour d'Aleksei Torbin se sont alors appliqués à revenir sur les engagements précédemment contractés, expliquant qu'il fallait revoir les salaires à la baisse. David Petrasek, le meilleur défenseur de la saison en Suède, apprenait ainsi que le contrat qu'il avait signé n'avait pas été enregistré par la KHL. Sa situation rendue publique a renforcé dans les pays scandinaves le scepticisme par rapport à la probité de la ligue russe, mais un accord a finalement été trouvé.

Cette politique de réduction salariale s'est aussi appliquée aux contrats en cours. Vitali Koval, le gardien international du Bélarus, avait accepté la coupe de 20% l'an passé car elle venait d'une décision générale de la KHL, mais quand le club a remis en cause sa rémunération une seconde fois hors de tout cadre réglementaire, il s'est fâché et est parti à l'Atlant. Le vétéran Andrei Mezin était donc le titulaire, mais sa doublure finlandaise Mika Oksa était peu convaincante. Les négociations avec Robert Esche, commencées du temps de Katkov, ont donc repris, mais sur des bases beaucoup plus faibles. L'Américain, toujours sous contrat, a finalement signé pour 500 000 dollars environ alors qu'il demandait autrefois plus d'un million. Heureusement d'ailleurs car Mezin a des soucis avec son ménisque.

Malgré cet été agité, le Dynamo Minsk fait la course en tête en KHL en ce début de saison. Il faut dire qu'il ne s'est finalement pas foulé sur le recrutement. Il a simplement engagé en bloc quatre joueurs (le défenseur slovaque Peter Podhradsky et le trio Glazachev-Stümpel-Spiridinov) de la première ligne qui portaient à bout de bras le Barys Astana, le club du Kazakhstan ! Les quatre hommes ont changé de maillot mais sont toujours aussi efficaces.

Si le Barys a laissé partir ses étrangers pour mieux servir son équipe nationale, le Dynamo Minsk commence lui aussi à prendre à cœur le rôle qu'il peut jouer pour la sélection biélorusse. Deux internationaux importants, le défenseur Viktor Kastyuchonak (Spartak) et l'attaquant Sergei Demagin (Neftekhimik) ont ainsi été "rapatriés".

 

On avait abandonné le Severstal Cherepovets comme un vestige industriel, un fantôme du bon temps de la sidérurgie dont la production remontait au début du siècle. Et puis, à l'automne dernier, le jeune entraîneur Dmitri Kvartalnov a pris les rênes de l'équipe. L'infléchissement de tendance n'a pas suffi à accéder aux play-offs, mais a été sensible.

Pour une fois, le recrutement estival du Severstal, pas fameux ces dernières années, a été évalué comme intelligent par plusieurs experts réputés. Une opinion qui n'a pas tardé à se vérifier sur la glace.

Le gardien Rastislav Stana n'est plus seul avec l'arrivée de Vassili Koshechkin, le portier géant de l'équipe de Russie. Cela fait tout simplement un des meilleurs duos de championnat, qui ne sied guère à un club de milieu de tableau.

Autre signe d'un changement de statut : en mai dernier, le jour même où les Tchèques battaient la Russie en finale des Mondiaux, le club annonçait le recrutement du défenseur médaillé d'or Ondrej Nemec. Un champion du monde à Cherepovets, cela ne se voit pas tous les jours ! Un recrutement finaud puisque le joueur avait évidemment signé son contrat avant que sa valeur ne grimpe par ce titre.

Preuve que le club recherche des bonnes affaires, l'autre nouveau défenseur, Timmy Pettersson (Djurgården), n'a jamais été international et est peu coté dans son propre pays.

En attaque, le Severstal a fait revenir des joueurs formés au club qui étaient partis dès leur plus jeune âge. Le vétéran Vladimir Vorobiev est revenu après 17 ans et 4 titres de champion de Russie, alors qu'Aleksei Tsvetkov arrive tout auréolé d'excellents play-offs avec le MVD. Un club où l'on a sévèrement condamné l'attitude de Tsvetkov, parti sans prévenir alors qu'il avait promis qu'il resignerait. Fin septembre, c'est l'ex-capitaine Yuri Trubachev qui est rentré à Cherepovets après un peu plus d'un an au SKA. Il a ainsi quitté une collection de stars sans jeu collectif pour un club sans grand nom mais pourtant plus performant.

 

L'été fut chaud à Nijni Novgorod, on peut même dire qu'il fut brûlant. Valeri Shantsev, nommé en juin pour un second mandat de gouverneur par le président russe Dmitri Medvedev, a dû se justifier en août lorsque 20 personnes sont mortes dans le district de Viksa, où un village de 341 maisons a entièrement brûlé faute du moindre système de protection incendie.

Heureusement pour Shantsev, il lui reste le hockey, son dada depuis longtemps. Moins de contestation populaire ? Pas sûr... L'an dernier, les supporters du Torpedo Nijni Novgorod ont largement critiqué le recrutement (et indirectement le gouverneur). Shantsev a présenté une autre vision des choses. Selon lui, c'est la faute à Popikhin et pas à l'effectif qui était très bon : le coach n'a pas su créer un collectif, et des clans se sont formés, au point que les Tchèques Bednar et Brendl ne voulaient même plus jouer ensemble. Quant au rappel de Popikhin trois semaines après son licenciement, ce n'était pas un revirement, c'est juste parce que Sergei Mikhalev ne voulait plus continuer à entraîner. Tout s'explique...

Pour essayer de redresser la situation, Valeri Shantsev s'est souvenu qu'il avait été vice-maire de Moscou. Et pas uniquement pour présenter - en vain - sa candidature au Kremlin pour remplacer Yuri Luzhkov (le maire depuis 18 ans, qui avait préféré rester en vacances pendant que la capitale russe s'asphyxiait sous les cendres, a en effet été rajouté en septembre au bilan des "victimes" politiques des incendies). À son époque moscovite, Shantsev suivait de très près les affaires du Dynamo Moscou, et il a donc rappelé un ex-entraîneur bleu et blanc. Vladimir Golubovich avait été champion avec le Dynamo en 1995, mais on l'avait un peu perdu de vue. Il vient de passer quatre années et demi en Lettonie, comme entraîneur et directeur du hockey mineur à Liepaja, tout en étant parallèlement sélectionneur de l'Ukraine durant la saison 2008/09.

Golubovich n'a pu obtenir que deux attaquants étrangers qu'il convoitait, Leos Cermak et Matt Ellison, car d'autres clubs ont doublé le Torpedo sur les défenseurs visés. Il n'a en revanche pas eu son mot à dire sur les autres nouveaux imports (le gardien autrichien Bernd Brückler est resté). Ils ont en effet été placés par un agent très spécial... Igor Larionov !

L'année passée, Larionov a cessé toute collaboration avec le SKA Saint-Pétersbourg, en désaccord avec la politique menée par le président du club et de la ligue Aleksandr Medvedev. Il a alors formé un partenariat avec l'agent de joueurs Ian Pulver. Après avoir travaillé sur des joueurs - russes ou non - en Amérique du nord, il a amené ses trois premiers joueurs en Russie. Parmi eux, deux Québécois, l'attaquant Charles Linglet et le défenseur Danny Groulx, meilleur défenseur AHL l'an passé. Le troisième est l'Américain Ryan Vesce, qui a lancé depuis plusieurs années une ligne de vêtements baptisée Salmon Cove dont le logo, un saumon remontant le courant, est censé illustrer la volonté d'aller à contre-courant des vêtements traditionnels. Les hommes de Larionov sont vite devenus les piliers du Torpedo.

 

Chaque année avant que la saison ne commence, les joueurs du Vityaz Chekhov sont reçus dans un monastère orthodoxe de la région où ils sont plongés dans l'eau bénite. Amen ! Mais il faudra plus que les sacrements de prêtres pour faire croire que ses hommes sont des saints...

Le Vityaz compte toujours dans ses rangs trois enforcers, plus que n'importe quelle équipe de NHL : Darcy Verot, Brandon Sugden et Josh Gratton ne jouent que quelques minutes par match, avec souvent pour seul objectif de chercher le conflit jusqu'à la prochaine suspension. Et le fait que la KHL ait changé les règles pour arrêter les expulsions automatiques après une bagarre ne les calme sûrement pas.

Avoir une réputation sulfureuse semble ici être un critère d'embauche : Chris Simon a ainsi laissé le capitanat à Daniil Markov, l'ancien défenseur de NHL qui avait fait la une au printemps pour une vidéo d'arrestation musclée en état d'ivresse au volant. Il était déjà passé par Chekhov pendant le lock-out en 2005. Quand un joueur signe au Vityaz, on se met donc à chercher s'il présente une pathologie, un déséquilibre psychologique, ou simplement un goût marqué pour l'ultra-violence. Mais aussi surprenant que cela paraisse, Kevin Lalande, jeune gardien d'AHL ayant toujours présenté de bonnes statistiques; semble avoir un casier judiciaire vierge ! Un hockeyeur aux bonnes performances purement sportives, voilà qui "fait tache".

Dernier au classement mais leader intouchable aux pénalités, le Vityaz n'en est pas moins resté fidèle à lui-même. Curieusement, il ne semble plus s'en contenter. En octobre, il a donc engagé comme entraîneur Andrei Nazarov. Un ancien bagarreur attitré est donc chargé de diriger ses anciens confrères. De quoi craindre le pire. La différence est que Nazarov s'est forgé une solide réputation à Chelyabinsk, avec un jeu "viril mais correct". Pas comme le Vityaz avec ses cinglés qui ne sont plus à un carnage près.

Nazarov justifie cependant la politique de son nouvel employeur : "Le Vityaz est une des équipes qui attirent le plus de spectateurs à l'extérieur. Ces statiques confirment que les Russes ont un intérêt pour le hockey physique et canadien. Pour nous Russes, ce hockey est peut-être le stimulus principal. Sérieusement, nous devrions remercier le manager Aleksei Zhamnov parce que son équipe persiste à cultiver un type de hockey très spécial et n'a pas peur d'être le mouton noir."

Toutefois, il reconnaît qu'il faut "travailler sur l'image de l'équipe. La tâche est simple : faire du Vityaz l'équipe la plus populaire de Russie. Ou si vous voulez, le club de KHL le plus NHL." On part de loin car, pour l'instant, c'est l'équipe la plus détestée.

Nazarov a demandé à ce que son club soit le premier à être autorisé à réduire la taille de sa glace pour préparer les Russes aux Jeux olympiques de Sotchi, maintenant que le président de l'IIHF René Fasel a ouvert la voie à ce qu'ils se déroulent sur des dimensions réduites.

 

 

Division Kharlamov<

 

Pourquoi changer une équipe qui gagne ? Après avoir remporté les deux premières éditions de la KHL, Ak Bars Kazan a décidé de s'appuyer sur un effectif presque inchangé. Le pilier de l'équipe Ilya Nikulin a signé un nouveau contrat de cinq ans qui succède au précédent. De quoi accumuler encore des titres pour ce défenseur formé au Dynamo Moscou qui est déjà quatre fois champion de Russie et deux fois champion du monde à 28 ans seulement.

La défense de Kazan semble s'être affaiblie. Deux joueurs sont partis à Omsk, Andrei Mukhachev et surtout Andrei Pervyshin. Ce pilier du club depuis six ans ne s'est pas présenté à l'entraînement, apparemment fâché. Une perte dommageable ? Pas pour Ak Bars. La panthère blanche se garde bien de recruter. Après tout, Igor Shchadilov ne constitue-t-il pas une recrue, lui qui a manqué presque toute la saison dernière sur blessure ? Et puis, il y a de la réserve, et Zinetula Bilyaletdinov a la réputation de bien coacher les jeunes défenseurs.

Après avoir remporté la finale sans leurs deux stars offensives Aleksei Morozov et Danis Zaripov, les Tatars se fixent donc un nouveau défi : rester champions avec deux arrières en moins, non remplacés ! À l'heure où tous les dirigeants russes entreprennent des changements perpétuels à l'emporte-pièce, ceux de Kazan restent en retrait de cette agitation. Ils agissaient de même autrefois, mais ont appris les vertus de la sagesse.

Les champions n'ont donc embauché que deux recrues, l'attaquant de troisième ligne Evgeni Shachkov et le buteur Marcel Hossa. Habitué à un gros temps de jeu, le Slovaque veut cette fois intégrer les contingences d'un grand club pour remporter enfin le premier titre de sa carrière et démentir sa réputation de starlette.

 

La stabilité n'est plus de mise en revanche au Metallurg Magnitogorsk. Le patron du combinat métallurgique, le richissime Viktor Rashnikov, s'est fâché l'an passé, a renvoyé le manager historique Velichkin et a donné carte blanche à Viktor Postnikov, un ancien entraîneur, pour reformer l'équipe.

Le nouveau responsable du recrutement s'est tout de même largement appuyé sur le nouvel entraîneur Kari Heikkilä. Le Finlandais a évidemment eu la liberté de choisir son staff, avec comme adjoints Aleksandr Barkov, un Russe qui a passé dix ans au Tappara et parle finnois, et Harri Hakkarainen, le préparateur physique de l'équipe nationale de Finlande.

Idem pour les renforts étrangers : le capitaine des champions du monde Tomas Rolinek se retrouve tout seul comme Tchèque. Le centre Petri Kontiola a été rejoint par le buteur Juhamatti Aaltonen, dont les talents en un contre un n'ont rien à envier aux plus grands spécialistes russes. Le duo révélé en deuxième ligne de l'équipe de Finlande en mai est ainsi reconstitué. Aaltonen s'était fait découvrir au Kärpät sous les ordres de Heikkilä, tout comme la dernière recrue à l'arrière, Lasse Kukkonen. Celui-ci est un pilier de l'équipe finlandaise, il était là aux JO comme aux Mondiaux, tout comme le défenseur offensif Janne Niskala.

La patte du coach ne se fait pas sentir uniquement par la venue de ses compatriotes. Le gardien Georgi Gelashvili avait en effet été gardien de l'année à Yaroslavl lorsque l'entraîneur se nommait... Kari Heikkilä. Sa venue aux côtés d'Ilya Proskuryakov signifie qu'il n'y a plus de place ni pour Aleksandr Pechursky ni pour l'international junior Igor Bobkov : les deux gardiens formés au club sont partis en Amérique du nord.

Le principal changement est le style de jeu. Le Metallurg vit sa seconde révolution, non moins importante que celle de Dave King. Le club ouralien, qui a toujours pratiqué un hockey très technique, a subi un reformatage finlandais : une tactique généralement défensive et fermée, mais avec un jeu bien plus direct et physique dans les phases offensives. Certains n'ont pas trouvé leur place dans le nouveau système : Evgeni Gladskikh a dû se préparer dans son coin cet été avant de retrouver un emploi à Nijni Novgorod.

D'autres en revanche sont comme des poissons dans l'eau. La mue la plus spectaculaire a été celle de Denis Platonov, un joueur discret qui a utilisé son grand gabarit comme jamais pour marquer huit buts dans les cinq premiers matchs, un record. Enver Lisin, qui a passé les deux dernières saisons en NHL, s'est aussi fondu dans le système Heikkilä lorsqu'il est arrivé pour renforcer la troisième ligne centrée par le capitaine Sergei Fedorov.

Autant de remaniements auraient pu se faire aux dépens des figures locales et déplaire aux supporters. Au contraire, ceux-ci sont aux anges de voir que Heikkilä, non content de faire gagner leur équipe, accorde une place aux jeunes formés au club. Yaroslav Khabarov, 21 ans, s'est ainsi taillé une place de titulaire régulier dans es lignes défensives.

 

Vladimir Krikunov est la star du Neftekhimik Nijnekamsk. L'ancien sélectionneur a rebâti sa réputation dans le petit club tatar, où il applique ses méthodes à la dure. Il n'est pas si méchant, Krikunov. Pourquoi cette réputation de dictateur alors que c'est un démocrate ? Mais si, il laisse les joueurs élire leur capitaine à bulletins secrets : Andrei Ivanov a été élu, devant Vladislav Bulin et Maksim Pestushko qui deviennent ses adjoints.

Si Krikunov était si terrible, les joueurs ne reviendraient pas. Or, Niklas Persson n'a pas hésité à retourner dans la riante cité pétrochimique de Nijnekamsk après un camp NHL à Tampa Bay, au bord des plages de Floride... L'international suédois est cependant arrivé en petite forme selon Krikunov, qui a dit ne pas avoir reconnu celui qui était un de ses leaders. Qu'à cela tienne, il a préparé des exercices pour le remettre en forme, et pour la mise en condition physique, on peut toujours compter sur Krikunov. Apparemment, les Suédois s'adaptent bien au plus russe des entraîneurs russes, puisque Björn Melin et Daniel Fernholm sont aussi arrivés cet été.

Mais le joueur le plus "krikunovien", c'est peut-être Fedor Fedorov. Il ne faisait rien à Magnitogorsk, où il n'avait été pris que pour faire plaisir à son frère Sergei, et il est donc arrivé en joker tardif pour exprimer soudain ses qualités. Krikunov a alors dit connaître la formule pour utiliser ce joueur ingérable : "Fedorov, on peut dire que c'est mon joueur. Je sens qu'il n'a pas besoin d'être poussé et dirigé, c'est mieux de lui donner une complète liberté. Il a été formé comme joueur en Amérique du nord, où son frère aîné était parti à Detroit. Pour cette raison, Fedor tend à un jeu individuel qui ne s'adapte pas toujours au circuit européen. Il est donc très important de bien choisir son trio."

 

Le gouverneur de la région, Mikhaïl Yurevich, a fixé lors de la présentation officielle du Traktor Chelyabinsk l'objectif de la saison : atteindre la finale de la Coupe Gagarine ! Et de rajouter : il ne peut pas y avoir d'excuses ! L'argument avancé était imparable : puisque le MVD y est parvenu l'an passé à la surprise générale, il n'y a pas de raison de ne pas pouvoir en faire autant avec un budget comparable. Le nouveau capitaine Vitali Yachmenev, revenu dans son club formateur après 17 ans d'absence, a assuré que l'équipe ferait tous les efforts pour accomplir cette tâche. Mais au fond de lui, il devait savoir qu'on lui demandait une mission impossible.

Andrei Sidorenko, l'ancien sélectionneur du Bélarus et de la Pologne, avait reçu "carte blanche" pour construire l'équipe, mais il n'était pas homme à parvenir à de pareils résultats. C'est un entraîneur capable de travailler avec les jeunes, pas un faiseur de miracles. Malgré la présence d'un champion du monde en la personne de Petr Vampola, il n'est pas arrivé à constituer une équipe digne de ce nom. Il aura quand même marqué son passage de cette phrase savoureuse : "L'emblème du club est un ours qui mord une crosse. Et nos attaquants ont un caractère de panda."

Yurevich s'est vite rendu compte que l'équipe qu'il rêvait finaliste n'était même pas en position de se qualifier en play-offs, son sang n'a donc fait qu'un tour. Le bureau du club s'était contenté deux jours plus tôt de renvoyer le coach des défenseurs (Oleg Davydov), le gouverneur a renvoyé Sidorenko, qui n'avait été que le second choix durant l'été, et a recontacté le premier choix, Valeri Belousov, avec qui aucun accord financier n'avait été trouvé.

Légende du club, ancien compagnon de ligne de Bykov, Belousov avait conduit le Traktor à deux médailles de bronze comme entraîneur avant de conduire Magnitogorsk à trois titres. Quinze ans après, il revient donc à Chelyabinsk, après avoir finalement obtenu les moyens adéquats. Le gouverneur a compris qu'il faudrait augmenter le budget.

Belousov, âgé de 62 ans, préfère travailler avec des joueurs établis, et un tas de recrues vont arriver : les deux plus notables sont l'ex-champion de NHL Dmitri Afanasenkov et le défenseur canadien Raymond Giroux, qui commençaient tous deux à s'impatienter de ne pas retrouver d'équipe à leur tarif. Les recrues étrangères décevantes comme Mika Viinanen et Roman Kukumberg ont été priées dans le même temps de faire leurs valises.

Mais que vont devenir les jeunes dans ce grand club formateur ? Beaucoup s'inquiètent de leur sort avec les renforts qui s'annoncent. Pourtant, il y en a au moins un qui a bénéficié du changement d'entraîneur, Danila Alistratov. Son inexpérience avait été pointée comme un obstacle à ce que le Traktor aille plus loin en play-offs. Tout l'été, le Traktor a cherché en vain un gardien étranger, jusqu'à ce que Fribourg-Gottéron n'engage Cristobal Huet fin août et ne libère du même coup Sébastien Caron.

Au jeu des chaises musicales, le Traktor a donc récupéré le gardien canadien comme numéro un. Mais au premier match de Belousov, il a encaissé cinq buts en onze tirs et Alistratov a donc repris sa place de titulaire, à quelques jours de ses vingt ans.

 

Le Yugra Khanty-Mansiysk a semblé mal en point avant même de faire ses premiers pas en KHL. Ses résultats en pré-saison ont été très médiocres. Le capitaine Konstantin Kasatkin s'est fait virer sans que les raisons en soient divulguées. Et pourtant, le nouveau venu a réussi son entrée en matière une fois que le championnat a commencé.

Si la composition de l'équipe n'a rien d'impressionnant, il n'en va pas de même du staff. Avec Sergei Shepelev et ses assistants Nikolaï Soloviov et Sergei Kotov, le Yugra dispose de trois spécialistes qui ont tous une grande expérience y compris comme entraîneurs en chef. N'y a-t-il pas le risque qu'ils se marchent sur les pieds ? Cela ne semble pas le cas.

Ainsi encadrés, les débutants de Khanty-Mansiysk constituent la sensation de la KHL en pratiquant un jeu soviétique de la vieille école. Leurs systèmes, fondés sur la conservation du palet, préfèrent toujours la passe au tir et dédaignent clairement le jeu direct nord-américain aujourd'hui dominant. Une tactique appréciée esthétiquement et efficace sur le plan des résultats.

En plus, le Yugra a fait la bonne affaire en récupérant rapidement Kirill Petrov, le meilleur attaquant des Mondiaux U18 2008. Encore meilleur marqueur de l'équipe russe des moins de 20 ans l'an passé, Petrov est un talent indéniable, grand, rapide et technique, mais il était bloqué à Kazan qui n'avait pas de place pour lui. Il y a deux saisons, il était en équipe réserve, il y a un an, il était prêté chez le voisin Almetievsk, mais il est plus que temps qu'il connaisse le niveau supérieur. Qu'Ak Bars continue à le garder sous contrat sans lui donner d'opportunité aurait été un bien mauvais cadeau à faire à un joueur du cru. Finalement, les Tatars ont échangé leur poulain contre une compensation symbolique (un cinquième choix de draft KHL), et Petrov explose enfin à Khanty-Mansyisk.

Ce respect des joueurs, les dirigeants du Yugra ne semblent pas l'avoir. Les recrues slovaques, pas au niveau attendu, ont vite été laissées de côté, et ils cherchent par tous les moyens à s'en débarrasser. Comme ils n'arrivaient pas à convaincre l'agent Andrei Trefilov d'une rupture à l'amiable du contrat de Tomas Bulik, ils ont employé la ruse : ils ont fait signer au joueur un document en russe (langue qu'il ne parle pas) en prétextant qu'il s'agissait de formalités urgences de visa. Son agent a découvert le pot aux roses trop tard, le délai de rétractation de deux jours étant dépassé. Les mésaventures de Bulik ont fait le tour de la presse mondiale, effarée de ces pratiques d'un autre âge. Son compatriote slovaque Vladimir Dravecky n'est guère mieux loti : son contrat est respecté, mais il a été envoyé jouer en division inférieure.

 

Il y a un an, c'est l'Avtomobilist Ekaterinbourg qui était le petit nouveau de la KHL. Il avait alors réussi à accéder aux play-offs, mais le cap de la deuxième saison s'annonce plus ardu. Le club a peu de moyens pour recruter et se contente de Slovaques au meilleur rapport qualité/prix. S'y ajoute le défenseur tchèque Angel Krstev, confié à l'entraîneur Evgeni Popikhin... qui avait pourtant demandé quelques mois plus tôt, quand il était à Nijni Novgorod, de rompre le contrat de ce même joueur !

De toute manière, Popikhin n'est pas resté longtemps. Il s'est lamenté d'avoir perdu deux joueurs importants sur blessure, le défenseur Vladislav Otmakhov et le centre Nikolaï Bushuev, à juste titre car l'Avtomobilist a un banc relativement court et peu de réserves. Cela ne l'a pas sauvé et il a été viré mi-octobre avec son assistant Piotr Malkov.

Pas sûr qu'Ekaterinbourg ait les moyens de remonter, par contre Popikhin a vite rebondi. La place d'entraîneur de la nouvelle équipe de Russie B, recréée cette saison, s'est libérée au même moment parce que Nazarov s'est engagé avec le Vityaz, un cumul de fonctions qui n'a pas plu aux responsables de l'équipe nationale et en particulier au sélectionneur Slava Bykov. Popikhin est un vieil ami de Bykov puisqu'ils formaient un tandem d'entraîneurs chez les juniors élite de Fribourg-Gottéron puis pendant quinze mois chez les seniors. Aujourd'hui, Bykov est le patron de la Sbornaïa (et du Salavat Yulaev Ufa), et Popikhin, moins heureux dans ses expériences en club, intègre à son tour le staff.

 

 

Division Chernyshev

 

Tout comme Kazan dans le Tatarstan voisin et rival, le Salavat Yulaev Ufa fait la fierté de la République autonome de Bachkirie. Or, Murtaza Rakhimov, le dernier dirigeant dans toute la Fédération de Russie à ne jamais avoir lâché le pouvoir depuis l'époque soviétique, a été remplacé cet été par Rustem Khamitov, un dirigeant d'une compagnie d'hydroélectricité, parachuté par Moscou mais de parents bachkires. Dès ses premières déclarations, il a précisé qu'il continuerait à soutenir le sport. Ouf pour Oufa !

C'est en effet avec des moyens conséquents que cette équipe a été bâtie. Des moyens plus élevés que les comptes officiels, semble-t-il. Cette saison, la KHL et son président Aleksandr Medvedev ont décidé de mettre en place une taxe (30%) sur les dépassements de masse salariale. Impossible en effet de garder un plafond indépassable : le propre SKA de Medvedev va le crever complètement avec ses dernières acquisitions venues de NHL. Mais dans le même temps, la KHL a mené des investigations en comparant les contrats des clubs et les revenus déclarés par les joueurs aux services fiscaux locaux. Le Salavat a été pris la main dans le sac au vu des disparités constatées et a écopé d'une amende de 55 millions de roubles (plus de 1,2 million d'euros) sans que la KHL ne fasse la moindre communication officielle sur ce cas traité en interne.

Ce léger débours ne gêne guère le Salavat, qui va maintenant pouvoir dépenser officiellement sans compter. Il a conservé ses joueurs importants. Les deux meilleurs étrangers, l'attaquant norvégien Patrick Thoresen et le défenseur devenu champion du monde Miroslav Blatak, ont rempilé, et les cadres russes, hormis Perezhogin, sont tous restés. Slava Bykov a donc estimé que le vestiaire se connaissait suffisamment bien et a pour la première fois de sa carrière laissé la désignation du capitaine aux joueurs. C'est Viktor Kozlov qui a été élu devant Radulov et Tverdovsky.

Néanmoins, cette équipe de qualité avait échoué en play-offs. Tirant la conclusion de ses erreurs, le Salavat a surtout voulu se muscler pour les séries. Il a donc recruté trois joueurs physiques d'Omsk, Aleksandr Svitov, Igor Volkov et le Tchèque Jakub Klepis. La recrue de NHL Robert Nilsson correspond aussi à cette description : le Suédois, né au Canada et qui y a passé une partie de sa vie, a plus le goût du jeu physique que son père Kent Nilsson, même s'il n'a pas encore autant concrétisé son talent.

Et surtout, Oleg Saprykin peut enfin reconstituer la doublette magique qu'il a formé avec Aleksandr Radulov au Mondial de Berne. La volonté de réunir les deux hommes était si évidente que la monnaie d'échange aurait été trop importante. Saprykin a erré de club en club jusqu'à pouvoir s'engager cette saison au bon endroit. Sauf que les sélectionneurs Bykov et Zakharkin ne se sont pas empressés de reformer le duo, et que Saprykin n'a pas su se montrer digne de la première ligne...

Le Salavat est en effet moins impérial que la saison dernière. Tout en gardant une volonté offensive, Bykov a mis en place de nouveaux schémas de jeu, plus en phase avec les recrues et avec le hockey dit moderne, c'est-à-dire plus agressifs et plus directs sur la cage adverse.

Au niveau de l'orientation vers le but, aucun problème : Ufa marque toujours énormément. Le problème, c'est qu'il encaisse tout autant ! Le duo Aleksandr Eremenko - Vitali Kolesnik ne donnant plus tous les gages de sécurité, un joker a été trouvé avec Erik Ersberg, le gardien suédois des Los Angeles Kings qui souhaitait changer d'air après avoir été rétrogradé en AHL. Mais cela suffira-t-il à régler le comportement défensif général ?

 

L'entraîneur Raimo Summanen a été introduit en Russie par son ancien rival dans le championnat finlandais Vassili Tikhonov, aujourd'hui son assistant. Arrivé à l'Avangard Omsk juste avant les play-offs au printemps, il n'a connu que la défaite. Il a cependant été confirmé. Son système, fondé sur la condition physique et les transitions rapides, aura donc le temps de se mettre en place. Il a également eu son mot à dire sur la sélection, privilège dont ses prédécesseurs ne jouissaient pas.

La renommée des engueulades de Summanen pourrait être dissuasive pour les recrues potentielles. A-t-elle joué un rôle dans le départ de Lasse Kukkonen, qui était parti d'Omsk dès le dernier match de la saison pour raisons familiales et ne répondait plus aux messages depuis lors ? Malgré cette crainte, Omsk a construit une belle équipe, sans avoir mis plus de moyens que les autres années.

Il a donc fallu laisser partir de son club formateur le fougueux Aleksandr Svitov, à qui Ufa a offert une proposition de contrat presque deux fois supérieure. Les meneurs du vestiaire, l'ex-capitaine Dmitri Ryabykin et le boute-en-train Dmitri Vlasenkov, sont restés, mais occupent un rôle discret sur la glace dans une équipe qui s'est trouvée de nouveaux leaders.

La défense a acquis trois éléments importants. Deux viennent de remporter deux titres avec Kazan, Andrei Mukhachev, que l'Avangard poursuivait déjà de ses avances il y a deux ans avant qu'il ne s'engage chez les Tatars, et Andrei Pervyshin, échangé contre les droits sur Nikita Nikitin qui était de toute façon parti en Amérique. Le troisième, le Tchèque Martin Skoula, arrive après dix années de NHL où il estimait ne plus recevoir le temps de jeu que méritaient ses performances.

Le principal problème d'Omsk était cependant de trouver à Jaromir Jagr des partenaires offensifs à son niveau. Le numéro 68 s'en est chargé en partie lui-même en recommandant Roman Cervenka, qu'il avait adopté sur sa ligne aux Jeux olympiques puis aux Mondiaux. Le centre des deux Tchèques est Aleksei Kalyuzhny, qui avait déjà joué avec Jagr à Omsk l'année du lock-out : l'international biélorusse a donc été accueilli à bras ouverts avec le statut inédit de capitaine.

Cette ligne n'est cependant pas seule en piste. Les inséparables Anton Kuryanov et Aleksandr Popov sont dorénavant flanqués d'Aleksandr Perezhogin, et ce trio a fonctionné à merveille dès la pré-saison. Summanen donne un rôle bien défini à chaque bloc, et les deux premiers ont clairement la responsabilité de l'offensive et du jeu de puissance. Avec de tels avants, l'Avangard peut de nouveau se montrer digne de son nom.

 

Le jour d'ouverture de la saison, le Sibir Novossibirsk a appris la démission du gouverneur de la région Viktor Tolokonsky, dont les décisions soudaines ont contribué à déstabiliser le club ces dernières années. Pas forcément une mauvaise nouvelle, donc, même s'il était un soutien politique important.

Une des raisons des difficultés des Sibériens, c'est qu'ils se sont mal adaptés au nombre croissant d'étrangers en KHL. Leurs pistes tchèques ou nord-américaines étaient semées d'embûches. Ils suivent maintenant un filon plus récent mais plus sûr, les pays nordiques. Et sans en privilégier un en particulier : équilibre parfait avec en quelque sorte 2,5 Suédois pour 2,5 Finlandais.

Pourquoi deux et demi ? Parce que Jonas Enlund, même s'il est de nationalité entièrement finlandaise, a été formé au HIFK, historiquement le club des Suédophones de Helsinki. Cet attaquant complet arrive du Tappara Tampere en même temps que son coéquipier Ville Nieminen, le vétéran de NHL. On retrouve donc aussi un dosage entre jeunesse et expérience. Troisième preuve de cet équilibre recherché, les arrivées conjointes du défenseur offensif finlandais Ilkka Heikkinen, à la technique précise, et du défenseur défensif suédois Alexander Hellström, au physique redoutable. Deux profils différents et complémentaires.

Stefan Liv, triple champion de Suède et récipiendaire - en ayant joué un seul match à chaque fois - de la double médaille d'or historique JO/Mondiaux en 2006, amène son esprit de gagneur. Bien qu'il soit natif de Pologne, il en est parti à deux ans et n'y a pas gardé de liens. Il ne parle donc pas russe, ni de près ni de loin, mais il s'est vite découvert des affinités à Novosibirsk : sur son masque de gardien, il a fait dessiner d'un côté l'emblème du Sibir et de l'autre un portrait du héros local Aleksandr Karelin, le plus grand champion de lutte gréco-romaine de tous les temps, qu'il aimait regarder à la télé dans sa jeunesse si l'on en croit ses déclarations au site du club. Passion véritable ou stratégie de séduction ? En tout cas, les Nordiques savent se faire adopter en Sibérie, mais c'est encore par leurs résultats qu'ils y arrivent le mieux.

 

Cet été, Andrei Khomutov a été nommé entraîneur du Barys Astana pour les deux prochaines années. Il a été choisi parmi une liste de candidats qui comprenait deux spécialistes nord-américains, Kevin Constantine et Ted Nolan. La désignation du coach a influencé le choix du gardien : alors que les plans initiaux s'orientaient vers un gardien venu de NHL, c'est finalement Vitali Eremeïev qui a été retenu : l'ancien portier du Dynamo Moscou y a évolué sous les ordres de Khomutov l'an passé.

Le club qui représente le Kazakhstan en KHL a donc clairement pris l'option de rapatrier les vétérans de l'équipe nationale, afin de s'assurer de leur disponibilité pour remonter en élite. En plus d'Eremeïev, Fedor Polishchuk a ainsi signé pour trois ans.

Ces arrivées participent du rééquilibrage attendu par rapport à la saison dernière, où la première ligne étrangère avait toutes les responsabilités. Néanmoins, on s'est vite rendu compte que le nouveau premier trio est tout aussi fort que le précédent : l'ailier américain de NHL/AHL Brandon Bochenski et les deux champions du monde Lukas Kaspar et Jiri Novotny passent 21 minutes par match et jouent encore plus que Stümpel & co, avec encore plus d'efficacité !

La défense a connu plus de pépins avec les blessures d'Aleksei Vasilchenko et de Tomas Kloucek en début de saison. Le Barys s'est donc fait prêter jusqu'en novembre l'Américain Tom Preissing... qui s'est gravement blessé au ménisque à son deuxième match et ne rejouera plus de l'année. Si jamais ce genre de mésaventure arrive à un des cadres sur-utilisés, c'est là qu'on verra si Astana a vraiment gagné en homogénéité pour devenir un outsider dangereux.

 

Cinq matchs à peine, et déjà dehors. L'Amur Khabarovsk a provoqué le changement d'entraîneur le plus précoce depuis l'avènement de la KHL. Mais pour le club d'Extrême-Orient, c'est loin d'être un record : en 2000, Sergei Borisov avait tenu... deux tiers-temps au premier match de la saison ! Aucun entraîneur n'a survécu à un championnat complet depuis Pyatanov en 2003.

Connaissant très bien la maison où il assure des intérims plus ou moins longs depuis quinze ans, Aleksandr Blinov savait donc à quoi s'en tenir. Avec une seule victoire en prolongation au compteur en cinq rencontres d'affilée à domicile, il a (du moins officiellement) remis de lui-même sa lettre de démission. Si Khabarovsk ne gagne pas chez lui face à des adversaires qui viennent de subir huit heures de vol, ce n'est pas chez les autres qu'il se rattrapera quand il sera dans la situation inverse.

Apprendre à ne pas partir battu à l'extérieur, ce sera une des missions du nouveau coach Sergei Svetlov, le prochain sur la liste. L'objectif annoncé des play-offs reste toujours problématique avec l'effectif à disposition. Mais le fusible n'est pas toujours l'homme en cravate sur le banc : le capitaine Dave Ling a été viré à son tour à la fin octobre. Il était pourtant le meilleur marqueur l'an passé, et il constituait aussi la référence pour l'adaptation de ses compatriotes.

Il y a en effet eu trois nouveaux joueurs canadiens cet été : le gardien québécois de NHL Yann Danis, le défenseur offensif Brett Skinner, et l'attaquant de Nouvelle-Écosse Stephen Dixon, champion du monde junior 2005 dans un rôle défensif en quatrième ligne et en infériorité. On ne recense pas de pur joueur offensif, et c'est le problème de l'Amur qui n'a pas de leader. L'arrivée du joker Roman Kukumberg ne règle pas vraiment la question, puisqu'au Traktor, le Slovaque a été écarté après le changement d'entraîneur parce qu'il ne se servait pas assez de son bon lancer.

 

Lanterne rouge de la dernière édition, le Metallurg Novokuznetsk a perdu son rapide gardien Sergei Bobrovsky, devenu à la surprise générale titulaire en NHL chez les Flyers de Philadelphie. Pour le remplacer, il a fait venir Vadim Tarasov, un gardien formé à Ust-Kamenogorsk (Kazakhstan) mais qui avait fait ses débuts en pro en Novokuznetsk en 1995. On espère que sa mitaine est toujours aussi sûre.

Pour le reste, le recrutement du Metallurg est tout sauf spectaculaire. Il a engagé trois Nord-Américains qui ne proviennent pas des championnats des plus réputés. Mark Bomersback arrive de Plzen qui a obtenu de bons résultats en Extraliga tchèque avec ses recrues canadiennes. Le défenseur américain Nick Angell et l'attaquant Jeff Ulmer arrivent de Francfort, où Ulmer était même le meilleur marqueur de la DEL. Mais la transition est plus que difficile.

Novokuznetsk occupe donc sa place coutumière, en fond de classement de la conférence est, jusqu'à ce dernier match du 30 octobre contre l'Atlant (3-0). En un soir, l'équipe a été transformée du tout au tout : blanchissage du gardien Tarasov, jusque là en difficulté, et hat-trick du prodige Maksim Kitsyn, qui peinait à revenir au jeu après une blessure au genou lors du camp de pré-saison en Suisse. L'entraîneur Dmitri Parkhomenko allait-il se réjouir ? Il prenait au contraire tout le monde par surprise : "Je l'avais décidé avant le match : je démissionne." Ses joueurs étaient-ils au courant et ont-ils "fêté" la nouvelle par cette victoire ? Ou sont-ils eux aussi tombés de haut ensuite ? En tout cas, Novokuznetsk aura du mal à s'en remettre.

 

Marc Branchu

 

 

Retour à la rubrique articles