Épinal, nouveau contenant... même contenu ?

 

Un fief de hockey, dit-on, ne meurt jamais. Épinal n'y a pas dérogé, deux ans après la fermeture administrative de Poissompré. Mais qu'en serait-il advenu sans l'appui financier et la réactivité da la municipalité et des collectivités locales ? Rappelons qu'en plus des subventions versées pour compenser les divers manque à gagner (160 000 euros en deux ans), elles entreprirent l'édification d'une structure provisoire pour assurer la transition. Tout en lançant la reconstruction d'une patinoire digne de ce nom, d'un coût estimé à 7,7 millions d'euros.

Les "Dark Dogs" mis en bière ?

Et après deux ans d'attente, la nouvelle enceinte est désormais opérationnelle, prête à faire entrer le club de la Cité des Images dans une ère nouvelle. Sa place parmi l'élite du hockey français est maintenant assurée, et de cette progression aussi remarquable que raisonnée transpire la volonté de franchir un palier. Mais il faudra faire sans Dark Dog, comme l'espérait pourtant Claude Maurice, le premier à dévoiler cette éventualité début mars, sur les ondes de France Bleu Sud Lorraine.

Dans son grand élan communiquant, son fils Anthony (le "general manager") n'a pas non plus manqué d'évoquer qu'un séduisant projet, intimement lié au renouveau des infrastructures, se tramait en coulisses. Un gros coup prévoyant la venue d'un parrain susceptible de faire entrer l'ICE dans une nouvelle dimension. Dark Dog en l'occurrence, pressenti pour devenir le partenaire très particulier d'un club résolument ambitieux.

Pareille collaboration avec l'un des géants de la boisson énergisante aurait substantiellement rallongé le budget (que le club souhaite étendre au million d'euros dans deux ans) et accessoirement doté l'équipe de nouvelles couleurs jaunes et noires. Mais voilà, ces tractations, qui pouvaient déboucher sur un "naming" inédit dans le hockey français, n'ont pas abouti. Le projet n'a donc pas été entériné... mais il n'est, paraît-il, pas encore enterré !

Une nouvelle patinoire pour un nouveau départ

Quoi qu'il en soit, Dark Dog ou pas, cette saison 2011/12 est d'ores et déjà qualifiée d'exceptionnelle. Ne serait-ce que par l'ouverture tant attendue du "nouveau Poissompré". Un outil de travail qu'il va maintenant falloir rentabiliser. D'où l'avancement horaire des matchs du samedi, désormais programmés à 17h45 (au lieu de 20h15 précédemment). Un créneau libérant la glace pour une séance publique en soirée et dont il faudra s'accommoder. Comme il faudra s'habituer à ce côté "sport-spectacle" développé pour séduire et fidéliser un nouveau public.

Reste à voir si le contenu vaudra son nouveau contenant, dans une atmosphère que l'on espère toujours aussi fervente qu'auparavant. La principale nouveauté de cette patinoire réside dans cette petite tribune frontale, érigée face à la baie vitrée pour porter la capacité à 1 365 places assises. Si l'imposante voûte, qui donnait une impression de "cathédrale" à l'ancienne structure, est remplacée par un plafond rabaissé, le souvenir de l'ancien Poissompré va perdurer grâce à cette verrière ouvrant, comme sa devancière, sur le terrain vague qu'occupait le "hangar" provisoire.

Des installations qui, si précaires fussent-elles, eurent au moins l'immense mérite d'éviter bien des désagréments à un club qui n'aurait financièrement pas supporté d'intempestifs déplacements... Mais ce provisoire, qui a duré près d'un an et demi, a eu de sérieuses répercussions sur la fréquentation. Une désaffection inévitable tant cette "patinoire de secours" offrait une visibilité réduite, par un froid souvent déplaisant. Ainsi, des mille spectateurs habituels, seuls trois cents habitués ont suivi leur équipe dans son exil forcé.

Forte d'un nouveau record de points (33) et de victoires (15) à ce niveau, l'ICE aspire maintenant à jouer dans la cour des grands après s'en être significativement rapprochée l'an passé. La stabilité, c'est parfois le meilleur gage de réussite... surtout lorsqu'on vient de boucler la meilleure saison régulière de son histoire. Aussi préserver l'ossature était-il évident aux yeux des dirigeants, décidés a tout miser sur la continuité pour procéder, comme l'an passé, à un recrutement ciblé destiné à accroître la compétitivité du groupe. Ainsi Benoît Quessandier, pour n'avoir pas su justifier les attentes placées en lui, n'a pas été reconduit.

De toute façon, le Normand n'entrait pas dans les plans de Pellegrino. Guillaume Papelier avait d'ailleurs profité de ses absences répétées pour se recycler en défenseur d'appoint. Un rôle devenu récurrent pour l'attaquant reconverti, qui sera encore repositionné derrière selon les besoins du moment. Une polyvalence qui n'égalera jamais celle d'un Jan Hagelberg parti, à l'instar de Timo Kuuluvainen, vers des cieux plus rémunérateurs.

Pas de "ministre" pour la défense... mais un "ours en peluche" autoproclamé !

Hagelberg a perpétué la tradition très spinalienne des Finlandais plus performants à leur deuxième campagne dans la Cité des Images, comme Jussi Haapasaari et Ilpo Salmivirta en leur temps. Ce dernier, Mikko Jortikka l'a d'ailleurs côtoyé chez les juniors du Tappara Tampere (de 2002 à 2004) avant de gagner ses galons en deuxième division (Mestis). Bien charpenté (1,84 m pour 94 kg), Jortikka a tout d'une solide rotation défensive. L'ICE s'étant rarement fourvoyée dans le recrutement de ses Finlandais, elle tient-là une trouvaille de la veine d'un Niko Mäntylä.

Si la discrétion est l'apanage d'un bon défenseur, alors Niko Mäntylä en est un. Et c'est d'autant plus vrai que le Finlandais fut épargné par les blessures l'an passé, ce qui lui permit, contrairement à Peter Slovák, de réaliser la meilleure saison de sa carrière. Fort d'un jeu sobre et efficace, physique à bon escient, Mäntylä s'est libéré offensivement pour apporter plus souvent le surnombre aux avant-postes. Une évolution traduite par une production décuplée l'an passé (une passe en 2009/10, trois buts et huit assists en 2010/11).

Comptablement, c'est un peu moins bien que Fabien Leroy qui, s'il n'est toujours pas un monstre de régularité, a su s'améliorer l'an passé (en prenant notamment moins de pénalités). Mais si le Picard ne s'est pas autant fait remarquer par ses pertes de palet et autant de relances mal assurées, il reste sujet à d'inexplicables erreurs de jugement pouvant s'avérer lourdes de conséquences. Malgré tout, son ancienneté (quatrième saison dans les Vosges) et sa dimension physique en font un pilier, au sens propre du terme, d'une défense en quête d'un véritable patron. Comme l'étaient les Vladimir Domin et autres Ján Reindl au temps de leur splendeur.

Mais voilà, pas de "tour de contrôle" à l'horizon, faute d'une enveloppe suffisante pour subvenir à ce besoin. Une marge de manœuvre d'autant plus restreinte qu'avec Lafrance, les Lacasse et Boisclair, l'ICE avait déjà son compte d'extra-communautaires à l'heure de clore son recrutement. Et comme les Dauphins tendent à se "canadiser", l'heureux élu, s'il était Nord-Américain, se devait d'être titulaire d'un passeport européen. De préférence italien... ce que certains voient déjà rimer avec "bourrin" dans le cas d'Armando Scarlato ! À première vue en effet, c'est du brut de décoffrage. Un bûcheron en puissance si l'on se fie à ses 207 minutes d'infamies récoltées l'an passé... et un véritable "goon" à en croire ses penchants pugilistiques du temps où il fréquentait les ligues mineures.

"Sur la glace je suis un dur, mais en réalité, je suis un ours en peluche", se défend l'intéressé. "Je joue viril, mais propre", insiste même le Torontois diplômé de l'université de Niagara, qui paraît pourtant meilleur aux poings... qu'aux points. Sauf l'an passé où le gaillard, pour sa première expérience européenne, réunit les meilleures statistiques de tous les défenseurs évoluant dans le modeste championnat belge, où ses White Caps de Turnhout ont tout gagné. Ce fut évidemment plus compliqué à transposer face aux clubs néerlandais. Autant dire que Scarlato, avec son gabarit dissuasif (1,85 m pour plus de 100 kg), est surtout attendu pour muscler la défense spinalienne et prévenir, sinon répondre, à d'éventuelles "agressions". Un rôle de tâcheron obscur, ingrat. Loin de l'image enjouée que ce musicien-compositeur averti, pianiste et guitariste aguerri, renvoie en coulisses.

Pas rapide pour deux sous, Scarlato se rapproche plus d'un Strapatý que de Stéphane Gervais. Même si ce dernier, revenu convalescent sur les terres de ses premiers exploits français, a paru très loin de son meilleur niveau. Le Franco-Canadien a beaucoup travaillé, cet été, pour retrouver ses sensations et redevenir le joueur qu'il était. Et notamment ce "bras armé" si redouté en powerplay.

Chassard toujours là

Plus que jamais confronté aux difficultés de concilier impératifs professionnels et carrière sportive de haut niveau, Guillaume Chassard a encore laissé planer le spectre d'une éventuelle retraite. Soucieux d'infléchir cette tendance, le club a longtemps cherché la solution, apparue sous la forme d'un aménagement de son emploi du temps (qui le rendra indisponible pour certains déplacements et matchs en semaine). "Capitaine Chass" ne raccrochera donc pas sans disputer une seizième saison dans son club de coeur. La première dans cette nouvelle patinoire... ce qui l'a sûrement influencé dans son choix !

Il devrait toutefois s'agir de son ultime campagne, lui qui est de toutes les batailles d'Épinal depuis 1994 (à l'exception d'une parenthèse à Mulhouse de 2002 à 2004) et qui restera, peut-être, comme le meilleur joueur jamais formé dans la Cité des Images. Statistiquement (254 pts en plus de 320 matchs de championnat), il est en tout cas devenu le troisième pointeur de l'histoire du club (derrière Marciano et Plch) en dépassant Roman Trebaticky. Mais rattraper "le "recordman" Féfé" Marciano, cela ne risque pas d'arriver !

Toujours ce petit "Plch" en attaque !

En revanche, une centaine de points seulement sépare l'actuel assistant-coach d'un Ján Plch toujours fringant à bientôt 37 ans. C'est dire si le vétéran slovaque reste un talent à l'épreuve du temps, à la vision du jeu nullement altérée par le poids des années et bien enraciné dans sa ville d'adoption. S'il ne pèse pas toujours sur le jeu (ou sait se faire oublier, au choix), Plch reste un passeur d'exception qui valait encore 47 points en championnat l'an passé (soit le meilleur non-Rouennais). Et l'indémodable star de l'équipe, même s'il laisse parfois la vedette à son compère Michal Petrák. Tous deux peuvent même former une "paire hors-pair" quand le Tchèque élève son niveau de jeu, devenant un formidable technicien au sens du but acéré.

Petrák est donc capable du meilleur... comme du pire ! Aussi peut-il autant enthousiasmer qu'exaspérer les foules par ses mauvais choix et ces actions individuelles forcées qu'il transforme, parfois, en coups de génie. Un "tout ou rien" flagrant en fin de saison passée, où son état de forme s'est dégradé au point de ne plus être que l'ombre de lui-même à l'heure des playoffs. Des temps alors difficiles pour Santino Pellegrino, également forcé de faire monter Nathan Ganz et Anthony Rapenne en première ligne pour pallier l'indisponibilité de Ján Šimko. Pour mieux les relever, en cours de partie, par son joker offensif préféré : le flamboyant finlandais Jan Hagelberg.

Pareille explosivité se retrouve chez Ján Šimko lorsqu'il est dans un bon soir. Ce qui devrait être plus souvent le cas sur la grande glace (retrouvée) de Poissompré, où il n'avait jadis pas son pareil pour accélérer le jeu et exploiter les espaces. Choses rendues difficiles l'an passé par l'exiguïté de "Poissompré bis" et le sifflement récurrent de ses adducteurs. Mais s'il reste un piètre finisseur, Šimko paraît complémentaire de Plch et Petrák, qui formèrent un duo détonant l'automne dernier avant l'émergence d'une deuxième ligne jusqu'alors en retrait. Un trio Kuuluvainen – Boisclair – Chassard qui allait s'affirmer comme le meilleur du dernier trimestre de compétition.

Lafrance et Boisclair : les deux font la paire ?

Une série qui confirma la propension de Maxime Boisclair pour le défi physique grâce à sa présence dans les arrondis et à son gabarit, idéal pour la protection de puck. Longtemps décrié pour son patinage nonchalant, le Canado-Haïtien a su se ressaisir après un premier trimestre insipide pour retrouver un sens du but acceptable (sa moyenne, décevante avant Noël, frisant ensuite le but par match). Un temps d'adaptation nécessaire puisqu'il dut assimiler son placement au centre, faute de spécialistes à ce poste dans le précédent contingent spinalien. Hormis Petrák bien sûr, qu'une suspension privera des quatre premiers matchs de la saison. Une absence qui aurait pu s'avérer problématique : le joueur de centre était encore récemment une denrée rare à Épinal. Une tare qu'il fallait impérativement corriger...

L'arrivée d'un centre de métier (en l'occurrence Toby Lafrance) permettra donc à Maxime Boisclair de retrouver son poste naturel (et préférentiel) d'ailier droit. Là où Boisclair brilla chez les "Sags" de Chicoutimi, dans le junior majeur québécois, aux-côtés de David Desharnais. Le même qui a fini par se faire une place en NHL (à Montréal) malgré le soit-disant handicap de sa petite taille (1,70 m).

Un poil plus grand (1,75 m), Lafrance n'a pas connu le même cheminement malgré quatre années remarquées à Victoriaville. Capitaine adulé pour sa combativité, son talent et son engagement de tous les instants, Lafrance a vu ses responsabilités grandir au fil des années pour finir en 2008, comme leader offensif des Tigres avec 89 points (41 buts) en 68 parties. Dont 24 buts rien qu'en supériorité numérique. Un domaine où personne n'a fait mieux, cette année-là, dans le junior majeur québécois...

Prématurément sorti des playoffs de LHJMQ, Lafrance décide alors de précipiter ses débuts professionnels, pour finir sa saison en ECHL. Posant les jalons d'un futur alors prometteur dans les ligues mineures. Car Toby Lafrance, non drafté, a vu ses rêves de NHL s'envoler, non sans avoir été convié, à l'été 2008, au camp d'entraînement d'Edmonton. Il y décrochera tout de même un contrat avec les Springfield Falcons, le club-école des Oilers en AHL, mais sera vite assigné en ECHL. Et sera même échangé en cours de saison, de Stockton à Johnstown, avec des statistiques en dessous de ses moyennes habituelles. Le temps d'un automne 2009 où il explose tous les compteurs en LNAH (33 points en 26 parties) et le voilà reparti aux États-Unis, à un niveau moins élevé, en Central Hockey League (CHL). Dans le Missouri, ce travailleur acharné devient un joueur-clé des Mavericks, volontaire, énergique et surtout très efficace devant la cage. Bref, tout pour plaire à Maxime Boisclair, qui disposera cette fois d'un "playmaker" pour optimiser ses possibilités.

Oui, Toby Lafrance, c'est "tout un attaquant". Un battant comme Pellegrino les aime tant, et un Québécois de plus pour une équipe qui, dans toute son histoire, n'en a jamais compté autant... en même temps ! Même au début des années 80, sous la houlette de Pete Laliberté (avec le trio Pépin – Meslier – Sauvé). Jamais donc l'accent de la Belle Province ne résonnera autant dans les vestiaires spinaliens qu'avec les Pellegrino, Boisclair, Lafrance et autres Lacasse : Loïc et... Chad !

Deux frères, la belle affaire ?

Conserver Loïc Lacasse, c'était entrouvrir la possibilité de faire venir son frère aîné, Chad (28 ans). Un bon coup pour un club recherchant activement un ailier gauche de talent depuis que Kuuluvainen avait succombé aux sirènes alsaciennes. L'ICE ne devrait pas perdre au change avec cet habitué des circuits semi-pro québécois, récipiendaire de plusieurs honneurs individuels ces dernières années. Dont un, particulièrement intéressant, de meilleur buteur de la LNAH en 2008/09. Ses 39 buts en 44 matchs lui ayant valu un trophée Maurice-Richard consacrant une saison d'exception à Rivière-du-Loup.

Un an auparavant, Chad Lacasse raflait pas moins de quatre récompenses majeures, dont celles de meilleur pointeur et buteur de la deuxième ligue semi-pro québécoise, la Ligue centrale de hockey (LCH). Des distinctions qui en disent long sur les qualités offensives du bonhomme, qui restera comme l'un des leaders historiques de la concession louperivoise avec près de 180 buts enfilés en 260 parties.

Buteur unidimensionnel, Chad Lacasse n'a jamais évolué dans quelque ligue mineure américaine que ce soit et s'apprête à vivre sa première expérience européenne. Il va même découvrir le hockey spinalien sous son meilleur jour, contrairement à son frère, débarqué l'an passé dans des conditions structurelles difficiles. Mais avec la promesse d'un avenir meilleur, dans une patinoire flambant neuve. Un challenge séduisant pour Loïc Lacasse, un grand bourlingueur tout heureux d'enfin se poser deux ans de suite dans le même club.

Venu outre-Atlantique donner un second souffle à sa carrière, cet adepte du style papillon et des sorties au bâton a fait très bonne impression en fin de saison après de longues semaines d'irrégularité. Et s'il n'a pas "volé" tant de matchs que ça, il a tout de même signé deux blanchissages en un semestre. Soit autant que tous ses prédécesseurs ces cinq dernières années (Petrík à Dijon en 2005 et Constantin à Mulhouse en 2007) ! Des performances de choix qu'il lui faudra transposer tout au long de la saison pour rejoindre le cercle fermé des tous meilleurs cerbères du championnat.

Et il vaut mieux car la politique du "gardien unique" est risquée si l'intéressé se montre défaillant. Ce fut notamment le cas à Rouen en janvier dernier où la méforme de Loïc Lacasse envoya Nicolas Ravel au casse-pipe. Une doublure plus chevronnée que le duo Perrin-Ravel était donc espérée pour efficacement pallier toute éventualité... mais il faudra encore compter avec ce tandem inexpérimenté !

Plus solide la troisième ligne ?

Si le poste de gardien remplaçant n'a pu être consolidé, ce n'est assurément pas le cas du compartiment offensif. S'il préserve l'habituelle déclinaison de l'alignement spinalien (avec deux "gros" trios pour assurer le pointage), Santino Pellegrino pourrait réserver l'aile droite de sa troisième ligne à Guillaume Chassard, Nathan Ganz et Kévin Benchabane étant là pour pallier les indisponibilités du capitaine. La "checking-line", vouée à fournir un travail de sape nécessitant combativité et intensité, n'aura donc pas le même visage avec et sans Chassard.

Jouer les "essuie-glaces" pour casser le rythme des meilleurs trios adverses, c'était d'ailleurs la mission régulièrement dévolue aux Chipaux, Benchabane et autres Agostini l'an passé. Des éléments besogneux, mais au bagage physique et technique perfectible. Aussi Tarik Chipaux, qui plafonnait depuis deux ans, devrait être avantageusement remplacé par Yannick Offret, plus solide physiquement. Et c'est d'autant plus vrai que l'Amiénois a du cœur et l'envie de se relancer après une saison difficile dans son club de toujours, où son temps de glace et ses statistiques ont fondu comme neige au soleil.

Erwan Agostini sera, pour la quatrième année consécutive, le centre attitré du troisième trio. Une longévité enviée par la relève spinalienne, désireuse de s'affirmer définitivement en équipe première. Comme les générations David-Piquemal-Pierre-Fournier et Chassard-Maurice-Papelier l'ont fait avant elle, en des temps économiquement difficiles où le club n'avait d'autres choix que s'appuyer sur les jeunes du cru.

Aujourd'hui tout a changé et il n'est guère étonnant de voir Anthony Rapenne et Martin Charpentier intégrer le giron gapençais pour évoluer au sein d'un club pourvu d'une section "Espoirs Élite". Si Rapenne devait surtout se contenter des miettes en Ligue Magnus, Charpentier était l'un des plus sûrs espoirs du hockey spinalien. À l'instar du gardien Antoine Bonvalot (Grenoble), également international U18, Martin Charpentier a donc choisi de s'expatrier pour progresser.

Objectif mars !

L'an passé, plusieurs outsiders ont bousculé l'ordre établi du hockey français, sans pour autant parvenir à briser l'hégémonie rouennaise. À n'en pas douter, Épinal devrait encore tirer son épingle du jeu au milieu d'une flopée de prétendants tous sérieusement (et physiquement) renforcés à l'intersaison.

L'exécutif des Dauphins prônait la stabilité pour s'épargner de trop gros bouleversements. En plébiscitant Santino Pellegrino à la tête de l'équipe, les dirigeants ne cachent pas leur satisfaction de pouvoir compter sur un coach bien au fait des habitudes maison. Mais s'il fait l'unanimité en haut lieu, l'oriundo fut régulièrement contesté dans les travées de "Poissompré bis". Il faut dire que certains de ses choix ont paru bien déroutants pour le public, comme la configuration atypique de ses powerplay (à quatre défenseurs ou à cinq attaquants). Des décisions dictées, selon l'intéressé, par un éventail de solutions limité et donc propice à l'improvisation.

Cette fois, l'Italo-Canadien se devra de proposer des unités spéciales plus conventionnelles. Le retour en forme programmé de Stéphane Gervais devrait requinquer un Ján Plch dont l'apport en supériorité numérique souffrit, l'an passé, d'une utilisation systématique à la pointe. Ce qui a considérablement réduit son influence dans ce secteur ô combien crucial, mais qui était dernièrement le parent pauvre du jeu spinalien.

Les nostalgiques des slaps gagnants de Stéphane Gervais ou des déviations victorieuses d'Ilpo Salmivirta, symboles forts des années Allard, savent pertinemment que l'ICE n'a plus franchi un seul tour de playoffs depuis. Et l'an passé, les circonstances atténuantes n'ont pas manqué : usure physique plus prononcée, méformes malvenues (Petrák, Gervais et les blessures de Šimko et Quessandier) et un adversaire, Strasbourg, qui ne valait assurément pas son classement. Et s'est par la suite hissé jusqu'en finale du championnat.

Bien sûr, on n'en demandera pas tant aux Dauphins. On ne leur demandera pas la lune non plus… mais seulement d'aller un peu plus loin en mars. C'est à la portée d'un groupe majoritairement préservé à l'intersaison qui aura pour mission d'aborder les phases finales dans de meilleures dispositions. Sans pour autant négliger la Coupe de France, qui reste un objectif privilégié à Épinal où l'on rêve encore et toujours de retourner à Bercy, cinq ans après. Mais jouer sur deux tableaux n'a jamais été la spécialité d'un club ayant toujours fini par payer une profondeur de banc limitée.

Pourtant l'ICE, dans sa configuration optimale, semble disposer d'un potentiel offensif revalorisé. La balance départs/arrivées est équilibrée mais les rotations ont été qualitativement enrichies par les arrivées d'étrangers supposés "marquants" (Toby Lafrance et Chad Lacasse). Et si l'instinct offensif d'Hagelberg lui fera défaut, l'attaque n'en a pas moins fière allure sur le papier. Avec Scarlato, attendu pour "muscler" la défense, on pourrait en revanche tomber dans le cliché du "blueliner" râblé, lourd et emprunté. Déjà que l'arrière-garde spinalienne n'était pas spécialement réputée pour la fiabilité de ses relances, elle devra désormais se méfier des pénalités que pourraient lui coûter son nouvel arrivant...

Les Dauphins, qui se sont sérieusement "nord-américanisés" (suivant une tendance qui s'est généralisée en Ligue Magnus), devront être à la hauteur de l'engouement généré par la réouverture de Poissompré. Et si les résultats suivent, retrouver les affluences d'antan devrait se faire tout naturellement...

Jérémie Dubief

 

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom          Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2010/11  MJ  Min.   Moy.  Pén
 5 PERRIN Matthieu     17/09/1989  180  70  Épinal            Épinal       FRA-3    2    10  11,57    0'
21 RAVEL Nicolas       30/01/1990  179  69  Épinal            Épinal       FRA-3    3   122  11,79    0'
30 LACASSE Loïc        23/04/1986  188  79        (Canadien)  Épinal       FRA-3   34  2001   3,57   18'

Défenseurs

N° NOM Prénom          Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2010/11  MJ   B   A Pts   Pén
12 SLOVAK Peter        29/11/1977  175  80        (Slovaque)  Épinal       FRA-1   35   0   8   8   34'
15 GERVAIS Stéphane    20/12/1982  188  90        (Canadien)  Épinal       FRA-1   22   4   9  13   10'
20 MÄNTYLÄ Niko        27/10/1986  182  87      (Finlandais)  Épinal       FRA-1   34   3   9  12   28'
42 PAPELIER Guillaume  06/02/1979  175  70  Épinal            Épinal       FRA-1   34   0   0   0   22'
44 JORTIKKA Mikko      15/08/1984  184  94      (Finlandais)  K-Vantaa     FIN-1   46   2   4   6   20'
51 LEROY Fabien        02/06/1984  190  83  Amiens            Épinal       FRA-1   34   4  14  18   53'
74 SCARLATO Armando    14/04/1984  185 100    (Ita/Canadien)  Turnhout     BEL-1   44  15  34  49  207'

Attaquants

N° NOM Prénom          Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2010/11  MJ   B   A Pts   Pén
 8 LACASSE Chad        11/05/1983  182  83        (Canadien)  Rivière-du-L. LNAH   41  20  18  38    8'
 9 LAFRANCE Toby       17/06/1987  175  79        (Canadien)  Missouri      CHL    72  18  39  57   40'
14 PLCH Jan            16/08/1974  182  80        (Slovaque)  Épinal       FRA-1   34  18  42  60   22'
19 GANZ Nathan         31/05/1991  176  77  Épinal            Épinal       FRA-1   32   1   0   1    4'
23 OFFRET Yannick      05/05/1988  180  86  Amiens            Amiens       FRA-1   42   0   7   7   16'
27 AGOSTINI Erwan      14/03/1988  178  70  Franconville      Épinal       FRA-1   32   4   4   8   32'
40 PETRAK Michal       12/05/1983  186  85         (Tchèque)  Épinal       FRA-1   35  20  31  51   89'
77 CHASSARD Guillaume  21/11/1977  184  78  Épinal            Épinal       FRA-1   35  12  20  32   48'
88 BENCHABANE Kévin    08/10/1988  182  68  Épinal            Épinal       FRA-1   35   0   6   6   10'
96 SIMKO Jan           13/12/1978  184  82        (Slovaque)  Épinal       FRA-1   24  10  15  25   35'
97 BOISCLAIR Maxime    14/02/1985  182  89        (Canadien)  Épinal       FRA-1   35  21  20  41   98'
                                                              Corpus Chr.   CHL     5   0   1   1    9'

Entraîneur : Santino Pellegrino (ITA/CAN), 46 ans.

Partis : Benoît Quessandier (D, 1+3, Dijon), Jan Hagelberg (D, 13+10, BeWe, FIN-4), Martin Charpentier (D, Gap, 0+0), Tarik Chipaux (A, Mulhouse, 4+5), Timo Kuuluvainen (A, Strasbourg, 15+16), Anthony Rapenne (A, Gap, 1+2).

 

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