Suède 2011/12 : présentation

 

Déjà l'une des toutes meilleures ligues d'Europe, l'Elitserien suédoise fut la plus serrée la saison dernière. C'est ce qu'en a conclu d'ailleurs l'IIHF en plaçant celle-ci en tête du classement des championnats les plus disputés à travers le monde. Et on veut bien croire nos amis de la fédération internationale de hockey sur glace au vu des rebondissements et dun trio de tête en clôture de la dernière saison régulière (HV71-Färjestad-Skellefteå) qui a terminé à égalité parfaite. L'exercice 2011-2012 sera-t-il aussi disputé ? Premiers éléments de réponse le jeudi 15 septembre lorsque l'ensemble des équipes auront entamé leur saison.

 

Avec ce titre de champion 2011, le Färjestads BK a entamé la nouvelle décennie avec la même efficacité que la précédente, soit le quatrième sacre en dix ans pour huit accessions à la finale. Qui dit mieux ? Cette vitrine débordante a renforcé une certaine exigence, aussi bien présente chez ses supporters que chez son président, Håkan Loob, qui a admis Niklas Czarnecki, en provenance de Brynäs, comme nouvel entraîneur en chef. Cette exigence, Czarnecki devra sen accommoder, le titre est l'objectif affiché.

Si le FBK a connu un été 2010 orageux avec l'affaire Robin Rahm, suspendu dès l'intersaison après avoir été contrôlé positif aux anabolisants, Alexander Salak avait parfaitement répondu aux attentes devant la cage. Salak parti à Chicago, forcément sensible à son succès, Cristopher Nihlstorp pourrait se réapproprier définitivement un poste de numéro 1. Auparavant ennuyé par les blessures et l'incroyable constance du portier tchèque en saison régulière, il fut finalement lancé lors de la série finale durant laquelle il avait excellé.

Pour un champion, la défense reste épargnée par l'habituelle foire estivale aux départs. Jeune étendard de sa brigade, Jonas Junland, désormais comme de nombreux joueurs scandinaves, est parti s'essayer à la KHL (Barys Astana). Pour Mattias Sjögren, ce sont les portes de la NHL qui se sont ouvertes, Washington en l'occurrence. Jonas Brodin, repêché au dixième rang par le Wild du Minnesota mais encore trop juste pour l'expérience nord-américaine, aura tout le loisir de s'affûter au moins une année de plus, une décision salvatrice car Martin Sevc sera éloigné des patinoires pendant quelques temps. Le Tchèque, dorénavant rouage important de la défensive du FBK, s'est blessé durant la pause estivale dès les premiers entraînements (!), blessure qui nécessite une intervention chirurgicale.

Pour pallier les départs de Dick Axelsson et Pelle Prestberg, l'organisation s'est focalisée sur le recrutement d'un joueur offensif d'impact, une star du palet compatible avec le budget du FBK. En attente d'une nouvelle proposition NHL, la rumeur Fabian Brunnström a enflé durant de nombreuses semaines. Seulement, trop patienter peut jouer des tours et, au fur et à mesure de l'imminence de la nouvelle saison, le FBK a lorgné vers d'autres pistes. C'est finalement l'un des meilleurs patineurs de la NHL, Fredrik Sjöström, qui a atterri dans la musette. Sjöström compte plus de 500 parties sur le circuit Bettman et dix ans en Amérique du Nord. Le club tient son gros poisson avec lequel il espère voguer avec le même succès, mais sera-ce suffisant pour y parvenir ?

 

L'ascension du Skellefteå AIK, finaliste de l'édition 2011, continue sur la scène suédoise, elle est irrésistible. Seule ombre au tableau, il s'agissait de la dernière opportunité pour le trio de surdoués Adam Larsson / David Rundblad / Tim Erixon de remporter ensemble le trophée Le Mat.

Avec finalement une médaille d'argent autour du cou, la défensive du SAIK se voit chamboulée par leur départ ainsi que celui de Ville Kostinen et d'Ivan Majesky. C'est quasiment toute la défense qui est à reconstruire et ce détail pourrait avoir son importance. Arrivent notamment à la rescousse Fredrik Styrman de Luleå, jeune défenseur ayant déjà acquis un gros capital expérience, Jan-Axel Alavaara, double champion de Suède avec Frölunda et dernièrement vice-champion d'Allemagne avec Wolfsburg, et Hannu Pikkarainen, défenseur très offensif qui a produit 62 points en 72 matchs avec le MODO.

Si la défense est en reconstruction, l'attaque a perdu également plusieurs de ses meilleurs représentants. Le SAIK devra faire sans Joakim Lindström (Colorado) et Mikko Lehtonen (Severstal Tcherepovets), le meilleur duo offensif de Suède l'an passé, ainsi que Fredrik Warg (Dinamo Riga) et Yared Hagos (Timrå), deux infatigables travailleurs.

Oscar Möller, Bud Holloway et Lee Goren auront la lourde tâche de leur succéder. Avec 88 joutes en NHL à Los Angeles, Möller était également coéquipier de Holloway aux Monarchs de Manchester, le club école de LA, pour lesquels le jeune Canadien de 23 ans avait fini meilleur pointeur. Ce duo peut légitimement devenir une locomotive offensive même s'il est difficile d'envisager une productivité équivalente à celle du duo Lindström/Lehtonen qui a placé la barre très haut, sauf en playoffs où il est resté plus discret. Goren, une vieille connaissance car de passage à Skellefteå durant l'exercice 2007-2008, ne rechignera pas à jouer les plombiers comme il sait très bien le faire, de même que Fredrik Hynning qui n'est pas le dernier non plus. Faire mieux, ce leitmotiv a nourri les ambitions du SAIK ces dernières années. Sera-t-il toujours d'actualité au vu de la tâche à accomplir après le départ des trois meilleurs pointeurs de la ligue ?

 

Dix ans. Dix ans que le Luleå HF n'avait plus atteint les demi-finales de l'élite suédoise, la formation du nord avait d'ailleurs fait jeu égal avec son grand rival, le Skellefteå AIK, au sommet du classement durant une bonne partie de l'exercice. Au-delà des performances sportives, le LHF connaît une santé comme rarement affichée après avoir généré un bénéfice de 7,2 millions de couronnes (788 000 euros). Aux manettes de l'équipe pour la première fois, Jonas "Rönken" Rönnqvist a largement convaincu.

Les ambitions peuvent-elles être revues à la hausse ? Oui car le Père Noël, qui ne réside pas très loin de cette ville située à une centaine de kilomètres du cercle polaire, est passé en avance. Niclas Wallin, à qui l'on a pourtant proposé de rester à San José, revient au pays après plus de 700 parties en NHL, guidé par un dernier objectif au crépuscule de sa carrière : réintégrer l'équipe nationale. D'entrée, Wallin a été nommé capitaine, succédant à Anders Burström qui a raccroché ses patins. Cependant dérangé par une commotion cérébrale durant l'European Trophy, il pourrait bien partager à son retour son temps de glace avec Johan Fransson, revenu après un intermède en KHL avec le SKA Saint-Pétersbourg. Janne Niinimaa a quant à lui émis sa volonté de partir.

Johan Harju est également un visage familier de l'organisation, lui qui formait un duo explosif, quelques années en arrière, avec Linus Omark. De nouveau courtisé par la KHL, Harju a préféré rejoindre ses premiers amours, très attendu par sa popularité et sa carte de visite dans une formation à l'efficacité offensive qui s'est par moments enrhumée la saison dernière. Devant les filets, Anders Nilsson avait gagné sa place de titulaire sur la durée. Parti aux Islanders de New York, c'est un boulevard qui s'offre à David Rautio. Mais ce costume ne sera-t-il pas trop grand pour lui ? Cette situation pourrait être favorable au prometteur Johan Gustafsson, vice-champion du monde des moins de 18 ans en 2010.

Lukas Kilström (Södertälje), l'artilleur Ville Viitaluoma (HPK) et Damien Fleury se greffent à l'effectif. Fleury, dorénavant un des deux Français à évoluer en Elitserien avec Pierre-Édouard Bellemare, a terminé deuxième meilleur buteur de l'Allsvenskan à Västerås malgré un environnement familial bouleversé. Le voilà engagé dans l'échelon supérieur aux côtés des jumeaux Abbott qui prolongent leur séjour malgré l'offre de Zurich, plus tôt dans l'année, même si la carrière de Cam est en danger en raison de pépins physiques aux séquelles encore présentes. Les Ours Polaires (au nouveau logo contesté) auront tout de même les crocs aiguisés.

 

De retour en Elitserien après huit ans d'absence, l'AIK s'est hissé, contre toute attente, en demi-finale. Viktor Fasth, gardien à la réussite tardive mais en état de grâce tout au long de l'année, élu meilleur joueur du championnat l'an passé, avait largement fait de l'ombre à Vesa Toskala et Christopher Heino-Lindberg, relégués au statut de spectateurs et partis vers d'autres cieux.

Malgré les éloges et un espoir compréhensible d'intégrer la NHL, Fasth reste finalement dans la capitale. Soulagement de l'organisation et de ses adorateurs, de quoi conserver un projet ambitieux. Un autre atout considérable qui prolonge son séjour d'au moins une année, il s'agit du défenseur prodige Patrik Nemeth qui a déjà l'étoffe d'un grand. Absent un bon tiers de la saison, le Canadien Josh MacNevin devrait connaître sa première année complète en Elitserien, offrant une réelle valeur ajoutée à l'équipe.

Les résultats convaincants de l'an passé ont poussé le directeur Anders Gozzi à jouer la carte de la stabilité. Alors forcément, l'équipe proposée est quasiment la même à peu de choses près, nombreux étant ceux à avoir été reconduits dont les jumeaux Ahlström. Le 12 avril dernier, Gozzi confirmait trois arrivées qui constituaient l'essentiel de son recrutement. Le rigoureux défenseur Tobias Viklund de Frölunda et le centre Robert Rosen du MODO, quatrième meilleur buteur en supériorité numérique l'an passé, ont été annoncés en même temps que l'un des joueurs les plus sollicités de l'Elitserien : Linus Videll, aussi précieux dans le défi physique (joli bébé d'1m93 pour 99kg) que décisif offensivement. L'AIK, qui a connu une hausse de 40% des abonnements annuels par rapport à l'année dernière, aura pour mission de confirmer. Avec Videll, un Fasth tout aussi solide et la même générosité, une performance au moins équivalente est largement accessible.

 

Transition. C'est le sentiment qui prédomine à Jönköping. Une transition désormais lourde de sens après la tragédie du Lokomotiv Yaroslavl et la disparition de Stefan Liv, ancienne gloire du club, qui a choqué toute une ville. Une émotion qui s'est largement propagée à travers tout le pays. Vainqueur de la saison régulière d'un cheveu grâce à un coup d'accélérateur dans le dernier tiers de la saison régulière, le HV71, comme le veut la tradition, avait l'honneur de choisir en premier son adversaire des quarts de finale. L'AIK, un choix "so Fasth", avait alors expédié en quatre manches le champion 2011 en vacances, pourtant habituel demi-finaliste depuis 2006. L'absence du capitaine Johan Davidsson est certainement un début d'explication mais cela ne doit pas être un prétexte. Complexe de supériorité ? Peut-être...

Derrière le banc, Janne Karlsson, après deux ans d'exercice, laisse le tablier à Ulf Dahlén, dont il fut l'assistant au Frölunda HC durant la saison 2008-2009. Mais cette fois, Karlsson s'en va prêter main forte à Bengt-Åke Gustafsson à l'Atlant Mytichtchi.

Du changement, il y en a également sur la glace. Et pas qu'un peu. Juuso Hietanen mais surtout des cadres tels que Pasi Puistola, Kris Beech, Martin Thörnberg sont de lourdes pertes. Si André Petersson est parti tenter sa chance à Ottawa, le HV71 bénéficie d'un sursis pour le défenseur Adam Almqvist, 20 ans. Meneur de la ligue avec une fiche de +20, il a généreusement été prêté par Detroit, souhaitant le voir prendre du muscle avant qu'il ne puisse sétablir dans le Michigan.

Héritant d'un collectif émietté, le directeur sportif Fredrik Stillman se devait d'être actif sur le marché. Battu pour Dick Axelsson et Alexander Barta, il a finalement convaincu l'arrière norvégien Mattias Trygg, de retour en Suède après plusieurs années en DEL à Hambourg, et le champion du monde (sans avoir été lancé sur la glace mais ça compte quand même !) Jesse Joensuu, attaquant finlandais de 23 ans. Stillman s'est également tourné vers Chicago, non pas vers les Blackhawks mais vers la formation AHL des Wolves. Noah Welch, un imposant défenseur, et Jason Krog, ancien capitaine qui aura accumulé 598 points en 535 matchs de Ligue Américaine, apporteront de l'intensité. Tout ce petit monde connaîtra-t-il un rayonnement semblable à leurs prédécesseurs ? Une chose est sûre, certains pourraient prendre plus d'envergure, à commencer par Jesper Thörnberg (petit-frère de Martin) et Jesper Fasth (rien à voir avec Viktor) au potentiel incontestable.

 

Au sein de l'Elitserien depuis plus d'une décennie, le Linköpings HC fait maintenant figure de cuirassé, visant chaque année le haut du tableau. Éliminé de justesse en quart de finale, le LHC n'a certainement pas revu ses objectifs à la baisse, bien au contraire, prolongeant les contrats de sa colonne vertébrale : le portier Fredrik Norrena, le défenseur Niclas Hävelid, irréprochables, et la paire offensive tchèque Jan Hlavac - Jaroslav Hlinka aux habilités indiscutables mais dont les qualités de leadership sont plus que souhaitées en playoffs.

Fin mars, en seulement quelques jours d'intervalle, sept joueurs ont été annoncés partants dont le désormais retraité Andreas Pihl, huit ans passées à la maison LHC, Josef Melichar, Jeff Ulmer et Patrik Zackrisson.

Pas de panique, le recrutement a de l'allure. Se liant à une formation orientée vers la défensive (trop ?), Johan Åkerman quitte Cologne (36 points en 52 matchs) pour Linköping, un joueur qui, on l'imagine, devrait former une ligne bleue redoutable en jeu de puissance avec Magnus Johansson, en deuxième position des meilleurs marqueurs chez les défenseurs.

Meilleur pointeur de l'Allsvenskan à deux reprises, Pär Arlbrandt est désormais pleinement à l'aise en Elitserien, en témoigne son rendement de l'an passé avec Luleå, quoique légèrement ralenti au fil de la saison. Albin Lorentzon, champion junior avec Linköping mais fin prêt pour l'Elitserien, Carl Söderberg, attaquant plein d'explosivité en provenance de Malmö, et Robin Figren, ancien avant de Bridgeport en AHL, complètent le recrutement. Une nouvelle fois, Linköping est un favori pour la couronne suédoise.

 

2009 marquait le retour d'un héros, le coach Hardy Nilsson, à l'œuvre lors du dernier titre du Djurgårdens IF en 2001, qui avait redonné de l'aplomb à la formation stockholmoise : une place en finale en 2010. Cet aplomb est néanmoins retombé l'année suivante avec une élimination dès les quarts de finale.

2011 marque le retour de deux acteurs majeurs de la saison en argent de 2010 : le défenseur américain Kyle Klubertanz, pourtant convaincant l'an passé avec les Bulldogs de Hamilton mais ignoré par Montréal, et le gardien Gustaf Wesslau, moins en réussite avec les Falcons de Springfield en raison de déboires physiques. Wesslau devrait retrouver sa cage en tant que titulaire, Stefan Ridderwall et Mark Owuya ayant filé vers de nouveaux horizons, respectivement Timrå et Toronto.

Les lignes arrières perdent le jeune Oscar Eklund (Kärpät) et le monstrueux Staffan Kronwall (Severstal Tcherepovets) mais, hormis Klubertanz, une autre arrivée va rassurer les plus nostalgiques. Depuis plusieurs années, le DIF n'a cessé de parlementer avec Daniel Tjärnqvist. Leur obstination a porté ses fruits, le double champion de Suède revient dans la capitale, dix ans après son dernier titre avec le DIF et donc celui de l'organisation. Deux attaquants de Södertälje ont effectué les quelques pas qui les séparaient de Stockholm : Jonas Almtorp et Mattias Carlsson, un apport particulièrement intéressant pour les infériorités numériques et le jeu sur la cage.

Quant à Nils Ekman, tout s'est effondré au mois d'août. Victime d'un accident cardio-vasculaire en décembre, le service de neurologie de l'hôpital de Karolinska de Stockholm l'a contraint à tirer sa révérence. Un fait malheureux même si la jeune génération menée par Daniel Brodin et Patrick Cehlin (Mika Zibanejad ayant séduit immédiatement Ottawa dès son repêchage et donc peu de chances de revenir), avides de rassurer leurs franchises NHL respectives, devrait faire le show. Djurgården, ou quand les armes du passé se mêlent aux étoiles de demain...

 

Tommy Jonsson, ancien assistant, reprend le flambeau de Niklas Czarnecki, ancien entraîneur du Brynäs IF. Une passation de pouvoir qui aurait pu se faire sans soucis. Jusquà ce que Czarnecki affirme que, pour la première fois avec Färjestad, il sapprêtait à prendre en charge une formation capable de gagner le titre. Des paroles maladroites qui auront le mérite de décupler la motivation de toute la ville de Gävle, en premier lieu Jonsson.

Pour y parvenir, il disposera d'une cohorte impressionnante de jeunes talents. Si une de ses perles, Mattias Ekholm, est assurée de prendre un aller sans retour en direction du Nouveau Continent, trois autres bénéficient d'une année supplémentaire. Il s'agit de Jakob Silfverberg, 38 points en 58 parties sur l'ensemble de l'année, Johan Larsson et Sebastian Wännström, prêtés respectivement par Ottawa, Minnesota et Saint Louis. Silfverberg avait d'ailleurs impressionné lors du camp d'expérimentation de juillet des Sénateurs.

Toujours dans cette volonté de bâtir des fondations pour performer à moyen et long terme, l'organisation s'est empressée de resigner les plus talentueux de ses scouts dont les défenseurs Simon Bertilsson, Niclas Andersén, Jonathan Carlsson ainsi que l'attaquant Calle Järnkrok, meilleur marqueur parmi les juniors de l'Elitserien la saison dernière. Tous ont dores et déjà été repêchés par une formation NHL.

Faisant les frais du grand nettoyage de Frölunda, Johan Holmqvist revient au Brynäs IF. La dernière fois qu'il a chaussé ses jambières pour l'équipe de Gävle, il avait obtenu le meilleur pourcentage d'arrêts de la ligue, ce fut au cours de l'exercice 2005-2006. Afin de combler le départ de Dale Clarke, l'Américain Ryan Gunderson n'en sera qu'à sa deuxième année en Suède, meilleur pointeur chez les défenseurs d'Allsvenskan avec Örebro. Daniel Widing, passé par la capitale, revient au BIF où il fera plus ample connaissance avec Mats Lavander, en provenance de Luleå. Ce sont des attaquants travailleurs qui enrichissent réellement la palette offensive de Tommy Jonsson, prêt à déjouer les pronostics et les préjugés avec sa jeune armada pleine de promesses.

 

29 millions de couronnes (3 millions d'euros). C'est le montant auquel s'élève le déficit subi par le Frölunda HC suite à son fiasco de la saison dernière. Encore heureux que les supporters de Göteborg sont plutôt du genre fidèle avec l'une des meilleures affluences d'Europe, soit 9 378 spectateurs en moyenne.

Quelques recrues de facture internationale débarquent. Frederik Andersen pourrait bien devenir le titulaire indiscutable devant la cage du FHC. Désormais numéro 1 en équipe nationale, le Danois a été élu meilleur portier de son championnat national. Pourront le secourir Patrick von Gunten, membre de la deuxième défensive suisse la plus imperméable avec Kloten et aiguillé dans son choix par Martin Plüss, le solide Pierre Johnsson, pas vraiment épargné par les blessures ces derniers temps, et Fredrik Eriksson, polyvalent artificier ayant exercé à Nuremberg.

Göteborg accueille de nouveau Mathis Olimb. "Je suis meilleur que lorsque je suis parti" affiche-t-il à la presse suédoise. Certes un brin vantard, la fusée norvégienne avait accumulé 32 points en 60 parties à Rockford en AHL, ralenti par une épaule douloureuse. C'est pourtant lors du dernier championnat du monde qu'Olimb a le plus impressionné, meilleur passeur du tournoi. Parfois génial, ancien meilleur buteur de l'Elitserien, Magnus Kahnberg n'en est pas moins un joueur très irrégulier. A contrario, Anton Axelsson, petit frère de Per-Johan, paraît une valeur sûre en constante progression. Le chouchou Fredrik Pettersson revient pour la deuxième fois à Göteborg, n'ayant pu s'imposer à Atlanta. De bonnes individualités, Frölunda en a récupérées, encore faut-il en produire un bon collectif. De très bonnes choses ont tout de même été entraperçues au cours de l'European Trophy.

Si le FHC nouveau paraît intéressant sur le papier, il faudra rapidement se remettre en selle puisque les Indians seront les hôtes des Rangers de New York et d'une figure historique du club, Henrik Lundqvist, fin septembre dans le Scandinavium. Une rampe de lancement afin de débuter en fanfare et de montrer un autre visage que la saison précédente à ses fidèles supporters...

 

Pour seulement la deuxième fois depuis son accession parmi l'élite (2002), le Timrå IK n'a pu obtenir son billet pour les séries éliminatoires. Ce n'est pas un drame mais il s'agira de faire mieux pour des Red Eagles qui souhaitent renforcer leur place en Elitserien.

Le TIK perd Sebastian Erixon, défenseur très mobile qui a accepté un contrat de deux ans avec Vancouver, et le jeune capitaine Anton Lander, parti retrouver son pote Magnus Pääjärvi à Edmonton. Pär Styf retraité, Mikko Jokela et Kim Hirschovits repartis en Finlande, l'ex-espoir NHL Jamie Lundmark sur le départ de même que quelques autres, les Red Eagles étaient dans l'obligation de recruter.

Peinant à se faire un prénom malgré beaucoup dattente à l'aube de sa carrière, le gardien Stefan Ridderwall, fils du légendaire Rolf, a quitté Stockholm pour Timrå, sûrement pour y trouver plus de sérénité, loin de la pression de la capitale. Ridderwall sera épaulé par Joakim Lundström, plus âgé et satisfaisant avec Frölunda. En défense, Nichlas Torp, 21 ans et champion avec le HV71, peut devenir un leader dans les années futures alors qu'Oscar Hedman en sera d'emblée un pilier. Champion de Norvège pour sa première année en Europe, Mat Robinson offre de son côté un profil plus offensif.

L'ajout de Yared Hagos, véritable homme à tout faire, est un plus indéniable. Autrefois une star du TIK, Jonathan Hedström est de retour après avoir erré dernièrement entre la Finlande et la Division 1 en acceptant un salaire au rabais : 20 000 couronnes par mois, soit 300 000 de moins par rapport à sa dernière année avec les Aigles Rouges ! Deux Johan Andersson font également leur apparition. Le premier, ancien international et en perte de vitesse, arrive de Linköping, l'autre, en provenance de l'AIK, est en quête de reconnaissance. Le Tchèque Petr Vampola, régulièrement sélectionné en équipe nationale, devrait se retrouver en première ligne. Après avoir affolé les compteurs en Extraliga, il a goûté à la KHL la saison dernière et pourrait bien devenir une des attractions de l'élite suédoise cette année.

 

Depuis trois ans, le MODO Hockey a perdu de sa superbe, bien loin de rivaliser avec les meilleurs. Pire, le club d'Örnsköldsvik a échappé de peu à la relégation au printemps dernier. Contrainte et forcée, l'organisation est en passe d'opérer un changement à 180°. Si le refrain de la révolution, les supporters impatients commencent à le connaître, 7 000 spectateurs se sont massés au Fjällraven Center à l'occasion de la présentation de l'équipe à laquelle s'est ajouté un match contre l'équipe nationale de bandy.

Seulement, la révolution n'a jamais semblé aussi évidente. Markus Näslund, nommé directeur général en décembre dernier, a été rejoint par Peter Forsberg, devenu son bras droit. Ces deux étoiles du hockey, maîtres de la glace d'"Övik" hier, sont les deux architectes du MODO aujourd'hui.

Cette saison cauchemardesque aura eu raison de l'entraîneur Charles Berglund. Pour lui succéder, "l'Américain" Ulf Samuelsson, après six ans en tant qu'adjoint aux Coyotes de Phoenix, dirigera le MODO et son fiston de 17 ans Henrik, assisté par Peter Andersson.

Après avoir fait une croix sur la NHL, Mikael Tellqvist succède au décevant Tuomas Tarkki comme dernier rempart. En défense, Per Hållberg, Daniel Josefsson et Anders Eriksson laissent leur place à l'Autrichien Thomas Pöck, leader de Rapperswil, Jonas Ahnelöv, en provenance de San Antonio en AHL, et Freddy Meyer, bon ami de Peter Forsberg venu jouer les renforts de premier choix. Joonas Lehtivuori, ancien international junior finlandais et soumis à l'essai, a satisfait lors des matchs préparatoires.

En attaque, Näslund et Forsberg ont convaincu l'un des joueurs les plus convoités du championnat : le jeune et puissant Dick Axelsson, deuxième choix de repêchage de Detroit en 2006. Par un temps au cœur d'une rumeur qui l'envoyait aux Red Wings, Axelsson sest joint par défaut à son choix initial. S'agissant de Måns Krüger, sa transaction a fait beaucoup parler. Le jeune homme de 18 ans, frère de Marcus, s'est laissé convaincre par le projet de Näslund et Forsberg. Ce que l'attaquant junior de Djurgården avait semble-t-il oublié, déjà la tête à Örnsköldsvik, c'est qu'il avait une deuxième année de contrat à honorer avec le club de la capitale ! Après plusieurs semaines de tensions entre les deux organisations, Krüger a pu enfin obtenir le feu vert du DIF. Rob Schremp, sans contrat malgré d'excellents résultats en Ligue Américaine, et le champion olympique 2006 Mika Hannula ponctuent un recrutement haut de gamme. La révolution est en marche...

 

Ils y sont. Club né du dépôt de bilan du Växjö HC en 1997, les Lakers de Växjö vont entamer leur première saison en Elitserien. Afin de ne pas pencher vers la désillusion, ils ont fait appel à des mercenaires expérimentés capables de lui fournir l'expérience dont ont besoin les hommes de Janne Karlsson, homonyme de son ex-homologue du HV71.

Martin Gerber n'avait pu réellement dire son mot pour un poste à Edmonton avec seulement trois parties avec les Oilers. Alors, quand ceux-ci ont souhaité poursuivre leur collaboration, Gerber a refusé, prétextant la recherche d'un meilleur cadre de vie pour sa famille. À défaut d'évoluer sur le circuit Bettman, le gardien suisse de 36 ans sest distingué en Ligue Américaine avec un pourcentage de 91,1% en 42 parties avec Oklahoma, pas impressionnant mais respectable. Après 250 parties en NHL, Gerber (avec sa famille) est de retour en Suède.

Per Hållberg tourne la page du MODO tandis qu'Ilkka Heikkinen, en provenance du Sibir, pourrait devenir le meneur de la défense. Les Lakers avaient enrôlé l'Italo-américain Dan Spang, mais le défenseur ne foulera pas le sol suédois puisqu'il a signé un contrat d'un an avec les Stars de Dallas. Une occasion qui ne se refuse pas ! Les Lakers testeront le défenseur slovène Mitja Robar, en provenance du HK Jesenice, un talent qui ne fait aucun doute en EBEL, la ligue autrichienne élargie, mais qui devra convaincre dans un championnat un ton plus élevé.

Sans Spang, les Lakers auront toutefois leur contingent nord-américain déjà bien représenté par les deux flèches Josh Soares et Steve Saviano. Liam Reddox, canado-écossais d'Edmonton et excellent patineur, Brad Moran, septième meilleur marqueur de la Ligue Américaine après avoir porté les couleurs du SAIK, et Mike Iggulden, principal artilleur des Tigers de Langnau en Suisse, vont former un trio offensif de punch ! Tomi Kallio, devenu indésirable à Göteborg malgré le soutien populaire, sera également une menace offensive. Avec autant d'arguments, on se demande si ce nouvel élève ne pourrait pas se hisser en playoffs dès sa première année. Après ses sept premiers matchs amicaux, Växjö était la seule équipe engagée en Elitserien encore invaincue...

 

 

Allsvenskan

 

Au vu des dépenses et des ambitions affichées, il y a déjà un champion : Malmö. Bien aidés par le portefeuille très garni de leur actionnaire majoritaire, Hugo Stenbeck, les Redhawks, dorénavant très pressés de réintégrer l'élite, s'affichent comme d'immenses favoris. Chaque secteur de jeu a été peaufiné afin d'assurer la remontée. Parmi les principales arrivées, quelques pointures internationales : Hannu Toivonen, Daniel Josefsson, Stefan Lassen, Alexander Barta, Linus Klasen et Ivan Ciernik pour ne citer qu'eux, six joueurs qui auraient pu largement tenir leur place en Elitserien, voire en devenir de vraies étoiles. L'Allsvenskan va beaucoup attirer l'attention cette année, c'est certain.

Si ce recrutement enthousiasme les inconditionnels du MIF, son lourd brassage d'argent fait grincer des dents. Il n'y a qu'à se tourner vers le plus petit budget d'Allsvenskan, Bofors, dont Stefan Bengtz, son manager général, a rappelé que le salaire annuel de Klasen (4,6 millions de couronnes) est plus élevé que le total des rémunérations de ses 24 joueurs !

La descente de Södertälje en Allsvenskan, on la sentait venir avec quatre participations à la Kvalserien au cours des cinq dernières années. Défait par le Modo durant la dernière journée de cette phase de relégation/promotion, le SSK a dû essuyer les nombreux départs qui ont fait suite à sa rétrogradation. Un petit miracle toutefois dans toute cette peine : la venue pour un an du gardien slovaque Julius Hudacek, seulement 22 ans mais auteur de statistiques extraordinaires avec le HC Košice, club avec lequel il a été couronné pour la troisième année consécutive.

Loin de pouvoir attirer des phénomènes du même calibre, Rögle a pu s'entendre avec le Russo-danois Kirill Starkov, bourlingueur aguerri à seulement 24 ans qui avait notamment intégré le centre de formation de Frölunda au tout début de sa carrière. Il a passé la dernière année à Esbjerg en tant que capitaine, l'occasion pour lui de prendre plus de responsabilités couplées à d'indéniables qualités offensives (1 point par match avec Esbjerg). Le RBK en a également profité pour rapatrier Daniel Sondell, un défenseur appelé plusieurs fois par le sélectionneur national Pär Mårts lors de la dernière saison.

Beaucoup de mouvements du côté de Leksand qui pourra compter néanmoins sur Mattias Timander. Courtisé par Skellefteå, le monument Timander a décidé cependant de finir sa carrière au LIF tout comme Pelle Prestberg, ancien capitaine de l'organisation. Prestberg s'était lancé un dernier défi l'an passé en se joignant à Färjestad, une pige qui lui a permis d'être sacré champion de Suède et meilleur marqueur de l'équipe, rien que ça. La retraite, Gabriel Karlsson a encore le temps dy penser, un centre défensif donc forcément utile sur certaines phases de jeu.

De retour en Allsvenskan depuis seulement deux ans, Örebro a créé la sensation l'année dernière en terminant dans le trio de tête. Matt Keith, choix de deuxième ronde des Blackhawks de Chicago en 2001, l'expérimenté Emil Kåberg, triple champion de Suède avec Färjestad et qui a pu faire tenir dans sa valise deux de ses plus jeunes coéquipiers, et Jared Aulin pourraient permettre à l'OHK de franchir une nouvelle étape. Aulin, Canadien de 29 ans, n'a pas fait la Une des journaux pour ses 17 parties avec les Kings de Los Angeles mais pour avoir fréquenté l'héritière-animatrice-écrivain-actrice-chanteuse-top model-éleveuse de chihuahuas-philosophe Paris Hilton durant son escapade en Californie ! À Örebro, il aura l'opportunité de faire parler de lui sur la glace.

Comme chaque année, Västerås, galvanisé par les signatures de David Lundbohm et Michael Zettergren, aura bien évidemment son mot à dire. Portant les stigmates de graves problèmes financiers, Borås (toutefois apaisé avec l'arrivée du très bon Magnus Åkerlund devant les filets) et Tingsryd tenteront de résister avec les moyens du bord. On souhaitera bonne chance également à l'ancien Rouennais Trevor Koenig, brillant l'année dernière en Norvège et embauché au Troja-Ljungby. Face à des Redhawks survitaminés, il en aura bien besoin !

Nicolas Jacquet

 

 

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