Bilan des championnats du monde 2013

 

Résultats et comptes-rendus de la compétition

 

Depuis la grande Union Soviétique à Moscou en 1986, aucun pays organisateur n'avait réussi à remporter le championnat du monde chez lui. La série s'est donc finalement interrompue au bout de 27 ans, et le paradoxe est que c'est arrivé à la Suède, l'organisateur... qu'on souhaite le plus vite oublier !

Ces deux championnats du monde de suite au(x) même(s) endroit(s) étaient une évidente mauvaise idée. La seule motivation de l'échange de bons procédés entre les fédérations de Suède et de Finlande était financière. Mais en laissant chacun organiser son groupe, cela signifie que les Mondiaux sont réservés aux capitales. Or, dans le cas de la Suède, Stockholm n'est pas une ville où le hockey passe au premier plan, et cela s'est ressenti.

Avec des prix des billets plus modérés ("moins outranciers" serait un qualificatif plus correct), les gradins étaient mieux remplis à Helsinki avec une ambiance toujours enjouée et colorée - cf photo - mais pas vraiment à Stockholm, hormis dans le week-end du carré final (les quelques places vides étaient surtout dues au fait que les Russes avaient acheté à l'avance un tiers des billets, persuadés que leur équipe serait de la fête !). La FFHG devra en tenir compte pour que Paris s'empare mieux de la compétition en 2017. Il est dommage qu'un championnat du monde aussi passionnant, avec tant de résultats étonnants et d'exploits historiques, n'ait pas totalement bénéficié d'un environnement qui le rende aussi mémorable.

 

Suède (1er) : le gêne des jumeaux

La Suède aura donc attendu sept ans, après le doublé historique JO/Mondiaux de 2006, pour reconquérir une médaille d'or. Ce retour au sommet était attendu eu égard la qualité des générations montantes passées sous la houlette de Pär Mårts chez les moins de 20 ans. Mais il est arrivé quand on ne l'attendait plus, avec une équipe moins dotée en talents qu'en 2010 ou 2011, et moins bardée de joueurs NHL qu'en 2012.

Cette victoire consacre la stratégie de formation menée par la fédération suédoise depuis une dizaine d'années. Un des axes de cette politique est la mise en place systématique d'entraîneurs de gardiens. La Suède ne voulait plus être la risée du monde avec cet ancien poste faible, qui ne l'est plus. Elle ne dépend plus d'un accident. Jhonas Enroth, après avoir d'abord pris le meilleur sur Jacob Markström dans la hiérarchie interne, s'est affirmé comme le gardien le plus solide de la compétition.

L'autre axe de développement a été la mise en place de passerelles dans les systèmes de jeu entre les catégories. Pär Mårts a été identifié comme le modernisateur du hockey suédois en passant des juniors aux seniors il y a quatre ans. Mais si la Tre Kronor a été physique et directe à la cage, on est resté loin d'un forechecking poussé. Mårts a mis en place un hybride en respectant l'identité fondamentale du jeu suédois, la maîtrise du palet et de la tactique.

Derrière, autour de son capitaine Staffan Kronwall (en photo), la Suède a été solide dès le début. Le nouveau venu Erik Gustafsson, arrivé de Philadelphie avec l'étiquette de défenseur offensif, s'est ainsi surtout illustré par sa compétence dans sa zone. Mais devant, cela manquait de vie. Une fois menée au score, la Tre Kronor était sans réaction, ce qui explique ses défaites en poule contre la Suisse et le Canada. S'ils ont pris ensuite leur revanche sur ces mêmes adversaires, c'est qu'ils ont retrouvé ce gêne de la possession de palet, celui dont les jumeaux Sedin ont hérité plus que quiconque.

Bien qu'ils aient raflé les plus prestigieux trophées individuels de la NHL, les deux frères n'étaient pas de grandes vedettes en Suède, où leurs contributions à l'équipe nationale ont souvent été limitées. Comme l'un ne voulait jamais venir sans l'autre, ils ont souvent décliné l'invitation à la moindre blessure. Et quand ils étaient là, ils avaient rarement été transcendants. Ils faisaient certes partie de l'effectif champion olympique de 2006, mais sur une simple quatrième ligne. Cette année, les Sedin se sont enfin imposés en leaders, avec un partenaire, Loui Eriksson, qui ne participe pas à leurs échanges (personne ne peut vraiment s'immiscer dans les jeux de la fratrie : ce sont des jumeaux, pas des triplés !) mais sait aller dans l'enclave pour finir les actions. Les jumeaux ont transformé le jeu de puissance suédois, avant-dernier du tournoi la première semaine, en arme fatale des phases finales. Et ils ont enfin démontré qu'ils pouvaient mener une équipe à la victoire.

 

Suisse (2e) : la vitesse renverse la hiérarchie

À son arrivée en fonction au Mondial 2010, Sean Simpson avait changé le système de jeu suisse vers un hockey plus ambitieux, qui s'était immédiatement montré capable de battre n'importe quelle équipe. On retrouvait la même dynamique qui lui avait permis de conduire Zurich au titre de champion d'Europe, puis à la Coupe Victoria contre les Chicago Blackhawks. Mais aux championnats du monde, il faut enchaîner les performances dans un calendrier très resserré, et cela paraissait très difficile avec un jeu aussi intensif. La Suisse était rentrée dans le rang et personne dans le pays ne croyait vraiment aux chances de l'équipe cette année, compte tenu des forfaits.

Les présents sont cependant plus importants que les absents. La Nati n'avait que des joueurs en grande forme, qui se sont tous montrés capables de patiner à fond pendant deux semaines pour s'imposer clairement comme l'équipe la plus rapide du tournoi. Une équipe parfaitement équilibrée, où les quatre lignes évoluaient au même rythme. Elle a même été la seule formation à continuer une alternance entre les gardiens jusque dans les phases finales, entre un Reto Berra excellent (en photo) et un Martin Gerber qui l'était tout autant avant une finale moins réussie.

Cette formation suisse avait tout pour plaire, car tout le monde a contribué. L'expérience du duo défensif Vauclair-Seger et du centre Martin Plüss a été complété par la jeunesse conquérante de Denis Hollenstein et de ses collègues de ligne Simon Bodenmann et Luca Cunti avec leur jeu créatif et collectif. Plüss a ainsi été entouré sur la première ligne par Nino Niederreiter, enfin prêt pour le haut niveau, et par Simon Moser, renaissant après sa blessure aux ligaments croisés de l'été dernier et la relégation avec Langnau. Ces deux ailiers incarnent la nouvelle génération plus physique de l'équipe de Suisse, tout comme l'étonnant Julian Walker. Des qualités qui la rendent encore plus redoutable au forechecking.

Ainsi armée, la Suisse a été la meilleure équipe du tournoi, et a enchaîné neuf victoires consécutives avant de céder en finale. Elle a mis fin à soixante années de hiérarchie immuable au cours desquelles les podiums mondiaux étaient réservées aux sept mêmes nations. Et elle a enthousiasmé car elle y est parvenue en faisant clairement le choix du jeu et de la vitesse. Son défenseur offensif Roman Josi, symbole de cet allant formidable, a été logiquement élu meilleur joueur du tournoi.

 

États-Unis (3e) : une médaille de moins en moins rare ?

Dans les cinquante dernières années, ce n'est jamais que la troisième médaille des États-Unis aux championnats du monde après 1996 et 2004, et elle peut donc se savourer. Les Américains figureront-ils plus souvent sur les podiums mondiaux ? On peut le penser tant leur densité augmente à chaque poste, avec de nouveaux talents qui surgissent tous les ans.

Cette belle équipe américaine a d'abord bâti son succès sur une excellente première ligne. Le remarquable capitaine Paul Stastny a accumulé les points avec son ailier Craig Smith, en comptant sur le travail de sape du troisième homme David Moss pour les écrans ou les finitions devant la cage.

Sa régularité en première phase la destinait à une première place de poule, jusqu'aux deux buts vite encaissés par le gardien Ben Bishop contre la Slovaquie. Incapables de les remonter, les États-Unis ont alors dû affronter les champions du monde russes, qui se révélaient en fait un géant au pied d'argile. Dominés par les Suisses, les Américains ont alors affronté la Finlande pour le bronze, et ils ont essayé de refaire le coup de la Slovaquie à l'envers : marquer deux fois et essayer de protéger le score.

Cela a fonctionné... grâce à deux gamins : le gardien prodige John Gibson, qui n'avait joué qu'un seul match professionnel, a parfaitement fait oublier Bishop et a été excellent tout le long des phases finales, pour finir avec plus de 95% d'arrêts. De plus en plus poussés dans leur zone et dans leurs retranchements, les Américains ont tenu jusqu'en prolongation. Et aux tirs au but, ils ont sorti leur joker : Alex Galchenyuk, arrivé en cours de tournoi avec T.J. Oshie. Galchenyuk, dont le père avait été international pour le Bélarus, a choisi de représenter les États-Unis. Mais aux penaltys, la qualité de ses feintes n'est pas sans rappeler l'école russe où il a été formé avant de repartir à 15 ans à Chicago (sa ville de naissance). Plein de sang-froid pour un junior, il a transformé ses deux tentatives pour donner le bronze à son équipe.

Après une saison presque blanche pour un genou en compote, Galchenyuk s'est immédiatement imposé chez les Canadiens de Montréal et a disputé la bagatelle de 98 matches dans une saison incroyable ! Champions du monde junior en janvier, Gibson et Galchenyuk enchaînent en effet avec une seconde médaille dans l'année (tout comme le défenseur Jacob Trouba). Les succès américains dans les catégories de jeunes se traduisent cette fois chez les adultes, à quelques mois d'intervalle.

 

Finlande (4e) : mieux vaut un or que trois bronze

En Finlande, la succession des entraîneurs se fait tout en douceur sans remettre en cause les principes de jeu. Jukka Jalonen avait annoncé sa démission avec six mois d'avance, et le futur sélectionneur a été très tôt désigné : Erkka Westerlund a déjà occupé la fonction et le témoin peut donc être passé en toute tranquillité. Les cinq ans de mandat de Jukka Jalonen à la tête de l'équipe nationale se limitent certes à une seule médaille en championnat du monde (plus le bronze olympique de 2010), l'or de 2011, mais ce bilan satisfait quand même pleinement le pays. Les Finlandais avaient connu beaucoup de podiums et très peu de titres, ils se souviendront donc à jamais de cette grande fête d'il y a deux ans.

Tant pis, donc, s'ils se contentent de la quatrième place pour la deuxième année consécutive. Une place toujours frustrante, surtout quand la médaille est perdue à la loterie des tirs au but.

L'an passé, la Finlande avait faibli à son poste fort dans les cages. Pas cette fois. Joni Ortio s'est montré fébrile, mais cela a précipité les débuts triomphaux d'Antti Raanta, qui a confirmé sa saison exceptionnelle de champion avec le petit club d'Ässät Pori. Et un grand gardien de plus dans ce pays qui en regorge...

Seul centre confirmé restant dans l'effectif, Petri Kontiola avait une lourde responsabilité, qu'il a extrêmement bien assumé. Dès le premier match contre l'Allemagne, il a signé un but d'extraterrestre en contrôlant un palet dans les airs avant de le dévier, encore de volée, dans les filets. Il a donné le signal d'un fantastique championnat du monde où son trio avec Juhamatti Aaltonen et Janne Pesonen a marqué la moitié des buts de son équipe. Kontiola a ainsi fini meilleur attaquant et meilleur marqueur de la compétition, mais cette mono-dépendance à une seule ligne n'était pas très bon signe pour les Finlandais. En quittant Helsinki pour Stockholm dans le carré final, le premier trio était attendu et maîtrisé, surtout par le voisin suédois.

Lors du match pour la troisième place, le petit prince Mikael Granlund, arrivé en joker après une première saison nord-américaine difficile, a repris confiance en ses moyens et est venu à la rescousse pour mener la remontée face aux États-Unis. Il a tenté un nouveau geste magique lors des tirs au but (une Forsberg), mais cette fois le palet est passé juste à côté. Si près de la médaille...

 

Canada (5e) : nous ne sommes plus seuls !

Et de quatre éliminations consécutives en quart de finale ! Depuis le titre olympique de Vancouver sur petite glace, les Canadiens n'ont pas remporté une seule médaille sur les grandes patinoires des championnats du monde. Cela n'est-il pas inquiétant à neuf mois de Sotchi ?

Bien sûr, on pourrait vite balayer ces doutes avec l'argument selon lequel le Canada se ficherait des Mondiaux et enverrait une équipe de seconde zone. L'argument retarde beaucoup et ne résiste pas aux faits. L'attaque de cette année faisait peur, et si la défense paraissait initialement plus faible, elle s'était renforcée entre-temps avec deux des meilleurs spécialistes du pays, P.K. Subban pour la flamboyance offensive et Dan Hamhuis pour la sobriété défensive.

En fait, à l'exception de Crosby, Toews, Doughty, Weber et des gardiens Luongo et Price, il est probable que tous les joueurs qui feront partie du Team Canada à Sotchi auront participé aux championnats du monde durant ces quatre années... Beaucoup y auront gagné (ou perdu) leur place olympique.

Le cru 2013 ne fait pas exception à la règle. Discret les premiers jours, Claude Giroux a ensuite pris les choses en main et parfaitement alimenté en palets le buteur habituel Steven Stamkos : on reverra ces deux joueurs en Russie. La question est ouverte concernant les jeunes : Matt Duchene est toujours le joueur canadien le plus génial par moments, mais il a un peu tendance à trop garder le palet. Ceci dit, cela peut s'expliquer car ses ailiers (Taylor Hall et Jordan Eberle d'Edmonton) gâchaient parfois tout en le perdant trop vite. Confiné à un rôle de troisième ligne sans temps de jeu en supériorité numérique, Hall n'a pas démontré son aptitude à un tel rôle : est-ce la faute de son coach Lindy Ruff de ne pas lui avoir fait plus confiance, ou est-ce simplement lui qui n'a rien fait pour mériter mieux ? Même s'il a été numéro 1 de la draft et s'il a déjà fini neuvième marqueur de la NHL cette saison à 21 ans, Hall est loin d'avoir sa place acquise. Il lui faudrait encore s'améliorer pour devenir indiscutable sur un des deux premiers blocs.

Le principal gagnant de ce Mondial dans le camp canadien est sans doute le gardien Mike Smith, prototype du joueur révélé sur le tard car il n'a vraiment explosé en NHL que l'an passé, après son transfert de Tampa Bay à Phoenix. Pour sa première sélection en équipe nationale à 31 ans, il a clairement éclipsé son collègue et concurrent Devan Dubnyk et a été très solide durant tout le tournoi, au point de devenir un candidat inattendu pour la composition olympique.

Avec en plus un gardien solide, comment se fait-il alors que le Canada ait encore échoué ? Parce que ça se joue à pas grand-chose. L'équipe à la feuille d'érable a été éliminée en étant invaincue dans le jeu, puisqu'elle n'a été battue qu'aux tirs au but face à la Suisse et à la Suède, les futurs finalistes. Peu de choses la séparait de l'or. Le vrai enseignement de la reculade du Canada depuis quatre ans, ce n'est pas qu'il a régressé, c'est juste que le niveau international s'est resserré. Qu'il soit passé près de la défaite contre la Slovénie en est la preuve la plus flagrante. Le hockey s'internationalise de plus en plus : les Canadiens devraient s'en réjouir pour leur sport national, mais aussi en tirer les conséquences.

Les Canadiens peuvent tout à fait être champions olympiques... et ils peuvent aussi tout à fait perdre en quart de finale. Les temps où ils pouvaient débarquer dans une compétition internationale et se contenter de se proclamer intrinsèquement supérieurs sont révolus. Chaque victoire se mérite, et le moindre détail comptera.

 

Russie (6e) : la double humiliation

Après treize victoires consécutives en championnat du monde, l'entraîneur Zinetula Bilyaletdinov aura donc connu sa première défaite... contre la France. Une défaite qui aurait été pardonnée si elle avait été lavée par la suite. Tout au contraire, la Russie a continué à jouer de manière peu fiable, en se reposant sur le talent de ses deux ailiers-vedettes Ilya Kovalchuk (en photo) et Aleksandr Radulov, mais en continuant de perdre un nombre incalculables de palets, y compris par Kovalchuk et Radulov eux-mêmes d'ailleurs.

Subitement, la Russie qui se pensait souveraine s'est mise à douter de tout. Et elle a fini humiliée 3-8 en quart de finale par les États-Unis, sa plus lourde défaite dans ce siècle ! Un match qui a réveillé le souvenir du quart de finale de Vancouver contre le Canada, que le pays n'a jamais pardonné à Bykov. Et voilà que trois ans plus tard, il découvre que le sauveur Bilyaletdinov, censé amener de la sécurité défensive, ne le met pas à l'abri d'une telle débâcle.

En plus, les reproches faits aux deux sélectionneurs se rejoignent : Bykov s'était accroché plus que de raison au gardien expérimenté Nabokov qui l'avait entraîné dans sa chute, et Bilyaletdinov a fait pareil avec Ilya Bryzgalov. Le tournoi commençait à peine qu'une polémique éclatait autour du cas Sergei Bobrovsky, le joueur et le staff se renvoyant la responsabilité de la décision de son absence. Le résultat est que Bobrovsky, auteur d'une très bonne saison en NHL, n'a pas été testé en équipe nationale, alors que l'immense majorité des Russes ne veut plus voir Bryzgalov en peinture après ce désastre (et que Varlamov n'a pas paru sûr en le remplaçant en cours de match). Une grande interrogation naît donc dans les cages à neuf mois des Jeux olympiques de Sotchi, qui font figure de cause nationale. Les doutes sont tout aussi importants en défense après avoir vu Ilya Nikulin et Fyodor Tyutin, a priori les titulaires les plus sûrs, commettre autant d'erreurs inexplicables.

En fait, à part la quatrième ligne Soïn-Svitov-Kokarev, peu de joueurs auront su convaincre. Popov et Perezhogin ont perdu tout le crédit amassé un an plus tôt, Sergei Mozyakin a définitivement démontré qu'être le buteur le plus régulier de la KHL n'en faisait pas un joueur utile dans le jeu international. Ce n'est pas encore trop grave : vu ses nombreux talents aux ailes, la Russie trouvera forcément de bons joueurs, surtout si elle fait enfin confiance aux jeunes comme Evgeni Kuznetsov et les laisse mûrir.

Ce n'est pas le cas au centre où, sans Datsyuk et Malkin, elle est sérieusement démunie. Le test en première ligne d'Andrei Loktionov - coéquipier de Kovalchuk à New Jersey - a été un échec complet et il a fini sur le banc. L'expérimenté Aleksei Tereshchenko a fini par prendre sa place, car les jeunes centres de NHL ne se sont tout simplement pas montrés meilleurs. Il faut absolument prier pour que les centres-vedettes soient là... mais aussi se pencher sur l'absence de relève à ce poste important.

 

République Tchèque (7e) : des doutes sur la sélection olympique

Après deux médailles de suite, les Tchèques ont égalé leur plus mauvaise performance historique avec cette septième place. Ils auraient pu faire pire puisqu'ils avait perdu pendant quelques heures la maîtrise de leur destin pour la qualification en quart de finale au profit des Norvégiens. Ceux-ci n'en ont pas profité et ils les ont ensuite étrillés 7-0. On pensait alors que les arrivées de l'éternel meneur Tomas Plekanec et du blueliner Tomas Zidlicky réglaient les problèmes offensifs.

Le quart de finale contre la Suisse a prouvé le contraire, et hormis face aux Norvégiens, la République Tchèque a marqué moins de deux buts par match en moyenne. Beaucoup trop peu. Lorsque votre deuxième meilleur marqueur est le défenseur défensif Zbynek Michalek, c'est qu'il y a un petit problème en attaque...

Le sélectionneur Alois Hadamczik n'a cessé de remanier ses lignes, sans jamais trouver de formule efficace. Il a déclaré attendre beaucoup plus de ses avants de NHL, et certains ont peut-être perdu leur place dans l'effectif olympique. Tomas Fleischmann, qui paraissait une valeur sûre, a été très peu dangereux. Radim Vrbata a disparu au fil du tournoi et a été le symbole de l'élimination en laissant échapper le palet de l'égalisation dans les dernières minutes. La situation de Jiri Hudler est ambiguë en raison de son implication défensive parfois faible.

Martin Hanzal a aussi perdu bien trop de palets, mais son profil de centre défensif en fait un membre peu contestable de la sélection olympique. La vue de ce tournoi pourrait cependant réouvrir des places aux attaquants évoluant en Europe à l'instar de Jiri Hubacek et Jiri Novotny qui ont correctement accompli leur mission. La rare satisfaction de la compétition, outre la confirmation d'Ondrej Pavelec en gardien numéro 1, est le junior Tomas Hertl, le plus grand nouveau talent dans le pays, même si son patinage laisse encore à désirer.

En défense, le grand gagnant est Zbynek Michalek, et le grand perdant est Jan Hejda, le champion du monde 2005 aux qualités défensives réputées en NHL. Il s'est très mal réadapté aux grandes glaces et a semblé perdre la confiance du sélectionneur.

 

Slovaquie (8e) : le gâteau sans la cerise

La Slovaquie a failli laisser échapper la qualification en quart de finale après les défaites décevantes contre la Lettonie - dans un mauvais jour du gardien Rastislav Stana - et contre l'Autriche. Mais quand elle a su qu'elle avait encore une chance si elle battait les Américains, elle l'a saisie sans demander son reste. Au retour à Bratislava, au moment de souffler les bougies du gâteau préparé par la fédération pour ses 66 ans, l'entraîneur tchèque Vladimir Vujtek s'est donc montré satisfait : "Nos performances ont été erratiques, mais la position finale en quart de finale était notre but principal. Avant le championnat du monde, nous considérions une place dans les huit meilleurs comme un succès."

La huitième place peut paraître une ambition modeste pour un vice-champion du monde en titre. Vujtek a cependant rappelé qu'il manquait par rapport à l'an passé deux joueurs-cadres, "Chara et Handzus. Ce sont deux joueurs fondamentalement irremplaçables pour le hockey slovaque. Chara, il ne s'agit pas de points, mais il est irremplaçable par sa personnalité dans le vestiaire. Cela fonctionne contre les adversaires qui ont beaucoup de respect pour lui. Il nous manquait d'autres joueurs qui avaient été performants l'an passé : Baranka, Starosta, Granak."

Les nombreuses blessures en défense ont encore plus mis en valeur Andrej Sekera, une fois de plus excellent en championnat du monde. Son talent ne peut cependant tout dans des lignes arrières où les muscles de ses collègues ne suffisent pas toujours : Branislav Mezei (+4) s'en est mieux sorti que le double mètre Vladimir Mihalik (-5).

La Slovaquie était encore l'équipe la plus âgée du championnat du monde, et elle aurait pu s'épargner le rappel du quarantenaire Jozef Stümpel qui n'a pas servi à grand-chose et a fini en tribune. Le grand enjeu est donc de couver la relève. Mario Bliznak a semblé dépassé en débutant au centre de la première ligne, en revanche Tomas Zaborsky a apporté la contribution offensive espérée (4 buts) pour ses grands débuts à 25 ans. L'unique vrai jeune, le junior Marko Dano, a pu être intégré en cours de tournoi et peut continuer à progresser.

 

Allemagne (9e) : retour à l'ordre

Après le traumatisme des déculottées subies au dernier championnat du monde puis de la non-qualification olympique, l'Allemagne a retrouvé son "niveau logique" dans la hiérarchie mondiale. Neuvième, une place qu'il faut garder à long terme pour ne pas avoir à repasser par des qualifications olympiques.

Pat Cortina a mis en place une organisation défensive très disciplinée et structurée qui convient bien aux joueurs allemands. Leur défaut rédhibitoire reste cependant toujours le même, une incapacité à se créer vraiment des occasions dangereuses. Les meilleurs joueurs offensifs en championnat ont plus de peine au niveau international.

Seuls deux joueurs ont marqué 3 buts, et leur identité trahit ce manque de purs attaquants. Il s'agit du défenseur Christian Ehrhoff, indispensable avec ses 28 minutes de temps de jeu moyen et son rôle crucial en jeu de puissance, et de Marcus Kink, le centre défensif et spécialiste des infériorités numériques.

Le collectif a été assez homogène, sans que personne ne se distingue vraiment en bien (hormis Ehrhoff) ou en mal. Les débutants s'y sont bien fondus, et certains ont même agréablement surpris comme l'arrière de Cologne Torsten Ankert : un joueur auquel peu de gens avaient pensé comme international, et qui a très bien suivi le rythme du jeu en commettant peu d'erreurs.

Mais si l'Allemagne est juste derrière les grands, elle peut regarder avec envie la réussite de son voisin suisse et rechercher ce qui le distingue : limitation des étrangers, stabilité des structures, médiatisation, formation des jeunes où tous les clubs s'investissent... Autant de programmes qui doivent être mis en place à long terme. La fédération a un peu plus de visibilité pour lancer des projets maintenant qu'elle sait qu'elle disposera des rentrées d'argent du Mondial 2017...

 

Norvège (10e) : deux pas en arrière

La Norvège a donné le sentiment de revenir en arrière, avant ses deux quarts de finale d'affilée. On a eu l'impression de revenir en 2010, quand ses défauts surpassaient encore ses qualités.

On a retrouvé sa tendance à aller au-delà des limites quand elle durcit le jeu. Ole Kristian Tollefsen, détesté de beaucoup pour ses mauvais coups, a "légèrement" abusé en allant jusqu'à tenter de stériliser un adversaire, et a réussi l'exploit de récolter deux suspensions au cours de la compétition. Or, on sait que la Norvège n'a toujours aucune densité à l'arrière et a besoin de chaque élément, Tollefsen compris, sur la glace.

La défense a donc énormément souffert, et même son meneur Jonas Holøs a connu un tournoi décevant (zéro point, -6 et un nombre élevé d'erreurs). Mais avec 28 minutes de jeu par match, on comprend qu'il soit difficile de toujours maintenir son niveau.

La remarque vaut également pour les stars offensives. L'attaque a pâti de la méforme de Patrick Thoresen, à des années-lumière de sa grande forme de l'an passé. Quand il n'arrive pas à mener son équipe, la première ligne qui repose sur lui ne sait plus quoi faire, et les Norvégiens n'ont pu compter que sur leur deuxième trio composé d'Anders Bastiansen et des frères Mathis et Ken André Olimb. L'immuable sélectionneur Roy Johansen a même fini par modifier ses lignes d'ordinaire tout aussi immuables, sans résultat. Quand ses cadres ne montrent plus la même détermination, l'équipe lâche prise.

La Norvège avait obtenu les points qu'il fallait en ouverture face aux Slovènes et aux Danois, essentiellement grâce à son gardien Lars Haugen, mais lui aussi a fini par craquer dans la déroute contre les Tchèques (0-7), malheureusement prévisible. L'équipe scandinave n'a pas existé cette année face aux grandes nations et n'était plus au niveau d'un quart de finale. Elle peut toujours l'être, certes, mais à la condition indispensable que tous les joueurs-clés soient présents et en forme.

 

Lettonie (11e) : Nolan a sauvé son scalp

La Lettonie se remettra de sa candidature manquée à l'organisation du Mondial 2017 avec le Danemark : l'attelage était un peu bringuebalant, et le président de la fédération Kirovs Lipmans avait annoncé avant même le vote qu'il n'y croyait pas vraiment et qu'il préférait retenter sa chance tout seul (les Danois auront sûrement apprécié ce discours positif !).

Ce dont les Baltes se seraient difficilement remis, par contre, c'est d'une relégation en division I mondiale vers laquelle elle filait tout droit après sa défaite face à l'Autriche. Elle a retrouvé son allant offensif au bon moment contre la Slovaquie, avant de se sauver contre la France, comme à la qualification olympique, et même de prendre un point à la Finlande pour prendre une onzième place inespérée. Privée de plusieurs cadres, la Lettonie a été portée par le talentueux Lauris Darzins, principal artisan de ce maintien.

Ted Nolan a tout de même rempli ses missions (qualification olympique et maintien). Il ne fait guère de doute que ses détracteurs auraient demandé son scalp dans le cas contraire, car sa personne suscite une controverse quasi-philosophique entre "pro-russes" et partisan de son approche nord-américaine.

Mais plus que le style de jeu, le vrai enjeu est comme pour toutes les ex-républiques de l'URSS, de réussir le changement de génération avec des joueurs formés après l'indépendance. Sur ce plan, ce championnat du monde est plutôt rassurant.

Le centre de 19 ans Zemgus Girgensons a déjà semblé indispensable à un poste assez faible dans le pays. Et Nolan, vite lassé des errances d'Edgars Masalskis, a fini par confier les cages à Kristers Gudlevskis (20 ans, en photo). Les premiers pas de Ralfs Freibergs (qui a fêté ses 22 ans à l'issue du tournoi) en défense ont aussi été positifs même s'il doit encore progresser dans son placement. Les jeunes arrivent donc, mais seront-ils capables de continuer à marcher sur ce fil ténu qui a fait de la Lettonie une nation stable d'élite depuis 17 ans, sans jamais descendre ?

  

Danemark (12e) : l'heure des grands questionnements

L'entraîneur danois Per Bäckman, qui aurait prolongé d'un an en cas de qualification olympique, a pris sa retraite à 63 ans à l'issue d'un tournoi satisfaisant, à défaut d'être enthousiasmant.

La grande nouvelle, c'est que le Danemark s'est trouvé une défense. Oliver Lauridsen, excellent dans sa prise de décision, s'est tout de suite révélé un pilier, surtout en infériorité numérique où il était la clé de voûte avec Stefan Lassen (son équipe a d'ailleurs encaissé trois buts contre la Suisse dans cet exercice le jour où l'aîné Lauridsen a été absent). Philip Larsen et Jesper B. Jensen ont brillé pour leur part dans des styles de défenseurs offensifs.

L'attaque, cependant, a moins montré le bout de son nez. Mikkel Bødker a récolé les louanges de son entraîneur (qui l'a appelé "l'homme qui a patiné dix kilomètres"), mais il a péché par manque de réalisme offensif. C'est donc le vieux revenant Kim Staal, à la surprise générale, qui a fini meilleur marqueur danois.

Une meilleure stabilité défensive paraissant acquise, on attend de savoir quand les Danois vont se "lâcher" offensivement. Avec les nombreux talents qui arrivent peu à peu à maturité, ils en auraient peut-être les moyens. Mais c'est une prise de risques certaine par rapport aux systèmes de jeu "suédois", qui ont fait leur succès. La précédente expérience canadienne avait avorté. Faut-il cette fois oser un changement dans la nationalité du futur coach ? Voilà l'heure des grandes questions...

L'autre dilemme concerne la candidature à l'organisation des championnats du monde, qui a connu trois échecs alors que le pays semble prêt à connaître cette grande première. Il est simplement tombé sur un tandem franco-allemand trop fort. Faut-il se représenter dès 2018, année olympique avec moins de concurrence, ou attendre une année où les championnats du monde seront l'évènement majeur, mais faire face par exemple à la Suisse, qui a déjà coché 2019 ? Et vaut-il mieux partir seul que courir le risque d'être mal accompagné ?

 

France (13e) : l'exploit et la récompense

Il fallait se pincer pour y croire : l'équipe de France a battu la Russie championne du monde, et elle l'a fait à l'occasion de la première titularisation de Florian Hardy (en photo avec Cristobal Huet apès son match), son seul gardien de moins de 37 ans, qu'il fallait absolument tester au niveau international sans lui brûler les ailes. L'Angevin a passé son épreuve du feu internationale, tout comme le défenseur Jonathan Janil.

Lentement, le cercle des titulaires rompus au haut niveau s'élargit donc, sans que cela nuise aux résultats des Bleus. Le témoin se passe en douceur, à l'instar de la "deuxième ligne" composée de Damien Fleury (qui a beaucoup progressé), Pierre-Édouard Bellemare (le leader de la France pour les prochaines années), et Sacha Treille, un trio qui a clairement pris le leadership. Mais bien sûr, on a évidemment encore grand besoin des trentenaires Desrosiers-Meunier-Y.Treille.

Il ne faut pas l'oublier en effet, cette équipe de France a besoin de tout le monde, y compris de son joueur NHL Antoine Roussel qui met un impact physique de tous les instants. Or, avec seulement deux titulaires absents (Baptiste Amar et Stéphane Da Costa), elle était bien mieux lotie que tous ses adversaires.

Le plus grand danger est de se croire arrivé. Avoir une opportunité d'accéder aux quarts de finale s'ils battaient deux adversaires à leur portée (Lettonie et Allemagne) était un piège pour les Bleus, qui ont livré leur seul mauvais match face à l'équipe balte. Ils ne peuvent se permettre à aucun moment d'oublier leurs valeurs, un travail et un dévouement collectif de tous les instants, qui les ont amenés là où ils sont aujourd'hui : la stabilisation dans l'élite mondiale, et maintenant la capacité à rivaliser à chaque match, y compris face aux grandes nations.

Le hockey français a encore beaucoup de travail d'ici 2017, date du championnat du monde à Paris (et Cologne), une organisation qui paraissait totalement impossible il y a quelques années. Elle récompense l'ampleur du chemin parcouru... sans négliger celui qui reste à parcourir.

 

Bélarus (14e) : dans le creux de la vague

Commençons par la bonne nouvelle : il n'y a pas de problème de gardiens. Tant que le Bélarus joue la prudence et l'organisation défensive, un portier bien protégé peut se mettre en valeur, et Vitali Belinski l'a fait comme ses prédécesseurs malgré sa totale inexpérience à haut niveau.

Le problème est ailleurs : quand la tactique consiste à attendre les erreurs et les fautes adverses, il est très dommageable d'avoir le plus mauvais powerplay de la compétition ! Et pour jouer la contre-attaque, il faut faire preuve de vitesse, or le Bélarus a curieusement manqué de dynamisme et de patinage pour une équipe aussi jeune.

Les entraîneurs n'en sont pas les premiers responsables, faute de temps pour travailler. On peut certes reprocher à Andrei Skabelka les équipes spéciales défaillantes, mais le jeune coach n'avait pas des joueurs formidables à disposition. Les meilleurs hockeyeurs du pays ont marre de la gestion délétère de l'équipe nationale, et on se souvient de la vibrante colère de Mikhaïl Grabovski en décembre.

En l'absence de nombreux cadres, le Bélarus a pâti de l'inexistence offensive de sa première ligne avec le décevant Dmitri Meleshko. Le capitaine Konstantin Koltsov a rempli sa mission en étant le seul à mettre de deux buts. C'est encore la quatrième ligne qui a récolté le plus de compliments, en particulier le débutant Vyacheslav Andryushchenko. Le fils de l'ex-international Igor Andryushchenko, est mobile et créatif, mais il est encore trop tendre dans les duels.

Le rajeunissement est difficile, et si le Bélarus a terminé trois fois quatorzième, ce n'est pas totalement un hasard. Il traverse un creux historique alors même qu'il doit accueillir la compétition en 2014, pour un Mondial de tous les dangers : le rappel, pour la troisième fois, du "messie" Glen Hanlon, qui n'a pas exclu de revenir, est-il une bonne idée ?

 

Autriche (15e) : l'éternel recommencement

Si on avait dit aux Autrichiens qu'ils finiraient la compétition avec 5 points, ils auraient peut-être signé tout de suite. Mais cela n'a pas suffi, puisqu'ils reprendront l'ascenseur pour la neuvième année consécutive. Ils se consoleront l'an prochain avec les Jeux olympiques et sont persuadés de revenir bientôt, comme d'habitude. Cette relégation ne leur paraît donc pas si catastrophique.

Après tout, une demi-douzaine de cadres étaient absents, plus le centre numéro 1 théorique, Thomas Koch, qui s'est blessé en cours du tournoi et avait de toute façon mis zéro point avec un impact insuffisant. Même esseulé, Thomas Vanek a parfaitement conduit l'offensive dans son plus pur style de finisseur, qu'il faut servir en déviations ou en breakaways. Mais un Vanek termine les actions, il ne fallait donc pas compter sur lui pour organiser le jeu de puissance. Ce ne sont pas ses qualités premières, pas plus que le jeu défensif.

Or, c'est sans doute dans ce domaine que les Autrichiens sont éloignés du niveau mondial. Les arrières manquent de profils physiques, au point que le géant Andre Lakos reste toujours aussi indispensable. Mais l'implication défensive des attaquants a aussi parfois laissé à désirer. David Schuller est sorti du lot : seul centre positif aux mises au jeu, il a toujours fini ses charges et bloqué beaucoup de tirs. Il en faudrait plus comme lui pour que l'Autriche soit plus solide en infériorité numérique.

Les équipes spéciales sont encore un peu faibles. Il n'y a pas de mystère, et c'est encore l'EBEL, la ligue autrichienne, qui a été attaquée. "La ligue doit décider si elle veut former des Autrichiens ou des étrangers. Nous avons des joueurs qui ne jouent presque pas en supériorité ou en infériorité dans la ligue, et ils arrivent aux championnats du monde où ils doivent le faire contre la Russie ou l'Autriche. Tant que les clubs ne se décident pas à descendre à sept ou huit étrangers et à former des jeunes, cela ne changera pas." Le plus étonnant dans ces déclarations, c'est son auteur. Qui a dit ça ? Pas un cadre fédéral qui prêcherait pour sa chapelle. Pas non plus un hockeyeur qu'on pourrait accuser de bénéficier d'une éventuelle limitation des étrangers (elle avait été supprimée pour éviter l'escalade des salaires des joueurs locaux). Il s'agit de Vanek, que son salaire en NHL met à l'abri de telles considérations. Même lui, il y a peu de chances qu'il soit écouté, et c'est pourquoi on a entendu le même discours à la relégation précédente... et qu'on l'entendra dans deux ans à la relégation suivante ?

L'Autriche aimerait croire au contraire, et elle place ses espoirs sur Thomas Hundertpfund : il était le plus jeune attaquant de l'équipe à déjà 23 ans, et en a quasiment été le meilleur. Lui qui n'a jamais quitté son club formateur Klagenfurt prouve que de nouveaux talents peuvent encore se développer.

 

Slovénie (16e) : un enthousiasme mal récompensé

Le constat pour la Slovénie est assez similaire à celui de 2011 : l'équipe est clairement plus forte qu'avant, mais elle doit malheureusement redescendre. Le point totalement mérité qu'elle a engrangé contre l'armada du Canada (où la plus petite ville compte autant de hockeyeurs que le petit millier de licenciés slovènes) a en tout cas démontré au monde qu'elle était capable de ne pas être ridicule aux JO de Sotchi.

Les Slovènes ont été compétitifs à chaque match, sauf contre la Suisse, et auraient mérité de finir avec bien plus que deux points au compteur. Ils ont pâti des faiblesses de leur gardien Robert Kristan, moins bon titulaire du tournoi avec 87% d'arrêts, et loin du meilleur niveau qu'on lui connaît. Andrej Hocevar (79%) ayant laissé passer sa chance contre la Suisse, cette faillite dans la cage, une fois la relégation inévitable, a conduit Matjaz Kopitar à lancer dans le grand bain le junior Luka Gracnar. Ses bonnes performances (92%) ont sûrement encore amélioré sa cote à la prochaine draft NHL.

On sait que la Slovénie a peu de densité, mais la troisième ligne et la quatrième ligne ont tenu leur rôle en essayant de tenir le score. Et dès que le premier trio Jeglic-Ticar-Sabolic montait sur la glace, le danger était souvent immédiat pour l'adversaire. Il est seulement dommage que les frères Rodman, peut-être fatigués d'une longue saison pas avare en blessures, n'aient pas pu composer une deuxième ligne offensive capable de soulager les trois jeunes du premier trio. Ce sera le cas aux JO avec le renfort d'Anze Kopitar et de Jan Mursak.

Marc Branchu

 

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