Chamonix, la continuité sans la routine
Stéphane Gros aborde sa cinquième saison aux commandes de Chamonix, et chaque année son équipe confirme un peu plus. Il peut s'appuyer sur un noyau de joueurs qui adhère ses idées, et sait aménager la préparation et la structure des entraînements pour ne pas tomber dans la routine. On peut mesurer le chemin parcouru. D'un club moyen, il a fait un participant régulier au haut du classement, une équipe qui s'est découvert de l'ambition au point que les mines étaient déconfites après l'élimination au cinquième match contre Épinal. Pourtant, le bilan de la saison reste positif : malgré un départ complètement raté à la dernière place, Chamonix est remonté à la quatrième place de la saison régulière.
Ce développement sportif s'est accompagné d'une structuration de la communication, avec l'appui des retransmissions vidéo. Celles-ci ont cependant fait leur temps, pour permettre la diffusion des finales de championnat et de coupe sur une chaîne de la TNT accessible à tous (L'Équipe 21), d'accorder l'exclusivité de la Ligue Magnus à un abonnement payant sur le site lequipe.fr. Un pari difficile, parce qu'une grande partie du public potentiel est dans les patinoires et non devant son écran le samedi soir, et que les problèmes techniques des premières retransmissions ont mal vendu l'outil. L'internaute pardonnera peut-être à un site amateur et gratuit qu'il ne fonctionne pas, mais pas à une vidéo payante. Victime collatérale, la télé des Chamois n'émet plus les rencontres de championnat à la patinoire Richard-Bozon. Chamonix est de ce fait devenu un des pôles de la contestation contre le nouveau contrat de la FFHG avec L'Équipe, et a finalement été bien servi : le nouveau service a programmé deux retransmissions au pied du Mont-Blanc dans les dix premières journées.
Le retour du fils prodigue
Pour franchir encore un palier, la principale marge de progression du CHC a vite été identifiée : une défense "friable" selon le mot même de l'entraîneur. Les statistiques moyennes n'ont donc pas été imputées au gardien normand Clément Fouquerel, qui a donné satisfaction pour son arrivée dans les Alpes. Un avis partagé par les sélectionneurs nationaux qui commencent à l'intégrer en équipe de France. Il est actuellement le numéro 5 dans leur hiérarchie derrière Huet, Lhenry, Hardy et Quemener.
Le second gardien Tom Charton est en revanche parti chez le voisin Mont-Blanc, seule solution pour avoir du temps de jeu. Le principe retenu par Chamonix est d'avoir un titulaire identifié en Fouquerel et de disposer d'une doublure de sécurité, qui doit en temps normal jouer essentiellement en U22. Ce gardien d'âge junior, c'est donc Victor Goy, originaire de Saint-Gervais et qui a fait le chemin inverse.
La remise en cause défensive ne concerne pas non plus les cadres français aux attaches locales qui sont là pour durer (Veydarier, Torfou, Cocar, Colombin). Histoire de prouver que l'endurance est une qualité première, Damien Torfou a d'ailleurs disputé le Marathon du Mont-Blanc cet été tout comme son capitaine Alexandre Audibert. La déception a donc un nom : Omar Pacha. Il n'a pas su accomplir la difficile tâche de faire oublier Brent Patry. En fin de compte, pour faire aussi bien que Patry, qui de mieux que... Patry lui-même. Parti pour un challenge plus financier que sportif en série A2 italienne, le Canadien a fini la saison en Grande-Bretagne et est naturellement revenu à Chamonix. Le seul risque est de ne pouvoir être à la hauteur du souvenir et des statistiques de sa saison parfaite 2011/12. Mais le groupe se réjouit déjà de retrouver ce meneur naturel des lignes arrières, sur la glace comme dans les vestiaires.
Chamonix a aussi jeté son dévolu sur Kyle Hardy : l'arrière gauche a moins convaincu Dijon à sa seconde saison, mais les Chamois ont toujours pensé le plus grand bien de ses qualités à chaque fois qu'ils l'ont affronté. Ce petit gabarit à la relance sûre remplace poste pour poste Kai Öhberg, pas conservé malgré son retour de blessure et ses bons play-offs (son substitut Andreas Nilsson avait un eu un apport assez transparent). Si l'autre Finlandais Riku Silveloinnen a pu rester, c'est qu'il répond aux critères de l'étranger bon marché et qu'on peut l'assimiler à ses collègues français : c'est un élément discret qui fait proprement son travail. Contrairement à l'an passé, la base arrière reprend donc un peu plus sur du connu.
Le pari d'une première ligne de D1
C'est le contraire en attaque, qui a perdu toute sa première ligne. Le meilleur marqueur Francis Charland devenait impossible à garder tant son efficacité pouvait faire envie à une équipe comme Grenoble qui en manquait cruellement. La hargne et la vision du jeu de Jay Latulippe ne sont pas non plus conservées. Comme cela avait été le cas avec Carl Lauzon, également en partance mais qui aura passé trois belles saisons au CHC, Chamonix a en effet choisi de promouvoir une vedette incontestée de division 1 qu'on attend de voir au niveau supérieur.
Deux fois de suite meilleur marqueur de D1, Kévin Gadoury n'est pas venu seul. Il débarque avec ses coéquipiers de la première ligne de Courbevoie, qui n'ont pas forcément la même réputation individuelle mais qui ont cartonné collectivement au classement des compteurs. Qui fait briller qui ?, se demande-t-on dans ces cas-là. En prenant les trois, on a moins de chance de se tromper. Ils répondent à l'équation traditionnelle "un buteur + un passeur + un travailleur". Si Gadoury est bien évidemment le distributeur dans cette définition, Tremblay serait donc son finisseur, tandis que Benjamin Rubin, qui n'avait été utilisé qu'en troisième ligne lors de son passage à Brest, serait le joueur de complément. Le fait qu'aucun des trois n'ait l'expérience de la Ligue Magnus rend le pari encore plus audacieux, mais ce ne serait pas le premier que réussirait Stéphane Gros.
Le quatrième recrue est bien plus connue puisque Vincent Kara, après s'être rendu compte que l'herbe n'était pas plus verte à Dijon, fait son retour dans son club formateur au bout d'un an. En 2011/12, il avait réussi une excellente saison sur une troisième ligne de choc avec deux gabarits modestes qu'il ne faut guère chatouiller, le petit Clément Masson et le fin Mathias Terrier. Ces deux joueurs sont appelés à prendre plus de responsabilités.
Le changement de génération a en effet lieu progressivement à Chamonix. Laurent Gras est toujours présent, en revanche Richard Aimonetto est parti. On le pressentait depuis le dernier match des play-offs, où il avait perdu sa place de titulaire. Richard Aimonetto ne partageait pas l'analyse de son entraîneur sur sa baisse de performance et aurait voulu continuer aux mêmes conditions, aussi bien en temps de jeu qu'en salaire, ce que le CHC n'était pas prêt à offrir. Douze saisons dans l'équipe première de Chamonix s'achèvent donc sur cette incompréhension. Aimonetto n'a pas arrêté sa carrière pour autant en signant au Mont-Blanc.
L'énergie d'Arnaud Hascoët reste une valeur sûre de l'alignement, et le neuvième poste de titulaire offensif doit se jouer entre trois hommes : Jérémy Arès a pour lui sa jeunesse et sa progression démontrée en play-offs, Alexandre Audibert son sens de la communication qui en font un capitaine-sourire, et Patxi Biscard une présence physique qui fait un peu défaut dans une attaque chamoniarde peu impressionnante sur la toise.
Chamonix sait bien qu'il sera difficile de viser beaucoup plus haut en championnat et que la progression a ses limites. Pour étoffer à nouveau le riche palmarès du club, tout le monde a donc une petite idée en tête : gagner une coupe. Amener le club doyen à Bercy fait rêver tout le monde... mais jusqu'ici, la Coupe de France se refuse obstinément aux Chamois. Des éliminations prématurées qui constituent sans doute leur plus grande frustration.
Marc Branchu
Effectif :
Gardiens
N° NOM Prénom Naissance cm kg Club formateur Club & Ch 2012/13 MJ Moy. 20 FOUQUEREL Clément 04/08/1990 180 69 Cherbourg Chamonix FRA-1 31 3,40 31 GOY Victor 04/09/1995 177 73 St-Gervais HC 74 U18 FRAcd 16 3,89
Défenseurs
N° NOM Prénom Naissance cm kg Club formateur Club & Ch 2012/13 MJ B A Pts Pén 2 SILVENNOINEN Riku 03/08/1984 180 81 (Finlandais) Chamonix FRA-1 31 2 6 8 22' 7 HARDY Kyle 09/08/1988 175 78 (Canadien) Dijon FRA-1 31 10 14 24 58' 8 PATRY Brent 08/09/1983 185 93 (Canadien) Egna ITA-2 18 7 7 14 16' Édimbourg GBR-2 33 11 10 21 31' 19 COLOMBIN Clément 18/09/1991 176 78 Chamonix Chamonix FRA-1 28 0 0 0 0' 23 COCAR Arthur 20/07/1987 180 75 Le Vésinet Chamonix FRA-1 30 1 4 5 12' 27 TORFOU Damien 27/09/1985 175 74 Annecy Chamonix FRA-1 31 1 3 4 20' 71 VEYDARIER Fabien 04/11/1985 185 86 Chamonix Chamonix FRA-1 31 0 3 3 55'
Attaquants
N° NOM Prénom Naissance cm kg Club formateur Club & Ch 2012/13 MJ B A Pts Pén 3 MASSON Clément 03/05/1986 167 64 Viry Chamonix FRA-1 31 10 17 27 22' 15 AUDIBERT Alexandre 10/03/1986 176 75 Chamonix Chamonix FRA-1 31 4 3 7 6' 25 ARÈS Jérémy 25/05/1992 182 74 Megève Chamonix FRA-1 29 1 2 3 2' 28 GRAS Laurent 15/03/1976 176 83 Chamonix Chamonix FRA-1 29 6 12 18 28' 44 RUBIN Benjamin 25/01/1989 186 85 (Canadien) Courbevoie FRA-2 26 28 31 59 62' 51 BISCARD Patxi 18/04/1990 184 82 Wasquehal Chamonix FRA-1 31 2 3 5 2' 52 HASCOËT Arnaud 02/08/1986 166 68 Caen Chamonix FRA-1 31 9 9 18 8' 72 GADOURY Kevin 27/08/1988 190 92 (Canadien) Courbevoie FRA-2 26 22 44 66 26' 88 TREMBLAY Julien 29/12/1991 179 75 (Canadien) Courbevoie FRA-2 26 29 30 59 76' 89 KARA Vincent 17/10/1989 183 87 Chamonix Dijon FRA-1 31 4 8 12 18' 91 TERRIER Matthias 05/08/1991 178 70 Chamonix Chamonix FRA-1 30 9 8 17 24'
Entraîneur : Stéphane Gros (FRA, 43 ans).
Départs : Tom Charton (G, Mont-Blanc), Omar Pacha (D, 8+28, Hull, GBR-1), Kai Öhberg (D, 0+1, HCK Kerava, FIN-2), Andreas Nilsson (D, 0+2, Kristianstad, FRA-3), Carl Lauzon (A, 13+41, Hull, GBR-1), Francis Charland (A, 35+20, Grenoble, FRA-1), Jay Latulippe (A, 13+25, Kristianstad, SUE-3), Richard Aimonetto (A, 4+6, Mont-Blanc, FRA-2).
Revoir la présentation 2012/13