Autriche 2013/14 : présentation

 

Maintenant que le Medvescak Zagreb est parti en KHL, l'EBEL a perdu son représentant le plus médiatique, celui qui assurait la meilleure affluence y compris avec ses rencontres de prestige en plein air. La ligue autrichienne voulait absolument garder 12 clubs, et elle a donc trouvé le remplaçant le plus logique qui soit, tant pour des raisons de proximité géographique qu'historique : Bolzano. Compte tenu de l'état de ce qui reste du hockey italien, le plus étonnant est que le HCB ait eu l'accord de sa fédération, même si celle-ci a toujours été accusée d'être totalement sous la coupe de ce club.

Au départ, les autres clubs italiens ont accusé Bolzano de trahison, car ils ont été prévenus au dernier moment et se sont retrouvés les dindons de la farce alors que la structure du championnat venait d'être décidée, y compris par le "fuyard". Mais la réussite sportive du HCB leur donne forcément l'idée d'en faire de même, maintenant que la série A est dévalorisée de fait par le départ d'un club majeur. Milan, plutôt que le fumeux projet KHL sans cesse reporté, pourrait bien se rabattre sur l'EBEL, et le Val Pusteria est naturellement attiré vers l'Autriche.

Cependant, l'EBEL n'est certainement pas aussi pressée. Elle se sent bien à 12 clubs, et a déjà annoncé 14 comme la limite maximale. Son centre de gravité reste clairement centré sur l'Autriche, et n'accepte que des clubs qui sont très proches de ses frontières (le plus lointain, Zagreb, avait de solides arguments et était une capitale). Elle ne prendra donc que les clubs qui l'intéressent, évidemment sans considération pour ceux qui restent sur le bord du chemin, dont la situation pourrait se compliquer. N'oublions pas que ce sont les membres actuels de la ligue qui votent pour accepter qui ils veulent...

Le dernier championnat 2012/13 - Les présentations 2012, 2011, 2010, 2009, 2008, 2007, 2006, 2005, 2004, 2003 et 2002.

 

Entre la ville de Klagenfurt et son club de hockey sur glace, le KAC, le torchon brûle depuis au moins un an, mais l'incendie semble avoir été éteint. Le premier trouble venait du fait que la municipalité avait cédé en juillet 2012 les droits exclusifs d'organisation de matchs de hockey dans le stade de football de Klagenfurt pour dix ans à Oliver Pilloni, l'ex-manager du KAC. Les dirigeants actuels n'avaient aucune intention de traiter avec lui et ont alors déclaré qu'il n'y aurait plus de match en plein air avant très longtemps. La ville s'est ravisée et a récupéré les droits cet été pour les confier au club.

Autre pomme de discorde : la nouvelle patinoire, une vieille promesse politique sans cesse repoussée. Le maire Christian Schneider (ancien secrétaire particulier de Jörg Haider) a décalé en 2015 la première tranche de 7 millions d'euros pour les vestiaires, première étape vers une rénovation globale qui coûterait 30 millions d'euros. Lassé d'attendre, le président du KAC Karl Nedved a menacé dans une interview : "le K de KAC peut aussi vouloir dire Kärnten (Carinthie)", sous-entendu que la patinoire pourrait aussi être construite ailleurs dans la région. Personne ne prend cette menace au sérieux, par contre beaucoup pensent qu'une rénovation aussi coûteuse est absurde, et qu'il vaudrait mieux construire une patinoire totalement neuve qui vaudrait 40 millions d'euros. Le club a relancé un projet en ce sens, et si le surcoût est financé par de l'investissement privé, les politiques ne s'y opposeront pas.

Le Klagenfurter AC a donc profité de son 30e titre de champion obtenu en avril pour être en position de force en coulisses. Mais sur la glace, pourra-t-il défendre sa couronne, objectif obligé ? Cela s'annonce très difficile avec sept départs pour seulement trois arrivées. Les attaquants internationaux Raphael Herburger et Thomas Hundertpfund, partis à l'étranger (en Suisse et en Suède) après de bons championnats du monde, n'ont pas été remplacés. La seule recrue offensive est Colton Fretter, qui a obtenu un contrat définitif alors qu'il était engagé initialement à l'essai pendant la blessure du meilleur marqueur Jamie Lundmark.

Le gardien Fabian Weinhandl remplace Andy Chiodo pour former un duo 100% autrichien avec le héros de la finale 2013 René Swette, sans qu'aucun des deux ne prenne le pas sur l'autre. La recrue-phare, c'est cependant Thomas Pöck, qui avait quitté le club en juniors pour partir dans une université américaine, parcours qu'il a conduit jusqu'en NHL. À 32 ans, c'est donc le retour du fils prodigue, à qui l'on confie énormément de temps de jeu. Mais il peine à répondre aux énormes attentes, ne parvenant ni à mener le jeu de puissance, ni à vraiment stabiliser la défense. Du coup, Klagenfurt doit batailler pour se qualifier en play-offs et est encore loin des sommets.

 

Red Bull a investi pleinement à Munich et y a déplacé son entraîneur Pierre Pagé et plusieurs joueurs, mais cela ne signifie pas que Salzbourg est délaissé : c'est en Autriche que Red Bull bâtit sa grande académie avec deux pistes de glace et des infrastructures gigantesques, et c'est aussi là que joue l'équipe-réserve engagée en MHL, la ligue junior de la KHL, avec des joueurs venus d'un peu toute l'Europe.

La presse locale avait initialement écrit que Salzbourg serait "dégradé" au rang d'équipe-ferme de Munich, destinée à être composée de jeunes espoirs encadrés par quelques étrangers. L'embauche de Don Jackson, l'entraîneur cinq fois champion d'Allemagne avec les Eisbären Berlin, a vite démenti cette contre-publicité que ne goûtait guère Red Bull. Jackson s'est appliqué à répéter que les meilleurs joueraient et que l'équipe serait parée pour le titre, alors que cet objectif n'avait pas été officiellement annoncé. En fait, Pagé quitte son poste au bon moment alors qu'il excédait tout le monde, et Jackson, qui lui avait déjà succédé à Berlin, saura assurer la transition en maintenant un hockey spectaculaire, les conflits internes en moins.

Il n'est plus question de torpedo ou d'expérimentations, et l'international Daniel Welser retrouve ainsi son poste originel en attaque, même s'il peut retourner à l'arrière en cas de blessure. La défense est en effet privée d'un autre reconverti, le capitaine Matthias Trattnig, blessé au genou aux championnats du monde et toujours en convalescence. Deux Américains expérimentés, l'offensif Troy Milam et le solide Brian Fahey, sont néanmoins venus stabiliser les lignes arrières qui protègent toujours le même duo de gardiens Bernd Brückler - Luka Gracnar (au sein duquel le jeune Slovène renverse de plus en plus la hiérarchie).

L'attaque dispose d'une profondeur offensive sans égal avec six nouveaux Nord-Américains et quelques-uns des meilleurs joueurs autrichiens : outre Welser, il y a le physique Thomas Raffl, le pilier de l'équipe nationale Manuel Latusa, les jeunes Andreas Kristler et Konstantin Komarek, plus un joker prestigieux, l'attaquant défensif Andreas Nödl, rentré au pays à 26 ans après 183 matches en NHL. Ces quatre lignes de très haut niveau refont donc de Salzbourg le favori naturel.

 

Après le départ en KHL du Medvescak Zagreb, la meilleure affluence de la ligue autrichienne se situe à Vienne, dans la Albert-Schutz-Halle rénovée voici deux ans. Plus de 5200 spectateurs ont assisté l'an passé à une saison quasi-parfaite, jusqu'à ce que les Capitals butent en finale sur Klagenfurt.

Le club de la capitale aurait pu continuer à bâtir sur cette réussite. Pourtant, l'entraîneur suédois Tommi Samuelsson en a décidé autrement. Sans faire de reproche aux joueurs, il a décidé de se séparer du centre défensif Philip Pinter et du défenseur offensif André Lakos, une décision assez impopulaire auprès des fans. Pinter a pris la nouvelle comme un choc car il ne s'y attendait pas. Comme il "pèse" 2,5 points en tant que membre de l'effectif élargi de l'équipe nationale, il n'était pas facile de retrouver un club et il est parti en deuxième division allemande. Pour les mêmes raisons, le géant Lakos a tenté sa chance en Extraliga tchèque, sans succès. Il a donc fini par revenir... à Vienne, preuve que rien n'était irrémédiable.

Si Vienne s'est dédit sur sa volonté de rajeunissement, c'est que le défenseur canadien Mark Matheson était initialement censé remplacer Lakos, aussi bien en powerplay que pour construire le jeu depuis sa zone. Or, ses 4 petites assistances en 16 journées étaient très loin des valeurs de son prédécesseur, qui a donc repris son poste. Ce n'est d'ailleurs pas le seul retour de l'étranger : le gardien de la saison 2010/11 Jürgen Penker, rentré de Norvège après un deuil familial, s'est entendu avec son ancien club, même si c'est simplement pour servir de doublure au titulaire Matt Zaba.

La profondeur de banc se renforce donc sans cesse à tous les niveaux. L'inaltérable duo Fortier-Gratton est de moins en moins seul dans une offensive qui compte deux belles recrues : Mike Ouellette, qui tourne à un point par match depuis quatre ans dans la ligue, et Dustin Sylvester, un Canadien de 170 cm que le club suivait déjà depuis l'an passé. Son potentiel de marqueur, connu en junior, avait déjà été prouvé sur grande glace pendant une saison en deuxième division allemande, il ne restait plus qu'à le convaincre de quitter l'AHL où sa carrière risquait de plafonner au vu de son petit gabarit. Sans être aussi dense que Salzbourg, faute d'un contingent autrichien aussi fourni, Vienne présente donc aussi de beaux arguments.

 

Rob Daum, l'entraîneur de Linz, se voit aussi parmi "les neuf équipes capables de jouer le titre" selon lui. Si l'estimation est sans doute exagérée, il est vrai que les prétendants sont nombreux, surtout parmi les clubs autrichiens. Champions en 2003 et 2012, les Black Wings restent un candidat incontournable, après une sixième demi-finale en sept ans.

Ils ont donc maintenu l'essentiel de leur effectif et avaient pour principal objectif de compenser les départs de Mike Ouellette, meilleur marqueur de la saison régulière, et de Danny Irmen, meilleur marqueur en play-offs, qui réclamait trop d'argent et est parti en LNB suisse. Un nouveau duo canadien a été mis en place avec Andrew Kozek, meilleur buteur de la ligue l'an passé, servi par un centre passeur et expérimenté, Brad Moran.

Pour autant, c'est la dernière recrue, Jason Ulmer, qui se révèle la plus précieuse. Il avait annoncé : "J'ai conscience que je ne suis pas le topscorer de l'équipe, mais je veux l'aider à remporter le titre par mon travail et mon comportement défensif." Et devinez qui est le meilleur marqueur actuel ? Ulmer, qui ne pensait pas l'être !

La défense est restée intacte, mais pas les cages. Le gardien canadien David LeNeveu a été trop gourmand dans les négociations, et Linz a trouvé un meilleur rapport qualité/prix : Michael Ouzas, qui partageait les titularisations avec l'international slovène Robert Kristan à Zagreb, obtient ainsi un statut de numéro 1 que ses statistiques méritaient largement.

 

"Ne voulons-nous pas tous voir des buts ? C'est clair, on doit jouer discipliné en zone défensive, mais pour moi la première priorité est de marquer des buts, et une défense compacte ne vient qu'en deuxième position." Qui a tenu ces propos sacrilèges rarissimes pour un entraîneur ? Hannu Järvenpää, le coach finlandais de Villach.

Un gardien pourrait s'offenser d'être ainsi mal protégé, mais pas Jean-Philippe Lamoureux. L'Américain, frère des jumelles qu'on reverra aux prochains JO, connaît bien le système de jeu et l'apprécie. Il sait qu'on compte sur lui, et plus encore cette année puisqu'un seul défenseur est arrivé (Cole Jarrett, le capitaine de Graz) pour compenser trois départs : Brad Cole, Martin Oraze, ainsi qu'Andreas Wiedergut, un des joueurs autrichiens les plus rugueux, qui incarnait le combat comme personne mais a quitté le club après une dispute contractuelle.

Les plus heureux de cette liberté offensive très large sont Derek Ryan et John Hughes, un duo technique qui survole carrément la ligue avec le soutien du vétéran autrichien Marco Pewal, quintuple champion national. Les trois hommes ont la particularité de mesurer tous les trois 1 mètre 78. Vraiment pas grand, surtout quand on sait que leur duo défensif attitré est composé de Gerhard Unterluggauer, qui fait un centimètre de moins, et de Cole Jarrett, qui ne fait jamais que 1 mètre 81.

Le VSV a certes recruté des attaquants physiques, mais plutôt sur ses autres lignes. On y recense notamment l'Américain Michael Forney, deuxième marqueur d'ECHL l'an passé qui sait aussi utiliser son gabarit. Pour autant, personne n'arrive à la cheville du cinq majeur de "petit format", mais sans égal sur la glace.

 

Dans la conférence de presse de pré-saison, Jochen Pildner-Steinburg, le président de Graz, n'a pas caché ses ambitions : "au moins une demi-finale". Entre sa volonté et la réalité, il y a toujours eu un monde, puisque son club ne s'est plus qualifié dans le dernier carré depuis 2004. Mais peu à peu, les concurrents commencent eux aussi à prendre les 99ers au sérieux et à les penser capables de se mêler à la lutte avec les gros clubs autrichiens.

Pour que son équipe se fasse respecter, l'entraîneur québécois Mario Richer a une méthode : l'impact physique. Tous les joueurs qu'il recrute doivent en avoir le goût, et c'est ainsi qu'il a engagé Stefan Lassen, le plus rugueux des défenseurs "historiques" de l'équipe du Danemark (avant l'arrivée des frères Lauridsen).

Mais cette année, Richer a compris qu'un autre ingrédient était indispensable : la vitesse. Toutes ces recrues se caractérisent par un bon patinage : le buteur Ryan Kinasewich, le centre passeur Francis Lemieux, l'attaquant de troisième ligne Daniel Woger et le petit défenseur Patrick Coulombe.

Bien sûr, un autre élément aide aussi à jouer à Graz : être québécois ! Ils sont désormais huit autour du buteur Olivier Latendresse (le frère de Guillaume), prolongé deux ans et promu capitaine. C'est un record en Europe. Le plus connu est sans doute Alexandre Picard, ancien joueur de NHL (253 parties) qui reste sur une saison de KHL vite avortée par une blessure à l'épaule. Seulement voilà, tous ces Québécois vont désormais évoluer... pour un entraîneur finlandais, Petri Matikainen (ex-Omsk), puisque Mario Richer a été viré le 24 octobre alors que son équipe était en milieu de tableau. Le riche et colérique président ne plaisantait donc pas en définissant les objectifs.

 

Il y a trente ans, l'inclusion de Bolzano en ligue autrichienne aurait été une provocation géopolitique. Le sujet du "Südtirol" (Tyrol du sud) était alors extrêmement brûlant : la population majoritairement germanophone de cette région rattachée à l'Italie après la première guerre mondiale vandalisait les monuments rappelant l'époque de l'italianisation forcée sous le régime fasciste. Aujourd'hui, il n'y a plus de résolution des Nations Unies sur le cas de la région (cela date de 1960). Les esprits sont apaisés parce que la province de Bolzano dispose d'une autonomie quasi-unique en Europe, en retenant 90% des recettes fiscales, ce qui en fait une région riche.

Pour autant, le clivage historique existe toujours entre Bolzano, où l'on parle majoritairement italien, et les villages de la province où l'on parle allemand et où le rattachement à l'Autriche garde encore nombre de partisans. D'où le paradoxe : le parti majoritaire dans la région, le SVP, est un parti chrétien-démocrate qui siège à droite au parlement européen, mais s'allie au centre-gauche dans les élections italiennes (et en particulier quand il s'agit de la mairie de Bolzano)... pour faire perdre la droite italienne toujours soupçonnée de sympathies mussoliniennes.

Le hockey sur glace est censé être une passion partagée dans toute la province au-delà des minorités linguistiques, mais lui non plus ne saurait ignorer ce contexte. Les supporters du HCB ont la réputation d'être plutôt des durs, et leur passion pour les fumigènes leur a déjà valu des soucis à l'étranger (lors d'une finale de Coupe Continentale à Rouen...). Il n'est donc pas étonnant que le premier "derby du Tyrol" à Innsbruck ait un peu dégénéré en violence, après l'intervention de la police autrichienne, tout partant encore une fois d'un fumigène interdit. Certains clubs refoulent maintenant les supporters de Bolzano en déplacement pour raisons de sécurité.

L'intégration de Bolzano a été aussi houleuse en tribunes... qu'elle a été réussie sur la glace. Le HCB s'est pourtant préparé après les autres, comme d'habitude puisque la série A est le championnat qui reprend le plus tard. Il n'a disputé que trois rencontres amicales, a priori trop peu. Et pourtant, l'équipe entraînée par Tom Pokel - qui a déjà travaillé de part et d'autre de la frontière - est arrivé fraîche et s'est installée en haut du tableau, alors que les Autrichiens l'attendaient dans les derniers. Le public italien a eu beau jeu d'en déduire que la ligue autrichienne (s')était un peu surestimée.

Même s'il a disposé de peu de temps pour ses transferts et pour sa préparation, le HCB a bien construit son effectif en ajoutant une ligne d'étrangers pour tenir le rythme supérieur en Autriche. Le trio italien Insam-Bernard-Gander est ainsi devenu la 3e ligne au lieu de la 2e. Le capitaine Alex Egger reste quant à lui une pièce essentielle de la défense après un discret bras de fer contractuel avec ses dirigeants, car il avait reçu une offre alléchante de Renon, resté en série A mais pas inactif. En ajoutant les neuf étrangers et quatre Italo-Canadiens, on obtient un effectif que les Autrichiens ont eu tort de dédaigner initialement.

 

Le club tchèque de Znojmo fait son trou avec discrétion dans la ligue autrichienne, dont il est sans doute le représentant le moins médiatique. Même si elle dispute sa troisième saison en EBEL, cette équipe reste méconnue. Le départ à Bolzano du deuxième marqueur de l'an passé Kim Strömberg ne semble pas l'affecter. La raison est que les joueurs restants de la génération championne tchèque junior de 2011 sont en train de prendre le pouvoir. Richard Jarusek est devenu meilleur marqueur l'an passé, Adam Havlík est en passe de lui succéder.

En défense, le principe d'un duo étranger a été confirmé. Après deux gros Canadiens, Znojmo a varié cette année en engageant l'Américain Andrew Thomas et le défenseur passeur slovaque de 38 ans Richard Pavlikovský, pilier depuis huit ans de la défense de Krefeld en DEL. Voilà donc un nom familier à tout amateur de hockey germanophone, y compris le public autrichien.

Les Aigles ont débuté avec trois gardiens sans vrai titulaire, mais en ont écarté deux fin septembre (Richard Ullberg et Jakub Cech) après avoir recruté l'ex-double champion de Slovaquie, le gardien Sasu Hovi. Le Finlandais reste sur une saison blanche car il voulait terminer ses études universitaires et se détendre mentalement. Il s'est mentalement bien préparé chez lui à Tampere pour revenir à la compétition.

 

"Marty" (Martin) Raymond, qui avait commencé sa carrière d'entraîneur par les féminines de Cergy-Pontoise, s'est fait étonnamment virer du Medvescak Zagreb en fin de saison dernière, mais a vite retrouvé du travail pour Alba Volán. Pas du tout une sinécure puisque les Hongrois alignent l'effectif le plus jeune de la ligue. Le coach canadien ne veut pas cependant pas voir ça comme un handicap car il rappelle que les juniors sont déjà bien développés et que ce n'est pas un hasard s'ils ont remporté la EBYSL, la réplique junior de la ligue autrichienne transfrontalière.

Il ne faut néanmoins pas rêver. Sans le meilleur marqueur Istvan Sofron parti en DEL, et sans le duo expérimenté Vas-Ladanyi, les joueurs hongrois n'ont plus les moyens de mener l'équipe. Tout dépend donc des quatre attaquants nord-américains, soutenus par le défenseur Ric Jackman. La qualification en play-offs semble délicate dans ces conditions, raison pour laquelle on a récupéré Andy Sertich, pas conservé à Graz qui opère toujours beaucoup de changements à l'automne.

Mais la principale faiblesse d'Alba Volán durant le début de saison, c'est que les deux jeunes gardiens internationaux Bence Bálizs et Miklos Rajna se sont révélés bien tendres après le départ de leur homologue canadien Adam Munro. C'est pourquoi on a déroulé le tapis rouge à Székesfehérvár en faveur de Zoltan Hetenyi, dont on espérait une bonne carrière à l'étranger après des apparitions prometteuses pour Jokerit en 2011/12. Malheureusement, on a réentendu parler de lui au printemps dernier quand il a été arrêté aux États-Unis et aussitôt viré de sa franchise d'ECHL pour avoir porté la main aux fasses et aux seins d'une serveuse... Revenu en Finlande, il n'a pu jouer qu'en Mestis, et on souhaite que ce retour aux sources le remette sur le droit chemin. L'équipe de Hongrie, qui se cherche un gardien pour la prochaine décennie, en serait la principale bénéficiaire.

 

Pour sa première saison dans l'élite, avec les difficultés d'un promu, Dornbirn a réussi à la fois à convaincre son public, avec des affluences en hausse au fil du temps, à maintenir une excellente ambiance dans le vestiaire, dont Luciano Aquino était le meilleur porte-parole : "Dornbirn est le premier club dans ma carrière dans lequel vraiment tous les joueurs s'entendent. Il n'y a pas de petites groupes par nationalité. C'est presque incroyable d'avoir réussi à rassembler ici des joueurs avec des caractères semblables et le même engagement."

Aquino ne feintait pas ces sentiments : le meilleur marqueur de la ligue est resté dans le petit club du Voralberg, alors qu'on imagine aisément que les sollicitations ne manquaient pas. Ceci dit, sur la dizaine de Nord-Américains, l'Italo-Canadien est presque le seul à être resté : l'autre est Jonathan d'Aversa, le principal défenseur offensif. En particulier, Aquino n'aura plus Andrew Kozek pour lui servir des passes décisives. Le nouveau premier centre est Patrick Jarrett, qui jouait ce même rôle pour le buteur finlandais Sami Kaartinen à Dresde, et qui a lui-même été si bien adopté par le vestiaire qu'il a tout de suite été élu capitaine.

Avec beaucoup plus de temps pour préparer son recrutement que l'an dernier, Dornbirn a pu engager des joueurs plus réputés en allant aux limites de son budget : deux renforts de "poids" son arrivés, au propre comme au figuré : l'ailier de 100 kilos Graham Mink a fait toute sa carrière en AHL et le défenseur rugueux Alex Plante (104 kilos), un ancien premier tour de draft NHL qui n'a fait que 10 apparitions pour les Edmonton Oilers, a encore de l'avenir à 24 ans. Les cages seront bien gardées par le portier-vedette du championnat italien Adam Dennis.

Même s'il ne peut pas encore attirer des Autrichiens de premier plan, Dornbirn a aussi renforcé son ancrage local : il a engagé deux joueurs formés dans des clubs voisins du Voralberg, Martin Grabher-Meier (Lustenau) et Martin Mairitsch (Hohenems). La profondeur de banc supérieure permettra de jouer à quatre lignes, mais pour atteindre les play-offs, il faudra aussi que l'alchimie reste parfaite dans le vestiaire.

 

Le retour en élite d'Innsbruck a été beaucoup plus compliquée, avec une moyenne de 4,7 buts encaissés par match. L'entraîneur Daniel Naud, toujours en place veut donc voir son équipe beaucoup agressive dans le protection de son but. La défense, qui s'est séparée d'Antonin Manavian, a été renforcée de deux nouveaux joueurs étrangers, Shane Sims et surtout Marek Malik. Le colosse de Vitkovice (107 kilos) ne patine pas plus vite que le Français, mais son CV avec plus de 700 matches en NHL est autrement fourni et attire les regards.

Le gardien italien Thomas Tragust, qui a perdu sa place en équipe d'Italie et qui joue désormais au niveau inférieur à Appiano, a été remplacé par Adam Munro, auteur d'une solide saison pour Alba Volán, qui a aussi pour mission de réduire les buts encaissés.

L'attaque, qui a perdu ses deux meilleurs marqueurs Aaron Fox (retraite) et Francis Lemieux (Graz), a trouvé son bonheur dans le championnat norvégien : les jumeaux Tyler et Justin Donati et l'Américain Luke Salazar y ont démontré leurs qualités techniques. Un centre d'expérience a aussi été engagé, Lukas Jurik, qui était le capitaine de Zvolen en Extraliga slovaque. Innsbruck espère donc être plus compétitif, même si les play-offs ne sont pas encore d'actualité

 

L'EBEL parviendra-t-elle à garder un club en Slovénie ? Alors que ce pays va connaître la consécration dans quelques mois aux Jeux Olympiques, avec des joueurs quasiment tous expatriés, son hockey de clubs est en crise majeure. L'aventure autrichienne ne révèle financièrement impossible à suivre. Jesenice a déjà succombé, et l'Olimpija Ljubljana est au bord de la débâcle.

Pour ne rien arranger, le club n'a pas eu sa patinoire à disposition pendant la pré-saison et n'a pas pu se préparer correctement. L'entraîneur Bojan Zajc a jeté l'éponge dès la mi-octobre et laissé son adjoint Ivo Jan se débrouiller seul dans des conditions de plus en plus précaires.

Le gardien américain Jerry Kuhn veut partir depuis des semaines en raison des salaires en retard, mais c'est le nouveau meilleur marqueur, le vétéran canadien Jeff Ulmer, qui s'est excédé le premier en prenant la direction d'Innsbruck. Les jeunes joueurs de quatrième ligne, comme Ken Ograjensek, se retrouvent soudain parmi les leaders de l'équipe. Au moins les jeunes apprendront-ils les responsabilités...

Seul espoir : le soutien du Medvescak. Le club croate parti en KHL a apporté son aide en prêtant jusqu'à la fin de la saison le défenseur canadien Kenny MacAulay, qui n'a pas du tout le niveau de la KHL mais que les Croates souhaitent garder "sous la main" dans la région car il a été naturalisé et joue maintenant pour leur équipe nationale.

 

Marc Branchu

 

 

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