Grenoble : changement de cap

 

La saison 2013/14 fut certainement une des pires de l'histoire du club. Alors que le recrutement ambitieux leur laissait espérer un retour au premier plan, les supporters grenoblois sont tombés de très haut au cours d'une nouvelle saison vierge de titre. Pourtant Grenoble avait connu un départ canon dans le sillage de ses prometteuses recrues et de l'arrivée tardive de Yorick Treille, cerise sur le gâteau. Tout fonctionnait pour les hommes de Jean-François Dufour qui survolaient leur poule de coupe de la ligue malgré la présence de Briançon, Gap et Villard. Et en Ligue Magnus, les Brûleurs de Loups étaient sur le même tempo avec une série de six victoires pour commencer et une place de co-leader partagée avec Rouen.

Et puis un soir d'octobre, la machine s'est grippée. Sérieusement même. Ce soir-là, les Brûleurs de Loups recevaient Gap pour leur entrée en lice dans la coupe de France. Un match largement à leur portée puisqu'ils avaient remporté leur trois premières confrontations. Mais sans doute en excès de confiance, ils chutaient face aux Rapaces dans un match mal maîtrisé. Cette élimination précoce déstabilisa les Grenoblois qui connurent une série noire : élimination en quart de finale de la coupe de la ligue après une double confrontation face à Chamonix et une seule victoire en Ligue Magnus (face à Brest) en 9 matchs ! Même le Winter Game, événement de la saison en Isère, ne servait pas de déclic puisque Grenoble s'inclinait face à Briançon devant un stade des Alpes plein avec près de 20 000 spectateurs !

Le sursaut d'orgueil finit par arriver. Malgré une qualité de jeu devenue très moyenne, les Grenoblois se mirent à gagner quelques matchs... pour remonter petit à petit au classement au point de rester en course pour la quatrième place directement qualificative en quart de finale. Mais une fois encore, la machine se grippait dans l'emballage final avec des défaites rédhibitoires à Brest et Chamonix (une claque 7-2 !). Seulement cinquièmes, les Brûleurs de Loups étaient donc contraints de disputer le tour de barrage. Face à Gap, qualifié in extremis à la douzième place, la tâche ne semblait pas insurmontable. Oui mais voilà, rien n'était facile pour cette équipe grenobloise qui avait perdu son hockey un soir d'octobre face à... Gap et ne l'a jamais retrouvé depuis. Face à des Gapençais transcendés par l'enjeu, les Grenoblois ne mettaient pas l'intensité suffisante pour se qualifier et se retrouvaient prématurément en vacances. Triste épilogue d'une saison ratée.

Dès lors, impossible pour l'équipe dirigeante de ne pas tirer cette fois les conclusions de cet échec majeur. Le soir de la défaite éliminatoire face à Gap, la présidente Stéphanie Carrel-Magnan annonçait une réflexion sur la restructuration du secteur sportif. Un "audit" externe allait être lancé pendant quelques semaines afin de tirer les enseignements.

Dufour remplacé par Martel

À la suite de l'audit réalisé par la direction du club, l'entraîneur depuis quatre ans, Jean-Francois Dufour, et le manager, Nicolas Tomasini, étaient affectés à d'autres postes au sein du centre de formation grenoblois. Dufour prenait ainsi en charge les U22 grenoblois (à la place de Romain Carry) et Tomasini le management du Centre de Formation de Haut Niveau, antichambre de l'élite. Ce changement en douceur permettait de trouver une porte de sortie aux deux hommes, sans doute préférée à l'option de la rupture de contrat aux conséquences financières bien plus importantes.

Avec le recul, on peut se dire que la décision de prolonger Dufour il y a un an avait été une grossière erreur de l'équipe dirigeante. Car le bilan de Dufour en quatre saisons n'est guère reluisant : sous sa direction les Brûleurs de Loups ont terminé deux fois septièmes, une fois neuvièmes et une fois cinquièmes ratant à chaque fois la qualification directe pour les quarts-de-finale. En play-offs, il y a eu certes le joli parcours - sans lendemain - de 2012 qui avait emmené les Grenoblois jusqu'en finale. Mais aussi deux éliminations précoces dès les matchs de barrage contre Villard et Gap et un quart de finale contre Angers. Un bilan bien maigre pour un club abonné aux quatre premières places avec une série de dix participations consécutives aux demi-finales entre 2001 et 2010... Quant aux coupes, rien à se mettre sous la dent depuis la coupe de la ligue 2010/11 lors de la première saison de Dufour derrière le banc.

Au-delà des résultats, le niveau de jeu affiché à Pôle Sud et la série de contre-performances à domicile ont fait sérieusement fuir le public grenoblois, de moins en moins enthousiaste devant les prestations de ses protégés. C'est donc bien d'une reconquête dont il s'agit pour que le club grenoblois retrouve son standing. Et pour y arriver, le club pense avoir trouvé l'homme de la situation avec un autre Québécois, Richard Martel (photo). Cet entraîneur expérimenté de 53 ans s'est fait une réputation entre 1993 et 2011 dans la Ligue Junior Majeur du Québec (LHJMQ). Il exerçait depuis deux saisons au troisième échelon suédois à Visby/Roma.

Avec Martel, les Brûleurs de Loups obtiennent sans doute ce qu'ils cherchaient, puisqu'il s'agit de l'antithèse de Dufour. Expérimenté, charismatique, meneur d'hommes, bon communicant, capable de trancher dans le vif et d'un caractère bien trempé : il a en gros toutes les qualités qui manquaient à son prédécesseur. Un bon moyen de s'assurer un véritable changement derrière le banc. Enfin, pas complètement, puisque l'une des premières décisions de Richard Martel fut de prendre... Jean-François Dufour comme assistant ! Un choix surprenant compte tenu du contexte (Dufour était l'entraîneur sortant), mais assez logique au fond car Martel a besoin de s'appuyer dans un premier temps sur quelqu'un qui connaît les joueurs (notamment les Français et les U22) et la ligue Magnus. Par ailleurs, il semble avoir trouvé en Dufour les qualités d'un bon entraîneur-assistant tout en ayant une personnalité plus "tempérée" et donc complémentaire à la sienne.

À son arrivée, Richard Martel annonçait avoir "carte blanche" pour constituer son effectif. Si son manque de connaissance du championnat ne lui permettait pas de décider du remplacement ou non des joueurs français, son carnet d'adresse en revanche était très attendu pour faire venir les recrues extérieures.

Une défense à reconstruire

Le premier départ et non des moindres est celui de Baptiste Amar. L'emblématique capitaine grenoblois avait annoncé qu'il disputait se dernière saison. Il rêvait sans doute d'une meilleure sortie avec les Brûleurs de Loups, lui qui avait brandi les quatre trophées français en 2009. Heureusement pour lui, l'équipe de France lui a offert une fin de carrière à la hauteur de son talent avec un quart-de-finale aux championnats du monde comme dernier match ! Le vide laissé par ce grand bonhomme du hockey grenoblois sera très difficile à combler, que ce soit sur la glace dans la défense grenobloise ou dans les vestiaires.

Ensuite, un certain nombre d'éléments ayant déçu n'ont pas été reconduits, en partie pour faire de la place aux nouvelles recrues de Martel. C'est le cas notamment de Sébastien Raibon, gardien n°1 en début de saison qui a définitivement perdu sa place après le Winter Game. En froid avec Dufour qui lui préférait Antoine Bonvalot, l'avenir de Sébastien Raibon à Grenoble s'inscrivait en pointillés. Il a préféré partir à Anglet pour se relancer en Division 1, prenant ainsi la succession d'un certain... Eddy Ferhi avec lequel il avait cohabité devant la cage grenobloise. Ferhi était d'ailleurs le dernier n°1 indiscutable devant la cage grenobloise.

C'est pour cesser ce va-et-vient permanent que le staff grenoblois change de stratégie et se met en quête d'un gardien d'expérience qui doit être titulaire indiscutable. Une orientation qui ferme la porte à Antoine Bonvalot, lequel ne peut plus se contenter d'un rôle de simple back-up. Prometteur pour sa première partie de saison en tant que titulaire mais encore très jeune et pas assez solide sur la durée (notamment lors des play-offs), Bonvalot ne se voit pas proposer le poste de gardien titulaire. Il espère alors trouver une place dans le championnat universitaire nord-américain, mais faute d'opportunité concrète, il décide de rester en France et trouve refuge comme deuxième gardien à Briançon. Grenoble doit donc remplacer ses deux gardiens !

La défense n'a pas non plus beaucoup donné de signes positifs durant cette saison. Trop d'erreurs de relance, pas assez de pression physique et c'est tout le secteur défensif qui est à revoir. Avec l'arrêt d'Amar, Grenoble devait au moins conserver ses deux autres cadres, Stéphane Gervais et Pierre-Luc Lessard, même s'ils ont connu tous les deux une saison légèrement inférieure aux attentes placées en eux à leur arrivée il y a un an. En revanche, le club grenoblois se sépare assez logiquement de Nicolas Antonoff, Maks Selan et Jason Crossman. Ces trois défenseurs n'ont jamais vraiment réussi à hisser leur niveau de jeu, et du sang neuf fera le plus grand bien à la ligne bleue. Mais si l'on ajoute la retraite d'Amar, cela fait que les deux tiers de la défense sont à renouveler... Un sacré chantier.

Quant à l'attaque, souvent pointée du doigt pour son manque d'efficacité devant la cage malgré un recrutement conséquent la saison dernière, elle devait connaître aussi quelques retouches. Annoncé comme la recrue phare de l'intersaison, Francis Charland, a déçu. Muet pendant toute la première partie de saison en Ligue Magnus, ce n'est qu'au Winter Game en décembre qu'il a fini par marquer ses deux premiers buts en championnat. Un déclic pour lui puisqu'il marquera plus régulièrement dans la deuxième partie de saison. Mais sa production d'ensemble a quand même chuté de moitié par rapport à son année à Chamonix. Le staff grenoblois a donc décidé d'explorer d'autres options alors que Charland part se relancer à Rouen.

L'aventure se termine également pour Luc Tardif Jr, qui met fin à sa carrière internationale et arrête le haut niveau pour prendre en main les destinées du club de Marseille. Souvent blessé durant ses deux saisons grenobloises, il n'a jamais pu s'exprimer pleinement malgré des débuts prometteurs la première année. Son impact physique n'était plus le même et une blessure récurrente au genou l'empêchait d'enchaîner les matchs. Quant à Matthieu Le Blond, il quitte aussi son club grenoblois par la petite porte après une saison bien terne. Même si son habitude de se "réveiller" pendant les play-offs lui a souvent permis de sauver sa place, cette fois cela n'a pas suffi. Devenu un attaquant purement défensif, son apport offensif n'a pas été jugé suffisant et il essaiera de relancer sa carrière à Épinal sous les ordres de Philippe Bozon. Malgré leur production en baisse, Tardif et Le Blond étaient tout de même deux éléments d'expérience qui apportaient une certaine profondeur aux Brûleurs de Loups.

Enfin, comme chaque année, Grenoble voit une série de jeunes éléments partir chercher plus de temps de jeu ailleurs. Parmi eux, le plus significatif est sans doute Joris Bedin en qui de gros espoirs étaient fondés depuis son intégration dans l'équipe senior à 18 ans. Régulièrement attendu, il a connu un très bon début de saison mais n'a pas connu une saison majeure. Ballotté d'une ligne à l'autre par Dufour, il a même vu Jordann Perret lui passer parfois devant pour intégrer les trois premières lignes. Il espère trouver plus de stabilité à Chamonix où le style de jeu, basé sur la vitesse, devrait lui convenir.

Avec de nombreux départs, notamment en défense et dans les cages, Martel a un gros chantier devant lui mais aussi l'opportunité de choisir lui-même les recrues qu'il souhaite pour renforcer l'effectif grenoblois.

Le Québec en force

Avec ses origines québécoises et sa longue expérience d'entraîneur en Junior Majeur, Richard Martel possède un carnet d'adresses bien fourni. Il a surtout vu passer quantités de joueurs, soit dans les équipes qu'il a dirigées, soit dans les rangs adverses. Et c'est sur cette connaissance qu'il s'est appuyée afin de bâtir son effectif.

Cela commence par des joueurs déjà présents au club comme les attaquants Toby Lafrance et Félix Petit ou encore le défenseur Pierre-Luc Lessard, tous passés par la ligue junior majeur du Québec et donc que Martel a eu l'occasion de voir évoluer sur la glace. La reconduction de Lafrance et Petit n'est pas une surprise car ils étaient deux éléments-clés de l'attaque grenobloise. Mais malgré des débuts extrêmement prometteurs, ils n'ont pas connu une saison extraordinaire, sans doute coincés dans un système de jeu qui ne leur convenait pas. Lafrance a connu une production bien inférieure à celle de ses saisons précédentes à Épinal et Briançon, tandis que Petit, qui semblait parti pour affoler les compteurs notamment grâce à une vision du jeu largement au-dessus de la moyenne, termine meilleur compteur grenoblois mais seulement 40e au classement des compteurs de la Ligue Magnus avec une moyenne de "seulement" un point par match. Les deux peuvent sans doute mieux faire sous la direction de Martel...

Pour les aider, le staff grenoblois a encore frappé un grand coup sur le marché des transferts en faisant venir une nouvelle fois le meilleur compteur du dernier exercice, cette fois l'attaquant d'Amiens Danick Bouchard. C'est la même stratégie qui avait été suivie avec Francis Charland l'an dernier ou encore un certain Jean-François Dufour en 2010. Avec des résultats mitigés puisque Charland comme Dufour n'ont pas retrouvé la même efficacité à Grenoble après leur titre de meilleur compteur obtenu dans d'autres clubs. Néanmoins, Bouchard, passé par Villard lors de son arrivée en France (avant Épinal puis Amiens), a comme avantage d'être lui aussi passé par le junior majeur québécois et donc d'être connu de Martel. Auteur d'une saison majuscule avec Amiens, il a marqué un peu plus le pas en fin de saison avec une blessure récurrente au dos. Mais s'il est en pleine possession de ses moyens, sa technique au-dessus de la moyenne et son sens du but devraient faire beaucoup de bien à l'attaque grenobloise.

Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, le staff grenoblois annonçait également la venue d'un autre attaquant québécois, le vétéran Éric Chouinard. À 34 ans, cet ancien choix de première ronde des Canadiens de Montréal (en 1998) débarque dans l'Isère avec un CV fort de 90 matchs de NHL (Montréal, Philadelphie et Minnesota) mais aussi 234 matchs d'AHL et 316 matchs de DEL ! Bref, un profil comme on en voit rarement dans la Ligue Magnus et ce à un âge encore pas trop avancé. Martel a réussi à convaincre Chouinard de venir à Grenoble et c'est déjà un sacré tour de force. Il compte sur l'immense expérience du Canadien doté d'un physique assez impressionnant et d'une remarquable aisance sur la glace. Avec Chouinard, l'attaque grenobloise possède un vrai leader, un pro jusqu'au bout des ongles, capable de montrer l'exemple et de tirer le reste de l'équipe vers le haut. Martel ne s'y est pas trompé et a fait de Chouinard son relais sur la glace au point de le nommer capitaine.

En défense aussi, Martel est allé puiser dans le vivier de ses compatriotes pour recomposer son arrière-garde. Pour seconder Gervais et Lessard, il a fait venir deux défenseurs passés eux aussi par le Junior Majeur québécois : Dominic Jalbert et Sam Roberts. À 25 ans, Jalbert a joué à Chicoutimi, le club de Martel lorsqu'il entraînait encore en LHJMQ. Après trois saisons dans le championnat universitaire canadien, il a passé sa dernière saison en LNAH au Québec. Il s'agira donc de sa première expérience en Europe, ce qui lui vaudra sans doute un temps d'adaptation, ne serait-ce que pour la taille de la glace. Défenseur clairement offensif, il aime également ajouter une dimension physique à son jeu, qu'il lui faudra maîtriser pour ne pas prendre trop de pénalités. Malheureusement, une blessure à l'épaule lors d'un match de préparation à Vaujany contre Épinal va ralentir son intégration et l'empêcher de jouer le début de saison. Sam Roberts a pour sa part un peu plus d'expérience. À 30 ans, il a déjà connu cinq saisons professionnelles, deux en ECHL et les trois dernières en Europe dans trois championnats différents (deuxième division autrichienne, EIHL britannique et Kazakhstan). Défenseur complet, il aime également amener l'offensive depuis la ligne bleue et, tout comme Jalbert, il aura un rôle intéressant à jouer en power-play.

Outre ces quatre recrues "made in Canada", le staff grenoblois a également recruté dans l'hexagone, servant notamment de refuge pour des Villardiens en recherche de club après le retrait des Ours de la Ligue Magnus. C'est notamment le cas des défenseurs Nicolas Favarin et Pierre-Antoine Simonneau qui désirent poursuivre leur carrière au plus haut niveau. C'est un retour à Pôle Sud pour Favarin qui a déjà évolué avec les Brûleurs de Loups pendant deux saisons entre 2004 et 2006. Alors international, il espérait faire décoller sa carrière avec Grenoble. Mais après deux saisons mitigées, il était reparti dans le Vercors, perdant de vue la sélection tricolore. Après huit saisons supplémentaires à Villard, c'est aujourd'hui un défenseur d'expérience (34 ans) qui vient combler dans ce domaine le déficit laissé par la retraite de Baptiste Amar. Défenseur fiable sans être spectaculaire, il a surtout fait preuve d'une incroyable régularité au cours des dernières saisons en n'ayant quasiment jamais manqué un match sur blessure. Souvent aligné dans le Vercors avec Simonneau, il va le retrouver pour la première fois sous le chandail grenoblois. Défenseur essentiellement défensif, "Pilou" s'est imposé comme capitaine avec les Ours à la place de... Favarin. Blessé aux adducteurs la saison dernière, il espère avoir mis ce problème derrière lui-même s'il a dû manquer certains matchs de préparation. Ce défenseur "défensif" vient à Grenoble pour relancer sa carrière à seulement 28 ans après cinq saisons dans l'ensemble réussies à Villard. Favarin et Simonneau formaient une paire plutôt efficace chez les Ours et devraient être appelés à évoluer en troisième ligne défensive à Grenoble.

Mais compte tenu de certaines blessures pendant la pré-saison (Jalbert, Simonneau, Gervais), Richard Martel a préféré assurer le coup en faisant revenir à l'essai le défenseur slovène Jakob Milovanovic qui avait évolué à Grenoble lors de la saison 2009-10. Il avait dû partir ensuite lorsque Grenoble s'est trouvé dans l'obligation d'alléger sa masse salariale, et du coup son premier passage avait laissé un goût d'inachevé. De retour à Briançon en 2012, il a évolué en Pologne et au Danemark la saison dernière. Défenseur complet, solide dans les deux sens de la patinoire, Milovanovic a une vraie carte à jouer en revenant à Grenoble.

Milovanovic retrouvera dans l'effectif son compatriote Mitja Sivic, le plus grenoblois des Slovènes qui rempile pour sa sixième saison avec l'uniforme des Brûleurs de Loups. Moins productif qu'il ne l'avait été la saison précédente à Briançon mais auteur d'une belle saison, Sivic reste un attaquant précieux dans l'effectif grenoblois, par sa vitesse notamment et son implication sur la glace. Lorsque le bateau grenoblois tanguait la saison dernière, Sivic était souvent le seul à surnager. Même si le poids des ans commence à se faire sentir (il sera le doyen de l'effectif cette saison), il reste une valeur sûre pour une deuxième ou troisième ligne en attaque.

Enfin, si Le Blond et Bedin sont partis, il reste malgré tout encore quelques joueurs tricolores restés fidèles à leur club formateur. Yorick Treille tout d'abord, qui a connu une saison mitigée pour sa première expérience en Ligue Magnus. Parfois brillant sur certains matchs, plus effacé sur d'autres, on attendait sans doute un peu plus de lui offensivement. Après une saison d'adaptation (il s'agissait de sa première saison en Magnus !), il devrait jouer un rôle plus important en attaque tout en reprenant le leadership laissé par Baptiste Amar.

Autre joueur tricolore d'expérience de l'effectif, Christophe Tartari a connu une saison quasi blanche, la faute à une blessure à la clavicule qui a nécessité une longue convalescence. Avec 8 petits matchs joués en Ligue Magnus et un début de saison prometteur, il aura un sans doute un gros esprit de revanche et beaucoup d'envie à l'orée de cette nouvelle saison. Treille comme Tartari seront assistants-capitaines et assureront le lien entre nationalités et générations dans le vestiaire.

Autre fidèle, Julien Baylacq a souhaité rester une saison supplémentaire. Privé de temps de glace en début de saison lorsqu'il évoluait sur la quatrième ligne, il a connu une fin de saison honorable, en augmentant son temps de jeu au gré des blessures. Tout comme Tartari, c'est surtout en tant qu'attaquant défensif qu'il a le plus de valeur ajoutée, lorsqu'il faut user l'adversaire, notamment lors des présences en infériorité numérique.

La valse des gardiens

Mais à vrai dire, là où on attendait le plus Martel cette saison, c'était dans le choix de son gardien. Le club avait laissé partir Bonvalot dans l'optique d'avoir un "vrai" gardien numéro 1 d'expérience et un substitut plus jeune "en formation". Pour ce dernier, le choix fut rapidement porté sur Jimmy Darier, un Grenoblois d'origine qui évoluait en Suisse dans le mouvement junior de Lausanne. Formé à Villard, Darier revient se montrer en France avec l'espoir de continuer sa progression.

Pour le poste de gardien titulaire en revanche, le suspense était de mise. Le club reconnaissait être en contact avec des gardiens de la trempe de Chris Mason, gardien expérimenté au passé en NHL. Si le nom faisait forcément saliver, celui de Jean-Sébastien Aubin semblait une alternative intéressante, mais ce dernier optait plutôt pour Angers. Ce fut donc une petite surprise lorsque le staff grenoblois annonçait la signature de Mitch O'Keefe comme gardien n°1. Même s'il était chaudement recommandé à Martel par ses contacts en Amérique du Nord, l'arrivée de ce quasi inconnu en Europe (une seule saison autrichienne pas forcément réussie) laissait sceptique. Loin d'avoir une expérience en NHL, O'Keefe n'avait que quelques matchs d'AHL sur son CV et surtout n'avait toujours pas à 30 ans une vraie place de gardien n°1 en ECHL. Après quelques matchs amicaux (contre Lyon et au tournoi de Vaujany), le couperet est tombé : O'Keefe n'était pas conservé. Raison invoquée : Martel ne se sentait pas faire une saison complète avec ce gardien.

Il fallait donc trouver un remplaçant dans l'urgence, ce qui fut fait avec assez rapidement grâce au réseau de Martel. Mais alors que tous les regards étaient tournés vers le Canada, c'est de Suède que vint le nouveau portier ! Michal Zajkowski avait en effet été repéré par Martel la saison dernière alors qu'il évoluait en Allsvenskan avec son club d'Oskarshamn. Il avait alors suffisamment impressionné Martel au point que ce dernier lui propose un essai lors du tournoi de Bordeaux. Un essai transformé puisque Martel le confirmait comme portier numéro 1 juste avant le début de saison. Jusqu'au prochain changement ?

Difficile à dire. Zajkowski possède tout de même quelques références intéressantes. D'origine polonaise, cet ancien espoir du hockey suédois (il a disputé un championnat du monde U20) a joué plus de 70 matchs en Eliteserien avec son club formateur de MoDo avant d'aller chercher plus de temps de glace en Allsvenskan au cours des quatre dernières saisons dans trois clubs différents. Gardien de petite taille (contrairement à O'Keefe), il est réputé pour être agile avec de bons réflexes et une bonne lecture du jeu. Pour sa première expérience à l'étranger à 31 ans, il arrive dans un contexte difficile et sera sans doute attendu au tournant, tant par les supporters grenoblois que par Martel qui peut encore se donner la possibilité de changer de gardien jusqu'à la date limite des transferts. Mais s'il réussit, il signera peut-être un long bail avec les Brûleurs de Loups car il a encore de belles années de hockey devant lui...

Grenoble à la sauce Martel, une recette gagnante ?

Recomposée, la défense semble donner plus de garanties que sa devancière : Gervais, Lessard, Jalbert et Roberts devraient constituer un quatuor très solide, capable de jouer dans les deux sens de la patinoire et de supporter un gros temps de jeu. Favarin et Simonneau sont des défenseurs expérimentés et apportent beaucoup de garanties pour un troisième bloc défensif. Et le joker Milovanovic pourrait être une belle valeur ajoutée à un effectif assez dense dans ce secteur, surtout que Grenoble possède un bel espoir à ce poste avec Quentin Scolari, un ex-international U-20 au gabarit intéressant qui devrait monter en puissance. En bâtissant une défense aussi complète, Martel montre qu'il veut s'appuyer sur ses défenseurs dans le jeu pratiqué par son équipe, y compris en contribuant à l'offensive.

En attaque, la qualité a clairement été privilégiée par rapport à la quantité. Seulement deux recrues, mais quelles recrues ! Bouchard et Chouinard forment un duo de choc et une valeur ajoutée incroyable à l'offensive grenobloise. Ils devraient pouvoir faire oublier Charland sans difficulté. Martel attend d'eux qu'ils apportent plus de créativité à une attaque qui se reposait essentiellement sur la vision du jeu de Petit la saison dernière. Et le sens du but de Bouchard devrait pouvoir débloquer nombre de situations alors que l'attaque grenobloise brillait par son manque d'efficacité devant la cage jusqu'à présent. À leurs côtés, Petit, Lafrance, Treille et Sivic sont mieux que des compléments. Avec ces six joueurs, Martel possède deux lignes offensives très fortes qui devraient peser énormément sur les défenses adverses.

Pour le reste en revanche, c'est plus léger : Tartari et Baylacq sont les seuls seniors présents pour encadrer des U22 qui devraient avoir quantité de temps de glace cette saison sur les troisième et quatrième lignes. À commencer par Jordann Perret, révélation de la saison dernière qui devrait avoir un place plus importante dans l'effectif, et Romain Chapuis, international U20 qui est intégré cette saison dans le groupe pro. D'autres comme Arnaud Faure (capable de jouer en défense comme en attaque) ou Victor Orset devraient également avoir la chance d'évoluer avec les pros. Mais la profondeur manque clairement, attention donc si les blessures venaient à se multiplier parmi les joueurs cadres !

Grenoble aura une équipe proposant un savant mélange d'expérience (Sivic, Chouinard, Treille et Favarin ont tous 34-35 ans) et de jeunesse. Mais en changeant son portier titulaire dès la pré-saison, Martel a envoyé un message clair : il n'acceptera pas des performances moyennes et nul n'est à l'abri d'être retranché de l'effectif en cas de mauvaise prestation. Avec ce type de décision, il rompt également avec les pratiques de ses prédécesseurs qui n'avaient pas pour habitude de trancher dans le vif en coupant un joueur qui ne répondait pas aux attentes. Cela illustre bien le style de management de Martel qui n'hésite pas à prendre les décisions pour le bien de l'équipe plutôt que de subir. Son style énergique et haut en couleurs correspond sans aucun doute à ce dont les Brûleurs de Loups avaient besoin. Son expérience parle pour lui et il devrait tirer le meilleur de ses joueurs. Pour aller jusqu'au bout ? Là est la question. Grenoble est sevré de titres et espère que cette saison sera la bonne pour ramener un trophée supplémentaire. L'an dernier, le recrutement alléchant n'avait été qu'un feu de paille. Cette saison, Martel pourrait être la pièce manquante du puzzle. À condition que l'effectif constitué tienne la distance...

Christophe Laparra

 

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2013/14   MJ   Moy.    %
30 DARIER Jimmy          10/07/1994  180  69  Villard           LausanneU20 SUIjr   22   3,52
39 ZAJKOWSKI Michal      11/07/1983  176  80         (Suédois)  Oskarshamn  SUE-2   30   2,53  90,9%

Défenseurs

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2013/14   MJ   B   A  Pts  Pén
 4 ROBERTS Sam           26/08/1984  182  90        (Canadien)  Temirtau    KAZ-1   70  16  25   41   86'
14 FAVARIN Nicolas       29/04/1980  178  83  Villard           Villard     FRA-1   40   3   9   12   40'
15 GERVAIS Stéphane      20/12/1982  182  90    (Fra/Canadien)  Grenoble    FRA-1   38   4  14   18   42'
16 LESSARD Pierre-Luc    16/01/1988  182  81        (Canadien)  Grenoble    FRA-1   38   3  15   18   16'
21 SCOLARI Quentin       05/02/1994  187  90  Grenoble          Grenoble    FRA-1   22   0   0    0    0'
23 MILOVANOVIC Jakob     18/03/1984  183  87         (Slovène)  Herning     DAN-1   22   3   4    7   20'
                                                                Kry./Sanok  POL-1   36   6  20   26   34'
71 JALBERT Dominic       02/08/1989  180  86        (Canadien)  Jonq./St-G. LNAH    40  11  18   29   28'
79 SIMONNEAU P.-Antoine  07/06/1986  183  83  Nantes            Villard     FRA-1   37   1   2    3   30'

Attaquants

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2013/14   MJ   B   A  Pts  Pén
13 BAYLACQ Julien        10/04/1989  183  86  Grenoble          Grenoble    FRA-1   35   4   5   9   18'
17 PETIT Felix           27/08/1988  173  72        (Canadien)  Grenoble    FRA-1   39  15  32  47   26'
24 SIVIC Mitja           01/10/1979  177  85         (Slovène)  Grenoble    FRA-1   39  18  27  45   12'
25 CHOUINARD Éric        08/07/1980  191  92        (Canadien)  Dyn. Minsk   KHL     8   0   0   0    4'
                                                                Vålerenga   NOR-1   20   8  15  23    4'
47 CHAPUIS Romain        21/10/1995  178  79  Grenoble          Grenoble    FRA-1    2   0   0   0    0'
73 TARTARI Christophe    03/12/1984  189  85  Grenoble          Grenoble    FRA-1   20   4  12  16   12'
77 TREILLE Yorick        15/07/1980  190  89  Grenoble          Grenoble    FRA-1   38  13  20  33   56'
83 BOUCHARD Danick       02/02/1986  175  88        (Canadien)  Amiens      FRA-1   37  35  33  68   24'
89 LAFRANCE Toby         17/06/1987  173  82        (Canadien)  Grenoble    FRA-1   39  18  18  36   12'
94 PERRET Jordann        15/10/1994  178  72  Villard           Grenoble    FRA-1   32   5   9  14   24'

Entraîneur : Richard Martel (CAN, 53 ans).

Départs : Sébastien Raibon (G, Anglet, FRA-2), Antoine Bonvalot (G, Briançon), Baptiste Amar (D, 4+19, arrêt), Kévin Martenon (D, 0+0, Villard-de-Lans, FRA-3), Maks Selan (D, 2+16, ?), Nicolas Antonoff (D, 3+3, Björninn, ISL), Jason Crossman (D, 0+5, Brest), Mathieu Pons (D, 0+1, Anglet, FRA-2), Sébastien Delemps (A, 2+6, Brest), César Joffre (A, 0+2, Dunkerque, FRA-2), Francis Charland (A, 21+17, Rouen), Luc Tardif Jr (A, 7+5, Marseille, FRA-4), Matthieu Le Blond (A, 8+8, Épinal), Joris Bedin (A, 9+10, Chamonix).

 

 

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