Épinal : du changement dans la continuité

 

Toute exceptionnelle qu'elle ait été, la saison 2015/16 des Gamyo laissera toujours un fort goût d'inachevé. Beaucoup restent intimement persuadés que la Coupe Magnus ne serait pas si facilement tombée dans l'escarcelle des Rouennais si ceux-ci avaient dû affronter Épinal en finale plutôt qu'Angers. Mais loin de ressasser le passé, l'état-major spinalien préfère penser à demain. L'avenir s'annonce radieux sous la présidence d'un Romain Casolari fraîchement intronisé. Le mécène devenu "messie" (sans qui le hockey spinalien ne serait sûrement plus à ce niveau aujourd'hui) a repris logiquement, et avec un enthousiasme débordant, ce flambeau tenu par Claude Maurice durant près de vingt ans.

Prenant très à cśur la question du hockey mineur qu'il entend pleinement relancer avec de plus gros moyens alloués et une politique de formation digne de ce nom, le "père fondateur" des studios Gamyo nourrit de hautes ambitions pour son club, qu'il veut emmener vers les sommets. Être placé ne suffit pas à contenter ce grand passionné, véritable compétiteur-né rêvant de pouvoir assouvir sa soif de trophées.

S'étant voulu particulièrement rassurant l'été dernier lorsqu'Épinal, menacé d'invalidation par la FFHG (échaudée par le montant d'un second redressement URSSAF en huit ans), vivait une intersaison pour le moins tourmentée, cet éternel optimiste incarne donc le nouveau visage du hockey spinalien. Un club évoluant à pas de géant sous l'impulsion de ce grand communicant très exigeant, proche de ses joueurs, omniprésent sur les réseaux sociaux et très accessible aux supporters, qui s'investit pleinement dans le développement d'une structure désormais professionnalisée (avec la création d'une SASP, conformément aux nouvelles exigences de la "Fédé").

Une saison à guichets fermés ?

Il apparaît toutefois que les Gamyo sont aujourd'hui victimes de leur succès. Un engouement sans précédent s'est créé - depuis deux ans - autour d'un club jouissant d'une grande popularité, mais devant s'accommoder de la capacité strictement limitée (1 688 spectateurs autorisés) d'une patinoire affichant systématiquement complet. Les records d'affluence observés durant le printemps 2015 (plus de 3 000 personnes amassées en finale contre Gap, au mépris de certaines règles de sécurité) ne peuvent plus être égalés dans la configuration actuelle de Poissompré.

Générant un vrai manque à gagner, cette situation a poussé dirigeants spinaliens et représentants de la municipalité à sérieusement envisager la construction d'une tribune supplémentaire de huit cent places. Mais en attendant que l'offre puisse suivre la demande (ces travaux d'extension doivent normalement s'amorcer début janvier afin que tout soit prêt pour la prochaine rentrée), Poissompré va encore afficher complet. Rien n'égalant sportivement - dans le département - les matchs de ces Gamyo assidûment suivis par près de 1500 abonnés...

Ces gradins tapissés d'orange feront donc encore face, les soirs de match, au banc dirigé par un Stéphane Barin ayant rempilé pour une saison (plus deux en option). L'ex-entraîneur de Villard-de-Lans, qui a repris du service l'été dernier après quatre années sans coacher, s'entend suffisamment bien avec ses dirigeants (contrairement à son prédécesseur Philippe Bozon) pour envisager de s'inscrire dans la durée, au sein d'une organisation n'aspirant qu'à accroître sa compétitivité.

Ayant su tirer le meilleur de ses joueurs tout en exploitant pleinement sa grande profondeur de banc, ce meneur d'hommes avisé s'était vu désigné meilleur entraîneur de Ligue Magnus en mars dernier. Une consécration suivie d'une nomination au poste d'adjoint d'un Dave Henderson privé de Pierre Pousse, son bras droit (victime d'un grave accident de la circulation ayant coûté la vie à son épouse Violette Mazza), pour les mondiaux pétersbourgeois. Mais pas de quoi compromettre son avenir spinalien, qui s'écrira toujours au côté d'un Nicolas Martin l'assistant fidèlement sur le banc (ainsi qu'aux entraînements). Ce dernier, très polyvalent, assure également la préparation physique des joueurs, qui ont fait valoir la qualité de son travail en répondant présent tout au long de la saison. Une grande force collective s'est dégagée de ce groupe très soudé, qui a souvent vu ses efforts récompensés.

Rien - pas même les blessures - n'est donc venu entraver la marche en avant d'un contingent qui s'est souvent retrouvé mené. Sans jamais se résigner. Cet état d'esprit lui a permis d'enchaîner les succès de septembre à février. Des victoires parfois longues à se dessiner... et souvent remportées à l'arrachée. Aucun match n'a été facile durant cette première phase très serrée, qu'Épinal aurait tout simplement remporté sans ces trois points soustraits début octobre par la FFHG. Les "orange et noir", forts d'une série d'invincibilité étalée sur neuf journées, ont battu leur record de victoires (21 en 26 journées) et de points (56) en saison régulière tout en faisant preuve d'une grande constance dans la performance. Solidité, ténacité et homogénéité ont été les maîtres mots de ces Gamyo. Chaque ligne (même les plus défensives) s'est montrée capable de marquer. Une formidable diversité que le nouveau président Casolari entendait absolument préserver.

Loin des étés mouvementés vécus ces dernières années du côté de Poissompré, le nouvel homme fort du hockey spinalien espérait donc voir cette intersaison se placer sous le signe de la continuité. Seul le joker canadien Dorian Peca (coupé dans son élan par une commotion subie début janvier) n'a pas bénéficié d'une prolongation de contrat. Il faut dire qu'on ne change pas une équipe qui gagne... et surtout pas les ingrédients contribuant à la recette du succès ! Mais c'était sans compter sur les envies d'ailleurs de plusieurs éléments-clés. Épinal, meilleure défense de France l'an passé, a notamment perdu en Maxime Moisand l'un de ses tauliers.

Des départs compensés

Les départs d'Anze Kuralt (vers Grenoble) et du top-scoreur Ken Ograjenšek (parti à Graz), combinés aux retours aux sources de Thibaut Farina (Gap) et Yannick Offret (Amiens), sont également venus contrarier les plans d'un président qui s'était rapidement fait à l'idée qu'il ne pourrait plus compter sur son emblématique vétéran. Ján Plch, le fidèle maître à jouer, a tiré sa révérence à 41 ans et après onze saisons de bons et loyaux services, dans les instants suivant l'élimination contre Angers. Et force est de constater que le meilleur buteur, passeur et compteur de l'histoire du hockey spinalien, devenu entraîneur du mineur au sein de la toute nouvelle "Gamyo Academy" (qu'a également rejoint le Franco-canadien Michel Célestin, formateur chevronné bien connu des vieux habitués de Poissompré), n'est pas de ceux qu'on remplace facilement. Avec son bagage technique, sa science du placement et son intelligence de jeu, ce Slovaque s'évertuait à défier le temps tenait encore un rôle prépondérant.

Joueur d'expérience, Ján Plch savait ainsi tempérer la fougue de ses jeunes coéquipiers. Autant d'éléments vifs et remuants qui se sont parfaitement exprimés dans ce style rapide et tout en mouvement (presque instinctif par moments) prôné par un Stéphane Barin n'ayant jamais voulu brider ses attaquants. Un jeu attrayant, porté vers l'avant, où la transition peut se faire extrêmement rapidement entre la récupération et le lancement d'individualités pouvant profiter du moindre espace à exploiter.

Tous n'ont pourtant pas su faire preuve d'efficacité lorsque l'occasion s'est présentée, à l'image d'un Matthieu Le Blond très précieux dans l'aspect défensif du jeu, mais toujours aussi brouillon dans la finition. Le Grenoblois, s'il est un gros travailleur, n'est pas assez "tueur" pour mener à bien ses un-contre-un face au(x) gardien(s). Des duels singuliers que son ailier attitré, l'explosif Pierre-Charles Hordelalay, n'a pas toujours su remporter l'an passé malgré les nombreuses échappées dont il aura bénéficié.

Avec onze buts marqués sur l'ensemble de la saison, cette "fusée" sur patins qui impressionne par son volume de jeu et sa capacité d'accélération a pourtant réalisé sa meilleure campagne parmi l'élite du hockey français. Une Ligue Magnus qu'Hugo Vinatier et Florian Sabatier découvrirent l'an passé, sans avoir donné l'impression de n'avoir encore jamais évolué à ce niveau de compétition. Tous deux s'étaient si bien fondus dans le moule spinalien qu'ils devinrent rapidement des maillons forts du collectif vosgien. Sabatier, venu de Reims l'été dernier, s'était même affirmé comme l'un des tous meilleurs finisseurs français en devançant, durant quelques semaines, les Terrier, Desrosiers et autres Lampérier au chapitre des buts marqués.

Pouvant autant mener les actions qu'assurer la finition, ce petit gabarit rapide, technique et débordant d'énergie aura donc largement su dépasser les attentes placées en lui. Doté d'un bon lancer, il aura également su bénéficier de la présence récurrente d'éléments plus expérimentés à ses côtés. L'ancien Phénix avait commencé la saison au centre d'un trio complété par Ján Plch et Steven Cacciotti, qui présente la particularité de n'avoir toujours pas marqué cette année. L'ailier québécois, muet en 2016, n'a pas trouvé le chemin des filets lors des vingt-trois matchs disputés depuis le début du mois de janvier...

Malgré cette inefficacité (très inhabituelle pour ce joueur opportuniste, toujours à l'affût d'un rebond ou d'une déviation), ce leader du vestiaire n'aura jamais démérité, montrant beaucoup d'abnégation et de détermination aux quatre coins du glaçon. Sa principale zone d'activité se situe aux abords d'une cage qu'il ne manque jamais d'attaquer. Un style direct, mais bien moins engagé que celui d'un Romain Gutierrez revendiquant pleinement son petit côté guerrier ; lui qui cherche le contact sans jamais craindre d'en subir l'impact...

Très impliqué défensivement, l'ex-Rouennais n'est pourtant pas le plus imposant des attaquants. Mais du haut de son mètre soixante-seize (pour 80 kg), cet ailier travailleur et très complet, plus passeur que buteur, se veut combatif à souhait. Un engagement de tous les instants qui le caractérise depuis ses plus jeunes années, mais qui peut l'exposer aux pénalités.

Issu du réputé centre de formation rouennais (qu'il avait rejoint après ses débuts gapençais), le fougueux Gutierrez s'est révélé chez les Dragons avant de s'affirmer à Dijon. L'attaquant de 23 ans, acteur majeur de l'opération sauvetage réussie du club bourguignon, n'a même jamais autant marqué que l'an passé. Une saison à plus de quinze buts (championnat, play-offs et coupes comprises), qu'il espère réitérer chez les Gamyo... même privé de Yanick Riendeau, son prolifique compagnon de trio !

Romain Gutierrez ne sera toutefois pas totalement dépaysé. Alexandre Mulle, son ex-coéquipier au DHC, a lui aussi décidé de quitter la petite glace de Trimolet pour la grande surface de Poissompré. Un grand changement pour cet attaquant de 27 ans natif de Rouen, qui débuta à l'Ile-Lacroix avant de s'exiler chez le voisin havrais, où il passa plusieurs années avant de parachever sa formation chez les Dragons.

Œuvrant depuis quatre ans au service du collectif dijonnais, cet ailier polyvalent et discipliné, rompu à l'exercice du box-play, est l'archétype du travailleur de l'ombre essentiel à la bonne marche d'une équipe. L'un de ces joueurs de devoir rarement mis en avant, mais qui apporte sa pierre à l'édifice tout en répondant invariablement présent. Sa combativité rappelle celle d'un Yannick Offret qu'il semble le plus à même de remplacer, en apportant (peut-être) ce soupçon d'efficacité qui aura si souvent fait défaut à cet attaquant défensif si précieux dans tous les aspects du jeu sans palet. L'Amiénois, gratteur impénitent, patinait d'arrache-pied pour presser l'adversaire sans jamais se priver d'amener le danger. Rien de comparable, toutefois, avec ce que peut apporter Nicolas Arrossamena, le seul "gros poisson" français qu'Épinal est parvenu à prendre dans ses filets (faute d'avoir notamment pu s'attirer les faveurs du néo-Rouennais Jordann Perret, pour qui les Gamyo s'étaient montrés les plus offrants financièrement).

Originaire de Saint-Pierre-et-Miquelon, cet ailier droit très complet qui s'était révélé chez les Brûleurs de Loups a en effet tout d'un bon coup. Rapide, technique et doté d'un bon bagage physique, il est tout simplement l'un des meilleurs attaquants tricolores du moment. L'ancien "bleuet", international régulier depuis 2010 (il compte à ce jour 39 sélections ainsi qu'une participation au mondial élite en 2011), peut même se targuer d'avoir vu ses deux dernières saisons couronnées d'un titre de champion. Une réussite lui permettant, à seulement 26 ans, de disposer d'un palmarès très conséquent.

Aux quatre trophées remportés par les Dragons l'an passé s'ajoute cette Coupe Magnus glanée sous la férule de Luciano Basile, six ans après ce grand chelem grenoblois (championnat et coupes nationales) auquel Arrossamena, alors junior, contribua. Une deuxième Coupe de la Ligue (en décembre 2010) est également tombée dans l'escarcelle du Saint-Pierrais, grande révélation d'une saison 2009/10 qu'il aura peiné à confirmer. Sa jeune carrière, qui plafonnait en Isère, n'a véritablement redécollé qu'après son départ à Gap (en 2013), où il deviendra un attaquant de tout premier plan.

Employé l'an passé au sein du troisième trio rouennais (il termina même la saison sur le quatrième bloc des Dragons), le meilleur buteur des Rapaces en 2013/14 (avec 25 réalisations) est une recrue très attendue. Un grand nom venu gonfler les rangs d'un contingent encore voué à jouer les premiers rôles cette année. Une chose à laquelle Robin Soudek n'est plus habitué. Le buteur tchèque n'a pu, malgré ses excellentes dispositions (15 buts et 30 points récoltés en 25 matchs de saison régulière et de poule de maintien), sauver Briançon de la relégation...

Formé à Ceské Budejovice, ce solide gaillard (1,89 m pour 84 kg) rompu aux joutes du hockey nord-américain était, en effet, venu prêter main forte aux Diables rouges l'an passé. Un choix par défaut pour l'ex-international junior (sans club depuis son essai infructueux à Olomouc), qui était suivi près par des Gamyo ayant sérieusement songé à l'engager l'automne dernier (avant que Dorian Peca, pour des raisons essentiellement budgétaires, ne lui soit préféré).

L'attaquant de 25 ans restait alors sur deux saisons passées à batailler, sous plusieurs couleurs, dans différentes ligues mineures. Son retour au pays (en Extraliga, à Ceské Budejovice), après quatre années passées dans le junior majeur de l'Ouest canadien (de 2008 à 2012), s'était vu écourté par une blessure au genou rapidement contractée. Obtenant la résiliation d'un contrat portant sur deux ans, Soudek signera pourtant l'été suivant avec les Monsters du Lac Érié. Le Tchèque débutait en AHL avant de se voir rapidement rétrogradé dans une ligue inférieure (envoyé à Denver, où était établie l'une des franchises composant la défunte Central Hockey League). Partagée entre trois formations d'ECHL (Stockton, Rapid City et Evansville) avec lesquelles il aura inscrit dix-huit buts (39 points) en soixante-trois parties, la saison 2014/15 l'aura emmené voir encore plus de pays. L'East Coast Hockey League, troisième championnat dans la hiérarchie des ligues professionnelles outre-Atlantique, couvre en effet, comme son nom ne l'indique pas, l'ensemble des États-Unis (y compris l'Alaska)... Pas du genre à compter ses efforts, cet ailier à fort potentiel va donc non seulement connaître son dixième club en huit ans, mais aussi découvrir la formidable ambiance de Poissompré.

Une atmosphère particulière à laquelle Dominik Fujerik s'est habitué l'an passé, lui qui s'associa durant plus de quatre mois à ce duo Kuralt-Ograjenšek ô combien prometteur, mais n'ayant jamais vraiment "cartonné". Capables de se trouver les yeux fermés, les deux compères n'ont pourtant pas manqué de complémentarité. Mais à trop chercher le jeu parfait, ils en auront souvent oublié l'essentiel : marquer. Un défaut qu'Ograjenšek, jeune attaquant pétri de talent, a su corriger l'an passé, faisant preuve d'efficacité (25 buts marqués pour 53 points compilés en championnat et play-offs) pour donner la pleine mesure de ses possibilités.

Meilleur buteur (44), passeur (70) et pointeur (114) de l'ère Gamyo (105 matchs officiellement disputés, toutes compétitions confondues), Ken Ograjenšek a même réalisé une fin de saison canon. Le Slovène a d'ailleurs terminé top-scoreur des phases finales, endossant totalement ce rôle de leader offensif qu'il n'avait pu véritablement assumer lors de sa première saison. Une progression lui ayant également permis de s'affirmer au niveau international, lui qui n'était qu'aux portes de l'équipe nationale avant d'arriver à Épinal. Ograjenšek, désormais systématiquement sélectionné, a depuis gagné ses galons de titulaire à part entière. L'enfant de Celje a même joué les héros lors de l'ultime journée du Mondial polonais (en avril dernier) en inscrivant le but gagnant face au voisin autrichien, lors d'un match couperet qui promettait, à son vainqueur, la remontée parmi l'élite mondiale du hockey.

Fort d'une grande dextérité et d'un tir sur réception mêlant puissance et précision, Ograjenšek a même terminé co-meilleur marqueur du tournoi, contribuant activement aux succès de ses coéquipiers. Parmi lesquels Anze Kuralt, qui s'est lui aussi distingué l'an passé sans pour autant faire aussi forte impression. Cet ailier vif et technique porté sur le dribble, apparu si flamboyant lors de sa toute première saison spinalienne (en 2013/14), n'est pas toujours parvenu à transpercer la défense pour déclencher son fameux lancer du poignet. Un tir de "sniper" qui aura nettoyé plus d'une lucarne ces trois dernières années.

Relativement petit, mais plutôt costaud (1,75 m pour plus de 80 kg), l'international slovène était devenu indissociable des Gamyo. Mais son départ à Grenoble, auprès de son compatriote Edo Terglav, ferme une parenthèse ouverte il y a maintenant trois ans. De quoi compliquer la tâche des dirigeants, également confrontés à la perte de son plus fidèle allié. Le retour d'Ograjenšek en Erste Bank Liga, deux ans après son départ de l'Olimpija Ljubljana, laisse un grand vide à combler. Dominik Fujerik, jeune centre doué d'une bonne rapidité, d'un joli coup d'śil et d'une belle technicité, étant plus un passeur qu'un véritable finisseur. Un constat n'ayant pourtant pas empêché le Slovaque (auteur de neuf réalisations) de terminer quatrième meilleur buteur d'Épinal en saison régulière l'an passé... seulement devancé par Ograjenšek, Kuralt et Sabatier !

On reste néanmoins assez loin de ce qu'un Danick Bouchard inspiré pourrait apporter. Cet attaquant de talent, pas très grand (1,75 m) mais plutôt carré (89 kg), est un buteur patenté. Un pur finisseur doté d'une grosse capacité d'accélération, qui aura fait trembler plus d'un filet ces dernières saisons... Après l'avoir tant détesté ces dernières années (ses retours, en temps que représentant amiénois, puis grenoblois, s'étant toujours accompagnés de vives huées), Poissompré va donc retrouver cette forte individualité, apparue particulièrement prolifique durant son premier passage dans la Cité des Images (en 2012/13). Ce Canadien qui a en sous le patin avait rapidement pris en main l'attaque des Dauphins, se montrant performant au côté du dévoué Sébastien Gauthier (devenu son passeur attitré) pour faire le plein de buts (36) et de points (73) lors des quarante-cinq matchs officiels qu'il fut amené à disputer...

Lâchant parfois difficilement son palet, Bouchard, connu pour avoir la gâchette facile, ne manque il est vrai jamais de faire parler son lancer. Un tir frappé court venant souvent parachever les incursions de cet habile dribbleur, qu'on sait capable d'enrhumer n'importe quel défenseur. Reste à voir s'il affolera de nouveau les compteurs, comme à ses plus belles heures. Le Québécois n'a jamais vraiment été, à Grenoble, le gros scoreur espéré ces deux dernières années.

Confrontés au départ de leurs trois meilleurs pointeurs (Ograjenšek, Kuralt et Plch), les Gamyo fondent donc beaucoup d'espoirs en Danick Bouchard, qui devra non seulement faire preuve d'efficacité, mais aussi s'intégrer à ce collectif rajeuni par les arrivées d'Arnaud Faure et Romain Chapuis, partis chercher un temps de jeu qui se refusait à eux.

Faute d'avoir pu faire leur trou chez les Brûleurs de Loups, les deux Grenoblois (respectivement septième défenseur et douzième attaquant l'an passé) se sont vus contraints de quitter leur club formateur, non sans avoir décroché l'ultime titre de champion de France U22 mis en jeu. La création d'un championnat U20 entraîne la suppression de cette catégorie, rendant inéligibles ces deux joueurs de vingt ans désormais appelés à se faire une petite place dans ce riche contingent. Reste à voir si le dynamisme et la vivacité de Chapuis, fils d'un des anciens coéquipiers grenoblois de Barin (à la toute fin des années 80), lui permettra d'intégrer durablement des rotations comprenant trois autres attaquants. Stéphane Barin peut en effet également compter sur Anthony Rapenne, Hugo Vinatier et Maxime Martin.

Si Maxime Martin, double buteur face aux Dragons de Rouen l'an passé, devrait encore jouer les "jokers" sortant du banc, Hugo Vinatier tiendra encore un rôle prépondérant. Ce buteur très opportuniste, qui a toujours su marquer lorsque l'occasion s'est présentée, apporte énormément défensivement. Anthony Rapenne, rapide ailier misant essentiellement sur sa pointe de vitesse et son explosivité, se montre tout aussi combatif malgré les limites imposées par son gabarit très léger.

Une assise défensive préservée

S'il peut occasionnellement "dépanner" à l'avant, Arnaud Faure est lui plutôt destiné à intégrer la garde rapprochée d'Andrej Hocevar. Une défense délestée de l'un de ses piliers (le capitaine Maxime Moisand, parti relever le challenge bordelais), mais pouvant toujours compter sur son emblématique portier. Un gardien réserviste en équipe nationale malgré ce trophée Jean-Ferrand venu récompenser son excellente saison passée. Force est de constater qu'Épinal n'aurait pu terminer meilleure défense du championnat français sans le brio de son homme masqué, apparu diablement performant (et régulier) de septembre à février.

Impérial en saison régulière, l'international slovène ne s'est pourtant pas montré aussi souverain en play-offs ; échouant notamment à faire la différence dans les matchs qu'il fallait impérativement remporter (comme ce fut le cas lors de la demi-finale perdue contre Angers). Pas de quoi toutefois l'empêcher de repartir pour une quatrième saison, toujours secondé par un Lucas Savoye pouvant parer à toute éventualité. Le back-up d'origine gapençaise est, on le sait, une solide alternative devant le filet.

Ces cages si bien gardées, les Kloz, Kloucek et autres Charpentier seront encore chargés de les protéger. Une mission qu'un Vojtech Kloz taille patron peut mener à la perfection, lui le "gros" défenseur doué d'une grande mobilité et rarement pris à défaut, qui excelle véritablement dans l'art de conserver le palet. Le Tchèque, véritable tour de contrôle, peut également assurer de belles remontées, fort d'un bagage technique qui s'accompagne d'une puissance physique lui permettant de s'ancrer dans le slot en supériorité (à l'affût d'un rebond, d'une déviation ou tout simplement pour masquer le portier au départ des lancers).

Cette force tranquille, toujours nominée dans l'équipe-type des play-offs d'Hockey Archives ces deux dernières années, assure donc autant qu'elle rassure. Sa présence, imposante, n'est toutefois pas aussi dissuasive que celle d'un Tomáš Kloucek pouvant se montrer diablement intimidant. Mieux vaut, en effet, ne pas aller se frotter à ce défenseur expérimenté, aussi sobre dans le jeu qu'impliqué dans la protection rapprochée de son portier. Le Tchèque n'hésite jamais à s'interposer, quitte à hausser le ton au moindre contact un peu trop appuyé.

Ce grand gabarit (1,92 m pour 100 kg) ayant connu ce qui se fait de mieux sur la planète hockey (la NHL et la KHL) aura donc fait le métier l'an passé, donnant pleine satisfaction en dépit d'une certaine lenteur compensée par son savoir-faire et sa bonne vision du jeu. Le Tchèque est toutefois sous pression. Sa réputation, faite auprès des référés, lui interdit tout "pétage de plomb". Le moindre dérapage est, dans son cas, susceptible d'entraîner une sanction. Comme à Angers le 12 mars dernier, où une succession de provocations le firent sortir de ses gonds. Cette réaction épidermique lui a valu d'écoper de quatre matchs de suspension (pas encore purgés car le club avait fait appel de cette décision).

Bien moins exposé, Jirí Klimícek est, lui, le seul joueur spinalien à ne pas avoir marqué l'an passé. Ce jeune défenseur offensif très discret n'a pourtant pas manqué d'essayer, profitant notamment d'un temps de jeu devenu plus conséquent en fin de saison (Stéphane Barin ayant fini par l'intégrer au powerplay). Tirant encore et encore sans jamais parvenir à faire se lever Poissompré, le Tchèque n'a donc pu se mettre en lumière, lui qui śuvra dans l'ombre d'un Kloz lui ayant été systématiquement associé l'hiver dernier.

Ayant, malgré tout, donné pleine satisfaction, Klimícek s'est vu reconduit pour une seconde saison. Une prolongation de contrat déclinée par Thibaut Farina, jeune défenseur français qu'on n'attendait assurément pas à ce niveau-là. Recruté en qualité d'attaquant pouvant jouer derrière selon les besoins du moment, le Briançonnais (reparti dans ses Hautes-Alpes natales) s'est montré convaincant dans un rôle de défenseur à plein temps, commettant peu d'erreurs au côté d'un Gašper Sušanj qui ne s'était encore jamais montré aussi régulier sur l'ensemble d'une saison. L'imposant blueliner slovène, solide derrière, s'est également montré présent à l'avant grâce à ce puissant lancer si souvent déclenché sur jeu placé (notamment en supériorité). Une force de frappe dont Martin Charpentier ne peut se targuer, lui le défenseur exclusivement défensif, qui aspire à retrouver sa place de titulaire à part entière (Farina n'étant plus là).

Restait à trouver le remplaçant de Maxime Moisand. Un défenseur qu'on imaginait droitier, afin de compléter cette escouade exclusivement composée d'arrières gauchers. Tenté par l'idée de "rapatrier" un Grégory Beron ne manquant pas de sollicitations, l'état-major spinalien aura finalement vu son ancien attaquant (qui fut amené à disputer ses tous premiers mondiaux en mai dernier au sein d'une arrière-garde française décimée) décliner toute proposition. L'Amiénois, en restant fidèle aux Gothiques, a poussé l'état-major vosgien à se tourner vers l'étranger afin de débusquer l'élément voué à faire oublier Maxime Moisand, défenseur naturellement porté vers l'avant qui a tant apporté offensivement.

Pièce maîtresse du dispositif défensif, cet arrière très entreprenant (qui fut également l'un des piliers du powerplay avec ce slap aussi précis que puissant) sera finalement remplacé... par un gaucher ! Les Gamyo ont saisi l'opportunité d'enrôler Mario Scalzo, défenseur offensif très solidement référencé, mais n'ayant pas joué le moindre match l'an passé. L'Italo-canadien reste sur une expérience malheureuse en deuxième division tchèque chez les Piráti Chomutov, où des problèmes de visa (qu'il dit avoir dû gérer seul) et de grosses difficultés d'adaptation auront totalement gâché sa saison...

Passé par quelques-uns des plus grands championnats européens, ce jeune trentenaire réputé pour son patinage flamboyant, ses talents de relanceur et ses aptitudes dans le domaine du powerplay aspire donc à relancer une carrière n'ayant pas pris la tournure escomptée. Non drafté malgré d'excellents états de services dans le junior majeur québécois (où il côtoya, durant près de quatre mois, un certain Sidney Crosby du côté de Rimouski), Scalzo a en effet vu les portes de la NHL rester désespérément fermées. Son gabarit très "moyen" (1,78 m pour 86 kg), doublé d'un jeu défensif jugé perfectible, ont eu raison de ses ambitions, pourtant ravivées par l'intérêt que les Stars de Dallas ont fini par lui manifester.

Mis sous contrat par la franchise texane, Mario Scalzo n'a eu d'autres choix que d'aller batailler, durant plus de deux ans (de 2005 à 2007), sur les glaces d'AHL avec l'équipe affiliée (alors basée en Iowa). Sa troisième et dernière saison en Ligue américaine, terminée à Norfolk, l'a laissé sans véritables débouchés. Une aubaine pour Pierre Pagé, qui l'attire alors à Salzbourg, où il s'impose comme l'un des tous meilleurs défenseurs offensifs d'Erste Bank Liga. Une saison à quatorze buts (et plus de 50 points) lui a valu d'intégrer le Team Canada et d'ainsi disputer la Deutschland Cup et la Coupe Spengler (le prestigieux tournoi de fin d'année de Davos) en compagnie d'autres expatriés évoluant essentiellement en DEL ou LNA. Deux championnats qu'il sera d'ailleurs amené à fréquenter.

Brillant suffisamment outre-Rhin (à Mannheim) pour gagner ses galons d'international canadien (il disputera le mondial 2011 en Slovaquie), Scalzo signe ensuite à Bienne, sans se douter qu'il n'y fera que passer. Le Québécois, en conflit avec l'entraîneur Kevin Schläpfer, quitte précipitamment le club seelandais après seulement cinq matchs disputés. Un divorce "à l'amiable" lui permettant d'aller jouer les pigistes chez le voisin (et rival) bernois. Sa saison 2011/12, amorcée en LNA, s'achève finalement en Liiga, au sein d'un TPS Turku en quête de stabilité défensive. Mario Scalzo retrouve l'Erste Bank Liga l'automne suivant après un essai transformé chez des Graz 99ers alors dirigés par le nouvel entraîneur amiénois Mario Richer.

Subvenant totalement aux besoins du club styrien, Scalzo retrouve en Autriche quelques compatriotes bien connus dans nos contrées (les Greg Day, Patrick Coulombe, Guillaume Lefebvre et autres Olivier Labelle) ainsi qu'un environnement germanophone convenant parfaitement à sa compagne, rencontrée durant son séjour allemand. N'ayant pas encore fait son deuil de la NHL, le Canadien essaie de tirer profit de cette saison réussie, sans pour autant parvenir à décrocher le contrat souhaité. C'est donc un joueur totalement libre qui s'engagera, en novembre 2013, en faveur de 99ers comptant leurs blessés...

Deux années ont donc passé depuis ses derniers coups de patins en sol autrichien, ce qui peut laisser planer sur le doute sur son état de forme et ses actuelles possibilités. Tout laisse d'ailleurs à penser que ses meilleures années sont derrière lui. Mais s'il sort d'une saison blanche, ce défenseur à gros CV venu clore le recrutement n'est sûrement pas totalement "rouillé"...

Des raisons d'espérer

Le voir retrouver son meilleur niveau ne serait assurément pas pour déplaire aux supporters des Gamyo, partis pour vivre une véritable saison "marathon". La "Saxoprint Ligue Magnus" étrenne, sur le modèle des autres championnats étrangers, sa nouvelle formule en double aller-retour, soit quarante-quatre journées étalées du 13 septembre au 24 février. Un calendrier chargé (auquel viendra se greffer la Coupe de France) pourtant loin d'effrayer la bande à Barin. Enchaîner les matchs et avaler les kilomètres n'est pas un frein aux espoirs d'un ensemble spinalien ayant encore toute les cartes en main pour aller très loin.

Forts de nouvelles armes offensives (Soudek, Arrossamena, Bouchard...), les Gamyo repartent en effet sur les mêmes bases défensives. Une solide garantie s'accompagnant encore d'une belle profondeur de banc et d'un coaching souvent gagnant. On ne devrait donc pas s'ennuyer cette saison à Poissompré. Surtout si toutes les pièces du puzzle s'imbriquent aussi bien que l'an passé...

DJ

 

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2015/16  MJ   Min   Moy.    %
34 HOCEVAR Andrej        21/11/1984  183  83         (Slovène)  Épinal       FRA-1   35  2120   2,26  92,2%
46 SAVOYE Lucas          22/08/1993  186  76  Gap               Épinal       FRA-1    4   218   3,02  89,5%

Défenseurs

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2015/16  MJ   B   A Pts   +/-   Pén
 6 FAURE Arnaud          15/12/1995  183  88  Grenoble          Grenoble     FRA-1   18   0   1   1   +0    2'
 9 CHARPENTIER Martin    21/01/1993  183  72  Épinal            Épinal       FRA-1   32   0   2   2   +5     6'
22 KLOUCEK Tomas         07/03/1980  192 100         (Tchèque)  Épinal       FRA-1   35   3  11  14   +18   63'
28 SUSANJ Gasper         30/06/1988  186  95         (Slovène)  Épinal       FRA-1   38   3  17  20   +19   26'
50 KLOZ Vojtech          23/01/1986  190 109         (Tchèque)  Épinal       FRA-1   38   6   7  13   +8    28'
56 KLIMICEK Jiri         30/11/1992  184  85         (Tchèque)  Épinal       FRA-1   38   0   9   9   +4    49'
79 SCALZO Mario          11/11/1984  178  87  (Italo-Canadien)  --------------- n'a pas joué ----------------

Attaquants

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2015/16  MJ   B   A Pts   +/-   Pén
10 MARTIN Maxime         24/06/1994  178  70  Épinal            Épinal       FRA-1   33   0   0   0   -2     0'
11 MULLE Alexandre       11/05/1991  181  81  Rouen             Dijon        FRA-1   36   5  11  16   -10   18'
16 SOUDEK Robin          31/07/1991  180  88         (Tchèque)  Briançon     FRA-1   25  15  15  30   +5    61'
17 CHAPUIS Romain        21/10/1995  178  80  Grenoble          Grenoble     FRA-1   28   3   5   8   +6     2'
19 CACCIOTTI Steven      23/02/1987  183  90    (Ita/Canadien)  Épinal       FRA-1   38   8  24  32   +24   14'
21 SABATIER Florian      21/03/1990  175  70  Reims             Épinal       FRA-1   38  15  19  34   +19   18'
24 ARROSSAMENA Nicolas   09/01/1990  181  82  St-Pierre         Rouen        FRA-1   41   9  14  23   +15   34'
25 RAPENNE Anthony       16/11/1991  180  68  Épinal            Épinal       FRA-1   37   2   6   8   -3     6'
57 HORDELALAY Pierre-C.  05/01/1989  176  77  Mantes            Épinal       FRA-1   38  11  14  25   +14   30'
66 FUJERIK Dominik       24/03/1993  180  80        (Slovaque)  Épinal       FRA-1   38   9  23  32   +12   12'
67 VINATIER Hugo         02/09/1992  183  78  Viry              Épinal       FRA-1   38   6   4  10   -2    12'
82 GUTIERREZ Romain      09/09/1992  175  80  Briançon          Dijon        FRA-1   31  12  19  31   +8    36'
83 BOUCHARD Danick       02/02/1986  175  88        (Canadien)  Grenoble     FRA-1   30  17  16  33   +10   10'
88 LE BLOND Mathieu      16/09/1987  181  71  Grenoble          Épinal       FRA-1   38   7  10  17   +6    12'

Entraîneur : Stéphane Barin (45 ans).

Partis : Maxime Moisand (D, 7+17, Bordeaux), Anze Kuralt (A, 19+19, Grenoble), Ken Ograjensek (A, 25+28, Graz, AUT), Jan Plch (A, 12+23, arręt), Yannick Offret (A, 3+7, Amiens), Dorian Peca (A, 5+4), Thibaut Farina (A, 2+1, Gap).

 

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