Suède 2016/17 : présentation

 

La première année de la Svenska Hockeyligan élargie à 14 participants ne sera pas passée inaperçue puisqu'elle aura fait une victime. Pour seulement la deuxième fois depuis 1963, le championnat élite suédois se déroulera sans le MODO Hockey, bien connu pour avoir enfanté des prodiges comme Peter Forsberg, Markus Näslund ou les frères Sedin. Le club historique d'Örnsköldsvik cède sa place à une autre équipe culte et très populaire en Suède : le Leksands IF. De son côté, Frölunda est parvenu à remporter un nouveau sacre et tentera de le conserver en dépit de nombreux changements mais toujours avec une politique à long terme, que plusieurs équipes privilégient comme Djurgården. Il y a là certainement à méditer pour MODO, pourtant si réputé pour son vivier de talents.

 

Frölunda HC : la jeunesse au centre du succès

À sa troisième année derrière le banc, l'architecte Roger Rönnberg a réussi à toucher le graal. Déjà auréolé du titre mondial junior avec la Juniorkronorna en 2012, le technicien de 45 ans a mené l'organisation de Göteborg vers le quatrième titre national de son histoire, quelques mois après avoir remporté la deuxième édition de la Champions Hockey League aux dépens de Kärpät. Ce triomphe a cependant conduit parfois à des comportements totalement idiots. Quelques jours après avoir obtenu une médaille d'or autour du cou, le Norvégien Mats Rosseli Olsen avait fait la une en Suède après avoir envahi le terrain lors d'un match de football entre l'IFK Göteborg et le Malmö FF. Une attitude qui a totalement consterné l'organisation, qui s'en serait bien passé et qui l'a fait savoir à son joueur.

Devant le but, Johan Gustafsson a fait le job, bien aidé par une défense hermétique. Mais un sacré casse-tête va se poser à Rönnberg car il va falloir gérer un important renouvellement, surtout au niveau des lignes arrières. La muraille défensive a été démolie par le marché des transferts puisque Frölunda a enregistré les départs d'Oliver Lauridsen, Elias Fälth et Oscar Fantenberg, qui s'ajoutent à ceux des jeunes Lukas Bengtsson et Tom Nilsson, entraînés dans les filets nord-américains. Maigre consolation, Jacob Larsson est prêté par Anaheim pour la saison. Mais Rönnberg doit ériger de nouvelles fondations défensives, cela passera par le Canadien Jonathan Sigalet et l'Américain Matt Donovan. Et en attaque, cela n'est guère mieux, le FHC perd les services du prolifique Ryan Lasch, désireux de tester le marché, du surdoué Artturi Lehkonen, impressionnant en playoffs mais désormais bien décidé à percer à Montréal, de Spencer Abbott, reparti à Chicago, et d'Andreas Johnson, qui avait rejoint Toronto juste après le titre suédois pour disputer les playoffs AHL.

Chaque intersaison voit l'espoir des fans de revoir le petit ailier Fredrik Pettersson, personnage très populaire qui a promis de revenir dans sa ville natale. Ce ne sera pas encore cette année puisque l'ex-Luganais tente une nouvelle fois sa chance en KHL. Une autre bonne connaissance des Indians a toutefois accepté de revenir à Göteborg : Simon Hjalmarsson, formé au FHC et qui avait réalisé le doublé or U20 / U18 en 2007. Hjalmarsson a choisi Frölunda après avoir pourtant donné un accord verbal aux Lakers de Växjö pour un contrat à long terme. L'ancien coéquipier de Stéphane Da Costa au CSKA a toutefois connu une dernière saison raccourcie par une chirurgie à la main. Hjalmarsson était un top-scoreur à Linköping, il le sera peut-être aux côtés de la recrue américaine Casey Wellman cette saison.

Mais le moteur qui anime également Frölunda, ce sont les jeunes pousses très prometteuses à qui Rönnberg offre beaucoup de responsabilité. À défaut d'un contrat NHL, Johan Sundström, élu MVP des playoffs, tentera de poursuivre ses performances exemplaires. Exemplaire, Victor Olofsson l'a été aussi, pourtant dans un environnement difficile (MODO) et certains le comparent déjà à Andreas Johnson. Cauchemar des Français avec son but gagnant synonyme de sésame olympique, le défenseur norvégien Mattias Nørstebø tentera de poursuivre sa bonne dynamique en prenant exemple sur son nouveau collègue très offensif Henrik Tömmernes, droitier précieux et redoutable. Enfin à 18 ans, Carl Grundström, choisi au second tour de la draft NHL 2016 par Toronto, constitue l'un des grands espoirs de l'organisation. Le Frölunda HC a fière allure mais la condition d'un nouveau succès dépendra encore de la bonne adaptation et de la bonne évolution de ses plus jeunes protégés.

 

Skellefteå AIK : une excellence qui perd ses architectes

Quatrième fois de suite meilleure équipe de la saison, sixième finale consécutive, meilleur jeu de puissance, meilleure défense, quasiment imbattable lorsqu'elle menait en première période (87% de réussite en saison régulière), Skellefteå a de nouveau tenu son rang. Le SAIK n'a plié qu'en finale face à Frölunda en cinq manches après avoir perdu son gardien numéro 1 Markus Svensson dès le premier match. Même si les puristes du SAIK diront qu'il s'agit encore d'un échec en finale (le deuxième de suite), il faut admettre que Skellefteå a conservé une remarquable régularité dans les résultats. Mais l'organisation du Västerbotten devra désormais se débrouiller sans les deux dirigeants qui ont fait sa réputation ces dernières années.

Lars "Lasse" Johansson était directeur sportif depuis 2008, soit les prémices de l'avènement du club. Hans Wallson était entraîneur en chef depuis 2013, permettant à l'équipe de récolter de nouveau l'or après 35 ans d'attente. Tous deux ont choisi un nouveau défi commun : Zurich en LNA suisse. Et avec eux, c'est tout un noyau qui est parti sous d'autres cieux, dont l'excellent Svensson, les arrières Tim Heed et Anton Lindholm, les attaquants John Norman, Erik Forssell, Patrik Zackrisson et Martin Lundberg. Pour autant, les fans doivent-ils s'inquiéter d'une révolution imminente ? Pas forcément si l'on en juge par l'organisation derrière le banc. Bert Robertsson, Stefan Klockare, déjà assistants de Wallson, formeront un trio avec Fredrik Öberg, entraîneur de la section U18 ces dernières années. Le trio aura sous ses ordres un groupe très jeune (24 ans de moyenne d'âge) où les trentenaires Fredrik Lindgren, Jimmie Ericsson, Joakim Lindström et Pontus Petterström font figure d'exception. Certains jeunes devront néanmoins faire davantage leurs preuves, notamment l'attaquant Axel Holmström, prêté par Détroit par précaution suite à une blessure au ligament croisé au printemps dernier, et le défenseur Sebastian Aho, à ne pas confondre avec son homonyme finlandais.

Avec un capital qui s’élève désormais à 7,5 millions d'euros, faisant du SAIK l'un des clubs les plus riches de Scandinavie, l'excellente santé financière a permis de mettre le grappin sur quelques pointures. À la grande joie des supporteurs dont les ultras North Power, les redoutables Oscar Möller et Joakim Lindström sont de retour en ville, eux qui avaient amassé ensemble la bagatelle de 36 points lors des playoffs 2014, conclus par une médaille d'or. Lindström sera néanmoins indisponible en début de saison en raison d'une commotion cérébrale suite à un choc subi au cours du premier match de préparation après... 22 secondes de jeu.

En défense, Johan Alm, qui a vu les portes de la NHL se fermer à cause des blessures à répétition, est aussi un visage familier, rejoignant le SAIK avec Kyle Cumiskey, très convoité en Suède depuis un passage remarqué au MODO. Alm et Cumiskey épauleront Niclas "Nisse" Burström, élu meilleur défenseur de Suède en dépit d'un physique banal (1m78 / 76 kg) mais largement compensé par sa vision et un jeu sans déchet. Devant la cage, Erik Hanses était promis à prendre le poste de titulaire. Mais le SAIK a revu son plan... à dix jours du début du championnat ! Libéré par Calgary (37 parties disputées en NHL ces trois dernières années), le gardien Joni Ortio s'est retrouvé sur le marché et Skellefteå en a profité, poussant vers la sortie Hanses, privilégiant le jeune espoir local Gustaf Lindvall (solide avec AIK) en numéro 2. Si ce revirement de dernière minute s'avère judicieux, le Skellefteå AIK pourra prolonger son rayonnement sur la scène suédoise.

 

Luleå HF : un favori toujours amer

Les Ours polaires ont retrouvé les demi-finales de SHL mais leur élimination à ce stade de la compétition laisse un certain goût d'inachevé. Luleå était parvenu à égaliser dans cette série à 2-2 face au futur champion Frölunda, s'inclinant lors du match 5 avant de prendre l'eau à domicile au sixième match 2-8. L'entraîneur Joakim Fagervall, présent depuis 2014, et huit joueurs ont fait les frais de cette contre-performance puisque l'organisation a annoncé leur départ le même jour, le 15 avril 2016.

Déjà assistant, Stefan Nilsson remplace Fagervall et tentera de partager son expérience pour remplir l'ambition d'un nouveau titre. Nilsson avait d'ailleurs gagné le dernier championnat en date (1996) en tant que joueur mais il reconnaît que sa troupe a suffisamment d'expérience pour atteindre la finale. Sous Fagervall, l'équipe était déjà internationale, elle le sera encore avec une dizaine d'étrangers dont sept Nord-Américains. Les mises en jeu étaient un point fort la saison dernière, Tim Kennedy et éventuellement Kael Mouillierat - qui peut jouer à l'aile - tenteront de pallier le départ des centres Wallmark et Granström. Une chose est sûre, le profil très offensif devrait être profitable au rendement de l'équipe. Kennedy est un bon distributeur et Mouillerat est sujet à plusieurs vidéos virales grâce à des buts d'anthologie. Arrivé il y a un an dans le cercle polaire, Bill Sweatt peut être assimilé à une nouvelle recrue, une blessure abdominale ayant gâché sa première saison au LHF. Et une mauvaise nouvelle aurait pu gâcher la deuxième, touché à la hanche en CHL face aux Eisbären Berlin, mais il semble qu'elle soit sans gravité. En tout cas, Mouillierat, Kennedy, Sweatt, le capitaine Johan Harju, Jacob Lagacé, Petter Emanuelsson - qui a préféré venir chez le rival plutôt que revenir à Skellefteå après deux ans en AHL - le surdoué Isac Lundeström - 16 ans, top prospect pour la draft NHL 2018 - le Finlandais Julius Junttila, la palette offensive de Luleå paraît redoutable.

Et derrière, la porte devrait être difficile à forcer. Le jeune gardien Joel Lassinantti demeure toujours l'assurance d'une cage bien gardée. Ilari Melart, Craig Schira, Brendan Mikkelson sont désormais accompagnés par Viktor Amnér et Daine Todd, défenseurs clefs respectivement de la montée de Leksand et des Jokerit en KHL. Et Jan Sandström est toujours là, tout proche de décrocher un record appartenant à David Petrasek. À 38 ans et avant sa seizième saison d'affilée avec le LHF (!), Sandström est à deux parties du plus grand nombre de matchs disputés en SHL en saison régulière. Mais ce marathon lui permettra-t-il d'obtenir une médaille d'or ? En tout cas, une fois de plus, Luleå est incontestablement un des grands favoris de cette quête.

 

Växjö Lakers : une sacrée gueule de bois

Que les lendemains de fête sont parfois difficiles. L'entraîneur Sam Hallam avait réussi à trouver la bonne recette en permettant aux Lakers de devenir champion de Suède en 2015. Växjö était plutôt bien armé pour être candidat à sa propre succession mais les joueurs du Småland ont peiné pour retrouver leur bonne dynamique. La qualification directe pour les playoffs, sans passer par le play-in, a été acquise de justesse et les Lakers étaient mal embarqués en quart de finale, menés 0-2 dans leur série face à Linköping. Avant de se remobiliser et de retrouver (enfin) un rythme de champion, Växjö poussant en demi-finale Skellefteå jusqu'à la septième manche en prolongation, en vain.

À l'image de son équipe, Cristopher Nilstorp s'est d'abord montré perfectible devant ses filets, tardant à retrouver son meilleur niveau... avant de se blesser gravement au genou. Nilstorp parti à Malmö après une saison difficile, Joacim Eriksson, qui a gagné l'or avec Skellefteå en 2013, le remplace après être passé par l'AHL et la KHL. Malgré les départs de Lundgren et Heikkinen, le secteur défensif est plutôt bien loti. Eric Martinsson, comme beaucoup de ses coéquipiers, a connu des débuts difficiles mais il a réalisé une fin de saison brillante. À 23 ans, malgré quelques sollicitations outre-Atlantique, Martinsson souhaitait absolument poursuivre son apprentissage avec beaucoup de temps de jeu. Car du temps de jeu, il est assuré d'en avoir, comme beaucoup de ses coéquipiers de son âge. Hormis les piliers Cory Murphy (38 ans) et Teemu Laakso (28 ans), les défenseurs ont entre 17 et 24 ans à Växjö. On notera également l'arrivée d'Arvid Lundberg, talent de 21 ans arraché à Skellefteå.

La complémentarité du premier trio offensif Gynge, Rosén, Kiiskinen a été une satisfaction toute l'année même si l'alchimie des deux premiers, déjà coéquipiers par le passé à l'AIK, était prévisible. Gynge ayant fait valoir sa clause KHL, il a donc fallu trouver un nouveau larron, surtout que Simon Hjalmarsson avait finalement fait faux bond. C'est un autre joueur du CSKA qui a finalement débarqué, le Canadien Geoff Platt. Avec Platt (21 buts en KHL la saison dernière) et Olli Palola (qui a été échoué en KHL mais a été deux fois de suite élu meilleur buteur de Finlande), Hallam obtient deux excellents finisseurs. Dennis Everberg, qui souhaite rebondir en Suède après une expérience infructueuse en Amérique du Nord, snobant au passage son club formateur de Rögle, devrait également participer activement au rendement offensif.

Si l'équipe retrouve cette fois-ci rapidement ses marques, Växjö peut envisager le sommet du classement. Il faudra toutefois entamer le calendrier sans Ville Leino pour raison... fiscale. Déjà rémunéré par les Sabres de Buffalo, l'ailier finlandais ne doit pas être présent plus de six mois sur le territoire suédois sous peine d'écoper d'une imposition sur le revenu double. Leino commencera sa saison en octobre, en espérant que son équipe ne soit pas encore à la traîne.

 

Linköpings HC : déséquilibre des forces

Demi-finaliste entre 2013 et 2015, Linköping pouvait semble-t-il franchir une nouvelle étape lors de l'exercice 2015-2016. Mais en dépit d'une saison régulière réussie (3e), les Lions ont laissé s'échapper le champion en titre Växjö vers le carré final, après avoir mené la série 2-0 et tout proche de forcer un septième match. Le coach norvégien Dan Tangnes aura à charge pour sa deuxième année de permettre à Linköping de franchir ce palier qui mène à la finale, chose dont fut incapable son prédécesseur Roger Melin. Car malgré un effectif compétitif, les performances décevantes à répétition ont conduit à une situation financière moribonde et à quelques licenciements au sein de la structure Linköpings HC.

Pour viser la finale, Tangnes a fait appel à ses compatriotes Mathis et Ken Andre Olimb. Les deux frères ont une alchimie naturelle qu'ils ont perfectionné auparavant à Vålerenga et qu'ils perpétuent en équipe nationale, d'ailleurs qualifiée au détriment de la France. L'offensive est un point fort récurrent du Linköpings HC ces dernières années, les frères Olimb devraient y contribuer largement, tout comme une autre recrue phare de l'intersaison, Niclas Bergfors, qui a déjà passé le cap des 20 buts en KHL. Avec également les Nord-Américains Broc Little, Garrett Roe et Andrew Gordon, qui ont brillé la saison passée, l'attaque de Linköping pourrait bien faire vivre un enfer à la SHL. Les Rapaces de Gap, présents dans le même groupe en CHL, peuvent en témoigner.

Néanmoins, une vraie interrogation se pose si l'on observe les lignes arrières. Si le départ de l'offensif Chad Billins a été contrebalancé par l'arrivée de Kristian Näkyvä, celui des piliers historiques Jonas Junland et Daniel Rahimi, vrais poumons de l'équipe dont l'engagement est difficilement remplaçable, laisse en revanche un grand vide. Sitôt arrivés à Linköping, Niclas Lundgren et Eddie Larsson n'ont d'autre choix que d'assumer un rôle de leaders qu'ils n'ont pour le moment jamais connu. Les gardiens Marcus Högberg (21 ans) et Jacob Johansson (22 ans) sont assez peu expérimentés. Des buts, les Lions ont l'habitude d'en accumuler, mais gérer leur zone et la défendre, ce ne sera pas forcément une sinécure face aux grandes écuries du championnat.

 

Färjestads BK : l'électrochoc Jämtin

Depuis près de vingt ans, Färjestad constituait une puissance du hockey suédois. Mais ces deux dernières saisons, sous la houlette du coach Tommy Samuelsson, l'étendard de Karlstad s'est chiffonné, échouant au stade des play-in en 2015 et en quart de finale en 2016. Des mesures s'imposaient et la direction du FBK l'a fait savoir. Samuelsson a été remercié, tout comme l'un des cadres du vestiaire contesté depuis plusieurs années, Rickard Wallin. Poussé à la retraite, Wallin a disputé 542 matchs de saison régulière et 127 de playoffs avec Färjestad, remportant quatre titres sur six finales nationales. Une page se tourne ? Oui et non. Car, en remplacement de Samuelsson, Leif Carlsson retrouve le banc qu'il avait quitté il y a deux ans pour le poste de directeur sportif. Poste de directeur sportif de nouveau occupé par le charismatique Håkan Loob, manager entre 1996 et 2008. Le club est donc entre de bonnes mains.

Devant les filets, Justin Pogge avait brillamment pris la relève d'un Lars Haugen trop inconstant. Pogge parti en KHL, Stefan Stéen, en provenance de Växjö et qui a des racines dans le Värmland, nourrit également l'objectif de briguer la place de titulaire. Les bases défensives sont elles très solides avec les Holřs, Tollefsen, Nygren, Skogs, Erixon et Wikstrand. Mikael Wikstrand est revanchard car il avait manqué quatre mois de compétition suite à un conflit contractuel avec les Sénateurs d'Ottawa. L'année dernière, le jeune défenseur de 22 ans avait quitté précipitamment le camp des recrues pour retourner en Suède en raison d'une blessure à l'épaule, mais également pour revenir auprès de son frère, leucémique. Furieuse de cette décision malgré les raisons invoquées, l'organisation d'Ottawa n'a daigné le céder au FBK que le 20 janvier 2016.

Une des bonnes nouvelles de l'été, c'est la prolongation du top-scoreur Milan Gulaš qui mènera sans doute encore l'offensive avec le vétéran américain Tim Stapleton, souvent productif. Le joyau Joel Eriksson-Ek n'a pu être gardé, aligné prochainement en AHL à la demande du Wild du Minnesota. Deux autres surdoués devraient néanmoins attirer l'attention : Rasmus Asplund (qui a impressionné au camp estival de Buffalo) et Oskar Steen. Mais alors, que manquait-il l'année dernière ? Du leadership, du caractère. Le duo Carlsson / Loob pense avoir fait mouche en recrutant le poison Andreas Jämtin, le joueur le plus pénalisé de l'histoire du championnat suédois (1433 minutes de pénalité). Détesté en Suède, la venue de Jämtin a largement été critiquée via les réseaux sociaux. C'est oublier qu'il a joué quatre ans de son junior à Karlstad et que lui saura se faire entendre dans le vestiaire.

 

Djurgårdens IF : émergence d'une génération exceptionnelles

Djurgården ne pouvait rien face au futur champion Frölunda malgré un cercle de joueurs talentueux, notamment le gardien Mantas Armalis, les défenseurs Linus Hulström, Marcus Högström, Andreas Englund, les attaquants Tomi Sallinen, Marcus Sörensen et Patrick Thoresen. La problématique qui se pose pour le club de Stockholm, c'est que les joueurs pré-cités ne sont plus dans la capitale suédoise. Y compris donc Thoresen. L'attaquant norvégien, élu meilleur attaquant et meilleur joueur de la saison, n'aura effectué qu'un court come-back d'une année avec un salaire au rabais. Thoresen séduit par le défi de Zurich, il demeure quelques vétérans pour encadrer le groupe du DIF : l'infatigable Mikael Tellqvist devant les filets (36 ans), le solide Ville Varakas (champion avec Växjö en 2015) en défense, les très offensifs Jeff Tambellini et Matt Anderson en attaque.

Le duo managérial Thomas Johansson / Joakim Eriksson a réussi un joli coup cet été en recrutant Alexander Urbom, prêté par Skellefteå. L'ancien défenseur de Washington, qui connaît la structure Djurgården puisqu'il l'avait rejointe à l'âge de 14 ans, ajoutera du poids à la défensive. Le recrutement d'Urbom ainsi que celui des Finlandais Mikko Kousa - récurrent en équipe nationale - et Varakas devraient pallier sans problème les départs d'Englund et Hulström. Enfin, un vent de nostalgie soufflera également à Stockholm puisque l'attaquant Calle Ridderwall, neveu du légendaire gardien Rolf qui a marqué les années 80 avec trois sacres suédois sous les couleurs du DIF, découvrira à son tour la capitale.

Mais la recrue la plus importante ne sera peut-être pas sur la glace. Après avoir remercié Hans Särkijärvi, à qui l'on reprochait des méthodes dépassées, Johansson et Eriksson souhaitent maintenant un hockey moderne fondé sur la possession et la créativité. Leur choix s'est arrêté sur Robert Ohlsson, un choix très réfléchi. Ohlsson a toujours été investi dans le hockey junior, avec l'équipe nationale et même avec Djurgården il y a dix ans, coachant d'ailleurs Urbom à l'époque. Il a toujours vu la jeunesse comme le cśur d'un projet, il n'était donc pas dépaysé à Frölunda ces trois dernières années en tant qu'adjoint. Emil Johansson, Robin Press, Wilhelm Westlund, Juuso Ikonen, Daniel Bernhardt, Jonathan Davidsson, Gustav Possler, Lukas Vejdemo, nombreux sont les jeunes talents qui pourraient prendre une nouvelle dimension. Et cette foison de petits génies n'est pas prête de s'arrêter : le Djurgårdens IF est double champion de Suède U20 en titre. Ohlsson est donc assis sur une mine d'or qui, si elle se bonifie, pourra satisfaire de hautes ambitions.

 

HV71 : cet obstacle des quarts

Cela ressemble à une malédiction. Depuis 2010 et le dernier titre en date, le club de Jönköping a systématiquement chuté en quart de finale. Plusieurs contrats ont été rapidement rompus dont les fiascos Erik Ersberg, Jere Karalahti et Ryan O'Byrne, qui ont d'ailleurs tous trois raccroché leurs patins. La confiance en l'entraîneur Johan Lindbom est toujours d'actualité mais la direction lui a attribué un adjoint de renom. Stephan Lundh avait permis l'invraisemblable promotion en Allsvenskan du petit poucet IK Pantern en 2015 puis son maintien en 2016. En s'associant avec ce technicien expérimenté, le HV71 souhaitait renforcer le coaching.

Les blessures n'ont pas épargné le HV71, dont le défenseur Lawrence Pilut, qui demeure un grand espoir de l'organisation, le vétéran Teemu Laine et surtout Ted Brithén, qui a vécu une saison cauchemardesque. Il y a un an, l'attaquant de Jönköping recevait les éloges pour son capitanat dans la lignée de Johan Davidsson, il perçait en équipe nationale et voyait s'ouvrir peu à peu la NHL. Mais une inflammation au poignet puis une commotion cérébrale ont anéanti son rêve d'Amérique. Le voilà enfin prêt pour un nouveau départ. Le "C" revient pour le moment à Chris Abbott, qui l'avait de toute façon récupéré suite aux déboires de Brithén. Concernant Erik Christensen, l'interrogation subsiste puisqu'il est rentré au Canada à cause de ses maux de dos récurrents. Fin de carrière ? Le staff du HV71 n'ayant pu s'entendre avec le KHLer David Ullström, et le recrutement étant tout de même très pondéré, les Arlbrandt, Thörnberg, Tedenby, Brithén, Abbott, Önerud, Sundh et Sandberg devront demeurer en santé pour porter l'équipe. Gardons cependant un śil sur le surdoué local Lias Andersson (17 ans) qui a survolé sa catégorie U18 et s'est déjà parfaitement acclimaté aux U20.

Si l'arsenal offensif ne semble pas égaler les cadors du championnat, la brigade défensive devrait constituer la base du succès. Christoffer Persson, auréolé d'un titre de champion après cinq années à Frölunda, sera le grand leader par ses compétences et son attitude incontestées. Le HV71 est parvenu à trouver un profil proche de celui de Chris Campoli - Dylan Reese - et à retenir pour une année de plus le jeune Niklas Hansson, sous contrat avec Dallas. Persson, Reese, Hansson, Pilut, Berglund, Almquist, le six majeur est solide. Et si devant les filets Fredrik Pettersson-Wentzel est en confiance, le HV71 pourra enfin briser sa malédiction et viser plus haut..

 

Örebro HK : renforcement au centre

L'ÖHK va devoir rebondir après un exercice nourri de regrets. Örebro n'a pu éviter les play-in et l'équipe entraînée par Kent Johansson les a totalement loupés face au HV71, menant 2-0 la première manche perdue 2-3, avant de se faire laminer à Jönköping 7-1. Les Finlandais Viitaluoma, Jalvanti, Anttila et le défenseur tchèque Jakub Krejcík ont été rapidement remerciés alors que Henrik Löwadahl a mis un terme à sa carrière à l'âge de 35 ans. Ce géant bourreau de travail a connu la Division 1, l'Allsvenskan et enfin la SHL après 18 ans de bons et loyaux services exclusifs au sein de l'ÖHK. Vous comprendrez que ses adieux ont été forts en émotion.

Le point noir du club a sans doute été un déficit au centre avec peu de réussite aux engagements, un secteur toujours décisif. Le staff d'Örebro a eu conscience du problème avec cinq nouveaux arrivants capables d'évoluer sur ce poste. Le plus doué des cinq, c'est Tom Wandell qui compte 229 matchs en NHL avec Dallas et quelques sélections en équipe de Suède. La saison dernière, l'attaquant de 29 ans, qui évoluait en KHL à l'Amur Khabarovsk, avait justement 54% de réussite aux mises en jeu. Gustaf Franzén et Joakim Andersson, qui ont respectivement occupé le poste de centre en Ligue d'Ontario et en Ligue Américaine, devraient se positionner sur les autres trios. Arrive également à Örebro une curiosité, l'Estonie Siim Liivik, une star... en Finlande. Intégrant très jeune l'IFK d'Helsinki, Liivik, joueur de contact, n'est pas forcément devenu populaire par son jeu... mais pour son groupe de rap qui prend une part importante dans sa vie. Il n'en demeure pas moins un ajout utile, notamment sur les unités spéciales.

Les soirs de victoire, il se pourrait bien que le public voit Liivik prendre le micro pour chanter, peut-être aux côtés du gardien Július Hudácek, qui n'est pas le dernier à faire le show. Cependant, Hudácek reste sur une très mauvaise note avec ces quatre buts encaissés en cinq minutes (!) lors de la deuxième et dernière manche des play-in. La concurrence avec Axel Brage, qui a réussi à percer en Allsvenskan en étant à l'origine de l'étonnant succès du Vita Hästen, devrait pousser Hudácek à davantage de concentration. À la suite du départ en retraite de Löwadahl, le défenseur Viktor Ekbom assurera le capitanat d'une équipe finalement peu clinquante mais avec des joueurs de devoir tels Peter Andersson, Johan Motin, Alexander Hellström, Joel Mustonen, Daniel Viksten, Martin Johansson, Greg Squires, Marcus Weinstock, Johan Wiklander. Et avec les ajouts précieux de l'intersaison, l'Örebro HK a les outils en main pour éviter les play-in.

 

Brynäs IF : le retour du messie Gunderson

2012 constituait une apothéose pour Brynäs. Mais depuis le dernier titre du club de Gävle, de l'eau a coulé sous les ponts de la cité bordant la mer Baltique. Jan-Erik Silfverberg (le père de la star NHL Jakob) et Stefan Bengtzén ont eu la lourde tâche d'être promus respectivement aux postes de président et directeur sportif dès l'obtention du titre. Mais aucun d'entre eux n'a donné satisfaction. Silfverberg a démissionné en juin dernier en raison de la gestion économique catastrophique du club. En 2013, le Brynäs IF détenait 2,6 millions d'euros de capitaux propres. Aujourd'hui, après trois exercices déficitaires consécutifs, le BIF ne détient plus qu'à peine 650 000 euros...

Bengtzén, contesté par les fans et certains médias pour certaines de ses décisions et les performances sportives décevantes, est lui toujours présent mais il pourrait bien remonter sa cote de popularité car, malgré un budget qui a fondu, il est parvenu à réaliser un recrutement haut de gamme. Partis, Anton Rödin - qui a loupé une bonne partie de la saison en raison d'un tendon de la jambe sectionné - et Greg Scott représentaient l'un des meilleurs duos de la ligue. Qu'importe, Bengtzén a recruté le Slovaque Tomáš Záborský, buteur de Liiga au tir du poignet fameux, et le Canadien Kevin Clark, petit attaquant énergique redoutable en DEL et LNA. L'expérience de Daniel Paille (600 matchs NHL, une Coupe Stanley) devrait être également précieuse pour remonter la pente. Et si les jumeaux Westerholm et Oskar Lindblom poursuivent leur progression, le BIF pourrait enfin retrouver une attaque digne de ce nom.

Mais ce qui a davantage réconcilié les fans avec Bengtzén, c'est le retour de deux bonnes connaissances chères aux supporteurs : le centre travailleur Jonathan Granström et surtout le défenseur américain Ryan Gunderson, tous deux vestiges du titre de 2012. Meilleur marqueur chez les défenseurs lors de trois de ses quatre saisons suédoises, Gunderson a ensuite rejoint la KHL ces deux dernières années avant de se décider à revenir, convoité tout de même par la moitié des clubs de la SHL. Laissant une empreinte comme rarement à Gävle, Gunderson aura une influence directe sur un jeu offensif peu inspiré depuis deux ans - pendant son absence - et retrouve une garnison défensive bien étoffée. Stefan Bengtzén a aussi convaincu Elias Fälth, un défenseur majeur de la ligue, qui avait hâte de retravailler avec le coach Thomas "Bulan" Berglund qu'il avait côtoyé à Luleå.

Le jeu défensif a souvent donné satisfaction, avec notamment le meilleur jeu en infériorité la saison passée, et avec Gunderson, Fälth, Simon Bertilsson, Jörgen Sundqvist, Jonathan Pudas, il devrait en être de même pour l'exercice à venir. Devant la cage, on mise sur la complémentarité entre l'expérimenté David Rautio et le grand espoir Felix Sandström. Brynäs a frappé fort à l'intersaison. Il reste à l'équipe de Gävle à confirmer et satisfaire les fans, devenus très impatients. En tout cas, les quatre victoires en amical sont prometteuses.

 

Rögle BK : politique de la main tendue

Pour son retour en SHL, Rögle a assuré l'essentiel avec son maintien en évitant la stressante phase de la Kvalserien, le play-down de la SHL. Anders Eldebrink, coach d'expérience, a su donner l'impulsion nécessaire à un groupe qui tentera d'accrocher cette fois-ci les playoffs. Ce qui a fait le succès du club d'Ängelholm, c'est cette faculté à avoir pu accueillir et relancer de jeunes talents qui sont à peine dans la vingtaine et dans un tournant de leur carrière. La solidité constante d'Oscar Dansk - gardant pourtant l'équipe la plus exposée aux tirs - l'efficacité de Patrick Cehlin - sélectionné au dernier championnat du monde - et l'engagement de Sebastian Wännström, revenus tous trois en Suède après diverses expériences en AHL, en sont des exemples flagrants. Cette étonnante politique de la main tendue, enrichissante tant pour l'individu que pour le groupe, se poursuit avec l'arrivée du défenseur Anton Cederholm et de l'ailier Sebastian Collberg qui, comme leurs trois compères, ont côtoyé la sélection nationale junior il y a peu.

Certains jeunes joueurs du RBK reviennent d'Amérique du Nord pour se relancer, d'autres, encore plus jeunes, n'ont pas encore traversé l'océan Atlantique et demeurent très convoités. Fierté de l'organisation, quatre joueurs se sont illustrés durant des camps de clubs NHL cet été : les Danois Nikolaj Christensen Krag et Mathias From, Filip Karlsson - qui retournera à Denver à la mi-septembre - et Gustav Olhaver. Mais s'il y a un joueur qui attire particulièrement l'attention, c'est le défenseur Timothy Liljegren, seulement 17 ans mais d'une maturité qui épate déjà les recruteurs NHL, à tel point qu'il est déjà placé au deuxième rang de la draft 2017 par plusieurs agences de scouting. Dixième joueur le plus jeune à faire ses débuts en SHL, Liljegren pourrait bien disputer sa première saison complète. La bonne réputation de Rögle en matière d'encadrement de jeunes talents devrait encore se confirmer et servir l'équipe dans ses performances.

À l'intersaison, Eldebrink avait plusieurs objectifs de recrutement. Il souhaitait un centre de premier plan, ce sera l'Américain Bryan Lerg, capitaine en AHL ces trois dernières années. Eldebrink met aussi un point d'honneur à améliorer le jeu de puissance. Le recrutement des jeunes en besoin de tremplin et du défenseur offensif Cade Fairchild, qui retrouve ses amis Jack Connolly et Taylor Matson, devrait y contribuer. Malheureusement, à trois semaines du début du championnat, Matson, un des moteurs de l'offensive scanienne, a trébuché sur une crosse et s'est fracturé la jambe lors d'un match de préparation contre Ambrì-Piotta. Son indisponibilité à long terme a précipité un recrutement de dernière minute - ce sera l'ex-NHLer Matt Fraser - afin de pouvoir préserver les nouvelles ambitions.

 

Malmö IF : entre ambition et impatiences

À l'image de son rival scanien Rögle, Malmö est parvenu à se classer hors de portée des deux derniers rangs synonymes de Kvalserien, une belle performance dix ans après leur dernière apparition en élite suédoise. Pour autant, hors de question de jouer le maintien tous les ans pour un staff et des fans qui se sont longtemps impatientés de la décennie purgée en Allsvenskan. Björn Hellkvist n'était plus vraiment l'homme de la situation, d'autant plus avec les ambitions désormais affichées. Peter Andersson lui succède au poste d'entraîneur, un personnage bien connu de la maison puisqu'il a participé au premier titre en 1992 en tant que joueur, et qu'il a occupé le poste de manager quand les Redhawks ont retrouvé l'élite il y a dix ans.

Il y a dix ans justement, Oscar Alsenfelt et Cristopher Nihlstorp étaient concurrents devant les filets de la section U20 de Malmö. Après des fortunes diverses, ils le seront de nouveau en 2016 avec l'équipe phare. Tous deux ont été moins en réussite la saison passée - particulièrement Alsenfelt, limité à sept matchs à cause d'une opération à la hanche - mais tous deux ont le potentiel pour (re)devenir des gardiens majeurs en SHL. Nihlstorp fut champion en 2015 avec Växjö et retrouve à Malmö deux autres acolytes de ce sacre : le défenseur Noah Welch et l'attaquant Rhett Rakhshani, qui ajoutent une vraie valeur ajoutée en terme de talent et de leadership. Le leadership, parlons-en puisque le centre Erik Forssell n'en manque pas, illico nommé capitaine du MIF après neuf années consécutives à Skellefteå. Le défenseur très offensif André Benoît (200 matchs en NHL et ancienne connaissance de la la SHL) est lui censé compenser l'absence prolongée de Derek Meech.

Ces recrues, ainsi que Robin Alvarez et Ilari Filppula, apportent incontestablement du punch à des Redhawks qui en manquaient cruellement, et elles ne devraient pas décevoir les 7800 habitués de la Malmö Arena. Car certaines déceptions ont limité la marge de manśuvre durant l'exercice précédent. TJ Galiardi et Peter Mueller en font partie mais, étrangement, cela ne les a pas empêchés de demeurer en contact avec la NHL cet été. On peut comprendre la méfiance du staff qui préfère désormais se focaliser sur des valeurs sûres et limiter ainsi les risques. Fabian Brunnström en a fait les frais. Promis à un bel avenir en NHL, Brunnström (31 ans) n'a cessé de décevoir durant sa carrière et son essai début septembre, après une année sans un seul match, n'a pas été concluant. Il est désormais au bord de la retraite, qu'a déjà prise Jeremias Augustins, également ancien Redhawk, à seulement 30 ans pour "manque de motivation". Le Malmö IF, décidé à progresser plus rapidement sur l'échiquier suédois, n'a que faire des joueurs en plein doute.

 

Karlskrona HK : une survie déjà remise en jeu

Grâce à une réussite insolente, Karlskrona, qui exerçait au quatrième niveau national il y a dix ans, était parvenu à intégrer la SHL en 2015, un résultat aussi remarquable qu'inattendu. Téléporté dans une dimension exigeante tant sportivement que structurellement, le KHK n'a pu se débarrasser de l'étiquette lanterne rouge. La lucane a souvent lâché des points bêtement, trop souvent incapable de tenir un résultat, jugez plutôt : l'équipe n'a gagné que 37% des matchs qu'elle menait après deux périodes et, durant 30 parties consécutives, le KHK n'a pas réussi à s'imposer dans le temps réglementaire. Autant dire que les fans de cette ville de l'extrême-sud du pays appréhendait la Kvalserien face au redoutable AIK.

C'était sans compter sur un coup de poker qui s'est révélé être un coup de maître. Sans contrat, le vétéran Johan Holmqvist a posé ses valises à Karlskrona à la mi-décembre. "Honken" est finalement arrivé à point nommé quand ni Fernström, ni Galbraith n'avaient convaincu devant les filets. Et en Kvalserien, le gardien de 38 ans a été magistral avec 96% de sauvetages contre l'AIK durant les cinq manches de la série. Holmqvist a assuré quasiment à lui tout seul le maintien à Karlskrona, mais saura-t-il rééditer de telles performances sur une saison entière ? Car si le KHK semble plus équilibré, cela semblera encore difficile d'éviter la Kvalserien. Une fois de plus, la direction fera confiance à des visages familiers de la SHL, avec quelques prises de risque qui, même si elles apportent satisfaction, n'en demeurent pas moins légères dans une ligue très concurrentielle.

Marcus Paulsson fait partie de ces profils, leader offensif à Färjestad et Davos avant de connaître des pépins de santé. Sa connexion avec l'efficace Mattias Guter devrait toutefois aboutir et sera intéressante à suivre dans une équipe qui a également recruté Morten Madsen pour sa riche expérience internationale. Comme Paulsson, le défenseur Mattias Karlsson a connu de belles années en SHL (HV71) avant de s'expatrier (KHL). Karlsson fait partie d'une stratégie qui privilégie le muscle puisqu'il s'associe aux autres géants Niklas Arell, David Printz et au récent champion de Suède de roller hockey Daniel Gunnarsson.

Une stratégie particulièrement risquée car la défense semble désormais manquer de mobilité. Le Karlskrona HK a obtenu un avertissement en préparation en subissant une humiliation 0-7 face au modeste Västervik, pensionnaire du troisième échelon la saison passée avant d'être promu en Allsvenskan. Cette déroute, guère rassurante, a provoqué la colère des fans et évidemment du coach Per Hånberg qui a imposé des séances de glace illico après le match. Le sauveur Holmqvist avait ses mots après le maintien acquis contre l'AIK : "Nous avons semé une graine, nous allons maintenant faire en sorte qu'elle se développe." Aura-t-elle le temps en SHL ?

 

Leksands IF : la cour des miracless

À bien des égards, le retour de Leksand en élite suédoise après un an d'absence semblait totalement illusoire. Le Leksands IF avait rencontré par le passé des problèmes économiques, frôlant la faillite, et des tensions internes qui avaient vu le départ du populaire Tommy Salo, ancienne gloire et manager de l'équipe. Le début d'exercice 2015-2016 a été catastrophique, ce qui a forcé le congédiement du coach Sjur Robert Nilsen. Le 23 novembre 2015, Per-Erik Johnsson reprenait les rênes de l'équipe, une décision judicieuse puisque "Perra" a donné une nouvelle impulsion au LIF qui a finalement terminé quatrième au classement et premier de la phase de qualification pour affronter MODO pour un ticket en SHL. Un superbe résultat qui pour beaucoup allait clore la saison car ils étaient très peu à attendre davantage. Surtout que le club de "Övik" avait un score cumulé de 9-0 après deux manches, menait la série 3-2 après une nouvelle démonstration 7-1 et tenait son maintien en menant 3-2 lors du septième match. Mais un but égalisateur à 52 secondes de la fin d'Ytterell (!) et un autre en prolongation de Montpetit - après une énorme boulette de l'arrière Rantakari - ont offert la SHL à une renversante équipe de Leksand. Ce retour au plus haut niveau, aussi incroyable qu'il puisse paraître, signifie beaucoup pour cette ville de Dalécarlie de 15 000 habitants où le hockey tient une place très importante.

Mais à l'image de Karlskrona il y a un an, l'euphorie doit céder au réalisme. Malgré une meilleure santé financière, l'organisation n'a pas eu les yeux plus gros que le ventre avec un recrutement parcimonieux, préférant opérer quelques retouches autour du groupe promu. Les Brock Montpetit, János Hári, Alexander Ytterell, Tommi Paakkolanvaara, Jon Knuts, Johan Porsberger auront encore un rôle majeur dans l'équipe, de même que les deux révélations de la saison dernière Olle Alsing (20 ans) - un défenseur offensif dans la lignée des ex-LIF Patrik Hersley et Linus Hultström - et l'ailier Johan Olofsson (21 ans), remarquable en playoffs et acquis définitivement après avoir été prêté par Färjestad.

Parmi les arrivées, signalons celles du défenseur Nichlas Torp - dans le camp perdant de MODO mais désormais ravi de retrouver son ami Lukas Bengtsson - du centre guerrier Jesper Ollas - revenu en Dalécarlie après cinq ans à Brynäs et désigné d'entrée capitaine - et de l'ancien Rouennais / Briançonnais éric Castonguay, qui a fait des débuts remarquables en Suède à Tingsryd lui permettant d'être propulsé au plus haut échelon suédois. Un temps intéressé par l'ancien gardien NHL Ben Scrivens, Leksand misera finalement sur Atte Engren, qui a évolué en KHL avec de bonnes performances. Elles seront cette fois-ci déterminantes pour assurer la survie en élite à Leksand, dont l'intérêt économique à l'esprit en fait l'équipe (sur le papier) la moins armée du championnat. Le sorcier "Perra" Johnsson pourra-t-il de nouveau réaliser des miracles en évitant au Leksands IF la lanterne rouge ?

 

 

Allsvenskan

 

Le MODO Hockey est donc désormais condamné à évoluer en Allsvenskan et l'objectif d'un retour instantané en SHL semblerait particulièrement présomptueux. D'abord parce que la relégation n'est pas vraiment étonnante. Depuis le titre de champion en 2007, le club d'Örnsköldsvik allait nulle part, privilégiant une politique de joueurs nord-américains qui n'a jamais donné satisfaction, bon nombre de ces recrues n'ayant pas donné satisfaction. Et les résultats catastrophiques des deux dernières années ont plongé MODO dans une situation financière particulièrement délicate qui a obligé cet été le club à formuler une demande urgente de subvention auprès de la municipalité. La ville de "Övik" a finalement accepté d'octroyer 630 000 euros mais l'organisation espérait le double.

MODO mal en point et s'appuyant uniquement sur quelques cadres dignes de confiance, la voie est royale pour l'AIK de Solna qui a connu les mêmes déboires par le passé. Performances calamiteuses, relégation, résultats financiers inquiétants, le club de la banlieue de Stockholm, qui a même dû passer par la phase de qualification pour rester en Allsvenskan au printemps 2015, n'a relevé la tête que la saison dernière. En grande partie grâce à un homme : Roger Melin, coach derrière la promotion en élite en 2010 et la dernière grande période de l'AIK. L'équipe évoluera désormais sans le gardien Gustaf Lindvall (Skellefteå) et ses deux jeunes flèches offensives Robin Kovacs et Malte Strömwall (tous deux partis tenter leur chance à New York) mais l'effectif a probablement gagné en homogénéité. Défait par Karlskrona pour participer à la SHL 2016-17, l'AIK est grand favori de l'Allsvenskan pour décrocher un ticket en SHL.

 

Nicolas Jacquet

 

 

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