Allemagne 2016/17 : bilan

 

La DEL et la DEL2 continuent de se disputer dans des arguties juridiques. De nouveau, comme l'exigeait l'accord entre les deux ligues, 6 clubs de DEL2 ont déposé un dossier prouvant leur capacité à monter (infrastructure suffisante et garantie bancaire de 816 000 euros), et de nouveau, la DEL a rejeté les dossiers. La première fois, les clubs de division inférieure avaient accepté les motifs du rejet (conformité de la patinoire de Ravensburg), mais cette fois, ils ont diligenté une contre-expertise qui a attesté la conformité de tous les documents remis, y compris la totalité des garanties de Bietigheim-Bissingen.

Les deux ligues ont donc convenu d'un arbitrage : procédure classique consistant à nommer un expert chacun, avant que les hommes s'accordent pour en désigner un troisième. Sauf que la procédure n'a même pas pu commencer. La DEL a refusé l'expert nommé par la DEL2 en le qualifiant de "biaisé". Elle semble tout faire pour retarder l'échéance du rétablissement de la promotion/relégation, qui risque désormais de ne pas survenir avant 2020... Les clubs de l'antichambre commencent sérieusement à s'agacer et parlent désormais d'être solidaires pour ne plus servir de "bouche-trou" si jamais une franchise de DEL capote de nouveau...

 

Les résultats du championnat allemand

 

Les clubs de DEL

 

Munich (1er) : le savoir d'un coach et le pouvoir de l'argent

Munich a tout pour devenir la nouvelle dynastie de la DEL. Et d'abord l'entraîneur, qui a déjà connu celle de Berlin. Don Jackson en est maintenant à 8 titres en 10 ans (!), en comptant son année autrichienne à Salzbourg. Les résultats parlent pour lui, mais les joueurs aussi : tous le décrivent comme un coach humain, qui prête attention à chacun et sait analyser leurs apports individuels. Même son collègue adverse, Pavel Gross, a salué en lui le "meilleur entraîneur" et le "gentleman" qui est venu partager une bière avec lui dans le bus de son équipe après l'avoir battu en finale.

L'équipe de Don Jackson a particulièrement impressionné en play-offs par ses unités spéciales. En particulier, elle a encaissé moins de buts quand elle était en infériorité numérique (3)... qu'elle n'en a marqué (4) ! C'est un effectif incroyablement dense et sans le moindre blessé qui a été sacré : 23 joueurs différents ont inscrit au moins un point pendant les play-offs, dont le gardien Danny aus den Birken. Celui-ci avait envie de repartir l'été dernier, mais cette saison, il a pris le meilleur sur son concurrent américain David Leggio. Il a donc vécu ce second titre consécutif comme titulaire et non plus depuis le banc.

Tout le monde a su mettre son ego de côté et servir l'équipe. Yannic Seidenberg a rendu des services en défense, poste occupé en NHL par son frère aîné Dennis. Yannic a certes fini la finale en attaque - avec une récompense de MVP - mais est désormais programmé à l'arrière pour le futur malgré son petit gabarit.

Qui arrêtera Red Bull et ses millions ? Probablement rien. Le retour d'Uli Hoeness à la présidence du Bayern Munich - prévu comme co-utilisateur pour son équipe de basket - a relancé le projet de nouvelle aréna dans le parc olympique. La multinationale des boissons énergétiques veut financer cash la construction, et se faire ensuite rembourser les loyers par ceux qui ont moins de fonds propres (le Bayern et la ville...).

 

Wolfsburg (2e) : on ne triche pas sur les valeurs

Donné pour mort à l'automne, finaliste au printemps. C'était déjà l'histoire de Wolfsburg la saison dernière, et elle s'est répétée de manière encore plus nette. La disparition des Grizzlys n'était plus seulement un bruit cette fois-ci, c'était un choix acté par Volkswagen et déjà annoncé en interne aux premiers employés.

L'intervention de la dernière chance du Maire de Wolfsburg, Klaus Mohrs, a alors retourné la situation : il a sonné plus haut dans l'organigramme et obtenu des dirigeants du groupe Volkswagen qu'ils déjugent la décision prise par la marque Volkswagen (qui sponsorisait directement le club depuis la saison dernière puisque le partenaire était historiquement Skoda). Le club a donc obtenu un soutien hiérarchiquement plus sûr, inespéré en ces temps de crise à la firme automobile à la réputation entachée. Au lieu des réductions programmées, le budget repartira même à la hausse.

Il n'y a pas meilleure représentante pour cette ville industrielle que cette équipe "ouvrière", qui doit tout au travail acharné et au sens du collectif inculqués par l'entraîneur Pavel Gross ? "Certains joueurs arrivent de Cologne ou de Mannheim et veulent nous montrer comment on joue au hockey, explique-t-il. Ça ne nous intéresse pas. Nous ne jouons pas au hockey, nous travaillons au hockey." Wolfsburg bâtit ses succès sur l'énergie déployée à chaque instant, à l'exemple du capitaine-modèle Tyler Haskins. Ici, contrairement à certaine marque de voitures, on ne triche pas sur les valeurs. Ceux qui les partagent progressent et deviennent des joueurs plus complets, comme le jeune international Gerrit Fauser qui a signé jusqu'en 2020.

 

Nuremberg (3e) : encore quelques points faibles

Chaque année, Nuremberg semble se rapprocher un peu plus d'un candidat au titre. Son attaque reste son atout majeur, et son duo-vedette continue d'impressionner : ni Patrick Reimer ni Steven Reinprecht ne semblent accuser le poids des ans. Les deux hommes ont encore dominé le classement des marqueurs, et Reimer a été élu MVP pour la troisième fois en quatre ans. S'il n'y avait pas un net favoritisme pour les joueurs allemands dans ces désignations, son le américain aurait mérité au moins une de ces couronnes.

Les Ice Tigers ont aussi démontré qu'ils avaient des joueurs de talent capables d'assumer un rôle offensif quand on le leur confiait. Leo Pföderl a ainsi éclaté comme le 4e marqueur de la ligue. Et quand il s'est blessé au premier match de play-offs, c'est alors Marco Pfleger qui s'est éclaté à sa place. Néanmoins, le potentiel offensif de ces jeunes Allemands a un revers : Nuremberg n'a jamais vraiment eu de quatrième ligne totalement fiable pour assumer pleinement un rôle plus défensif.

Une nette amélioration a été constatée dans les lignes arrières remaniées, avec le retour de Brett Festerling. Malheureusement, les deux autres joueurs majeurs à vocation défensive - Milan Jurcina et Colton Teubert - se sont blessés en fin de saison et ont manqué les play-offs. Les deux arrières importants avec un répertoire offensif étaient toujours là, mais si le spectaculaire Jesse Blacker était utilement mobile, le patinage de son collègue Danny Syvret était insuffisant et il a commis des erreurs coupables. Comme Blacker a été attiré par la KHL, le remplacement de ces deux hommes sera l'enjeu majeur de l'intersaison pour continuer à bâtir peu à peu un potentiel champion.

 

Berlin (4e) placé sous tutelle

Après avoir liquidé les Freezers de Hambourg, le Anschutz Entertainment Group (AEG) n'a plus qu'une seule équipe dont il doit s'occuper en Europe : les Eisbären de Berlin. Pendant longtemps, il s'agissait d'une acquisition exemplaire au sein de son portefeuille, qui remportait titre sur titre et faisait fructifier une pépinière de talents.

Mais depuis cinq ans, les Eisbären ont perdu leur constance. La crise s'est encore amplifiée cette année : 12e attaque seulement sur 14 participants au championnat ! Une inefficacité incompréhensible de la part de joueurs de valeur qui se sont éteints au fur et à mesure de leurs longs parcours de la capitale (notamment Barry Tallackson dont la dernière année de contrat sera résiliée). Les renforts de haut niveau (comme Kyle Wilson) n'ont pas non plus aidé à trouver le chemin des filets.

Le groupe Anschutz, déjà bien occupé par les problèmes de sa vitrine (des Los Angeles Kings en fin de cycle), a donc eu un problème de plus sur les bras. Il a bien été obligé de constater que tout ne roulerait pas tout seul comme avant sans lâcher des moyens financiers supplémentaires. Mais en contrepartie, le club est surveillé de beaucoup plus près. Stéphane Richer, toujours sous contrat avec AEG depuis la fin des Freezers, a été envoyé en bon connaisseur de la DEL. Le directeur Luc Robitaille est venu lui-même se pencher au chevet des Eisbären. Des entraîneurs ou consultants divers sont régulièrement envoyés depuis la Californie. Même si la résurrection inattendue en play-offs a pu sauver les apparences, les dirigeants un peu désavoués n'ont plus la même autonomie.

 

Mannheim (5e) : l'élan brisé

Après une série de 12 victoires consécutives, Mannheim était devenu le favori et l'équipe à battre en DEL. Il ne restait plus que le dernier match de saison régulière face à Straubing pour assurer la première place... mais la défaite inattendue allait être lourde de conséquences. Au lieu du promu Bremerhaven, les Adler ont dû affronter en quart de finale une bête blessée, l'ours blanc berlinois, qui avait encore des griffes aiguisées. L'élimination en prolongation du septième match a été très difficile à avaler. "La défaite la plus dure de [sa] carrière selon l'entraîneur Sean Simpson, qui a pourtant connu une finale mondiale avec la Suisse.

Deux joueurs, qui passaient récemment pour les meilleurs de la ligue à leur poste, ont particulièrement peiné cette saison, et ont fini par perdre leur place en équipe d'Allemagne juste avant le Mondial à domicile. Le gardien Dennis Endras s'est vu imposer un concurrent en club (Drew McIntyre) et a vu sa place de titulaire fragilisée. Le défenseur Sinan Akdag a non seulement marqué moins de points, mais il a surtout commis bien plus d'erreurs, avec une conduite de palet laissant de plus en plus à désirer.

 

Cologne (6e) : le gâchis de l'affaire Hager

Le hockey sur glace professionnel est un business impitoyable et l'arrivée de Christian Ehrhoff à Cologne l'a démontré. Les supporters de Krefeld ont regretté que leur idole ne rentre pas à la maison, mais ils ne sont pas les seuls perdants. Les lignes arrières des Haie étaient déjà complètes quand le défenseur offensif revenu de NHL a débarqué, et cela a donc coûté sa place à un titulaire : Torsten Ankert, combattant de devoir qu'on pensait parti pour faire toute sa carrière au club mais qui a été envoyé en tribune et poussé vers la sortie.

C'est cependant une autre éviction, plus brutale, qui a mis le feu aux poudres dans le vestiaire. Au beau milieu du quart de finale contre Wolfsburg, Patrick Hager a été suspendu de l'équipe pour "motifs internes". On venait juste d'apprendre qu'il avait signé pour le concurrent Munich... à partir de 2018. Cette sanction à l'encontre de Hager a été publiquement critiquée par son coéquipier Kai Hospelt à la télévision. Et les Haie n'ont pas renversé la situation en son absence.

L'affaire Hager aura finalement été un grand gâchis. La polémique a sans doute coûté son poste au directeur général Peter Schönberger, évincé par l'actionnaire principal avec lequel il avait repris le club mal en point en 2010. Il s'est vite recasé dans le club de handball de Gummersbach, un concurrent pour la conquête des sponsors locaux. Quant à Hager, il a fallu se résoudre à rompre son contrat avec un an d'avance pour le laisser filer chez le rival. Cela laisse un très gros trou au centre de la première ligne, où il était entourée de Philip Gogulla et de Ryan Jones. Or, c'était la seule ligne qui portait l'offensive, car les recrues étrangères n'ont pas été dominantes dans les domaines pour lesquels elles avaient été engagées (l'efficacité offensive pour Sam Reinhart, l'impact physique pour Dane Byers et Travis Turnbull).

 

Augsbourg (7e) : la panthère n'avait jamais eu les griffes si longues

Sixième lors de la saison régulière : cela faisait 47 ans qu'Augsbourg n'avait pas connu de telles altitudes. Personne n'aurait parié là-dessus, encore moins quand les Panthères étaient derniers à la mi-octobre. Plusieurs joueurs ont surpassé les attentes. Le gardien venu de DEL2, Jonathan Boutin, a largement fait taire les critiques injustes formulées avant même de le voir jouer (au point qu'il avait dû fermer sa page Facebook !). La recrue de dernière minute en provenance d'AHL, Trevor Parkes, a amassé 50 points play-offs inclus.

L'incroyable réussite des félins porte surtout la patte du coach Mike Stewart, qui n'a curieusement pas été élu entraîneur de l'année. Le lauréat Rob Wilson (Nuremberg) avait un effectif bien plus coté à disposition. Stewart aurait pu prendre sa "revanche" en quart de finale, mais après avoir mené 3 victoires à 2, Augsbourg s'est incliné en sept manches.

Une occasion unique perdue, comme lors de la finale 2010 ? Peut-être pas cette fois. Les Panthères, qui avaient l'habitude de perdre leurs meilleurs joueurs, ont fait en sorte de garder leur équipe presque intacte et veulent donc s'installer durablement dans ce territoire de chasse nouveau qu'est le haut du tableau.

 

Bremerhaven (8e) : le meilleur promu de l'histoire de la DEL

L'autre équipe-surprise de la saison n'aura pas les moyens de garder les joueurs qu'elle a révélés : ni son gardien Gerry Kuhn, aux performances inattendues, ni sa première ligne bâtie sur la vision du jeu de Rob Beardson, la technique de Jeremy Welsh et bien sûr le sens instinctif du but de Jack Combs, meilleur buteur de DEL avec ses 27 filets.

Tous auront néanmoins su déjouer tous les pronostics au cours de leur passage. Bremerhaven n'envisageait pas sérieusement l'accès aux pré-playoffs. Certes la barre de qualification a été plus basse que jamais, mais les Fischtown Pinguins ne se sont pas contentés de passer par la petite porte : ils ont ensuite éliminé Ingolstadt (vieil adversaire fétiche battu en finale de 2e Bundesliga en 2002) pour accéder aux quarts de finale.

Le port de pêche Bremerhaven a donc pris place sur la carte du hockey d'élite, avec un modèle plus durable que Hambourg qui lui a laissé la place par son retrait : pas de grande multinationale aux manettes, mais un tissu économique local solidaire et un public très mobilisé. Un petit club bien géré, en somme, comme il y en a de plus en plus en DEL, et qui fonctionne mieux que des créations artificielles, même s'ils ont forcément peu de chances de rivaliser avec les grosses équipes.

 

Ingolstadt (9e) : le manager était-il le seul responsable ?

Le résultat est identique à la saison précédente pour Ingolstadt : un bilan légèrement négatif en saison régulière (76 points, 2 en dessous de la moyenne) et une élimination peu glorieuse en deux manches sèches en pré-playoffs. Nettement insuffisant au regard des ambitions du club. Déjà contesté par les supporters l'été dernier, le manager Jiri Ehrenberger en a fait les frais. Piètre communicateur, il a été perpétuellement critiqué pour son recrutement.

Protégé par le "fusible" Ehrenberger, le vestiaire n'est peut-être pas non plus tout blanc. Le travail défensif des attaquants a souvent laissé à désirer, et les arrières ont très mal protégé leur cage : Patrick McNeill et Benedikt Kohl notamment ont régressé. Kohl y a perdu sa place en équipe nationale, tout comme le gardien Timo Pielmeier, trop inconstant et paraissant parfois peu concentré. Un constat qui peut s'appliquer à tous ses coéquipiers.

 

Straubing (10e) : la mutation du Nouvel An

Larry Mitchell découvrira la pression qui pèse sur le manager d'Ingolstadt, lui qui a vécu jusqu'ici dans des "petits clubs". À Straubing, où il occupait la fonction différente de coach, il a réussi son passage avec deux qualifications en pré-playoffs en deux ans. Objectif atteint. La chose n'avait rien d'évident quand les Tigers étaient derniers en octobre, et encore avant-derniers le 29 novembre.

Straubing a su retourner particulièrement la situation à partir du Nouvel An, moment à partir duquel le défenseur James Bettauer a pris confiance en powerplay pour marquer 10 buts en deux mois. Une transformation inattendue car il était très peu convaincant jusque là, à cause de son style de patinage bizarre qui le fait peut-être paraître plus lent qu'il n'est. Pas de quoi compenser quand même la blessure du pur buteur Jeremy Williams, dont le tir du poignet aura manqué pour espérer créer la surprise face à Berlin en pré-playoffs.

 

Düsseldorf (11e) : déclin des cadres vieillissants

Après deux belles saisons, la dynamique de Düsseldorf s'est de nouveau brisée. La DEG avait retrouvé les sommets grâce à l'enthousiasme de ses jeunes, mais elle s'est plombée en cherchant des joueurs d'expérience censés mieux les encadrer. Sans filière de recrutement, elle n'a attiré que des vétérans de DEL en fin de carrière (Milley, Minard, Conboy, Courchaine). Le contrat de trois ans accordé à Alexander Barta a été le plus critiqué : soupçonné d'avoir le plus gros salaire, le centre allemand de 33 ans n'a pas justifié les attentes avec 12 maigres points et une fiche de -13.

Barta a même été envoyé en tribune au moment où Düsseldorf a lancé son sprint final (6 victoires dans les 7 dernières rencontres) qui a failli accrocher les play-offs. Cette tardive résurrection correspondait comme par hasard au retour au jeu de l'indispensable capitaine Daniel Kreutzer, qui s'était blessé à l'épaule début octobre. Malheureusement, les séquelles de cette blessure sont telles que la carrière du symbole du club pourrait être définitivement compromise. On lui gardera une place au cas où. Son frère Christoph Kreutzer n'aura pas cette chance, viré de sa double fonction d'entraîneur et de directeur sportif après cette saison ratée.

Néanmoins, le candidat idéal Larry Mitchell a tourné le dos à la proposition de Düsseldorf pour signer à Ingolstadt. Le directeur sportif sera donc Niki Mondt, un ancien joueur sans vraie expérience ni réseau à ce poste. La professionnalisation promise de l'encadrement est peut-être un voeu pieux dans ce club "familial".

 

Iserlohn (13e) : les limites de l'intégration

Iserlohn savait qu'il serait impossible de répéter sa saison exceptionnelle après le départ de plusieurs joueurs-clés, mais ne se doutait pas à quel point. Deux recrues ont donné satisfaction : Blaine Down a mené l'offensive, et Troy Milam en a fait autant dans les lignes arrières avec son gros slap. Mais c'est tout.

La force des Roosters résidait jusqu'ici dans leur capacité d'intégrer tous les caractères dans le vestiaire. C'était avant de tomber sur un os : Ashton Rome. Son caractère difficile était connu, mais il est arrivé avec 10 kilos de trop et a vite excédé ses collègues par des problèmes privés ("sa femme ne s'est fait pas que des amis ici", a-t-on commenté à son départ). Deux trentenaires passés par la NHL ont eux aussi été écartés de l'équipe quelques mois plus tard : Blair Jones, trop individualiste sur la glace, et Matt Halischuk, le remplaçant de Rome qui ne distinguait guère. Iserlohn a donc compris qu'il valait mieux orienter son recrutement vers des jeunes plus motivés, ce qui lui avait réussi par le passé.

 

Schwenningen (13e) : la confiance aux jeunes commence à payer

Si Will Acton a continué à mener l'offensive de Schwenningen, il était sans doute un peu seul. On s'en doutait, mais les 25 buts de Damien Fleury - parti en KHL l'été dernier - n'ont jamais été compensés. Son successeur Jérôme Samson en a inscrit moitié moins. Les play-offs restent donc encore hors de portée.

La saison a néanmoins été positive car les Wild Wings ont commencé à récolter les fruits de leur modèle : faire confiance à des jeunes qui n'avaient pas eu leur place ailleurs. À 26 ans, Marc El-Sayed risquait d'être définitivement oublié après une dernière saison à 1 point seulement à Nuremberg. Le club de la Forêt-Noire lui a donné sa chance et El-Sayed s'est imposé aussi bien aux mises au jeu que dans le slot jusqu'à finir deuxième marqueur de l'équipe ex-aequo avec Samson (13 buts, 11 assists).

Le gardien Dustin Stahlmeier a parfaitement profité de la blessure du vieux Canadien Joey McDonald en préparation pour démontrer qu'il avait l'étoffe d'un titulaire. Enfin, Tim Bender (22 ans) a énormément progressé en défense... au point que Schwenningen poussera encore plus loin le rajeunissement. Le capitaine et ex-international Sascha Goc (38 ans), dont le slap puissant ne fait plus recette, n'a pas reçu de nouvelle proposition. Cette figure marquante formée au club a donc été poussée à la retraite.

 

Krefeld (14e) : pas de plan B derrière les stars

Après avoir tant espéré le retour de Christian Ehrhoff, Krefeld ne s'est jamais vraiment remis de sa "trahison". Il restait une défense faible, dont les éléments géraient mal les prises de risque et mettaient leur équipe en danger. L'attaque n'était pas meilleure : les stars Marcel Müller et Daniel Pietta ont été corrects mais pas dominants, et leurs collègues n'étaient pas plus efficaces. Ce ne sont pas les gardiens Patrick Galbraith et Niklas Treutle, irréguliers, qui ont relevé le niveau.

La saison est donc partie à vau-l'eau en décembre pendant une inextricable série de neuf défaites. Le jeune entraîneur Franz Fritzmeier a renvoyé les titulaires habituels dont le niveau était le plus limité (Steve Hanusch et Norman Hauner recasés en division inférieure), mais une semaine plus tard, c'est lui qui a été mis dehors. Son prédécesseur Rick Adduono est revenu sur le banc sans pouvoir enrayer la tendance. Les fans n'ont accordé qu'une seule ovation cette saison : au dernier match - gagné pour l'honneur - pour saluer la retraite de l'ex-international letton Herberts Vasiljevs après 639 matches pour le club.

 

 

Les clubs de DEL2

 

Premier : Francfort. Si le précédent champion - le rival Kassel - avait vu son équipe s'éparpiller, Francfort a encore ses principaux joueurs sous contrat : le gardien Brett Jaeger, décevant pendant ses trois premiers mois puis décisif ensuite, le meilleur marqueur des play-offs Nils Liesegang, et la meilleure ligne de DEL2, composée du meneur offensif Matt Pistilli (titré pour la seconde année après avoir été champion du Danemark), de C.J. Stretch, à la précision de tir remarquable, et du joueur de complément Brett Breitkreuz.

Francfort peut donc s'installer comme club dominant de DEL2, et commence à envisager de retourner plus haut. Comme Bietigheim, les Löwen ont déposé un dossier pour la DEL 2017/18 avec une caution de 100 000 euros au cas où une place se libèrerait, initiative qui avait souri à Bremerhaven l'an passé. Mais même si le staff de Francfort a essayé de propager la rumeur d'une défaillance de Krefeld à ses joueurs, il semble qu'aucune place ne s'ouvrira cette fois.

 

Deuxième : Bietigheim-Bissingen. L'impatience est aussi patente à Bietigheim-Bissingen. Les affluences en déclin prouvent que le public se lasse de dominer la DEL2, avec une cinquième finale de suite, et attend un autre défi. En plus de la candidature "au cas où" pour la prochaine saison, les Steelers ont donc évidemment été parmi les six clubs à déposer un dossier virtuel de montée, mais c'est justement une de leurs garanties bancaires dont la DEL conteste la validité !

Le club le plus en pointe a donc fragilisé la position de toute la ligue. Fragiles, les Steelers l'ont encore été cette saison avec des blessures à répétition. Il est peut-être temps qu'ils se décident à passer à quatre lignes comme la majorité de leurs adversaires, et à rajeunir les cadres. Cela pourrait aussi aider la perspective de DEL à moyen terme.

 

Troisième : Kassel. Les Huskies se sont installés dans le haut du tableau, toujours emmenés par le capitaine Manuel Klinge. L'enfant du pays a fini meilleur marqueur de l'équipe, y compris parce que les étrangers n'étaient pas du même niveau que leurs prédécesseurs.

Tellement habitué à gagner les derbys qui comptent (dès le match d'ouverture de la saison devant 30 000 spectateurs dans le stade de Francfort), Kassel s'est pourtant cette fois incliné devant son rival de toujours, en quatre manches sèches lors de la demi-finale.

 

Quatrième : Kaufbeuren. Après trois années à obtenir le maintien in extremis, l'ESVK a vécu une saison de pur bonheur. On savait que Stefan Vajs pouvait être le meilleur gardien de la division s'il était enfin épargné par les blessures.

En ouvrant la piste finlandaise, puis en la renforçant avec l'excellent joker Sami Blomqvist en décembre, Kaufbeuren a aussi bénéficié de bons étrangers, tous en attaque puisque le capitaine Sebastian Osterloh, redescendu de DEL dans son club formateur, se chargeait de contrôler la défense. Le jeu intensif au forechecking agressif prôné par le nouvel entraîneur Andreas Brockmann a déstabilisé pas mal d'adversaires et a permis aux jeunes joueurs d'exprimer leur patinage et leur envie.

 

Cinquième : Dresde. Bill Stewart s'est énervé par moments. L'entraîneur à fort tempérament a critiqué le rendement de ses joueurs, il a changé le capitaine et ses deux assistants au milieu de la saison, il a même renvoyé l'international slovène Marcel Rodman (vite recasé à Bietigheim). Au final, il a atteint son objectif, être dans le top-4 de la saison régulière. Mais affaiblis par les blessures des deux meilleurs buteurs Martin Davidek puis Brendan Cook, les Eislöwen se sont inclinés au septième match du quart de finale contre Kaufbeuren.

C'est assez pour que Stewart, frustré de ce dénouement, fasse un retour remarqué et inattendu en DEL - en signant à Straubing - six ans après avoir quitté la ligue pour ce qu'on pensait être la dernière fois.

 

Sixième : Weißwasser. Le nouvel entraîneur finlandais Hannu Järvenpää a obtenu ce qu'il voulait, une équipe combative à chaque match. Avec des moyens financiers limités et un recrutement moins tapageur, les "Lausitzer Füchse" (renards de Lusace) ont intégré le top-6 et se sont directement qualifiés en play-offs.

Järvenpää a su motiver un vestiaire où les jeunes peuvent prendre exemple sur le parcours de Dennis Swinnen. Parti juste avant ses 14 ans à Cologne, dans un pays dont il ne comprenait pas la langue, le Belge s'est surtout formidablement développé pendant ses trois saisons en Saxe, de simple joueur de quatrième ligne jusqu'à devenir à 23 ans le meilleur marqueur de l'équipe. Il a signé en DEL à Ingolstadt pour poursuivre cette progression.

 

Septième : Fribourg-en-Brisgau. Les supporters de Fribourg sont parmi les plus difficiles à contenter, et une réunion avec les fans a d'ailleurs été organisée début novembre pour faire le point sur les performances en dents de scie. Le fameux gardien tchèque Lukas Mensator n'avait rien de transcendent et l'ex-attaquant hongrois Marton Vás - qui a pris sa retraite en fin de saison - était logiquement plus à l'aise dans le répertoire de défenseur offensif que dans sa propre zone. Le classement n'avait pourtant rien de catastrophique, mais les attentes étaient peut-être fortes pour la deuxième saison après la montée, toujours la plus difficile.

Les espoirs les plus élevés ont été atteints et même dépassés avec une septième place pour le moins inattendue. L'ancien "enfant terrible" du hockey tchèque Radek Duda, réputé pour sa propension à accumuler les pénalités stupides, a fini par se signaler aussi par des buts importants et a même obtenu un nouveau contrat. Pour durer, les Wölfe devront maintenant surtout digérer le départ de le meilleur marqueur formé au club Niko Linsenmaier, qui a logiquement choisi de tenter sa chance en DEL à Krefeld.

 

Huitième : Bayreuth. La belle histoire de Bayreuth continue. Après sa montée inattendue, le promu voulait surtout ne pas être ridicule et éviter la dernière place en ayant gardé la majorité de son effectif. Il a fait bien mieux en terminant huitième.

Le système à vocation offensive mis en place depuis la Bayernliga - soit deux divisions plus bas - par l'entraîneur Sergei Wassmiller fonctionne toujours, et le meilleur marqueur est le même qu'à l'époque, le Tchèque Michal Bartosch. Il mène un collectif soudé que le jeune Russe impatient Fedor Koloypalo, de moins en moins impliqué, a fini par quitter à mi-saison. Le renfort-clé aura été le gardien tchèque Michal Vosvrda, qui a dû d'abord s'adapter au grand nombre de tirs reçus pour se montrer ensuite décisif.

 

Neuvième : Riessersee. Longtemps parti pour une belle saison, le SCR a été frustré par sa série de pré-playoffs face à Bayreuth : début dramatique avec la rupture des ligaments croisés de Mattias Beck après 28 secondes, fin dramatique avec le but décisif encaissé à 8 secondes de la fin du troisième match.

Le drame principal est cependant survenu après la fin de la saison quand Ralph Bader, qui a dirigé le club depuis treize ans à travers des temps difficiles, a été viré par le propriétaire Udo Weisenburger. C'est Bader qui avait fait venir Weisenburger il y a trois ans, avant de lui céder l'autre moitié de ses parts l'été dernier. Mais Weisenburger, qui reproche à Bader des notes de frais abusives, a déclaré prendre ses responsabilités de patron. Ce licenciement se règlera devant la justice, mais une question reste : les sponsors, tous amenés par Bader, resteront-ils fidèles ? Pour le reste, comme Weisenburger connaît peu de choses au hockey, il a confié l'aspect sportif et le recrutement à Tim Regan, ancien joueur-vedette puis entraîneur depuis deux ans.

 

Dixième : Ravensburg. Habitué du haut du tableau, Ravensburg s'est vite retrouvé dans une position bien plus inconfortable. Même la qualification en pré-playoffs ne paraissait plus une évidence. L'entraîneur Daniel Naud a donc été limogé fin octobre pour faire place à Toni Krinner.

Désireux de reprendre vite son métier après une chimiothérapie, Toni Krinner a remis l'équipe sur les rails. Jusqu'à ce jour de fin février où il a annoncé devoir se faire opérer de calculs rénaux en promettant de revenir la semaine suivante... On ne le revit pas. Au lieu de cela, on apprit sa mort, à 49 ans, d'une résurgence de son cancer. Une nouvelle terrible qui rendit le bilan sportif anecdotique.

 

Onzième : Bad Nauheim. En quatre années depuis la montée, les Rote Teufel (diables rouges) ont manqué la qualification trois fois. Le gardien finlandais Mikko Rämö, décisif l'an passé, a été moins impressionnant cette fois et n'a pas réussi d'exploits. Il s'en est fallu de peu - un point - mais le club de Hesse a tutoyé ses limites.

Avec des affluences qui plafonnent et des infrastructures vieillissantes, Bad Nauheim cherche d'autres ressources et a lancé cet hiver un financement participatif sur internet (crowdfunding). Le succès - 80 000 euros recueillis - a convaincu les dirigeants d'en lancer un autre cet été afin de financer un nouvel écran géant.

 

Douzième : Heilbronn. Repêché deux fois après une relégation sportive, Heilbronn a cette fois obtenu son maintien sur la glace. La saison régulière paraissait se diriger vers une nouvelle dernière place, jusqu'à l'arrivée d'Andrew Hare en décembre. L'ancien gardien de Morzine-Avoriaz a glané des victoires et rassuré l'équipe.

Le fonds de jeu restait toutefois contesté, et l'entraîneur Fabian Dahlem, arrivé en cours de saison dernière, a été viré à son tour fin février. Son adjoint autrichien Gerhard Unterluggauer a alors fait ses premières armes comme coach et commencé sa carrière par une belle victoire sur Rosenheim au premier tour des barrages de maintien. Les Falken ont donc pu souffler bien plus tôt que d'habitude.

 

Treizième : Crimmitschau. Il y a un quart de siècle, juste après la réunification du pays, Crimmitschau, frustré de haut niveau pendant deux décennies par décision des autorités est-allemandes, était la nouvelle attraction populaire du hockey allemand en rassemblant jusqu'à 6000 spectateurs. Vingt-cinq ans plus tard, il en reste moins de 1000 dans les tribunes... Où est passé le public ? Il a déménagé d'une région désertifiée, il est parfois mort, ou du moins il a tellement vieilli qu'il n'est guère disposé à se rendre dans une patinoire aux conditions de confort spartiates...

On avait donc l'impression de plus en plus nette que le glas devait sonner à l'issue de cette saison noire avec deux entraîneurs consommés (Chris Lee puis John Tripp). Et puis, les Eispiraten se sont maintenus miraculeusement en barrage de relégation contre Rosenheim. Les vétérans ont fait l'ultime effort pour sauver l'essentiel, à l'instar du vieil attaquant slovaque Ivan Ciernik, finalement conservé une saison de plus.

 

Quatorzième : Rosenheim. On n'aurait pas cru que l'épée de Damoclès de la relégation pût tomber sur Rosenheim. Ce club stable de milieu de tableau a vu saison totalement gâchée par une épidémie de blessures. Il ne pouvait plus aligner quatre blocs, ce qui avait toujours fait la grande force de son système de jeu avec un patinage énergétique. L'équipe paraissait encore avoir une marge suffisante pour se maintenir, mais alors que les adversaires de bas de tableau avaient tous investi une place d'étranger pour un gardien, les jeunes portiers Timo Herden et Lukas Steinhauer ont un peu peiné à soutenir la comparaison.

L'entraîneur Franz Steer avait construit cette équipe depuis neuf ans en la faisant monter à ce niveau et en l'emmenant même une fois en neuf ans. Tout en saluant le travail accompli, les dirigeants ont pourtant décidé de le virer après cinq manches au premier tour des barrages de relégation. Un choix surprenant qui a plus déstabilisé l'équipe qu'elle ne l'ai aidée. Le choc psychologique, c'est surtout Steer qui l'a vécu en apprenant la nouvelle. Avec une équipe junior au plus haut niveau, dont beaucoup de membres ont intégré l'équipe première, Rosenheim a de quoi rebondir et mérite de revenir vite en DEL2.

 

 

Oberliga

 

Pour la deuxième année consécutive, les invités néerlandais de Tilburg ont gagné l'Oberliga, sans avoir le droit de monter au niveau supérieur. La promotion a donc échu une fois de plus au finaliste, et c'est de nouveau une équipe un peu inattendue, Bad Tölz. Le club de Haute-Bavière devra se frotter à la DEL2 avec un nouvel entraîneur, puisqu'il a laissé partir Axel Kammerer - qui a structuré son jeu - vers le rival Landshut, mais aussi avec un nouveau gardien : décisif dans cette montée, Markus Janka arrête à 37 ans pour s'occuper de ses deux enfants en bas âge et reprendre l'entreprise de son père dans la gestion des déchets.

Les play-offs ont de nouveau viré à l'hécatombe pour les ambitieux favoris Duisburg et Regensburg. L'évènement de la saison d'Oberliga a surtout été le succès d'estime du nouveau porte-flambeau du hockey à Hambourg, les Crocodiles. L'ancien capitaine des Freezers, Christoph Schubert, a su mobiliser les fans autour du projet du club en plus d'être évidemment le meilleur défenseur du championnat. L'équipe hanséatique a aussi engagé le meilleur duo d'étrangers de l'Oberliga Nord, avec Brad McGowan et Josh Mitchell. L'enjeu suivant sera de densifier l'effectif pour pouvoir durer et viser plus haut.

 

Marc Branchu

 

 

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