Grenoble : tout pour l’attaque !

 

Battus en demi-finale par Rouen en 7 matchs lors de la saison précédente, les Brûleurs de Loups avaient pour ambition de faire mieux la saison dernière, avec le titre en ligne de mire. Un recrutement "costaud" avec Côté, Champagne, Legault, Dame-Malka et Giroux notamment devait leur permettre de s’imposer physiquement dans les rudes batailles de play-offs pour les mener jusqu’en finale, voire ramener la Coupe Magnus sur les bords de l’Isère.

Paradoxalement, c’est surtout en saison régulière que les Grenoblois se sont illustrés la saison dernière avec à la clé une première place acquise de haute lutte face à Rouen lors de la dernière journée disputée sur l’Ile Lacroix. Mais à l’image d’Alexandre Giroux, meilleur compteur de la saison régulière et transparent en play-offs, les Brûleurs de Loups ont peiné à trouver la bonne carburation lors des phases finales.

Une première alerte était survenue au mois de novembre lorsque coup sur coup Grenoble ratait sa demi-finale de Coupe Continentale à Renon (avec trois défaites et seulement un petit but marqué en trois matchs !) et se faisait éliminer en huitième de finale de la coupe de France par Gap. Deux objectifs majeurs du club partaient en fumée la même semaine avec l’espoir d’organiser le carré final de la Coupe Continentale.

Bis repetita en play-offs où les Brûleurs de Loups ont peiné en quart de finale face à Mulhouse, buttant inlassablement sur le portier des Scorpions Martin Surek avant de finalement faire la différence dans la série grâce à une plus grande profondeur de banc (4-2). Ce fut encore plus compliqué en demi-finale face à Bordeaux, à l’effectif beaucoup plus dense que celui de Mulhouse. Il aura fallu aller jusqu’au bout des sept matchs de la série (dont quatre après prolongations !) alors que les Boxers accumulaient les blessés pour que Grenoble valide enfin son billet pour la finale, la première depuis 2012.

Mais, usés par ces rudes batailles, les Brûleurs de Loups n’avaient pas assez de jus pour défier les Dragons de Rouen. Ils s’inclinaient finalement sur le score sec de 4 matchs à 0, un score sévère car les deux défaites à Rouen survenaient après prolongation alors que Grenoble menait au score. Des prolongations d’ailleurs fatales aux Isérois dans ces play-offs qui en ont perdu 6 sur les 8 disputées !

Dès lors, que retenir cette saison des Brûleurs de Loups ? Certains y verront une progression régulière depuis trois ans puisqu’après un quart en 2015/16, une demi-finale en 2016/17, les Brûleurs de Loups ont retrouvé la finale de la Ligue Magnus. Mais beaucoup sont restés sur leur faim au terme d’une saison frustrante que Grenoble termine sans titre si ce n’est le symbolique Trophée des Champions gagné à Gap en début de saison. Loin donc des objectifs annoncés et surtout du potentiel affiché par cette équipe sur la glace tout au long de la saison mais qui a flanché dans les moments-clés.

En partant de ce constat, le staff grenoblois (Jean-François Dufour manager, Edo Terglav entraîneur en chef toujours sous contrat) avait les cartes en main pour rebâtir un effectif plus conquérant.

Des départs plus nombreux que prévu

Si le cru 2017/18 n’a pas atteint les objectifs fixés, il fut en revanche un bon exemple de cohésion et d’entente entre les joueurs. Un groupe qui vit bien donc et qu’on pourrait être tenté de ne pas trop toucher. Sauf que comme lors de chaque intersaison, il y a les départs souhaités et ceux qui s’imposent d’eux même. Parmi les départs qui ne souffraient pas de discussion, deux grandes déceptions de la saison. L’attaquant Alexandre Giroux, d’abord, a semblé toute la saison peiner à trouver le bon rythme. Arrivé avec un CV long comme le bras, il n’a pas vraiment pesé sur les matchs malgré un titre de meilleur compteur de la saison régulière en trompe l’œil. Trop lent dans le repli défensif, rarement capable d’accélérer le jeu, il est apparu usé et au bout du rouleau durant les play-offs qu’il a traversés comme un fantôme.

L’autre grande déception de la saison fut le défenseur international Olivier Dame-Malka. L’ancien "mal aimé" de Pôle Sud est arrivé à l’automne pour pallier les blessures longe durée de Teddy Trabichet et Jean-Philippe Côté. Son apport principal devait être son impact physique dans les bandes et son puissant lancer qui devait faire la différence en power-play. L’un et l’autre devaient lui permettre de regagner le cœur des supporters grenoblois mais ces derniers ont surtout vu de sa part une accumulation de fautes bêtes et de pénalités coûteuses dans les moments importants. La greffe n’a pas pris au point qu’il fut contraint de suivre le dernier match de la série finale contre Rouen depuis le banc. Giroux comme Dame-Malka sont repartis en Amérique du Nord, faute d’avoir pu retrouver un club en Europe (malgré un essai avorté pour raisons financières à Lyon pour Dame-Malka).

En dehors de ces départs évidents, le staff grenoblois a dû subir la décision personnelle de plusieurs joueurs cadres qu’il faudra évidemment remplacer : le défenseur Jean-Philippe Côté, blessé une bonne partie de la saison mais revenu en forme pour les play-offs, a longtemps hésité avant de rempiler. Finalement une offre de reconversion du staff des San José Sharks en NHL l’a convaincu de raccrocher les patins et de se lancer un nouveau défi. David Rodman, le maître à jouer de l’équipe, a choisi de retourner en Slovénie pour raisons essentiellement familiales. Parfois spectaculaire et brillant, il lui est arrivé de disparaître certains soirs, semblant manquer de rythme en fin de saison, surtout après avoir disputé les Jeux Olympiques avec l’équipe nationale de Slovénie. Son départ laisse tout de même un grand vide dans l’attaque grenobloise. Mais un autre départ, encore plus inattendu, laisse aussi un trou béant : celui du défenseur offensif Kyle Hardy qui a une nouvelle fois explosé les statistiques offensives pour un défenseur. Promu capitaine en l’absence de Teddy Trabichet, il a finalement cédé à une offre "qui ne se refuse pas" de Zagreb pour jouer en EBEL. Au-delà de son apport offensif – notamment dans la série de demi-finale contre Bordeaux – c’est aussi dans le vestiaire qu’il faudra remplacer le très aimé Kyle Hardy.

Le staff grenoblois n’a pas souhaité prolonger son jeune défenseur finlandais Joona Kunnas malgré une saison prometteuse finie tristement sur le banc lors des play-offs au retour de Côté dans l’alignement. En revanche, il a dû subir le départ de plusieurs joueurs tricolores importants qui laisse un vide dans le contingent si précieux des "JFL" : Aziz Baazzi qui n’a pas résisté à l’appel de Bordeaux et de son ex-entraîneur à Épinal, Philippe Bozon, Pierre-Charles Hordelalay qui souhaitait revenir en région parisienne pour des raisons familiales, Matthieu Le Blond qui a pris du recul sur sa carrière professionnelle en rejoignant Annecy en D2 et enfin Gabin Ville, parti rejoindre son frère en Finlande dans le championnat Mestis pour donner une nouvelle orientation à sa carrière.

En tout, les Brûleurs de Loups déploraient donc dix départs (cinq défenseurs et cinq attaquants), laissant un gros chantier de reconstruction à Jean-François Dufour et Edo Terglav.

Une sacrée puissance de feu

Et pour bâtir sa nouvelle équipe, le staff grenoblois décidait de mettre l’accent sur l’attaque. Jacques Reboh profitait d’un match international de préparation au championnat du monde (France-Danemark) à Pôle Sud pour réaliser le premier gros coup sur le marché des transferts avec le retour de Damien Fleury à Grenoble, huit ans après son départ en 2010 pour Västerås. Fleury souhaitait rentrer en France pour des raisons familiales et il est revenu à 32 ans, logiquement dans son dernier club, après une carrière internationale fournie qui l’a vu jouer dans les plus grandes ligues européennes (KHL, SHL, DEL, Liiga notamment). Son expérience sera un atout majeur pour les Brûleurs de Loups, tout comme son lancer redoutable qui devrait apporter un plus offensif pour finir les actions. Mais on peut supposer également que Fleury aura aussi un apport essentiel dans le vestiaire par son expérience et son statut d’international.

Un international peut en cacher un autre car peu de temps après l’annonce de l’arrivée de Fleury, c’est Teddy Da Costa qui choisissait de poser ses valises à Pôle Sud. Désireux de revenir en France après plusieurs saisons essentiellement en Finlande et en Pologne, le frère aîné de Stéphane va découvrir Grenoble, influencé par la venue de son coéquipier en équipe de France. Joueur de caractère qui excelle dans les deux sens de la patinoire, Da Costa devrait se fondre à merveille dans le moule grenoblois, apportant son intensité physique, ses aptitudes défensives mais aussi un très bon lancer qui sera utile en power-play.

Avec deux internationaux, le recrutement offensif des Brûleurs de Loups avait déjà fière allure mais le staff grenoblois ne s’arrêtait pas là. Edo Terglav renouait contact avec Denny Kearney qui avait laissé un sacré souvenir à Briançon lors de la saison 2013/14 aux côtés de Golicic, Bisaillon, Rohat et Trabichet qu’il retrouve donc sous le maillot grenoblois. Depuis, l’attaquant américain avait visité l’Europe en passant par la Norvège, la Suède, l’Italie et la Grande-Bretagne. Fine gâchette mais aussi très bon passeur, Kearney a encore de belles années devant lui à seulement 30 ans après une belle saison à plus d’un point par match en EIHL.

Alors que le recrutement en attaque des Brûleurs de Loups semblait terminé, le staff grenoblois mettait la cerise sur le gâteau avec l’arrivée sur le tard d’Olivier Latendresse qui avait pourtant initialement signé à Bordeaux. Mais les Boxers ont été contraints par la CNSCG de revoir leur masse salariale à la baisse. Latendresse n’a pas accepté les nouvelles conditions salariales et a trouvé refuge à Grenoble où il retrouve une vielle connaissance, Sébastien Bisaillon, puisque les deux joueurs avaient évolué semble pendant trois saisons dans les rangs des Foreurs de Val d’Or dans la Ligue Junior Majeur du Québec. Après avoir fait carrière dans les ligues mineures nord-américaines (dont 76 matchs en AHL), il a évolué pendant 7 saisons en EBEL, cumulant plus de 300 matchs à Graz, Linz, Villach et dernièrement Fehérvár. A 32 ans, il devrait encore apporter beaucoup à l’attaque grenobloise, notamment grâce à une excellente vision du jeu qui devrait en faire le digne successeur de Rodman et l’organisateur du power-play grenoblois.

Avec Fleury, Da Costa, Kearney et Latendresse, Grenoble récupère non seulement quatre attaquants top niveau mais aussi quatre leaders capables d’apporter un plus lors des play-offs, chose que ni Giroux ni Rodman n’étaient parvenus à faire l’an dernier.

Et pour épauler ce quatuor "magique", le staff grenoblois a réussi à conserver huit éléments qui avaient donné satisfaction la saison dernière ! Le centre canadien Joël Champagne, pour sa première saison à Grenoble, a réalisé une performance solide même s’il a manqué de réussite lors de play-offs malgré une grosse débauche d’énergie. Pour sa deuxième saison sous les couleurs des Brûleurs de Loups, il devrait apporter de nouveau sa grosse présence physique devant la cage et sa capacité à finir les actions sur des rebonds ou des déviations. Autre élément majeur de l’attaque grenobloise, Boštjan Golicic, seul rescapé de la première ligne de la saison dernière puisque Giroux et Rodman sont partis. Comme Rodman, il fut émoussé en fin de saison après sa participation aux JO avec la Slovénie mais son apport tant offensif que défensif en fait un joueur extrêmement précieux qui devrait être aligné avec son ex-coéquipier chez les Diables Rouges, Denny Kearney. Autre attaquant étranger qui continue sous le maillot grenoblois, Maxime Legault dont le départ avait pourtant été annoncé à la fin de la saison. Un vrai-faux départ donc puisque le rugueux attaquant canadien était finalement rappelé par le staff grenoblois pour jouer un rôle d’attaquant de soutien, capable de s’imposer dans les bandes ou devant la cage par son physique mais aussi d’apporter beaucoup de vitesse dans le jeu grâce à un bon coup de patin. Plusieurs fois exclu lors de la saison dernière suite à des charges parfois violentes, il a manqué quasiment toute la série contre Mulhouse à cause de sa suspension. Il sera donc invité à faire preuve de plus de discipline pour ne plus pénaliser son équipe.

Du côté des attaquants tricolores, les Brûleurs de Loups sont parvenus à conserver le néo-international Guillaume Leclerc dont le recrutement en cours de saison dernière fut assurément une très belle surprise et un joli coup réalisé par le staff grenoblois. Combatif, bon patineur et très bon manieur de palet, il s’est très vite imposé sur les deux premiers blocs offensifs et fut pendant les play-offs très souvent le meilleur attaquant grenoblois sur la glace. Ses performances répétées sous le maillot des Brûleurs de Loups ont tapé dans l’œil de Dave Henderson et Pierre Pousse qui l’ont convoqué pour les championnats du monde au cours desquels il a trouvé sa place avec l’équipe de France. Une saison particulièrement réussie pour l’attaquant de poche grenoblois mais qui demande confirmation.

Autre attaquant tricolore qui rempile, le Chamoniard Vincent Kara a réalisé une belle saison sous les couleurs grenobloises. Après avoir connu cinq clubs différents au cours des cinq saisons précédentes (Bordeaux, Gap, Épinal, Chamonix et Dijon), il a décidé cette fois de prolonger l’expérience sous le maillot grenoblois au sein d’un collectif dans lequel il a vite trouvé ses marques. À ses côtés dans le vestiaire, il retrouvera l’inamovible quatrième ligne composée de Julien Baylacq, Sébastien Rohat et Matthias Arnaud qui rempile en bloc. Un trio combatif, efficace et redoutable dans les situations défensives ou en infériorité numérique, toujours prêt à se sacrifier pour l’équipe. Des joueurs de devoir qui sont très précieux pour Edo Terglav.

Enfin, pour ouvrir une porte aux jeunes U20 qui ont remporté le titre de champions de France la saison dernière, le staff grenoblois a décidé d’intégrer dans l’effectif professionnel le prometteur Dylan Fabre, 17 ans seulement, qui a de belles qualités techniques exprimées déjà l’an dernier à Vaujany en D2. Ce pur produit de la formation grenobloise aura pour objectif de bousculer la hiérarchie dans l’attaque grenobloise et pourquoi pas se faire une place sur les trois premiers blocs.

Avec une telle richesse offensive, Edo Terglav aura l’embarras du choix pour composer ses trios. Une des grandes forces de Grenoble cette saison sera de pouvoir s’appuyer sur trois blocs offensifs tous capables d’apporter le danger et un quatrième bloc plus défensif mais très expérimenté. Une belle profondeur en attaque avec laquelle peu d’équipes en Magnus pourront rivaliser.

Une défensive à reconstruire

Si l’attaque grenobloise s’est clairement renforcée par rapport à la saison dernière, la défense en revanche soulève quelques interrogations légitimes. Quatre défenseurs titulaires à remplacer, cela revient quasiment à reconstruire intégralement le bloc défensif des Brûleurs de Loups puisque seuls deux joueurs étaient présents lors des play-offs 2017/18. Pour Sébastien Bisaillon, il s’agit de la quatrième saison consécutive à Grenoble. Véritable patron de la défense grenobloise, il est resté dans l’ombre de Kyle Hardy depuis 2 ans avant de retrouver la lumière offensivement lors des play-offs en dominant les compteurs grenoblois avec 19 pts en 17 matchs de play-offs. Précieux dans toutes les situations de jeu, il aura un rôle encore plus important à jouer compte tenu de la refonte de la défense grenobloise et du départ de Hardy. Christophe Tartari pour sa part va entamer sa deuxième saison au poste de défenseur. Une reconversion en demi-teinte même s’il bénéficie d’une grande confiance accordée par Edo Terglav si on en juge par son temps de glace très conséquent la saison dernière. Il lui faudra cependant encore du temps pour acquérir tous les bons réflexes d’un défenseur de métier, en témoignent certaines erreurs commises lors des derniers play-offs.

Ce n’est pas une recrue à proprement parler mais le retour de Teddy Trabichet y ressemble pourtant fortement. Auteur d’une saison blanche après une sévère commotion subie à Vaujany en pré-saison contre Briançon puis une rechute à l’entraînement, le capitaine grenoblois a pris son temps avant de retrouver la compétition. Désormais en pleine possession de ses moyens, il devra montrer que sa grave blessure n’est plus qu’un mauvais souvenir et qu’il peut jouer une saison complète sans risque. Un pari en somme, mais s’il est réussi, les Brûleurs de Loups récupéreront dans leurs rangs un défenseur de niveau international et un élément très important dans le vestiaire.

Pour soutenir ces trois cadres qui portaient déjà le maillot grenoblois, le staff des Brûleurs de Loups a dû se mettre en quête de défenseurs de premier plan pour remplacer les partants. Pas de noms ronflants mais deux "trouvailles" en dehors de la Magnus. Le premier, Aleksandar Magovac, est une bonne connaissance d’Edo Terglav puisque ce dernier vient d’intégrer l’équipe nationale de Slovénie lors des derniers championnats du monde de D1. Le coach grenoblois a été séduit par sa capacité de patinage et son lancer intéressant en power-play. Défenseur très mobile, il a déjà fait forte impression lors de la pré-saison. Après trois saisons en EBEL, il a joué ces dernières saisons à un niveau moindre dans les championnats autrichien et slovène. C’est donc avec l’intention de relancer sa carrière qu’il vient à Grenoble à seulement 27 ans.

L’autre recrue phare en défensive est tout aussi inconnu en Ligue Magnus : Connor Hardowa est un solide défenseur canadien de 29 ans qui est censé apporter du muscle à la défense grenobloise tout en assurant une première passe de qualité. Ses références européennes se limitent à une saison en Mestis en 2013/14 et une autre au Danemark, l’an passé à Rødovre. Entre les deux, trois saisons pleines en ECHL, ligue dans laquelle il a pu démontrer toute sa robustesse mais aussi sa discipline car il prend très peu de pénalités. Enfin pour compléter sa brigade défensive, le staff grenoblois a récupéré un défenseur aguerri aux joutes de la Ligue Magnus, Dominik Kramar. Après Gap, Lyon et Bordeaux, le Tchèque va connaître son quatrième club dans l’élite française. Victime comme Latendresse des restrictions budgétaires bordelaises, il a préféré quitter les Boxers pour tenter sa chance au pied des Alpes. Ce défenseur défensif très propre a une solide expérience à faire valoir à 30 ans avec plus de 160 matchs dans l’Extraliga slovaque du côté de Poprad. Refroidi par l’indiscipline parfois coûteuse des Côté et autre Dame-Malka, le staff grenoblois a cette fois fait le choix de joueurs plus discrets mais tout autant efficaces défensivement.

Enfin, comme attaque avec Fabre, une place est laissée à la relève avec la promotion d’un U20. Alexandre Pascal, régulièrement intégré dans la rotation la saison dernière, est parti à Lyon, c’est donc Lucien Onno qui aura la chance d’évoluer dans les rangs de l’équipe professionnelle, d’abord en tant que septième défenseur avec l’objectif de grapiller du temps de glace comme il l’a fait l’an dernier lorsqu’il a joué 4 matchs aux côtés de Kyle Hardy. Défenseur de petit gabarit, plutôt mobile, il avait tapé dans l’œil de l’ex-capitaine grenoblois. À confirmer sur une saison complète.

Pour compenser les mouvements importants en défense, le staff grenoblois a choisi la stabilité devant les cages. Le choix de la confiance pour Lukáš Horák, auteur d’une saison 2017/18 moins bonne que la précédente avec des play-offs relativement décevants. Brillant depuis son arrivée, Horák a commencé à marquer le pas en fin de saison dernière, se montrant moins décisif, notamment dans les un-contre-un. En play-offs, il a souffert de la comparaison successivement avec Martin Surek, Ronan Quemener et Matija Pintraic, ses trois vis-à-vis. Même s’il reste le n°1 indiscutable au début de la saison, il pourrait voir son statut remis en cause au fil de la saison s’il ne parvient à de nouveau élever son niveau de jeu. Car si les Brûleurs de Loups veulent gagner de nouveau la Coupe Magnus, il leur faudra pouvoir compter sur un des tout meilleurs gardiens de la ligue, ce qu’Horak doit redevenir alors qu’il est, à 25 ans seulement, un des plus jeunes portiers titulaires en Ligue Magnus avec Jordon Cooke (Gap) et Richard Sabol (Chamonix).

Pour l’accompagner, Antoine Bonvalot est finalement resté malgré une deuxième saison à Grenoble bien plus compliquée que la première. S’il avait quasiment fait jeu égal avec Horak lors de son retour à Grenoble il a connu la saison dernière quelques soirées difficiles et a vu son temps de jeu chuter. Son objectif cette saison sera donc de pouvoir redevenir une alternative crédible à Horak, un vrai n°1 bis comme c’était envisagé lors de son arrivée.

Si le recrutement offensif est séduisant sur le papier avec des joueurs qui devraient crever l’écran comme Kearney, Latendresse ou Fleury, la défensive constituée laisse plus circonspect avec des recrues moins spectaculaires au CV moins ronflants. Quantitativement, la défense semble un peu juste également avec seulement six défenseurs seniors (contre 7 l’an dernier) et des recrues en cours de saison ne sont pas à exclure, surtout en cas de blessure d’un des titulaires.

Enfin la bonne formule pour décrocher la Coupe Magnus ?

En mettant l’accent sur l’offensive, avec le retour de Damien Fleury en recrue phare, le staff grenoblois a mis toutes ses chances de son côté pour résoudre les problèmes d’efficacité offensive connus par le passé. Rappelons que les deux meilleurs compteurs lors des derniers play-offs étaient... des défenseurs (Bisaillon et Hardy) ! Pour beaucoup, la panne offensive de Giroux et dans une moindre mesure de Rodman lors des play-offs fut la principale raison des play-offs compliqués connus par les Brûleurs de Loups. Plutôt que de dépendre d’une ligne (Giroux-Golicic-Rodman) et d’un défenseur (très) offensif (Hardy), Grenoble aura cette fois trois lignes également dangereuses avec des talents offensifs équitablement répartis. Dès lors, il sera beaucoup plus compliqué pour les adversaires de neutraliser l’attaque grenobloise.

Mais il est coutume de dire que les titres se gagnent grâce à la défense, et si Grenoble s’est clairement renforcé offensivement, le niveau de la nouvelle défense grenobloise reste un point d’interrogation. Moins physique, plus mobile et surtout plus disciplinée, elle aura certains avantages par rapport à celle de la saison dernière. Mais le trou béant laissé par Hardy n’a pas été totalement comblé car aucun défenseur n’a la même capacité offensive que l’ancien capitaine grenoblois, souvent décisif en play-off. Hardowa et Magovac feront-ils partie des meilleurs défenseurs de la ligue et seront-ils capables d’élever leur niveau de jeu en vue des play-offs ? Heureusement, Grenoble pourra continuer de compter sur d’excellents attaquants défensifs comme Rohat, Baylacq ou Arnaud alors que certains autres comme Da Costa et Golicic sont capables de très bien jouer dans les deux sens de la patinoire, ce qui devrait garantir un bloc équipe compact avec des attaquants en soutien des défenseurs.

Il reste donc à voir si Edo Terglav aura la capacité de trouver la bonne formule. Car le coach grenoblois, encore sous contrat et conforté par son président malgré une saison blanche, commence à avoir la pression du résultat compte tenu des moyens conséquents mis à sa disposition. Son style de jeu nord-américain "droit à la cage", parfois un peu simpliste, ne fonctionne pas toujours face à des équipes bien organisées comme Rouen lors de la dernière finale. Il devra trouver le bon équilibre entre l’offensive à outrance qui sera la marque de fabrique de son équipe certains soirs et la protection de sa zone défensive et de son gardien. Et surtout bâtir un collectif pour que le succès de son équipe ne repose pas que sur des talents individuels. Pour continuer leur progression, les Brûleurs de Loups n’ont pas d’autre choix cette saison que de viser le titre. Car un nouvel échec dans le sprint final serait inévitablement vécu comme une déception compte tenu du talent rassemblé dans l’effectif grenoblois cette saison.

Christophe Laparra

 

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2017/18  MJ  Min.  Moy.    %
35 BONVALOT Antoine      04/03/1994  180  75  Épinal            Grenoble     FRA-1    13   698  3,35  87,2%
61 HORAK Lukas           05/10/1993  186  78         (Tchèque)  Grenoble     FRA-1    49  2999  2,28  91,3%  

Défenseurs

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2017/18  MJ   B   A Pts  +/-  Pén
 2 BISAILLON Sébastien   08/12/1986  183  93        (Canadien)  Grenoble     FRA-1   59   9  36  45  +34  30'
 3 KRAMAR Dominik        06/09/1988  182  86        (Slovaque)  Bordeaux     FRA-1   55   1  15  16  +12  22'
 5 ONNO Lucien           12/05/1999  176  82  Grenoble          Grenoble     FRA-1   10   0   0   0    0   0'
                                                                Vaujany      FRA-3    8   1   1   2       16'
24 HARDOWA Connor        15/11/1988  185  95        (Canadien)  Rødovre      DAN-1   56   8  19  27  -6   38'
29 MAGOVAC Aleksander    02/09/1991  182  92         (Slovène)  Jesenice     SLO-1   60  10  28  38  +26  20'
57 TRABICHET Teddy (C)   10/03/1987  179  85  Grenoble          Grenoble     FRA-1    3   0   0   0    0   4'
73 TARTARI Christophe    03/12/1984  189  88  Grenoble          Grenoble     FRA-1   54   7  18  25  +20  36'

Attaquants

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Chpt 2017/18  MJ   B   A Pts  +/-  Pén
10 FLEURY Damien (A)     01/02/1986  181  84  Caen              Lukko Rauma  FIN-1   19   2   4   6   +2   4'
                                                                Schwenningen ALL-1   34  12  11  23   +1  16'
13 BAYLACQ Julien        10/04/1989  183  91  Grenoble          Grenoble     FRA-1   61   6  17  23   +8  28'
17 KARA Vincent          17/10/1989  180  89  Chamonix          Grenoble     FRA-1   49  13  31  44  +36  30'
19 KEARNEY Denny         27/01/1988  185  88       (Américain)  Milton Keyn. GBR-1   52  22  41  63       64'
21 LATENDRESSE Olivier   12/02/1986  178  88        (Canadien)  Fehérvár     AUT-1   48   9  28  37   -3  20'
22 LECLERC Guillaume     20/02/1996  173  82  Besançon          Mass Lowell  NCAA     2   0   0   0        0'
                                                                Grenoble     FRA-1   37  14  14  28  +11  18'
38 GOLICIC Boštjan       12/06/1989  183  90         (Slovène)  Grenoble     FRA-1   50  24  36  60  +35  40'
54 LEGAULT Maxime        28/03/1989  188  88        (Canadien)  Grenoble     FRA-1   52  11  18  29   +3 122'
64 CHAMPAGNE Joël (A)    24/01/1990  193 101        (Canadien)  Grenoble     FRA-1   61  33  36  69  +25  66'
77 DA COSTA Teddy        17/02/1986  180  86  Dammarie-les-Lys  Cracovie     POL-1   43  12  15  27       55'
78 FABRE Dylan           10/11/2000  177  68  Grenoble          Grenoble     FRA-1    5   0   0   0   -1   2'
                                                                Vaujany      FRA-3   18  10   7  17        2'
85 ROHAT Sébastien       18/02/1985  175  78  Briançon          Grenoble     FRA-1   61  10  13  23  +18  14'
91 ARNAUD Mathias        29/12/1986  171  83  Viry              Grenoble     FRA-1   59   6   8  14   +3  81'

Entraîneur : Edo Terglav (SLO, 38 ans).

Partis : Kyle Hardy (D, 20+46, Medvescak Zagreb, AUT-1), Aziz Baazzi (D, 6+18, Bordeaux), Olivier Dame-Malka (D, 5+18, Florida Everblades, ECHL), Joona Kunnas (D, 5+8, Anglet), Jean-Philippe Côté (D, 4+6, arrêt), Alexandre Pascal (D, 0+2, Lyon), Alexandre Giroux (A, 29+37, Thetford Mines, LNAH), David Rodman (A, 14+53, Jesenice, SLO), Matthieu Le Blond (A, 14+16, Annecy, FRA-3), Pierre-Charles Hordelalay (A, 10+20, Neuilly-sur-Marne, FRA-2), Gabin Ville (A, 9+11, Roki Rovaniemi, FIN-2), Pierre Robert (A, 1+0, Lyon), Lucas Bonnardel (A, 0+0, Briançon, FRA-2), Antoine Torres (A, 0+0, Tours, FRA-2).

 

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