Suède 2018/19 : présentation

 

Ces dernières années, le futur du championnat suédois est devenu source de querelles, en particulier entre les clubs de l'élite (SHL) et ceux de l'échelon inférieur (Allsvenskan). Les conditions pour intégrer la SHL, certes encore ouverte sportivement avec le système de promotion, sont exigeantes et cela devient difficile de tenir ses engagements. Les promus doivent se développer à la dimension SHL, en respectant la charte (Timrå doit par exemple rénover sa patinoire) et même en Allsvenskan, les pensionnaires ont une ligne de conduite à suivre. Si toutes les équipes de SHL et d'Allsvenskan ont obtenu leur licence pour la saison 2018-2019, quatre ont dû obtenir une dérogation : AIK, Karlskrona, Västerås et IK Pantern, qui ont généré des capitaux propres inférieurs au seuil souhaité par les instances suédoises (142 000 €). Mais attention, les équipes ne peuvent requérir une dérogation qu'une seule fois tous les cinq ans.

La modernisation du championnat est un enjeu majeur pour revitaliser le hockey suédois, car il connaît ces dernières années une crise populaire. Depuis dix ans, tous les matchs du championnat sont diffusés à la télévision mais les audiences sont en baisse constante, de même que les affluences dans les patinoires. La moyenne des 6000 spectateurs, autrefois atteinte aisément, ne l'a pas été durant quatre des cinq dernières années.

Si l'exemple suédois, en terme de formation et de représentativité à travers le monde, ne fait aucun doute, l'avenir de son championnat national et de son attractivité soulèvent bon nombre de questions. La mutation de la SHL en ligue fermée, à l'image de la KHL russe ou de la Liiga finlandaise, est un secret de polichinelle, et on ébruite déjà un changement majeur dès 2020. Toutefois, même si les critères sportifs ne suffisent plus à constituer un modèle économique fort, le spectacle demeure toujours au rendez-vous avec l'un des championnats les plus disputés du vieux continent.

 

Växjö Lakers : une domination encore écrasante ?

Si derrière, la bataille a été serrée, Växjö n'a laissé aucun suspense quant à l'issue du championnat 2017-2018, dominateur en saison régulière et en playoffs. L'incroyable saison du surdoué Elias Pettersson, le "Guldgossen", a largement contribué au deuxième titre de champion en trois ans des Lakers. Il faudra toutefois au club du Småland tourner la page de la future star des Canucks de Vancouver, digne héritier des jumeaux Sedin. Surtout que Växjö a également perdu en offensive Dennis Rasmussen, Andy Miele, Andrew Calof et Robert Rosén, qui ont tous succombé aux sirènes de la KHL. Le Tchèque Roman Horák, l'Allemand Dominik Bokk (1er choix de Saint Louis à la draft 2018) et le petit Américain Ariel Ortega devront combler les trous même si le duo finlandais Tuomas Kiiskinen / Janne Pesonen, ralenti l'an passé par les blessures, devrait peser davantage sur les résultats.

Si la mayonnaise prend devant, alors Växjö sera encore redoutable cette saison. Son duo de gardiens a fait ses preuves, Viktor Fasth demeure à 36 ans une valeur sûre et Viktor Andrén l'a parfaitement secondé, notamment en finale. Quant à la défensive, qui a récupéré un nouveau patron avec Niclas Burström, elle est faite de talents et de baroudeurs, avec Daniel Rahimi, Oliver Bohm, Joel Persson, Arvid Lundberg. Et quand on sait que tout ce petit monde reste sous la baguette du meilleur entraîneur de Suède, Sam Hallam, alors il ne serait pas étonnant de revoir encore Växjö sur la plus haute marche du podium.

 

Skellefteå AIK : las des finales

L'élimination en quart de finale en 2017 était donc un accident. Skellefteå a poursuivi sa belle décennie avec une septième finale en huit ans. Mais pour 2019, les fans attendent désespérément le titre puisque, sur sept finales, le SAIK en a perdu cinq, dont celle de 2018 après l'écrasante domination de Växjö, en dépit des prouesses du gardien Joni Ortio, parti depuis. Tommy Samuelsson, nommé entraîneur avec toujours Stefan Klockare et Bert Robertsson au lien très fort avec les joueurs, devra faire en sorte de mener l'équipe sur la plus haute marche du podium.

L'heure tourne car les vainqueurs d'hier, fidèle depuis des années ou revenu un à un, ne sont pas éternels. Les Jimmie Ericsson, Bud Hollway, Joakim Lindström, Oscar Möller, Adam Pettersson, Fredrik Lindgren et Johan Alm sont toujours présents et leur loyauté permet à Skellefteå de disposer d'un noyau dur. C'est essentiel pour encadrer les nouveaux arrivants et leur permettre de s'émanciper dans des conditions optimales. Jonathan Pudas et Emil Djuse sont ainsi devenus des maillons essentiels de la défensive, sans oublier Filip Berglund qui a fait une étonnante percée durant les playoffs. Et cette défense a été renforcée à la rentrée par une vieille connaissance, Petter Granberg. Le gardien lituanien Mantas Armalis et les attaquants Mathis Olimb (recruté pour reprendre la place de centre n°1 laissée par Pär Lindholm) et Juhamatti Aaltonen, qui ont connu des périodes de doute ces dernières années, sont à la bonne adresse pour retrouver la pleine confiance. S'ils y parviennent, alors Skellefteå pourrait remettre la main sur le précieux trophée Le Mat.

 

Djurgårdens IF : une dynamique à poursuivre

La méthode du coach Robert Ohlsson commence à prendre, c'est en tout cas ce que l'on peut constater après une saison sensationnelle de Djurgården, qui a atteint sa première demi-finale en huit ans en 2018, après avoir fini deuxième de la saison régulière. Parti pour une troisième saison avec le DIF, Ohlsson, dont les méthodes et la pédagogie sont appréciées des joueurs et de la direction, a prolongé son contrat jusqu'en 2021. Cela lui permettra de polir un groupe où les jeunes talents pullulent. L'avantage, c'est que certains d'entre eux tiennent déjà les premiers rôles comme les frères Marcus et Jonathan Davidsson, Gustav Possler, David Bernhardt ou Tom Nilsson. Et ils auront toujours des leaders dans lesquels ils trouveront de la motivation, dont les recrues Daniel Widing et Dick Axelsson. Il ne serait d'ailleurs pas surprenant de voir le puissant Axelsson reprendre le poste d'ailier gauche laissé vacant par B>Axel Jonsson Fjällby, qui a le même profil et qui avait connu une belle complémentarité avec les frangins Davidsson.

Particulièrement critiqué pour sa piètre saison 2016-2017, le portier Adam Reideborn a remis les choses au clair après d'excellentes performances en 2017-2018. Quant au capitaine Andreas Engqvist, présent lors de la finale perdue contre Skellefteå en 2010, il aura été tout autant remarquable même si sa commotion cérébrale l'aura quelque peu dérangé. Ajoutez à cela des joueurs capables de tutoyer la Tre Kronor comme Linus Hultström, Jacob Josefsson, Daniel Brodin ou Alexander Urbom. Avec bon nombre de talents et capable d'en former une pléthore, Djurgården devrait donc poursuivre sa belle dynamique. Jusqu'en finale ?

 

IF Malmö : des économies qui devraient limiter les ambitions

Le temps où l'on se posait de nombreuses questions sur Malmö, qui végétait en Allsvenskan jusqu'à envisager une éventuelle candidature en KHL, est bien révolu avec une deuxième demi-finale en deux ans. Le problème, c'est que les Redhawks ont perdu des plumes durant l'intersaison, et non des moindres. Tuukka Mäntylä, Nils Andersson, Robin Alvarez et Rhett Rakhshani sont des joueurs de standing que Malmö aura bien du mal à oublier. La direction ne s'est pas vraiment affolée sur le marché des transferts, la faute à une situation financière défavorable. Et pour ne rien arranger, les blessures durant les matchs amicaux s'en sont mêlées, dont Emil Molin, le dernier meilleur marqueur de l'Allsvenskan qui devra être un atout offensif de premier plan, et le gardien Cristopher Nilhstorp. Encore heureux que l'autre gardien, Oscar Alsenfelt, soit plus qu'une doublure.

Les Fredrik Händemark, Frederik Storm, Nichlas Hardt, Lars Bryggman, Max Görtz et Jens Olsson auront donc la lourde responsabilité de ne pas décevoir les fans après deux années enthousiasmantes. Une chose est sûre, les Redhawks auront à cœur de se mobiliser pour leur staff et en particulier leur entraîneur adjoint, Jesper Mattsson. Ce dernier a perdu son fils de 14 ans, décédé des suites d'une maladie du sang. Une source de motivation qui doit permettre aux Redhawks de se dépasser, même si faire mieux qu'une demi-finale atteinte en 2017 et 2018 sera compliqué. Attention à la chute au classement.

 

Frölunda HC : des Indians moins menaçants ?

Après un succès immédiat à l'échelle nationale (SHL 2016) et à l'échelle continentale (CHL 2016 et 2017), le mandat du coach Roger Rönnberg a été terni par une élimination dès les quarts de finale en 2018. Frölunda doit rebondir mais à première vue, les Indians semblent moins menaçants sur le papier. Certes, Frölunda est une organisation qui produit des talents (Henrik et Joel Lundqvist, Erik Karlsson, John Klingberg et Rasmus Dahlin en tête). Certes, une académie a vu le jour pour développer encore davantage de joyaux. Certes, beaucoup de jeunes joueurs candidatent au FHC car leur système de développement est reconnu. Mais l'avenir à court terme laisse songeur.

Devant le but, Johan Gustafsson, brillant en 2012 et 2013, n'est plus vraiment rassurant, et Frölunda a perdu des pépites comme Adam Almquist, Victor Olofsson, Carl Grundström et bien évidemment la superstar en devenir, Rasmus Dahlin, dont l'engagement et l'enthousiasme hors normes en dépit de ses 18 ans en faisaient un joueur d'une tout autre dimension. Chay Genoway, défenseur en provenance de la KHL qui a représenté le Canada aux derniers Jeux olympiques, ne semble qu'un petit pansement sur l'hémorragie, et l'éclosion de certains talents, comme Filip Westerlund, Gustav Lindström ou Tim Söderlund, sera déterminante. Patrik Carlsson et l'Américain Rhett Rakhshani, dont les fans rêvent d'une alchimie avec son compatriote Ryan Lasch qui a fait tremblé les défenses adverses avec une saison de 55 points (dont 33 en jeu de puissance, l'atout n°1 de Frölunda !), sont des renforts de choix mais sera-ce suffisant ? En tout cas, on en attendra plus de quelques uns, trop discrets la saison dernière, comme Joel Mustonen, Max Friberg ou les jumeaux Westerholm. La compétitivité de Frölunda en dépend.

 

Färjestads BK : candidat tapi dans l'ombre

Trois éliminations en quart de finale, on pourrait parler de stagnation pour Färjestad. Mais l'arrivée derrière le banc de Johan Pennerborn, vu au début avec scepticisme car peu expérimenté, a finalement apporté une bouffée d'air et permis de jeter les bases d'une nouvelle ère. Même si la deuxième moitié de la saison 2017-2018 a été plus difficile, il a inculqué une nouvelle philosophie de jeu, léché et divertissant, qui fait l'unanimité. Et beaucoup d'indices laissent à penser que le club de Karlstad pourrait rejoindre le dernier carré, qui s'est refusé ces quatre dernières années, et même le titre suprême selon certains journalistes spécialisés.

Certes, Dick Axelsson, véritable icône de la Löfbergs Arena, a plié bagage, mais Tomi Sallinen (absent deux à trois mois pour une blessure au pied), Daniel Viksten, Jesper Olofsson et Linus Johansson sont autant de recrues réputées pour leur engagement. Et les effets d'un nouveau cycle initié par Pennerborn ont déjà fait mouche en défensive avec Mikael Wikstrand, Jesse Virtanen et Theodor Lennström qui constituent une nouvelle vague sûre et entreprenante. Avec les leaders Ilari Melart, Sebastian Erixon et Anton Grundel, les fondations sont solides, d'autant plus avec l'arrivée devant les filets de Markus Svensson, potentiellement un cador à son poste. Quant à Johan Ryno, il a enfin montré (à 32 ans) qu'il pouvait être la locomotive de son équipe. La construction semble atteindre son apogée, Färjestad semble en passe de redevenir une puissance de la SHL.

 

Linköpings HC : construire pour éviter un autre gâchis

En 2017, sur le papier, Linköping semblait disposer d'un effectif talentueux pour entreprendre un long chemin. Mais finalement, l'histoire s'est terminée avec une neuvième place en saison régulière et une troisième élimination consécutive en quart de finale, un gâchis qui a profondément déçu. Dan Tangnes a depuis jeté le tablier d'entraîneur, mais il est remplacé par un visage familier. Tommy Jonsson avait mené Brynäs au titre dès sa première année de mandat (c'était en 2012) avant de connaître des moments plus difficiles. Il intègre cette fois-ci une organisation en pleine construction.

Deux personnages historiques de Linköping, Tony Mårtensson et Niklas Persson, s'en sont allés mais, heureusement pour Jonsson, des visages familiers reviennent comme Broc Little, qui a marqué 70 buts en 3 saisons avec Linköping avant un intermède à Davos. Andrew Gordon, qui passera le mois de septembre à Rauma, et Joe Whitney, un petit attaquant de 168 cm particulièrement prolifique en AHL, apporteront un soutien nécessaire en offensive, pour oublier le départ des frères Olimb. Le potentiel offensif semble intact, et la riche expérience de Mattias Bäckman (malgré ses 25 ans) sera précieuse. Si Jonas Gustavsson confirme ses bonnes performances devant les filets, alors Linköping pourrait afficher davantage de résistance en playoffs même si le costume de favori ne semble pas encore à sa taille.

 

Brynäs IF : créer la surprise

Après la folle chevauchée jusqu'en finale en 2017, Brynäs est retombé dans ses travers. Le club a très mal débuté sa campagne 2017-2018, avant de finir avec du mieux sans pour autant passer le cap des quarts. L'élimination du HV71 en huitième de finale a été vue comme une satisfaction car le projet Roger Melin, qui semblait intéressant sur le papier, s'est finalement fracassé, l'ancien défenseur vedette Tommy Sjödin reprenant les rênes du coaching en cours de saison. Après cet échec, les attentes seront tout de même plus modérées.

Le gardien Joacim Eriksson, qui a fait le bonheur de Skellefteå par le passé mais qui s'est avéré moins en vue à Djurgården, est arrivé avec une blessure au genou un peu trop bien cachée. Ce n'est pas l'idéal pour la confiance et cela a obligé Brynäs d'improviser un recrutement d'urgence, en l'occurrence Tomi Karhunen, qui a passé la saison passée entre la Chine, la Russie et la Suisse. L'attaquant Aaron Palushaj, une des (rares) grandes satisfactions de la saison précédente, a quitté Gävle mais Nicklas Danielsson, leader majeur après six saisons à l'étranger dont une dernière saison brillante en Suisse, sera le moteur de l'équipe. Les défenseurs très offensifs Ryan Gunderson et Niclas Andersén apporteront le soutien nécessaire en attaque. Ennuyé par un poignet cassé l'année passée, le jeune Jesper Boqvist, un des grands espoirs des Devils du New Jersey, devrait parfaire son développement en passant une marche. De quoi permettre à Brynäs de créer l'effet de surprise, à défaut d'être attendu au tournant.

 

Luleå HF : stabilité et recrutement réfléchi

Demi-finaliste en 2016, Luleå a connu ensuite deux exercices difficiles, ne pouvant passer le cap des huitièmes de finale. Thomas "Bulan" Berglund a officié ces deux dernières années derrière le banc en réussissant à inculquer sa patte à l'équipe, qui a gagné deux places de plus par rapport à l'exercice précédent. Mais Berglund sera attendu au tournant, tout dépendra s'il réussit à rendre son équipe plus dangereuse offensivement. L'avantage, c'est que Luleå a conservé la majorité de ses joueurs tout en obtenant des ajouts intéressants.

Luleå a probablement acquis la meilleure recrue défensive du championnat avec Erik Gustafsson, une nouvelle tour de contrôle. Et en attaque, Luleå a conservé ses huit attaquants les plus efficaces de la saison dernière, dont Isac Lundeström. Ce jeune attaquant de 18 ans, choisi au premier tour de la draft NHL 2018 par Anaheim, pourrait bien exploser et ravir les habitués de la Coop Arena... si les Ducks le libèrent après le camp d'entraînement. Beaucoup attendent également l'explosion de Robin Kovács, 21 ans, même s'il a connu un été cauchemardesque avec la résiliation de son contrat avec les New York Rangers et l'accident de voiture qui a vu la disparition d'un de ses meilleurs amis. Quant au gardien Joel Lassinantti, il a une carrière en léger recul mais il pourrait profiter d'une défense solide. Luleå a en tout cas la stabilité et un recrutement réfléchi pour retrouver d'autres aspirations qu'une qualification en play-in.

 

HV71 : apprivoiser l'important renouvellement

Le titre en 2017 du HV71 a surpris beaucoup de monde, y compris les fans de Jönköping. Mais 2018 est retourné dans la norme et l'équipe va subir, pour une deuxième année consécutive, un important renouvellement. C'est le signe que la formation fonctionne au HV71, les joueurs sont convoités mais cela oblige, en conséquence, d'être réactif pour pallier les départs. En cela, les talentueux Lawrence Pilut et Pierre Engvall, inéluctablement partis en NHL, sont de parfaits exemples, des talents que le HV71 s'est empressé de remplacer en étant particulièrement actif sur le marché des transferts.

Parmi les arrivées, certaines ne sont pas passées inaperçues avec le retour de deux membres de la conquête 2017 : le défenseur Mikko Lehtonen, qui avait à l'époque ajouté une vraie valeur ajoutée au HV71, et Simon Önerud, le buteur qui a offert le titre. Ils ont accompagné quelques valeurs sûres du championnat comme Nils Andersson - un défenseur qui tire de la droite et donc précieux - et les attaquants Andreas Thuresson et Markus Ljungh qui prendront un rôle de leaders naturels qu'ont également Oscar Sundh, Martin Thörnberg, Robin Figren et Andreas Falk. Une inconnue néanmoins : le duo de gardiens Jonas Gunnarsson / Felix Sandström, assez peu expérimenté, saura-t-il tenir la boutique ? Leurs performances seront déterminantes.

 

Rögle BK : gare à la déconvenue

Si Rögle est encore parvenu à se mettre à l'abri de la relégation, c'est en grande partie grâce à l'arrivée d'un duo improbable, non pas sur la glace mais en dehors. Chris et Cam Abbott, jumeaux qui ont marqué l'histoire récente de Luleå, ont pris respectivement les sièges de directeur sportif et entraîneur du club d'Ängelholm, qui allait droit dans le mur. Leur intervention a permis à Rögle de rectifier le tir et de consolider sa place pour une quatrième saison consécutive en SHL. Mais cela ne suffit pas aux deux frangins canadiens qui ne souhaitent plus voir leur nouveau club d'adoption se contenter des miettes. De nouvelles ambitions ? Mais Rögle en aura-t-il les moyens ?

Il faudra d'abord que les deux gardiens, Justin Pogge et Ville Kolppanen, soient au rendez-vous, ce qui n'a pas toujours été le cas la saison dernière. Un pilier leur prêtera main-forte : l'expérimenté Jonas Ahnelöv. Ahnelöv, Craig Schira, Matt Anderson, Ted Brithén, Christian Thomas et... Sjögren auront à charge de montrer la voie. Oui, Mattias Sjögren, dont les fans attendaient désespérément le retour depuis des années. Les pépins physiques ne l'ont pas épargné mais, en santé, il saura montrer l'exemple. De quoi inspirer les très prometteurs Rasmus Sandin, défenseur choisi au premier tour de la draft NHL par Toronto en 2018, et l'attaquant Nils Höglander, super prospect éligible en 2019. Mais est-ce que tout cela suffira-t-il à nourrir les nouvelles ambitions ? Attention aux déconvenues.

 

Örebro HK : absence d'un centre de premier plan

Depuis son accession en élite en 2013, Örebro s'est fait quelques frayeurs pour assurer son maintien. Durant la saison 2017-2018, huit défaites consécutives en février ont forcé le changement en coulisses. Niklas Sundblad a tout de même conservé son poste d'entraîneur mais le directeur sportif Niklas Johansson a un objectif : retrouver les playoffs. Si Sundblad devait échouer, nul doute qu'il en payerait les conséquences. Une chose est sûre, son équipe, sur le papier, s'est améliorée qualitativement.

Eero Kilpeläinen a connu de bons débuts la saison dernière devant le but de l'ÖHK avant de faiblir, mais l'arrivée de Stefan Stéen permettra d'instaurer une situation plus concurrentielle qui devrait servir l'équipe. Côté défensif, Örebro est dans le vent avec des arrières mobiles et rapides qui conviennent au hockey moderne&nbssp;: Kristian Näkyvä, Rasmus Rissanen et la révélation de la saison passée, Jonathan Andersson, qui est parvenu à franchir le seuil de la sélection suédoise. En attaque, Örebro n'a pas réussi à attirer Mathis Olimb, mais l'attaquant américain Aaron Palushaj. Aucune déception, Palushaj, un des meilleurs du championnat, est probablement le meilleur atout offensif d'Örebro depuis les années Derek Ryan. Problème, quel centre lui attribuer ? Tom Wandell a été décevant, le Letton Rodrigo Abols s'est blessé au doigt et sera écarté un moment et Jere Sallinen n'a pas véritablement le potentiel pour dynamiser une première ligne. C'est un point noir récurrent qui n'a pas été gommé, et qui risque d'avoir son importance en dépit du profil intéressant de l'ÖHK.

 

Mora IK : nouvelle mission maintien

Après neuf années en Allsvenskan, Mora a assuré aisément sa place en SHL dès sa première année. Ce n'était pourtant pas gagné puisque le club a connu plusieurs changements dans son staff durant l'exercice 2017-2018, le coach actuel Mats Lusth est même arrivé juste avant la phase de qualification, la Kvalserien. Lusth aura l'avantage, pour la saison à venir, de disposer d'un groupe peu chamboulé, un avantage pour pérenniser une fois de plus la place parmi l'élite suédoise, même si l'organisation a connu quelques revers fâcheux durant l'intersaison.

Le club de Dalécarlie a perdu tout de même David Kase, une vraie locomotive, et Jacob Nilsson, qui a récemment connu ses premières joies en sélection. Le talentueux Martin Bakos, lui, ne viendra jamais. L'attaquant slovaque, qui a disputé les Jeux olympiques et les Mondiaux la saison dernière, a obtenu un contrat à deux volets des Bruins de Boston, il évoluera donc en Amérique du Nord alors qu'il était convenu qu'il vienne à Mora. Étant donné le profil et le potentiel du joueur, qui devait tenir un rôle très important au MIK, la nouvelle a été dure à encaisser. Mora s'en remettra avant tout à Michael Keränen, attaquant de 28 ans qui a connu une dernière saison prolifique en Finlande. Hormis l'offensive qui dépendra fortement de Keränen, Mora n'a pas grand chose à envier aux autres équipes. Christian Engstrand, qui a connu du moins bon par le passé, a été un pari gagnant devant le but et il sera protégé par une solide assise défensive avec Adam Masuhr, Tomas Skogs, Daniel Grillfors et Marek Daloga. Mora devrait donc vendre cher sa peau.

 

Timrå IK : un promu très (trop ?) inexpérimenté

Timrå est une ville où la tradition du hockey est forte. Alors son retour en élite suédoise n'est pas passé inaperçu, après cinq ans en Allsvenskan. Battu lors des qualifications, Karlskrona a montré beaucoup de courage mais n'avait pas un équilibre économique et sportif pour survivre à long terme. Et le Timrå IK, qui a connu récemment des déboires économiques, semble avoir le même profil que son prédécesseur. Surtout que le surdoué Jonathan Dahlén (MVP de l'Allsvenskan à 20 ans), qui a porté l'équipe toute la saison, est parti pour épater la galerie à Vancouver avec Elias Pettersson.

Les Red Eagles ont peut-être conclu l'affaire de l'année en recrutant Niklas Svedberg, qui sera à coup sûr dans le top des gardiens de la SHL. Svedberg pourrait devenir ainsi l'un des joueurs les plus influents du championnat. Timrå pourra compter sur quelques joueurs rompus à l'élite, avec David Printz, Alexander Falk, Albin Carlson, le Danois Morten Madsen, et le duo issu de Rögle Sebastian Collberg / Ludvig Rensfeldt dont l'alchimie devrait être profitable à l'offensive. Jacob Olofsson et Filip Hållander constituent eux les deux grands espoirs offensifs. Mais l'effectif demeure toutefois assez léger pour la longue route qui s'annonce. Le coach Fredrik Andersson, prolongé de trois ans, avait mené la section junior du MODO à l'or et il a donc permis à Timrå d'atteindre la SHL. Il a à disposition un gardien de grande classe, mais une équipe jeune, assez inexpérimentée. Rude défi en perspective...

 

Nicolas Jacquet

 

 

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