Finlande 2019 : bilan de la saison et perspective

 

Les résultats du championnat finlandais

Le bilan précédent (2018)

 

C'est incontestablement l'année des surprises pour la Finlande. On pense évidemment aux improbables champions du monde couronnés en mai dernier en Slovaquie, avec dans leurs rangs une douzaine de joueurs de Liiga. C'est certainement le titre mondial le plus imprévisible de l'histoire pour les Leijonat. Et la sélection féminine a elle aussi marqué les esprits aux Mondiaux organisés chez elle, à Espoo, puisque les Naisleijonat sont parvenues à écarter la superpuissance canadienne en demi-finale, avant de passer à un cheveu du titre mondial face à l'autre superpuissance, les États-Unis. C'est malheureusement un but controversé mais bel et bien refusé qui a précipité la chute des Lionnes en finale, la Finlande ratant de peu un triplé historique, en plus du sacre mondial de la sélection junior.

Il y a finalement eu un effet miroir entre les équipes nationales et la Liiga lors de cette saison 2018-2019. En effet, une formation a également bousculé les pronostics en championnat. Les grands favoris, Kärpät d'Oulu, ont lâché le titre au HPK, que personne ne voyait en finale. Mais là encore, une décision arbitrale controversée a pesé sur le résultat. En prolongation du septième match, Aleksi Heponiemi d'Oulu travaille derrière le but adverse, et se voit sanctionner d'une crosse haute et d'un 2'+2'... qu'il n'a jamais commis. Niklas Friman s'est écroulé avec les mains sur le visage à cause de la crosse d'un coéquipier, Niclas Lucenius. La suite sera cauchemardesque pour Oulu puisque le HPK inscrira le but vainqueur par Markus Nenonen grâce à cette supériorité numérique qui n'avait pas lieu d'être.

On ne vous cache pas que cette pénalité injustifiée mais lourde de conséquences a semé l'embarras au sein de la Liiga. Son directeur général Jyri Rönn, ancien arbitre, a reconnu une erreur bien réelle, mais "qui fait malheureusement partie du jeu"...

 

Hämeenlinnan Pallokerho (1er) : la surprise du chef

Avant le début de la saison 2018-2019, qui aurait misé un euro sur le HPK ? Personne ou presque, même parmi ses plus ardents supporteurs. Il faut dire que jusqu'à maintenant, le Hämeenlinnan Pallokerho n'avait remporté qu'un seul titre (en 2006) et que, depuis la finale perdue en 2010, il s'est passé huit ans sans participation aux demi-finales. Pas de participation aux playoffs lors de trois des quatre dernières années, on était loin des ambitions affichées. En 2015, la direction du club d'Hämeenlinna souhaitait une participation systématique aux playoffs et le titre dans les cinq ans. La révolution en coulisses, avec l'intronisation en 2018 du manager Mika Toivola, n'a finalement pas affecté un groupe en plein modelage, très jeune, qui a finalement eu une réussite aussi rapide qu'inattendue. Cinquième de la saison régulière, le HPK avait tout de même, pour les amateurs de stats avancées, le meilleur Corsi de la ligue, 54,8%. Un chiffre révélateur, pour une équipe qui a terminé par un splendide finish en écartant le TPS Turku, le Tappara Tampere et les Kärpät d'Oulu, les trois grands favoris du championnat. Une victoire finale acquise avec une masse salariale bien inférieure aux adversaires (1,8 million d'euros pour HPK contre 3 millions pour les Kärpät). Alors, même si le but du titre est intervenu après un fait de jeu controversé, la victoire en Liiga est autant bluffante que méritée.

Pour le coach Antti Pennanen, cette réussite vient avant tout d'un formidable esprit d'équipe qui a servi de moteur au développement du groupe, pour le mener au sommet du championnat. À titre individuel, Otto Paajanen, élu meilleur joueur des playoffs, a été un capitaine exemplaire, et Teemu Turunen a connu un sommet de 54 points, soit 22 de plus que la saison précédente. Le jeune gardien Emil Larmi a lui aussi été remarquable devant les filets, plus particulièrement en playoffs, confirmant toutes ses promesses. Ces trois-là, sur le départ, manqueront cruellement pour la saison à venir. Jere Innala, qui a littéralement explosé en devenant le quatrième meilleur buteur du championnat à seulement 21 ans, sera lui bien présent. Il sera le chef de file de cette jeune cohorte de talents qui devra assurer la lourde transition : défendre un titre inattendu.

 

Oulun Kärpät (2e) : une cadence qui s'est essoufflée

Oulu a beau être une place-forte du hockey finlandais ces dernières années, elle a donc cédé face à une équipe du HPK au mental inébranlable. Pourtant, tout indiquait que les "hermines" se dirigeaient vers un deuxième titre en deux ans. Le club aux portes du cercle polaire a remporté la saison régulière une quatrième fois en six ans avec un montant vertigineux de 137 points, 29 points de plus que le dauphin Tappara (!), et un nouveau record pour le club. Excellents en infériorité numérique, les Kärpät ont également le meilleur PDO de la ligue (l'addition du pourcentage d'arrêts et du pourcentage de tirs), bien aidés par un duo de gardiens imparables, le jeune Veini Vehviläinen et l'expérimenté Jussi Rynnäs. Ville Leskinen a fini à 57 points, le meilleur total de la Liiga (mais un but de moins que Malte Strömwall), il s'est emparé du casque d'or en fin de saison. La doublette défensive Jani Hakanpää - Atte Ohtamaa a été irréprochable, ils ont été ensuite des rouages de la sélection championne du monde. Nicklas Lasu, qui a eu davantage de responsabilités qu'à Frölunda, et Teemu Kivihalme, un natif du Minnesota qui était déjà passé par Oulu en junior, sont devenus des joueurs majeurs du championnat. Et le champion du monde junior Aleksi Heponiemi a amassé 1 point par match.

Mais le rythme effréné de la saison régulière a finalement ralenti en playoffs. Après la victoire écrasante en saison régulière, les Kärpät sont ressortis vainqueurs dans la douleur des Ilves en quart puis du HIFK en demi-finale. La finale contre le HPK n'a été que plus difficile, même si le résultat final ne s'est pas joué à grand chose. À vrai dire, il manquait un petit plus. Mika Pyörälä ? Le vétéran de 37 ans, un leader naturel quintuple champion de Finlande, déjà sacré champion du monde et très apprécié de son coach Mikko Manner, s'est blessé au talon d'Achille en février, il a probablement beaucoup manqué dans les moments décisifs. Même si bon nombre d'éléments majeurs sont sur le départ, nul doute que les Kärpät souhaiteront rectifier le tir, avec une fois de plus un effectif dense, un savoureux mélange entre expérience (Lasse Kukkonen, Jussi Jokinen, Janne Pesonen, et un Pyörälä probablement en santé) et une pluie de jeunes talents prometteurs.

 

Tappara Tampere (3e) : la culture de la victoire écorchée

Avec les Kärpät, le Tappara Tampere est le grand club finlandais des années 2010. Mais si ce club fait preuve d'une remarquable régularité avec une septième médaille consécutive, il n'a pu prétendre à une septième finale de suite en concédant trois revers de suite en demi-finale contre HPK. L'aventure s'est finalement terminée en bronze. C'était donc la première finale de Liiga sans Tappara depuis le printemps 2012. L'objectif n'a pas été atteint car le club a désormais une culture de l'exigence, le titre est constamment dans le viseur. Le coach Jukka Rautakorpi, qui passera une douzième saison derrière le banc de Tappara, a sur son tableau cinq finales perdues et "seulement" une demie en 2019. Il n'aura probablement plus le droit à l'erreur et devra satisfaire une direction chamboulée puisque le président Mikko Leinonen, après vingt ans de service, trois championnats, six médailles d'argent et deux de bronze sous son règne, sera remplacé par le businessman et président de l'enseigne Power Finland Mika Aaro. Et l'ex-entraîneur Jussi Tapola revient en tant que directeur des opérations.

Il y a pourtant eu beaucoup d'éléments de satisfaction lors de la dernière saison. Malgré la blessure au genou d'Otso Rantakari, la défense a fait très bonne figure avec Veli-Matti Vittasmäki, Ben Blood, Tuukka Mäntylä, Toni Utunen, Valtteri Kemiläinen et Teemu Suhonen. Quant à Kristian Kuusela, l'attaquant de 36 ans a réalisé une saison remarquable avec 54 points, sa deuxième performance en Liiga, dont 19 buts. Le jeu s'est affiné durant l'exercice, à l'image du jeune gardien Christian Heljanko qui a progressé au fil des mois, mais cela n'a finalement pas suffi. Heljanko devait constituer un duo excitant avec la recrue Emil Larmi, grand artisan du titre du HPK... avant que ce dernier ne soit appelé une quinzaine de jours plus tard par les Pittsburgh Penguins pour jouer en AHL. Tappara devra se contenter d'autres solutions devant les filets et misera sur Charles Bertrand. Après un passage raté en KHL et un court intermède à Gottéron, le Parisien, meilleur buteur de la Liiga 2017-2018, aura soif de rebondir.

 

IFK Helsinki (4e) : une nouvelle saison en dents de scie

Sacré retournement de situation. Le HIFK bataillait en fond de classement à l'automne, encaissant notamment une mauvaise série de sept défaites consécutives. Le 25 janvier, le coach Ari-Pekka Selin était même démis de ses fonctions, remplacé par son assistant Jarno Pikkarainen. Cette promotion était toutefois prévue puisqu'il était convenu que Pikkarainen devienne entraîneur en chef à la rentrée 2019. Au vu des difficultés, la promo a finalement été avancée de plusieurs mois.

Auteur d'un début d'exercice difficile, le gardien Atte Engren a finalement vu son jeu se bonifier durant toute la saison, permettant au HIFK d'atteindre un carré final qui semblait totalement inaccessible plus tôt dans la saison. Engren a d'ailleurs été conservé pour la saison à venir, mais un suppléant plus incisif, Frans Tuohimaa, lui a été attribué. Seule une poignée de joueurs a porté l'équipe. En dehors d'Engren, on peut citer la première ligne, composée de Joonas Rask, Juhani Tyrväinen et Erik Thorell (129 pts à eux trois en saison régulière). Les blessures de Thorell et Rask, à des périodes différentes, ont d'ailleurs mis en évidence la dépendance des trois larrons. Le manque de profondeur, en particulier au centre, a d'ailleurs limité la marge de manœuvre du HIFK pour prétendre à la finale.

Deux joueurs ont toutefois pris une dimension assez inattendue. Au sein d'une brigade défensive pourtant perfectible, Teemu Eronen a réalisé une troisième saison remarquable sous le maillot du HIFK. Le futur arrière des Jokerit est devenu un défenseur d'élite en Liiga, obtenant le meilleur Corsi pour un défenseur en saison régulière (59,2%) et le quatrième meilleur pointage (35 points). Et surtout, personne ne s'attendait à ce que Anton Lundell, encore 16 ans lorsque la saison 2018-2019 a débuté, devienne un titulaire, obtenant des stats particulièrement flatteuses avec 19 pts en 38 matchs, et s'affirmant dans les deux sens de la patinoire. Émoussé en fin de saison, il devrait endosser un rôle plus important encore pour la saison à venir. Lundell sera l'une des attractions en devenir du HIFK. Avec Brad Lambert, acquis des Pelicans, Canado-finlandais âgé de 15 ans, éligible à la draft NHL 2022, plus jeune joueur de l'histoire à avoir évolué en Nuorten SM-Liiga (U20). L'IFK d'Helsinki est donc plein de promesses.

 

Lahden Pelicans (5e) : le plan Nieminen

Joueur marquant des années 90 et des années 2000, Ville Nieminen est en passe de devenir un technicien reconnu. Sa première saison à la barre des Pélicans a été très satisfaisante. Le club de Lahti a réalisé un excellent parcours en saison régulière, terminant à la troisième place, soit le meilleur résultat de ces sept dernières années. Il est même parvenu à redonner le goût du hockey à l'ex-international Juhamatti Aaltonen dès son arrivée en février après un an et demi de doute en Suède. Les Pélicans ont finalement déposé les armes en quart de finale face à une équipe du HIFK métamorphosée et un Atte Engren héroïque devant la cage du club de la capitale. Mais pour Nieminen, ce sont également l'expérience, l'intelligence de jeu et la capacité d'adaptation de ses adversaires qui auront fait la différence. Il est cependant évident que Nieminen, dont le contrat a été prolongé jusqu'en 2022, est parvenu à constituer un groupe qui va s'avérer prometteur pour les années à venir.

Ce n'est donc pas un hasard si le capitanat a été confié à Hannes Björninen, 23 ans, un symbole, qui forme avec les Aleksi Mustonen, Jesse Ylönen, Casimir Jürgens, Severi Lahtinen, Otto Nieminen une cohorte de jeunes leaders qui portent un projet à long terme. Et ceux-ci devront rapidement assurer la transition. Car plusieurs pointures s'en sont allées. Avec ses 94,6% d'arrêts, Juho Olkinuora aura été le meilleur joueur des séries, il a finalement pris le chemin de la KHL. Et puis il y a eu la sensation Oliwer Kaski. Le défenseur de 23 ans, parti tenter l'aventure en NHL, a inscrit 51 points en saison régulière (contre 16 la saison précédente) et c'est le joueur du championnat qui a adressé le plus de tirs. Le néo-Red Wing de Détroit Kaski quitte la Finlande avec les prix de meilleur joueur de la saison régulière et meilleur défenseur. Ces deux joueurs s'en vont donc mais aussi les deux attaquants les plus prolifiques, Jesse Saarinen et l'international tchèque Hynek Zohorna, de même que Brad Lambert, l'un des joueurs les plus prometteurs de l'histoire du club. Mais une chose est sûre, le coach Ville Nieminen saura obtenir le meilleur de ses joueurs pour la saison à venir.

 

Turun Palloseura (6e) : le vrai leader avait 18 ans

La saison s'est terminée par un goût amer pour le TPS Turku. La demi-finale atteinte en 2018 et la quatrième place à l'issue de la saison régulière en 2019 étaient encourageantes mais le parcours du Turun Palloseura s'est brutalement arrêté en quart de finale, face à une équipe du HPK largement supérieure en termes de jeu et de détermination. L'efficacité, en particulier en supériorité numérique, a déraillé en playoffs avec un groupe qui s'est finalement dispersé, à l'image de certains leaders comme Oula Palve, Zach Budish ou Ilari Filppula qui se sont effacés lors de la série contre le HPK. L'absence d'un véritable gardien numéro 1, un point noir de ces dernières années, a également précipité la chute de TPS, le Norvégien Henrik Haukeland s'avérant trop inconstant. Avec plus de 600 matchs NHL au compteur, Lauri Korpikoski aurait pu ajouter une étincelle nécessaire, mais il n'a disputé que quatre matchs en raison d'une maladie intestinale couplée à une infection du muscle cardiaque.

Au milieu de ce déficit de leadership, il y en a tout de même un qui a fait l'unanimité. Avant d'épater la galerie aux Mondiaux en Slovaquie et d'être choisi au deuxième rang de la draft NHL par les New York Rangers, Kaapo Kakko avait avant cela subjugué le public aux quatre coins de la Finlande. Avec 22 buts et 38 points lors de sa première saison complète, Kakko a totalement éclipsé tous les autres espoirs du club (dont Petrus Palmu), avant de porter son équipe en playoffs quand bon nombre de ses coéquipiers lâchaient prise. À mesure que la saison progressait, les responsabilités sont allées crescendo, et il les a assumées avec brio. Il faudra maintenant au TPS performer sans ce leader d'exception et avec davantage d'homogénéité. Mais au-delà de la stagnation sportive, c'est la santé financière qui inquiète. Le TPS Turku a contracté sur les quatre exercices précédents une perte de 7,2 millions d'euros, un montant sans précédent pour une équipe de haut niveau en Finlande.

 

Rauman Lukko (7e) : le pari de la jeunesse

Douzième en 2017, neuvième en 2018 et de retour en quart de finale en 2019, le Rauman Lukko est en progrès avec dernièrement une équipe plus équilibrée, et plus menaçante offensivement. L'attaque a été menée par deux excellentes pioches canadiennes. Brandon DeFazio et Justin Danforth n'avaient jamais joué en Finlande, ils ont finalement fini respectivement troisième et meilleur marqueur du club, le duo amassant 92 points en saison régulière. Si DeFazio est parti rejoindre le Kunlun Red Star en KHL qu'il avait quitté en 2018, Danforth sera encore présent pour la saison à venir. Pour faire aussi bien que les 170 buts marqués lors de la saison 2018-2019, Lukko a fait le pari des jumeaux suédois Westerholm, Pathrik et Ponthus, qui n'ont jamais eu de grande réussite dans leur pays.

À 37 ans, Janne Niskala a décidé de mettre un terme à une carrière riche, devenant entraîneur adjoint de l'équipe U20. Il faut tout de même avouer que ce défenseur, ultra offensif par le passé, était en déclin, gêné par les pépins physiques. Lukko avait de toute façon misé sur une brigade défensive très jeune, dont Tarmo Reunanen, Roni Sevänen et Ville Heinola sont les principaux représentants. Heinola a d'ailleurs été le premier joueur de Lukko de l'histoire à être repêché au premier tour de la draft NHL, choisi par les Winnipeg Jets. L'arrière de 18 ans aura encore une année de développement en Liiga avant de faire le grand saut en NHL. La jeunesse, c'est d'ailleurs le credo de la ville de Rauma qui a ouvert un bijou technologique de formation, une enceinte qui regroupe quatre glaces pour le hockey et une salle spécialement dédiée aux tirs. L'objectif est de pouvoir développer davantage le hockey auprès des plus jeunes, dans une zone géographique peu attractive économiquement et sujette au vieillissement de la population.

 

Tampereen Ilves (8e) : satisfaisants prémices d'un nouveau cycle

Les Lynx de Tampere n'ont pas pu empêcher le balayage face aux Kärpät en quart de finale. Mais il y a eu beaucoup de signes encourageants pour cette équipe qui n'avait pas participé aux playoffs en 2017-2018. Tout d'abord, précisons que trois des quatre rencontres du quart contre Oulu se sont soldées par un seul but d'écart. Et l'entraîneur Karri Kivi et ses adjoints ont fait de manière générale du bon travail avec un effectif peu clinquant et inexpérimenté, remettant notamment de l'ordre en défensive. Tout va bien pour les Ilves qui ont renforcé leur staff avec un nouveau directeur sportif, Timo Koskela, ex-dépisteur des St. Louis Blues. Et comble du bonheur, les finances sont (enfin) au beau fixe avec un bénéfice de 561 000 euros et un taux de remplissage de la patinoire très satisfaisant.

Tout indique que les Tampereen Ilves ont entamé un nouveau cycle. Si la confiance s'est progressivement éteinte pour le gardien Riku Helenius, l'arrivée du jeune Tchèque Lukás Dostál, qui a alors pris la relève, a fait un bien fou. Et bonne nouvelle, Dostál, qui avait le meilleur pourcentage d'arrêts au dernier Mondial junior, a été prêté par les Anaheim Ducks pour la saison à venir. Sous contrat avec Buffalo, Arttu Ruotsalainen pourrait bien être prêté lui aussi. Le joueur de 21 ans a réalisé une percée spectaculaire avec 42 points, se révélant comme l'un des meilleurs attaquants du championnat sans être aussi bien entouré que les autres top scoreurs de la Liiga. Ruotsalainen a d'ailleurs été le joueur le plus utilisé du championnat (1216 minutes) et il ne lui a pas manqué grand chose pour toquer à la porte de la sélection pour les derniers Mondiaux. À 23 ans, Emeli Suomi est devenu le plus jeune capitaine de l'histoire du club et a endossé le costume avec talent. Les arrivées de Robert Leino (précieux lors du titre du HPK), du gardien Ville Kolppanen et du défenseur Kalle Maalahti apporteront du capital expérience. Un bonus intéressant pour une équipe très jeune, 22 ans de moyenne d'âge.

 

Saimaan Pallo (9e) : le budget ne fait pas tout

Avant que l'exercice 2018-2019 ne commence, SaiPa avait une masse salariale de 2 millions d'euros, le chiffre le plus important de l'histoire du club et une somme importante par rapport aux standards de la Liiga. Mais neuvième de la saison régulière et une élimination dès les play-in face aux Ilves, le club de Lappeenranta a fait un pas un arrière après des signes de progression la saison précédente. La dynamique de l'entraîneur Tero Lehterä a été rompue, les attentes n'ont évidemment pas été satisfaites. Une attitude nihiliste, un jeu trop passif, l'équipe n'a pas soulevé un grand enthousiasme, et cela s'est vu dans les travées du Lappeenrannan jäähalli.

Les motifs de satisfaction, au vu des moyens mis en oeuvre, ont été rares. Frans Tuohimaa n'a pas répondu aux attentes devant la cage, ne parvenant pas à confirmer sa bonne saison précédente. En revanche, Niclas Westerholm, seulement 21 ans, a confirmé son potentiel et tiré son épingle du jeu, poussant Tuohimaa sur la touche. Westerholm sera d'ailleurs cédé par les Nashville Predators pour la saison à venir. L'autre satisfaction se nomme Tyler Morley, un joueur trouvé en EBEL. Cet attaquant canadien n'est peut-être pas bien grand mais sa vivacité et son agressivité, même face aux grands défenseurs du championnat, lui ont permis de faire l'unanimité, avec 41 points au compteur. Westerholm, Morley, également Antti Tuomenko et Brenden Kichton ont porté à eux seuls l'équipe, tandis que d'autres n'ont pas confirmé leur talent, en particulier Topi Nättinen et Jonatan Tanus. À l'évidence, c'était trop peu pour confirmer sportivement les moyens financiers mis en oeuvre. Il a manqué du panache et et de l'abnégation. Tomáš Záborský et Teemu Ramstedt (ce dernier n'a pas joué la saison dernière pour des raisons personnelles) arrivent pour remédier à ces problèmes, et relancer SaiPa.

 

JYP Jyväskylä (10e) : changement de cap

Entre 2008 et 2017, JYP bataillait pour le haut du classement, avec six médailles sur cette période dont deux en or. Mais depuis, le club de Finlande-Centrale peine à reprendre son envol. En 2019, JYP n'a devancé que d'un point le Vaasan Sport pour s'emparer du ticket "play-in", play-in finalement remporté par Lukko grâce à deux victoires sèches (5-1 et 4-1). L'icône Éric Perrin, l'un des meilleurs joueurs étrangers à avoir évolué en Liiga, a raccroché les patins à 43 ans, terminant à 34 points. Le Québécois est parvenu à conserver une certaine régularité dans ses performances, quand d'autres ne sont plus fiables comme Mikko Mäenpää, Mikko Kalteva, Juha-Pekka Hytönen et Jerry Turkulainen. Mais avant même les play-in, la direction avait enclenché le bouton du changement.

Lauri Merikivi, arrivé à la rentrée 2018, a été congédié en janvier, cédant son poste d'entraîneur à Pekka Tirkkonen, qui entraînait ces dernières années en Suisse et en Allemagne. Tirkkonen, qui a hérité d'un contrat de deux ans, souhaite un jeu plus rapide, plus rythmé, qui ne cadrera donc plus avec les Janne Kolehmainen, Miika Lahti, Nolan Yonkman et Mikko Kuuka, dont les contrats ne seront plus renouvelés. À Tirkkonen s'ajoutent un nouveau directeur sportif, Mikko Viitanen qui a connu une belle carrière au JYP et qui a collaboré avec le staff junior puis féminin de l'organisation, et un nouveau PDG, Risto Korpela, qui devra faire oublier les derniers exercices difficiles en réduisant les coûts. En tout cas, pour ce nouveau cycle, Tirkkonen pourra s'appuyer sur Eetu Laurikainen. Ce gardien de 26 ans a montré qu'il avait l'étoffe d'un numéro 1, car si l'équipe a tenu debout, c'est surtout grâce à lui. Il est le pilier et symbole d'une reconstruction entamée, et semble-t-il rassurante pour les supporteurs.

 

Vaasan Sport (11e) : du punch en attaque mais une défense trop faible

Après deux saisons catastrophiques, l'exercice 2018-2019 a finalement été satisfaisant pour le Vaasan Sport. Les Aigles ont fini à la onzième place, n'échouant qu'à deux points des playoffs. Même si la cadence s'est essoufflée en janvier, Vaasa s'est battu jusqu'à la fin, retrouvant une certaine crédibilité. On peut supposer que le Vaasan Sport pourrait avoir davantage de réussite la saison prochaine. Valentin Claireaux a d'ailleurs été un symbole de cette abnégation. Recruté comme joker, le Saint-Pierrais s'est finalement révélé comme un véritable leader, marquant 9 points et excellant dans le travail défensif. À l'unanimité, le centre français a été considéré comme une acquisition très satisfaisante. L'ailier champion du monde Joel Kiviranta et le défenseur Tony Sund, enrôlés respectivement par Dallas et San José en NHL, ont également été des joueurs clefs.

La production offensive a été grandement améliorée avec une trentaine de buts de plus marqués en saison régulière par rapport à la saison précédente. Trois joueurs ont atteint le seuil des 40 points, une première pour Vaasa depuis son accession en Liiga : Antti Kalapudas, Olavi Vauhkonen et Toni Kallela. Ils étaient même sept à passer le seuil des 30 points cette saison. La mention vient tout de même à Kalapudas, qui à seulement 22 ans a franchi une nouvelle étape dans son développement. Il s'est avéré très régulier, que ce soit aux côtés de Kiviranta et Kallela ou des plus expérimentés Vauhkonen et Talaja, mais il devra améliorer un jeu défensif trop perfectible. La défense, qui a pour la deuxième année de suite encaissé plus de 200 buts, est un chantier d'envergure. Ari-Pekka Pajuluoma, qui officiera une deuxième année de suite derrière le banc, devra s'y atteler. Il sera néanmoins aidé par un nouvel adjoint, Johannes Nygård, recruté pour son expertise en matière de développement de joueur et de jeu défensif. L'équipe devra également dompter sa nervosité. Avec 799 minutes de pénalité, Vaasa était en effet l'équipe la plus pénalisée de la Liiga.

 

Kalevan Pallo (12e) : en pleine chute

Une finale perdue en 2017, un quart de finale perdu en 2018 et une triste douzième place en 2019, la chute est spectaculaire pour KalPa, alors même que le club de Kuopio a soufflé ses 90 bougies d'existence. On en oublierait presque que le Kalevan Pallo a remporté l'hiver dernier la Coupe Spengler, devenant la première équipe finlandaise de l'histoire à gagner ce trophée mythique. Une belle victoire, mais qui n'efface pas la douloureuse campagne en Liiga. Cet échec s'explique par les blessures de plusieurs joueurs clefs (Mikael Seppälä, Jaakko Rissanen, Kai Kantola, Alexander Ruuttu, Balázs Sebök, Joni Ikonen) mais aussi un système de jeu qu'a peiné à assimiler l'équipe. Le coach Sami Kapanen, qui souhaitait miser sur des joueurs en développement NHL, a prôné un jeu plus rapide, mais ce jeu s'est finalement avéré trop étiré et précipité.

Et pour ne rien arranger, Denis Godla a été un échec retentissant devant les filets avec un pourcentage d'arrêts catastrophique, 88,8% en 49 matchs. Le gardien slovaque a été prié de faire ses valises, remplacé par deux visages familiers, Eero Kilpeläinen et Samu Perhonen. Deux joueurs, improbables, ont fini par tirer l'équipe vers le haut. L'arrière de 22 ans Otto Leskinen, sous contrat avec Montréal, a fait un bon de géant dans sa zone comme en attaque, avec 31 points. Et comment ne pas évoquer le jeune prodige français Alexandre Texier, qui a été un étonnant leader, avant de connaître une fin de campagne enthousiasmante en Amérique du Nord. L'Isérois a amassé 41 points en 55 matchs, menant les compteurs de son équipe à seulement 19 ans. Texier a incontestablement pesé sur le jeu, en témoignent ses 265 lancers, le septième meilleur total de la Liiga. Texier et Leskinen partis rejoindre le Nouveau Continent, Kapanen engagé par le staff de Lugano, KalPa amorce une nouvelle étape. Ce sera sous la direction du nouveau coach Tommi Miettinen, avec notamment Miikka Pitkänen, un jeune attaquant qui a explosé à KooKoo. Sera-ce suffisant pour stopper la chute ?

 

KooKoo Kouvola (13e) : la solution Ahokas

KooKoo a rejoint l'élite en 2015 mais n'a jamais pu accrocher les playoffs, la faute encore une fois à une défense toujours faible. Le pilier norvégien Alexander Bonsaksen fait office de cas particulier, il a été prolongé à raison par le staff. Il sera d'ailleurs rejoint par un compatriote, le gardien Henrik Haukeland qui gardait la cage du TPS Turku et qui aura la lourde tâche de stopper l'hémorragie. La défense a été dépassée, et c'est un petit miracle si Kouvola hébergeait le meilleur attaquant de la Liiga. Malte Strömwall a dynamisé à lui seul l'offensive de KooKoo, terminant meilleur buteur (30 buts) et meilleur marqueur (57 points) du championnat. 17 de ses 30 buts ont d'ailleurs été marqués en supériorité numérique, de loin le meilleur total. Jamais dans l'histoire du championnat de Finlande un joueur d'une équipe aussi mal classée avait remporté le titre de meilleur marqueur !

Le point noir récurrent de KooKoo demeurait néanmoins le manque de relève. Il sera finalement effacé avec un groupe rajeuni pour la saison à venir. Et pour tirer le meilleur des jeunes talents que sont les attaquants Sami Tamminen, le Hongrois Vilmos Galló, Joonas Oden, le Slovaque Samuel Bucek, les défenseurs Santeri Salmela, Arttu Pelli, KooKoo s'est probablement tourné vers la meilleure personne du pays : Jussi Ahokas. Ce jeune entraîneur de 38 ans a mené les sélections nationales U20 et U18 au titre de champion du monde, en 2019 et 2016. C'est donc le profil que recherchait Kouvola, pour faire mûrir l'équipe, et lui permettre d'atteindre enfin les playoffs.

 

Mikkelin Jukurit (14e) : stabilité, le maître mot

Comme KooKoo, les Jukurit n'ont jamais participé aux playoffs de Liiga, depuis leur intronisation en 2016. Les fans y ont pourtant cru pendant un temps. Car le début de saison a finalement été bon, Mikkeli se plaçant rapidement dans le bon wagon, avant que l'équipe ne s'effondre à la première pause internationale en novembre. Mais malgré tout, l'entraîneur Pekka Kangasalusta demeure confiant en l'avenir. Il est vrai que durant cette saison, les Jukurit sont parvenus à battre les Kärpät, en apparence invincibles, et ils ont tenu tête aux meilleures équipes de Liiga. Tout cela avec un groupe stable, qui le sera de nouveau pour la saison à venir avec une vingtaine de joueurs conservés, car il ne faut pas perdre de vue que les Mikkelin Jukurit constituent le plus petit budget de la Liiga.

Les blessures de Mika Partanen (qui n'a disputé qu'une demi-saison) et du précieux Janne Ritamäki (out dès octobre), deux leaders de Mikkeli, ont tout de même ajouté beaucoup de frustration. L'aisance du Russe Vadim Pereskokov, arrivé pour pallier les blessures mais rapidement devenu un attaquant de premier trio redoutable, s'est avéré une étonnante satisfaction. Partanen, Pereskokov et l'exemplaire capitaine Miika Roine porteront à coup sûr l'équipe pour la prochaine saison. Quant au solide gardien Sami Rajaniemi, il s'est retrouvé trop souvent bien seul, exception faite lorsque son lieutenant Samuli Piiponen, défenseur très propre, était dans les parages. Axel Rindell (en provenance du HIFK) et Mikko Kokkonen (qui a impressionné en dépit de ses 18 ans) étofferont davantage la brigade défensive tout en poursuivant leur développement. Deux coachs mentaux, Eeva Kettunen et Will Critchley, accompagneront cette fois-ci l'équipe, qui tentera de préserver sa discipline. Avec seulement 477 minutes de pénalité, les Jukurit étaient en effet les meilleurs élèves, soit 40% de moins que la pire équipe en la matière, Vaasa.

 

Porin Ässät (15e) : un calvaire historique

Ancien attaquant des Ässät, Jesperi Kotkaniemi fait désormais les beaux jours du Canadien de Montréal. Mais son départ a laissé le champ à une saison apocalyptique. Son père Mikael Kotkaniemi, entraîneur à Pori depuis 2015, n'a d'ailleurs pas fait de vieux os puisque Pasi Kaukoranta l'a remplacé en novembre. Pour autant, cela n'a pas fait décoller l'équipe des As qui a fini l'exercice avec seulement neuf victoires dans la besace. Il faut remonter à la saison 1969-1970 pour voir un aussi mauvais résultat des Ässät Pori... lorsque chaque équipe du championnat ne disputait "que" 22 matchs en saison régulière, et non 60 ! Clairement, il s'agit bien de la pire saison de l'histoire du club.

Cette saison catastrophique est donc à oublier, et c'est toute l'équipe qui est en reconstruction. Sept joueurs avaient d'ailleurs déjà quitté le navire en janvier et février. C'est une nouvelle ère qui s'annonce, sans les Andreas Bernard, Sakari Salminen, Jarno Kärki. Déjà PDG intérimaire depuis l'éviction d'Eeva Perttula, Mikael Lehtinen prend ses fonctions, avec l'idée d'équilibrer l'économie, et de rétablir de la confiance et de la sérénité. Le tacticien Ari-Pekka Selin, qui a exercé au chevet de HIFK, TPS, HPK, SaiPa et Ilves, revient dans sa ville natale. Deux visages vont probablement incarner cette nouvelle ère : Daniil Tarasov et Roni Hirvonen. Tarasov est un jeune gardien russe, propriété des Columbus Blue Jackets, qui a choisi un endroit plutôt atypique pour se développer. Ce portier de 20 ans a été élu recrue de l'année en VHL, le deuxième échelon russe, et demeure un espoir prometteur. Tout comme l'attaquant Roni Hirvonen, 17 ans, un des meilleurs joueurs du circuit U20 et éligible à la draft 2020. Les Porin Ässät ont désormais un travail de leadership et de reconstruction à accomplir, pour oublier très vite la dernière saison catastrophique.

 

Nicolas Jacquet

 

 

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