Rouen change sa droite

 

Préparer la saison pandémique a été l’objet d’une longue réflexion pour l’organisation rouennaise. La privation de la fin des play-offs pour cause sanitaire a d’abord été émotionnellement frustrante, avant d’être assimilée. Puis, il a bien fallu bâtir la future équipe avec un budget dans lequel les recettes de la billetterie sont dépendantes des conditions sanitaires d’accueil conjecturables. Sans totalement maîtriser les conséquences économiques de la pandémie actuelle, la priorité de Guy Fournier et Thierry Chaix a été de ne mettre en danger en aucun cas l’existence du club et la santé de la grande famille du RHE, bénévoles et public compris.

D’abord, pour faire face aux capacités d’accueil très réduites par les règles sanitaires, il fut un temps étudié de construire une équipe aux ambitions plus modestes que durant ces dernières années. Cette solution dépressive, qui en outre ne correspondait pas au standing de l’équipe acquis depuis 30 ans, n’a pas été retenue car la direction du RHE76 estimait courir le risque, avec une baisse de résultat en saison régulière, d’une désaffection du public, de ne pouvoir remplir (au prix fort) la jauge des 1309 places restantes, adaptées au plan de reprise du risque Covid et des gestes barrières. Subir une baisse des recettes aux guichets, c’était risquer de ne pas tenir un budget même en diminution. Le président Thierry Chaix et son manager général Guy Fournier ont finalement fait le choix, séduisant, de constituer une équipe compétitive pour rivaliser avec les autres équipes de la ligue Magnus, certaines curieusement très promptes dans leurs signatures de joueurs, qui ne semblent pas avoir réduit leur voilure, elles non plus, malgré la crise, sans doute rassurées par les systèmes sociaux français.

La première conséquence de la réflexion des dirigeants a été le gel des abonnements (un millier environ). Économiquement, il n’était pas supportable pour le club de n’avoir quasiment que des cartes forfaitaires aux tarifs réduits en recette billetterie. La deuxième résultante était d’établir une augmentation très substantielle des prix des places aux guichets. Au minimum, en championnat, les tarifs des matches de gala de la saison passée seront appliqués, mais pour quatre cadors de la ligue, il sera appliqué les taxes play-offs ! Et en série, celui des séries, a promis l’équipe dirigeante.

Avant de songer aux éliminatoires, il faudra y être qualifié. Pour y parvenir, le staff a renouvelé sa confiance à Fabrice Lhenry au poste d’entraîneur en chef. À 48 ans, l’ancien gardien entame sa sixième année en responsabilité au bord de la glace après une saison régulière assez difficile. Revirement banni à domicile contre Amiens (2-3), défaite critique à la maison face à Mulhouse (1-5), humiliation reçue à Grenoble (6-1), série de 5 défaites en 6 matches du 1er au 20 octobre 2019. Fabrice Lhenry s’est accroché. Il a aussi adapté sa façon de faire pour redonner confiance à un contingent au moral défaillant. Les succès, plus ou moins aboutis, sont enfin arrivés en décembre jusqu’à la fin du championnat. Le RHE76 a finalement décroché la seconde place du classement quasiment inatteignable en plein automne. Cela malgré des accrocs épisodiques à Mulhouse (encore), à Chamonix (5-1), et la désillusion en finale de coupe de France face aux "chers" Gothiques. "Fabulous Fab" sera une fois de plus épaulé par le fidèle Ari Salo. Le coach finlandais, à 56 ans, sera aussi aux commandes de Rouen 2 et des U20. Le duo d’instructeurs constitué voilà cinq saisons recevra cette année le renfort de Marc-André Thinel. L’ailier canadien a décidé à 39 ans de mettre fin à sa carrière de joueur tout en gardant un pied dans le club où il a passé 15 saisons ! MAT est devenu une légende sur les bords de Seine et en ligue Magnus. La saga Thinel a produit une fiche française aussi démesurée que colossale : 8 titres de champion, 2 Coupes continentales, 3 coupes de France, 2 trophées Charles Ramsey, 416 buts, 1078 points en 747 matches avec les Dragons ! Sa jeune expérience et son ressenti complèteront sans doute l’analyse des deux coaches plus chevronnés.

Devant la cage, Matija Pintaric sera de nouveau présent. Fidèle aux Dragons, le Slovène de 31 ans, auteur de 5 blanchissages et qui entame sa quatrième saison sur l’île Lacroix, est une valeur sûre. Le meilleur gardien de la ligue sera secondé par Valentin Duquenne qui grimpe d’un échelon dans la hiérarchie des portiers rouennais. À 19 ans, l’international U18 & U20, issu du hockey mineur de Rouen et de Dunkerque, remplace, au poste de back-up, Gaétan Richard parti chercher du temps de jeu à Bordeaux.

Pour protéger les cerbères, à gauche, le staff a prolongé les contrats de Cam Barker, le joker défensif de la saison écoulée, de Florian Chakiachvili et de Pierre Crinon. Cam Barker s’est imposé en 16 petits matches. Même si ses réactions nonchalantes aux revirements laissent parfois perplexe, doté d’une bonne vision du jeu, ses relances en sorties de zone sont précises et son lancer apporte des solutions de loin face aux carrés adverses. À 35 ans, son expérience (327 matches en NHL et 214 matches en KHL) doit imposer le natif de Winnipeg comme le patron d’une défense sans capitaine. Mathieu Roy a mis fin à sa carrière sportive, après 3 années au RHE avec le "C" et un titre de champion en 2018. Florian Chakiachvili a été le baromètre de l’équipe. "Quand Flo Chak va, le Dragon va !". Cela a été difficile en début de saison. Le gaucher de 28 ans a été bien loin de ses standards habituels et des attentes placées en lui. Après 22 rencontres, l’originaire de Briançon marquait de faibles statistiques : 6 points et surtout -4 au ratio d’une équipe certes en eaux troubles mais encore assez dominante ! Ensuite, il faut lui en tenir grand mérite, l’international français a su rebondir et mettre les bouchées doubles en explosant ses normes, et les résultats de l’équipe se sont améliorés avec lui. Autre satisfaction, c’est la fiche de Pierre Crinon. Il y a un an, ce puissant arrière arrivait de Gap sur les bords de Seine pour franchir un cap. Le natif de Reims a pris le bon chemin. Il a conquis la foule grâce à son premier but inscrit sous le chandail du Dragon contre Amiens, le meilleur ennemi. Il a récidivé au Coliseum comme pour se faire adouber. Son surprenant soutien offensif du début d’exercice a fait énormément de bien à un collectif moins en réussite. Néanmoins, il a surtout dominé la première moitié de saison avant, ennuyé par des pépins physiques, de rentrer dans le rang, ensuite, mais toujours sans endommager son excellent ratio.

Si à gauche, les certitudes sont éprouvées, le côté droit, lui, a dû être entièrement repensé. Nous l’avons vu plus haut, le vétéran capitaine, Mathieu Roy, s’est retiré de la compétition, Atte Mäkinen a obtenu un rôle en Liiga, dans un challenge finlandais plus relevé et Chad Langlais a fait, à 34 ans, le choix très noble de privilégier sa famille en retournant à Gap où il a déjà apprécié le confort de vie. Ces trois piliers très complémentaires de la défensive rouennaise ont été remplacés par Enzo Cantagallo, issu du CHAR, et par les Canadiens Mark Flood, 35 ans, en provenance d’Autriche, et Maxim Lamarche, 28 ans, qui aborde une carrière en Europe après avoir évolué deux saisons dans le club ferme des Canadiens de Montréal. Enzo Cantagallo est né à Grenoble, il y a 21 ans. Formé à Villard-de-Lans, il débarque à Rouen à 17 ans et fera tout son hockey junior au CHAR. À sa première saison, le défenseur apparaît déjà sur la feuille de match en pro à quatre reprises ! Curieusement oublié par les sélections de jeunes, "l’aimant à palet" a cumulé deux licences bleues pour se développer en D1 à Caen, tout en étant prêt à faire des piges avec les Dragons lorsque des blessures lui ouvrent la porte de la ligue Magnus. Défensivement, le garçon est très rassurant, il a très peu de déchet. Offensivement, ses matches avec Caen lui ont permis d’acquérir une première passe de qualité et de la vitesse d’exécution. Bien à l’écoute du système, Enzo Cantagallo dispose des prérogatives modernes pour s’imposer, progresser et parfaire le flanc droit de Crinon ou Barker. Ce sera sa première saison professionnelle.

Mark Flood, lui, est professionnel depuis 15 ans, après une formation en OHL où l’arrière qui tire de la droite a mené, en tant que capitaine, son équipe des Petes de Peterborough jusqu’en finale de conférence Est. Drafté par Montréal en 2003, agent libre, il émarge à Columbus pour jouer en pro dans sa filiale de Syracuse en 2005. Échangé vers la Caroline en 2006, il continue sa carrière en AHL. En 2009, le défenseur signe aux Islanders. Là, il connaît la NHL où il débute le 25 mars 2010 contre Calgary. Il dispute 6 matches avec les Flames puis retourne en AHL et signe avec Manitoba, l’équipe ferme de Winnipeg. Une saison plus tard, c’est avec les Jets qu’il renoue avec la Ligue Nationale. Il inscrit son premier filet contre Martin Brodeur de New Jersey Devils, le 5 novembre 2011. La saison suivante, le natif de Charlottetown franchit l’Atlantique et l’Europe pour jouer à Yaroslavl en KHL qui reconstitue une formation après le dramatique accident d’avion qui a décimé le Lokomotiv. L’expérience orientale n’est pas probante. Flood rejoue en AHL en signant à Carolina. Puis, à presque 30 ans, le défenseur de l’île du Prince Édouard s’installe en Europe à chaque saison pour jouer le titre. Zagreb (KHL), Togliatti (KHL), Salzbourg (EBEL), Tampere (Liiga) et Vienne (EBEL) d’où il décolle ses valises pour la Normandie. L’athlète de 1,86m pour 88kg, en plus de sa belle expérience, dispose d’une passe rapide et précise. Calme, la recrue chaudement recommandée par Cam Barker est avant tout concentrée sur son jeu défensif mais Flood aime aussi prendre sa chance à la ligne bleue en supériorité numérique. Ses deux récentes saisons à plus de 25 points en EBEL peuvent faire penser qu’il pourrait apporter un peu plus que son expérience et son assise défensive en complétant à leur tribord Chakiachvili ou Barker.

Dernier droitier du top 6, Maxim Lamarche est présenté comme "un bon joueur de hockey, un droitier, avec un gros physique, capable de jouer en supériorité numérique". Les spécialistes normands le comparent à Mathieu Brodeur, rouennais lors de la saison 2018/2019, en plus mobile. Les deux joueurs se rapprochent au plan morphologique et dans leurs parcours sportifs avant d’arriver sur le glaçon de l’île Lacroix. Issu de la LHJMQ, puis faisant la navette entre l’ECHL et l’AHL, Maxim Lamarche (1,91m / 99kg) a connu un sommet sportif et d’aventure humaine à Baie-Comeau en junior. En 2013, à 19 ans, il joue la finale, qu’il a perdue, face au Halifax de Jonathan Drouin et Nathan McKinnon. Encore aujourd’hui les anciens champions de la division est du Drakkar se retrouvent l’été. Ses débuts professionnels sont difficiles dans l’organisation de Philadelphie, mais cinq saisons plus tard, il est devenu un défenseur installé en AHL chez les Phantoms de Lehigh Valley affiliés aux Flyers. Pourtant "Marchy" quitte son confort. Malgré un contrat sur la table, il répond favorablement aux sirènes de Laval et retourne au bercail jouer parce que c’est "fun" dans et pour sa ville natale, en pro, devant ses amis et sa famille. La première année se passe assez bien. Sur sa fiche, le joueur facile à coacher culmine. En 27 matches seulement, il dépasse son total de points de sa dernière saison à Allentown. Il est un des rares défenseurs à conserver sa place dans un groupe défensif instable. Gage de sécurité, à chaque fois qu’un gaucher est déclassé par les Canadiens de Montréal en AHL, il est aussitôt complété de Lamarche. Ainsi, digne de confiance, son coach lui a tour à tour associé Karl Alzner, Simon Després et Xavier Ouellet. L’an dernier, Maxim Lamarche n’a joué que la moitié des matches du Rocket. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles à 28 ans, l’arrière qui "a le cœur à la bonne place" a choisi de signer en Seine-Maritime. Le défenseur décrit comme calme, communicant sur la glace, complet, ayant du caractère et capable de faire des jeux, doit pouvoir s’imposer aux côtés de Chakiachvili ou Barker.

En cas d’absence d’un de ses six joueurs, Thomas Carminati (droitier, 21 ans) et Mathieu Mony (gaucher, 20 ans) qui évolueront à Caen en division 1 avec une licence bleue, devraient s’appareiller avec le maillot des Dragons car Kevin Dusseau, frustré d’avoir été mis de côté en septième défenseur en fin de saison dernière, malgré son professionnalisme et ses bonnes prestations sur la glace depuis trois saisons, n’a logiquement pas souhaité continuer son aventure au RHE.

En attaque aussi, c’est à droite que le staff a dû travailler fort. Combler l’arrêt de Marc-André Thinel à lui seul est un ouvrage où l’erreur, s’il y a, ne sera pas une surprise. Alors quand, en plus, le meilleur espoir français à ce poste, Bastien Maïa, qui obtient un sommet de 27 points en carrière pro, tire sa révérence pour regagner la Mestis, le challenge devient ardu. Très ardu car le staff compte désormais sur Joël Caron au centre et non plus à l’aile. Le meilleur buteur (19 buts) des Dragons, n’a pas atteint des sommets, mais il a donné satisfaction lorsqu’il a bien fallu trouver une solution aux trois principaux titulaires défaillants à ce poste (Guttig, Ritz et Bouvet), connaissant tous les trois leur plus mauvaise saison en ligue Magnus ! En interne, à droite, la solution vient de Vincent Nesa. Il a tenu la baraque à l’offensive en compagnie de ses compères de ligne, Bedin et Koivisto, quand le bateau noir et jaune tanguait fort. Du coup, les trois équipiers se sont vu proposer un contrat 2020/2021 qu’ils ont tous les trois signé. Après leur meilleure saison en carrière, Vincent Nesa (8 buts et 19 points) et Joris Bedin (4e pointeur de l’équipe) méritent la confiance que Fabrice Lhenry paraît vouloir leur donner sur la 3e ligne offensive, associés à Anthony Guttig qui doit sans doute, lui, son salut dans le contingent rouennais à un contrat de plusieurs années signé l’été dernier.

Ensuite, pour jouer à droite, le RHE a recruté en ligue Magnus un ailier… qui tire de la gauche, un JFL qui est letton… Rolands Vigners arrive sur les quais de Seine à 29 ans en pleine maturité après 6 années de développement progressif à Mulhouse (dont 3 ans en ligue Magnus) et six autres au second échelon français. L’ailier ne passe pas a priori pour un sérial buteur. Chez les Scorpions, au fil des ans, il est régulièrement délaissé dans cette qualification au profit de Nikkilä, Östman, Zolmanis, Draper ou Besinger. Pourtant, en ligue Magnus, Rolands Vigners a toujours été dans les trois premiers buteurs de l’équipe alsacienne. Il est monté sur le palier des 10 meilleurs pointeurs de ligue Magnus l’an passé parce qu’il a beaucoup aidé (comme d’habitude) - et réciproquement - ses partenaires de trio (Sevcenko et Jurik). Mais peut-être plus impressionnant encore, son ratio (+25) a explosé la saison dernière. Un niveau de Brûleurs de Loups en appétit, mieux que Fleury (+23) et à une seule présence de Deschamps (+26) qui révèle un gros travail défensif et/ou une efficacité offensive décisive. Voilà un joueur de trio à qui il ne faudra sans doute pas demander immédiatement un rendement de top 10. À droite de compères complémentaires, son trident aura besoin d’un peu de temps afin de créer ces automatismes qui doivent permettre à la 2e ligne d’être (très) efficace.

Lors de la préparation, on a vu Rolands Vigners aux côté de Caron et de Loïc Lampérier. Ce dernier a re-signé après un bilan chiffré nettement en dessous de ses habitudes. La faute à une opération de début de saison qui a longtemps ennuyé le joueur formé à Louviers et l’a contraint à jouer longtemps en convalescence, sans ses pleins moyens. Un Loïc Lampérier en santé, comme en fin de championnat où l’international a marqué 50% de ses points totaux lors de ses 12 derniers matches seulement, c’est un renfort pour les Dragons puisque l’ailier gauche pourrait apporter, cette saison, a minima une douzaine de buts supplémentaires par ses aides - à condition qu’il ne soit pas trop orphelin de l’absence de Thinel ou - en bloquer autant.

À droite, il a bien fallu recruter. Le RHE a d’abord mis son dévolu sur Greg Squires. C’est un joueur dynamique, qui anime le jeu par sa vitesse. L’Américain de 32 ans a été régulier lors de ses quatre saisons de développement en NCAA (100 pts en 160 matches) et il a réussi, en Europe, une belle carrière progressive, s’imposant du deuxième échelon allemand à la KHL en 5 ans. Sa dernière saison a été compliquée. Doublure de luxe d’un étranger blessé en Autriche, acclimatation difficile à la Liiga qu’il a préféré quitter pour jouer un rôle d’étranger surnuméraire en Suisse. Dans ces contextes difficiles, le petit ailier, qui peut jouer au centre, a toujours tenu une fiche raisonnable. Il signe sans doute à Rouen pour retrouver la sérénité d’un championnat correspondant plus à sa mesure actuelle que les grands spots européens. Malheureusement, son passeport à échéance ne lui permet pas de sortir des États-Unis, les délais administratifs pour obtenir le précieux sésame en période de pandémie sont devenus extrêmement longs et son arrivée chez les Dragons est pour le moment retardée (espérée pour fin 2020 ?).

Alors, pour pallier cette défection, Guy Fournier a mis la main sur Brock Trotter. Petit et droitier, lui aussi, le Canadien est habile offensivement. Ses saisons en NCAA et AHL en attestent. En 2008, ses qualités lui permettent de jouer 2 matches en NHL avec Montréal. Trop petit pour être le joueur de puissance qu’attend le CH, trop offensif pour faire sa place dans un top-6 pourvu (David Desharnais lui a pris la place), Trotter ne s’impose pas dans la grande ligue après une année en KHL à Riga. Entre 2012 et 2014, blessé, le natif de Brandon (Manitoba), ne jouera pas. Puis il fait le métier en Europe, KHL, Allsvenskan, et Liiga où il connaît sa meilleure année. Après une nouvelle saison quasi blanche en 2017/2018, il rebondit en EBEL, puis l’an dernier en Slovaquie. Lors de ses deux dernières compétitions dans des championnats un peu plus homogènes que la ligue Magnus, il totalise 115 pts en 93 matches. Ces derniers chiffres sont excitants et laisse apparaître que Trotter semble moins un buteur qu’un fabricant de jeu (87 assistances). En théorie, il faudrait l’associer à un joueur disposant de bonnes mains.

Est-ce que Jacob Lagacé, autre droitier, sera cet homme ? Pourquoi pas. Ce Québécois de 30 ans, a noirci sa colonne de buts, en Norvège, il y a deux ans, et plus loin en Allsvenskan et plus loin encore dans ses années juniors en LHJMQ où il a joué avec Nicolas Deschamps et Antoine Roussel. Entre deux, le joueur de centre au talent naturel a joué 3 saisons en AHL, 3 autres en ECHL avant de s’installer en Europe où le hockey lui a donné une seconde chance. À Rouen, ce sera la huitième. Jacob Lagacé, dont le jeu plaisait à Peter Forsberg en 2015, a joué trois saisons en SHL, preuve qu’il a acquis une certaine discipline de jeu et une éthique de travail qui lui aurait fait défaut dans sa jeunesse. Là, il sort d’une saison en DEL correcte en dépit d’un ratio assez négatif (-7). En tous les cas, il devait être associé à son camarade de bac à sable, Nicolas Deschamps. Désormais sans Marc-André Thinel, l’ailier gauche semble l’héritier du jeu, en tous les cas un des seuls "anciens" à pouvoir régulièrement mettre du feu et du venin dans les défenses adverses, comme en témoignent l’an passé ses deux séries de 7 et 9 matches consécutifs à cumuler des points sur ses fiches.

Voilà donc 11 joueurs pour trois lignes. On sait déjà que l’un d’eux, Juha Koivisto, accompagnera, sur la quatrième ligne, un ou deux des trois internationaux juniors les plus capables à suivre le rythme. Sur les ailes, Quentin Tomasino (18 ans) et Bastien Zago (20 ans) ne sont pas vraiment des inconnus après quelques apparitions (11 à eux deux) en équipe pro l’an dernier. Théo Gueurif (18 ans) au centre connaîtra sans doute ses premières convocations. Joran Reynaud (24 ans), titulaire dans l’équipe 2 rouennaise pendant la dernière saison, a fait son retour pendant les matches amicaux lorsque le RHE76 était à court de forces vives. Le gaucher à la soixantaine de présence avec les pros ajoutera de la profondeur au banc de Fabrice Lhenry.

On pourra peut-être regretter la présence d’une gâchette et un joueur de puissance, ce qui n’aurait pas été un luxe au milieu de nombreux (petits) joueurs clairvoyants qui devront à la fois être réalistes ou aller au but chercher des rebonds, faire exploser les bastions adverses. Derrière, cela semble très costaud. Il y a un potentiel physique alliant une certaine agilité (Flood, Lamarche, Chakiachvili), une capacité de premières passes assez prépondérante (Cantagallo, Flood, Barker) et une puissance de feu à la ligne bleue (Barker, Chakiachvili, Flood). On peut penser que l’offensive sera spectaculaire avec Deschamps, Lagacé et Trotter voire Caron (et peut-être plus tard Squires). Fabrice Lhenry dispose de plusieurs solutions en supériorité numérique, un secteur parfois décevant la saison passée. Sans Ritz, les infériorités seront un peu recomposées. Mais avec Koivisto, Nesa, Lampérier et Bedin, l’assise des premiers carrés est ajustée. Comme ce fut le cas l’an dernier, les Dragons pourront aussi compter sur des joueurs en progrès, Crinon, Vigners, Nesa ou Bedin. Nous l’avons vu, Rouen est armé pour viser le haut du classement et la coupe Magnus. Plus que tout, il faudra que l’équipe réapprenne à gagner car, mine de rien, Rouen reste sur deux finales perdues consécutives. Cela n’a pas dû arriver souvent au club du président Chaix d’être ainsi déchu et les Dragons ont été bâtis pour que ça change !

Thierry Frechon

 

 

Effectif :

Gardiens

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2019/20   MJ   Min   Moy.    % 
31 DUQUENNE Valentin     09/03/2001  190  82  Dunkerque         Rouen II    FRA-3    4   249   3,85
69 PINTARIC Matija       11/08/1989  181  84         (Slovène)  Rouen       FRA-1   43  2543   2,10  92,5%

Défenseurs

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2019/20   MJ   B   A Pts   +/-   Pén
 2 MONY Mathieu          20/10/1999  180  75  Rouen             Rouen       FRA-1    1   0   0   0   +1     0'
                                                                Caen        FRA-2   28   1   2   3   +1    73'
 4 CARMINATI Thomas      04/12/1998  184  90  Villard           Caen        FRA-2   29   2   4   6   +4    24'
 7 CRINON Pierre         02/08/1995  194  98  Reims             Gap         FRA-1   34   5  12  17   +19   42'
25 BARKER Cam            04/04/1986  193 100        (Canadien)  Rouen       FRA-1   16   2   8  10   +7    28'
36 FLOOD Mark            29/09/1984  186  88        (Canadien)  Vienne      AUT-1   51   4  24  28   +7    22'
41 CANTAGALLO Enzo       19/10/1998  180  83  Villard           Rouen       FRA-1    8   0   2   2   +5     0'
                                                                Caen        FRA-2   24   0   5   5   -1     6'
44 LAMARCHE Maxim        11/07/1992  191  99        (Canadien)  Laval        AHL    32   0   1   1   -5    21'
62 CHAKIACHVILI Florian  18/03/1992  186  87  Briançon          Rouen       FRA-1   42   5  18  23   +4    30'

Attaquants

N° NOM Prénom            Naissance    cm  kg  Club formateur    Club & Ch 2019/20   MJ   B   A Pts   +/-   Pén
 5 REYNAUD Joran         08/05/1997  178  76  Deuil             Rouen 2     FRA-3   20   8   8  16         69'
 6 NESA Vincent          19/06/1996  172  66  Meudon            Rouen       FRA-1   42   8  12  20   +17   24'
 9 TROTTER Brock         16/01/1987  178  84        (Canadien)  Zvolen      SVK-1   51  14  46  60   +4    78'
12 KOIVISTO Juha         04/05/1984  179  83      (Finlandais)  Rouen       FRA-1   35   3  13  16   +17    6'
14 TOMASINO Quentin      11/03/2002  173  63  Grenoble          Rouen       FRA-1    7   0   1   1   +1     0'
                                                                Rouen 2     FRA-3   16  10   8  18         12'
16 ZAGO Bastien          02/08/2000  186  82  Saint-Gervais     Rouen       FRA-1    5   0   0   0    0     0'
                                                                Rouen 2     FRA-3   16   9   5  14         26'
17 DESCHAMPS Nicolas     06/01/1990  185  93        (Canadien)  Rouen       FRA-1   44  14  37  51   +28   12'
18 GUEURIF Théo          01/07/2002  180  83  Villard           Rouen 2     FRA-3   17   3   9  12         46'
19 LAGACÉ Jacob          09/01/1990  179  89        (Canadien)  Krefeld     ALL-1   49   6  10  16   -7    32'
26 SQUIRES Greg          06/07/1988  169  78       (Américain)  Graz        AUT-1    6   5   2   7   +3     0'
                                                                TPS Turku   FIN-1   14   0   4   4   -4    10'
                                                                HCB Ticino  SUI-2   15   5  12  17   -1    20'
27 LAMPÉRIER Loïc        07/08/1989  185  83  Rouen             Rouen       FRA-1   44  12  15  27   +3    46'
37 BEDIN Joris           04/02/1993  172  80  Grenoble          Rouen       FRA-1   44  17  12  29   +15   12'
71 GUTTIG Anthony        30/10/1988  186  82  Dijon             Rouen       FRA-1   40   9  12  21   +8    32'
91 VIGNERS Rolands       07/03/1991  188  88  JFL     (Letton)  Mulhouse    FRA-1   41  18  36  54   +27   28'
96 CARON Joël            01/05/1996  168  78        (Canadien)  Rouen       FRA-1   42  21  19  40   +24   45'

Entraîneur : Fabrice Lhenry (48 ans).

Partis : Gaëtan Richard (G, 5MJ à 89,6%, Bordeaux), Chad Langlais (D, 8+22, Gap), Kevin Dusseau (D, 8+15, Angers), Mathieu Roy (D, 5+18, arrêt), Atte Mäkinen (D, 3+7, Jukurit Mikkeli, FIN), Marc-André Thinel (A, 13+27, arrêt), Bastien Maïa (A, 10+18, IPK Iisalmi, FIN-2), Nicolas Ritz (A, 8+7, Angers), Maurin Bouvet (A, 6+9, Angers), Julien Msumbu (A, 3+1, Mulhouse).

 

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