Finlande 2021 : bilan de la saison et perspective

 

Les résultats du championnat finlandais

Le bilan précédent (2020)

 

Comme partout en Europe, la saison 2020-2021 de Liiga aura été particulièrement spéciale. En terme d'affluence dans les patinoires finlandaises, les jauges étaient de 40 à 60% de capacité jusqu'en novembre. Mais la situation sanitaire s'était aggravée à l'approche de l'hiver avec davantage de restrictions concernant le public, forçant un arrêt de la Liiga en décembre. À la reprise, la limite à 50 spectateurs, qui n'était pas économiquement viable, a beaucoup inquiété.

Le contexte sanitaire a constitué une menace pour les clubs, indubitablement. Mais l'excuse covid a parfois été avancée facilement. Certaines équipes ont dû pratiquer des baisses de salaires et réclamé des aides publiques... mais elles embauchaient tout de même des renforts. Le syndicat des joueurs SJRY, considéré comme le mieux organisé d'Europe car 90% des hockeyeurs de Liiga y cotisent, avait laissé faire au sujet des réductions salariales, mais il est fortement agacé de la situation. Il est monté au créneau sur les droits d'image des joueurs, point de la convention collective sur lequel les négociations menées depuis 2019 n'avaient pas abouti. Les images et données des joueurs étaient donc été utilisées sans leur consentement et sans dédommagement depuis le 30 avril 2020. Les clubs plaidaient les risques de faillite, mais l'argument ne passait plus quand ils recrutaient à tout-va. En début d'année, le SJRY a menacé d'une grève à partir du 30 avril 2021, soit au début des demi-finales puisque le calendrier avait été décalé. Un accord fut finalement trouvé mi-avril pour une convention collective signée jusqu'en avril 2024.

Point de grève, les jeux sont disputés... quand les équipes le peuvent. Au printemps, des cas de contamination fleurissent, au HIFK et à SaiPa qui sont alors en quarantaine. Les deux équipes ne peuvent plus disputer la fin de la saison régulière, et un tableau établi avec une moyenne de points par match sera retenu pour déterminer le classement. Alors que les playoffs ont été annulés en 2020, la Liiga souhaite éviter la même issue. Le concept de la bulle pour les playoffs est avancé et le vice-président IIHF Kalervo Kummola plaide pour une pause volontaire à la fin de la saison régulière afin de sécuriser le début des play-offs. Le système de bulle n'est pas retenu, mais les séries sont raccourcies au meilleur des cinq matchs, avec à la clef un champion qui a parfaitement mérité son sacre grâce à ses efforts constants toute la saison.

 

Rauman Lukko (1er) : un entraîneur sous oxygène

C'est donc Lukko qui a remporté le titre national, seulement le deuxième de l'histoire pour le club de Rauma... 58 ans après le premier en 1963. Lukko est véritablement une organisation qui a le vent en poupe puisque, avant l'équipe première, les U20 avaient mis la main sur le trophée suprême pour la deuxième fois... 63 ans après le premier en 1958. Un insolite effet miroir entre juniors et seniors qui voit donc le club de la province de Satakunta revenir dans la lumière. Pour autant, ce sacre en Liiga constitue une suite logique, et Pekka Virta en est le grand architecte. En venant à Rauma en 2017, le coach Virta a trouvé de la sérénité et la pleine confiance d'une organisation qui sortait d'une saison catastrophique (12e). Les choses ont été remises à plat, un plan à long terme a alors été établi, et Virta a fait progresser l'équipe chaque saison sur le tableau : 9e en 2018, 7e en 2019, 2e en 2020 et enfin une victoire en saison régulière, pour la première fois de l'histoire du club, en 2021. Pendant un temps, Ilves constituait un tenace challenger, mais dès lors que le club de Tampere avait perdu ses prêts NHL, Lukko avait alors un boulevard pour finir premier avant les playoffs.

Des playoffs remportés sans véritablement de problèmes, avec seulement deux revers. Même l'étonnante équipe de TPS fut muselée comme tout le monde en finale. Le jeu défensif compact de Lukko, déjà observé durant la saison régulière, s'est avéré particulièrement étanche. En moyenne durant les playoffs, Lukko n'a alloué que 17 tirs adverses. Du pain béni pour le gardien Lassi Lehtinen, 22 ans et formé au club, qui n'a pas flanché de toute la saison, à l'image de son équipe. Élu meilleur joueur du mois de janvier grâce à ses quatre blanchissages, puis logiquement élu meilleur gardien de la saison régulière avec 94% d'arrêts, Lehtinen est devenu le grand numéro 1 que l'organisation espérait. Vili Saarijärvi, Eetu Koivistoinen et Anrei Hakulinen sont désormais des joueurs de premier plan de niveau international. Daniel Audette, le fils de l'ex-star NHL Donald Audette, était une excellente pioche, lui qui n'avait jamais joué en Europe et qui a finalement mené l'équipe avec 50 points. Quant au défenseur suédois Robin Press, il a pris une autre dimension, vainqueur du trophée Lasse Oksanen décerné au meilleur joueur de la saison régulière - seulement le deuxième défenseur ces 13 dernières années à obtenir ce prix. Ses 48 points lui ont permis de finir cinquième meilleur marqueur au général, seul un autre défenseur - Brian Rafalski - avait obtenu un meilleur rang à ce registre (quatrième) lors de la saison 1998-1999.

Ce titre de champion, qui a vu des milliers de fans le célébrer dans les rues malgré le contexte sanitaire, était le parfait point final pour Toni Koivisto, qui a pris sa retraite après 1034 matchs de Liiga. Après quinze années à entraîner, Pekka Virta a pu savourer son premier titre. Mais affaibli puisque le coach a été gravement touché par le covid, passant 27 jours en soins intensifs en fin de saison régulière. L'image de Virta, toujours sous oxygène sur le banc lors du dénouement, était particulièrement saisissante. Un sacre émotionnellement intense après un parcours réfléchi, minutieux. Un nouveau défi s'offre désormais au sorcier Virta puisqu'il prend le chemin de SaiPa. Lukko pourra-t-il récidiver sans lui ?

 

Turun Palloseura (2e) : le vice-champion que personne n'a vu venir

Si financièrement, le TPS Turku était à l'abri des conséquences de la pandémie grâce au fortuné propriétaire Ilkka Paananen - directeur de la société de jeux vidéo Supercell - le recrutement durant l'été s'était avéré particulièrement prudent, avec beaucoup d'étrangers (9) souvent presque anonymes. Les attentes étaient donc particulièrement modérées après une triste onzième place en 2020 et avec l'arrivée derrière le banc de Raimo Helminen, icône en tant que joueur mais peu reconnu pour ses aptitudes de coaching. Pour sa seule expérience en Liiga en tant qu'entraîneur, en 2013 avec Ilves, il n'avait pu échapper au congédiement. Et pourtant, Helminen est parvenu à réaliser un cocktail explosif avec un parcours qui correspond véritablement à la surprise de l'année. À tel point qu'il a réussi à convaincre ses plus grands détracteurs, finissant sur des T-shirts à son effigie à la manière d'un buste de César.

Comment TPS a pu-t-il devenir un improbable vice-champion de Finlande ? Tout d'abord, ces fameuses recrues que peu de fans percevaient comme des leaders ont finalement tenu un rôle prépondérant dans le rendement de l'équipe. Le gardien russe Andreï Kareyev, gêné à son arrivée par un style moins défensif qu'en Russie, s'est finalement très bien adapté par la suite avec des prestations solides. Johan Ivarsson, moins convaincant avec Färjestad en SHL, est devenu un défenseur fiable. L'autre Russe, Ruslan Iskakhov, après deux ans en NCAA, a fini 11e meilleur passeur de Liiga. Mais la surprise du chef, c'est l'Américain Josh Kestner, qui ne venait ni de NHL ou d'AHL mais d'ECHL : il a fini troisième meilleur buteur et troisième meilleur marqueur du championnat ! Ces inconnus ont donc surpris tout le monde, à cela s'ajoute le développement spectaculaire des jeunes de l'équipe : les défenseurs Eemil Viro et Ruben Rafkin, et un trio absolument éblouissant composé de Markus Nurmi - Juuso Pärssinen - Lauri Pajuniemi. 23, 20 et 21 ans, mais ils ont amassé 116 points à eux trois ! Raimo Helminen, précédemment entraîneur de la sélection U20, n'est évidemment pas étranger à cette impressionnante percée des jeunes. Ces joueurs ont brillé, de même que les cadres Ville Lajunen, Petteri Wirtanen et Lauri Korpikoski. On peut regretter que ce dernier n'ait joué que 18 matchs de saison régulière avant une grave blessure qui a mis fin à sa saison.

Helminen a ainsi tiré le meilleur de son équipe, une équipe soudée et travailleuse qui a adopté un système simple, une trappe avec beaucoup d'énergie. Le TPS Turku a fini à une étonnante troisième place en saison régulière, avant d'éliminer les Pelicans (de justesse) puis HIFK en playoffs. Alors que Kareyev s'est blessé en quart de finale, même le gardien vétéran Karri Rämö, peu confiant en saison régulière, a retrouvé son plus haut niveau le temps des playoffs. Beaucoup de sang de froid et de détermination ont permis de montrer aux sceptiques que son expérience était décisive dans ces moments importants. En finale, TPS n'a finalement rien pu faire face au Lukko du technicien Pekka Virta, véritable bête noire de l'équipe de Turku puisque celle de Rauma a remporté sept des neuf duels durant l'exercice. La médaille d'argent demeure toutefois un accomplissement remarquable et inattendu. À tel point que la stratégie à long terme - à double tranchant - de l'organisation ne prévoyait pas de prolonger Raimo Helminen, Jussi Ahokas lui succédant pour la saison à venir.

 

IFK Helsinki (3e) : l'élan coupé par le covid

C'était l'occasion parfaite pour revenir au plus haut niveau. En janvier, après des mois d'absence, Yohann Auvitu revenait en Finlande avec dans les mémoires une saison 2015-2016 de rêve. Meilleur défenseur de Liiga à l'époque, l'arrière de l'équipe de France, mis sous contrat jusqu'en 2022, était censé combler une pièce manquante dans la brigade défensive du HIFK, aligné aux côtés du vétéran Mikko Kousa. Mais dès le cinquième match d'Auvitu, une violente charge d'Aleksi Anttalainen a mis fin à sa saison. Cette tuile résume à elle seule la malchance qui a entouré une équipe capable d'aller chercher un huitième championnat. La saison s'est tout de même terminée sur une belle médaille de bronze.

L'entraîneur Jarno Pikkarainen a réussi à modeler un groupe en une équipe gagnante et unie, malgré les déboires. Mi-octobre, le club de la capitale faisait face à une infirmerie pleine, dix joueurs blessés au total. Pourtant, le HIFK a montré du répondant, à l'image de cette spectaculaire victoire de novembre, 11-1 face aux Jukurit, la plus large du club de ces vingt dernières années. Le super-prospect Anton Lundell, récemment mis sous contrat par l'équipe NHL qui l'a drafté (Florida), est d'ailleurs devenu, lors de cette rencontre, le plus jeune joueur de l'histoire du championnat finlandais à connaître un match à 6 points... alors qu'il assurait l'intérim du capitanat ce jour-là ! "Lunkka" a réalisé une saison régulière remarquable avec 16 buts en 26 matchs. Lundell était l'un des grands artisans d'une équipe qui a atteint son summum à la période février-mars, avec un hockey de très haut niveau permettant au HIFK de glaner 11 succès en 13 matchs. Lundell, mais aussi le gardien Frans Tuohimaa, les défenseurs Mikko Kousa et Joonas Lyytinen, les attaquants Jere Sallinen, Ville Leskinen, Sebastian Dyk et Alex Broadhurst ont particulièrement brillé, et laissaient croire que le HIFK allait tout droit vers le titre. "Tous les ingrédients pour le titre sont là", se réjouissait d'ailleurs Pikkarainen. Jusqu'à ce que le covid s'en mêle.

Durant la deuxième quinzaine de mars, c'est près de la moitié de l'équipe qui est tombée malade. Le HIFK, comme SaiPa, est mis en quarantaine à la mi-mars, et il est évident que le reste de la saison régulière ne pourra être joué. C'est alors que la Liiga décide d'établir le classement avec une moyenne de points par match. Les clubs qui s'apprêtaient à affronter le HIFK pouvaient alors s'estimer heureuses d'éviter l'équipe qui était alors la plus tranchante du championnat. Quant au club de la capitale, cette paralysie brutale constitue un coup d'arrêt. Certains joueurs sont particulièrement handicapés par le covid, Lundell en tête qui peinera à retrouver ses sensations et son niveau, ne marquant qu'un seul but en 8 matchs de playoffs. Aussi, avec une équipe diminuée et moins tranchante, l'accès à la finale semblait beaucoup plus difficile qu'un mois auparavant, TPS devenant l'obstacle incontournable. La légende Ville Peltonen, qui revient dans la capitale, tentera de mener cette fois-ci le HIFK à l'or.

 

Tappara Tampere (4e) : commencer et finir sur une débâcle

Le contexte sanitaire a eu parfois d'importantes répercussions sur les clubs. C'est le cas de l'un des plus importants, Tappara. Les aides de l'État de 2,5 millions d'euros, pour compenser les pertes à la fin de l'année 2020, étaient bienvenues. L'équipe avait alors reçu 475 000 €, le maximum de la part des autorités, le directeur Mika Aro déclarant à la chaîne MTV Sports : "Avec ce soutien, notre situation est sous contrôle à court terme, mais elle est en même temps sérieuse, car nous ne savons pas combien de temps la situation actuelle va durer." Une déclaration qui aurait dû indiquer une certaine prudence... mais deux jours plus tard, Tappara choquait la Finlande en embauchant le défenseur de KHL Maksim Matushkin ! L'organisation de Tampere a d'ailleurs écopé d'une amende, correspondant à 10% de l'aide perçue (50 000 €), parce que le manager Rautakorpi avait laissé s'entraîner six malades du Covid. Au final, sur l'exercice, la perte s'élève à 780 000 €, 9 matchs se déroulant avec un public limité et 21 à huis-clos.

La saison de Tappara, habituel prétendant au titre, a débuté en dents de scie, en témoigne la déroute dès la première journée, 7-2 face à Lukko. L'hiver a toutefois été plus réjouissant avec une séquence de neuf succès consécutifs entre janvier et février, permettant à Tappara de réaliser une remontée au classement et d'enfiler de nouveau le costume de favori. Vainqueurs 3 manches à 1 de KalPa en quart de finale, les joueurs de Tampere n'ont cependant rien pu faire face au futur champion, Lukko, malgré une franche résistance. Leur dernière manche de playoffs a d'ailleurs été perdue 1-0, un revers controversé en raison de l'égalisation refusée à Valtteri Kemiläinen pour un contact de son coéquipier Patrik Virta avec le gardien. La saison s'est alors terminée brutalement, 1-7 face au HIFK lors du match de la troisième place, une débâcle finalement identique à la première journée.

Si Anton Levtchi et Kristian Kuusela sont toujours au top, si Patrik Virta est revenu au sommet, la vraie révélation se nomme Kristian Tanus, 21 ans et complètement omis des radars NHL, il n'a pas été drafté. À sa première saison complète, Tanus a inscrit 33 points, un rendement que personne n'a vu venir et qui a pallié certaines déceptions. C'est le cas de Charles Bertrand. L'attaquant français disputait sa deuxième saison avec Tappara et a inscrit 23 points, soit 15 de moins alors qu'il a disputé plus de matchs. Pour autant, Bertrand a rarement été écarté des deux premiers trios, conservant la confiance du coach Jussi Tapola. Mais la grande déception demeure Dominik Hrachovina. Champion de Finlande en 2016 et 2017, vice-champion en 2018, le gardien tchèque était revenu à Tappara après avoir obtenu le meilleur pourcentage d'arrêts d'Extraliga tchèque en 2020. Mais son retour a constitué une immense déception, avec un pourcentage catastrophique de 86,3%, si bien que le poste de titulaire a finalement été confié à la doublure Christian Heljanko. Dommage que Hrachovina n'ait pu exprimé son talent sur la glace, plutôt que d'exprimer des propos douteux sur la pandémie, qu'il percevait comme un emballement médiatique. Son contrat, qui courait jusqu'en 2022, a d'ailleurs été résilié par Tappara cet été.

 

Kalevan Pallo (5e) : un Bleu au sein d'une défense de fer

KalPa a également subi les effets dévastateurs du covid. Les recettes se sont effondrées et la perte sur l'exercice 2020-2021 est estimée à 686 000 €. Le club de Kuopio était tout de même en bonne santé financière les années précédentes et les économies ont finalement permis de rendre la situation financière stable, malgré les déboires liés à la pandémie. Et sportivement, KalPa a obtenu des résultats au-delà des attentes en finissant cinquième du championnat - accrochant même la troisième place en février - alors que l'équipe pointait à la dixième place en 2020. La bonne dynamique s'est donc poursuivie sous les ordres de l'entraîneur Tommi Miettinen qui amorcera sa troisième année à ce poste à la rentrée prochaine. Tout n'a pas été parfait, les unités spéciales ont constitué un point négatif tout au long de la saison et le rendement offensif aurait pu être meilleur. Mais d'un point de vue général, c'est une saison convaincante.

Cela avait plutôt mal commencé lorsque le club a appris qu'Alexandre Texier, initialement prêté par Columbus, a annulé son retour en Savonie du Nord pour des raisons familiales, souhaitant rester avec ses proches en France. Mais un autre joueur français a finalement brillé. Hugo Gallet, qui a débuté la saison en Mestis avec IPK, a de nouveau profité de la passerelle entre le club d'Iisalmi et l'équipe Liiga de Kuopio... pour ne plus quitter l'élite finlandaise de toute la saison, tant ses performances ont impressionné. Venu renforcer KalPa en décembre, le défenseur de l'équipe de France a rapidement imprimé le rythme de la Liiga pour finalement devenir l'un des meilleurs défenseurs de l'équipe, tenant très vite un rôle prépondérant au sein de l'équipe. Avec le jeune Kim Nousiainen, 20 ans et qui a confirmé son talent durant une deuxième année charnière toujours délicate pour les espoirs, ils ont formé une doublette particulièrement solide, dans le sillage du vrai patron de la défense de KalPa et très investi en attaque, Lasse Lappalainen. Le système défensif solide a clairement été la grande satisfaction de cette saison.

Le gardien Eero Kilpeläinen a été plus à son avantage. Kai Kontola est toujours un buteur hors pair avec une bonne alchimie avec le Hongrois Balazs Sebok. Voilà d'autres satisfactions de KalPa alors que le capitaine Tommi Jokinen a connu des performances décevantes. Quant au Franco-Finlandais Sami Tavernier, si ses aptitudes au patinage ont fait fureur en Liiga, il a souvent manqué de réussite devant les filets adverses. Sa première saison complète à venir en dira plus pour l'ancien joueur de Chamonix âgé de 24 ans, au sein d'une équipe de KalPa désireuse de poursuivre ses progrès.

 

Lahden Pelicans (6e) : le premier club neutre en carbone ?

Au sortir d'une saison 2019-2020 catastrophique (14e, le pire résultat en dix ans), il n'y avait véritablement aucune attente autour des Pélicans de Lahti. D'autant plus que les problèmes financiers et les licenciements (trois collaborateurs de la direction) ont animé l'été 2020, ainsi que la saga Pasi Nurminen. L'ancien gardien des Trashers d'Atlanta n'a occupé le poste de PDG du club que pendant quelques semaines en raison d'accusations de conduite en état d'ébriété et de faits de violence qui ont refait surface. Au final, Nurminen a été exclu de ses fonctions dès le 9 septembre, lorsque la saison avait à peine commencé. Il tient désormais un rôle invisible au sein d'une organisation désormais plus apaisée, qui a vu l'arrivée parmi les actionnaires du pilote de Formule 1 Valtteri Bottas (neuf victoires en Grand Prix avec l'écurie Mercedes) originaire de Nastola, une municipalité qui a fusionné avec la ville de Lahti en 2016. Avec 10% des parts du club, Bottas est devenu le troisième actionnaire du club de hockey après lui avoir rendu visite en début d'année, il avait alors pris conscience de la nécessité des Pélicans de Lahti à obtenir de nouveaux capitaux avec les difficultés liées au covid.

Si l'organisation a retrouvé une certaine sérénité en coulisses, c'est qu'elle a aussi retrouvé une crédibilité sur le plan sportif avec des résultats au-delà des attentes. Si l'équipe a dû être constituée plus tardivement que les autres du championnat, avec un début d'exercice délicat pour les hommes de Tommi Niemelä (2 victoires lors des 7 premiers matchs), les Pélicans, avec une vraie force de caractère, ont finalement trouvé leur rythme dès l'automne. En janvier, l'équipe était d'ailleurs deuxième du championnat mais la cadence a ensuite ralenti en raison du départ de Ryan Lasch. Que le prolifique Américain, un des joueurs les plus convoités et sans doute les plus chers, soit déjà arrivé à Lahti à la rentrée 2020, cela tenait déjà de la surprise, surtout au vu des problèmes économiques du clubs. Meilleur marqueur de Liiga et vice-champion de Finlande en 2012, Lasch avait laissé un souvenir indélébile, revenant à Lahti après ses années Frölunda. Malgré des débuts difficiles (comme toute l'équipe), Lasch a ensuite effacé son retard à l'allumage avec sa virtuosité qui le caractérise. Son départ pour Zurich le 23 janvier a probablement privé les Pélicans des chances de titre. Les étincelles de Lasch auraient probablement permis de faire la différence en quart de finale contre le TPS Turku, équipe probablement la plus spectaculaire du championnat et vainqueur à l'issue de la manche décisive.

Comme les performances de Lasch, celles de Hannes Björninen ont tout de même permis de gommer la désillusion de la saison précédente. Björninen a mené les compteurs de l'équipe avec 47 points, et il s'est avéré d'autant plus important après le départ de son acolyte américain. Le centre de 25 ans ne s'est en plus pas contenté de marquer mais il s'est illustré sur tous les compartiments du jeu, devenant un leader avec un grand L, un capitaine exemplaire. D'autres motifs de satisfaction : le cap des 20 buts atteint contre toute attente par l'expérimenté tchèque Rudolf Cervený, recruté comme deuxième centre mais finalement plus tranchant sur l'aile ; Iikka Kangasniemi auteur d'un retour convaincant à Lahti après une saison difficile au HIFK ; enfin, le gardien tchèque Patrik Bartošák, une fois de plus l'un des meilleurs de Liiga à son poste.

Les Lahden Pelicans peuvent donc amorcer un nouveau cycle avec bien plus d'optimisme, une nouvelle ère à l'image de leur politique environnementale au sein du club : l'organisation compte bien devenir la première équipe de hockey avec une empreinte carbone neutre. L'équipe veut abandonner les déplacements aériens et encourager ses fans à utiliser les transports en commun ou le vélo pour venir aux matchs ; l'Isku-Areena fonctionnera à base d'énergie verte et son restaurant ne proposera que des produits locaux. Les Pelicans poursuivent ces efforts en collaboration avec l'Université de technologie de Lappeenranta-Lahti. La ville de Lahti a un objectif de neutralité carbone d'ici 2025, ce serait 10 ans d'avance par rapport à la Finlande et 25 ans par rapport à l'Union Européenne.

 

Oulun Kärpät (7e) : la fin d'une ère

Vainqueur des saisons régulières en 2018, 2019 et 2020, les Kärpät constituaient la puissance de la Liiga, mais la saison 2020-2021 a mis probablement fin à ce cycle. Cette culture de la gagne, beaucoup l'ont attribué à Lasse Kukkonen, un vrai guerrier qui a eu une influence considérable sur la mentalité du groupe. Kukkonen a mis fin à sa carrière à l'issue de la saison 2019-2020 quand les playoffs ont été annulés à cause du covid. Le défenseur de 39 ans ayant joué plus de 700 matchs de Liiga exclusivement pour le club d'Oulu, l'organisation ne souhaitait pas le voir partir ainsi. La direction de l'équipe lui a alors proposé de disputer un match unique à la rentrée 2020 en guise de sortie digne de ce nom devant les fans d'Oulu. Kukkonen fait partie de ces joueurs inestimables, un vrai catalyseur que l'équipe n'a pas eu durant la saison 2020-2021. La plus grosse masse salariale du championnat ne fait donc pas tout...

Le rôle de leader, Mika Pyörälä, alors nommé capitaine, a bien tenté de l'endosser. Alors que son équipe était à un match de l'élimination contre le HIFK, l'attaquant l'a joué à la Mark Messier : ce dernier avait promis une victoire en finale de conférence NHL en 1994 alors que les Rangers étaient au pied du mur face aux Devils, Messier marqua alors un hat-trick avant que son équipe n'atteigne ensuite la finale pour soulever quelques semaines plus tard la Coupe Stanley. Mais Pyörälä, qui avait lui aussi promis une victoire, n'a pas eu la même réussite, HIFK balayant les Kärpät en playoffs. Le gardien slovaque Patrik Rybár, même s'il a été encore performant, n'a rien pu faire. Une preuve qu'aucun joueur n'était capable cette saison de pousser tout le groupe à la transcendance. Admettons tout de même que Pyörälä demeure un vrai monument du championnat, dans le top 10 des meilleurs marqueurs de l'histoire de la Liiga et encore capable de marquer plus de 30 points alors qu'il a fêté ses 40 ans cette année.

Auparavant crainte pour sa puissance de feu, l'équipe d'Oulu a véritablement manqué de cartouches, en dehors d'une première ligne forte avec Pyörälä, le Canadien Cody Kunyk et le jeune Tuukka Tieksola qui a pu exprimer son potentiel après des années marquées par les blessures. Les Kärpät n'avaient que la onzième attaque de Liiga. Juhamatti Aaltonen n'a pas joué une saison complète, et Jussi Jokinen n'avait plus le même impact, il a d'ailleurs mis fin à sa carrière à 38 ans. La situation a finalement été avantageuse pour les plus jeunes du groupe qui ont pu tirer leur épingle du jeu, finalement l'aspect positif de cette saison. L'argent du recrutement ne fait pas tout, la formation doit être la piste privilégiée.

 

Tampereen Ilves (8e) : retour de prêts dévastateur

Après des années 2010 particulièrement difficiles, la direction d'Ilves souhaitait repartir sur de bonnes bases pour cette nouvelle décennie avec l'objectif de retrouver les sommets, alors que l'équipe déménagera dans la toute nouvelle Uros Live Arena. Le club de Tampere avait amorcé une évolution positive en terminant à la quatrième place de la saison 2019/20, avant que les playoffs ne soient annulés à cause de la crise sanitaire. Mais la progression ne s'est pas poursuivie, cette saison 2020-2021 a finalement été marquée par un recul des Lynx qui ont terminé au huitième rang. La saison avait pourtant commencé en fanfare avec 14 victoires lors des 19 premiers matchs, Ilves se postant à la première place de la Liiga pendant une bonne partie de l'automne, et ce en dépit de l'absence lors des trois premiers mois du leader défensif Niko Peltola. Avant de dégringoler.

Cette dégringolade s'explique par la politique risquée adoptée par le club : se reposer sur bon nombre de joueurs prêtés par les clubs NHL. Si le début de la saison dans la grande ligue nord-américaine a été différée, permettant ainsi de disposer de ces joueurs pendant l'automne, leur départ a ensuite été fortement préjudiciable, enrayant la machine Ilves. Sept joueurs prêtés par la NHL sont ensuite repartis de l'autre côté de l'Atlantique, dont des joueurs majeurs du championnat. Élu meilleur gardien de la Liiga en 2020, Lukáš Dostál détenait un pourcentage de 94 %, avant de prendre le chemin d'Anaheim. L'attaquant Arttu Ruotsalainen faisait des ravages, à forces égales et en avantage numérique, avec 16 buts en 19 matchs, avant d'obtenir une chance à Buffalo. Dostál et Ruotsalainen ont été élus respectivement meilleurs joueurs d'octobre et de novembre. Une distinction qu'aurait pu obtenir Juuso Välimäki, un défenseur très à l'aise dans les deux sens et aux qualités de patinage remarquables, il a ensuite rejoint Calgary. En perdant les trois meilleurs joueurs du championnat à leur poste, la chute d'Ilves semblait prévisible.

Ilves a ensuite perdu sept de leurs huit matchs de janvier. Malgré tout, le jeune gardien Eetu Mäkiniemi a plutôt été une bonne surprise. Eemeli Suomi, capitaine exemplaire, toujours remarquable dans l'attitude et archétype du joueur complet, a fini meilleur marqueur pour la deuxième année de suite. Enfin, le jeune Matias Maccelli - seul joueur NHL prêté pour l'ensemble de la saison - a confirmé son potentiel, ce joueur réellement divertissant aux excellentes mains finissant deuxième marqueur de l'équipe. Finalement, il s'en est fallu de peu pour qu'Ilves bondisse de la huitième à la quatrième place : un petit point (!), en raison du système particulier mis en place par la Liiga avec un classement de saison qui tenait compte de la moyenne de points. En playoffs, Ilves est tombé sur Lukko et n'a rien pu faire, balayé en trois manches par le futur champion. Frustrant. Petite consolation : Ilves a remporté ses quatre derbys face à Tappara. Ce qui a valu le tweet de l'année : "Qu'est-ce qui reste ouvert pendant le confinement ? Une chaîne de pizza à emporter (sponsor du club), la boutique du club et... la défense du rival Tappara !", avec en guise d'illustration la vidéo d'un but d'Ilves lors d'un des derbys.

 

KooKoo Kouvola (9e) : une fin frustrante

Cette saison était particulièrement attendue à Kouvola. La saison précédente, les joueurs de la Vallée de la Kymi étaient parvenus à accrocher une étonnante cinquième place... sans pour autant jouer les premiers playoffs de Liiga de leur histoire puisqu'ils ont été annulés en raison du contexte sanitaire. Toujours sous la houlette du technicien Jussi Ahokas, de grands espoirs entouraient KooKoo. L'équipe de Kouvola a bien accédé pour la première fois aux playoffs pour sa sixième année parmi l'élite, mais l'aventure s'est finalement terminée assez rapidement. Un résultat en demi-teinte qui illustre l'exercice 2020-2021, l'équipe oscillant entre le très bon et le mauvais.

Début février, KooKoo obtenait une huitième victoire consécutive, la meilleure séquence de son histoire en Liiga, lui permettant de se positionner au troisième rang du championnat. Un résultat remarquable... qui a précédé une descente vertigineuse avec sept défaites de rang ! Une réaction en fin de saison avec huit victoires lors de leurs dix derniers matchs a tout de même permis de décrocher le fameux sésame pour le play-in. Les résultats trop irréguliers n'ont donc pas permis d'atteindre le top 6 et une qualification directe pour les quarts de finale. Mais malgré la perte d'éléments clefs à l'intersaison et un effectif moins clinquant que les cadors du championnat, KooKoo a montré à plusieurs moments au cours de la saison que l'équipe valait le haut du tableau, en cela le travail d'Ahokas et de son adjoint Mikko Heiskanen est tout de même à souligner. KooKoo a d'ailleurs été perçu comme supérieur à Ilves lors de sa série de huitième de finale, mais un seul mauvais tiers-temps, le premier du match 1, a précipité une fin prématurée.

Sur le plan individuel, l'attaquant hongrois Vilmos Galló a confirmé son talent en atteignant le cap des 20 buts. Ce seuil, Ahti Oksanen l'a également atteint, réalisant la meilleure performance de sa carrière avec 48 points. Un retour retentissant pour cet ailier de 28 ans après un an en KHL. Neuf joueurs ont marqué 20 points ou plus mais il a véritablement manqué un gardien aux épaules solides dans les moments importants. KooKoo tentera de poursuivre sa bonne dynamique, sans Ahokas qui a accepté d'entraîner le TPS Turku pour la saison à venir.

 

Vaasan Sport (10e) : la saison de l'inattendu

Après quatre saisons sans playoffs, le club de Vaasa a finalement réussi à accrocher un ticket pour les séries de Liiga, pour la deuxième fois de son histoire. Un véritable soulagement et une surprise pour ces aigles qui étaient derniers un an plus tôt. Le début de calendrier de la saison 2020-2021 s'annonçait pourtant périlleux avec neuf déplacements pour commencer. Le Vaasan Sport a obtenu quatre succès dans ces rencontres à l'extérieur, et n'a ensuite rien lâché jusqu'à la fin de la saison.

On peut donc véritablement parler de réussite pour cette équipe, reprise en main par l'expérimenté coach Risto Dufva, déjà médaillé et nommé meilleur entraîneur de Liiga par le passé, lorsque l'équipe était en plein naufrage en 2020. Il a finalement su remobiliser un groupe qui comptait bon nombre de joueurs d'expérience. Parmi eux, le gardien Niko Hovinen, qui avait une revanche à prendre. Totalement délaissé la saison précédente, Hovinen était de loin le meilleur joueur de l'équipe, son pourcentage d'arrêts de 92% permettant à son équipe de rester dans le wagon des playoffs.

L'esprit de groupe a véritablement transcendé l'équipe. Qu'un joueur comme Sebastian Stålberg joue des épaules ou de la crosse pour montrer l'exemple en se sacrifiant, rien de surprenant pour ce travailleur de l'ombre. En revanche, voir le Suédois de 31 ans, qui n'a jamais été un "top scorer" à Frölunda, mener les compteurs de l'équipe, personne ne l'a vu venir. Cette révélation tardive a été obtenue grâce à sa complémentarité avec ses deux autres partenaires de trio, Jonne Virtanen et Jesse Paukku. La ligne à vocation défensive a finalement, contre toute attente, joué un rôle majeur dans le rendement de Vaasa. Un rendement auquel a également pris part Michael Keränen, acquis en cours de saison, qui est devenu le pur buteur que recherchait le staff lorsque l'efficacité faisait défaut. Malheureusement, la puissance de feu de Keränen, Vaasa a dû s'en passer pour les playoffs, la faute à une blessure qui tombait bien mal. Il n'en fallait pas plus aux Kärpät qui, même en difficulté, ont pu contourner l'obstacle sans difficulté. Vaasa, diminué, est passé au travers des huitièmes de finale, mené 4-0 au match 1 (perdu 4-1) et 3-0 au match 2 dès la mi-match (perdu 3-1). Des manches lâchées trop rapidement pour une saison toutefois convaincante.

 

Hämeenlinnan Pallokerho (11e) : réveil trop tardif

Comme le titre 2020 n'avait pas été décerné en raison du covid, HPK était de fait toujours champion en titre, mais a éprouvé beaucoup de difficulté à assumer ce statut. La saison du club de Hämeenlinna a rapidement viré au cauchemar : lors des 30 premiers matchs, le HPK n'avait remporté que sept victoires dont seulement trois dans les 60 minutes. La première victoire à 3 points n'est d'ailleurs intervenue qu'à l'issue du huitième match contre Lahti le 23 octobre sur un score de 7-2... avant de concéder le lendemain un 2-7 face à ces mêmes Pelicans.

Cette chute de HPK a duré jusqu'au début de l'année 2021. Le 29 janvier, les joueurs de Finlande méridionale remportaient leur première victoire à 3 points après 18 échecs consécutifs. Et c'est finalement une équipe méconnaissable qui a retrouvé des couleurs en hiver puis au printemps, et ce malgré les départs tardifs en Amérique du Nord d'Emil Larmi, Kristian Vesäläinen et Tarmo Reunanen. Après un automne moribond, le directeur sportif Mika Toivola avait réussi un coup de maître en faisant venir quelques jokers pour tenter de redresser la barre. En défense, Arto Laatikainen a apporté beaucoup de sérénité, ce qui a véritablement déteint sur le groupe. Mais l'acquisition qui aura eu le plus d'écho aura été celle d'Eetu Laurikainen, gardien de 28 ans qui a conservé un pourcentage de 92% en 31 matchs.

En dehors de ces jokers, plusieurs éléments ont fait forte impression, à l'image de Petri Kontiola. Avec 55 points inscrits, il a réalisé un record de carrière... à 36 ans. Une performance qui a permis au centre magicien et leader de retrouver sa place en équipe nationale. Elmeri Eronen, qui avait déjà émergé la saison précédente, a confirmé en défense son statut, clairement l'un des meilleurs arrières du championnat. Avec son sens de l'anticipation et ses 40 points, il fut certainement le joueur de champ avec le plus d'impact sur l'équipe. La confirmation d'Eronen s'est ajoutée à celle de Valtteri Puustinen qui a passé, à 22 ans et pour la première fois, le seuil des 20 buts en championnat. Centre de formation, Juuso Ikonen a connu (comme beaucoup de ses coéquipiers) une première moitié de saison délicate. Mais dès lors qu'il a été repositionné sur l'aile avec le vétéran de Kontiola et le très bon patineur Jere Innala, ce trio est alors devenu l'un des meilleurs du championnat. Le groupe a alors repris confiance et les succès se sont accumulés, 15 lors des 27 derniers matchs. Chose impensable à l'automne, HPK a alors rejoint la course des playoffs. Trop tardivement, le club de Hämeenlinna est parti de bien trop bas pour arracher un ticket, quel dommage.

 

Porin Ässät (12e) : une saison gênante

Après un exercice 2018-2019 historiquement catastrophique, de beaux espoirs étaient nés la saison suivante pour les Ässät. Qu'ils n'ont finalement pas été en mesure de confirmer, la faute à des investissements qui n'ont pas porté leurs fruits. Après trois victoires à leurs quatre premiers matchs, les "As" n'ont cessé de glisser au classement, dixièmes dès le début décembre. De nombreuses turbulences ont marqué l'équipe de Pori toute la saison, en témoigne le naufrage symbolique lors des six derbys du Satakunta, tous remportés par le rival Lukko avec un score cumulé et sans appel de 36 à 9.

Comme plusieurs équipes du championnat, les Ässät ont particulièrement souffert de la reprise de la NHL puisqu'ils ont vu partir Andreas Borgman, Nick Merkley, Markus Niemeläinen ainsi que le chouchou de Montréal Jesperi Kotkaniemi, ils avaient tous un impact significatif sur les performances de l'équipe. Pour pallier ces départs, la direction avait réalisé quelques manśuvres en recrutant en deuxième vague - si l'on peut dire - Ty Rattie, Joe Morrow, Niklas Matinpalo, Joonas Järvinen et Sakari Salminen, mais ils n'ont pas permis à donner une impulsion suffisante. La blessure de Peter Tiivola, contracté avec l'équipe de Finlande durant l'Euro Hockey Tour et qui l'a écarté une bonne partie de la saison, a également été préjudiciable alors qu'il s'agissait du centre numéro 1. Et comme si cela n'était pas suffisant, Tiivola a dû observer ensuite une quarantaine, tout comme l'entraîneur Ari-Pekka Selin d'ailleurs, de quoi pénaliser un peu plus une équipe déjà fragile. C'est finalement presque un miracle, dans cette équipe en plein naufrage, de voir Sebastian Wännström terminer meilleur buteur de Liiga avec 33 réalisations, la meilleure performance de l'histoire d'un joueur suédois en élite finlandaise.

Et lorsque ce ne sont pas les couacs sur la glace, ce sont ceux en coulisses qui ont fait du tort à l'image des Ässät auprès des autres clubs. Harri Nummela, le président de la fédération finlandaise, avait évoqué une vague de faillites de clubs d'ici la mi-mars s'il n'y avait pas d'aides. Le directeur sportif de Pori, Tommi Kerttula, était monté en créneau dans les colonnes d'Ilta-Sanomat : "Il est difficile de croire qu'une soudaine vague de faillites débutera au printemps. Il semble que la communication des dirigeants depuis le début d'année (2021) ne dit pas la vérité. C'est la continuité des pleurnicheries du printemps et de l'été." Kerttula a alors écopé d'une amende de 10 000 euros de la part de la Liiga en raison de commentaires "irresponsables" qui ont porté atteinte à la ligue et aux clubs.

 

Saimaan Pallo (13e) : poursuite de la reconstruction

On pouvait penser que SaiPa, douzième en 2020, allait capitaliser sur une saison utile dans le sens où elle avait permis le développement de plusieurs joueurs. Le club de Lappeenranta s'est plié à sa phase de reconstruction, tant bien que mal. Le jeu de puissance s'est avéré catastrophique, alors que les phases en infériorité ont souvent été bien gérées. Au regard des mauvais résultats, l'entraîneur en chef Tero Lehterä a été remercié le 8 novembre, remplacé par Ville Hämäläinen qui sera d'ailleurs adjoint pour la saison à venir. Un mieux a tout de même été observé sous ses ordres, un pas a été franchi par rapport à la stagnation dans laquelle était emmêlé Lehterä, dont les méthodes semblaient difficiles à assimiler pour les joueurs.

De bonnes bases ont finalement pu être établies. En tête, les progressions de Matias Mäntykivi et Santeri Virtanen, des profils attendus passés par les équipes nationales et qui ont répondu présent, tout comme le gardien Niclas Westerholm qui a permis de garantir à son équipe de battre tous les adversaires, même si à l'arrivée ce fut difficile. La tâche de Westerholm s'est particulièrement détériorée à mesure que la saison avançait et que l'équipe lâchait prise, particulièrement en début d'année lorsque SaiPa a dû observer une quarantaine en raison de plusieurs cas de covid.

Un joueur aura tout de même été exemplaire durant toute la saison : Tomáš Záborský. Pour la deuxième année de suite, le Slovaque a terminé de loin meilleur marqueur de l'équipe, avec 41 points. Mais c'est avant tout son attitude irréprochable qui a marqué les esprits, précieux aussi bien en supériorité qu'en infériorité numérique. Záborský était malheureusement bien trop esseulé. La venue de Jarno Koskiranta, après sept saisons en KHL, n'a finalement pas répondu aux attentes du club qui le voyait comme centre numéro 1. Koskiranta a toutefois eu un rôle quasi exclusivement défensif ces dernières années et il était aussi en perte de vitesse, ce qui explique cette erreur de casting. En tout cas, SaiPa entend poursuivre sa reconstruction. Hormis le fait que l'effectif sera considérablement renouvelé, onze joueurs de la section U20, récents demi-finalistes du championnat finlandais junior, ont obtenu un contrat en Liiga pour la saison prochaine. Ils seront entraînés par Pekka Virta, le coach du dernier titre historique de Lukko.

 

Mikkelin Jukurit (14e) : toujours plus loin (des playoffs)

Depuis leur promotion en 2016, les Jukurit n'ont jamais été en mesure d'accrocher le wagon des playoffs. L'équipe a entretenu cet espoir trop brièvement durant cette saison 2020-2021. Les supporteurs ont probablement apprécié le début de saison électrisé par le jeune attaquant russe Vitaly Abramov, auteur de cinq buts à ses trois premiers matchs. À lui seul, il aurait pu résoudre les issues indécises et niveler vers le haut son équipe par des aptitudes techniques bien au-dessus de ses coéquipiers. Sauf qu'une blessure l'a ensuite éloigné un mois des glaces... avant que le protégé des Sénateurs d'Ottawa ne reparte en Amérique du Nord. Un perte considérable pour les Jukurit qui avait là un vrai moteur offensif.

Le passage d'Abramov a été court, et les Jukurit ont plongé dans le doute. La rencontre du 18 novembre 2020 aura été particulièrement révélatrice de cette fragilité parmi les joueurs de Savonie du Sud. Ce jour-là, tout semblait indiquer que les Jukurit, qui alignaient sa meilleure configuration, n'allaient faire qu'une bouchée du HIFK, totalement décimé par les cas de contamination covid et qui n'était venu qu'avec trois blocs. Forts d'un premier duel victorieux, les Jukurit ont pourtant sombré, littéralement, concédant la plus lourde défaite en Liiga de ces vingt dernières années : 1-11. Incompréhensible.

Cette débâcle a tout de même mobilisé un groupe motivé pour rectifier le tir. Pendant un temps. Les Jukurit ont retrouvé un bon rythme avant la pause de décembre, en grande partie grâce aux solides prestations de Sami Rajaniemi, le gardien le plus utilisé du championnat qui a obtenu le droit de faire ses débuts en équipe nationale, tout comme Axel Rindell, le meilleur défenseur de l'équipe malgré ses 21 ans. Rajaniemi a gardé son équipe à flot, l'espoir renaissait et le club s'est même permis de recruter deux jokers, Brandon Yip et Pontus Netterberg. Sauf que les recrues supposées élever l'équipe et emmener l'équipe en playoffs sont souvent restées invisibles. Et le début d'année 2021 a viré au cauchemar. Après l'arrivée de Yip et Netterberg, les Jukurit n'ont remporté que trois victoires en 24 matchs, dont une série noire de 13 défaites d'affilée, la pire séquence de l'histoire du club. Une fragilité collective, des unités spéciales catastrophiques et une série maudite qui n'en finissait pas : l'entraîneur en chef Marko Kauppinen a été démis de ses fonctions le 12 mars 2021, remplacé par Jari Kauppila. Ce dernier aura eu le mérite d'avoir un bilan plus équilibré (5 victoires / 5 défaites) mais l'équipe partait de trop loin pour arracher un ticket en playoffs. En tout cas, on peut comprendre l'impatience des supporteurs qui aimeraient enfin voir leur équipe au-delà de la saison régulière.

 

JYP Jyväskylä (15e) : plongée inédite dans les abysses

Les temps changent pour JYP. D'abord financièrement puisque, après avoir été l'un des clubs les plus stables de Finlande, l'organisation de Jyväskylä a fait face à une situation économique particulièrement critique. Ce serait malhonnête de la mettre sur le dos du covid-19, qui certes n'a pas arrangé les choses. Sur les quatre dernières années, le JYP Jyväskylä a contracté 3,7 millions d'euros de pertes, et la Cour administrative suprême a ordonné à l'organisation du JYP de payer une dette fiscale de 479 000 euros. Entraînés dans cette chute, les joueurs ont accepté une seconde vague de réductions salariales. Le staff a également fait les frais de cette logique de réduction des coûts puisque le JYP s'est séparé, dès la fin octobre (!), de son entraîneur en chef Pekka Tirkkonen et de son adjoint Ari Santanen. Une séparation d'abord entendue jusqu'à la fin 2020, avant d'être prolongée jusque le 30 mars, soit la fin de la saison, le directeur sportif Mikko Viitanen prenant le relais.

La saison s'est avérée moribonde. En moins de dix ans, JYP est passé du titre de champion de Finlande à lanterne rouge. C'est d'ailleurs la première fois en 36 ans de présence en élite finlandaise que le club de Finlande-Centrale termine au dernier rang du classement. Les conséquences d'une équipe très jeune (trop ?) qui, en plus de s'accommoder de la tension en coulisses, a peiné à imprimer le rythme du championnat. Le club de Jyväskylä avait déjà vu sa cadence se ralentir durant la saison 2019-2020, et JYP s'est vite retrouvé submergé tout au long de la saison 2020-2021. Fin février, ils subissaient une dixième défaite consécutive, la pire série du club.

Trop de matchs lâchés trop rapidement, seules les bonnes performances devant le but de Veini Vehviläinen, prêté un temps par Columbus, ont permis de limiter les dégâts. En revanche, un grand point positif fut la saison de Robert Rooba. L'attaquant estonien a amassé les points à un rythme effréné, particulièrement après Noël, lui permettant de passer de 24 points en 2019-2020 à 41 points en 2020-2021, et d'atteindre la barre des 30 buts. À la surprise générale, Rooba a fini meilleur marqueur de l'équipe, un point devant le petit (1m70) mais très incisif Jerry Turkulainen, des performances qui lui ont permis de décrocher un ticket pour la KHL la saison prochaine, à Tcherepovets. Rooba en KHL, la retraite pour Mikko Kalteva et Ossi Louhivaara après plus de 700 matchs en Liiga, ce jeune groupe devra évoluer sans eux, et effacer ce triste exercice.

 

Nicolas Jacquet

 

 

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