Allemagne 2021/22 : bilan

 

De l'aveu même de leur représentant Jürgen Arnold, les clubs de DEL sont en meilleure santé financière qu'avant la crise. Les aides publiques de l'État ont joué leur rôle d'amortisseur. Le retour de la relégation s'est aussi finalement bien passé. Il n'a toutefois concerné qu'un club (le dernier Krefeld) et non deux, dans un compromis trouvé pendant la trêve olympique compte tenu d'une situation économique et sanitaire toujours incertaine. Mais après une partie de l'hiver à huis clos ou à jauge très réduite, les spectateurs ont pu revenir en fin de saison. Les tribunes ne se remplissaient toutefois pas aussi vite qu'avant et certains étaient encore frileux, soit par crainte pour leur portefeuille au vu de l'inflation galopante, soit par inquiétude pour leur santé car le public des patinoires allemandes reste relativement âgé en moyenne.

Le hockey allemand donne quand même le sentiment d'avoir passé la crise et laissé le plus dur derrière lui. La situation paraît apaisée en coulisses. Le nouveau titre de Berlin sort la DEL du schéma Mannheim/Munich, et les petits clubs arrivent encore à surprendre puisqu'un "petit nouveau" se qualifie en CHL chaque année. La résurrection de la promotion/relégation assure de l'intérêt à tous les étages au moment où le sport peut reprendre pleinement ses droits. La prolongation anticipée du contrat avec Telekom jusqu'en 2028 en est la récompense : chaque club devrait bénéficier de près de 500 000 euros de droits de diffusion par an, un montant encore loin des niveaux de la SHL suédoise mais déjà respectable.

Les résultats commentés du championnat allemand

 

Les clubs de DEL

 

Berlin (1er) : deuxième titre consécutif... comme toujours

Si le titre 2021 avait été obtenu au meilleur des trois matches, les Eisbären de Berlin ont été champion après des play-offs au meilleur des cinq matches. Cela reste une formule un peu raccourcie (toujours pour cause de Civid-19), mais qui se rapproche des habitudes normales. Personne ne prétendra pour autant que le titre a été obtenu au rabais. Les Berlinois ont dominé la saison régulière et ont été des champions indiscutables. Conserver son titre est normalement jugé difficile dans n'importe quel championnat que ce soit... sauf pour les Eisbären ! Tous leurs titres ont été obtenus par deux, voire par trois à la suite ! Ce n'est donc pas si surprenant.

Le capitaine Frank Hördler a participé aux neuf titres du club et a établi un record du hockey allemand réunifié, derrière les joueurs du grand Füssen des années 1960 du côté ouest-allemand (l'histoire est-allemande est souvent un peu plus occultée même si c'est l'héritage des Eisbären qui s'appelaient alors Dynamo et cultivent cette mémoire). Autre vétéran remarquable, le Danois Frans Nielsen, qui est venu finir sa carrière sur un dernier titre. C'est un vrai collectif qui a obtenu ce titre, parfaitement encadré par l'entraîneur québécois Serge Aubin dont la cote ne cesse de monter. La ligne des ailiers allemands Marcel Noebels et Leo Pföderl est restée performante avec son nouveau centre Blaine Byron, mais c'est le petit Californien Matt White qui a été l'attaquant le plus efficace et spectaculaire.

Surtout, les Eisbären redeviennent une pépinière de champions allemands alors qu'ils avaient perdu cette qualité de formation qui avait autrefois assis leur dynastie. Ce n'est pas un hasard si leur retour au sommet coïncide avec ce progrès des jeunes. Le grand Kai Wissmann (194 cm) a épaté avec le meilleur +/- de DEL, et ce très bon passeur a confirmé par d'éclatants débuts en championnat du monde à Helsinki. Il a réussi une saison si pleine qu'il a récolté un contrat avec les Bruins de Boston et sera le deuxième joueur de l'équipe à partir en NHL en deux ans (après Lukas Reichel). Eric Mik, un Berlinois formé au club, commence aussi à se faire une place de titulaire solide et une nouvelle génération semble donc prête à perpétuer les succès d'antan.

 

Munich (2e) : un affaiblissement sans doute temporaire

Le Red Bull Munich a connu au tournant de l'année une série noire qu'on ne pensait même pas possible pour cette superpuissance de DEL : neuf défaites en dix rencontres. Cette mauvaise passe a sonné le glas du gardien Danny aus den Birken, qui ne retrouvera décidément plus son niveau passé à 36 ans. Sa sélection en équipe d'Allemagne aux Jeux olympiques de Pékin était juste un ultime hommage à la médaille d'argent historique obtenue quatre ans plus tôt, au faîte de sa carrière. Le joker norvégien Henrik Haukeland l'a vite supplanté à Munich en remettant l'équipe bavaroise sur les rails par d'excellentes performances. Mais il était là de manière transitoire : Munich avait déjà recruté pour la saison prochaine Mathias Niederberger, le gardien des Eisbären... qui ont donc recruté Haukeland pour lui succéder.

Il serait toutefois injuste de résumer les difficultés de la saison à la problématique du gardien. Le vestiaire a en effet été frappé plusieurs fois par le Covid-19. L'équipe a été diminuée pendant de longues semaines, et elle a été notamment affaiblie lorsqu'elle a joué sa demi-finale de CHL maintes fois reportées contre Tappara. Les Munichois - qui avaient fait jeu égal contre le futur vainqueur Rögle en poule - restent convaincus qu'ils auraient pu remporter la compétition européenne sans cela. C'est le seul club allemand à se fixer aussi clairement cet objectif.

Les ambitions de titres (au pluriel : DEL et CHL) n'ont pas été couronnées de succès cette fois. Le trio offensif du meneur de jeu Ben Street (avec le robuste Trevor Parkes et l'ultra-rapide Frederik Tiffels comme ailiers) est le seul à avoir été productif toute la saison, rejointe par la ligne Ortega-Smith-Ehliz qui a atteint son pic de performance en playoffs. On a vainement attendu ce réveil de la part d'ex-internationaux déçu : Philip Gogulla n'a jamais paru se plaire au sein du club et son ami Frank Mauer a aussi eu un rendement décevant. Mais le Red Bull a toujours les moyens de se payer de nouveaux joueurs allemands de premier plan - plus jeunes cette fois - pour être encore plus fort.

 

Wolfsburg (3e) : l'équipe idéale, ou presque

Les entraîneurs passent, différents dans leur style de jeu et dans leur caractère. Pourtant, Wolfsburg continue de figurer dans les toutes premières places, alors que son budget devrait le situer en milieu de tableau. C'est bien que le club doit avoir un atout caché. Et s'il n'était pas si caché que ça ? Le point commun de ces succès répétés (trois finales et cinq demi-finales en treize ans) est le manager Karl-Heinz Fliegauf, dont on ne saluera jamais assez le travail sérieux. C'était aussi jusqu'ici un joueur devenu une idole, Sebastian Furchner. Ce fut un déchirement pour tous les fans de le voir se blesser (commotion cérébrale) au début des derniers play-offs de sa carrière, alors qu'il venait d'annoncer sa volonté de retraite.

Fliegauf, qui a donc connu nombre de belles saisons, a décrit l'équipe 2021/22 comme la meilleure de l'histoire du club. Le gardien Dustin Strahlmeier, dynamique et extraverti, a réussi à canaliser son style pour un maximum d'efficacité au point d'être élu gardien de l'année. Toutes les recrues ont été satisfaisantes. Et l'entraîneur Mike Stewart, qui a vite rétabli sa réputation entachée par son passage désastreux à Cologne, se refuse à citer un autre motif que les blessés et malades pour expliquer l'élimination en trois manches sèches contre Munich.

Si tout était si bien, pourquoi ne pas garder tout le monde ? Or, certains joueurs ne sont pas reconduits, notamment Anthony Rech. Recruté par le précédent entraîneur Pat Cortina, le Français était moins à l'aise dans le forechecking agressif prôné par Stewart. Il sentait moins la confiance de son coach et son temps de jeu a fondu comme neige au soleil en fin de saison régulière. Il a pourtant prouvé en playoffs qu'il avait toujours la forme. D'ailleurs, en cumulant la saison régulière et les séries, qui a de loin le meilleur +/- de Wolfsburg ? Anthony Rech, avec +20. C'est dire si la déception est toute relative.

 

Mannheim (4e) : libération mentale d'un coach enfermé dans son délire

Si Pavel Gross n'évoque plus de nostalgie à Wolfsburg, resté performant depuis son départ, l'entraîneur tchèque s'est totalement grillé à Mannheim, moins par les performances sportives que par ses discours complotistes. Il râlait tellement contre tout le monde que personne n'arrivait plus à le ramener à la raison. Comme en plus il avait perdu son autorité sur le vestiaire, ses jours paraissaient comptés. La surprise est qu'il n'ait pas été licencié en décembre, quand il a été simplement "rappelé à l'ordre" après des propos insultants, mais seulement fin mars, à deux semaines des playoffs.

Comme en 2017/18, les Adler ont alors appelé comme entraîneurs Bill Stewart et Jochen Hecht, qui étaient jusqu'ici "scouts" pour le club. Le changement tardif a eu un effet, mais pas suffisant : cinquième de la saison régulière, Mannheim a renversé l'avantage de la glace en quart de finale contre Straubing, mais pas en demi-finale, poussant quand même le futur champion Berlin à un cinquième match. Il en aura manqué un peu, comme durant toute la saison. À l'image de la recrue majeure Nigel Dawes, meilleur marqueur mais transparent certains soirs, aucun joueur n'a vraiment connu une saison pleine. Parfois il y avait des raisons de santé physique, parfois peut-être des raisons plus psychologiques. Le changement de coach a été décrit comme une "grosse libération mentale" selon David Wolf, un avis largement partagé dans le vestiaire.

Pour une fois, Stewart n'est pas juste venu en pompier de fin de saison pour remotiver une équipe dans le doute, comme il l'a souvent fait à l'appel des dirigeants des Adler. Il a repris goût au métier. Le trio Stewart-Hecht-Goc a été reconduit pour l'an prochain. Un choix qui a une motivation financière : Gross et son adjoint belge Mike Pellegrims sont toujours sous contrat, et c'est pourquoi on les a remplacés par des gens qui étaient déjà employés du club pour ne pas grever la masse salariale du club par un coach extérieur. On veut sans doute utiliser l'argent pour recruter des joueurs. Mais avant cela, il faut déjà décider si on garde ceux qui étaient partis dans leur tête quand Gross s'éternisait cet hiver.

 

Straubing (5e) : enfin l'Europe

Le meilleur marqueur de DEL était dans les rangs de Straubing : Jason Akeson, techniquement doué avec un tir redoutable, a d'abord paru très individualiste, mais il a travaillé de mieux en mieux défensivement au fil des mois aux côtés de deux coéquipiers qui se connaissent bien, le centre Mike Connolly, réputé pour son efficacité dans les mises au jeu décisives, et Kael Mouillerat, joueur de l'ombre qui gagne des palets et crée des espaces pour les autres. Malheureusement, ce trio a été plus en difficulté en play-offs, où Straubing a été éliminé par Mannheim en quart de finale pour la seconde année consécutive.

Les joueurs allemands n'ont pas déparé. Andreas Eder n'a été freiné ni par sa mononucléose annoncée pendant la trêve internationale, ni par son départ à Munich annoncé assez tôt. La défense a été bien menée par Marcel Brandt (14 buts) et par Stephan Daschner, qui avait une fiche de +16 lorsque sa saison s'arrêta sur une blessure au genou en début d'année, et a vu éclore en fin de saison le bon relanceur Mario Zimmermann (21 ans) qui a même longtemps appelé au camp de l'équipe d'Allemagne. Mais la plus belle surprise est venue du capitaine Sandro Schönberger, qui n'avait jamais dépassé les 10 buts en une saison et qui a attendu d'avoir 35 ans pour en planter 16 !

Straubing a obtenu une récompense pour son travail solide : la qualification en CHL. Il l'avait déjà obtenue il y a deux ans, mais la compétition avait été annulée par la pandémie. Cette fois elle aura bien lieu. Clin d' il du destin, le directeur sportif de la compétition européenne n'est autre qu'Alexander Jäger, une vieille connaissance qui fut brièvement le directeur commercial des Tigers à leurs débuts en DEL. Le tirage au sort a été clément puisque Straubing hérite certes du champion suédois Färjestad mais peut tout à fait envisager la deuxième place devant Villach et Cracovie. Le modeste club de Bavière n'a donc pas fini de grandir, même sur la scène européenne.

 

Bremerhaven (6e) : des signatures très positives

Il en va pour Bremerhaven comme pour Straubing : être éliminé une seconde fois consécutive en quart de finale par le même adversaire (Wolfsburg dans ce cas-ci) a de quoi être frustrant. Mais le club continue de se construire et de réussir ses recrutements. Prenez Phillip Bruggisser, le défenseur offensif danois qui ne s'est pas adapté à Klagenfurt en début de saison et qui a obtenu la pleine confiance à son arrivée mi-octobre : il a explosé les compteurs avec à ses côtés le capitaine Mike Moore, qui s'en va et qui sera le principal joueur à remplacer.

Quant au "Karawanken-Express", ce trio slovène Jan Urbas - Ziga Jeglic - Miha Verlic qui ne faiblit toujours pas, il a même mené l'équipe comme jamais : fiches entre +14 et +16 quand tous les autres attaquants sont négatifs !

Mais le meilleur "coup" est peut-être la re-signature en février pour trois années supplémentaires du gardien Maximilian Franzreb : à ce moment-là, le meilleur gardien de DEL2 de la saison précédente n'avait disputé qu'un tiers des rencontres et pouvait être frustré que son concurrent moins performant Brandon Maxwell joue plus que lui. Mais une fois prolongé, Franzreb a supplanté son collègue et terminé la saison avec des statistiques (plus de 94% d'arrêts en saison régulière et plus de 93% en play-offs) qui donnent envie de le revoir de manière plus fréquente.

 

Düsseldorf (7e) : un collectif motivé se rit des pessimistes

La saison de la DEG a connu quelques dents de scie, mais selon le staff, l'équipe ne jouait "pas si bien" pendant la série de victoires et "pas si mal" pendant la série de défaites. En fin de compte, elle a toujours été classée dans le top-10, preuve de stabilité et de confiance. Les prédictions funestes de l'été dernier, qui clamaient que le club risquait la relégation en ne recrutant pas plus, ont donc été démenties. La lutte pour le maintien ne l'a tout simplement jamais concerné.

Beaucoup de supporters tremblaient pourtant à l'idée d'une seconde saison avec deux jeunes gardiens jugés trop tendres (Mirko Pantkowski et Hendrik Hane), mais ils ont progressé et bien mérité la confiance placée en eux. C'est toute l'équipe qui s'est battue pour ce résultat, et c'est d'ailleurs Düsseldorf qui a bloqué le plus de tirs en DEL. Comme quoi un autre modèle est possible, qui fait la part belle aux joueurs allemands et à leur développement À 39 ans, le capitaine Alexander Barta est toujours un modèle qui mène une équipe fière de ses couleurs. Daniel Fischbuch a encore franchi un cap et l'inattendu Alexander Ehl a même fait ses débuts en équipe nationale à 22 ans.

Tous ces joueurs allemands ont aussi bénéficié de l'apport-clé d'un joueur à la mentalité très nord-américaine, le tireur compulsif Brendan O'Donnell qui se plaît à tirer au but dans toutes les positions et qui a terminé meilleur marqueur de l'équipe.

 

Cologne (8e) : Krupp punit l'ingratitude

Qu'un grand club comme Cologne puisse se satisfaire d'avoir atteint son objectif en se qualifiant en quart de finale par la petite porte (via une modeste dixième place et des pré-playoffs remportés face à Ingolstadt), cela aurait surpris en d'autres temps. Mais après deux ans sans play-offs, on s'en contente. Le KEC privé du plein usage de l'immense capacité de sa patinoire n'était plus tout à fait lui-même ces dernières années.

Une terrible série de 18 défaites en 20 matches l'a même fait tomber à l'avant-dernière place fin février. C'est alors qu'Uwe Krupp s'est fâché comme rarement. Il a expliqué qu'il se dressait d'habitude devant ses joueurs mais qu'il ne pouvait plus laisser passer les dernières prestations en dessous de tout. Il était particulièrement agacé de constater que certains joueurs étaient déjà partis dans leurs têtes et ne cachaient plus leur envie de départ, principalement des jeunes mais aussi l'ex-international Marcel Müller (qui tient à aller à Krefeld même en deuxième division).

Mais le cas qui a le plus agacé Krupp, c'est celui de Marcel Barinka. Il était la trouvaille de Krupp qui l'avait découvert pendant son passage en Tchéquie. Il l'avait fait venir en DEL, utilisant son passeport allemand. et en avait fait la révélation de l'année. Contrairement aux autres jeunes, Barinka ne pouvait pas se plaindre d'un manque de confiance ou de temps de jeu. Il a passé tout le début de saison sur la meilleure ligne de Cologne, avec l'attaquant le plus complet Landon Ferraro et le centre technique Jon Matsumoto. Malgré tout, Barinka a préféré partir à Berlin. Très déçu, Krupp a envoyé l'ingrat finir la saison en tribunes et regarder ses coéquipiers... se faire éliminer en trois manches sèches en quart de finale par son futur club !

 

Ingolstadt (9e) : deux fortes personnalités sur la même charrette

Ingolstadt a abordé les play-offs sans ses trois défenseurs étrangers et sans son meilleur joueur, l'attaquant international danois Fredrik Storm qui a excellé dans les deux sens de la glace. Il y a donc des excuses à l'élimination en pré-playoffs... sauf qu'un club avec un tel budget n'aurait pas dû les jouer s'il avait atteint son objectif logique. L'entraîneur Doug Shedden en rejette la faute sur les contre-performances du gardien finlandais Karri Rämö, dont il connaissait les blessures au genou mais dont il ne se doutait pas que sa hanche érodée affectait grandement sa mobilité.

Un recrutement raté à imputer au directeur sportif Larry Mitchell ? Entre les deux fortes personnalités réputées, les tensions entre eux étaient devenues un secret de polichinelle. Après une fin de saison désastreuse, il n'y a pas eu de tri dans les responsabilités. Le conseil d'administration du club a décidé de mettre fin au contrat à durée indéterminée de Mitchell. Il a ensuite choisi de ne pas prolonger le contrat de Shedden, tellement sûr d'être renouvelé qu'il était parti dans sa maison de Floride sans vider son appartement à Ingolstadt...

Tim Regan, qui était l'adjoint de chacun des deux mâles alpha dans leur poste respectif, s'est vu confier la succession. Il est le nouveau directeur sportif, et c'est lui qu'on a chargé de trouver un coach. Comme il a deux tiers des joueurs sous contrat, ses marges de man uvre sont limitées pour modifier l'effectif. Il n'a donc pas reconduit Brandon DeFazio, sans doute l'étranger le plus attaché à rester, qui apportait de la présence physique devant la cage sur la ligne la plus stable avec Storm et le Germanio-Canadien au très bon tir Justin Feser.

 

Nuremberg (10e) : une saison rassurante

Opposant de toujours à la relégation, le directeur sportif Stefan Ustorf a activé le mode "panique" en seulement six journées (cinq défaites). Il a viré l'entraîneur Frank Fischöder et a pris sa place sur le banc lui-même, mais a ensuite pris son temps pour trouver le bon candidat. Le très expérimenté Tom Rowe, ex-coach de NHL, a récupéré une équipe en avant-dernière position et a pris au moins un point sur ses sept premières rencontres pour la ramener rapidement en "zone playoffs". Son point fort a été la communication avec les joueurs. Le hockey offensif qu'il a mis en place, avec un forechecking intensif, a ramené l'enthousiasme dans les tribunes.

Ustorf a donc réussi sa première saison, car son recrutement a été réussi. Les recrues nord-américaines, assez jeunes et sans grandes références, ont été de belles trouvailles. Le petit défenseur Nicholas Welsh a amené un bel apport offensif. Gregor MacLeod a été à la fois efficace et élégant, par son patinage et sa technique de crosse. Mais la plus belle réussite a été Tyler Sheehy, qui a commencé la saison au centre mais a aussi pu exprimer ses qualités de vitesse à l'aile au fil du temps : il a planté 25 buts et s'est imposé comme meilleur marqueur de l'équipe.

Que deviennent en revanche les projets de formation et de développement incarnées depuis deux ans par Fischhöder et Dietzsch ? Le retour à la maison de Marko Friedrich s'est par exemple mal passé. Il a confié à Eishockey News sa surprise de ne pas avoir été conservé, alors qu'on lui avait toujours assuré qu'on voulait le garder, même s'il est lucide sur sa saison : "J'ai dormi la moitié de la saison, après avoir manqué la préparation à cause d'une blessure à la tête. J'ai eu de vrais problèmes mentalement, parce que c'était si émotionnel pour moi de jouer à la maison et de ne pas être performant. Ensuite est arrivé le changement d'entraîneur pour Tom Rowe. Il a eu de la patience avec moi. Le dernier quart de la saison, j'étais redevenu l'ancien Marko." Malgré ce départ, Nuremberg pourrait conserver des attaches locales et utiliser les jeunes talents car le retour du prodige local Roman Kechter est annoncé alors qu'il était parti en Suède en junior.

 

Augsbourg (11e) : la procrastination a ses limites

Voulant éviter à tout prix les matches à huis clos (il y en a quand même eu six), Augsbourg chercha à reporter toutes ses rencontres à domicile quand la Bavière décida d'interdire la présence du public dans le cadre des mesures sanitaires. C'était un choix à la fois financier et sportif, car aucun club n'a autant besoin de son public. L'équipe souabe a été de loin la plus faible à l'extérieur. Un adversaire refusa d'accommoder Augsbourg : Cologne, qui vint s'imposer aux tirs au but dans une patinoire vide. Le KEC revint gagner en prolongation en février, devant du public - et un public furieux à cause d'un but potentiellement vainqueur accordé sur la glace puis refusé à la vidéo. Il aurait suffi d'inverser un de ces deux résultats et Augsbourg aurait remplacé Cologne en play-offs.

En même temps, les arguments de Krupp et de Cologne étaient fondés : si on reportait des matches, on n'aurait plus de créneaux. Augsbourg est l'équipe qui a dû annuler le plus de matches (4), n'ayant jamais reçu Mannheim. Ces rencontres non jouées furent aussi des occasions manquées. Mais à vrai dire, la tendance ne paraissait pas favorable, en dépit du remplacement de l'entraîneur en février. Jamais Augsbourg n'avait changé de coach si tard dans une saison, sauf en 1998, déjà pendant une trêve olympique.

Contrairement à la plupart de ses collègues de DEL qui ont un directeur sportif au-dessus d'eux, l'entraîneur d'Augsbourg a son mot à dire dans le recrutement et il peut donc pâtir de mauvais choix. C'est ce qui s'est passé avec Mark Pederson. Souvent l'adjoint remplace le chef, mais cette fois Pierre Beaulieu a sauté en même temps que le coach principal. C'est Serge Pelletier, qui avait fait toute sa carrière en Suisse pendant 22 ans, qui a débarqué pour finir la saison, sans faire des miracles. Augsbourg en attendra la saison prochaine de celui qui a fait ses preuves à la tête de la Grande-Bretagne et en DEL2, Peter Russell...

 

Iserlohn (12e) : les joueurs restent, les entraîneurs valsent

Quarts de finaliste l'an passé, les Roosters abordaient la saison avec une grande confiance et espéraient un destin similaire avec une équipe encore renforcée. Le début de championnat laissait même rêver à mieux puisqu'Iserlohn était cinquième après 15 journées... quand le Covid-19 s'invita dans le vestiaire. Le protocole sanitaire de la DEL, plus conçu pour éviter les reports de match que pour la santé des joueurs, faisait débat à l'automne, et nul doute que les Roosters en furent une victime notable : ils durent reprendre le jeu avec un effectif diminué pendant quatre matches - tous perdus - et, même ensuite, beaucoup de joueurs mirent du temps à retrouver la forme. Pendant deux mois, l'équipe du Sauerland vécut un calvaire : 2 victoires pour 14 défaites.

Les dirigeants commencèrent par se séparer de l'unique adjoint (Brad Gratton) et engager deux adjoints d'expérience (Jamie Bartman et Johan Akerman) sans toucher à l'entraîneur-chef. Ce n'est que lorsque l'équipe était en quarantaine pour plusieurs semaines - à cause du variant omicron plus contagieux du coronavirus - qu'ils décidèrent de changer de coach, alors que Brad Tapper restait sur deux belles victoires à l'extérieur. Son successeur Kurt Kleinendorst débuta par trois victoires, et la meilleure série de la saison eut donc lieu à cheval sur ce passage de témoin. Mais ce regain de forme ne dura pas.

Un temps relégable, Iserlohn a tout de même échappé au pire. Les joueurs-clés resteront la saison prochaine (où l'on repassera à un seul adjoint sur le banc pour privilégier les salaires de l'équipe) : les deux seuls joueurs aux fiches positives, le défenseur défensif Hubert Labrie (+3) et l'attaquant aux 22 buts Casey Bailey (+2) qui a passé 22 minutes par match sur la glace, un record pour un attaquant en DEL. Quant au joueur au plus gros temps de jeu absolu de la ligue, c'est le défenseur Ryan O'Connor... qui a terminé meilleur marqueur d'Iserlohn et qui reste aussi.

 

Bietigheim-Bissingen (13e) : la promotion, ça marche !

Contrairement à Augsbourg, le promu Bietigheim-Bissingen a réussi à boucler son calendrier, et il peut être fier de ses efforts. Il a passé la plus grande partie du mois de mars en dixième position, en position de se qualifier pour les play-offs, alors qu'il était la seule équipe à ne jouer "que" le maintien ! Comme quoi accepter de regarder vers le bas n'implique pas forcément de chuter dans le vide ! Les Steelers ont grimpé quand même, à des altitudes qu'on pensait impossibles à atteindre pour eux. Mais à l'issue de la dernière ligne droite de 11 matches en 22 jours, ils ont logiquement manqué de souffle. Ils ont perdu les six derniers et explosé le dernier week-end (1-9 et 1-5).

Ce n'est évidemment pas cette fin ratée qu'il faut retenir du film de la saison. Bietigheim-Bissingen a prouvé qu'il avait sa place à ce niveau, et que des joueurs venus très majoritairement de DEL2 pouvait être performants en DEL : le premier club monté "sportivement" depuis 16 ans a prouvé que la promotion fonctionnait ! René Schoofs, qui a passé toute sa carrière senior dans son club formateur (pendant 21 ans), peut prendre une retraite méritée : il a vécu un aboutissement en conduisant son club de toujours dans l'élite et en l'y maintenant.

Personne n'aurait parié que le promu compterait le joueur de l'année dans ses rangs, Riley Sheen, arrivé du niveau inférieur et qui a inscrit... 40 buts ! La première ligne a indéniablement tiré l'équipe de manière incroyable. Elle a en effet terminé avec des +/- presque à l'équilibre alors que le reste de l'équipe en était loin. Sur ce premier trio, l'ex-Chamoniard Evan Jasper et le centre C.J. Stretch ont progressé dans le travail défensif et accompli leur part. Mais que vaudraient-ils sans leur buteur Sheen pour couronner leurs actions ? À eux de répondre à cette question la saison prochaine car Sheen ira... chez le champion d'Europe, Rögle ! Là encore une belle reconnaissance.

 

Schwenningen (14e) : offensive en panne

Le directeur sportif Christoph Kreutzer avait prétendu que l'objectif minimal était la dixième place qualificative, mais il a dû se rendre à l'évidence. Comme Schwenningen était dernier à la trêve internationale de novembre, Kreutzer a mis à la porte les entraîneurs suédois (Niklas Sundblad et Gunnar Leidborg) et a dirigé lui-même l'équipe sur le banc. Finalement avant-dernier, le club de la Forêt-Noire n'a dû son maintien qu'au changement de règlement en cours de saison, mais il devra se méfier du retour à deux descentes l'an prochain.

La filière suédoise a montré ses limites, à l'instar du très décevant Patrik Lundh (2 points en 28 matches et une fiche de -9) qui a fini par être renvoyé au 31 décembre... et qui a fini la saison comme champion de Suède avec Färjestad ! Il a été remplacé à Schwenningen par Brett Pollock, qui arrivait du deuxième niveau suédois... mais qui a fait beaucoup mieux avec la meilleure moyenne de points (7 buts et 7 assists en 18 matches).

Il faudra un impact offensif supérieur si Schwenningen veut vraiment être performant en DEL. Le club a eu la moins bonne attaque et le moins bon powerplay : le manque d'un vrai buteur tranchant s'est fait ressentir de manière évidente. L'effectif est renouvelé pour moitié chaque été mais on cherche toujours un meneur offensif...

 

Krefeld (15e) : un mal pour un bien ?

Disons-le tout net, la relégation de Krefeld ne surprend personne, elle est la conséquence de la gestion chaotique du club depuis trois ans. La plupart des cadres n'en pouvaient plus et le plus persévérant, l'ex-capitaine Martin Schyaminski, a exprimé tout son soulagement quand il est parti à Iserlohn en novembre. Le seul homme de 26 ans à pouvoir jouer à "Hockey Manager" en simulation réelle avec un club professionnel, Sergejs Saveljevs, est toujours considéré avec scepticisme (euphémisme) par tous les observateurs, mais aussi en interne à cause de ses "chouchous", comme le gardien russe Sergei Belov qu'il veut garder même en DEL2.

Le changement d'entraîneur est presque anecdotique dans ces conditions : récemment arrivé comme adjoint, Igor Zakharkin - Russe qui a fait son éducation de coach en Suède et qui est considéré très arrogant dans son pays depuis le jour où il avait osé faire la leçon à Tikhonov - a remplacé Clark Donatelli dès la fin septembre. Il a presque failli atteindre l'objectif et il est difficile de lui tenir rigueur de la descente. Krefeld a été plus compétitif que les deux années précédentes. C'est Saveljevs qui avait pris un risque énorme en dépensant les onze licences autorisées pour les étrangers dès début octobre. Il avait embauché des renforts peu utiles, et il n'avait plus aucune possibilité de prendre un joker lorsque les deux meilleurs joueurs de l'équipe (l'attaquant suédois Alexander Bergström et le défenseur danois Jesper Jensen Aabo) se sont blessés plus tard dans la saison.

Quand la relégation est devenue de plus en plus probable, Saveljevs a évoqué son intention de faire un recours devant la justice en évoquant les inégalités dues aux circonstances sanitaires. On craignait alors de voir le club épuiser ses dernières ressources dans une bataille juridique impossible en refusant la réalité. Mais avant même que la saison se termine, Saveljevs avait changé de discours et évoquait déjà plus la DEL2 que la DEL. Krefeld a compris qu'il valait mieux ne pas perdre du temps pour se préparer à remonter. Après tout, le jeune manager peut aussi apprendre de ses erreurs. On craignait un exode massif, mais certains jeunes veulent rester. Le joueur formé au club Pascal Zerressen a même décidé de rentrer après sept ans à Cologne pour participer au défi de la remontée. Beaucoup de gens sont encore attachés aux Pinguine et cette relégation pourrait bien être un mal pour un bien.

 

 

Les clubs de DEL2

 

Premier : Francfort. Après l'échec de la saison passée, les Löwen ont cette fois-ci atteint leur objectif de manière magistrale, en terminant par 15 victoires dont 12 lors de play-offs parfaits. Toute la pression de la montée reposait sur eux et ils l'ont parfaitement gérée. Gardien de l'année en ECHL, l'Américain Jake Hildebrand n'a pas été parmi les trois premiers cités dans l'élection similaire en DEL2 après la saison régulière, mais il a réparé l'oubli en devenant MVP des play-offs. Il a obtenu le droit de prouver sa valeur au niveau supérieur, comme le meneur de jeu impérial Dylan Wruck (qui devra démontrer que ses faiblesses dans le jeu physique ne sont pas rédhibitoires) ou le grand défenseur allemand Kevin Maginot (qui aura à 28 ans la chance de se faire une place en DEL qu'il n'avait pas vraiment eue dans son club formateur Mannheim).

Francfort gardera ces cadres mais a choisi de se séparer de deux éléments importants. L'entraîneur tchèque Bohuslav Subr, qui n'avait pas la même liberté d'action qu'à Tilburg, a appris la diplomatie pour gérer effectif avec 5 surnuméraires et s'est bien débrouillé, mais a tenté un poker perdant sur le montant et la durée de son contrat. Plus difficile encore à remplacer, le partenaire majeur, la banque russe VTB Bank, qu'il était impossible de garder dans le contexte des sanctions liées à la guerre en Ukraine. Dans la capitale financière de l'Allemagne, il devrait toutefois être possible de trouver des sponsors pour la remplacer.

 

Deuxième : Ravensburg. Les Towerstars avaient affiché une forme encore jamais connue dans l'histoire du club avec 13 victoires en 14 journées... quand ils ont dû arrêter toute activité pour dix jours d'isolement à cause de plusieurs cas positifs de Covid-19 le lundi 3 janvier. De quoi briser une dynamique ? Même pas. L'équipe localisée à 20 km du lac de Constance n'avait jamais connu autant de... constance. Elle a fauit preuve de beaucoup de discipline mais aussi de volonté offensive. L'Américain Sam Herr a cartonné avec 40 buts dont 9 en play-offs, et il restera au club.

Il y aura beaucoup plus de changements que prévu après cette très bonne saison. L'entraîneur écossais Peter Russell a rejoint la DEL (Augsbourg). Le capitaine depuis cinq ans Vincenz Mayer, blessé au premier tiers du dernier match de la finale, s'est reconverti chez le sponsor CHG Meridian (il continuera à jouer en Oberliga). Le marqueur très régulier David Zucker part pour raisons familiales après cinq ans. Et les négociations financières avec le défenseur canadien James Bettauer (dominant en saison régulière avec une incroyable fiche de +48) ont échoué alors que le club dit avoir tout tenté.

 

Troisième : Bad Nauheim. C'est tout simplement la meilleure saison du club de Hesse dans ce siècle. Une réussite totale pour l'Autrichien Harry Lange, qui faisait ses débuts comme entraîneur-chef après trois ans et demi comme adjoint. Kevin Schmidt, qui semble partout sur la glace alors qu'il a pourtant un temps de jeu conséquent.

Mais à l'heure de choisir le joueur préféré des fans dans toute la DEL2, c'est le centre droitier Taylor Vause qui a été élu. Meneur de jeu à la belle vision du jeu, il a su servir à merveille son ailier Tristan Keck, le joueur le plus explosif du championnat qui se procure au moins un breakaway par match. Blessé au premier match de la demi-finale contre Ravensburg, Vause a vu ses coéquipiers revenir de 1-4 à 4-4 pendant qu'il prenait sa douche, puis s'imposer en prolongation. Mais en l'absence de son meneur de jeu, Bad Nauheim a perdu les quatre rencontres suivantes. Vause avait prolongé jusqu'en 2024. Avec lui, ce club qui paraissait plafonner pour raisons financières semble oublier ses limites.

 

Quatrième : Heilbronn. Les Falken se prennent aussi à rêver à ré-hausser leurs ambitions car ils ont déjà prolongé leurs six meilleurs marqueurs. Ils comptent surtout sur le premier d'entre eux, Jeremy Williams, ancienne figure de DEL qui a bien été le leader attendu sur la glace et en dehors, le joueur qui rassure et constitue le relais parfait de l'entraîneur Jason Morgan. Celui-ci a réussi à s'imposer en Allemagne en arrivant de Roumanie et a fait taire les critiques aux préjugés idiots. Dans le contingent allemand, l'arrivée de l'ancien joueur de DEL Julian Lautenschlager n'avait pas été accueillie avec un grand enthousiasme par les supporters : ce centre très utilisé dans toutes les situations de jeu s'est pourtant fait une spécialité des buts de raccroc dans le slot.

Heilbronn avait atteint deux fois la deuxième place de saison régulière de DEL2 (en 2011 et 2012) pour se faire alors éliminer en quart de finale. Une décennie plus tard, la revanche a été prise. Très fort en fin de saison, le septième a éliminé le deuxième Kassel pour se qualifier enfin en demi-finale, la première depuis 2008. Si cette saison est peut-être la plus aboutie à ce niveau, c'est aussi parce que le club s'est appuyé essentiellement sur ses propres moyens, et de manière plus limitée sur les prêts du partenaire de toujours Mannheim.

 

Cinquième : Dresde. L'élimination contre Heilbronn a certes été très frustrante, mais elle ne saurait remettre en cause tout le travail accompli au préalable. En saison régulière, Dresde tutoyait de très près les futurs finalistes Francfort et Ravensburg. Les Eislöwen ont compté dans leurs rangs le joueur de l'année (un Jordan Knackstedt qui fait de plus en plus l'unanimité) le gardien de l'année (le Germano-Suisse Janick Schwendener) et l'entraîneur de l'année (Andreas Brockmann). Tous restent et donnent foi en l'avenir.

Pour une équipe qui était avant-dernière il y a un an, c'est une transformation remarquable. Quand le directeur sportif Matthias Roos avait annoncé jouer le titre et la montée la seconde année (donc en 2023), cela paraissait optimiste. Aujourd'hui, cela semble réaliste. Deux gros sponsors se sont engagés en deux ans autour de ce projet. Dresde sera un concurrent sérieux pour Krefeld l'an prochain.

 

Sixième : Kassel. Le troisième futur candidat à la montée sera Kassel, mais il est pour sa part dans une phase de reconstruction totale. Le ratage du dossier de promotion à la dernière intersaison a traumatisé tout un club, qui s'est retrouvé dernier fin octobre. Tim Kehler a trouvé les ressources pour redresser la barre et revenir rapidement dans le top-6. Mais l'entraîneur de la saison 2020/21 a finalement été débarqué en février. Embauché à sa place, Corey Neilson a semblé créer le déclic avec 8 victoires d'affilée, dont les deux premières manches du quart de finale contre Bad Nauheim. La chute n'en fut que plus dure et l'élimination plus cinglante.

Il ne restera presque plus rien de cette saison cauchemardesque. Les Huskies ont choisi de s'appuyer sur... les artisans de la montée que Francfort n'a pas conservé ! Ils ont récupéré l'entraîneur Bohuslav Subr, et il a ramené avec lui des cadres allemands comme le défenseur au tir précis Maximilian Faber (meilleur pointeur des arrières de DEL2) et le jeune attaquant de 22 ans Pierre Preto. Ils tenteront la passe de deux au sein de deux clubs différents qui sont des antagonistes dans un des derbys les plus chauds d'Allemagne. Un derby Francfort-Kassel dont on ne sait pas dans quelle division la prochaine édition aura lieu...

 

Septième : Crimmitschau. En partant à Rouen pour un poste plus stable après avoir prolongé son contrat, Mario Richer laissait un bilan pas si facile à surpasser. Mais le club avait décidé d'utiliser un budget légèrement en hausse pour se professionnaliser et élargir le staff. Le nouvel entraîneur Marian Bazany a donc pu avoir deux adjoints à ses côtés, Andrew Hare et Alexander Sulzer, et il a vite trouvé ses marques.

Très bien parti avec six victoires d'entrée, Crimmitschau n'a pas quitté le top-6 de toute la saison ! Et si on le classe septième après play-offs, c'est parce qu'une équipe partie de plus bas (Heilbronn) est allée jusqu'en demi-finale. Les Eispiraten, eux, n'ont pas existé en quart de finale, avec seulement 3 buts marqués en 4 matches. L'absence d'un gros marqueur (personne n'a atteint 20 buts ou dépassé 35 points) s'est cruellement fait sentir. C'est toutefois la seule réserve sur une saison satisfaisante sur le plan sportif et financier, puisque le résultat est à l'équilibre.

 

Huitième : Fribourg-en-Brisgau. Les dirigeants de l'EHC Freiburg ont expliqué que la qualification en préplayoffs était une plus grande performance encore que la troisième place de la saison précédente. L'effectif très mince a en effet traversé des temps très difficiles avec des blessés et surtout des malades (du Covid-19). Le meilleur exemple de ce désarroi est David Danner qui jouait chez les vétérans et qui a dû être réactivé huit ans après la fin de sa carrière professionnelle. Il a passé 30 minutes sur une glace... sous laquelle son nom figure dans une publicité ! Les "Frischemärkte Danner" font en effet la promotion des deux magasins de produits frais qu'il possède. Le vétéran de 39 ans a donné ce coup de main et fini la soirée avec une fiche de -6 dans une défaite 0-9 contre Heilbronn.

En coulisses, le club a activé la clause de rupture du bail de la patinoire hors d'âge en raison de la montée en flèche des coûts de l'énergie. La ville a accepté de les prendre en charge à hauteur de 428 000 euros (au lieu de 353 000) dans le nouveau bail, mais le bâtiment reste un gouffre énergétique dont le remplacement est sans cesse reporté depuis dix ans. Maintenant, la Ville a proposé deux options pour une nouvelle patinoire : une version "sport de masse" entre 20 et 25 millions d'euros, et une version "sport de haut niveau" chiffrée à 55 millions, avec deux surfaces de glace, que la ville accepterait... si le club en finançait 25%. Cela représente près de huit fois son budget annuel ! Il n'y arrivera pas seul...

 

Neuvième : Kaufbeuren. Le départ de l'entraîneur Rob Pallin, retourné auprès de ses parents à Las Vegas après seulement deux journées de championnat, annonçait une saison chaotique. Le nouveau coach Tray Tuomie a atteint l'objectif assigné, la qualification en pré-playoffs qui assure le maintien direct, mais ce ne fut pas sans mal. L'effectif n'est pas sorti indemne d'une série de défaites autour des fêtes de fin d'année : le défenseur allemand Sören Sturm a été écarté et Branden Gracel est parti au Danemark sans regrets de part et d'autre.

On sentait vraiment la fin d'un cycle à Kaufbeuren. Le meilleur symbole est le départ du gardien Stefan Vajs, qui aura connu beaucoup de blessures - y compris cette saison encore - pendant son contrat de longue durée. Il se met désormais en congé du haut niveau pour se reconvertir dans l'immobilier. Mais l'ESVK dispose d'une des meilleures équipes juniors du pays. C'est le moment ou jamais de les intégrer à l'équipe première pour repartir encore plus fort. L'entraîneur des juniors Daniel Jun sera d'ailleurs intégré au staff à côté du futur coach finlandais (Marko Raita, qui a travaillé en division inférieure chez le partenaire d'Oberliga Füssen) pour faciliter cette transition vers les seniors.

 

Dixième : Landshut. Comme trop souvent, l'EVL a plus impressionné à l'intersaison, par son recrutement perçu comme ambitieux, que sur la glace, quand il s'est agi de le concrétiser dans les faits. Le directeur sportif Axel Kammerer a tiré les conséquences en licenciant l'entraîneur suédois Leif Carlsson en novembre et en prenant son place... mais son intérim a été désastreux puisqu'il a perdu toutes ses rencontres sur le banc (8). Il a ensuite confié les rênes à Heiko Vogler, un entraîneur de 37 ans sans grande expérience qui a pourtant été apprécié par les joueurs pour la confiance qu'il insufflait et la qualité de ses préparations de match en vidéo.

La conclusion de la saison n'est donc pas surprenante. Vogler reste en poste, alors que Kammerer est viré de son poste de directeur sportif. Son choix de faire appel à des vétérans dans les cages a été très critiqué depuis deux ans. Avec le retour du portier formé au club Sebastian Vogl (qui jouait en DEL chez le voisin et ex-rival Straubing), l'EVL apporte un signal positif pour la restauration de l'identité du club. Vogler ne veut pas d'un alignement de noms sur le papier, mais veut connaître personnellement les candidats potentiels et les observer lui-même en s'impliquant dans le recrutement.

 

Onzième : Weißwasser. C'est souvent le cas en DEL2 : avoir le meilleur marqueur du championnat dans ses rangs n'est pas synonyme de succès collectif. Il n'y a rien à reprocher à Peter Quenneville (80 points) qui a formé un duo excellent avec Hunter Garlent (72 points en cinq matches de moins, soit un bilan identique). Mais la disparité était énorme entre les performances très positives de ces deux joueurs et les bilans très négatifs de leurs coéquipiers.

Le collectif des Lausitzer Füchse n'a jamais trouvé son équilibre. L'entraîneur Chris Straube a donc été débarqué début janvier et remplacé par Petteri Väkiparta. Le Finlandais a longtemps eu du mal à mettre en place son système dans un calendrier où les matches s'enchaînaient, mais les dix jours de pause juste avant les barrages de maintien ont été très profitables. Mieux entraînée et préparée, l'équipe s'est aisément débarrassée de Bad Tölz pour sauver sa place. Lors de ces barrages, ce n'est pas le duo magique qui a mené les compteurs, mais le junior Bennet Rossmy, qui est originaire de la région et qui s'est développé au sein du hockey tchèque. Au vu de ses progrès, il semble prêt à se tailler une place chez les Eisbären Berlin - le club partenaire - l'an prochain.

 

Douzième : Selb. Avec seulement 9 victoires en 52 journées de championnat, la saison régulière a été un long calvaire pour le promu. Elle a même connu un moment dramatique. Lanny Gare, 43 ans, doyen du championnat, a fait un AVC le matin de la Saint-Sylvestre. Cela a suscité une immense émotion dans la communauté du hockey... sauf pour une poignée de complotistes virulents sur les réseaux sociaux qui voient une preuve de la dangerosité du vaccin dans tous les problèmes de santé de gens qu'ils ne connaissent pas !

Épargnés par le Covid-19 la saison dernière, les Selber Wölfe n'ont pas eu cette chance et ont souvent joué à effectif réduit. Mais ils savaient que les deux tours de barrage de relégation leur donnaient encore deux chances de se maintenir, quoi qu'il arrive, s'ils arrivaient en forme en bon moment. C'est ce qui s'est produit, et il est encore plus savoureux que le maintien ait été obtenu dans une série contre le grand adversaire des derbys Bayreuth. Mais personne ne fanfaronne à Selb après ce dénouement miraculeux. Chacun sait que la prochaine saison ne pourra pas débuter en mars, et qu'il faudra se mettre au niveau de la DEL dès le début.

 

Treizième : Bayreuth. Exactement comme Weißwasser, Bayreuth a été porté par un duo dominant. Ville Järveläinen a même battu le record de la DEL2 en inscrivant 43 buts en saison régulière, pendant que son collègue Cason Hohmann accumulait 60 mentions d'assistance. Exactement comme Weißwasser, cela n'a pas suffi à éviter les barrages de maintien. Exactement comme Weißwasser, les Tigers s'en sont sortis en croisant la route d'une équipe de Bad Tölz à bout de souffle. Mais dans l'intervalle, Bayreuth s'est fait dominer physiquement au premier tour des barrages par le rival Selb.

Le soulagement est grand, mais la déception domine. Malgré la septième attaque de la ligue, la défense était trop faible, souvent à effectif réduit. Matic Podlipnik a réussi à la stabiliser durant son passage, récoltant même une fiche positive (+2) mais le Slovène n'a fait que passer entre son arrivée de Cergy et son départ en Slovaquie. Début 2022, quand son équipe a glissé en dehors des dix premiers, l'entraîneur Petri Kujala a critiqué même sa première ligne qui "ne produit rien depuis des semaines et ne se procure presque pas d'occasions". La série noire de 12 défaites en 13 matches a continué et Kujala a été finalement viré. Après avoir assuré le maintien, son successeur Robin Farkas devra reconstruire la majeure partie de l'équipe à l'intersaison.

 

Quatorzième : Bad Tölz. La crise avait secoué l'ECT dès l'automne. Les fans tenaient pour acquis que le peu motivé Grant Besse devait coûter autant que son prédécesseur Max French (meilleur joueur de la saison 2020/21) et étaient déçus de son rendement. Le rapport qualité/prix du recrutement n'était pas le seul reproche fait au manager Jürgen Rumrich. Le responsable presse de Bad Tölz, Simon Rentel, s'est fait virer pour avoir listé les torts supposés de Rumrich (pas présent, injoignable, etc). Birgitt Breiter, qui s'occupait des finances, est parti en même temps : elle avait connu le club alors en dépôt de bilan et l'avait beaucoup aidé.

Acculé par ces défections, Rumrich gardait le soutien du président Hubert Hörmann, mais celui-ci était lui-même attaqué pour sa gestion financière par l'entrepreneur Cengiz Ehliz, qui a bénéficié d'un non-lieu de la justice belge dans une enquête pour escroquerie et qui reproche au club de l'avoir évincé tant il était sulfureux... En fin de compte, Rumrich a fini par démissionner de lui-même : "Je peux tolérer la critique. Mais ce qui s'est passé ici était trop pour moi, je n'ai jamais vécu ça." Il a été remplacé par Ralph Bader, qui a dirigé pendant 13 ans le club rival de Haute-Bavière, Riessersee.

Pendant cette crise, l'équipe faisait encore à peu près illusion avec une douzième place de saison régulière. Mais sur ses 16 victoires, seulement 3 ont été obtenues dans le dernier tiers du championnat. L'effectif très réduit - à cause des finances limitées depuis la mise à l'écart du sponsor WeeConomy de Cengiz Ehliz - tirait de plus en plus la langue. L'échec en barrages de relégation était malheureusement relativement prévisible. Bader s'est déjà attelé à reconstruire pour l'Oberliga, mais l'expérience a prouvé qu'il est souvent très difficile d'en ressortir après une descente.

 

Promu d'Oberliga : Regensburg. On s'était moqué de Regensburg, qualifiant le club de "unaufstiegbar", impossible à faire monter. C'est parce qu'il persistait à très peu changer son effectif qui n'avait pas réussi à décrocher cette promotion. Au lieu de recruter des gros calibres en jokers comme ses concurrents ambitieux, Regensburg intègre les jeunes du club quand il doit remplacer un absent. Depuis des années, c'est le seul club d'Oberliga au plus haut niveau de la DNL, le principal championnat junior allemand. Aujourd'hui, ce club formateur sérieux décroche une montée qui est l'aboutissement logique de son travail.

Le capitaine Peter Flache, 40 ans, a annoncé sa retraite lors de la fête la montée. Longtemps blessé mais revenu au jeu avant les play-offs, il a inscrit deux buts au dernier match de la finale contre Memmingen et son total de buts avec Regensburg s'arrête à 199. Son numéro 15 sera retiré et il rejoindra sous le toit de la patinoire le maillot n 27 de Martin Ancicka.

 

Marc Branchu

 

 

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