Chris Chelios

 

Chris Chelios n'était pas le joueur le plus talentueux. Ce n'était même pas le physique le plus imposant : il mesurait 1m80, taille presque modeste pour un défenseur, et pesait 85 kg, le même poids au début et à la fin de sa carrière NHL (à un quart de siècle d'intervalle !), témoignage s'il est besoin de son exceptionnelle condition physique qu'il entretenait aussi bien que sa réputation. Mais il était extrêmement fort pour son poids, et paraissait plus grand qu'il n'était car il rendait sa présence intimidante. Il dissuadait les adversaires de le charger en tenant à faire savoir qu'il pouvait lever sa crosse en opposition et que toute approche était à leurs risques et périls. C'était un compétiteur farouche, totalement concentré sur le jeu à chaque présence, efficace en avantage numérique et impitoyable chien de garde en infériorité numérique. "Il protège le but comme si la vie de ses enfants en dépendait", disait de lui le commentateur d'ESPN Bill Clement.

Il s'est donc imposé comme un leader naturel, "né avec des galons de sergent sur ses bras" selon la plaisanterie de l'international américain Doug Weight. Aux États-Unis, on révère en effet ce type de personnalité de mâle alpha, et Chelios en est venu à incarner l'émergence des hockeyeurs de ce pays au sein de la NHL. Il vivait dans un culte de la victoire, qui combinait à la fois sa culture grecque d'origine et la mentalité américaine. Cet état d'esprit se traduisait avant tout en play-offs : il y a joué 266 matches, un record dans l'histoire de NHL, en jurant que tous les coups y étaient permis. Chelios retenait, frappait, irritait l'adversaire, à une époque où il n'y avait qu'un seul arbitre principal pour essayer de régenter le jeu.

Cette philosophie, c'est lui qui en parle le mieux dans sa biographie officielle : "Il n'y a pas d'amis dans une série de play-offs. C'est la survie du plus apte. Je ne parle pas de donner coup de coude dans la tête ou de viser le genou. Cela peut causer une blessure à long terme. Je parle d'un coup de crosse stratégique. Pour moi, un cinglage sur la main ou un doigt cassé n'étaient rien. Cela faisait partie du jeu. Les mains cassées guérissent. Les doigts guérissent. La douleur ne perdre ne guérit pas. [...] C'est vrai que je suis entré dans le vestiaire des Blackhawks de Chicago entre deux périodes et que j'ai demandé qui allait casser le bras de Brett Hull. [...] Je n'avais pas besoin de haïr les gens pour les blesser. Hull et moi étions bons amis, mais il comprenait ça à propos de moi. Il ne l'aimait pas mais il le comprenait. Hull était toujours inquiet que je le blesse, et j'aimais qu'il en soit ainsi."

 

 

Australie ou Californie : sera-t-il hockeyeur ou surfeur ?

Kosta "Gus" Tselios - qui a fait changer l'orthographe latine de son nom de famille en Chelios - a immigré de Grèce à Chicago en 1951. Il y débute comme chauffeur routier et finit propriétaire de plusieurs restaurants. C'est un homme populaire, festif, colérique. Chris, l'aîné de la fratrie, né le 25 janvier 1962, y apprend la valeur du travail en nettoyant les tables et la vaisselle. Il a trois sœurs et un frère, Steve, de six ans moins âgé que lui, qui n'a fait carrière que dans les ligues mineures (et qui était plus talentueux mais moins discipliné que Chris selon leur père).

La carrière pas encore naissante du hockeyeur Chelios est sauvée une première fois... par la fin de la guerre du Vietnam ! Alors que Chris a 10 ans, Kosta annonce en effet à famille qu'ils vont déménager en Australie. Il vient d'investir dans les fermes d'un ami qui approvisionne notamment en viande les troupes américaines engagées dans la guerre du Vietnam. Le voyage en bateau depuis San Francisco dure 20 jours car le père veut emmener sa voiture. Mais un mois après l'arrivée, la chute de Saïgon oblige l'armée américaine à plier bagages... et la famille Chelios à en faire autant car la bonne affaire n'en est plus une. Chris ne deviendra pas australien, et ne sera relié à l'île-continent que par sa passion pour le groupe AC/DC quelques années plus tard...

Le patriarche de la famille n'a pas d'affinité particulière avec le hockey, mais son rêve est que ses enfants aient accès à une bourse universitaire à travers le sport. Ce n'est toutefois pas la seule activité qu'il encourage. Comme son père veut qu'il fasse de la musique, Chris joue de la clarinette dans la fanfare de son lycée... jusqu'au jour où le professeur lui reproche devant ses camarades de les avoir lâchés avant une compétition parce qu'il préférait participer à un tournoi de hockey. Chris s'en va et sa vocation musicale s'arrête là. Il préfère la glace. Il y joue au poste de centre, mais ne développe pas un talent si évident.

Quand le restaurant familial périclite, la famille déménage à San Diego, en Californie. Rien ne prédestine alors Chris Chelios - âgé de 16 ans - à une carrière de hockeyeur. Il peut certes continuer à pratiquer ce sport mais il y a très peu d'équipes adverses pour progresser et un niveau limité. L'adolescent surfe tous les jours et passe plus de temps sur la plage que sur la glace. Il fait certes un long périple jusqu'au Canada pour des essais, mais n'est même pas pris en junior B.

Le hippie basané va au charbon

En 1979, l'US International University in San Diego ouvre un programme de hockey NCAA. De nombreux Canadiens attirés par l'idée d'étudier près des plages californiennes se précipitent pour se faire engager... et ils sont tous pris avant Chelios dans l'équipe de hockey ! Un des joueurs testés à cette occasion, Bob Parker, lui explique qu'il va rentrer dans son équipe junior à Moose Jaw et lui donne les coordonnées de son entraîneur. Au téléphone, Chelios demande au coach quelle position il recherche. Quand celui-ci répond qu'il lui manque un arrière, l'adolescent y va au bluff du haut de ses 17 ans : "ça tombe bien, je joue en défense." Sa carrière entière se bâtira sur ce mensonge. Chelios n'a jamais joué à ce poste de sa vie, mais seul son nouveau partenaire en défense Parker est au courant, et il ne pipe mot. L'ancien attaquant s'adapte étonnamment bien à ce poste en utilisant ses qualités de patinage. Il s'improvise défenseur offensif et marque même sur sa première présence.

Ce que Chelios doit apprendre dans la ligue junior du Saskatchewan (SJHL), c'est surtout à se battre, car il est une cible visible. Avec sa peau mate et ses cheveux longs, il a une dégaine originale et ne s'en cache pas : il a fait les 3000 kilomètres jusque dans les prairies canadiennes dans la vieille voiture d'occasion qu'il s'est achetée, une Coccinelle de Volkswagen sur laquelle ses amis californiens ont fait peindre une vue de l'océan avec des palmiers sur la portière du conducteur. Cette voiture - dont le moteur ne survivra pas à un voyage trop chargé - fait rire ses coéquipiers canadiens, mais son statut d'Américain attire aussi des inimitiés. Chelios est du genre à répondre et devient vite un des joueurs les plus pénalisés de la ligue. Mais à sa troisième saison, il fait aussi partie des meilleurs marqueurs, comme toute la première ligne des Moose Jaw Canucks (qui empruntent leur logo aux Blackhawks de Chicago dans une coïncidence prémonitoire).

Pendant ces deux années au Canada, Chelios travaille la journée. Il est payé au noir - car il est étranger - pour nettoyer des wagons, qui ont souvent servi au transport de bois (ou, plus salissant, de charbon). Mais parfois, il va s'entraîner la nuit - en sortant d'une soirée au bar avec ses équipiers - dans la patinoire, dont le coach lui a donné un double des clés. Il compense ainsi le déficit d'heures d'entraînement de ses années californiennes.

La SJHL est une ligue amateur dont les joueurs cherchent ensuite des bourses dans de bonnes universités. Parker est celui qui a les meilleures statistiques, mas une dégénérescence maculaire lui fait perdre sa vision centrale. Il n'en parle à personne - et ne connaît pas encore le diagnostic - mais les scouts de NHL ont remarqué que son jeu n'était plus le même. Parker glisse à Chelios de faire carrière à sa place. Nous sommes en 1981 et une première étape est franchie : ignoré un an plus tôt des recruteurs, Chris est choisi au deuxième tour de draft par Montréal.

Exclu du dortoir... mais pas de l'équipe olympique

Son développement comme hockeyeur passe d'abord par une carrière en université. Il choisit celle de Wisconsin parce que North Dakota - son premier choix - a engagé son rival junior James Patrick. Il vit tellement cette rivalité qu'il ne peut pas imaginer cet adversaire devenir un futur coéquipier.

À sa fête d'intégration en université, Chris Chelios boit des shots d'alcool à la menthe et en est tellement ivre qu'il ne se rend pas compte qu'il a cassé son verre et qu'il a la main et le bras en sang ! Il perd conscience et est évacué en ambulance. "Badger" Bob Johnson, le légendaire entraîneur de l'université du Wisconsin, lui passe un savon sur les carrières de sportifs ruinées par l'alcool, mais il est surtout fâché envers les joueurs plus âgés qui ont organisé la fête.

Déjà mal vu des responsables de son dortoir, Chris s'en fait ensuite expulser après avoir vidé un extincteur pour envoyer de la fumée devant une projection ciné en plein air sur les murs du campus, une blague qui n'a fait rire que lui. Il est alors hébergé... chez son coach, qui a aménagé cinq lits au-dessus de son garage pour ses joueurs. Le couple Johnson est à la fois tolérant et assez vigilant pour être protecteur. L'assistant-coach Grant Standbrook joue aussi un rôle important dans le développement de Chelios en lui apprenant à vraiment devenir défenseur, à bloquer les tirs. Chris commence aussi son "habitude" de blesser meilleurs joueurs adverses, charge au genou qu'il avouera volontaire sur Bryan Erickson, meilleur joueur du grand rival Minnesota.

"Badger" Bob part en NHL, mais l'équipe sera championne sans lui en 1983, avec Chelios en homme fort. Avant de devenir un membre-clé de USA Hockey, Jim Johansson avait fait son cursus à l'Université de Wisconsin. Il expliquera à The Hockey News : "[Chris Chelios et Pat Flatley] étaient probablement deux des plus grands compétiteurs que j'ai jamais côtoyés. J'ai probablement le plus appris quand, en première année, j'étais aligné en infériorité numérique à l'entraînement contre notre meilleur unité de jeu de puissance. Si on ne jouait pas à fond, ils vous le reprochaient. J'ai appris combien l'entraînement était incroyablement important."

On joue beaucoup moins en université que dans le hockey junior, mais on a plus de temps pour s'entraîner. Chelios utilise cette possibilité et travaille encore plus fort quand on lui a fait part de l'intention de le sélectionner dans l'équipe olympique. Il commence à croire en un avenir de hockeyeur, quitte à sacrifier son objectif antérieur qu'il n'abandonnera qu'à regret : être le premier membre de sa famille à obtenir un diplôme universitaire.

Participer aux Jeux olympiques est un autre type d'aboutissement, un rêve incroyable au sein d'une famille d'origine grecque. Chris Chelios est intégré dans l'équipe des États-Unis qui se prépare ensemble toute la saison pour cet évènement, comme lors du Miracle de 1980. Par deux fois, il passe près de se faire exclure, pour des raisons extrasportives.

Lors du camp de préparation en Alaska, après une soirée d'ivresse, Chris Chelios passe une nuit au poste de police pour avoir pris un sac à main d'une femme pour récupérer l'argent qu'il lui avait donné peu avant. Lou Vairo, le sympathique entraîneur italo-américain, passe l'éponge. Après le dernier match de préparation en Autriche, Chelios passe une autre soirée au bar pour consoler Tim Thomas, son coéquipier défenseur de Wisconsin, qui vient d'être retranché de l'équipe. L'entraîneur des gardiens Dave Peterson, réputé pour son autoritarisme, les espionne et exige qu'ils rentrent immédiatement car ils ont violé le couvre-feu. Alors qu'il fait habituellement profil bas quand un coach lui parle, Chelios répond pour une fois du tac-au-tac, en ne s'exécutant pas immédiatement. Peterson demande à nouveau qu'il soit viré, le staff se concerte, mais le sélectionneur Lou Vairo décide de nouveau de le garder. Cette mansuétude est loin de faire l'unanimité, et sera encore plus reprochée après.

L'équipe des États-Unis est très attendue, plus talentueuse que celle qui a obtenu médaille d'or quatre ans plus tôt, et elle débarque aux JO de Sarajevo 1984 dans une effervescence médiatique au pays. La victoire 8-2 lors de la dernière confrontation de la préparation face au Canada sera qualifiée rétrospectivement par Chelios de "baiser du diable". Les Américains perdent en ouverture contre les Canadiens, puis le lendemain face à la Tchécoslovaquie. Chris a un os fissuré en bloquant un tir avec son pied au premier match, et il doit supporter la souffrance car il ne peut pas utiliser les pilules anti-douleur communes chez les hockeyeurs américains à cause des contrôles anti-dopage mis en place dans les compétitions internationales. Il continue de jouer mais sans savourer l'évènement, avec un état d'esprit négatif. "Le beau rêve olympique s'est transformé en règlement de comptes", conclura-t-il. Il ne gardera comme souvenir positif que le défilé de la cérémonie d'ouverture.

Le tourbillon de Montréal

Chris Chelios doit vite ravaler sa déception car le monde professionnel l'attend dès la fin du tournoi olympique. Il arrive à Montréal, la patrie du hockey sur glace, à un moment-charnière : Bob Berry se fait virer et son adjoint Jacques Lemaire obtient sa première expérience comme entraîneur-chef.

Le nouveau défenseur des Canadiens ne tarde pas à se faire un nom. Il termine deuxième du trophée Calder de meilleur rookie en 1985, mais c'est parce qu'il arrive en même temps qu'un joueur d'exception, un certain Mario Lemieux. La présence de Chelios est très vite redoutée, mais de ce fait, il devient déjà une cible. L'inimitié Boston-Montréal est alors à son comble, d'autant que la formule de la NHL amplifie alors ces rivalités en faisant se rencontrer les équipes d'une même division en play-offs où elles se retrouvent très fréquemment. Terry O'Reilly, le capitaine des Bruins de Boston, déteste viscéralement Chelios. Au premier tour des play-offs 1985, voyant son rival déséquilibré, O'Reilly le charge en se baissant pour que ses hanches heurtent le genou gauche de l'Américain.

Chris Chelios doit être opéré et cette blessure au genou va lui pourrir la vie pendant près d'un an avec plusieurs rechutes. Il ne revient définitivement qu'avant les playoffs 1986... à l'issue desquels Montréal gagne la Coupe Stanley. Si toute une ville sanctifie alors un gardien de 20 ans nommé Patrick Roy, aucun joueur ne reste uniformément au pinacle dans le tourbillon médiatique montréalais. Chelios ne comprend pas et ne gère pas du tout les médias francophones qui l'épinglent souvent pour des frasques hors glaces, parfois vraies et parfois totalement inventées.

Si l'on en reste au plan strictement sportif, ce jugement individuel de Ronald King, le 2 janvier 1988 dans La Presse, résume les compliments mais aussi les réserves que suscite encore le défenseur américain : "Chris Chelios: passe pour une superstar à cause de ses statistiques offensives mais demeure un joueur moyen en zone défensive. Il compense par son agressivité et sa grande résistance. Bon joueur de pointe et très utile dans les matches rudes."

Peu à peu, Chelios change de statut au sein de la NHL. Il commence à apparaître dans les votes du trophée Norris en 1988 et le remporte dès 1989 après avoir pris une toute autre dimension. Cette consécration lui est accordée au moment même où il a également soigné sa mauvaise réputation. Chris Chelios a en effet eu deux doigts cassés en saison régulière par un coup de crosse à deux mains de Brian Propp. La vengeance est un plat qui se mange froid : il a tenu ses intentions secrètes, mais au premier match de playoffs contre Philadelphie, il envoie un coup de coude dans la tête de Propp qui heurte les jonctions métalliques entre les plaques de plexiglas et reste un temps inconscient sur la glace. Pas la moindre pénalité, ni suspension : cela donne idée de l'attitude de la NHL envers ce genre d'action à l'époque alors que Propp a une commotion cérébrale. Chelios est alors considéré comme le meilleur défenseur de la ligue... mais aussi l'un des joueurs les plus détestés.

L'avenir de Chris Chelios semble alors s'inscrire à Montréal. Il renégocie un contrat de cinq ans qui en fait le joueur le mieux payé de l'histoire du CH (à 700 000 dollars par an). Comme il faut un capitaine pour succéder à Bob Gainey (parti à Épinal), un vote est organisé dans le vestiaire et Chelios est élu capitaine. La marge est néanmoins faible  c'est en tout cas l'argument de la direction qui nomme Guy Carbonneau co-capitaine. Elle sait très bien le potentiel disruptif du choix de Chelios, premier étranger à porter le "C" sur la Sainte flanelle. Carbonneau sera la caution francophone car Chris Chelios, malgré quelques leçons de français à son arrivée, n'a jamais appris la langue. L'Américain est content de ce partage de responsabilité, car il se sait un peu jeune pour la pression de l'environnement montréalais. En plus, il manque une partie de la saison pour une opération du genou.

La maison des gladiateurs

En quelques heures en juin 1990, les évènements se précipitent. Alors que Chelios est à Madison (Wisconsin) pour une visite dans son ancienne université, il est arrêté par des policiers en civil pour avoir uriné dans la rue, et emprisonné avec l'autre hockeyeur Gary Suter qui s'est joint à la mêlée sans savoir de quoi il retournait, ni qu'il s'attaquait à des policiers. Le 29 juin, on apprend que Chelios est échangé à Chicago contre Denis Savard en même temps qu'on apprend l'arrestation de la nuit précédente. Les deux évènements ont bien eu lieu la même soirée, mais ils sont indépendants.

Ce n'est pas un incident qui a déclenché l'échange, mais une conjonction d'intérêts. Même s'il n'a pas souhaité quitter les Canadiens, l'enfant du pays Chelios ne peut pas être opposé à un retour aux sources à Chicago. Un Québécois de plus à Montréal, à la place d'un Américain, serait aussi plutôt favorablement perçu. Mais il y a surtout une logique sportive, qui tient au style de jeu prôné par Mike Keenan, l'entraîneur des Blackhawks de Chicago. Il veut céder le centre populaire Denis Savard, pas du tout son type de joueur, et sa force de persuasion finit par pousser Bill Wirtz - le propriétaire de la franchise qui était attaché à un joueur spectaculaire comme Savard - à s'y résoudre.

Le Chicago Stadium a alors la plus petite glace de NHL : elle a la même largeur que les autres (85 pieds, soit 26 mètres), mais elle est moins longue : 185 pieds - 56 mètres - quand les autres patinoires font 61 mètres (ou 58 à Boston). Le style de jeu de l'équipe va s'adapter à cette particularité et l'utiliser à son avantage. Keenan veut de l'intimidation physique, il souhaite rendre son équipe beaucoup plus rugueuse. Chelios apporte exactement ce qu'il souhaite. Le vestiaire de Chicago à l'époque sera décrit comme la "maison des gladiateurs" par Jeremy Roenick : l'entraîneur Mike Keenan aime que ses fortes personnalités se confrontent mutuellement sur leur jeu pour avoir la rage d'être encore meilleurs. L'engueulade fait partie chez lui de la gestion des hommes, il préfère les hurlements aux non-dits et aux ressentiments. Il a la passion des combats, des montées de testostérone. Même le gardien (Ed Belfour) est un fort caractère hargneux.

Chelios est comme un poisson dans l'eau - ou plutôt comme un requin dans l'eau - dans cet environnement. Il adore le défi permanent et le rappel de sa force. Depuis que son père lui a appris le bras de fer, il n'a jamais été battu par une personne de son gabarit et n'arrête pas d'inviter tout nouveau coéquipier à un duel musculaire. Chelios est la plus grande autorité de ce vestiaire, celui qui peut remettre droit même la grande gueule Jeremy Roenick, qu'il côtoie aussi sous le maillot des États-Unis : Roenick qualifiera d'ailleurs Chelios de "parrain" du hockey américain. Ces Blackhawks de Chicago connaissent leur sommet en finissant premiers de la saison régulière 1991, puis en réussissant 11 victoires de suite en playoffs en 1992, avant de se faire balayer en finale par Pittsburgh. À Keenan succède alors l'adjoint Darryl Sutter, jeune entraîneur mais plutôt de la vieille école dans son style de jeu, un dump-and-chase strict. Chelios est élu deux fois de plus meilleur défenseur de NHL, en 1993 et 1996, mais les performances de Chicago déclinent lentement.

Un capitaine s'impose... et s'excuse

Le goût de la victoire, il va le retrouver sous le maillot américain, à l'occasion de la Coupe du monde 1996. Au départ, il envisage de ne pas venir et parle d'une blessure à l'aine. En fait, il n'a pas trop apprécié les précédentes expériences à la Coupe Canada (dont la Coupe du monde organisée par la NHL prend la suite). Le capitaine Brian Leetch et l'autre diplômé de Wisconsin - et ancien "compagnon de cellule" - Gary Suter l'appellent tous les deux en lui disant que - cette fois - l'ambiance est bonne et le camp d'entraînement bien organisé. Chris Chelios finit par débarquer avant le dernier match de préparation. Néanmoins, le premier match du tournoi contre le Canada tombe pile poil le jour du mariage de sa sœur. Il assiste à la cérémonie, mais pas à la réception qui suit : USA Hockey affrète un avion privé pour lui afin qu'il soit présent au coup d'envoi. Son absence est comprise par sa sœur et son beau-frère, mais pas par le chef de famille : Chris explique après le match que son père ne lui parle plus et qu'il mettra du temps à pardonner...

Les Américains battent le Canada puis la Russie, s'emparent de la première place de poule et prennent date quand ils retrouveront ces mêmes adversaires en demi-finale puis en finale. Même si Chelios est le titulaire du trophée Norris, c'est la paire Leetch-Hatcher qui est alignée à la fin du dernier match de la finale pour préserver l'avance au score et la victoire contre les Canadiens. Dans ce triomphe des États-Unis - le premier de l'histoire pour une équipe composée de professionnels - Chelios est sans doute plus important par son leadership, sa présence et son attitude. Il est reconnu par ses pairs, notamment par son exigence à aborder chaque exercice à fond à l'entraînement, sans rien lâcher au coéquipier qui lui fait face.

Lorsque vient l'heure de sélectionner un capitaine avant les Jeux olympiques de Nagano, qui rassemblent pour la première fois tous les professionnels de NHL, les États-Unis jettent naturellement leur dévolu sur Chris Chelios, qui est aussi capitaine à Chicago depuis 1995. Le contexte présente certaines similitudes avec sa première expérience olympique à Sarajevo : les attentes sont fortes - et peut-être excessives - autour de l'équipe américaine, car les médias restent sur l'impression d'une victoire antérieure, celle de la Coupe du monde cette fois. Les Américains ne donnent jamais satisfaction dans le jeu. Chelios et son coéquipier Brett Hull sont reconnus dans un bar de Nagano à 4 heures du matin... par des supporters suédois qui leur chantent "Peter Forsberg marche sur l'eau". Les joueurs ne mesurent pas les conséquences. C'est anodin de leur point de vue, car ils n'étaient pas non plus sagement au lit lors de la Coupe du monde... Ils ne comprennent pas que les journalistes reviennent sur le sujet en conférence de presse. Comme à sa période montréalaise, Chelios est un peu dépassé par l'effervescence médiatique qui accompagne un évènement planétaire comme les Jeux olympiques.

L'échec sportif (un succès peu convaincant sur le Bélarus et trois défaites) n'est rien à côté du désastre qui se profile à cause de l'image que les hockeyeurs des États-Unis donnent de leur pays à l'étranger. Dans les heures qui suivent leur élimination prématurée en quart de finale, ils détruisent dix chaises et vandalisent cinq extincteurs. Ils s'enfoncent ensuite dans des excuses peu convaincantes, expliquant que les chaises fournies, trop fragiles, se sont cassées toutes seules pendant qu'ils jouaient au poker. Le scandale prend de l'ampleur. On évoque même une suspension des 23 joueurs de l'équipe pour tout futur tournoi olympique. Le Comité olympique américain (USOC) annonce qu'il donne une semaine aux hockeyeurs pour s'excuser et éviter des sanctions.

Cette lettre d'excuses adressée au Comité olympique japonais, c'est Chris Chelios qui la signera au nom de l'équipe : "Certains comportements par quelques membres de notre équipe étaient inexcusables. Je voudrais prendre cette opportunité pour présenter des excuses au peuple du Japon, au Comité olympique japonais, à l'USOC, et à tous les fans de hockey à travers le monde. La frustration amère envers notre propre niveau de jeu a conduit certains membres de l'équipe à décharger leur colère d'une manière qui n'est pas dans la tradition de sportivité de la NHL et des Jeux olympiques." Chelios charge le responsable des relations publiques des Blackhawks de rendre la lettre publique, et il s'occupe aussi d'envoyer les 3000 dollars pour rembourser les dégâts, sans préciser d'où vient l'argent.

Ces excuses n'accorden évidemment pas une absolution totale. La réputation des hockeyeurs reste entachée et ils sont même bannis de la réception à la Maison Blanche en avril alors que les autres sportifs olympiques américains sont tous invités (dont évidemment les hockeyeuses médaillées d'or). Mais Chelios reste finalement le seul à s'être excusé, aucun de ses coéquipiers n'ayant jamais manifesté un mot de regret. Il aura tenu honorablement son rôle de capitaine, aussi bien en interne - restant solidaire pour maintenir le silence et ne pas dénoncer les petits copains - qu'en externe avec ces excuses et réparations. Dans toutes ses futures sélections avec les États-Unis, Chelios recevra invariablement le capitanat. Il gagnera même le surnom de Captain America.

L'homme qui pédalait dans un sauna

De futurs capitanats ? Au pluriel ? Évoquer une telle perspective à cette époque paraît absurde. Chris Chelios a alors 36 ans. Il lui reste deux ans de contrat avec Chicago, et il a un accord oral avec Bill Wirtz - le propriétaire des Blackhawks qui a été un soutien précieux après le scandale de Nagano - pour que ce contrat soit honoré jusqu'à la fin sans échange, et même pour recevoir 1 million de dollars à l'expiration du contrat, comme prime pour services rendus. Mais Chelios n'a pas l'intention de prendre sa retraite, ni de prendre un autre poste dans l'organisation. Début 1999, il fait le forcing pour demander une prolongation de contrat. Même s'il essaie d'appeler l'avocat de Wirtz, les négociations doivent passer par le manager général Bob Murray, qui explique que le contrat a été négocié comme un "dernier contrat" et qu'il ne veut pas entendre parler de renégociation, en tout cas pas avant l'échéance.

Cette divergence de vues aboutit à un dénouement inattendu juste avant la date limite des échanges en mars 1999 : Chelios est échangé aux Red Wings de Détroit, contre Anders Eriksson et deux tours de draft. La transaction est historique car Chicago et Détroit n'en avaient plus effectué ensemble depuis... 33 ans. Les deux équipes sont en effet des rivales notoires. Chelios, qui vit de ce genre d'antagonismes, avait plusieurs fois exprimé son dédain des Red Wings, qu'il trouvait surcotés. Joueur qu'on aime détester, venant directement de l'ennemi, le défenseur américain n'est pas accueilli à bras ouverts dans le Michigan. Mais il a obtenu dans cet accord la prolongation de deux ans qu'il cherchait, jusqu'à ses 40 ans.

Des saisons de trop ? On peut se le demander quand arrive l'échéance, au-delà du moment où Chicago n'aurait pas voulu le garder. En 2000/01, après deux opérations du genou sur une blessure aggravée dans l'intervalle, bien des hockeyeurs auraient raccroché les patins. Pas Chelios, qui ne se voit pas ailleurs que sur une patinoire. Il revient s'entraîner seul sur la glace pendant que l'équipe est en tournée en déplacement. Comme il n'est pas encore autorisé à faire des virages dans sa convalescence, il s'appuie sur la balustrade !

Chelios a quitté une équipe de Chicago en grande difficulté pour une équipe de Détroit qui ne semblait pas avoir besoin de lui et venait de remporter deux coupes Stanley d'affilée. Dans le vestiaire, il y a déjà un capitaine et leader incontesté, Steve Yzerman. Personne ne fait appel au leadership du nouveau venu. Mais dès son arrivée, Chelios a tout de même pris une initiative : reconstruire le sauna de l'équipe, qu'il trouve vétuste. Son projet, que l'entraîneur Scotty Bowman laisse faire quand il le découvre, consiste à faire installer un nouveau sauna avec un grand écran de télévision pour ne pas s'ennuyer et un vélo d'appartement à l'intérieur ! En voyant cela, tout le monde est épaté, y compris les vétérans russes qui ont travaillé sous Tikhonov au CSKA Moscou !

Il faut voir Chelios pédaler à fond pendant une vingtaine de minutes dans un sauna, avec heureusement des bouteilles d'eau pour s'hydrater ! Qui lui a appris cette idée saugrenue ? Dave McClain, qui était l'entraîneur de l'équipe de football américain à l'époque où il fréquentait l'université du Wisconsin. Précision sans doute importante avant que les lecteurs de ces lignes n'essaient de reproduire cet exercice chez eux : McClain est mort en le pratiquant... Mais cela n'a pas freiné Chelios : si on l'en croit, cette issue fatale est juste due au fait que McClain, à la recherche de l'exercice sportif extrême, s'était adonné au cyclisme en sauna... en portant une combinaison étanche qui bloquait la transpiration ! Chris Chelios, qui reste des heures en salle de sport après la séance sur glace parce qu'il aime s'entraîner, reste un adepte des vertus de la sueur, et le principal promoteur de ce vélo-sauna, dangereux pour un public non averti, mais promu par des entreprises avec des produits spécifiques en faisant référence explicite au modèle Chelios.

Une (ou deux) dernière(s) pour la route

Chelios commence à devenir un modèle de longévité lorsqu'il connaît une saison exceptionnelle l'année de ses 40 ans. Tout en remportant sa première médaille olympique, l'argent aux JO de Salt Lake City, il conclut la saison régulière de NHL avec la meilleure fiche +/- (+40). Il est élu sur la première équipe-type aux côtés de Nicklas Lidström, son coéquipier à Détroit, qui est aussi le seul à le devancer dans l'élection du meilleur défenseur. Même si quitter Chicago pour la forte équipe de Détroit avait permis de réduire son temps de jeu et aidé sa longévité, Chelios a encore un temps de glace impressionnant en play-offs en raison des prolongations : plus de 26 minutes par match, là encore le deuxième total de l'équipe derrière Lidström. Il savait bien que certains supporters des Red Wings lui restaient hostiles parce que leur équipe n'avait plus gagné la coupe depuis l'arrivée de Chelios, et il est heureux de faire taire ces critiques en remportant de nouveau la Coupe Stanley.

Le moment paraîtrait idéal pour s'arrêter en pleine gloire, mais le quarantenaire se projette plus loin, beaucoup plus loin. Il y est aidé car le hockey évolue avec lui. La nouvelle interprétation plus stricte des règlements, prise pour nettoyer le jeu, aurait fortement diminué l'impact du jeune Chelios... mais elle aide le vieux Chelios. Face à la nouvelle génération de joueurs, plus rapides mais aussi plus grands et plus forts, il utilise désormais plus son expérience du placement et son intelligence du jeu. Il est utilisé avec précaution, dans un rôle limité à 12 minutes par match. Il devient le deuxième plus vieux joueur de l'histoire de la NHL, après Gordie Howe, et le plus vieux à gagner la Coupe Stanley, à 46 ans, en 2008.

Cette nouvelle Coupe Stanley, il l'expose sur la plage, attirant les gens et notamment les enfants pour de grandes fêtes. Il a en effet vendu entre-temps sa propriété de Chicago pour acheter une maison à Malibu. Il est devenu un membre actif du clan local de célébrités qui comprend des personnalités hautes en couleur comme l'ancien tennisman John McEnroe, le musicien Kid Rock ou l'acteur et ancien boxeur Tony Danza. Mais ce retour sur les plages californiennes, autre lieu de son adolescence, ne l'empêcher pas de continuer à travailler dans la région des lacs, toujours comme hockeyeur professionnel

La saison de trop, Chelios finit par la faire... en 2009/10 : Détroit ne lui ayant plus proposé de contrat, il signe en ligue mineure (AHL) avec les Chicago Wolves. Cette saison là, il se fait surtout remarquer par une arrestation pour conduite en état d'ivresse. Hormis une amende pour excès de vitesse, l'affaire n'a pas eu de suites judiciaires pour une raison de procédure (la police n'ayant pu prouver qu'elle avait un motif probable pour arrêter le véhicule et procéder au contrôle d'alcoolémie), mais la vidéo de l'arrestation circule abondamment et il y fait piètre figure en bredouillant "j'ai quatre enfants" pour convaincre le policier de ne pas verbaliser. À la fin de cette saison, il signe un contrat de 7 matches avec Atlanta, juste de quoi faire en sorte qu'il ait joué en NHL à 48 ans, mais il aurait sans doute mieux fait de tirer sa révérence un an plus tôt avec les Red Wings.

Lorsqu'il prend sa retraite le 31 août 2010, c'est bien la franchise de Détroit qui annonce le même jour qu'elle l'embauche comme conseiller chargé des défenseurs de l'équipe-ferme puis comme assistant-coach. Chris Chelios quittera l'organisation huit ans plus tard, en 2018 : après le décès de son père, il a souhaité avec son épouse revenir à Chicago pour être au plus près de sa mère.

Marc Branchu

 

 

Statistiques

                                                  (saison régulière)                 (play-offs)
                                               MJ    B    A   Pts    Pén      MJ    B    A   Pts    Pén
1978/79  Moose Jaw Canucks         SJHL        24    3   16    19    68'
1979/80  Moose Jaw Canucks         SJHL        53   12   31    42   118'
1980/81  Moose Jaw Canucks         SJHL        54   23   64    87   175'
1981/82  University of Wisconsin   NCAA        43    6   43    49    50'
1982     États-Unis          Mondiaux 20 ans    7    1    2     3    10'
1982/83  University of Wisconsin   NCAA        45   16   32    48    62'
1984     États-Unis          Jeux olympiques    6    0    3     3     8'
1983/84  Canadiens de Montréal     NHL         12    0    2     2    12'      15    1    9    10    17'
1984     États-Unis            Coupe Canada     6    0    2     2     4'
1984/85  Canadiens de Montréal     NHL         74    9   55    64    87'       9    2    8    10    17'
1985/86  Canadiens de Montréal     NHL         41    8   26    34    67'      20    2    9    11    49'
1986/87  Canadiens de Montréal     NHL         71   11   33    44   124'      17    4    9    13    38'
1987     États-Unis            Coupe Canada     5    0    2     2     2'
1987/88  Canadiens de Montréal     NHL         71   20   41    61   172'      11    3    1     4    29'
1988/89  Canadiens de Montréal     NHL         80   15   58    73   185'      21    4   15    19    28'
1989/90  Canadiens de Montréal     NHL         53    9   22    31   136'       5    0    1     1     8'
1990/91  Chicago Blackhawks        NHL         77   12   52    64   192'       6    1    7     8    46'
1991     États-Unis            Coupe Canada     8    1    3     4     2'
1991/92  Chicago Blackhawks        NHL         80    9   47    56   245'      18    6   15    21    37'
1992/93  Chicago Blackhawks        NHL         84   15   58    73   282'       4    0    2     2    14'
1993/94  Chicago Blackhawks        NHL         76   16   44    60   212'       6    1    1     2     8'
1994     États-Unis              Mondial        0
1994/95  Chicago Blackhawks        NHL         48    5   33    38    72'      16    4    7    11    12'
1995/96  Chicago Blackhawks        NHL         81   14   58    72   140'       9    0    3     3     8'
1996     États-Unis           Coupe du monde    7    0    4     4    10'
1996/97  Chicago Blackhawks        NHL         72   10   38    48   112'       6    0    1     1     8'
1997/98  Chicago Blackhawks        NHL         81    3   39    42   151'
1998     États-Unis          Jeux olympiques    4    2    0     2     2'
1998/99  Chicago Blackhawks        NHL         65    8   26    34    89'
         Detroit Red Wings         NHL         10    1    1     2     4'      10    0    4     4    14'
1999/00  Detroit Red Wings         NHL         81    3   31    34   103'       9    0    1     1     8'
2000/01  Detroit Red Wings         NHL         24    0    3     3    45'       5    1    0     1     2'
2001/02  Detroit Red Wings         NHL         79    6   33    39   126'      23    1   13    14    44'
2002     États-Unis          Jeux olympiques    6    1    0     1     4'
2002/03  Detroit Red Wings         NHL         66    2   17    19    78'       4    0    0     0     2'
2003/04  Detroit Red Wings         NHL         69    2   19    21    61'       8    0    1     1     4'
2004     États-Unis              Amicaux        3    0    1     1     0'
2004     États-Unis           Coupe du monde    5    0    1     1     6'
2004/05  Motor City Mechanics      UHL         23    5   19    24    25'
2005/06  Detroit Red Wings         NHL         81    4    7    11   108'       6    0    0     0     6'
2006     États-Unis          Jeux olympiques    6    0    1     1     2'
2006/07  Detroit Red Wings         NHL         71    0   11    11    34'      18    1    6     7    12'
2007/08  Detroit Red Wings         NHL         69    3    9    12    36'      14    0    0     0    10'
2008/09  Detroit Red Wings         NHL         28    0    0     0    18'       6    0    0     0     2'
2008/09  Grand Rapids Griffins     AHL          2    0    1     1     2'
2009/10  Chicago Wolves            AHL         46    5   17    22    24'      14    0    0     0    12'
2009/10  Atlanta Thrashers         NHL          7    0    0     0     2'
Totaux NHL                                   1651  185  763   948  2891'     266   31  113   144   423'

 

Palmarès

- Vainqueur de la Coupe du monde 1996

- Coupe Stanley 1986, 2002 et 2008

Honneurs individuels

- Meilleur défenseur de NHL (trophée Norris) 1989, 1993 et 1996

- Membre de la première équipe-type de NHL 1989, 1993, 1995, 1996 et 2002

- Membre de la seconde équipe-type de NHL 1991 et 1997

- Membre de l'équipe-type du tournoi final NCAA 1983

 

 

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