Interview de Mickaël Brodin

 

Le centre rémois s'apprête à disputer les matches de relégation contre le Belarus avec l'équipe nationale des moins de 20 ans. Il donne ses impressions après le match contre la Suisse (0-8). [Also in English].

 

- Avant ce match, croyiez-vous la victoire possible ?

On y croit à chaque match. On a travaillé, travaillé, mais on a pris un but dès le début qui nous a mis dedans. On ne s'est jamais dit que c'était fini, on a continué à travailler même quand le score était de six ou sept à zéro.

- Pourtant on a senti moins d'engagement défensif que contre les Russes. Est-ce parce que vos rééls espoirs de victoire ont été vite douchés ?

C'est vrai que contre la Russie, on s'était tout de suite dit que c'était difficile et on avait essayé avant tout de tenir le score. On les avait mis dans leur camp, ils avaient eu du mal à sortir de chez eux. Face à la Finlande, on s'est dit que c'était jouable, et on a pris une correction. Contre la Suisse, c'était notre seule chance d'éviter les matches de relégation. On y a cru, peut-être un peu trop, il y avait des trous dans notre jeu.

- A cinq contre cinq, c'est déjà très dur, mais à quatre contre cinq, on a l'impression que ça devient vraiment mission impossible.

C'est vrai qu'on prend beaucoup de buts en infériorité, on a du mal à tenir le jeu, et contre des formations comme celles-là qui se connaissent bien, ça ne pardonne pas. C'est comme pour le jeu de puissance, on le travaille à l'entraînement mais on a du mal à l'appliquer en match. Pourtant, on a travaillé nos sorties de zone, mais pendant le match, il y a toujours quelque chose qui se passe moins bien que prévu et qui fait que ça ne va pas.

- L'équipe de France est un peu tiraillée entre la nécessité de défendre et le besoin de se créer aussi quelques occasions...

C'est vrai, mais je crois qu'on doit donner priorité à la défense. En effet, à chaque erreur défensive que nous faisons, nous prenons un but.

- On a l'impression que la première ligne a la charge de la production offensive...

En tant qu'anciens, on essaie de tirer l'équipe vers le haut. Avec Thomas Gueguen et aussi avec Aram, on a une bonne entente, on crée des trucs, mais on ne met pas le palet au fond. Ce serait plaisant de marquer, parce que c'est assez dur dans la tête d'avoir des occasions sans jamais conclure.

- Et maintenant, l'équipe y croit toujours ?

Oui, il faut y croire. De toute manière, on a attaqué tous les matches avec l'ntention de gagner, même s'il y avait de grosses cylindrées face à nous.

- Les deux jours de repos à venir vont faire du bien.

C'est vrai que l'enchaînement des matches a été difficile. Contre la Finlande surtout, on n'avait pas de jambes. Ces deux jours sont importants également pour que le moral revienne.

- Pensez-vous que pour cette première participation à ce niveau, il aurait fallu plus soigner la préparation ?

La préparation n'a pas été mauvaise, mais c'est vrai qu'elle a été insuffisante. On a fait très peu de stages, pas beaucoup de matches.

- Contrairement à Viry l'an dernier, aucune équipe d'élite n'a vraiment besoin de ses juniors. N'était-il pas possible de faire une préparation plus longue ?

Si, mais malheureusement, certains présidents de clubs n'ont pas voulu faire l'effort. Je les comprends aussi, ils ont des priorités, c'est toujours le même conflit entre les clubs et l'équipe nationale.

- Vous êtes un des rares à avoir du temps de jeu en élite, c'est un plus ?

C'est sûr que ça aide de jouer en élite. Les anciens donnent des conseils, on apprend beaucoup. Si on se contente du championnat junior élite, je pense qu'on sent la différence.

- Justement, le championnat junior élite n'est-il pas un peu déséquilibré, l'essentiel des internationaux venant d'ailleurs de trois clubs (Amiens, Reims et Rouen) qui ont un pôle ?

Je ne sais pas, je ne suis même pas sûr que le championnat junior soit le problème. C'est antérieur, ça vient de la formation, le hockey français n'a pas la même mentalité. Comme on n'est pas professionnels, on fait d'autres choses à côté.

- Face à des équipes où tous les joueurs sont draftés ou en passe de l'être, c'est un peu un choc des cultures ?

Ce n'est effectivement pas le même monde. C'est un rêve, c'est pour cela qu'on fera tout pour se maintenir contre le Belarus, pour que l'an prochain, les suivants puissent le vivre aussi.

- Avez-vous été surpris par le rythme du premier match ? Etait-ce conforme à vos attentes ?

En fait, je m'attendais même à plus dur que ça contre le Canada. Bon, c'est vrai que c'est bizarre de dire ça vu qu'on a pris 15-0. C'est la plus grosse équipe qu'on ait affronté, on a subi le jeu. On n'a pas pris confiance et on n'a donc pas pu créer notre jeu.

- Y a-t-il un joueur qui vous a particulièrement impressionné ?

Bien sûr il y a Cammalleri qui est un grand buteur, mais j'ai aussi apprécié Stephen Weiss : il est très fort aux engagements, il les gagne presque à chaque fois, c'est important pour une équipe d'avoir un tel centre.

- Aucun favori ne se dégageait en élite avant la saison. Pourquoi la mayonnaise a-t-elle pris à Reims plutôt qu'ailleurs ?

Il y a une bonne ambiance, tout le monde encourage et donne des conseils. On essaie de jouer match après match. Beaucoup de clubs disent que c'est fait, que Reims a déjà le titre en poche. Il ne faut pas penser à ça et compter combien de points il reste à prendre, seulement essayer de gagner chaque match, et ça viendra tout seul.

- Vous vous êtes déjà fait une réputation de "nerveux" en élite. Pensez-vous la mériter ?

C'est vrai que c'est un peu mon point faible. Je dois travailler pour éviter d'être pénalisé bêtement pour des coups inutiles, cela nuit plus à mon jeu qu'autre chose.

- Contre la Russie pourtant, vous avez été concentré et discipliné. Mais contre la Finlande, vous avez pris trois pénalités. C'est le Mickaël à deux visages ?

Oui, certains matches j'y arrive, d'autres non. Quand on sort d'un match en ayant pris trois prisons, on ne peut pas être satisfait.

- L'entraîneur Dave Henderson vous l'a-t-il reproché ?

Non, il me connaît et sait que j'en ai conscience. Mais à Reims, il est arrivé que l'on me le reproche.

- Comment envisagez-vous la suite de votre carrière ?

En NHL, comme tout le monde... Non, plus sérieusement, je vis au jour le jour et j'essaie de donner le meilleur à chaque match. Déjà, j'aimerais que l'on batte le Belarus, et j'espère une place de titulaire à Reims l'an prochain. Quant à m'expatrier, pourquoi pas, si on me le propose ? Si possible en Suisse...

- Sans passeport helvétique, c'est difficile, il faudrait être dans les meilleurs Européens...

Je sais, mais justement, c'est bien cela qui en fait pour moi le meilleur championat en Europe. J'ai un ami (Sébastien Dermigny, dont la mère est suisse) qui joue là-bas. Bon, bien sûr, lui a le passeport, mais je suis prêt à me marier avec une Suissesse s'il le faut...

Propos recueillis par Marc Branchu

 

 

- Before the game, did you think beating Switzerland was possible ?

Yes, we're confident in every game. We have always entered the ice as if we could win, even against the most powerful teams. Today too, we worked and worked but they scored an early goal. We never gave up and kept working even when it was 6-0 or 7-0.

- However there was less defensive work than against Russia. Was it because you really hoped you could win and got disappointed ?

That's right, against Russia we thought it would be difficult and tried to keep the score low as long as possible. So we could play in their zone, they had some hard times getting away. Against Finland we told ourselves we might have a chance and we got thrashed. Switzerland was our only chance to avoid relegation games. We believed it could be possible, may be too much, they were holes in our game.

- When you're five on five, it's already hard, but in boxplay it seems like it becomes an impossible mission...

Sure we let many goals in boxplay, we can't hold the game and against players who know well each other it's lethal. It's like in powerplay, we work on it during our training sessions, but during the games we can't play as good because there is always some detail which gets wrong.

- France sems torn between the need for defence and the will to create some chances too.

I think this game showed us that our priority must be to defend well. Every time we make a mistake, we take a goal.

- Your first line seems in charge of all the offensive. Will you eventually achieve to score ?

We are the most experienced players, so we have to pull the whole team up. With my club teammate Gueguen and with Kevorkian, we create some chances, but we don't manage to net a goal. It would be pleasant to score, because it's getting hard mentally to attack without never achieve a goal.

- Will the two days off help you ?

Sure the quick succession of the games. Especially against Finland, we had no more legs. These two days are important too to have our moral come up again.

- Do you think your preparation could have been better for such a historical first participation ?

The preparation wasn't bad, but it was too short. We had very few training camps, not many games. Unfortunately some club chairmen didn't want to make any special effort even if they don't depend on us so much this year, as we play only a few minutes in a game. Anyway I can understand them, it's always the same problems between the clubs and the national teams.

- You're one of the only players to have a fair ice time in French Elite League. Do you think it helps you ?

It helps for sure. The older players give us advice, we learn a lot. It's better than playing only once a week with the junior team.

- Most of the players come from only three clubs (Amiens, Reims and Rouen) which gather the main young players, so the "Junior Elite" competition is very uneven. Is it not a problem ?

I think it's not the main problem. French players can't have the same attitude as other nations. We are not professional, we have to do something else beside. We don't live in the same world as our opponents. It's a dream to be here, that's why we will do everything to beat Belarus in order to let the next generation live this too.

- The pace of the game is it over or below what you expected ?

In fact I even thought it would be harder in the first game against Canada. I know it's strange to say that as we were defeated 15-0. It's the best team we faced, we never got self-confidence and couldn't play our game.

- Which players impressed you the most ?

There is for sure Cammalleri who is a great scorer, but I would also mention Stephen Weiss : he is very strong in face-offs, he win them almost every time, it's important for a team to have such a center.

- There were no clear favourites in French Elite League this season. What made Reims the best until then ?

We have a great atmosphere in our team, every one is encouraging and giving advice to young players. We just play every game after another. Many opponents say it's over, Reims is already the champion. Even if there are no play-offs this year, we must not begin to think about the rankings and count how many points we need. We just have to play each game to win and the title will come.

- You already have a reputation of being nervous in the Elite League. Do you deserve it ?

It's the weakness in my game. I have to work to avoid stupid penalties for useless hits, it harms my play. In some games it works, in others it doesn't. When you come out of a game having got three penalties as I did against Finland, you can't be satisfied.

- Did coach Dave Henderson blamed you for that ?

No, he knows me and know I'm not happy about that. But in my club they reproached me for that sometimes.

- How do you see your future ?

In NHL, as every player... More seriously, I live every day as a new day and try to do my best in every game. First, beat Belarus. I would like to have a safe place in Reims roster next year. If one day I've a proposition of any foreign club, why not ? If I'd to choose, I would pick Switzerland...

- You know it's hard without a Swiss passport. You need to be among the best players in Europe ?

I know, but that's what makes this league the most interesting in Europe. I have a friend (Sébastien Dermigny, who has a Swiss mother) who plays there. Sure he has a pass, but if required, I would marry a Swiss girl...

 

 

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