Interview de Benjamin Dieude-Fauvel

 

Le défenseur français Benjamin Dieude-Fauvel a tenté l'aventure cette saison dans une ligue mineure américaine, la Central Hockey League (CHL).

- Vous aviez participé au pari 100% français de Morzine-Avoriaz la saison passée : quelles conclusions en avez-vous tiré, vu de l'intérieur du vestiaire ?

Ce pari était une bonne expérience. Nous avions une bonne équipe et l'ambiance était sympa. Mais je pense que l'apport de 3 ou 4 très bons étrangers venant de ligues de niveau supérieur peut apporter un plus à une équipe, tant sur la glace que dans le vestiaire.

- Après avoir commencé la saison à Chamonix, vous vous êtes engagé en CHL avec les Bucks de Laredo. Comment cette opportunité c'est elle présentée et comment avez-vous géré la situation avec votre club français ?

Durant l'été j'ai fait un showcase de trois jours au Canada comprenant deux entraînements et trois matchs, auxquelles assistaient des scouts et coachs de différentes ligues et équipes américaines et canadiennes. L'équipe de Laredo a été intéressée en me voyant jouer, et m'a proposé un contrat pour la saison.

J'ai prévenu Chamonix de cette opportunité avant d'arriver, et nous avons trouvé un arrangement par la suite.

- Quel a été votre motivation pour faire le grand saut ? Passer de Chamonix au Texas doit être un choix difficile.

J'avais envie de partir à l'étranger depuis très longtemps, mais je n'avais jamais eu de réelles opportunités. J'ai donc décidé, cet été, de faire ce camp, et ça s'est bien passé.

C'était ma première fois aux États-Unis. Il y a beaucoup de différences avec la France et l'Europe, mais l'adaptation s'est très bien déroulée. J'aime le hockey ici, et le style de vie. De plus la ville de Laredo est très agréable à vivre. L'organisation du club est excellente, nous y sommes vraiment très bien traités et les gens, que ce soient joueurs, staff, ou supporters, ont été très accueillants avec moi.

- La présence de Québécois dans l'équipe a-t-elle facilité votre intégration ?

Oui, je pense que la présence de Québécois a facilité mon intégration. On était cinq ou six à parler français donc je n'était pas trop perdu en arrivant. Mon anglais n'était vraiment pas très bon au début et ils m'ont bien aidé. Et certains sont devenus de très très bons amis.

- En parlant d'adaptation, vous n'étiez pas le seul français à rejoindre la CHL puisque votre ancien partenaire amiénois Thomas Roussel avait signé avec les Sundogs de l'Arizona. Malheureusement son expérience dans ce championnat fut abrégée. Étiez-vous en contact lorsqu'il était là-bas ?

En effet nous étions en contact régulier par internet ou par téléphone pour prendre des nouvelles et savoir comment se déroulait l'adaptation de chacun. On a quand même eu l'occasion de jouer deux matchs face-à-face, c'était vraiment sympa de le voir là-bas et de jouer contre lui.

- Comment comparez-vous le niveau de la CHL et celui de la Ligue Magnus ? Quelles sont les principales différences entre ces deux championnats ?

Le style de jeu est différent mais je pense que le niveau est supérieur en CHL. Les glaces sont petites, le jeu est rapide, il y a beaucoup de mises en échec et les bagarres sont autorisées. Il y a beaucoup de mouvements dans les équipes au cours de la saison entre les joueurs remplacés, les joueurs appelés dans les ligues au-dessus, les échanges, les blessures, etc.

Il y a dans la ligue de très bons joueurs, des joueurs régulièrement appelés en AHL, et des joueurs passés par la NHL. C'est bon pour l'expérience d'être opposé à eux régulièrement. Mais la plus grande différence est le nombre de matchs et surtout la façon dont ils s'enchaînent. En moyenne 3 ou 4 par semaine avec souvent 3 matchs en 3 jours.

- Vous terminez la saison en ayant participé à tous les matchs de la saison régulière (64) pour un bilan de 24 points (9+15) et un ratio de +3. Êtes-vous satisfait ?

Oui, je suis satisfait de ma saison. Je me suis adapté relativement rapidement au style de jeu. Mon entraîneur était très bon. Ayant joué environ 15 années en NHL, il m'a été de très bon conseil et m'a beaucoup appris. J'ai énormément travaillé et amélioré mon côté défensif avec lui, et finir avec un ratio positif était un de mes objectifs.

- Vous aviez même réussi un hat-trick. En quelle catégorie remontait votre dernier triplé ?

Je ne m'en souviens plus. Ce n'était pas récent. Peut-être à Amiens en D2 ou en juniors.

- Vous avez été élu dans le trio des joueurs aux charges les plus redoutées de la ligue. Avez-vous développé le geste de la mise en échec de manière différente par rapport à la Ligue Magnus ?

Non je ne pense pas avoir développé le geste de la mise en échec différemment. J'aimais déjà l'aspect physique quand je jouais en France. J'ai essayé de le pratiquer à chaque fois que j'en avait l'occasion. Les glaces étant plus petites et le jeu plus rapide, c'était de façon beaucoup plus fréquente.

- Comment avez-vous abordé les play-offs ?

Nous avions toutes nos chances puisque nous avions déjà battu chacune des équipes encore en course au cours de la saison, mais nous savions que ce serait difficile. Nous nous sommes fait éliminer en demi-finale de conférence, au septième match. C'est dommage, nous menions la série 3 à 2.

- Quels sont vos projets futurs ? Avez vous l'intention de rester en Amérique du Nord et de tenter des ligues mineures au niveau plus élevé ?

Maintenant que j'ai mis un pied ici et que mon expérience s'est bien passée, j'aimerais rester en Amérique du Nord l'an prochain. J'aimerais tenter une ligue supérieure, c'est un de mes objectifs pour le futur, on verra si l'opportunité se présente.

- Pensez-vous que cette expérience nord-américaine puisse vous aider à réintégrer l'équipe de France ?

J'espère que oui. L'équipe nationale a toujours été et reste un de mes objectifs.

Propos recueillis le 16 avril 2010 par Benjamin Quioc

 

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