Interview de Yannick Hamri

 

L'ancien joueur d'Amnéville présente la renaissance du hockey sur glace dans la préfecture de région de la Lorraine.

- D'où est venue l'idée de relancer le hockey à Metz ? Comment se fait-il qu'il avait disparu ?

En fait, celui qui est ensuite devenu le président du club, Aïssa Rahmoun, a été interpellé par Belkir Belhaddad, 11e adjoint au Maire et responsable des sports à Metz, concernant l'AJOAH qu'il préside [NDLR : Association des Joueurs d'Origine Algérienne de Hockey sur glace, dont le siège est à Metz]. Lors de la discussion, Monsieur Belhaddad lui a fait savoir que la ville de Metz souhaitait un club de hockey sur glace dans cette grande ville. De là, Monsieur Rahmoun, s'est concerté avec mon père et moi en nous rapportant ces propos.

C'est à partir de la connaissance de ce souhait de la mairie de Metz que nous nous sommes lancés dans la création de ce club, après en avoir parlé à Vladimir Kouznetsov, dont le CV n'est plus à faire, Jean-Pierre Griso (ancien président d'Amnéville) et Michel Wagner (employé de la patinoire de Metz chargé de l'animation à l'époque). Nous avons accepté de relever le challenge.

En effet le club de Metz existait déjà il y a quelques années, mais n'avait jamais réussi à percer faute de moyens et de volonté de la mairie d'alors. Le plus gros problème à cette époque était que la patinoire appartenait à un privé, or pour cette personne la pratique du hockey sur glace causait plus de dégâts qu'autre chose sur son infrastructure. Ce qui n'a pas permis à ce sport de se développer correctement à Metz. Pourtant, à l'époque déjà, beaucoup de jeunes issus des petites catégories avaient rejoint les sélections de sortie de ligue, les équipes de France...

En 1984, l'équipe première - dont faisaient alors partie Michel Wagner et mon père Djilali Hamri - s'est déportée à Amnéville qui offrait alors de meilleures installations, structures et projets sportifs. Et aujourd'hui, grâce à la volonté de la Mairie et des dirigeants qui sont à l'initiative de ce projet, la ville de Metz pourra dès cette saison accueillir son nouveau club.

- Quel rôle occupez-vous dans ce club ?

Pour ma part, je suis assigné au poste de secrétaire afin d'assurer les divers contacts nécessaires au bon déroulement de la mise en place du club de Metz. Mes tâches ne sont pas seulement administratives mais très diverses. Tous les membres du comité connaissent le hockey sur glace, soit par la pratique de ce sport soit par la direction d'un club, ce qui nous permet d'être tous sur la même longueur d'onde au sujet de la politique sportive... Il ne faut pas oublier que nous restons des personnes qui travaillent extérieurement au hockey, donc pour un bon fonctionnement nous nous devons d'élargir nos compétences au sein du club. Nous avons tous la même volonté : refaire naître ce sport dans la ville de Metz (200 000 habitants avec ses alentours).

- Comment s'est fait le choix de l'entraîneur ?

Facilement. Vladimir Kouznetsov a entraîné pendant de nombreuses années, suite à sa venue en tant que simple joueur. Comme je le disais, son CV n'est plus à faire. Joueur en équipe nationale 18 ans, venant de Perm (Russie), il a été l'un des meilleurs joueurs de l'histoire d'Amnéville. Il a marqué le championnat français à l'époque où il jouait, puis en tant qu'entraîneur à fait monter le club d'Amnéville en D1.

Évoluant dans le club d'Amnéville pendant de nombreuses années, des liens d'amitié se sont tissés entre Monsieur Kouznetsov, mon père, moi-même et Monsieur Griso, nous lui avons proposé le projet, et travaillant en dehors du hockey mais souhaitant y revenir, il nous a dit oui.

- Metz pratiquera-t-il un hockey "à la russe" comme on qualifiait il y a quelques années celui d'Amnéville ?

Effectivement, je pense que Vladimir Kouznetsov, sortant de l'école des champions du monde actuels, n'a pas changé sa manière de jouer et d'entraîner. Même si avec l'expérience son idée du hockey a certainement dû évoluer, je pense que nous aurons ce style de jeu.

- Quel sera le surnom de l'équipe ?

Nous devions nous appeler les Dragons, mais pour suivre l'histoire de la ville de Metz, nous nous appellerons les Graoulis [NDLR : sorte de dragon à bec de canard représenté dans la cathédrale et capturé selon la légende par Saint Clément, premier évêque de Metz au IIIe siècle].

- Comment avez-vous constitué la nouvelle équipe et contacté les joueurs ?

En accord avec l'entraîneur et les différents membres du Comité, nous avons réfléchi et mis en place une équipe avec des joueurs dont nous connaissons les qualités. Des amis, des collègues d'équipe... Pour la plupart des joueurs, le contact a été facile puisque nous les connaissons depuis un bout de temps.

- Qu'est-ce qui pousse de jeunes joueurs de D1 comme le gardien Cédric Dietrich à venir jouer en D3 ?

Voici un point qui attire l'attention de bon nombre de personnes. En effet il est difficile de croire qu'un gardien comme Cédric Dietrich, ayant joué en équipe de France et en Ligue Magnus, puisse accepter de descendre de deux divisions. Mais il y a d'autres joueurs qui ont fait ce choix, comme Yann Vannienwenhove, Matthieu Bertrand jouant à Avignon la saison dernière, moi-même jouant depuis toujours à Amnéville. Ces joueurs par exemple se sont vus présenter ce projet dans la globalité. Notre point fort au sein du comité est encore une fois le fait que nous sommes tous issus du hockey en tant que joueurs, entraîneurs, dirigeants, donc nous connaissons de nombreuses facettes de ce sport.

Ce que je n'ai pas encore expliqué, c'est que nous n'avons pas souhaité monter ce club pour faire une équipe de hockey quelconque sans ambition. À un gardien comme Dietrich, nous proposons un projet sportif sur 3 ans. Nous voulons monter dès la première saison en D2, puis nous nous donnons deux ans pour arriver en D1. Ce challenge est peut-être ambitieux, mais c'est pourquoi le club a besoin de joueurs de ce niveau de carrière. Tout simplement, nous leur proposons deux médailles qu'ils n'ont pas encore.

Pour finir, chaque joueur reste indépendant et responsable de sa propre décision. Qu'il accepte ou non, l'équipe aurait été mise en place. Chacun trouve aussi son bien-être dans ce projet en dehors de l'aspect sportif. Des joueurs préfèreront peut-être mettre en avant leur vie professionnelle, leur vie de famille, leurs projets personnels, par rapport au simple fait de jouer au hockey sur glace.

- Combien de joueurs de l'équipe avaient joué à Metz antérieurement ?

Parmi les joueurs qui constitueront l'équipe, il y a Cédric Dietrich qui a commencé à Metz et moi-même qui y ai joué quelques saisons. Mais, la famille du hockey étant très grande, nous avons des amis en commun avec Cédric Dietrich (puisque nous sommes de la même génération à un an d'écart) qui vont reprendre le hockey, toutefois en loisir. Ces personnes qui ont maintenant 25-26 ans ont joué avec nous à l'époque.

- Avez-vous comme objectif de concurrencer Amnéville ? Comment faire cohabiter deux clubs en Moselle ?

Une concurrence par rapport à Amnéville ? N'oublions pas que nous débutons en D3 et non en D1, donc aucune concurrence n'existe lors des premières années. Si maintenant nous réalisons nos ambitions en arrivant en D1, effectivement une concurrence s'installera, mais n'oublions pas non plus qu'elle était présente, car lorsque le club de Metz existait il y a quelques années, des rencontres sportives (pas seulement amicales) se jouaient entre les deux clubs.

Notre politique dans ce club est en priorité l'accès à ce sport pour les jeunes, leur développement et leur épanouissement dans cette discipline, et leur formation pour qu'ils accèdent au plus haut niveau. Nous souhaitons mettre en place avec le club d'Amnéville une entente, comme elle existait auparavant, afin de mettre à disposition des jeunes les meilleurs outils pour la pratique de ce sport. Cela ne sert à rien de garder des jeunes qui ont un niveau supérieur à leurs camarades si nous pouvons les envoyer dans un club qui existe déjà, bénéficiant d'une structure, d'un encadrement plus expérimentés.

- Quelles équipes engagerez-vous dans le hockey mineur ?

Le règlement de la FFHG stipule que, pour s'aligner en D3, le club doit engager au minimum trois équipes mineures, ce qui est fait (U9, U11, U13). Nous préférons lors de la première année voir "petit" mais sérieux plutôt que de suite engager un nombre plus important d'équipes et de ne pas faire du bon travail, efficace, sur longue durée.

Nous préférons engager des équipes plus jeunes car les contacts sont interdits, il est difficile de faire autrement car nous devons dans un premier temps transmettre nos connaissances sur les fondamentaux de ce sport : patinage, initiation au jeu, association du patinage avec la crosse...

- Quels sont les objectifs du club à plus long terme ?

Vous l'avez donc compris, les objectifs du club sont les suivants :

Faire monter l'équipe première (vitrine de la ville de Metz et du club) en D1 en 3 à 5 ans. Maintenir cette équipe à ce niveau pour les années qui suivent.

Faire du hockey sur glace un nouveau sport à Metz accessible à tous. Comment faire ? Une politique sociale a été mise en place, en effet nous mettons à disposition des familles le matériel pendant deux ans afin de supprimer une barrière financière. De plus, nous demanderons pour le règlement des licences seulement la part fédérale, le reste restant à la charge du club. Tout ceci dans le but de faciliter l'entrée dans ce sport à un maximum de jeunes.

Dans le futur, nous souhaiterons créer un pôle sportif consacré au hockey sur glace. Une entente a été mise en place avec le club de roller-hockey local, des accords ont été signés avec les écoles afin de faire découvrir ce jeu à tous. Des séances d'initiation ont déjà été mises en place lors de l'animation de cet été à la patinoire de Metz et se poursuivront jusqu'à la fin.

Un professionnalisme sera instauré dès la première saison, dans le déroulement de la vie du club, de l'équipe première, de l'animation de la patinoire lors des matchs, tout cela dans le but de mettre en place une structure solide et fiable et de faire découvrir au grand public la beauté de ce sport.

La patinoire sera mise en travaux à partir de mai 2010, un nouveau complexe sera sur pied avec un club affaires et un nombre de places assises qui devrait atteindre les 800, contre environ 400 actuellement. Nous souhaitons donc que le hockey sur glace à Metz devienne un des sports phares.

Propos recueillis le 5 août 2009 par Marc Branchu

 

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