Interview de Kévin Ledoux

 

Le meilleur attaquant de Viry-Châtillon, relégué en D2, a rejoint un pensionnaire de la même division, l'ambitieux voisin Évry, cet été.

- Quel bilan tirez-vous de la difficile saison écoulée à Viry ?

Un bilan plutôt mitigé. D'un point de vue personnel, je suis plutôt satisfait, c'est ma meilleure saison en D1 au niveau statistique. Maintenant, au niveau de l'équipe, c'est assez frustrant car on a alterné du bon et du moins bon. Notre force de l'année passée était de ne jamais lâcher et de toujours ressortir avec des matchs serrés. Même si la défaite était là, on avait le sentiment d'avoir tout donné ! Tandis que cette saison, j'ai le sentiment qu'on aurait pu beaucoup mieux faire, on a lâché trop vite certains matchs. On n'a presque jamais réussi à être à fond pendant 60 minutes. Ça nous a couté très cher, on se prenait 3 à 4 buts en trois minutes, ce qui nous coûtait le match.

Plus la saison avançait, et plus on jouait avec la peur ! La peur de mal faire, il y avait moins de plaisir... Maintenant la rélégation est logique car la plupart des équipes s'étaient renforcées tandis qu'on avait perdu des joueurs. On aurait voulu ne pas finir à la dernière place...

- À quel moment l'équipe a-t-elle perdu l'espoir de se maintenir ?

C'est compliqué de répondre. Personnellement, j'y ai toujours cru. J'essaie d'être le plus positif possible en me disant que mathématiquement ce n'est pas fini, qu'on peut accrocher la plupart des équipes. À la mi-saison, nous étions avant-derniers à quatre points du non-relégable, donc nous avions toujours l'espoir de nous maintenir. On jouait mieux, on avait accoché Gap et Bordeaux, mais les défaite contre Cergy et à Amnéville (concurrent direct) nous ont achevés. Le maintien était quasi-impossible. Mais on se devait de montrer une bonne image du club et de rien lâcher jusqu'au bout, c'est ce qu'on a fait en jouant sans pression.

- Avec le recul, la stratégie du club de rester en D1 à tout prix était-elle la bonne ?

Ça a été le combat de tout l'été dernier de M. Vigier, il a réussi à nous maintenir et je lui en suis reconnaissant ! Stratégiquement parlant, je ne sais pas si ça été une bonne chose, mais pour nous les joueurs, c'est un grand OUI ! À aucun moment on n'a regretté d'avoir joué en D1 cette année !

Financièrement, c'était mieux de jouer en D1 pour le club car le conseil général nous suivait. Sur le plan sportif aussi, il était susceptible que des joueurs partent si nous étions descendus en D2, et vu le niveau de la D2, on aurait joué du milieu de tableau. Alors entre jouer en D1, même si c'est du bas de tableau, et un milieu de tableau D2, le choix est vite fait.

- Quand et comment le club d'Évry vous a-t-il approché ?

Le club d'Évry m'a approché l'été dernier. Sylvain Devaux m'a appelé pour me faire part de son projet sportif et de son souhait de me faire venir à Évry. Je suis de la région, et ma priorité était de rester à Viry dans un premier temps. Mais avec tous les problèmes financiers que rencontraient Viry, les bruits qui nous annnonçaient en D3, je n'étais pas loin de signer à Évry. C'est le pire été passé en tant que joueur. Entre le club de Viry qui est mon club de coeur, mais qui battait de l'aile et dont l'avenir était plus qu'incertain, et le club d'Évry qui proposé un projet sportif plutôt intéressant avec un budget qui assurait de jouer en D2, j'ai longuement hésité. Mais j'ai fini par rester pour le club et pour M. Vigier qui a tout fait pour nous maintenir, c'est une personne que je respecte énormement.

Sylvain Devaux m'a rappelé à la fin de l'année pour connaître un peu ma position pour l'année prochaine. J'ai rapidement été intéressé car j'avais besoin de changements. J'ai eu pas mal de contacts avec différents clubs mais mon souhait est de rester dans la région où j'ai ma famille, mon travail et ma copine.

- Quel souvenir gardiez-vous de ce club d'Évry où vous aviez débuté ?

Un club très familial, j'y ai joué jusqu'en poussin première année. Beaucoup de souvenirs de stages, de matchs juniors où évoluait mon frère et des matchs séniors. Ça me fait toujours bizarre d'y retourner.

- Qu'est-ce qui vous a décidé à rejoindre Évry ?

Le projet sportif me paraît très intéressant. Ce qui fait la différence avec Viry, c'est que le club est soutenu politiquement. Le maire Manuel Valls veut en faire le sport de haut niveau à Évry et met les moyens pour, c'est quand même plus agréable, et la ville d'Évry s'est présentée pour le centre fédéral. On sent de l'engouement autour du hockey !

L'autre raison est que je retrouve un de mes meilleurs amis (Romain Danton), avec qui je vais évoluer sur la même ligne. Le choix des copains a penché dans la balance, j'ai besoin de connaître autre chose (même si c'est toujours dans la même région), et comme les deux clubs se trouvent au même niveau maintenant...

- Vous êtes-vous concerté entre coéquipiers sur le choix de votre club ?

Oui, je me suis concerté avec certains joueurs de Viry, car ce n'est pas une décision facile à prendre... mais j'avais l'impression qu'un cycle se terminait avec Viry, l'ère Vigier était terminée et je ne me voyais pas continuer sans garantie. Le choix a été mûrement réfléchi et je ne le regrette pas. Après, nous savions que le départ de tel ou tel joueur pouvait avoir un effet "boule de neige", mais j'avoue avoir pensé plus égoïstement. J'ai beaucoup donné à Viry et je ne pense pas être redevable.

- Comment les joueurs restés là-bas ont-ils accueilli votre départ ?

Bah, j'ai été franc avec les joueurs et je leur ai dit en toute sincérité. J'avais vu avant M. Fauchon [NDLR : le nouveau président] et Francis Larivée pour leur faire part de mon départ, ils ont très bien compris et ne m'en veulent pas, ils comprenaient. J'ai prévenu les joueurs le plus rapidement possible pour ne pas qu'ils l'apprennent dans la presse ou sites internet. Certains comprennent, d'autres moins.

- Suivez-vous encore les évènements à Viry ?

Oui je suis toujours le club de Viry, c'est mon club de coeur et je ne souhaite que du bien, je sais qu'il y a l'AG ce vendredi. Je ne pense pas y aller.

- Le derby Évry-Viry en D2 ne sera-t-il pas un match particulier ?

Je ne préfère même pas y penser ! Ce match va avoir une saveur particulière et laisser un pincement au coeur, c'est sûr. Porter le maillot de Jets est quelque chose de particulier pour moi. J'aime ce club mais maintenant je joue pour les Peaux Rouges d'Évry, et je suis vraiment motivé !

- Quelle est la clé de la progression actuelle d'Évry selon vous ?

Évry a montré de belles choses cette année, je pense que l'équipe doit encore progresser physiquement et tactiquement. J'espère que nous allons apporter notre expérience de la D1. Je pense que cette année, nous avons plus de cartes en main pour faire quelque chose d'intéressant.

- Évry vise-t-il la montée dès l'an prochain ? Quels seront vos principaux adversaires selon vous ?

Viser la montée serait un peu trop prétentieux pour nous. Nous avons un bon groupe qui peut aller loin mais il ne faut pas non plus griller les étapes trop rapidement. Viser les demi-finales est un bel objectif, mais si toutefois nous les atteignons, nous nous priverons pas de jouer la montée si c'est possible. Mais le championnat est vraiment relevé, il y a beaucoup d'équipes qui se renforcent mais je pense que Cholet, Lyon, La Roche, Dunkerque et Anglet seront les équipes dangereuses de ce championnat.

- Que pensez-vous de la répartition non géographique des poules de D2 ?

Je pense que c'est une très bonne chose. C'est vrai que, financièrement, pour les clubs, c'est moins intéressant avec de nombreux déplacements. Mais nous avons cette fois deux poules équilibrées. Les gens ont souvent critiqué la répartition nord/sud ou est/ouest car les poules étaient déséquilibrées. Cette fois-ci il n'y aura pas d'excuses !

- Et maintenant, qui va s'occuper du site internet de Viry ?

J'ai promis à M. Fauchon de m'occuper du site jusqu'a la fin du mois de juin, mais après stop ! Ça prend pas mal de temps même si les mises à jour sont moins fréquentes. Je dois voir avec Viry pour qu'ils rachètent le nom de domaine et récupèrent toutes les ressources que je possède. Mais il est fort possible qu'un nouveau site soit créé.

Propos recueillis le 15 juin 2009 par Marc Branchu

 

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