Interview de Jean-François Pointet

 

Formé à Grenoble sur une ligne qui faisait des ravages chez les jeunes avec Jean-Luc Chapuis et Hervé Réolon, Jean-François Pointet avait arrêté le hockey avant de le reprendre à Nîmes où il était devenu champion de France de division 3 avec en 1991. Il a ensuite été un des meilleurs buteurs de division 2 avec Avignon puis avec Dijon, club qu'il a contribué à faire monter en N1. Après une saison en division 1, il est retourné à Avignon où les dirigeants ont misé sur lui pour s'occuper de l'avenir de l'équipe. Pour sa deuxième saison comme entraîneur, il a fait d'un club qui se bat habituellement pour le maintien une formation de haut de tableau, qui constitue pour l'instant la surprise de la saison. Après le match nul à domicile contre Caen samedi, Avignon est toujours accroché à la première place de D2 alors qu'il reste quatre matches à jouer.

- Le match nul contre Caen est-il plutôt un point de perdu ou un point de gagné ?

Quand on sait que Caen était venu au complet chercher une victoire, un match nul, c'est un point de pris. Ce n'est par exemple pas la même équipe défaite la semaine dernière à Lyon. Aussi, en restant au contact, tout peut arriver.

Sur ce match, les deux équipes se sont impressionnées. Caen est la grosse équipe quand elle joue au complet et avec détermination.

- Avant la saison, personne ne citait Avignon parmi les favoris. De votre côté, pouviez-vous imaginer une telle réussite ?

Depuis la saison dernière, nous avons décidé de prendre le temps de la construction. Avec la confiance de mes dirigeants, nous avons eu le temps de travailler. J'avais pensé que trois ans seraient nécessaires pour produire leurs fruits, nous avons un peu d'avance.

- La victoire d'entrée contre Lyon, un club qui a de grandes ambitions, a-t-elle servi de déclic pour prendre conscience de vos possibilités ?

Pour Lyon, nous avions un système installé la saison dernière et nous étions donc plus prêts qu'ils ne l'étaient. Sur le match retour joué à Lyon, nous avons fait jouer tous nos joueurs pour que tous profitent des 2500 spectateurs. Proches d'égaliser à une minute de la fin, nous avons perdu 6-4 avec un but en cage vide. N'oublions pas que Lyon a de grosses ambitions.

Notre déclic s'est en fait produit à Toulouse quand, menés 4-0 à huit minutes de la fin, nous sommes revenus à 4-4.

- Quelle est la clé de la transformation d'Avignon et de l'excellent championnat réalisé jusqu'ici ?

La transformation d'Avignon est le fruit de bien des choses. Le bon vouloir des dirigeants de poser des rails et de faire confiance à un entraîneur. Ensuite le fait de travailler en sécurité, d'avoir la confiance d'un groupe, facilite bien les choses.

- Lequel de vos joueurs vous a le plus surpris au cours de cette saison ?

La progression de tous a été une bonne surprise. Quand vous êtes un jeune entraîneur plein de convictions, le changement d'état d'esprit du groupe et la dynamique qui s'installe sont autant de choses qui vous permettent de croire que vous êtes dans le vrai.

Tous mes joueurs sont au niveau du résultat de leur équipe. Pour n'en citer qu'un, Andrew Beasley qui est reparti chez lui aux États-Unis, rappelé par son employeur. Il restera avec nous jusqu'à la fin de saison même si il est déjà loin.

- Avignon a un bon budget pour la D2. Pensez-vous que son avenir se situe en D1 ?

En ce qui concerne le budget du club, une fois la location de la glace (760 francs par heure) prélevée, l'électricité, l'eau, les travaux en tous genres, etc, il est déjà bien grignoté.

- À propos d'ascension remarquée, suivez-vous le parcours de Dijon, club où vous avez passé quatre années ?

Bien sûr, étant ancien Dijonnais, je suis le CPHD. La montée en première division s'est faite presque mécaniquement, mais les budgets du Super 16 sont très importants pour que l'on puisse jouer avec. Pas un joueur du cru sur la glace, une plus grande distance entre le mineur et les seniors, on s'éloigne de la vie associative et de ses actions. Ne devrions-nous pas obliger tous les clubs du Super 16 à avoir une équipe réserve en cas de coup dur, juste pour le respect des associations et des gens qui œuvrent à leur bon fonctionnement ?

En tous cas, le hockey a bien bougé en Bourgogne, et c'est très bien pour notre sport.

Propos recueillis le 24 février 2003 par Marc Branchu

 

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