Interview de Rafael Springer

 

Âgé de 49 ans, le défenseur luxembourgeois est le doyen des hockeyeurs encore en activité dans les championnats du monde. À travers son parcours original, il témoigne de l'état du hockey dans le Grand-Duché.

- Comment êtes-vous arrivé au Luxembourg ?

Mes parents sont allemands, mon grand-père est originaire des Sudètes et je suis né à Zurich. Même si j'aime ce côté slave, j'ai quitté la Suisse à six mois. Je suis arrivé au Luxembourg en 1965.

- Comment êtes-vous venu au hockey ?

J'ai commencé à patiner à 18-19 ans, avant de faire une pause de huit années. J'ai repris à 35 ans.

- Cette pause de huit années vous a-t-elle aidé dans votre longévité ?

Oui, sûrement, parce que des équipiers de 25 ans en ont parfois un peu marre !

- Vous vous êtes consacré pendant ce temps à la peinture, à la sculpture...

Je me suis dit que ce sport et l'art ne pouvaient pas aller ensemble. Je vivais de mon art et je n'avais pas d'argent non plus pour pratiquer ce sport assez cher.

- Vous êtes revenu au hockey après ces huit années. Il vous manquait ?

J'y suis revenu par hasard, en 1992. J'ai lu dans le journal que les Mondiaux se joueraient en Afrique du Sud. Je me suis dit que c'était une bonne opportunité de rejoindre mes copains. J'ai emprunté un équipement, que je n'ai d'ailleurs jamais rendu !

- Qu'est-ce-qui vous motive aujourd'hui ?

C'est la passion, l'amour du jeu. J'aime la vitesse et le côté physique de ce sport très rapide. C'est le seul sport que j'aime. Je n'aime pas le football, je n'aime pas courir, je n'aime pas les échecs...

- L'an passé, l'équipe nationale a connu des difficultés à Dundalk, avec des gardiens blessés et une série de tirs aux buts cruelle. Vous vouliez revenir plus fort cette année ?

C'était difficile à digérer, mais certains joueurs ne voulaient pas monter en division II. Il y avait comme un malaise dans l'équipe. Le match face à la Turquie ce lundi suivait le même scénario, avec un soulagement d'avoir gagné avant les tirs au but. C'est extraordinaire. Nous n'avons jamais vu un tel public, une telle ambiance dans cette salle. Il était extrêmement important de gagner ce match. C'était notre but, nous avons eu tellement d'occasions... Nous sommes tout de même un petit pays, parfois trop craintif.

- Le Luxembourg a intégré l'IIHF en 1912 mais n'a jamais réussi à monter très haut dans la hiérarchie. Être un "petit pays" est-il le principal frein à cette ascension ?

Notre devise nationale est : "Nous voulons rester ce que nous sommes".

Le football prend beaucoup de place dans les journaux, le basket aussi car c'est le sport du libérateur de la deuxième guerre mondiale.

C'est un Canadien, Éric Vaillancourt, qui a amené sa passion pour le hockey ici il y a une trentaine d'années. Les étrangers ont beaucoup aidé, nous comptons des Scandinaves et des Canadiens. La double nationalité peut être très intéressante car nous avons beaucoup de jeunes étrangers qui viennent. La famille est aussi importante, beaucoup de frères jouent dans l'équipe.

- Les infrastructures de Kockelscheuer sont récentes. L'organisation des championnats du monde est une grande fierté ?

Oui, pour la Fédération et le pays, surtout grâce à ce site. Dans tous les championnats du monde auxquels j'ai participé, ce n'était pas cela. Ici, c'est quand même le grand luxe.

- La Division 3 française est-elle intéressante pour le Tornado Luxembourg ?

Oui, c'est une excellente préparation. Nous affrontons des équipes de notre niveau, permettant de lutter. Grâce à notre coach, nous avons appris à prendre confiance en nous. Il ne faut pas surestimer les adversaires. Nous avons des chances.

Nous avons déjà joué deux fois en division II. Notre défaut et notre qualité, c'est que nous sommes capables de jouer à beaucoup d'échelles, très bien comme très mal.

- Rêvez-vous de passer le cap des 50 ans dans le hockey international ?

Si on reste en division III, ça pourrait me tenter si l'occasion se présente... mais ça ne dépend pas que de moi.

Propos recueillis le 31 mars 2008 par Mathieu Hernaz

 

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