URSS - Suède (1er mai 1989)

 

Championnats du monde 1989, poule finale, troisième et dernière journée.

Ce Mondial aurait dû se finir en apothéose avec un affrontement entre les deux premiers de la phase initiale de classement. Las, il n'y a plus aucun enjeu. Les Soviétiques ont déjà la médaille d'or et les Suédois resteront quoi qu'il arrive au pied du podium. Le Globen est quand même plein et est prêt à se livrer à sa ola quotidienne, mais même si le public a apprécié tant le spectacle que l'ambiance, beaucoup pensent qu'il faudra modifier cette formule pour que les compétitions internationales s'achèvent par une vraie finale.

Ce match est donc le dernier du "super-bloc" russe - la ligne dominante des années 1980 - avant son départ annoncé vers la NHL. Mais on n'aura même pas la chance de voir une dernière fois la KLM à l'oeuvre. Son centre Igor Larionov est officiellement blessé à un pied, à moins que les relations avec son coach Viktor Tikhonov aient à y voir. L'autre rebelle Vyacheslav Fetisov est bien présent, et pour cause puisque le capitaine élu doit se voir remettre le trophée de champion du monde à la fin de la partie : dès le début de match, il est évident qu'il tient à briller jusqu'au bout sous le maillot soviétique, après le duel par déclarations interposées avec Tikhonov. La Suède titularise encore Peter Åslin, le gardien spécialiste - un peu malgré lui - des Russes. C'est son troisième match de championnat du monde, et le troisième face à l'URSS (toujours sans enjeu) ! Il ne faut pas donc pas s'étonner qu'il ne compte aucune victoire dans cette compétition.

Les Soviétiques dominent nettement le jeu dans les dix premières minutes, et ce n'est que logique s'ils finissent par ouvrir le score. Sergei Fedorov dribble Fredrik Olausson en entrée de zone et décoche un slap croisé qui bat Peter Åslin à mi-hauteur (1-0). La Suède réagit enfin par une superbe combinaison de passes "à la russe" de la troisième ligne accompagnée du défenseur offensif Anders Eldebrink. Mais quand ce même Eldebrink se rend encore jusque dans le fond de la zone adverse sur sa présence suivante, cela facilite la contre-attaque rouge. Yuri Khmylev lance Dmitri Kvartalnov absolument seul face à Åslin, qu'il bat lui aussi du côté de la mitaine (2-0).

Une obstruction de Krutov en zone offensive puis un coup revanchard de Gusarov en zone neutre donnent une grande occasion à la Suède, pendant 1'28" à 5 contre 3. Mais le trio Fetisov-Shiriaev-Makarov ne laisse même pas la Tre Kronor s'installer. Valeri Shiriaev, qui avait commis une grosse erreur en début de match avec une relance à l'adversaire dans sa zone, dégage cette fois proprement tous les palets. Sergei Makarov reste sur la glace jusqu'à la fin de la double infériorité. De quoi rappeler que Viktor Tikhonov a toujours beaucoup employé Krutov et Makarov pour tuer les pénalités et devra trouver d'autres appuis à l'avenir...

En supériorité numérique, en revanche, il n'a jamais utilisé d'unités spéciales. Pour quoi faire ? En deuxième période, c'est avec la quatrième ligne sur la glace que la première faute adverse (une crosse haute de Strömwall) est exploitée : le lancer de la bleue d'Aleksei Kasatonov, frappé assez court et non masqué, passe entre les jambes d'Åslin (3-0). Anders Carlsson se fait dépasser par Gusarov sur son repli défensif et l'accroche à la mi-match. Mais ses coéquipiers gèrent bien la situation, et une minute après son retour de prison, Carlsson marque du revers sur un centre d'Olausson à l'issue d'une contre-attaque née... d'une intervention défensive parfaite de Tommy Samuelsson qui s'est couché devant une passe de Mogilny pour Fedorov à 2 contre 1 et qui a aussitôt déclenché la transition (3-1).

L'hypothèse d'un retour au score est balayée dès la première présence de la troisième période. Le cinq majeur suédois se retrouve tout entier du côté droit de sa zone offensive, et quand Krutov - qui ferme la ligne bleue contre la bande - centre pour Makarov, celui-ci a tout le temps de tricoter avec le palet et de feinter le gardien pour conclure du revers (4-1). Une longue passe de Khalizov, sur laquelle Samuelsson plonge sans l'intercepter, envoie ensuite Kvartalnov à 2 contre 0 avec Nemchinov, dont le tir est paré du bouclier par Åslin. Aleksei Gusarov clôt le score par un slap surpuissant à mi-distance au ras du poteau droit (5-1). Tikhonov fait rentrer le troisième gardien et vétéran Vladimir Myshkin - qui n'avait plus joué en championnat du monde depuis quatre ans - pour les cinq dernières minutes, un beau geste qui permet à tout l'effectif d'avoir contribué au titre.

Dans le contexte de conflit entre les joueurs-vedettes et leur entraîneur (en tant qu'incarnation du système), personne ne s'attendait à un tel triomphe des Soviétiques  10 matches, 10 victoires, avec la contribution de toutes les générations. Ce dernier match aura même été la démonstration collective la plus probante de toutes.

Étoiles Hockey Archives : *** Sergei Makarov / ** Vyacheslav Fetisov / * Dmitri Kvartalnov et Anders Carlsson

Trois meilleurs Soviétiques du tournoi selon leurs entraîneurs : Vyacheslav Fetisov, Sergei Makarov et Vyacheslav Bykov.

Trois meilleurs Suédois du tournoi selon leurs entraîneurs : Anders Eldebrink, Thomas Rundqvist et Jonas Bergqvist.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match :

Vladimir Krutov (attaquant de l'URSS) : "C'était peut-être la dernière fois qu'on joue ensemble. Si on décide d'aller en Amérique du Nord, on pourrait ne plus être capables de jouer pour notre pays aux championnats du monde ou même aux Jeux olympiques à cause de la NHL."

URSS - Suède 5-1 (2-0, 1-1, 2-0)
Lundi 1er mai 1989 à 18h00 au Globen de Stockholm. 13 492 spectateurs.
Arbitrage de Seppo Mäkelä (FIN) assisté de Jan Tatíček (TCH) et Arto Järvelä (FIN).
Pénalités : URSS 6' (4', 0', 2'), Suède 10' (0', 4', 6').
Tirs cadrés : URSS 29 (12, 10, 7), Suède 22 (11, 5, 6).
Tirs non cadrés : URSS 15 (7, 6, 2), Suède 8 (0, 3, 5).
Tirs bloqués : URSS 5 (2, 1, 2), Suède 8 (6, 1, 1).
Engagements : URSS 25 (9, 9, 7), Suède 25 (12, 8, 5).

Évolution du score :
1-0 à 10'08" : Fedorov assisté de Byakin
2-0 à 15'22" : Kvartalnov assisté de Khmylev
3-0 à 24'55" : Kasatonov assisté de Khmylev (sup. num.)
3-1 à 33'05" : Carlsson assisté d'Olausson et Nilsson
4-1 à 40'45" : Makarov assisté de Krutov et Chernykh
5-1 à 51'10" : Gusarov assisté de Khomutov et Bykov
 

URSS

Attaquants :
9 Vladimir Krutov (+1, 2') - 21 Aleksandr Chernykh (+1) - 24 Sergei Makarov (A, +1)
13 Valeri Kamenski (+1, 2') - 27 Vyacheslav Bykov (+1) - 15 Andrei Khomutov (+1)
25 Sergei Yashin - 29 Sergei Fedorov - 10 Aleksandr Mogilny
8 Yuri Khmylev (+1) - 12 Sergei Nemchinov (+1) - 18 Dmitri Kvartalnov (+1)

Défenseurs :
2 Vyacheslav Fetisov (C, +3) - 14 Valeri Shiriaev (+1)
6 Ilya Byakin - 7 Aleksei Kasatonov (+1)
3 Svyatoslav Khalizov - 5 Aleksei Gusarov (+1, 2')

Gardien :
20 Arturs Irbe puis 30 Vladimir Myshkin à 54'44"

En réserve : 1 Sergei Mylnikov (G), 22 Vladimir Konstantinov, 11 Igor Larionov (pied).

Suède

Attaquants :
22 Håkan Södergren (-2) - 9 Thomas Rundqvist (C, -1 -2) - 18 Jonas Bergqvist (-1)
10 Kent Nilsson (-1) - 25 Thomas Steen (-1) - 20 Bo Berglund (-1)
28 Tomas Sandström (-1, 2') - 24 Anders Carlsson (2') - 29 Ulf Dahlén
14 Peter Eriksson (2') - 12 Johan Strömwall (2') - 11 Jens Öhling (-2)

Défenseurs :
7 Tommy Samuelsson - 4 Fredrik Olausson (-1)
2 Anders Eldebrink (A, -1) - 3 Tommy Albelin (-1, 2')
5 Mats Kihlström (-2) - 27 Thomas Eriksson (-1)

Gardien :
30 Peter Åslin

Remplaçant : 35 Rolf Ridderwall (G). Surnuméraires : 1 Peter Lindmark (G), 19 Peter Andersson, 21 Börje Salming.

en noir, la feuille de match officielle ; en rouge, les corrections de Hockey Archives

 

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