États-Unis - Lettonie (27 avril 1997)

 

Championnats du monde 1997, premier tour, poule B.

Les fans lettons ont commencé à arriver dans l'Elysée Arena deux heures avant le coup d'envoi, colorés et impatients. Leur équipe semble tout aussi motivée à l'échauffement à la perspective de jouer son premier match en championnat du monde depuis soixante ans. Mais cet allant traduit aussi une certaine anxiété.

Lorsque les Lettons paraissent se libérer offensivement, notamment par deux tirs rapprochés de Harijs Vitolinš, ils perdent leur vigilance défensive. Une interception ratée de Maticins, un patinage lourd au repli de Skrastinš et Vitolinš, et la passe de Derek Plante envoie Donald Brashear tout seul face à Peteris Skudra qu'il fait se coucher avant de glisser le palet sous lui du revers (1-0, image de droite). La Lettonie égalise une minute plus tard sur un puissant slap de Sergejs Čudinovs, mais elle concède un bête surnombre alors qu'elle est en avantage numérique. À 5 contre 4, Bryan Berard s'ouvre le chemin du but par un exploit individuel magnifique en dribblant entre les défenseurs Sejejs et Kupaks, puis en mettant dans le vent le gardien pour conduire le palet jusque dans les filets (2-1)

Une obstruction de Kercs avant la pause permet aux Américains de commencer la deuxième période en supériorité numérique. À la seconde où celle-ci s'achève, leur capitaine Ted Donato initie de derrière la cage un beau jeu en triangle avec Todd Krygier qui sert Paul Ranheim parfaitement placé devant le but (3-1). Après cinq minues, à la grande surprise de son banc, le gardien Peteris Skudra (image de gauche), qui se plaint d'une douleur au poignet, demande soudain à être remplacé par Jurijs Klodans. Les Américains installent leur hockey physique et font parler leurs muscles le long des bandes. La défense balte est en grande difficulté dans ses relances, et elle n'a plus la même vigueur dans son enclave. Sergejs Senins ne parvient pas à arrêter Chris Tancill sur le 4-1. Même les supporters en grenat paraissent fatigués à la fin de la période.

Même menés de trois buts à l'abord du dernier tiers-temps, les Lettons reviennent pourtant sur la glace pour jouer leur jeu comme s'ils n'avaient peur de personne. Ils retrouvent toute leur détermination. Sur un engagement en zone défensive, Andrejs Ignatovičs met une telle pression sur son vis-à-vis Tancill qu'il lui vole le palet pour envoyer en échappée Leonids Tambijevs. Celui-ci lève son tir dans la lucarne, côté mitaine de Tom Askey, qui en frappe sa crosse de rage sur son poteau. Même en infériorité numérique, Aleksandrs Belavskis part à 2 contre 1 avec Semjonovs. Le défenseur Ken Klee se couche pour empêcher la passe, mais Belavskis lance et prend son propre rebond. La même paire défensive Klee-Lachance est encore prise en défaut huit secondes après la fin d'une pénalité de Beers : elle suit le palet quand Andrejs Ignatovičs sert dans le coin Tambijevs, et cela ouvre la voie à Ignatovics qui s'avance dans l'enclave pour recevoir le retour de passe et égaliser à 4-4 entre les bottes du gardien.

Les Américains sont incrédules, ils pensaient qu'un tel écart ne se remonte plus dans le hockey moderne. Malheureusement pour les Lettons, cette belle réaction sera inutile. Car les États-Unis sauvent finalement les meubles sur un but décisif de Todd Krygier, joueur toujours tenace à la production régulière. Après un lancer lointain, Krygier prend son propre rebond - lâché dans l'axe par Klodans qui ne parvient alors pas à l'écarter de la crosse - et enlève une sacrée épine du pied de son équipe à un moment difficile.

Le staff américain n'a pourtant guère le sourire dans la soirée. Ce n'est pas tant la victoire dans la douleur qui le gêne, mais plutôt la souffrance dont se plaint son jeune défenseur-vedette Bryan Berard, qui s'est tordu le pouce et pourrait être forfait pour le reste du tournoi.

Désignés joueurs du match : Chris Tancill pour les États-Unis et Leonids Tambijevs pour la Lettonie.

Commentaires d'après-match

Jeff Jackson (entraîneur des États-Unis) : "La Lettonie nous a donné des maux de tête, cette équipe a beaucpup d'attaquants techniques. C'était difficile pour nous de les jouer parce que nous hockeyeurs sont plus adaptés à un style de hockey nord-américains. En troisième période, nous étions endormis, nous avons cru trop vite à la victoire et nous avons été punis. Heureusement que tout s'est bien fini. Sauf bien sûr la perte de Berard, j'espère qu'il pourra rejouer. [...] Il y a pour l'instant trois places vacantes que nous comptons occuper dans un futur proche. Il n'est pas exclu que l'une d'elles soit prise par le gardien des Florida Panthers, John Vanbiesbrouck. Je vais aussi parler au manager général des Chicago Blackhawks en espérant qu'un de ses joueurs vienne en Finlande."

Leonids Beresnevs (entraîneur de la Lettonie) : "Nous voulions faire une surprise parce que nous sommes nouveaux ici. C'était le premier match en championnat du monde, qui plus est contre une des superpuissances du hockey, donc il y avait beaucoup d'excitation. Nous n'avons pas su la gérer au début. Nous avons raté notre deuxième période, mais le reste était bon. Il nous manque juste un peu d'expérience. La défense a globalement tenu, à part Kupaks, qui faisait déjà exception à la bonne performance générale au premier tiers. Je l'ai remplacé au troisième. En attaque, bien sûr, nous attendions plus d'Aleksandrs Macijevskis et Aleksandrs Kerčs, même si le style de jeu de Kerčs ne convient pas contre les Américains. Ils ne se laissent pas contourner une seconde fois. On peut entrer dans la zone offensive avec la première combinaison, mais pas avec la seconde, ils reprennent vite leur place."

 

États-Unis - Lettonie 5-4 (2-1, 2-0, 1-3)
Dimanche 27 avril 1997 à 15h00 à l'Elysée Arena de Turku. 5914 spectateurs.
Arbitrage de Petr Bolina assisté d'Aleksandr Poliakov et Rudolf Lauff
Pénalités : États-Unis 14' (4', 6', 4'), Lettonie 10' (4', 4', 2').
Tirs : États-Unis 23 (9, 4+5, 5), Lettonie 34 (9, 10, 15).

Évolution du score :
1-0 à 08'39" : Brashear assisté de Plante et Lachance
1-1 à 09'34" : Čudinovs assisté de Kerčs et Cipruss
2-1 à 15'25" : Berard assisté de Tancill (sup. num.)
3-1 à 21'35" : Ranheim assisté de Krygier et Donato
4-1 à 32'41" : Tancill assisté de Hedican
4-2 à 42'52" : Tambijevs assisté d'Ignatovičs
4-3 à 47'07" : Beļavskis
4-4 à 52'20" : Ignatovičs assisté de Tambijevs
5-4 à 53'37" : Krygier
 

États-Unis

Attaquants :
Donald Brashear - Mike Sullivan (A, +2) - Dan Plante (+2)
Todd Krygier (+2) - Ted Donato (C, 2') - Marty MacInnis (-1)
Paul Ranheim - Darby Hendrickson (-2) - Chris Tancill
Chris Marinucci (-1) - Chris Drury (-1)

Défenseurs :
Scott Lachance (-1, 2') - Ken Klee (-2, 2')
Bret Hedican (A, +2, 2') - Jon Rohloff (+1, 2')
Bob Beers (-1, 4') - Bryan Berard
Matt Martin

Gardien :
Tom Askey

Remplaçant : John Blue (G).

Lettonie (2' pour surnombre)

Attaquants :
Igors Pavlovs (-2, 2') - Harijs Vītoliņš (A, -2, 2') - Olegs Znaroks (C, -2)
Aleksandrs Kerčs (2') - Aigars Cipruss - Aleksandrs Macijevskis (+1)
Andrejs Ignatovičs (+1) - Sergejs Seņins - Leonids Tambijevs (+1)
Sergejs Boldaveško - Aleksandrs Semjonovs (+1) - Aleksandrs Beļavskis (+1)

Défenseurs :
Normunds Sējējs (A, +1) - Arturs Kupaks puis à 40'00" Igors Bondarevs (+1)
Rodrigo Laviņš (+1) - Sergejs Čudinovs (+1)
Karlis Skrastiņš (-2, 2') - Andrejs Maticins (-2)

Gardiens :
Peteris Skudra puis à 25'08" Juris Klodāns

 

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