Canada - Kazakhstan (18 février 1998)

 

Quart de finale des Jeux Olympiques 1998.

C'est le quart de finale le plus déséquilibré. Le Kazakhstan, qui a pris trois grosses claques dans sa poule, est censé tendre l'autre joue au Canada, favori du tournoi et peu charitable quand il est en pleine ruée vers l'or. La rudesse des joueurs d'Asie centrale a peu de chances de leur apporter quoi que ce soit face aux Canadiens, sinon des pénalités.

Dès la deuxième minute, Patrick Roy relance rapidement pendant un changement de ligne du Kazakhstan et Theo Fleury relaie vers Joe Nieuwendyk. Même avec son style debout, le gardien Vitali Eremeïev laisse assez d'espace entre ses jambes pour que le tir du cercle gauche de l'attaquant des Stars de Dallas ricoche sur son patin droit et rentre dans les filets (1-0). Quarante secondes plus tard, Eric Lindros part de l'arrière de sa cage et déborde toute la quatrième ligne du Kazakhstan le long des bandes, sans même utiliser son physique car sa vitesse suisse. Il donne en retrait à une main (l'autre main attrape la crosse de Troshchinsky qui le gêne) pour Shayne Corson, que le défenseur Igor Nikitin n'a pas senti passer dans son dos pour un but facile à bout portant. Eremeïev a essayé d'intercepter la passe avec son bâton, en vain, et s'incline de nouveau entre ses bottes (2-0). Deux buts en 2'13", on se demande déjà jusqu'où cela va finir. 10 buts ? 12 ? Les bleus semblent complètement dépassés et Eremeïev sauve cette fois son camp face à Ray Bourque, servi en 2 contre 1 par Recchi.

Le troisième but arrive dès la quatrième minute de jeu... mais il est en faveur du Kazakhstan. Konstantin Shafranov évite le stick check de Chris Pronger et son tir du poignet, dévié, passe sous le bras droit de Roy (2-1). Ce but change alors le cours du match, qui ne devient plus si évident pour le Canada. Même les unités spéciales ne lui permettent pas de se détacher. Il faut dire que Trevor Linden aurait pu s'abstenir de prendre deux pénalités. Aussi incroyable que cela paraisse, le Kazakhstan domine aux tirs à l'issue de la première période !

Ce ne sera plus du tout le cas ensuite. Le Canada domine nettement. Mais le Kazakhstan, qui avait laissé des brèches énormes au début, apprend enfin à défendre, ce qui n'avait pas été son fort dans ce tournoi. Il se regroupe dans sa zone pour faire le dos rond et limiter les espaces. Alors que Bobby Clarke se forçait à contenir un petit rire après le deuxième but, les visages deviennent donc de plus en plus crispés au sein de tout le staff canadien en tribune, à l'image de Bob Gainey qui triture son chewing-gum avec des mouvements forcenés de la mâchoire.

C'est Wayne Gretzky qui rend le sourire à Clarke par un geste magique, un palet reçu de Bourque à droite du but et aussitôt redirigée en une touche pour une passe lobée qui offre une cage ouverte à Brendan Shanahan sur la gauche (3-1, photo de gauche). De quoi à la fois assurer la victoire et soulager un buteur en panne. La même ligne est renvoyée sur la glace après un très bref intermède. Le magnétisme de Gretzky avec la rondelle semble fonctionner comme au premier jour d'une histoire d'amour unique, et Steve Yzerman marque sur le rebond par un slap entre les cercles (4-1). Le Kazakhstan signale quand même, par une violente charge d'Antipin sur Lindros, qu'il n'abandonne pas le combat.

Pour la première fois depuis le début de la phase finale, le Kazakhstan ne s'écroule pas en cours de partie. Pour la première fois, Eremeïev joue les 60 minutes sans se faire remplacer. Son équipe a gagné en expérience et semble mieux armée face aux grosses écuries en ayant appris à résister et à adopter un jeu plus défensif, dont elle n'avait jamais eu usage quand elle jouait le Mondial C puis le Mondial B. Les joueurs de Boris Aleksandrov font par contre toujours autant de fautes.

Le Canada a marqué moitié moins de buts que les précédents adversaires du Kazakhstan. Le petit bémol sur son tournoi sans fausse note est donc que son attaque n'impressionne pas totalement, même si chacun tient bien son rôle dans cette équipe. L'attaque canadienne a peut-être perdu un homme-clé dans ce match resté disputé jusqu'à la fin... À deux minutes de la fin, dans un duel dans la bande, Dudarev a chargé Blake qui l'a repoussé violemment : l'attaquant du Kazakhstan est alors retombé sur le dos... en plein sur le genou gauche du malheureux Joe Sakic, qui a alors quitté la glace en boîtant !

Étoiles du match Hockey Archives : *** Wayne Gretzky / ** Eric Lindros et Joe Nieuwendyk / * Ray Bourque

Marc Branchu

Commentaires d'après-match :

Marc Crawford (entraîneur du Canada) : "Cela nous a pris un moment pour trouver notre jeu. Nous avons trop essayé de passer par le milieu. J'ai dit aux joueurs de jouer un hockey patient, intelligent, et c'est ce qu'ils ont fait. Nous avons appliqué de la pression mais nous avons gardé nos bonnes habitudes."

Brendan Shanahan (attaquant du Canada) : "J'avais déjà eu beaucoup d'occasions dans les deux premières rencontres, cette fois j'ai marqué. Maintenant nous devons résoudre la question Hasek. Ce sera difficile, donc nous devrons être gonflés à bloc contre lui. D'un autre côté, nous devons nous préoccuper de notre jeu."

 

Canada - Kazakhstan 4-1 (2-1, 2-0, 0-0)
Mercredi 18 février 1998 à 188h45 au Big Hat de Nagano (JAP). 9602 spectateurs.
Arbitrage de Don Adam (USA) assisté de Janne Rautavuori (FIN) et Kevin Collins (USA).
Pénalités : Canada 16' (6', 4', 6'), Kazakhstan 16' (4', 8', 4').
Tirs cadrés : Canada 37 (8, 16, 13), Kazakhstan 17 (10, 3, 4).
Tirs bloqués : Canada 1 (0, 1, 0), Kazakhstan 1 (0, 1, 0).
Tirs non cadrés : Canada 19 (7, 7, 5), Kazakhstan 10 (4, 4, 2).
Engagements : Canada 53 (20, 19, 14), Kazakhstan 20 (8, 5, 7).

Évolution du score :
1-0 à 01'31" : Nieuwendyk assisté de Fleury et Roy
2-0 à 02'13" : Corson assisté de Lindros
2-1 à 03'46" : Shafranov assisté de A. Koreshkov
3-1 à 36'29" : Shanahan assisté de Gretzky et Bourque
4-1 à 37'01" : Yzerman assisté de Gretzky
 

Canada

Attaquants :
27 Shayne Corson (+1, 2') - 88 Eric Lindros (C, +1) - 17 Rod Brind'Amour
55 Keith Primeau (4') - 91 Joe Sakic (A) - 8 Mark Recchi
7 Rob Zamuner (4') - 25 Joe Nieuwendyk - 74 Theoren Fleury
14 Brendan Shanahan (+2) - 99 Wayne Gretzky (+2) - 19 Steve Yzerman (A, +2, 4')
16 Trevor Linden (4')

Défenseurs :
24 Chris Pronger - 52 Adam Foote (-1)
77 Raymond Bourque (+2, 2') - 44 Rob Blake (+2)
4 Scott Stevens (+1) - 2 Al MacInnis (+1)
37 Éric Desjardins (+1)

Gardien :
33 Patrick Roy

Remplaçant : 30 Martin Brodeur (G). En réserve : 31 Curtis Joseph (G).

Kazakhstan

Attaquants :
10 Oleg Kryazhev - 27 Mikhaïl Borodulin - 11 Pavel Kamentsev
29 Konstantin Shafranov - 19 Evgeny Koreshkov - 17 Aleksandr Koreshkov (-1)
18 Dmitry Dudarev (-2) - 21 Andrei Pchelyakov (-2) - 23 Vladimir Zavyalov (-1)
25 Erlan Sagymbaev (C, -1, 4') - 15 Igor Dorokhin (A, -1) - 24 Pyotr Devyatkin (-1)

Défenseurs :
28 Vadim Glovatsky - 9 Vladimir Antipin
3 Igor Zemlyanoy (A, 4') - 8 Andrei Sokolov
26 Andrei Savenkov (-2, 2') - 4 Vitaly Tregubov (-2)
5 Aleksei Troshchinsky (-1, 4') - 7 Igor Nikitin (-1, 2')

Gardien :
30 Vitali Eremeev

Remplaçant : 1 Aleksandr Shimin (G).

 

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