Dynamo Moscou - Metallurg Magnitogorsk (14 février 1999)

 

Finale de l'EHL 1998/99.

La patinoire Loujniki est archi-pleine pour cette grande finale et beaucoup n'ont pas obtenu de billets. Quel sera le club qui rétablira la suprématie russe au sommet de l'Europe, le traditionnel Dynamo - après deux échecs consécutifs en finale - ou la nouvelle puissance venue de l'Oural ? Soutenus par leur public, les Moscovites sont les plus actifs en début de match avec deux bons tirs du jeune Maksim Afinogenov. Ils provoquent les deux premières pénalités adverses - Konstantin Shafranov accroche Troshchinsky en zone neutre et Oleg Mikulchik charge Kuvaldin loin du palet - mais ils n'arrivent à installer leur jeu de puissance. Le bon début du Dynamo s'éteint donc un peu.

Au début de la deuxième période, le Metallurg perd son défenseur Vadim Glovatsky dans un choc contre la bande. Il perd même conscience pendant un moment et doit être évacué sur civière. Mais alors que ses coéquipiers se rassemblent autour de lui, les joueurs du Dynamo semblent nerveux pendant une longue attente de six minutes. Lorsque le match reprend, le jeu se fait plus physique, tout le monde se donne au maximum. les attaquants moscovites, à l'instar d'Aleksandr Prokopeiv, n'arrivent pas à concrétiser. Le Metallurg montre son expérience vorie sa roublardise pour tenir, le défenseur Andrei Sapozhnikov déplace même la cage pendant une situation locale ce 3 contre 1 pour prendre une pénalité "utile".

Le troisième tiers-temps est vite favorable à Magnitogorsk. Parti de son but, Valeri Karpov accélère et remonte la glace en dribblant à travers les lignes bleues et blanches. Quand il franchit la ligne bleue offensive en passant entre Zolotov et Kartsev, ce dernier s'aggripe et sa crosse et prend deux minutes de pénalité. En avantage numérique, le Metallurg ressort le palet pour un slap en haut du cercle droit de Vladimir Antipin... qui casse sa crosse. Tout est à refaire. Aleksandr Koreshkov est à la fois à l'origine de l'action, sur une entrée de zone à pleine vitesse, et à la conclusion, en se plaçant pour reprendre une passe transversale de Ravil Gusmanov (1-0). Magnitka ne subit plus le jeu comme au début mais multiplie les occasions, mais un 2 contre 1 de Kudinov et Karpov échoue dans la poitrine du gardien Mukhometov.

L'entraîneur local Zinetula Bilyaletdinov sort un joker, le treizième attaquant Nikolai Antropov. Rentré des Jeux Asiatiques d'hiver, le jeune international du Kazakhstan vole un palet en fond de zone et fait une belle passe en retrait vers Artyom Chubarov, mais celui-ci ne convertit pas cette occasion en or. Le Metallurg semble manger l'horloge avec beaucoup de métier. La sono diffuse déjà prématurément "We are the champions" de Queen aux arrêts de jeu. Mais à huit secondes de la sirène, l'impensable se produit : Andrei Markov envoie un long palet depuis sa zone qui fait des ricochets sur la glace, Boris Tortunov essaie de l'attraper dans sa mitaine alors même qu'il n'est pas dirigé vers le but... et il le dévie dans ses propres filets ! Un but venu de nulle part, sur ce qui n'était même pas un tir (1-1)... Certains joueurs de Magnitogorsk sont littéralement effondrés à plat ventre sur la glace ou sur leur banc : ils ne peuvent pas croire à ce qui leur arrive ! Comment une équipe pourrait-elle survivre à cela ?

Les supporters du Dynamo sont aux anges, un sentiment d'euphorie règne pendant la pause. Alors qu'on pense que le désespoir a envahi les joueurs du Metallurg Magnitogorsk, ils reviennent sur la glace sans complexes et marquent sur une combinaison déjà vue de leur quatrième ligne : le centre Andrei Razin gagne la mise au jeu face à Chubarov et - pendant que ses ailiers Popov et Gomolyako bloquent leurs vis-à-vis - sort le palet vers la ligne bleue où Vladimir Antipin a le temps de le contrôler puis d'armer son slap qui bat Mukhometov côté plaque (2-1).

L'équipe de Magnitogorsk a joué cette finale comme une escouade de vieux briscards, mais la célébration déborde au contraire d'enthousiasme juvénile et d'une joie sincère, partagée avec les supporters qui sont descendus sur la glace pour vivre ce grand moment. La fête déborde un peu de la cérémonie officielle, moins compassée qu'on pouvait le connaître à l'époque soviétique. Le Maire de Moscou, Youri Loujkov, qui avait déjà ouvert le tournoi hier par un discours empli d'émotion et donné le coup d'envoi symbolique, se montre bon prince en reconnaissant que c'était du "bon hockey", même si les vainqueurs sont venus de province. Le Dynamo perd encore en finale d'EHL, pour la troisième année consécutive.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Valeri Belousov (entraîneur de Magnitogorsk) : "C'est incroyable d'avoir gagné l'EHL. Et c'est fantastique de le faire devant une telle audience, je n'avais pas vu autant de spectateurs depuis l'époque où jouait l'équipe nationale d'URSS. Nous savions que le Dynamo essaierait de marquer en première période et nous y étions prêts. Nous voulions les tenir loin de notre cage et marquer sur les contre-attaques. À partir de la deuxième tiers, nous l'avons assez bien fait. Dans le vestiaire avant la prolongation, personne n'a rien dit à notre gardien, et quand il est reparti sur la glace avant le reste de l'équipe, les joueurs ont dit qu'ils voulaient l'aider. Ils l'ont fait de la meilleure maenière possible. Beaucoup ont dit ces dernières années que le hockey russe était faible, mais le Metallurg et le Dynamo ont démontré le contraire en atteignant cette finale."

Mikhaïl Borodulin (capitaine de Magnitogorsk, en photo) : "La pause nous a aidés. Personne n'a paniqué, nous avons évacué le boulet psychologique de ce qui s'est passé à la fin de la troisième période, nous nous sommes rassemblés. Nous avons soutenu Borya, personne n'a émis le moindre mot de reproche à l'égard de notre gardien. Et nous sommes retournés sur la glace en croyant fermement à la victoire."

Viktor Sukhov (entraîneur-adjoint de Magnitogorsk) : "Nous n'avons pas divisé les matches entre les importants et les autres, entre l'EHL et le championnat. Je pense que nous étions mieux préparés psychologiquement et j'étais confiant. Même après l'incident à la fin, car on ne peut appeler le but du Dynamo autrement qu'un incident. Nous avons attentivement regardé quelques matches du Dynamo, nous savions de quoi cette forte équipe était capable, nous étions prêts pour ses assauts au départ. Le but encaissé n'a pas été une pierre autour de notre cou : nous sommes entrés au vestiaire et nous avons parlé calmement. L'un était coupable, l'autre l'a soutenu. Et en prolongation, vous l'avez vu, nous étions bien plus forts."

Yuri Ochnev (entraîneur-adjoint du Dynamo Moscou) : "Je voudrais féliciter Magnitogorsk pour leur victoire. Nous avons gardé le contrôle de la glace pendant deux périodes et demie, mais cela n'a pas suffi. Peut-être parce que nous manquions de force, peut-être parce que notre jeune équipe manque d'expérience."

Andrei Markov (défenseur du Dynamo Moscou) : "Je ne m'attendais pas à marquer ce but. J'ai lancé vers le but adverse et... la lumière rouge s'est allumée. Je voulais juste envoyer le palet vers la zone du Metallurg, en espérant qu'il y aurait une mise au jeu et que nous pourrions jouer une combinaison rapide. Nous avons manqué de réussite en prolongation. C'est dommage d'avoir perdu devant nos si nombreux supporters."

 

Metallurg Magnitogorsk - Dynamo Moscou 2-1 après prolongation (0-0, 0-0, 1-1, 1-0)
Dimanche 14 février 1999 à 19h15 au Palais des sports Loujniki de Moscou. 12 000 spectateurs.
Arbitres : Vladimír Mihálik (SVK) assisté de Rudolf Lauff (SVK) et Jan Padevět (TCH).
Pénalités : Magnitogorsk 8' (4', 4', 0', 0'), Dynamo 4' (2', 0', 2', 0').
Tirs : Magnitogorsk 35 (10, 11, 12, 2), Dynamo 18 (7, 8, 3, 0).

Évolution du score :
1-0 à 43'58" : A. Koreshkov assisté de Gusmanov et E. Koreshkov (sup. num.)
1-1 à 59'52" : Markov assisté d'Afinogenov
2-1 à 62'09" : Antipin assisté de Razin
 

Metallurg Magnitogorsk

Attaquants :
17 Aleksandr Koreshkov (-1) - 19 Evgeni Koreshkov (A, -1) - 34 Ravil Gusmanov
38 Konstantin Shafranov (2') - 27 Mikhaïl Borodulin (C) - 23 Sergei Osipov
21 Aleksei Stepanov (2') - 24 Andrei Kudinov - 44 Valeri Karpov (-1)
13 Sergei Gomolyako (A, +1) - 7 Andrei Razin (+1) - 25 Dmitri Popov (+1)

Défenseurs :
16 Andrei Sapozhnikov (-1, 2') - 8 Andrei Sokolov (-1)
28 Vadim Glovatsky - 72 Valeri Nikulin
26 Oleg Mikulchik (2') - 5 Sergei Tertyshny
9 Vladimir Antipin (+1) - 4 Igor Zemlyanoy (+1)

Gardien :
20 Boris Tortunov

Remplaçant : 30 Sergei Zemchyonok (G). Absents : Aleksandr Golts (blessé), Andrei Petrakov (joker non inscrit en EHL).

Dynamo Moscou

Attaquants :
9 Sergei Petrenko (C, +1) - 32 Aleksandr Prokopiev (+1) - 31 Maksim Afinogenov (+1)
13 Valeri Belov - 30 Valery Chyorny (2') - 10 Mikhaïl Ivanov
14 Aleksandr Kharitonov - 35 Denis Kartsev (+1, 2') - 12 Aleksandr Kuvaldin
17 Aleksei Kalyuzhny puis 11 Nikolai Antropov (-1) - 15 Artyom Chubarov (-1) - 33 Lev Berdichevsky (-1)

Défenseurs :
25 Andrei Markov (+1) - 21 Aleksandr Khavanov
8 Aleksei Troshchinsky (A) - 34 Vitali Proshkin
4 Roman Zolotov - 5 Aleksandr Zhurik
22 Oleg Orekhovsky (-1)

Gardien :
29 Ildar Mukhometov [sorti de 58'43" à 59'11" et de 59'27" à 59'52"]

Remplaçant : 1 Aleksei Egorov (G). Absents : Boris Zelenko (joker non inscrit en EHL), Ruslan Batyrshin et Aleksandr Stepanov (surnuméraires).

 

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