Dynamo Moscou - Amiens (26 octobre 1999)

 

European Hockey League 1999/2000, groupe D, troisième journée.

Trois kilomètres à pied, ça use, ça use

Les déplacements en Russie sont toujours des périples particulièrement redoutés par les clubs français. Dans cette EHL, Amiens avait été concassé 7-1 à Togliatti par le Lada il y a deux ans et Grenoble avait été fondu 9-3 dans les forges de Magnitogorsk la saison dernière. Quant à la tournée russe de Lyon pendant la pré-saison, elle s'est soldée par une intoxication alimentaire (salmonellose).

Cette fois, les Gothiques vont "juste" à Moscou, ce qui est en théorie moins loin et moins compliqué... C'est compter sans les bouchons qui transforment les rues de la capitale en enfer. Le bus qui devait chercher les joueurs à l'hôtel Rossiya, en plein centre ville, n'est jamais arrivé. Les Amiénois se sont donc résolus à prendre des taxis, mais ceux-ci les ont lâchés... à trois kilomètres de la patinoire Loujniki. Ils ont donc dû finir à pied avec leurs sacs sous la pluie ! Si les installations sportives du Dynamo ont été si difficiles à rejoindre, c'est en raison d'un match de Ligue des champions de football (Spartak Moscou - Willem II) organisé à la même heure dans le stade Lénine attenant. Le passage des cordons de sécurité pour entrer dans l'enceinte fut la croix et la bannière pour les malheureux joueurs picards, qui arrivèrent une heure avant le coup d'envoi, juste à temps pour s'échauffer.

Cette préparation compliquée peut expliquer un début de match catastrophique. Jean-François Jodoin vient à peine poser le pied sur la glace qu'il part déjà en prison pour avoir accroché Aleksandr Kuvaldin - qui tombe facilement... - sur la première accélération russe. L'international biélorusse Aleksei Kalyuzhny remporte la mise au jeu qui suit. Le premier lancer du match, un slap axial d'Aleksei Troshchinsky (international du Kazakhstan pour sa part), est déjà au fond des filets (1-0). Le public russe salue la belle mise en échec d'Oleg Orekhovsky qui scotche Roger Dubé dans le plexi, et sur la contre-attaque, Antoine Mindjimba doit réaliser un double arrêt devant les lancers de Proshkin puis de Kuvaldin au rebond. Les timides attaques des Gothiques les exposent : après un tir à mi-distance de Jokiharju, Orekhovsky récupère le palet et lance Aleksandr Kharitonov qui fonce dans le dos de Dubois et Riihijärvi et bat Mindjimba à ras glace après une feinte de lancer initiale (2-0).

Les Russes entrent trop aisément en zone offensive en passant par les ailes et sont dangereux par des remises ou par leur technique individuelle. Sur la même présence, le joueur de quatrième ligne Boris Zelenko vole le palet à Heikki Riihijärvi, le perd certes à trop vouloir jouer avec, mais en hérite de nouveau et dribble cette fois Jokiharju pour s'ouvrir le chemin du but, bloqué seulement par la botte de Mindjimba. Seul le gardien picard évite que le match tourne déjà la correction. Dewolf retient Bernikov derrière la cage, mais les Gothiques font l'effort en infériorité pour atteindre la pause.

Les Amiénois commencent la deuxième période par une obstruction de Riihijärvi, mais ils tuent cette pénalité. Ils se procurent même leur meilleure occasion quand Laurent Gras arrive à tirer à trois reprises sur la cage de Vitali Eremeev après une passe du coin de Laurent Deschaume. Dommage qu'il n'ait pas levé son palet sur la troisième tentative face à un gardien couché. Une minute plus tard, en effet, Aleksandr Prokopiev creuse un écart définitif sur un lancer en haut des cercles (3-0). Antoine Mindjimba se rattrape de ce but moyen par deux arrêts agiles de la mitaine sur une grosse séquence de la troisième ligne moscovite, ponctuée des "Dynamo" d'un public toujours motivé.

Hormis ce moment chaud, les Gothiques résistent mieux dans ce deuxième tiers, même s'ils restent dominés. Ils pâtissent surtout des pénalités... et cela ne s'arrange pas quand Karl Dewolf charge contre la bande Kharitonov, qui met du temps à se relever. Le défenseur a tout de suite levé les bras pour souligner qu'il n'avait aucune intention de faire mal, mais cela ne lui vaudra aucune clémence (37'42). Appliqués défensivement, les Gothiques survivent à cette longue infériorité. Le "chien fou" Julian Marcos, qui a servi de substitut pour la pénalité, se jette sur plusieurs Russes à la suite quand il quitte le banc de prison, trop content de pouvoir se défouler sur la glace.

Antoine Mindjimba préservera ses cages inviolées pendant toute la troisième période, avec 24 arrêts dont deux arrêts à bout portant devant Aleksei Tereshchenko. Le HCAS ne s'incline ainsi que 3-0, un résultat très honorable en cette veille d'élection de son nouveau président après la démission de François Désérable à la suite du dépôt de bilan : ce moment-charnière de l'histoire du club doit se dérouler en présence du Maire, Gilles de Robien.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Yuri Ochnev (entraîneur-adjoint du Dynamo) : "Notre seul problème était notre très faible pourcentage d'efficacité, mais le gardien d'Amiens a très bien joué et il faut lui donner crédit. Nos joueurs ont exécuté toutes les consignes techniques et tactiques que nous leur avions données. Nous voulions jouer plus vite et utiliser plus de combinaisons, et nous l'avons fait. Notre premier but était très important en ce sens, car il a aidé nos joueurs à être plus relâchés. Mais je pense que notre match à Amiens la semaine prochaine ne sera pas aussi facile."

Antoine Richer (entraîneur d'Amiens) : "Le Dynamo a démarré très fort et tout est devenu bien plus facile pour eux après ce but rapide. Dans les deux dernières périodes, nous avons essayé de jouer de façon plus disciplinée, et c'est pourquoi le match n'était peut-être plus si intéressant pour les spectateurs. Le Dynamo était en contrôle du jeu et tirait de toutes les positions, mais notre gardien a fait un grand match. Nous effectuerons des ajustements et nous essaierons de jouer plus offensivement à domicile. Notre but est de marquer au moins une ou deux fois."

 

Dynamo Moscou - Amiens 3-0 (2-0, 1-0, 0-0)
Mardi 26 octobre 1999 à 19h30 à la patinoire Loujniki. 6000 spectateurs.
Arbitrage de M. Mihalik (SVK) assisté de MM. Kulikov et Makarov (RUS).
Pénalités : Dynamo 2' (0', 0', 2'), Amiens 37' (4', 4'+5'+20', 4').
Tirs : Dynamo 63, Amiens 9.

Évolution du score :
1-0 à 00'53" : Troshchinsky assisté de Kudashov (sup. num.)
2-0 à 07'21" : Kharitonov assisté d'Orekhovsky
3-0 à 27'38" : Prokopiev assisté de Troshchinsky
 

Dynamo Moscou

Attaquants :
14 Aleksandr Kharitonov (+2) - 32 Aleksandr Prokopiev (+2) - 12 Aleksandr Kuvaldin (+2)
27 Aleksei Kudashov - 17 Aleksei Kalyuzhny - 10 Mikhaïl Ivanov
33 Lev Berdichevsky - 35 Denis Kartsev - 30 Aleksandr Stepanov
28 Boris Zelenko (2') - 15 Aleksei Tereshchenko - 24 Ruslan Bernikov

Défenseurs :
25 Andrei Markov - 21 Aleksandr Khavanov
4 Roman Zolotov (+1) - 8 Aleksei Troshchinsky (C, +1)
22 Oleg Orekhovsky (+1) - 34 Vitali Proshkin (+1)

Gardien :
31 Vitali Eremeev

Remplaçant : 1 Aleksei Egorov (G). Absents : Marat Davydov, Aleksandr Savchenkov, Stanislav Romanov.

Amiens

Attaquants :
15 Arto Vuoti (-2) - 23 Juho Jokiharju (-2) - 16 Roger Dubé (-2)
28 Laurent Gras - 7 Laurent Deschaume (2') - 9 Maurice Rozenthal
29 Laurent Lecomte - 20 Pierre Pousse - 14 Olivier Duclos
39 Julian Marcos [à 42'42"]

Défenseurs :
4 Grégory Dubois (-2) - 30 Heikki Riihijärvi (-2, 2')
5 Jean-François Jodoin (4') - 32 Serge Djelloul
21 Mathieu Mille - 26 Karl Dewolf (2'+5'+20') puis 8 Christophe Moyon à 42'42"

Gardien :
31 Antoine Mindjimba

Remplaçants : 33 Frédéric Bochatay (G), 19 Christophe Ribanelli. Absent : François Rozenthal (genou).

 

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