France - États-Unis (3 mai 2000)

 

Championnats du monde 2000 à Saint-Pétersbourg, premier tour, groupe D.

La France semble partir avec les mêmes bonnes intentions que contre la Suisse mais ne réussissent pas à porter le danger devant les cages de Damian Rhodes, le gardien d'Atlanta qui a pris le relais d'Esche après le magnifique match de ce dernier contre les Russes. Confirmant l'impression donnée la veille, les Américains font preuve d'une bonne concentration. La volonté du staff de laisser les touristes à la maison et de compter sur des joueurs vraiment désireux de porter leur tunique nationale paie visiblement de nouveau : huit minutes de jouées, et Jeff Nielsen ouvre le score pour les États-Unis. L'orientation de ceux-ci vers un jeu de patinage rapide, à l'encontre des habitudes américaines, leur permet de s'appuyer sur les qualités de vitesse de Blake et Nielsen. Mais il est un art que les équipes à la bannière étoilée maîtrise bien de coutume, et celle-ci ne déroge pas à la règle : c'est le jeu de puissance. Les Français résistent pourtant à une très forte pression pendant les deux minutes de pénalité de Filippin mais, alors que celui-ci est rentré sur la glace, les Bleus sont encore acculés derrière leur but, oubliant Chris Tancill, seul dans l'enclave, qui double la mise. Les États-Unis sont parfaitement montés en puissance au cours de ce tiers-temps et, au fur et à mesure de la mainmise américaine sur le jeu, les Français se sont progressivement éteints.

Une pénalité de Heinze en début de deuxième période leur donne l'occasion de retrouver la flamme en se faisant les crocs sur une supériorité numérique. Ils installent leur jeu de puissance mais Humpel contre un slap de Dewolf pour se lancer en contre-attaque, accroché par le Français qui fait à son tour un séjour en prison. Les Bleus tiennent cette fois leurs adversaires à distance. C'est à quatre contre quatre (prise de bec entre Konowalchuk et Filippin) qu'ils commencent à trouver des espaces, Denis Perez obtenant au passage une bonne occasion. Barin a enfin l'opportunité de s'échapper en contre, mais il est trop court pour réceptionner un palet qui file en dégagement interdit. On sent qu'il y a des possibilités, mais elles ne sont que potentielles, tandis que Cristobal Huet est, lui, directement mis à contribution par les attaquants adverses. Malgré une nouvelle pénalité contre Soghomonian, les Américains ne parviennent toutefois pas à déclencher le décalage décisif. Énorme frayeur durant cette infériorité pour Huet, qui hésite un peu trop avec le palet dans sa crosse et se fait prendre le palet par un Américain. Heureusement, Filippin empêche celui-ci d'aligner la cage vide en détournant la rondelle avec sa crosse. Les Français se font plus volontaires, et, sur une action de Richard Aimonetto, le palet joue les filles de l'air et retombe sur l'arrière de la botte de Rhodes pour mieux rentrer, à la plus grande joie du public russe qui, toujours pas remis de la défaite de ses protégés face aux Américains, prend ouvertement fait et cause pour les Bleus. Une nouvelle infériorité passe et Maurice Rozenthal part seul dès sa sortie de prison, mais son tir du revers n'est pas cadré.

Le vent des pénalités tourne quelque peu dans le troisième tiers et Briand en profite pour égaliser. Mais en retournant encore sur le banc pour 2'+2', Maurice Rozenthal coûte cher à son équipe, qui encaisse un but sur un tir en angle fermé de Peluso, qui passe entre Huet et son poteau. Alors que les Américains sont en infériorité pour un coup de crosse de Hendrickson, Nielsen part en contre-attaque et glisse le palet sous Huet couché mais Cristobal tend le bras derrière lui pour arrêter sa course avant qu'il ne franchisse la ligne. Nielsen perd encore un duel avec Huet et, sur la contre-attaque, Treille ne parvient pas à conclure sur une passe de Meunier. Sabourin fait bientôt sortir Huet pour forcer le destin, mais les dernières tentatives tricolores seront contenues. La France devra donc, pour savoir si elle est qualifiée, patienter jusqu'au match Suisse - Russie en espérant que ses voisins helvétiques ne réussissent pas l'exploit d'infliger un deuxième revers d'affilée au pays organisateur.

Désignés joueurs du match : Damian Rhodes pour les États-Unis et Cristobal Huet pour la France.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Stéphane Sabourin (entraîneur de la France) : "Je suis plus fâché que déçu. On gagne les deux derniers tiers 2-1 mais on perd le match car on a mal commencé. Il faut que les joueurs prennent confiance en eux. Là, on a l'impression que seul le staff y croit."

Philippe Bozon (attaquant de la France) : "J'ai senti dès l'échauffement qu'on n'était pas bien. Nous avons joué une très mauvaise période. Peut-être étions-nous trop timides. Nous avons attendu d'être menés 2-0 pour réagir. La force du groupe peut aussi être une faiblesse : les jeunes ne se posent parfois pas de question mais, de temps à autre, ils regardent un peu trop qui il y a en face, Bure ou d'autres joueurs de NHL."

Lou Vairo (entraîneur des États-Unis) : "Nous avons juste marqué un but de plus, c'est le sport. Nous avons travaillé dur pour ça. Nous avons fait de notre mieux, sans subir le contrecoup de notre victoire face aux Russes. Mais les Français également, qui ont bien patiné, qui nous ont bien pressés, qui étaient bien organisés."

Eric Weinrich (défenseur des États-Unis) : "Nous n'avons pas autant de talent que 80 % des équipes de ce tournoi. Mais nous jouons bien en équipe, ce qui est une marque de fabrique nord-américaine."

 

France - États-Unis 2-3 (0-2, 1-0, 1-1)
Mercredi 3 mai 2000 à 16h30 au Ledovy dvorets de Saint-Pétersbourg. 5500 spectateurs.
Arbitrage de Tor Olav Johnsen (NOR) assisté de Nadir Mandioni (SUI) et Hirokazu Takahashi (JAP).
Pénalités : France 16' (4', 8', 4'), États-Unis 12' (0', 8', 4').
Tirs : France 21 (4, 11, 6), États-Unis 31 (12, 7, 12).

Évolution du score :
0-1 à 08'08" : Nielsen assisté de Haggerty et Mottau
0-2 à 19'01" : Tancill assisté de Legwand et Hendrickson
1-2 à 34'44" : Aimonetto assisté de Zwikel
2-2 à 40'49" : Briand assisté de Bozon (sup. num.)
2-3 à 44'50" : Peluso assisté de Plante et Weinrich (sup. num.)
 

France

Attaquants :
Maurice Rozenthal (6') - Arnaud Briand (C) - Philippe Bozon (A)
Stéphane Barin - Robert Ouellet - Benoît Bachelet
Pierre Allard (-1) - Laurent Meunier (-1) - Yorick Treille
François Rozenthal - Jonathan Zwikel - Richard Aimonetto
Anthony Mortas

Défenseurs :
Jean-Marc Soghomonian (-1, 2') - Denis Perez (A, 2')
Vincent Bachet (-1) - Jean-Christophe Filippin (-1, 4')
Grégory Dubois - Karl Dewolf (2')
Baptiste Amar

Gardien :
Cristobal Huet [sorti à 59'27"]

Remplaçant : Fabrice Lhenry (G). En réserve : Patrick Rolland (G).

États-Unis

Attaquants :
Steve Heinze (A, 2') - Jeff Halpern (2') - Steve Konowalchuk (2')
Christopher Tancill (+1) - David Legwand (+1, 2') - Darby Hendrickson (+1, 4')
Mike Peluso - Derek Plante - Jason Blake
Jeff Nielsen - Eric Boguniecki - Sean Haggerty

Défenseurs :
Hal Gill (+1) - Phil Housley (C)
Eric Weinrich (A) - Ben Clymer (+1)
Chris O'Sullivan - Mike Mottau
Christopher Luongo

Gardien :
Damian Rhodes

Remplaçants : Robert Esche (G), Brian Gionta.

 

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