Canada - Italie (7 mai 2000)

 

Championnats du Monde A 2000 à Saint-Pétersbourg, deuxième tour, groupe F.

La rencontre paraît aussi déséquilibrée sur la glace que sur le papier. Mike Rosati, arrivé en sauveur pour gagner le match capital contre l'Autriche, est reparti aussi vite qu'il était venu, appelé auprès de sa femme Patty qui a récemment accouché d'une petite Alicia : ce départ était convenu avec son entraîneur Adolf Insam. C'est donc Carpano, le gardien de Fassa, qui doit assumer la lourde charge de garder les cages italiennes. Il se rend bien vite compte de l'ampleur de la tâche puisque Schaefer lui glisse rapidement un premier palet entre les jambes en sortant de derrière la ligne de fond. Il montre ainsi le chemin à ses coéquipiers, et Isbister l'imite bientôt. Carpano referme cette fois ses jambières, mais ne fait que dévier le palet qui longe le poteau. Les Canadiens sont les plus prompts à localiser la rondelle et, en la faisant ricocher sur un patin italien, la mettant au fond.

Les Italiens résistent tant bien que mal, mais l'un d'eux glisse et perd le palet, et Mike Johnson, ravi de l'aubaine, met un troisième but. Dommage pour Carpano qui venait de remporter un face-à-face avec Sillinger juste avant. Les tirs pleuvent, et Sillinger corse encore l'addition en supériorité numérique. Une crosse haute canadienne donne l'occasion aux Italiens de s'y croire un instant et de s'installer dans la zone adverse. Mais ils ne sont pas loin dans le même temps d'encaisser un but-gag alors qu'ils se dégagent tranquillement : Sillinger vient contrer le palet et l'envie droit vers les buts de Carpano, presque sans que celui-ci ne s'en aperçoive, mais un défenseur vient récupérer la rondelle peu avant qu'il n'entre dans les cages. Les souffrances de l'entraîneur Adolf Insam sur le banc ne sont pas pour autant terminées, et il grimace de nouveau de douleur lorsqu'un missile de la bleue d'Aucoin vient se loger dans la lucarne de Carpano. Pour remuer le couteau dans la plaie, il suffit de lui communiquer une statistique incroyable : durant les deux premiers tiers, les Canadiens ont gagné 30 mises au jeu, les Italiens 8 ! À ce point privés de palet dès la première phase de jeu, ils peuvent difficilement espérer construire quoi que ce soit.

La troisième période s'écoule doucement, les Canadiens s'appliquant à gérer le score, et laissant même à Carpano la chance de se mettre en valeur par quelques parades remarquées. Les Canadiens ne se priveront pas d'ajouter tout de même un sixième et dernier but pour la bonne bouche.

S'ils se sont baladés dans cette rencontre, les Canadiens ne sont pourtant pas sortis de l'auberge et paient toujours les intérêts de leur défense contre la Norvège. Une défaite contre la Slovaquie (à condition que la Norvège batte l'Italie) les priverait ainsi des quarts de finale. Quant aux Italiens, ils n'auront été à niveau que durant un seul match dans cette compétition, contre l'Autriche. Mais c'est celui qu'il fallait gagner pour se maintenir dans le groupe A, alors que de l'Autriche et de la France, deux nations plus compétitives sur l'ensemble des championnats, l'une sera reléguée.

Désignés joueurs du match : Peter Schaefer pour le Canada et Michele Strazzabosco pour l'Italie.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Tom Renney (entraîneur du Canada) : "Nous nous attendions à ce que l'Italie joue avec beaucoup de cœur, et c'est ce qu'ils ont fait. Nous devenons une équipe plus soudée, nous collaborons bien mieux dans les trois zones. Nos équipes spéciales, ainsi que le jeu de José Théodore, ont fait la différence dans ce match."

Mike Sillinger (attaquant du Canada) : "Nous nous sommes mis en grosse difficulté avec nos pénalités au début de cette compétition, donc c'était notre objectif de rester hors de la prison ce soir et je pense que nous avons fait un bien meilleur travail. À cinq contre cinq, nous pouvons être les meilleurs et nous devons garder cela à l'esprit. Nous travaillons encore à nous améliorer et cela a à voir, je pense, avec un manque d'expérience internationale, mais nous nous améliorons. C'est très différent de la NHL, donc c'est une expérience, et maintenant il semble que nous avons saisi le truc."

José Théodore (gardien du Canada) : "Les Italiens ont eu quelques chances, particulièrement dans la deuxième période, mais mes coéquipiers n'ont pas paniqué et c'était la clef. Nous devons croire à ce système et nous y tenir. Vers la fin, ils sont encore revenus fort mais nous les avons repoussés. Bien sûr que je pensais à mon blanchissage, peut-être juste un petit peu, mais ce qui était plus important pour moi était la victoire. À 4-0 ou 5-0, vous êtes très confiant en la victoire, spécialement quand il reste cinq minutes à jouer. Donc c'est là que j'ai probablement commencé à penser un peu au blanchissage."

Adolf Insam (entraîneur de l'Italie) : "Nous avons disputé un très bon match, notre meilleur jusqu'ici. Nous avons rivalisé même si nous savions que ce serait dur. Nous sommes tombés très tôt en défense mais nous avons continué à nous battre. Je pense que certaines pénalités étaient sévères mais tout s'est compensé au bout du compte. Il est normal que nous nous prenions cinq ou six buts contre le Canada, mais je pense que nous en méritions aussi quelques-uns aujourd'hui."

 

Canada - Italie 6-0 (2-0, 3-0, 1-0)
Dimanche 7 mai à 16h30 au Yubileyni de Saint-Pétersbourg. 4730 spectateurs.
Arbitrage de Vladimír Mihalík (SVK) assisté de Panu Bruun (EST) et Johan Norrman (SUE).
Pénalités : Canada 14' (2', 2', 10'), Italie 24' (2', 6', 6'+10').
Tirs : Canada 28 (10, 9, 9), Italie 14 (5, 5, 4).

Évolution du score :
1-0 à 03'37" : Schaefer assisté de Bertuzzi et Morrison
2-0 à 08'59" : Sillinger assisté d'Isbister
3-0 à 24'28" : Johnson
4-0 à 26'56" : Sullivan assisté de Johnson et Smyth (sup. num.)
5-0 à 32'35" : Aucoin assisté de Sullivan (sup. num.)
6-0 à 57'59" : Sillinger assisté d'Isbister (sup. num.)
 

Canada

Attaquants :
Dean McAmmond - Trevor Letowski (2') - Jamal Mayers
Brad Isbister (+1, 2') - Curtis Brown (+1, 4') - Mike Sillinger (C, +1)
Peter Schaefer (+1) - Brendan Morrison (+1) - Todd Bertuzzi (+1)
Mike Johnson (+1) - Steve Sullivan (A, +1, 4') - Ryan Smyth (+1)

Défenseurs :
Ed Jovanovski (A) - Patrick Traverse
Adrian Aucoin (+1, 2') - Chris Phillips (+1)
Yannick Tremblay (+2) - Jeff Finley (+2)
Robyn Regehr

Gardien :
José Théodore

Remplaçant : Fred Brathwaite (G).

Italie

Attaquants :
Lucio Topatigh (A, -1) - Mario Chitarroni (A, -2) - Bruno Zarrillo (C, -1, 4')
Dino Felicetti (-2) - Vezio Sacratini (-1, 2') - Lino de Toni (-2, 2')
Roland Ramoser - Armando Chelodi - Giuseppe Busillo (2'+10')
Stefan Zisser - Manuel de Toni - Stefano Margoni

Défenseurs :
Leo Insam (-1, 2') - Michele Strazzabosco (-1)
Georg Comploi (-2, 2') - Carlo Lorenzi (-2)
Christopher Bartolone - Armin Helfer
Ingemar Gruber

Gardien :
Andrea Carpano

Remplaçant : Günther Hell (G). Absents : Mike Rosati (G, reparti dans sa famille), Maurizio Mansi (épaule).

 

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