France - Japon (9 mai 2000)

 

Championnats du Monde A 2000 à Saint-Pétersbourg, poule de maintien.

Les Français n'ont plus leur destin en mains puisqu'ils doivent espérer un coup de pouce des Ukrainiens qui affrontent l'Autriche. Stéphane Sabourin réserve quelques surprises en préférant Lhenry à Huet dans les buts et en plaçant Ouellet au centre de la première ligne avec Bozon et Briand, tandis que les frères Rozenthal reprennent leur collaboration, accompagnés de Zwikel, sur le deuxième bloc, recréant l'ancienne ligne rémoise.

Les Français se retrouvent rapidement en infériorité numérique (pénalité contre Ouellet) mais ils ne s'en laissent pas compter et vengent leurs précédentes entames de match ratées : Stéphane Barin contre un palet de Yutaka Kawaguchi devant la ligne bleue japonaise et le laisse à Laurent Meunier qui ouvre le score. Une minute plus tard, le défenseur caennais Vincent Bachet marque à son tour. 2-0 en un peu plus de trois minutes, les Bleus pouvaient difficilement rêver meilleure entrée en matière. Les sautes de concentration seraient toujours préjudiciables, et Yorick Treille l'apprend à ses dépens puisqu'il perd un palet que les Japonais ont bien failli concrétiser. C'est Lhenry qui est le plus sollicité, en partie à cause d'une nouvelle pénalité d'Aimonetto, où l'on voit Briand terminer une belle contre-attaque par un tir sur Imoo. De retour à égalité numérique, Bozon tente un raid, pris en sandwich entre deux défenseurs japonais, mais il continue son action et le gardien comme le palet finissent leur course au fond des filets. L'arbitre refuse le but, mais siffle une pénalité contre Kawashima, dont les Français ne profiteront pas. Mais, lors d'une supériorité numérique ultérieure (crosse haute de Kawaguchi), Meunier dévie victorieusement un slap de Perez. À 3-0, la victoire et la différence de buts semblent déjà assurées, même si les Japonais ont eu leur lot d'occasions. Mais le sort des Bleus se joue de l'autre côté de Saint-Pétersbourg, où le score est toujours vierge entre l'Ukraine et l'Autriche après le tiers-temps.

Aucun relâchement de la part des Tricolores dans le tiers-temps : les jumeaux Rozenthal sont à la parade et François reprend une passe de Maurice de derrière les buts, mais ne cadre pas son tir, chargé avec la crosse dans le dos par Katayama, envoyé en prison. Alignant deux avantages puisque Makoto Kawashima écope ensuite d'une pénalité pour obstruction (Rozenthal ayant été pris en étau par deux Japonais), les Français semblent encore éprouver pas mal de difficultés pour installer leur jeu de puissance, et lorsqu'ils y arrivent, cela ne débouche sur aucun tir dangereux. Dewolf est même contraint de retenir un adversaire pour stopper une contre-attaque, et Ryan Kuwabara - en photo - en profite pour réduire le score, alors que, contrairement à la première période, les Japonais n'avaient jusque là pas vu le jour. Avertis de l'ouverture du score ukrainienne, les Français, peut-être un peu dissipés, ont choisi là un bien mauvais moment pour laisser fondre leur avantage. Ce but change la physionomie du match, puisque ce sont maintenant les Japonais qui harcèlent Lhenry. Mais, à dix secondes de la sirène, François Rozenthal marque en supériorité numérique. Un but providentiel pour les Bleus, qui ont peut-être un peu trop cru que ce deuxième tiers serait facile, et qui ont oublié la réussite dont ils avaient bénéficié en première période. En tout cas, ils sont maintenant dans une position idéale, l'Ukraine menant 2-0 contre l'Autriche. Jusqu'ici, tout va bien...

Les Français doivent endiguer un véritable tsunami en début de troisième tiers, et Kobayashi finit par trouver la faille. Conjugué avec la réduction du score autrichienne, ce but place la France et l'Autriche à égalité parfaite (ce qui les obligerait à disputer une séance de tirs au but pour se départager). Mais cette situation ne dure pas longtemps : tandis que Meunier inscrit le cinquième but français, l'Autriche égalise dans l'autre patinoire. Le problème ne vient plus de l'équipe de France, dont le jeu de puissance a retrouvé toute son efficacité, puisque Briand reprend un centre de Rozenthal et creuse encore l'écart. Aucune démonstration de joie ne viendra ponctuer le dernier but de Barin en fin de rencontre : une bronca venue des tribunes avait déjà salué l'annonce par le speaker du troisième but autrichien. This is the end, my only friend, the end...

Les Français connaissent parfaitement le sort qui leur est réservé. Une décennie de présence dans le groupe A s'achève tristement après une des meilleures prestations tricolores en championnat du monde (deux victoires, un nul et deux défaites d'un but en six matches), gâchée par des caprices contraires du destin, et par un manque d'efficacité. Ce championnat restera ainsi pour les Français comme celui des occasions manquées. Il faut maintenant songer à l'avenir, et ne pas oublier que la ligne de Aimonetto-Meunier-Treille constitue une des grosses satisfactions de la compétition.

La France a réussi son plan de rajeunissement, même si les jeunes manque encore d'expérience en défense et dans le dernier geste. Le passage en groupe B, qui s'appellera division I, devra être le plus bref possible, puisque la France sera dans un groupe de six à sa portée, où il ne faudra toutefois laisser échapper aucun match. Il faut garder les yeux vers 2002, qui pourrait être l'année du phénix bleu avec la remontée dans le groupe A et la participation olympique.

Désignés joueurs du match : Laurent Meunier pour la France et Tomohito Kobayashi pour le Japon.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Stéphane Sabourin (entraîneur de la France) : "À 2-0 pour l'Ukraine, on volait sur la glace. Et puis 2-1, 2-2, et Nano Pourtier est descendu des tribunes pour nous dire que c'était fini, que l'Autriche avait gagné, et des gars se sont mis à pleurer sur le banc. Les joueurs disent que les résultats sont les meilleurs que nous ayons eu en cinq ans, globalement. Mais ce n'est pas nous qui faisons les règles. Nous sommes arrivés la tête haute et nous quittons la compétition la tête haute."

Steve Tsujiura (entraîneur du Japon) : "Évidemment, nous n'avons pas joué aussi bien que nous l'aurions souhaité dans ces championnats du monde. Comme équipe, j'espère que nous nous améliorerons l'an prochain et gagnerons un match ou deux."

 

France - Japon 7-2 (3-0, 1-1, 3-1)
Mardi 9 mai 2000 à 12h30 au Dvorets Sporta de Saint-Pétersbourg. 8050 spectateurs.
Arbitrage de Vladimir Sindler (TCH) assisté de Sergueï Kulakov (RUS) et Sergueï Shelyanin (RUS).
Pénalités : France 12' (4', 4', 4'), Japon 16' (4', 8', 4').
Tirs : France 33 (9, 12, 12), Japon 20 (9, 5, 6).

Évolution du score :
1-0 à 02'08" : Meunier assisté de Barin (inf. num.)
2-0 à 03'23" : Bachet assisté de Zwikel
3-0 à 13'48" : Meunier assisté de Perez et Briand (sup. num.)
3-1 à 30'33" : Kuwabara assisté de Yule (sup. num.)
4-1 à 39'50" : F. Rozenthal assisté de M. Rozenthal et Perez (sup. num.)
4-2 à 45'29" : Kobayashi assisté de Kabayama
5-2 à 46'35" : Meunier assisté de Aimonetto et Treille
6-2 à 50'30" : Briand assisté de Meunier et M. Rozenthal (sup. num.)
7-2 à 59'50" : Barin assisté de Bachelet (sup. num.)
 

France

Attaquants :
Arnaud Briand (C, -1, 2') - Robert Ouellet (-1, 2') - Philippe Bozon (A)
Maurice Rozenthal (+1) - Jonathan Zwikel (+1) - François Rozenthal (+1)
Richard Aimonetto (+1, 2') - Laurent Meunier (+2) - Yorick Treille (+1)
Benoît Bachelet - Anthony Mortas - Stéphane Barin (+1)

Défenseurs :
Denis Perez (A, -1) - Jean-Marc Soghomonian (-1, 2')
Vincent Bachet (+1) - Jean-Christophe Filippin (2')
Baptiste Amar (+2) - Karl Dewolf (+1, 2')
Grégory Dubois (+1)

Gardien :
Fabrice Lhenry

Remplaçant : Patrick Rolland (G). En réserve : Cristobal Huet (G), Pierre Allard.

Japon

Attaquants :
Chris Yule (-1) - Yasunori Iwata (-2) - Ryan Kuwabara (A, -1)
Tomohito Kobayashi - Yoshikazu Kabayama (C, +1, 2') - Kiyoshi Fujita (+1)
Masakazu Sato (-1, 2') - Hideji Tsuchida (-1) - Taro Nihei (-1)
Yutaka Ono - Yosuke Kon - Takahito Suzuki (-1)

Défenseurs :
Fumitaka Miyauchi - Akihito Isojima
Takayuki Kobori (A) - Yutaka Kawaguchi (-1, 2')
Tatsuki Katayama (-1, 4') - Hiroyuki Miura (-1)
Makoto Kawashima (4') - Kengo Ito (-1, 2')

Gardien :
Dusty Imoo

Remplaçant : Shinichi Iwasaki (G). En réserve : Masahito Haruna (G).

 

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